Test Blu-ray / La Patrouille de la violence, réalisé par R.G. Springsteen

LA PATROUILLE DE LA VIOLENCE (Bullet for a Badman) réalisé par R.G. Springsteen, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Audie Murphy, Darren McGavin, Ruta Lee, Beverley Owen, Skip Homeier, George Tobias, Alan Hale Jr., Berkeley Harris…

Scénario : Mary Willingham & Willard W. Willingham, d’après un roman de Marvin H. Albert

Photographie : Joseph F. Biroc

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Logan Keliher, ancien ranger, assiste à une attaque de la banque par des bandits. L’un deux n’est autre que son ancien ami, Sam Ward. Celui-ci, qui a mal tourné, avait été condamné à la prison à perpétuité mais il s’est évadé. Logan et une patrouille de volontaires se lancent à la poursuite de Sam…

Impossible de faire le tour de tous les westerns réalisés par le dénommé R.G. Springsteen (1904-1989), qui en aura mis en scène plusieurs dizaines durant un quart de siècle passé à Hollywood. On connaissait 5000 $ mort ou vif Taggart (1964), honnête divertissement avec Dan Duryea, inspiré d’un roman de Louis L’Amour, ainsi que son boulot sur les séries télévisées Rawhide, Bonanza, La Grande caravane et Gunsmoke, sans oublier Le Collier de ferShowdown (1963) avec le légendaire Audie Murphy. La Patrouille de la violenceBullet for a Badman est la seconde collaboration entre le réalisateur et la star et indéniablement l’un des meilleurs films avec l’ancien soldat le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale. Tourné entre Feu sans sommationThe Quick Gun de Sidney Salkow et La Fureur des ApachesApache Rifles de William Witney, ce western permet à Audie Murphy de livrer l’une de ses formidables prestations, prouvant qu’au-delà de ses performances physiques indéniables il pouvait être aussi un acteur remarquable quand il était solidement dirigé. Une série B comme on les aime.

Logan Keliher, ex-ranger, s’est reconverti dans l’exploitation de son ranch. Mais il se voit contraint de reprendre les armes pour rattraper Sam Ward, un braqueur de banque, également ex-ranger et qui se trouve être l’ancien mari de sa femme  et père de l’enfant qui croit être de fils de Keliher. Sa quête sera contrariée par les attaques des Apaches.

Le temps a réhabilité Audie Murphy, surtout en France, comme figure incontournable du western américain. Dans nos contrées, l’éditeur Sidonis Calysta a plus que largement contribué à ce regain d’intérêt des spectateurs pour les films du comédien, dont on a pu redécouvrir depuis une dizaine d’années 40 fusils manquent à l’appel40 Guns to Apache Pass (1966) de William Witney, Sierra (1950) d’Alfred E. Green, Kansas en feuKansas Raiders (1950) de Ray Enright, Duel sans merci The Duel at Silver Creek (1952) de Don Siegel, À feu et à sang The Cimarron Kid (1952) de Budd Boetticher ou Le Fort de la dernière chance The Guns of Fort Petticoat (1957) de George Marshall et Une balle signée XNo Name on the Bullet (1959) de Jack Arnold pour ne citer que ceux-ci. Assurément, Audie Murphy était une star du genre et l’ambiguïté de son visage poupin a su être exploité par les experts de la série B Universal. Dans La Patrouille de la violence, il est impeccable, droit dans ses bottes dans le rôle de Logan Keliher, ex-Ranger rangé des affaires, qui a déposé la pétoire il y a six ans pour vivre chichement comme fermier auprès de la femme qu’il aime et du petit garçon de cette dernière. Le hic, c’est que celui qu’il considérait comme un frère, Sam Ward, avec lequel il bossait avait été condamné à perpétuité, après être devenu bandit une fois qu’ils avaient quitté les forces de l’ordre. Sam n’était autre que le compagnon de Susan, devenue la femme de Logan, qui a aussi élevé son enfant, qui n’a jamais connu son vrai père. Six ans après l’emprisonnement de Sam, celui-ci parvient à prendre la poudre d’escampette et forme un gang pour braquer une banque dans la ville de Logan. Le hasard les réunit à nouveau. Logan ressort son 45 et déjoue le vol et Ward est le seul survivant de son gang. Ce dernier s’échappe avec le butin mais est blessé par Logan, qui rejoint un groupe et utilise sa connaissance de leurs anciennes méthodes pour le localiser. Mais Sam est aussi bien décidé à reprendre son ex-femme et leur fils. Pendant ce temps, Logan et quelques volontaires se lancent dans une chasse à l’homme….mais les types du groupe veulent en réalité mettre la main sur le butin…

Mine de rien, il s’en passe des choses durant ces 77 minutes menées tambour battant par R.G. Sprinsgteen, qui se trouve épaulé par un script en béton signé Mary Willingham et son mari Willard W. Willingham (La Parole est au Colt, 40 fusils manquent à l’appel, Représailles en Arizona), d’après un roman de William H. Albert (Violence à Jericho, Don Angelo est mort, Les Tueurs de l’Ouest), un très bon directeur de la photographie Joseph F. Biroc (Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, Le Shérif est en prison, Le Vol du Phénix, Attaque!) et par Frank Skinner, prolifique et éclectique compositeur. Tourné autour de la Virgin River dans Zion National Park et le Snow Canyon dans l’état de l’Utah, La Patrouille de la violence possède aussi un atout de taille avec la participation du chef monteur Russell F. Schoengarth, dont les talents ont été loués par des pointures comme Anthony Mann (Les Affameurs, Je suis un aventurier), Robert Mulligan (L’Homme de Bornéo, Le Rendez-vous de septembre), Delbert Mann (Le Téléphone rouge), David Miller (Piège à minuit), Douglas Sirk (No Room for the Groom, Qui donc a vu ma belle?) et d’autres, qui insuffle au récit un rythme effréné.

Outre Audie Murphy, saluons aussi la qualité de la distribution avec la belle et sexy Ruta Lee (dans le rôle de Lottie, l’aventurière), Darren McGavin (Le Massacre des Sioux, L’Homme au bras d’or), Skip Homeier (Dix hommes à abattre, L’Homme de l’Arizona, Baïonnette au canon, La Cible humaine), George Tobias (Romance inachevée, L’Attaque de la malle-poste, Le Signe des renégats, Nous avons gagné ce soir), Alan Hale Jr. (Le Tueur s’est évadé, Escale à Tokyo, Les Ailes de l’espérance), des tronches reconnaissables mais sur lesquelles on ne met pas forcément pas un nom. Que de bons éléments réunis devant et derrière la caméra donc pour un spectacle charmant, rempli d’action et même d’émotions. Un bon cru.

LE BLU-RAY

Disponible dans le catalogue de Sidonis Calysta depuis 2011, La Patrouille de la violence apparaît pour la première fois en Blu-ray chez le même éditeur. Pour cette sortie, Sidonis présente une nouvelle édition en DVD, ainsi qu’un Combo Blu-ray + DVD. Les deux disques reposent dans un boîtier Digipack classique transparent, glissé dans un surétui cartonné reprenant le même visuel que la jaquette. Le menu principal est animé et musical.

On démarre les bonus par une présentation du film par Patrick Brion (9’). Cette intervention datée de 2011 donne l’occasion à l’historien du cinéma d’aborder brièvement la carrière d’Audie Murphy (il le fera plus longuement dans le supplément suivant), avant de parler de La Patrouille de la violence, « un film curieux qui ressemble à un mélo ». Si vous n’avez pas vu le film avant ce module, évitez car le sieur Brion, comme à ses habitudes, raconte toute l’histoire. L’auteur du roman Marvin H. Albert est aussi évoqué, ainsi que le réalisateur et le reste du casting.

La vie de soldat et la carrière d’Audie Murphy sont également au centre d’un petit module réalisé en 2010, avec Patrick Brion face caméra (5’30).

Nous retrouvons avec un immense plaisir Bertrand Tavernier (16’). Tatav parlait ici de la carrière du metteur en scène R.G. Springsteen, puis en venait rapidement à La Patrouille de la violence, avouant qu’il avait failli abandonner au bout des édix terribles premières minutesé, avant d’être finalement cueilli grâce aux comédiennes, notamment Ruta Lee « qui aurait été une formidable secrétaire dans Mad Men ». Bertrand Tavernier abordait ensuite le casting, les décors, le cadre, la générosité des rebondissements, le côté film noir du film avec ses personnages cyniques et cupides, ainsi que les points communs avec L’Appât d’Anthony Mann. Il nous manque Tatav…

Le nouveau supplément provient d’une présentation de Jean-François Giré (13’), qui dans un premier temps met en valeur les séries B dans le western, souvent et injustement peu considérées par une partie de la critique. Il explique ensuite pourquoi La Patrouille de la violence mérite d’être redécouvert, met en avant la qualité de la mise en scène de R.G. Springsteen (« un habile faiseur du genre », celle du casting, sans oublier de mentionner les quelques défauts (« une esthétique qui fait penser à celle d’un téléfilm »), que l’on oublie quand le récit prend sa vraie dimension dramatique. La psychologie des personnages est aussi analysée, notamment celle du Old Timer, loin des clichés habituels.

L’Image et le son

L’aspect lisse et quasiment dépourvu de grain argentique déconcerte…Il en découle un aspect superficiel qui ne nous lâche pas pendant les 75 minutes du film…Cependant, la propreté est irréprochable, les couleurs chaudes et lumineuses, le cadre stable, le piqué acéré, les détails appréciables sur les costumes et les décors. Alors certes, les puristes de l’aspect argentique risquent de tiquer, c’est tout à fait concevable, mais la copie HD présentée ici surpasse le master SD présenté il y a presque quinze piges et les aficionados des westerns avec Audie Murphy ne manqueront pas cette ressortie liftée.

En VF comme en VO, les mixages DTS-HD Master Audio 2.0 (point de remixage superflu à l’horizon), l’écoute demeure fort appréciable, avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. Aucun souffle constaté, y compris sur la langue de Molière, qui comporte toutefois quelques répliques plus sourdes couvertes ou qui au contraire prennent le pas sur l’environnement musical.

Crédits images : © Universal Pictures / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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