Test DVD / Le Soleil de trop près, réalisé par Brieuc Carnaille

LE SOLEIL DE TROP PRÈS réalisé par Brieuc Carnaille, disponible en DVD le 7 février 2023 chez Jour2Fête.

Acteurs : Clément Roussier, Marine Vacth, Diane Rouxel, Hakim Faris, Léon Durieux, Fethi Saidi, Corentin Fila, Omar El Aissaoui…

Scénario :  Brieuc Carnaille & Clément Roussier

Photographie : Georges Lechaptois

Durée : 1h26

Année de sortie : 2022

LE FILM

À sa sortie d’hôpital psychiatrique, Basile se réfugie chez sa sœur Sarah. Elle est sa seule famille et sa plus grande alliée pour se reconstruire. Aussi flamboyant qu’instable, Basile parvient à trouver du travail et rencontre Élodie, une jeune mère célibataire : il se prend à rêver d’une vie « normale »…

Attention, film choc ! Le soleil de trop près, titre magnifique, provient d’une légende anonyme et ancienne centrée sur le roitelet, considéré comme le plus petit oiseau d’Europe : Un jour les oiseaux décidèrent de se choisir un roi à l’instar des mammifères qui avaient choisi le lion. Celui qui volerait le plus près du soleil serait élu roi. Le roitelet se cacha dans les plumes de l’aigle celui-ci cria son triomphe quand tous les autres oiseaux avaient abandonnés d’épuisement. Mais le petit roitelet sortit de sa cachette et vola un peu plus haut. Il avait ainsi gagné le titre de roi. Les autres oiseaux ayant honte d’avoir un roi aussi insignifiant refusèrent de le proclamer. C’est ainsi que l’aigle est devenu le roi des oiseaux et le roitelet est devenu le petit roi. Le premier long-métrage et coup de maître du réalisateur Brieuc Carnaille se focalise sur Basile, un trentenaire à la personnalité hors normes, qui après avoir été interné retourne vivre chez sa sœur Sarah avec qui il entretient une rare complicité face à sa maladie, la schizophrénie. Fantasque, drôle et charismatique, Basile va se soigner puis retrouver du travail et même rencontrer l’amour. En préférant cacher sa maladie à son nouvel entourage. C’est là qu’il se brûlera les ailes. La schizophrénie (paranoïde ici) a déjà inspiré le cinéma. Shutter Island, Black Swan, Fight Club, Shining, Un homme d’exception, Psychose, Donnie Darko, Fou(s) d’Irène, The Voices, Clean, shaven, Magic, Répulsion, Lost Highway, Mulholland Drive, Take Shelter, Persona, Bug, Schizophrenia bien sûr et on en oublie forcément…Il faudra ajouter à celle liste qui ne saurait être exhaustive et qui s’avère déjà composée de titres prestigieux, Le Soleil de trop près, qui foudroie de façon saisissante le coeur du spectateur du début à la fin et qui révèle un immense comédien, Clément Roussier, également coscénariste du film, dont la prestation laisse pantois d’admiration.

D’après les aveux de Brieuc Carnaille, le thème principal du film ne lui est pas inconnu et touche même son histoire familiale. Ne trouvant pas l’angle par lequel l’aborder, c’est suite à sa rencontre avec Clément Roussier (qu’il ignorait être comédien) que cela a pu se faire, découvrant enfin la légèreté et la justesse qui lui manquaient, pouvant ainsi se détacher d’éléments sans doute trop personnels qui lui permettaient d’aller de l’avant dans son processus créatif. Celui qui deviendra finalement sa tête d’affiche impressionne dès son apparition, son charisme magnétique qui rappelle étrangement Albert Dupontel, y compris dans son expression physique et corporelle (le metteur en scène le rapproche de Jean-Paul Belmondo pour cela), capte immédiatement le regard du spectateur. Ce sera ainsi jusqu’à la fin, bouleversante et qui marquera sûrement les esprits.

Mais avant cela, on suit le parcours de Basile après une « sortie de piste », au moment où il entreprend un traitement, attendant (trop) impatiemment que les médicaments fassent leur effet et l’aident à se réadapter. Il doit ainsi retrouver un boulot, justifier l’année manquante sur son C.V., respecter les rendez-vous fixés à l’hôpital, lutter contre quelques hallucinations qui le conduisent à prendre la double posologie initialement fixée. En prenant le bus quotidiennement, il remarque le regard azur d’une jeune femme, Élodie (la lumineuse Diane Rouxel, vue dans La Terre des hommes et The Smell of us), qu’il finit par aborder et dont il tombe amoureux, mais en dissimulant sa maladie. Cela fait peur à sa sœur Sarah (Marine Vacth, sublime), qui l’a recueilli à sa sortie, puisque leurs parents sont décédés, événement traumatique qui sera le déclencheur de la maladie de Basile. Elle-même arrive à un carrefour de sa vie et sur le point d’accueillir son premier enfant. Mais elle doit aussi désormais composer son existence avec ce frère souffrant, qu’elle aime de tout son coeur, mais qui n’arrive pas à prendre conscience qu’il ne pourra plus jamais mener sa vie comme avant.

Avec une délicatesse et une sensibilité à fleur de peau, Brieux Carnaille ne lâche pas Basile d’une semelle, capture en Scope cette épopée immersive comme s’il s’agissait d’une grande aventure située à Roubaix, la ville natale du réalisateur. Ce véritable décor de cinéma, magistralement photographié par Grégory Lechaptois (Rouge, Proxima, Une fille facile), dont l’horizontalité renvoie à une certaine forme d’artificialité, agit comme si le personnage principal évoluait dans un univers factice et donc fantasmagorique relié à ses propres émotions, à sa psyché perturbée. On ressort lessivé, complètement chamboulé par Le Soleil de trop près, qui évite tous les écueils possibles et imaginables des films sur les troubles mentaux graves, qui n’est pas dénué d’humour, qui donne des frissons, fait peur et émeut aux larmes. Typiquement le genre de film qui nous reviendra longtemps en tête, au point que l’on se demandera ce qu’est devenu Basile et les siens, en souhaitant qu’ils aient pu enfin trouver le bonheur et l’apaisement.

LE DVD

C’est chez Jour2Fête que vous trouverez le DVD du film de Brieuc Carnaille. Un très beau Slim Digipack, très élégamment illustré accueille la galette sobrement sérigraphiée. Le menu principal est animé et musical.

Un seul supplément, mais très intéressant, puisqu’il s’agit d’un entretien avec Brieuc Carnaille et Clément Roussier (16’). Les deux intervenants reviennent sur la genèse du Soleil de trop près, né principalement de leur rencontre, qui a donné envie au réalisateur de reprendre un scénario déjà commencé, mais pour lequel il ne trouvait pas forcément tous les éléments nécessaires à sa construction. Ils s’expriment aussi sur le sujet de la schizophrénie, l’évolution de l’écriture de l’histoire, le tournage à Roubaix, l’improvisation de la scène de danse, l’angle pour aborder et traiter la maladie à l’écran, le choix des costumes et des couleurs (avec Paris, Texas comme référence, le rouge représentant Basile, le bleu pour Élodie et le vert pour Sarah), le travail du directeur de la photographie Grégory Lechaptois et le casting.

L’Image et le son

Nous n’en attendions pas moins de l’éditeur Jour2Fête, qui livre ici une très belle copie. Belle profondeur de champ, piqué suffisamment acéré, couleurs – chaudes et froides – affirmées, définition soignée, contrastes solides, luminosité remarquable, tout est réuni pour offrir aux spectateurs un confort de visionnage quasi-optimal, hormis divers moirages.

Au rayon acoustique, il va sans dire qu’il faut privilégier la piste Dolby Digital 5.1. Les enceintes sont intelligemment mises à contribution avec une centrale qui délivre les dialogues de façon claire et précise, les latérales qui distillent la très belle musique. Les ambiances annexes apportent également leur lot de satisfaction. La piste 2.0 est tout aussi excellente. A noter la présence d’une piste de sous-titres pour sourds et malentendants.

Crédits images : © Jour2Fête / Vixens / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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