Test Blu-ray / La Promesse verte, réalisé par Édouard Bergeon

LA PROMESSE VERTE réalisé par Édouard Bergeon, disponible en DVD et Blu-ray le 17 septembre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Alexandra Lamy, Félix Moati, Sofian Khammes, Antoine Bertrand, Julie Chen, Adam Fitzgerald, Michael Schnörr, Olivier Ythier, Yothin Udomsanti…

Scénario : Edouard Bergeon & Emmanuel Courcol

Photographie : Éric Dumont

Musique : Thomas Dappelo

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Pour tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels.

Dans la carrière d’Alexandra Lamy, il y a eu plusieurs étapes. Un gars, une fille bien entendu, puis Ricky de François Ozon (un des films les plus étranges du réalisateur), qui lui offrait son premier grand rôle dramatique. Depuis, la comédienne n’a eu de cesse de passer d’un registre à l’autre, même si le succès avait tout d’abord du mal à suivre. Après quelques apparitions dans Brice de Nice, Les Infidèles et Lucky Luke aux côtés de Jean Dujardin, alors son compagnon, Jamais le premier soir obtient enfin les faveurs du public en 2014. Parallèlement, tout en continuant dans la comédie (Bis, Retour chez ma mère, L’Embarras du choix, Tout le monde debout, Le Sens de la famille, Le Test), Alexandra Lamy continue d’apparaître là où on l’attend le moins, tout en affinant son jeu dans le drame. Possessions, J’enrage de son absence, Par instinct, La Chambre des merveilles et Après moi le bonheur sont tous de grandes réussites. Même chose dans La Promesse verte, second long-métrage d’Édouard Bergeon, qui revient derrière la caméra cinq ans après le hit rencontré par Au nom de la terre (2 millions d’entrées), dans lequel l’actrice trône de façon impériale et s’inscrit définitivement parmi les plus grandes de sa génération. Magistralement mis en scène, passionnant, édifiant, La Promesse verte est une œuvre d’intérêt public, réunit le cinéma populaire et à grand spectacle et s’impose comme étant l’un des films les plus indispensables de l’année 2024.

Martin Landreau, étudiant en anthropologie, se rend dans la province indonésienne du Kalimantan, sur l’île de Bornéo. Il doit travailler comme bénévole dans une ONG qui dispense des soins de santé à la population locale. Le responsable Paul Lepage, un Québecois, l’accueille chaleureusement. En fait, Martin est venu à Bornéo car il souhaite rédiger son mémoire sur la déforestation liée à l’extension des plantations de palmiers destinées à la production d’huile de palme. Il rentre en contact avec une activiste Dayak, Nila Jawad et son cousin Timo, qui lui montrent les ravages sur la biodiversité et le mode de vie des Dayaks, causés par la destruction de la forêt primaire et son remplacement par des plantations de palmiers. Martin filme les interactions musclées entre Dayak et responsables de la palmeraie et se fait remarquer par Rudi, le chef de la sécurité de Palmyr, l’entreprise qui exploite les palmeraies. Le soir du mariage de Timo, le village Dayak est attaqué par les forces de sécurité de Palmyr qui incendient le village, tuent Timo et enlèvent Nila. Martin filme la scène et se fait violemment tabasser. Paul lui conseille de partir et de quitter le pays le plus vite possible. Avant de partir, Martin lance le transfert du fichier de sa vidéo. A l’aéroport, en attendant son avion, il s’endort. Puis il est arrêté par la police en possession de 600 grammes de cocaïne, et emprisonné, accusé de trafic de drogue. Sa mère Carole, professeur d’anglais aux Sables d’Olonne, tombe des nues lorsqu’elle apprend que son fils est emprisonné. Elle se rend en Indonésie, où elle bénéficie de l’aide de Saïd Ayouche, attaché d’ambassade. Elle rend visite à son fils en prison. Elle cherche à retrouver la vidéo de Martin, mais le transfert a été piraté, et Paul Lepage lui dit avoir détruit la carte mémoire pendant une perquisition menée par la police. En prison, Martin se lie d’amitié avec Peter, un Australien passionné de surf mais qui a cédé à la tentation du trafic de drogue pour gagner de l’argent et financer ses voyages. Carole revient quelques semaines plus tard pour assister au procès de son fils, qui est condamné à mort. A son retour en France, Carole lit à l’aéroport devant les journalistes un texte polémique de son fils qui met en accusation le gouvernement indonésien. Le ministre français des affaires étrangères lui reproche de mettre de l’huile sur le feu et de compliquer la tâche de la diplomatie française. Carole se rend compte que l’huile de palme est utilisée dans de très nombreux produits de son quotidien, alimentaires ou cosmétiques, ainsi que dans des biocarburants prétendument verts. C’est cela, la « promesse verte » que Martin voulait dénoncer. Il est transféré dans une unité pour condamnés à mort en attente de leur exécution.

Il n’y a pas que le cinéma américain qui détient le monopole du thriller social ou « film dossier » à la Dark Waters, Révélations, Eric Brockovich, Préjudice, chez nous, on a aussi l’imposant Goliath, ou le peu convaincant Les Algues vertes…Forcément préoccupé par la nature, Édouard Bergeon, fondateur de la chaîne AuNomdelaTerre.tv, dédiée au monde agricole, au bien manger et à la ruralité, souhaite parler ouvertement du marché de l’huile de palme et de ses incidences. Ayant grandi dans une ferme, il a vu son père être forcé de planter du colza, afin de produire des biocarburants, avant de voir les prix chuter en raison de la concurrence de l’huile de palme importée. Une matière que l’on retrouve partout, y compris et bien sûr dans l’alimentation. Également journaliste, Édouard Bergeon est parfois à la limite du documentaire dans La Promesse verte, mais va encore plus loin dans la construction dramatique qu’Au nom de la terre.

Le réalisateur expose des faits à travers un film destiné au plus grand nombre, enchaîne les rebondissements, joue avec les nerfs de ses personnages comme ceux des spectateurs, embarqués dans un rollercoaster d’émotions durant près de deux heures menées tambours battants. Outre Alexandra Lamy, intense, magnifique (et sans maquillage), Félix Moati impressionne dans la peau du jeune homme engagé et idéaliste, Sofian Khammes (Le Monde est à toi, Poissonsexe, La Nuée, Un triomphe, Avant que les flammes ne s’éteignent) est décidément un grand en puissance, Julie Chen est bien plus convaincante que dans Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu de Guillaume Canet et Antoine Bertrand est remarquable d’ambiguïté. La Promesse verte est plus ambitieux qu’Au nom de la terre, dans son sujet certes (sans doute parfois trop didactique, pour ne pas dire maladroit à de rares moments), mais aussi du point de vue plastique et l’on retrouve une fois de plus la virtuosité du directeur de la photographie Éric Dumont (Suprêmes, Un autre monde, Mon garçon), à l’oeuvre sur le film précédent d’Édouard Bergeon, qui sublime la déjà magnificence des décors naturels.

Véritable pavé dans la mare, le cinéaste et son coscénariste Emmanuel Courcol dénoncent le « miracle écologique », en dévoilant que la plantation de palmeraies et donc de la production de l’huile de palme entraînent forcément un désastre de l’écosystème, mais qui est passé sous silence puisque est réalisées loin de tous, à l’autre bout du monde, grâce à des accords internationaux passés sous silence.

LE BLU-RAY

Le second long-métrage d’Édouard Bergeon n’aura pas connu les mêmes faveurs du public qu’Au nom de la terre, avec seulement 315.000 entrées au compteur…Cela n’empêche pas Diaphana de nous proposer La Promesse verte en DVD et en Blu-ray. Le visuel reprend celui de l’affiche originale d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur présente un making of très complet, d’une durée de 22 minutes. L’ensemble est constitué de nombreuses images de tournage et surtout de propos passionnants du réalisateur Édouard Bergeon, qui revient sur la genèse, l’écriture et les conditions de tournage (en Thaïlande) de La Promesse verte, projet né durant le confinement, « un film devenu nécessaire, primordial, dans un désir de respirer après le Covid et donc de parler de la destruction du poumon de la Terre ». Le casting est aussi abordé (on voit Alexandra Lamy très impliquée sur le plateau), ainsi que le départ prématuré de Sofian Khammes vers un autre tournage, ce qui a impliqué une précipitation inattendue des prises de vue à la fin du planning prévu.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Si l’on excepte deux ou trois plans plus doux, la copie HD du film d’Édouard Bergeon se révèle irréprochable. Que l’histoire se déroule dans les décors urbains, ou bien dans la nature, le master HD restitue brillamment les partis pris esthétiques de la photographie du chef opérateur Eric Dumont. Le relief est omniprésent, le piqué aiguisé comme une lame de rasoir, la clarté de mise à l’instar des yeux bleus d’Alexandra Lamy. Le cadre large est magnifiquement exploité, les détails sont légion et la profondeur de champ impressionnante. Le nec plus ultra de la Haute définition, c’est superbe.

La musique composée par Thomas Dappelo est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les voix des comédiens s’imposent sans mal sur la centrale, toujours claires et distinctes. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales sur les séquences en extérieur, la balance gauche-droite est dynamique, et le caisson de basses se mêle au spectacle aux moments opportuns. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana / Copyright Jean-Claude Lother – 2023 NORD-OUEST FILMS – FRANCE 2 CINÉMA – ARTÉMIS PRODUCTIONS – PLEIN CHAMP – CAMISARDS / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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