LE CAVALIER TRAQUÉ (Riding Shotgun) réalisé par André De Toth, disponible en DVD depuis le 7 février 2019 chez LCJ Editions
Acteurs : Randolph Scott, Wayne Morris, Joan Weldon, Joe Sawyer, James Millican, Charles Bronson, James Bell, Fritz Feld, Richard Garrick…
Scénario : Thomas W. Blackburn d’après une histoire de Kenneth Perkins
Photographie : Bert Glennon
Musique : David Buttolph
Durée : 1h12
Date de sortie initiale : 1954
LE FILM
Larry Delong est chargé de protéger les diligences des hors-la-loi qui cherchent à intercepter les convois. Lors d’une mission, il est confronté au bandit de grand chemin Dan Marady et laissé pour mort. Il comprend néanmoins que le vol de la diligence servira de diversion pour attirer le shérif de la ville voisine et ses adjoints afin de braquer facilement le casino. Delong arrive en ville pour prévenir les habitants mais au lieu d’être écouté, il est considéré comme un complice de Marady.
D’origine austro-hongroise, André De Toth (1912-2002) est un réalisateur, scénariste et producteur qui demeure encore très chéri par les cinéphiles. Indépendant des grands studios hollywoodiens, pour lesquels il travaillera toutefois volontiers à plusieurs reprises, le cinéaste dirigera les plus grands comme Gary Cooper (La Mission du commandant Lex), Robert Ryan (La Chevauchée des bannis), Kirk Douglas (La Rivière de nos amours), Veronica Lake (Femme de feu), Barbara Stanwyck (L’Orchidée Blanche) et Richard Widmark (La Furie des Tropiques). Mais la plus grande collaboration de sa carrière reste celle entamée en 1951 avec Randolph Scott (1898-1987) pour Le Cavalier de la mort – Man in the Saddle. Les deux hommes se retrouveront à cinq autres reprises (et autres westerns), Les Conquérants de Carson City – Carson City (1952), Les Massacreurs du Kansas – The Stranger Wore a Gun (1953), La Trahison du capitaine Porter – Thunder Over the Plains (1953), Le Cavalier traqué – Riding Shotgun (1954) et Terreur à l’Ouest – The Bounty Hunter (1954).
André De Toth fait partie des célèbres réalisateurs borgnes d’Hollywood aux côtés de John Ford, Fritz Lang, Raoul Walsh et Nicholas Ray, ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de mettre en scène deux films en relief stéréoscopique, L’Homme au masque de cire – House of Wax (1953) avec Vincent Price, formidable remake de Masques de cire – Mystery of the Wax Museum de Michael Curtiz (1933), et Les Massacreurs du Kansas. Le film qui nous intéresse aujourd’hui, Le Cavalier traqué, est l’avant-dernière association d’André De Toth avec Randolph Scott. Excellente série B resserrée sur 72 minutes, ce western démontre une fois de plus tout l’immense savoir-faire de ce réalisateur talentueux, qui livre un quasi-huis clos durant lequel Randolph Scott reste enfermé durant les deux tiers du film, seul, dans un boui-boui tenu par un mexicain, alors qu’il doit affronter l’hostilité d’une petite bourgade qui le croit coupable de l’attaque d’une diligence.
Avec une évidente économie de moyens, André De Toth exploite à merveille le scénario malin écrit par Thomas W. Blackburn, expert du western efficace aux titres explicites Colt.45 (1950), Traqué dans la Sierra (1950), Raton Pass (1951) et Les Cow-boys (1953). Si la voix-off est sans doute trop explicative en paraphrasant ou même en anticipant quelque peu l’action en cours ou à venir, Le Cavalier traqué est un film carré, sans aucun gras, très efficacement mis en scène, où le héros voit sa tête mise à prix grâce au plan ingénieux de ses adversaires qui ont intelligemment retourné la situation en sa défaveur. Parmi ceux-ci, les spectateurs reconnaîtront un acteur du nom de Charles Buchinsky, autrement dit Charles Bronson, qui allait tout de suite enchaîner avec le tournage de Bronco Apache et celui de Vera Cruz de Robert Aldrich. Randolph Scott est fidèle à son image. L’acteur semble ne pas faire grand-chose, mais il le fait bien et avec élégance. D’ailleurs, on se dit constamment qu’il aurait été l’acteur idéal pour incarner Dave Robicheaux, personnage récurrent de l’oeuvre de James Lee Burke, interprété au cinéma par Alec Baldwin et Tommy Lee Jones. Randolph Scott promène son mètre 90 tout élancé, joue peu du flingue, mais fait mouche à tous les coups avec un naturel confondant. A ses côtés, se démarquent Wayne Morris, parfait en représentant de la loi et ami de Larry, qui fait tout pour calmer les ardeurs de la foule voulant capturer et pendre l’accusé, ainsi que Joan Weldon, déjà vue dans Les Massacreurs du Kansas, un atout charme non négligeable, même si son rôle reste limité.
Le Cavalier traqué, titre français finalement bien choisi, tient ses promesses en distillant un vrai suspense à travers la montée de la violence d’une ville avide de justice (d’exécution plutôt) et en suivant un héros – accusé à tort – sympathique, pour lequel il est difficile de résister. Un petit western concis, nerveux et franchement bien fichu.
LE DVD
Une toute petite sortie, mais sortie quand même que l’on doit à LCJ Editions ! Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier Amaray classique, est efficace et saura attirer l’oeil des mordus du western. Visuel par ailleurs repris pour le menu principal, fixe et musical.
Aucun supplément sur ce DVD.
L’Image et le son
Posséder Le Cavalier traqué en DVD est déjà un miracle. Maintenant, si la copie présentée n’est pas dénuée de qualités avec une clarté notamment très plaisante, de nombreuses poussières subsistent, tout comme les raccords de montage, des griffures, des points blancs, des rayures verticales. Les couleurs peuvent aussi décevoir parfois, mais l’ensemble reste fort correct pour un film aussi rare.
Le Cavalier traqué a bénéficié d’un nouveau doublage français réalisé en 1985 pour être diffusé à la télévision. On reconnaîtra notamment le timbre mythique du regretté Pierre Hatet (décédé en mai 2019) qui prête sa voix légendaire à Randolph Scott, ou bien encore Alain Dorval qui double ici Charles Bronson et même Roger Carel qui prend l’accent mexicain pour le personnage de Fritz. En version originale comme en français, l’écoute est harmonieuse et propre, même si la piste anglaise l’emporte comme d’habitude sur son homologue, du point de vue homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets.