Test Blu-ray / Cherry 2000, réalisé par Steve De Jarnatt

CHERRY 2000 réalisé par Steve De Jarnatt, disponible en Blu-ray depuis le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Ben Johnson, Pamela Gidley, Melanie Griffith, David Andrews, Laurence Fishburne, Harry Carey Jr., Brion James, Michael C. Gwynne…

Scénario : Michael Almereyda, d’après une histoire originale de Lloyd Fonvielle

Photographie : Jacques Haitkin

Musique : Basil Poledouris

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

En l’an 2017, une partie des États-Unis a été ravagée par la guerre atomique. Les zones sinistrées, nouveau terrain de jeu pour les contrebandiers sanguinaires, ne sont pas sûres. Sam Threadwell, cadre dans une station de recyclage des déchets électroniques et métalliques, coule des jours heureux avec sa femme artificielle, une Cherry 2000 d’un autre âge programmée pour répondre à ses moindres caprices et simuler l’amour béat en gardant toujours le sourire. Jusqu’au jour où les circuits de Cherry grillent accidentellement et rendent le robot hors d’usage.

Qui peut dire : « Je n’ai réalisé que deux longs-métrages dans ma vie, mais tous deux sont devenus cultissimes » ?… C’est au beau milieu des années 1980, après un court-métrage (Tarzana, 1978) et un épisode de New Alfred Hitchcock Presents (le remake de Man from the South d’après Roald Dahl) que le scénariste-réalisateur Steve De Jarnatt, avant de ne plus officier que dans le domaine de la série télévisée (X-Files, American Gothic ou Urgences, entre autres), met en scène coup sur coup l’inclassable Cherry 2000 et le sublime Miracle Mile (réédité en 2017 chez Blaq Out et très vite épuisé !). Personnage à part dans l’industrie hollywoodienne, sa carrière sur grand écran fut aussi éphémère que mémorable. Plus étonnant encore, elle pourrait constituer un diptyque à l’envers, la post-apocalypse décrite dans Cherry 2000 prenant potentiellement ses racines dans l’événement déclencheur de Miracle Mile. Peu revus et commentés depuis lors mais vénérés religieusement par un noyau de fervents admirateurs et, de plus en plus, par une partie de la critique, les deux films révèlent une personnalité à part, une véritable vision d’auteur trouvant sa cohérence dans l’insaisissable, à l’intérieur d’un cinéma du samedi soir naïf et assumé comme tel. Côté casting, le pétillant Cherry 2000 offre un rôle d’envergure au second couteau David Andrews, lui aussi homme de télévision avant tout. Aperçu dans A Nightmare on Elm Street, on le reverra dans Graveyard Shift (La Créature du Cimetière – film de vidéoclub entre tous !), puis en frère de Kevin Costner dans Wyatt Earp ou plus tard encore dans Hannibal, mais le gros de sa prolifique carrière s’épanouit sur le petit écran. Quant à Melanie Griffith, redécouverte en 1984 par Abel Ferrara (Fear City) et surtout Brian De Palma (Body Double), Steve De Jarnatt vient alors de la diriger dans Man from the South, face à Steven Bauer et John Huston. Sur la pente ascendante, elle enchaînera l’année suivante avec le Working Girl de Mike Nichols, gagnant définitivement ses galons de star. Autour du couple gravitent gloires du passé (Ben Johnson, Harry Carey Jr.), « gueules » de l’époque (Brion James, Tim Thomerson, Marshall Bell) et vedettes en devenir (Laurence Fishburne) dans un univers de comic book qui doit beaucoup à l’inventivité roublarde du réalisateur et aux compétences de son équipe technique – lesquelles font pas mal d’or avec beaucoup de plomb !

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Test Blu-ray / Orgueil et Passion, réalisé par Stanley Kramer

ORGUEIL ET PASSION (The Pride and the Passion) réalisé par Stanley Kramer, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 7 décembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Cary Grant, Frank Sinatra, Sophia Loren, Theodore Bikel, John Wengraf, Jay Novello, José Nieto, Carlos Larrañaga…

Scénario : Edna Anhalt & Edward Anhalt, d’après le roman The Gun, de C.S. Forester

Photographie : Franz Planer

Musique : George Antheil

Durée : 2h12

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Après avoir saisi un canon à longue portée, Miguel, guerrier espagnol, prévoit d’attaquer l’armée de Napoléon en abattant les murs de la ville d’Avila occupée par l’armée française. Mais pour y parvenir, il doit compter sur l’aide du Capitaine Trumbell, un officier britannique. Mais, s’ils sont alliés sur le champ de bataille, Trumbell et Miguel sont ennemis dans la guerre qu’ils se livrent pour gagner le coeur de la sulfureuse Juana…

Producteur indépendant acclamé (Le Champion, C’étaient des hommes, le Cyrano de Bergerac de Michael Gordon, L’Homme à l’affût, L’Équipée sauvage), Stanley Kramer (1913-2001) décide de passer lui-même derrière la caméra en 1955 avec Pour que vivent les hommes Not as a Stranger. Aussi ambitieux que lorsqu’il officiait avec d’autres réalisateurs, il jette son dévolu sur le roman de Cecil Scott Forester (auteur de L’Odyssée de l’African Queen et de Capitaine sans peur), Le Canon The Gun, publié en 1933, dans le but d’en faire un grand spectacle hollywoodien, mais aussi un pamphlet contre la guerre. Malheureusement, le scénario coécrit par Edna (Panique dans la rue, Sierra) et Edward Anhalt (L’Étrangleur de Boston, 7 secondes en enfer, Boeing Boeing), couple alors en instance de divorce, n’est pas à la hauteur des aspirations du cinéaste, qui devra commencer les prises de vue sans véritable script. Résultat des courses, Orgueil et Passion apparaît comme une succession ininterrompue de scènes de batailles, de rebondissements « hénaurmes » et de vagabondages des personnages, qui ne savent pas quoi faire, en dehors du transport de leur canon encombrant (on ne parle pas de Sophia Loren ici) et d’affronter les français qu’ils rencontrent sur le chemin. Même si The Pride and the Passion n’a rien à voir avec les intentions originales de Stanley Kramer, le divertissement est on ne peut plus généreux, de qualité et superbe à regarder.

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Test Blu-ray / Black Lotus, réalisé par Todor Chapkanov

BLACK LOTUS réalisé par Todor Chapkanov, disponible en DVD & Blu-ray le 21 novembre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Rico Verhoeven, Frank Grillo, Marie Dompnier, Peter Franzén, Pippi Casey, Rona-Lee Shimon, Magnus Samuelsson, Simon Wan…

Scénario : Tad Daggerhart

Photographie : Ivan Vatsov

Musique : Roel Gommans & Jules Reivers

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Après la mort de son meilleur ami lors d’une mission commune, un officier des forces spéciales, Matteo Donner, parcourt le monde. De retour à Amsterdam, Donner n’a qu’un seul but : sauver la fille kidnappée de son ami mort.

Todor Chapkanov…Mais qui c’est ça ? Le réalisateur d’Un seul deviendra invincible : BoykaBoyka: Undisputed IV avec Scott Adkins et de tout un tas de DTV aux titres explicites tels que Vampyre Nation, Miami Magma, Twister Apocalypse, Monsterwolf. N’hésitant pas à plagier et à donner sa version d’autres blockbusters du moment, on pense à La Légende des crânes de cristal (tiens, tiens…), Thor et le marteau des dieux, le metteur en scène bulgare paraît bouffer à tous les râteliers et a même bossé comme assistant sur des gros films plus renommés comme The Grudge 3, La Chute de Londres, Hitman & Bodyguard ou dernièrement Expendables 4. On le retrouve aux commandes de Black Lotus, série B-Z d’action (comprenez par là que les moyens sont limités et qu’il n’est pas interdit de s’endormir devant) où l’inénarrable Frank Grillo est mis en avant sur l’affiche, alors qu’il n’officie ici qu’en tant que second rôle. L’acteur récemment au générique de Lamborghini : L’Homme derrière la légende, Paradise Highway, The Yacht, Boss Level, Cosmic Sin, Jiu Jitsu laisse la première place au dénommé Rico Verhoeven, néerlandais de 34 ans. Ce dernier n’est autre que le champion du monde actuel dans la catégorie poids lourds de la Glory World Series, promotion internationale de kick-boxing. Le voici promu nouvelle star mono-expressive du cinéma d’action dans Black Lotus avec son charisme de gros bébé (115 kilos, 1m96). Sa plus grande scène dans le film ? Couper du bois pour bâtir une niche destinée au chien de sa filleule. Ah oui, il fait son jogging aussi toutes les dix minutes et bien sûr doit retirer son t-shirt trempé comme une serpillière, ce qui lui donne l’occasion d’exhiber son torse glabre, comme dans une pub pour Coca Cola. Malgré son gabarit, comptez évidemment sur nous pour ne pas lui dire en face tout le mal (ou le bien, ça dépend le point de vue) que nous pensons de ce Black Lotus qui s’apparente aussi à un épisode de Cauchemar en cuisine avec un lookalike impressionnant de Philippe Etchebest, qui râle sur la qualité de la soupe aux champignons dans un restaurant néerlandais. Complètement anecdotique, pour ne pas dire inoffensif, malgré une ou deux scènes brutales, Black Lotus est un spectacle biodégradable, qui s’évapore de notre cerveau dès le générique de fin, pour ne laisser aucun souvenir. Quelques effluves peut-être. Amusant, totalement débile, divertissant quoi.

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Test Blu-ray / Farang, réalisé par Xavier Gens

FARANG réalisé par Xavier Gens, disponible en DVD & Blu-ray le 8 novembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Nassim Lyes, Loryn Nounay, Olivier Gourmet, Chananticha Tang-Kwa, Vithaya Pansringarm, Sahajak Boonthanakit, Yothin Udomsanti, Boonsong Nakphoo…

Scénario : Xavier Gens, Magali Rossitto, Stéphane Cabel & Guillaume Lemans

Photographie : Gilles Porte

Musique : Jean-Pierre Taïeb

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Sam est un détenu exemplaire. À quelques mois de sa sortie de prison, il prépare assidûment sa réinsertion. Lors d’une permission, son passé le rattrape et un accident ne lui laisse qu’un seul choix : la fuite. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a fondé la famille dont il a toujours rêvé. Mais Narong, le parrain local, l’oblige à plonger à nouveau dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong s’attaque à sa famille… Sam va traverser la Thaïlande pour se venger de son bourreau.

C’est du brutal comme dirait l’autre. Xavier Gens revient en forme avec Farang, son septième long-métrage, thriller d’action très violent, sanglant, pour ne pas dire gore dans certaines séquences, qui s’impose d’ores et déjà comme l’un des indispensables de l’année 2023. Après avoir bossé sur plusieurs épisodes de la série Gangs of London, créée par Gareth Evans, le réalisateur qui nous avait déjà récemment captivé avec son formidable Cold Skin et bien fait marrer avec son unique comédie Budapest, déploie une sacrée maturité de mise en scène, nourrie de sa collaboration avec le cinéaste de The Raid et de sa suite. Car Farang est on peut le dire « un putain de bon film d’action », très contemporain dans sa forme, avec cependant un montage toujours lisible et percutant, mais qui renvoie aussi au genre des années 1980-90, le cinéma HK bien sûr, mais également celui de Jean-Claude Van Damme et consorts que les spectateurs allaient voir pour se rincer le cerveau. Magistralement réalisé, mené sans aucun temps mort pendant 1h40, Farang révèle aussi et surtout un comédien au charisme magnétique et exceptionnel dans les scènes de bastons (on se souviendra longtemps de l’époustouflante et immersive scène de l’ascenseur), Nassim Lyes, vu dans le sensible 16 ans de Philippe Lioret (mais aussi dans le navrant Kandisha du tandem Maury/Bustillo, mais mieux vaut oublier), qui avait démarré au cinéma en 2011 dans le méconnu Mineurs 27 de Tristan Aurouet, aux côtés de Jean-Hugues Anglade et Gilles Lellouche. Si celui-ci aura aussi bossé avec Nicolas Boukhrief (Made in France) et Olivier Marchal (Overdose), il lui aura fallu attendre l’âge de 35 ans pour se voir proposer enfin un rôle à la mesure de ses capacités physiques, tout en dévoilant une large palette. Ses scènes face à l’imposant Olivier Gourmet sont sans doute les meilleures. Nassim Lyes porte solidement le film sur ses épaules et les fans d’action sauront accueillir Farang comme il se doit, après un passage timide dans les salles françaises où il n’aura attirer que 170.000 spectateurs. Depuis, le bouche-à-oreille fait carton plein et Farang jouit d’une seconde vie hautement méritée.

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Test Blu-ray / One Ranger, réalisé par Jesse V. Johnson

ONE RANGER réalisé par Jesse V. Johnson, disponible en DVD & Blu-ray le 3 octobre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Thomas Jane, Dean Jagger, Dominique Tipper, Jess Liaudin, Rachel Wilde, Nick Moran, Patrick Bergin, John Malkovich…

Scénario : Jesse V. Johnson

Photographie : Simon Rowling

Musique : Sean Murray

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Alex Tyree, un ranger texan, traque un voleur de banque à travers le désert. Il est rejoint dans sa chasse par un agent britannique qui lui apprend que le criminel est un dangereux terroriste préparant une attaque à Londres. Le Texas Ranger s’envole pour la capitale britannique pour poursuivre la traque avec l’aide du MI6.

Depuis Buffy, tueuse de vampiresBuffy the Vampire Slayer de Fran Rubel Kuzui, il en a fait du chemin Thomas Jane ! Étrange carrière d’ailleurs, puisque sa filmographie mélange John Woo, Albert Pyun, Paul Thomas Anderson, Renny Harlin, Terrence Malick, Amos Gitaï, Frank Darabont, Russell Mulcahy, Lisa Azuelos (oui oui), Gregg Araki et bien d’autres. Mais depuis quelques années, le comédien semble avoir privilégié les productions sans envergure comme Slayers, Vendetta et Anti-Life (avec Bruce Willis), sur lesquels l’auteur de ces mots était revenu et vous invite à vous rendre compte de la catastrophe. Pourtant, chaque fois ou presque, Thomas Jane parvient à tirer son épingle du jeu. Son charisme n’a eu de cesse de s’accentuer avec l’âge et à l’instar d’Arnold Schwarzenegger ou The Rock, il se dégage toujours une décontraction attachante, une légèreté contagieuse, comme si lui-même n’était pas dupe de la qualité du bousin qu’il est en train de tourner. Cependant, One Ranger n’est assurément pas une daube. Il s’agit même d’une série B fort plaisante, inspirée par Un shérif à New YorkCoogan’s Bluff (1969) de Don Siegel, réalisée par Jesse V. Johnson, qui nous avait déjà assez emballé l’année dernière avec White Elephant, une des meilleures « williseries » de fin de parcours, avec un superbe Michael Rooker, John Malkovich et Olga Kurylenko. S’il n’a pas ce qu’on pourrait appeler une « griffe », le réalisateur a tout du moins un certain style, très efficace dans son genre, ce qui lui a permis de diriger des pointures de l’action comme Tony Jaa (Triple Threat), Scott Adkins (The Cash Collector) et Steve Austin (Killers Game). On ne s’ennuie pas une seconde devant One Ranger, thriller d’action marqué par quelques touches d’humour, bien interprété par un Thomas Jane en grande forme et qui a l’air de s’amuser, dont le tandem avec Dominique Tipper, également sa partenaire dans la série à succès The Expanse renvoie aux buddy-movies des années 1980. Un divertissement qui à défaut d’être original demeure éminemment sympathique.

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Test Blu-ray / Le Convoi, réalisé par Sam Peckinpah

LE CONVOI (Convoy) réalisé par Sam Peckinpah, disponible en Blu-ray le 1er septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Kris Kristofferson, Ali MacGraw, Ernest Borgnine, Burt Young, Madge Sinclair, Franklyn Ajaye, Brian Davies, Seymour Cassel, Cassie Yates…

Scénario : Bill L. Norton

Photographie : Harry Stradling Jr.

Musique : Chip Davis

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Rubber Duck est rejoint par ses anciens collègues camionneurs dans un mouvement contestataire contre le shérif Wallace qui agit comme un véritable tyran. Leur convoi parcourt les routes du Nouveau-Mexique jusqu’au moment où les forces de l’ordre les arrêtent en les empêchant de poursuivre. L’affaire commence alors à se médiatiser…

C’est l’avant-dernier opus d’un cinéaste dont le nom donne des frissons aux cinéphiles. Le Convoi Convoy est en effet le treizième long-métrage de Sam Peckinpah, mais aussi son plus grand succès commercial à travers le monde, malgré des critiques plus que mitigées à sa sortie. S’il est toujours aujourd’hui considéré comme mineur dans la filmographie du maître, Le Convoi n’en reste pas moins un sacré tour de force et demeure l’un des derniers témoignages du Nouvel Hollywood, comme si la dépouille de ce courant avait été ranimée une ultime fois, pour renouer avec l’aura d’oeuvres comme Macadam à deux voies Two-Lane Blacktop de Monte Hellman et surtout de Point limite zéro Vanishing Point de Richard C. Sarafian, auxquels Sam Peckinpah aurait greffé la légèreté de Cours après moi shérif Smokey and the Bandit de Hal Needham, gros carton de l’année précédente. Il en résulte un spectacle haut de gamme, un road movie où les gros bahuts suivraient la ligne blanche séparant l’asphalte, avec d’un côté le quotidien sclérosé et corseté, et de l’autre le désir inné de liberté. À ce titre, Kris Kristofferson est impeccable dans la peau du leader malgré-lui du mouvement improvisé de cette folle échappée, où prenant le volant pour échapper à la prison après une bagarre qui a mal tourné, celui-ci se retrouve à la tête d’un convoi de camions (mais pas que) qui commence à s’étaler sur le ruban goudronné et interminable. Ou quand Sam Peckinpah remplace ses canassons par des camions cylindrés pour parcourir le Nouveau-Mexique. Un pur et grand divertissement.

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Test DVD / Lavé par le sang, réalisé par Randall Emmett

LAVÉ PAR LE SANG (Savage Salvation) réalisé par Randall Emmett, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jack Huston, Robert De Niro, John Malkovich, Willa Fitzgerald, Meadow Williams, Quavo, Swen Temmel, Winter Ave Zoli…

Scénario : Adam Taylor Barker & Chris Sivertson

Photographie : Eric Koretz

Musique : Philip Klein

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Un drogué aux opiacés en voie de guérison cherche à se venger des dealers responsables de la vente des drogues qui ont entraîné la mort de sa fiancée.

En lisant le résumé du film et en voyant le visuel de ce DTV on était en droit de se dire que ce ne serait certainement pas un chef d’oeuvre. Effectivement, ce n’est pas le cas. Néanmoins, Lavé par le sang ou Savage Justice, ou bien encore Wash Me in the River n’est pas une série Z et s’avère même une bonne série B. Alors oui ne vous attendez pas à un modèle du genre, mais cet opus qui réunit Robert De Niro et John Malkovich en guest-stars de luxe n’est pas honteux du tout. Le film est réalisé par Randall Emmett, qui avait signé l’une des meilleures dernières Williseries avant la retraite anticipée du comédien, La Proie Midnight In The Switchgrass, dans lequel il donnait la réplique à Megan Fox et Emile Hirsch. Également producteur de produits uniquement destinés au marché de la vidéo à l’instar du récent et navrant Hot Seat avec Mel Gibson, de l’excellent Boss Level de Joe Carnahan, du pathétique Killing Field, du supportable Out of Death et même du sous-estimé Silence de Martin Scorsese, Randall Emmett soigne un peu plus que d’habitude le long-métrage dont il a la charge et n’est sûrement pas un manchot derrière la caméra. À la tête du casting, Jack Huston, qui tenait le rôle-titre de l’exécrable Ben-Hur de Timur Bekmambetov et celui de Bob Kennedy dans The Irishman, s’en tire bien et s’impose facilement dans cette histoire ultra-classique, mais efficacement traitée. Un bon moment.

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Test Blu-ray / Cop Secret, réalisé par Hannes Þór Halldórsson

COP SECRET (Leynilögga) réalisé par Hannes Þór Halldórsson, disponible en Blu-ray le 10 mai 2023 chez Extralucid Films.

Acteurs : Auðunn Blöndal, Egill Einarsson, Sverrir Þór Sverrisson, Steinunn Ólína Þorsteinsdóttir, Björn Hlynur Haraldsson, Vivian Ólafsdóttir, Rúrik Gíslason, Steinþór Hróar Steinþórsson…

Scénario : Nína Petersen, Hannes Þór Halldórsson & Sverrir Þór Sverrisson, d’après une histoire originale d’Auðunn Blöndal, Egill Einarsson & Hannes Þór Halldórsson

Photographie : Elli Cassata

Musique : Kristján Sturla Bjarnason

Durée : 1h35

Année de sortie : 2021

LE FILM

Pour élucider une curieuse série de braquages où rien n’est dérobé, un « super flic » de Reykjavik, téméraire mais en pleine remise en question, se retrouve à devoir faire équipe avec un nouveau partenaire, un mec stylé, aisé et particulièrement libéré.

Le nom de Hannes Þór Halldórsson pourrait éventuellement dire quelque chose à certains d’entre vous, du moins aux passionnés de football. En effet, le réalisateur de Cop Secret n’est autre que l’ancien gardien de l’équipe nationale d’Islande, sélectionné près de 80 fois et qui a participé à l’Euro 2016, ainsi qu’à la Coupe du Monde de 2018 durant laquelle il avait arrêté un penalty de Lionel Messi. Avant de devenir sportif professionnel, Hannes Þór Halldórsson, passionné par le cinéma, se prédestinait à devenir cinéaste. Son rêve devient enfin réalité, puisqu’en 2021 il met en scène son premier long-métrage Leynilögga, que l’on peut traduire par « Flic Infiltré », que la distribution internationale aura finalement rebaptisé Cop Secret. Un buddy movie qui rend hommage au genre des années 1980-90, le tout largement influencé par le Hot Fuzz d’Edgar Wright et Bad Boys de Michael Bay. On imagine que le budget n’était pas énorme (apparemment, cela équivaudrait à 0,03 % de la production de Fast & Furious 9), surtout vu la qualité des effets spéciaux avec ses explosions et le sang confectionnés en mauvaises images numériques, mais il se dégage une vraie énergie contagieuse de ce Cop Secret, qui s’amuse à prendre tous les clichés attendus, à les triturer, au point de faire de son tandem de flics burnés, deux mecs qui tombent amoureux l’un de l’autre dans le feu de l’action. C’est barré, pas franchement original, mais l’ensemble est prometteur et les acteurs assurent le spectacle du début à la fin.

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Test Blu-ray / L’Odyssée du sous-marin Nerka, réalisé par Robert Wise

L’ODYSSÉE DU SOUS-MARIN NERKA (Run Silent, Run Deep) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 juillet 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Clark Gable, Burt Lancaster, Jack Warden, Brad Dexter, Don Rickles, Nick Cravat, Joe Maross, Mary LaRoche, Eddie Foy III, Rudy Bond…

Scénario : Jon Gay, d’après le roman d’Edward L. Beach

Photographie : Russell Harlan

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h29

Année de sortie : 1958

LE FILM

En 1942, pendant le conflit américano-japonais, le sous-marin du commandant Richardson est coulé par le submersible nippon, l’Akikaze. Rongé par ce mauvais souvenir, il se voit confier la direction d’un nouveau sous-marin, le Nerka, au détriment de Jim Bledsoe, son second. Après des mois d’entraînement intensif, Richardson a l’occasion de prendre sa revanche pendant l’attaque de Pearl Harbor.

À la poursuite d’Octobre rouge, Le Bateau, Le Chant du loup, 20 000 lieues sous les mers, USS Alabama, K-19 – Le Piège des profondeurs, U-571, chaque cinéphile visualise immédiatement le sous-marin de ces classiques et même chefs d’oeuvre du septième art. Mais avant ceux-ci, il fait remonter loin, très loin en arrière pour retrouver les origines de ce sous-genre à part entière, autrement dit le film de guerre de sous-marin. Parmi les opus notables et matriciels on trouve L’Espion noir Spy in Black (1939) de Michael Powell, première d’une fructueuse et mythique collaboration qui va durer près de quinze ans avec le scénariste Emeric Pressburger, remarquable film d’espionnage britannique comprenant une dimension documentaire exemplaire, surtout en ce qui concerne les séquences dévoilant le fonctionnement du sous-marin, qui happe le spectateur dès les premières scènes, pour ne plus le lâcher pendant 1h20 jusqu’à l’épatante bataille navale. On doit l’autre étape importante et même décisive à René Clément et à son film Les Maudits (1947), Grand Prix à Cannes, prototype même du film de sous-marin (décor reconstruit à l’échelle dans les studios de la Victorine à Nice) qui explosait alors au milieu des années 40. Témoin de son époque, le réalisateur français se penche sur la déchéance des perdants de la Seconde Guerre mondiale en plaçant ses personnages dans un lieu clôt où émergent petit à petit des règlements de compte souvent fatals. René Clément tire parti de son décor exigu grâce à une réalisation inventive, moderne et raffinée, usant de la caméra portée et d’angles inédits afin de créer une atmosphère étouffante et anxiogène avec un souci constant du réalisme renvoyant au documentaire. Outre-Atlantique, il faut attendre 1957 pour que le film de sous-marin rebondisse à nouveau avec Torpilles sous l’Atlantique The Enemy Below de Dick Powell, avec Robert Mitchum et Cud Jürgens, suivi de près par L’Odyssée du sous-marin NerkaRun Silent, Run Deep (1958). Ce dernier est signé par l’immense Robert Wise, alors entre Femmes coupablesUntil They Sail, avec Jean Simmons Joan Fontaine Paul Newman et Piper Laurie, et Je veux vivre ! I Want to Live!, qui vaudra à Susan Hayward l’Oscar de la meilleure actrice. À l’instar de Richard Fleischer, le cinéaste a toujours su s’approprier un sujet qu’on lui proposait. L’Odyssée du sous-marin Nerka est écrit par John Gay (Le Clan des irréductibles, Soldat bleu, Les Quatre cavaliers de l’apocalypse), habituellement scénariste pour la télévision et qui faisait ici ses débuts au cinéma, d’après un roman d’Edward L. Beach. Si Run Silent, Run Deep n’a pas connu le succès escompté à sa sortie, ses partis-pris sont devenus pour ainsi dire le cahier des charges des films de sous-marin qui allaient suivre. Rares sont les séquences qui se déroulent à l’extérieur du bâtiment, à part bien sûr durant le premier acte qui expose le contexte et les personnages, le principal de l’action étant centrée dans le Nerka avec ses hommes à bord qui communiquent avec le jargon technique approprié. Robert Wise, ancien monteur (chez William Dieterle, Orson Welles et Richard Wallace) apporte sa virtuosité habituelle à ce drame de guerre souvent percutant, qui prend son temps dans la première partie, mais dont la tension n’a de cesse de se resserrer et ce jusqu’à la fin. Une excellente (re)découverte dans laquelle brillent Burt Lancaster et Clark Gable.

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Test Blu-ray / Dillinger, réalisé par John Milius

DILLINGER réalisé par John Milius, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 7 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Warren Oates, Ben Johnson, Michelle Phillips, Cloris Leachman, Harry Dean Stanton, Geoffrey Lewis, John P. Ryan, Richard Dreyfuss…

Scénario : John Milius

Photographie : Jules Brenner

Musique : Barry De Vorzon

Durée : 1h43

Année de sortie : 1973

LE FILM

Le gangster John Dillinger devient la cible du FBI de Kansas City après avoir participé au meurtre de cinq agents. A force de témérité, il s’attire la sympathie du public et devient vite l’ennemi public n°1…

Quinze ans après L’Ennemi public Baby Face Nelson de Don Siegel, le scénariste John Milius passe derrière la caméra et revient à Dillinger et sa bande dans…Dillinger. Ayant le vent en poupe et devenu l’un des auteurs les mieux payés d’Hollywood après avoir participé à L’Inspecteur Harry Dirty Harry, écrit Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, Juge et Hors-la-loi The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston et bien sûr Magnum Force de Ted Post, John Milius accepte de baisser son énorme cachet habituel pour Dillinger, qui sera son premier long-métrage en tant que réalisateur. Après Lawrence Tierney dans Dillinger, l’ennemi public n° 1 de Max Nosseck et Leo Gordon dans L’Ennemi public, c’est au tour de l’exceptionnel Warren Oates d’enfiler le costume trois-pièces du gangster et qui une fois n’est pas coutume accède en haut de l’affiche. S’il s’acquitte admirablement de sa tâche, un autre comédien partage cette place convoitée en la personne du génial Ben Johnson, qui dans la peau de Melvin Purvis, l’agent du FBI lancé à la poursuite de Dillinger, est tout aussi remarquable et par ailleurs mis sur un pied d’égalité avec son partenaire. Anarchiste zen, comme il se définissait lui-même dans sa jeunesse, prenant le train en marche du Nouvel Hollywood, mais aussi et avant tout défenseur des valeurs traditionnelles américaines, John Milius met tout dans Dillinger, son mode de pensée, son âme, son adulation des armes à feu, sa vision de l’héroïsme américain, le tout marqué par une violence sèche, brutale, sanglante, qui participe à la pérennité de ceux qu’il considère alors comme des mythes. Il en résulte un polar mâtiné de film noir et même de western souvent implacable, teinté d’humour et qui n’omet pas l’émotion, qui s’avère aussi et surtout toujours divertissant un demi-siècle après sa sortie explosive.

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