Test Blu-ray / Les Travaux d’Hercule, réalisé par Pietro Francisci

LES TRAVAUX D’HERCULE Le Fatiche di Ercole) réalisé par Pietro Francisci, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 4 mars 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Steve Reeves, Sylva Koscina, Gianna Maria Canale, Ivo Garrani, Mimmo Palmara, Arturo Dominici, Lidia Alfonsi, Gina Rovere, Luciana Paluzzi, Gabriele Antonini…

Scénario : Ennio De Concini, Pietro Francisci & Gaio Frattini

Photographie : Mario Bava

Musique : Enzo Masetti

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Le roi de Iolcos, Pellas, fait venir Hercule à sa cour pour lui confier l’éducation de son fils, Iphitos. Ce dernier, jaloux de la force de son précepteur, trouve la mort en affrontant le lion de Némée. Pellas envoie alors Hercule combattre le taureau de Crète. Mais le trône de Iolcos revient de droit à Jason, Pellos n’étant qu’un fourbe usurpateur. Hercule va s’embarquer avec Jason sur l’Argos à la recherche de la Toison d’or afin de l’aider à reconquérir son royaume.

C’est donc avec Les Travaux d’Hercule Le Fatiche di Ercole que tout a (re)commencé. En effet, si le péplum avait déjà connu un bel engouement au temps du cinéma muet (en France, en Italie et également à Hollywood), le film réalisé par Pietro Francisci (1906-1977) va relancer ce genre à travers le monde. Si juste avant celui-ci, UlysseUlisse de Mario Camerini avait attiré plus de 13 millions de spectateurs dans les salles en Italie (le film est encore le quinzième plus grand succès de tous les temps de l’autre côté des Alpes), point de Kirk Douglas à l’affiche des Travaux d’Hercule et pourtant près de six millions d’italiens se déplaceront pour découvrir les exploits de ce demi-Dieu. Ancêtre du blockbuster, Le Fatiche di Ercole fait de Steve Reeves (1926-2000), culturiste de son état, essayant alors de percer au cinéma, une star planétaire du jour au lendemain. Les producteurs voudront aussi profiter de cet engouement en mettant en route à leur tour un péplum et le public n’aura que l’embarras du choix. Ainsi, le personnage d’Hercule (pour ne citer que lui) sera décliné à toutes les sauces, La Vengeance d’Hercule, Les Amours d’Hercule, La Fureur d’Hercule, Hercule à la conquête de l’Atlantide, Hercule contre les vampires, Ulysse contre Hercule, Hercule se déchaîne, Samson contre Hercule, Hercule contre Moloch, Hercule contre les mercenaires, Hercule, Samson et Ulysse, Le Triomphe d’Hercule, Hercule contre Rome, Hercule contre les tyrans de Babylone…tout cela en l’espace de six ou sept ans seulement. Mais pour l’heure, Les Travaux d’Hercule demeure une pierre angulaire, une matrice, une étape indispensable pour le cinéphile, qui saura encore aujourd’hui apprécier le soin apporté à la mise en scène, aux décors, mais aussi et surtout à la photographie que l’on doit à l’un des plus grands artistes transalpins, Mario Bava, qui aurait également apporté son soutien à Pietro Francisci sur certaines séquences. Le divertissement reste assuré, le charme rétro fait son effet, tout comme les costumes courts et cintrés de la sublime Sylva Koscina, à se damner dans la peau de Iole fille de Pélias, pour laquelle Hercule est prêt à devenir un humain à part entière.

Hercule est convoqué à la cour de Pélias, roi de Iolcos, pour assurer la tutelle d’Iphitos, le fils inepte et vantard du roi. Il y fait également la connaissance de Iole, la fille du roi : une forte attirance naît entre les deux. Pélias cache un terrible secret : aidé par Eurysthée, un assassin qu’il a sauvé de sa condamnation, il a fait tuer son frère, alors roi, et s’est fait voler la toison d’or qui était exposée dans le palais en signe de bénédiction, afin de s’emparer du trône. La responsabilité de la mort du roi incombe toutefois à Chiron, qui a enlevé le fils du roi, Jason. Hercule commence à entraîner le réticent Iphitos, assisté de Castor et Pollux et d’un jeune admirateur qui se propose d’être son assistant, Ulysse. Mais peu après, ayant appris qu’un lion féroce rôde dans les environs, tuant tous ceux qu’il croise, Hercule décide de passer à l’action pour l’éliminer. L’orgueilleux Iphitos le suit, contre l’avis du héros, et se fait tuer par le fauve, le fameux lion de Némée, qu’Hercule tue à son tour en l’étouffant. Affolé par la mort de son fils et poussé par Eurysthée à se venger, Pélias bannit Hercule de Iolco et l’engage, avec sa malédiction, à payer le prix de sa culpabilité en lui ordonnant de tuer une autre bête sanguinaire : le Taureau crétois. Après son combat, dont il sort victorieux, Hercule retrouve Jason et Chiron mourant. Ce dernier lui révèle que Jason est l’héritier légitime du trône de Iolco et prétend savoir où se trouve la toison.

La grande réussite des Travaux d’Hercule provient du sérieux avec laquelle cette production a été pensée et produite. Le scénario coécrit par Pietro Francisci, qui avait déjà démontré son savoir-faire avec notamment Le Prince esclave Le Meravigliose avventure di Guerrin Meschino (1952) et surtout Attila, fléau de Dieu Attila, il flagello di Dio (1954) avec Anthony Quinn et Sophia Loren, Ennio De Concini (Le Cri de Michelangelo Antonioni, Le Masque du démon de Mario Bava) et Gaio Frattini (Les Tartares de Richard Thorpe) joue avec la mythologie, mais avec une rigueur que l’on ne retrouvera pas forcément plus tard, quand les péplums seront confectionnés à la chaîne, pour surfer sur le triomphe de Le Fatiche di Ercole. Le seul élément qui peut prêter finalement à sourire de nos jours est le jeu ampoulé de Steve Reeves, qui mouline ses gros bras, qui regarde son partenaire les yeux bleus plissés, la barbe taillée au pochoir, l’huile bien appliquée sur les pectoraux. Ce rôle allait devenir celui de sa vie et faire de lui l’acteur le mieux payé du monde. L’ancien Mr America et Mr Univers, 1m86 et près de cent kilos à la pesée, promenait sa lourde carcasse comme figurant, jusqu’à l’explosion des Travaux d’Hercule. En dépit de ses collaborations avec Riccardo Freda (La Charge des Cosaques), Jacques Tourneur (La Bataille de Marathon), Sergio Corbucci (Romulus et Remus, Le Fils de Spartacus), Umberto Lenzi (Sandokan, le tigre de Bornéo, Les Pirates de la Malaisie), le rôle d’Hercule lui collera à la peau (grasse et bronzée) toute sa vie.

Si elle crève l’écran dans le rôle de Iole, Sylva Koscina était déjà apparue dans le somptueux Il Ferroviere Le Disque rouge de Pietro Germi et Michel Strogoff de Carmine Gallone, sans oublier le magnifique Guendalina d’Alberto Lattuada. Autant dire qu’elle avait déjà fait parler d’elle avant Les Travaux d’Hercule, suite auquel les propositions allaient encore se multiplier, lui permettant de collaborer avec Mauro Bolognini, Luigi Comencini, Dino Risi, Lucio Fulci et bien d’autres. Mention spéciale aussi à la divine Gianna Maria Canale (Le Lion de Saint Marc, Le Tigre des mers, La Belle et le corsaire, La Muraille de feu) en reine des Amazones et dont la scène centrale semble avoir inspiré celle de L’île du plaisir des Douze Travaux d’Astérix vingt ans plus tard.

C’est avec un plaisir non dissimulé qu’on se replonge dans ces aventures (en Eastmancolor et Dyaliscope) aux côtés d’Hercule, Argos, Castor et Pollux, Tiphys, Orphée, Laërte et son fils Ulysse, Esculape, en route pour la Colchide, à la recherche de la légendaire Toison d’or, qui permettra à Jason de reconquérir le trône de Thessalie. Suite à ce hit international, y compris aux États-Unis où le film rapportera près de vingt millions de dollars, une suite est rapidement mise en route et déboulera sur les écrans quasiment un an jour pour jour après la sortie du premier épisode. Ce sera Hercule et la Reine de Lydie, qui réunira la même équipe devant et derrière la caméra. À suivre donc…

LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRE

Les Travaux d’Hercule et sa suite, Hercule et la Reine de Lydie, apparaissent dans les bacs, grâce à Artus Films. Le premier, qui nous intéresse aujourd’hui, avait déjà été exploité en DVD et ce dès l’an 2000, chez Opening. Le film était ensuite ressorti, toujours chez le même éditeur en 2007, puis à nouveau sept années plus tard chez Filmedia. Mars 2025, le péplum de Pietro Francisci bénéficie enfin d’une édition digne de ce nom, avec pas moins d’une mouture DVD + Blu-ray + Livre. Les deux disques reposent dans un Digipack à deux volets, illustrés d’affiches d’exploitation. Le tout est glissé dans un fourreau cartonné, forcément très attractif. En ce qui concerne le livre (62 pages), écrit par Emmanuel Rossi, l’ouvrage est entièrement consacré à Steve Reeves. Comme d’habitude, l’éditeur a soigné son complément avec moult photographies (personnelles, de plateau) et reproductions d’affiches originales, tandis que le texte s’avère fort plaisant et même passionnant à suivre. Divisé en 17 chapitres, le livre revient sur l’enfance et les étapes principales de la vie de Steve Reeves, sa découverte du culturisme, son désir de percer au cinéma, ses premiers rôles, ses déceptions aussi (il avait pensé rapidement à arrêter en raison des difficultés rencontrées à trouver de vrais rôles), jusqu’à son explosion dans le monde dans le rôle d’Hercule. Mais Emmanuel Rossi ne s’arrête pas aux Travaux d’Hercule et se penche aussi sur la suite et fin de sa carrière (qui a dû être stoppée en raison d’une blessure à l’épaule survenue sur un tournage), puis de son existence, marquée par de nombreux hommages reçus avant, puis après son décès. Le menu principal sur chaque disque est fixe et musical.

En plus de la bande-annonce (américaine), d’une très large galerie (animée et musicale) de photos d’exploitation et d’affiches internationales, l’éditeur a pu mettre la main sur un entretien (18’) de 2021 avec Willy Colombini (né en 1932). Celui qui interprète Castor dans Les Travaux d’Hercule (même si IMDB l’indique dans le rôle de Pollux), personnage qu’il reprendra dans Hercule et la Reine de Lydie, partage quelques souvenirs liés au tournage de Pietro Francisci, notamment un Mario Bava très blagueur. Steve Reeves est aussi évoqué (« il avait reçu l’ordre de ne parler à personne sur le plateau, pour rester dans la peau de son personnage »), ainsi que Sylva Koscina. L’accueil exceptionnel (du public) du film est abordé en fin de module.

L’Image et le son

Les Travaux d’Hercule s’offre à nous en Haute Définition dans une superbe copie entièrement restaurée à partir d’un master 2K. L’image est stable, très propre, les couleurs sont ardentes, vives et chatoyantes, certains décors brillent de mille feux, les détails sont légion aux quatre coins du cadre large (format original respecté 2.35 compatible 16/9), le relief des matières des costumes demeure palpable tout du long, la texture argentique flatteuse. Les scènes en extérieur affichent une belle luminosité, tout comme un relief inattendu, un piqué pointu. Aucun ou peu de défauts constatés, pas de tâches, bruit vidéo, tout ou presque (quelques poussières subsistent) a été balayé avec soin. Un titre qui tire pleinement profit de la Haute-Définition. Les plans flous semblent d’origine et la palette chromatique décroche sur les fondus enchaînés. Blu-ray au format 1080p.

Au jeu des comparaisons, la version originale est supérieure à la piste française. Aucun souffle des deux côtés, ni de craquements. Les ambiances sont très correctes en italien, alors qu’elles se font parfois plus discrètes sur l’autre piste. Le doublage français est très réussi, avec surtout l’immense Jean-Claude Michel à la barre, qui double ici Steve Reeves. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.