LES RIPOUX réalisé par Claude Zidi, disponible en Blu-ray le 6 octobre 2021 chez Gaumont.
Acteurs : Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Régine, Grace De Capitani, Claude Brosset, Albert Simono, Julien Guiomar, Henri Attal…
Scénario : Claude Zidi, Didier Kaminka & Simon Michaël
Photographie : Jean-Jacques Tarbès
Musique : Francis Lai
Durée : 1h47
Date de sortie initiale : 1984
LE FILM
René est inspecteur de police dans le 18ème arrondissement de Paris. Depuis des années, il tient son quartier à coups de combines. François jeune inspecteur fraîchement diplômé et droit comme la justice est le nouveau partenaire de René. La cohabitation s’annonce difficile…
Les Ripoux est considéré à juste titre comme étant le sommet de la carrière de Claude Zidi : près de 6 millions d’entrées (sur 60 semaines d’exploitation !), récompensé par le César du meilleur réalisateur, du meilleur film, du meilleur montage, porté par une critique positive qui jusque-là échappait au cinéaste et un bouche-à-oreille exceptionnel. Un succès, un triomphe populaire qui entraîna également deux suites tardives, Ripoux contre ripoux (1990) et Ripoux 3 (2003). Pour son quinzième long-métrage, Claude Zidi, dont Banzaï venait de pulvériser le box-office, s’appuie sur un scénario plus « classique » que d’habitude, coécrit avec Simon Michaël, ancien officier de police judiciaire qui apporte son vécu, son dialecte, ses souvenirs. C’est sans doute pour cela que Les Ripoux demeure authentique, même si les années ont passé et que la délinquance a évolué. Témoin de son temps, le film de Claude Zidi décrit admirablement la vie du 18e arrondissement, ses arnaques, sa vivacité, ses habitants, ses bruits, son fourmillement. Rien que l’affiche signée Patrick Claeys est déjà inoubliable.
Dans les années 1980, René Boisrond, inspecteur en poste au commissariat du 18e arrondissement de Paris, mène une vie bien tranquille, entre sa concubine Simone, une ex-prostituée, et son travail qui consiste essentiellement à encaisser pots-de-vin et commissions occultes en tous genres, lui permettant d’assouvir sa passion pour les courses hippiques. Le train-train de ce flic « ripou » (c’est-à-dire « pourri » en verlan) est quelque peu chamboulé par l’arrivée au commissariat de l’inspecteur Lesbuche, jeune provincial frais émoulu de l’école de police, plein d’ambition et pétri de hauts principes moraux, avec qui il doit faire équipe. En effet, ce dernier arrive en remplacement de Pierrot, ancien coéquipier de Boisrond, que ce dernier a fait envoyer en prison à sa place à cause d’une arrestation « hors procédure » dont il ne voulait pas assumer les conséquences. Lesbuche, d’abord choqué par les méthodes de Boisrond, se fait progressivement une raison, devenant un « ripou » comme son collègue.
-Je peux vous offrir un petit cigare ?
-Pourquoi « petit » ?
Evidemment, ce que l’on retient surtout des Ripoux est le duo vedette incarné par l’immense Philippe Noiret et la jeune recrue Thierry Lhermitte, le maître et son élève qui ne tardera pas à dépasser son aîné en ce qui concerne les pots-de-vin et commissions douteuses. Comme d’habitude chez Claude Zidi, de fabuleux seconds rôles gravitent autour du noyau central notamment Julien Guiomar (son sixième film avec le cinéaste), Régine, Grace de Capitani (après le double-rôle Claudine/Hélène des Sous-doués en vacances), tous apportant leur petite note personnelle dans cette symphonie comico-policière formidablement écrite. Habituellement, les oeuvres du réalisateur renvoient souvent à la bande dessinée avec des lumières vives (les deux Bidasses et Banzaï par exemple) et le scénario est constitué de gags imbriqués les uns aux autres dans une mécanique implacable. Ici, les personnages sont plus contemporains, plus vrais et ancrés dans une forme de naturalisme qui détonne par rapport aux films précédents du metteur en scène. La comédie est toujours présente, mais plus de situation que visuelle ou burlesque, et même parfois douce-amère.
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Afin de marquer une rupture par rapport à ses oeuvres précédentes, Claude Zidi s’entoure de nouveaux collaborateurs. Jean-Jacques Tarbès (Et avec les oreilles qu’est-ce que vous faites ?, Borsalino) signe une photo au grain très présent, Francis Lai remplace Vladimir Cosma et signe une magnifique partition jazzy mélancolique qui colle merveilleusement à l’ambiance du film. C’est d’ailleurs dans Les Ripoux que l’on trouve les plus beaux plans de toute la carrière de Claude Zidi. L’épilogue est sans aucun doute la plus belle scène de toute sa filmographie. Suite à ce succès, la Fox achète les droits du film dans le but d’en réaliser un remake…qui n’a jamais vu le jour, contrairement à La Totale (1991), qui donnera naissance à True Lies (1994) de James Cameron mais c’est une autre histoire.
LE BLU-RAY
Les Ripoux en support physique, c’est toute une histoire. Une première édition en DVD chez Opening en 2003 et réédité deux ans plus tard, une nouvelle mouture en 2008 chez EuropaCorp, puis une édition HD chez ce même éditeur en 2014. Sept ans plus tard, le film de Claude Zidi revient dans les bacs, mais chez Gaumont, avec un nouveau master HD ! Le menu principal est fixe et muet.
Malheureusement, Gaumont n’a pas pu reprendre l’ancien bonus présent sur l’édition EuropaCorp, autrement dit l’entretien avec Claude Zidi et le scénariste Simon Michaël. Cependant, nous trouvons une présentation croisée avec l’excellent Thibault Decoster, auteur du livre – que nous vous conseillons à fond – Le cinéma de Claude Zidi (chez LettMotif) et Didier Kaminka, scénariste complice du réalisateur (22’). Chacun revient sur la genèse des Ripoux, l’écriture du scénario (inspiré par la vie quotidienne de Simon Michaël alors officier de police), les conditions de tournage, les partis-pris esthétiques, le casting, le succès d’abord honnête du film, avant d’être relancé suite à l’obtention des Césars du meilleur film et du même réalisateur, doublant les entrées sur Paris, de 900.000 à 1,7 million de spectateurs. Comme d’habitude, pour Thibault Decoster la découverte des films de Claude Zidi reste liée à ses souvenirs d’enfance, comme l’auteur de ces mots. C’est grâce à ce genre de témoignage que Claude Zidi sera enfin reconnu pour ce qu’il a toujours été, un des plus grands maîtres de la comédie française.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce des trois opus de la saga Ripoux, essentiellement constituées de prises alternatives.
L’Image et le son
Voici un nouveau lifting pour Les Ripoux, vraisemblablement restauré en 2K et qui surpasse le précédent Blu-ray EuropaCorp. Cette édition HD au format 1080p bénéficie d’un codec AVC solide et la différence notable avec l’édition EuropaCorp se distingue dès le générique en ouverture, auparavant marqué par des fourmillements et des plans flous. Le matériel d’origine avait subi les affres du temps, ce qui est réparé ici. Les couleurs chaudes sont les mieux loties de cette nouvelle copie, les contrastes et la texture argentique sont également beaucoup plus convaincants. Même chose concernant toutes les séquences sombres et nocturnes, marquées par des ambiances enfumées, qui apparaissent plus équilibrées, avec aussi un piqué ferme, des détails ciselés, un relief certain. L’ensemble est évidemment propre, stable, et l’élévation HD moins anecdotique que sur la première édition Blu-ray.
La piste française DTS-HD Master Audio Mono 2.0 des Ripoux est plutôt percutante. Aucun souffle n’est à déplorer, ni aucune saturation dans les aigus. Les dialogues sont vifs, toujours bien détachés, la musique de Francis Lai est délivrée avec une belle ampleur. L’ensemble est aéré, fluide et dynamique. Enfin, contrairement à l’édition EuropaCorp, les spectateurs sourds et malentendants bénéficient des sous-titres français.
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