Test DVD / Je suis une légende, réalisé par Ubaldo B. Ragona & Sidney Salkow

JE SUIS UNE LÉGENDE (The Last Man on Earth) réalisé par Ubaldo B. Ragona & Sidney Salkow, disponible en DVD le 6 décembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Vincent Price, Franca Bettoia, Emma Danieli, Giacomo Rossi-Stuart, Umberto Raho, Christi Courtland, Tony Corevi, Hector Ribotta…

Scénario : Furio M. Monetti, Ubaldo B. Ragona, Richard Matheson, William F. Leicester, d’après le roman de Richard Matheson

Photographie : Franco Delli Colli

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h23

Année de sortie : 1964

LE FILM

Une épidémie a dévasté le monde et transformé les hommes en vampires assoiffés de sang. Le docteur Robert Morgan est le seul survivant de ce ravage. Il traque les vampires tout le jour afin de les tuer en leur enfonçant un pieu dans le cœur, et la nuit, il se barricade chez lui, tentant de repousser les assauts des monstres, et essayant de trouver, par communication radio, d’autres survivants.

Beaucoup connaissent Je suis une légende I am legend de Francis Lawrence avec Will Smith, sixième plus gros succès US de l’année 2007 (entre Harry Potter et L’Ordre du Phénix et La Vengeance dans la peau), peut-être moins Le SurvivantThe Omega Man de Boris Segal (1971) avec Charlton Heston…Avant ces deux transpositions du roman de Richard Matheson, Ubaldo Ragona et Sidney Salkow signaient une première adaptation de I am legend, sortie en 1964 sous le titre The Last Man on Earth ou bien encore L’Ultimo uomo della terra de l’autre côté des Alpes. Dans ce film, le dernier homme sur Terre est incarné par Vincent Price, la même année que Le Masque de la mort rouge The Masque of the Read Death et La Tombe de Ligeia The Tomb of Ligeia de Roger Corman. Sur une musique oppressante de Paul Sawtell (Le Cri de guerre des Apaches, Le Sous-marin de l’apocalypse, La Brigade du suicide, Marché de brutes), les deux réalisateurs instaurent une ambiance lourde et post-apocalyptique, avec des cadavres éparpillés dans les rues, tandis que la voix légendaire du comédien plante le décor et les enjeux. « The End has Come ». Mais pour Robert Morgan, c’est le même recommencement depuis trois ans, quand il est déjà surpris de se réveiller en vie, après avoir échappé aux zombies qui voudraient prendre d’assaut sa maison. « Un autre jour à endurer…allons-y » dit-il, avant d’arpenter la ville, à la recherche de nouveaux morts-vivants dans lesquels Robert pourra planter un pieu dans le coeur. Formidablement mis en scène et marqué par une photographie à la beauté exceptionnelle, Je suis une légende est une véritable référence du genre et n’a absolument rien à envier aux blockbusters contemporains.

Le docteur Robert Morgan est le dernier être humain à avoir échappé à une épidémie qui a transformé les autres hommes et femmes en vampires. Depuis trois ans, toutes ses journées se ressemblent : le jour, les vampires, qui craignent la lumière du soleil, se reposent, pendant que Morgan, armé de pieux de bois, parcourt la ville, repère les refuges des morts-vivants affaiblis comme des zombis, les empale pour ensuite aller brûler leurs corps à la décharge. La nuit, il se réfugie dans sa maison, où sont suspendus miroirs et ail, que les vampires ne supportent pas. De temps en temps, il essaye de communiquer avec un éventuel autre être humain non affecté à l’aide d’une radio, mais toujours sans succès.

Zombies ou vampires ? Un peu les deux en fait, puisque les contaminés, une fois leur mutation complète, craignent les miroirs et les gousses d’ail. Je suis une légende est une étape indispensable dans le domaine de la science-fiction, littéraire, mais aussi cinématographique donc. S’il n’est pas crédité au générique, Ubaldo Ragona (1916-1987) apparaît bien comme étant le co-réalisateur aux côtés du plus célèbre Sidney Salkow, habituellement cantonné au western de série B (Le Massacre des Sioux, Feu sans sommation, Le Shérif de fer, Sitting Bull, Le Trappeur des Grands Lacs). Difficile de savoir quelles étaient les « missions » respectives de chacun, même si, le film ayant été tourné en Italie, Ubaldo Ragona (aussi co-scénariste) a vraisemblablement servi d’entremetteur entre son confrère et le reste de l’équipe transalpine. L’un des très grands atouts de Je suis une légende est la crépusculaire photographie signée du maître Franco Delli Colli, chef opérateur de Nue pour l’assassin et Zeder, les voix de l’au-delà, oui bon des Rats de Manhattan aussi, mais c’est une autre histoire.

Immense réussite sur le fond comme sur la forme, le film repose essentiellement sur les épaules de son interprète principal, sobre, impeccable, solidement dirigé, dont le timbre sépulcral résonne encore longtemps après la projection. S’il est dans la langue de Dante « le dernier homme sur Terre », Vincent Price (choix regretté par Richard Matheson) donne la réplique à plusieurs acteurs italiens, à l’instar des belles Franca Bettoja (Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ?, Le Lion Saint Marc) et Emma Danieli (Des fleurs pour un espion, Le Tonnerre de Dieu), l’inévitable Giacomo Rossi-Stuart (Opération peur, Caltiki – Le Monstre immortel), tandis que les cinéphages reconnaîtront la trogne d’ Umberto Raho (À la recherche du plaisir, Baron Vampire, Tropique du Cancer, L’Appel de la chair).

De l’aveu de George A. Romero, Je suis une légende a par la suite inspiré La Nuit des morts-vivants, qui sortira quatre ans plus tard. C’est dire l’importance de cette entreprise ambitieuse, sans doute la meilleure adaptation du roman éponyme à ce jour.

LE DVD

Tombé dans le domaine public, Je suis une légende a anciennement été proposé en DVD dans nos contrées. En 2008 chez L.M.L.R. (elle aime l’air), puis dès 2011 chez Wild Side dans la collection Vintage Classics. 2022, le titre intègre la collection Les Classiques chez Artus Films. Jaquette au visuel efficace, glissé dans un boîtier Amaray classique. Le menu principal est fixe et musical.

Aucun supplément.

L’Image et le son

C’est du bon boulot, c’est même mieux que le précédent master édité par Wild Side. Alors certes, tout n’est pas parfait loin de là, avec notamment des décrochages, divers fourmillements, quelques (rares) poussières, tâches et points, mais cette copie ne manque pas de qualités. La définition est assez belle, le piqué est convaincant sur les séquences diurnes, les détails sont appréciables sur les costumes et la texture argentique est présente. La gestion des contrastes est aussi correcte, avec des blancs clairs, mais non brûlés, des noirs denses et une large palette de gris. 2.35 compatible 16/9.

Pas de version française sur ce titre. En revanche, la piste anglaise délivre les dialogues, les effets et la musique de Paul Sawtell avec une belle clarté. Le confort acoustique est assuré, sans distorsion et sans souffle. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Artus Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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