LA FUSÉE DE L’ÉPOUVANTE (It! The Terror from Beyond Space) réalisé par Edward L. Cahn, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 octobre 2023 chez Rimini Editions.
Acteurs : Marshall Thompson, Shirley Patterson, Kim Spalding, Ann Doran, Dabbs Greer, Paul Langton, Robert Bice, Richard Benedict, Richard Hervey, Thom Carney, Ray Corrigan…
Scénario : Jerome Bixby
Photographie : Kenneth Peach
Musique : Paul Sawtell & Bert Shefter
Durée : 1h07
Année de sortie : 1958
LE FILM
1973. Une première expédition humaine s’est posée sur mars, « la dangereuse, la traîtresse ». Depuis, elle n’a plus donné signe de vie. Une nouvelle mission arrive six mois plus tard et découvre un seul survivant. Une forme de vie inconnue semble avoir décimé le reste de l’équipage. Elle s’attaque bientôt aux passagers de la navette de secours…
La Fusée de l’épouvante ou It! The Terror from Beyond Space est en apparence un tout petit film de science-fiction vintage, typique des années 1950, dont la courte durée permettait une projection en double-séance, comme ici en l’occurrence Curse of the Faceless Man, autre production Robert E. Kent (Feu sans sommation, La Tour de Londres, Le Traquenard des sans-loi, Californie en flammes), en collaboration avec Edward Small (L’Inéxorable enquête, Le Quatrième homme, Marché de brutes, Kit Carson). Pourtant, cette minuscule fantaisie de 65 minutes aurait grandement inspiré Alien de Ridley Scott vingt ans après sa sortie. L’usage du conditionnel est d’ailleurs superflu, car effectivement, l’histoire, le décor et même certaines séquences entières paraissent avoir été réadaptées pour illustrer le combat mené par Ripley dans le Nostromo, à l’instar de la scène du repas entre passagers ou même le final. C’est donc à la fois une découverte, une curiosité et même une étape dans le parcours du cinéphile que de s’installer devant La Fusée de l’épouvante, spectacle rétro ô combien jouissif et bourré de charme. Préparez le popcorn !
En 1973, un vaisseau spatial à propulsion nucléaire décolle de Mars vers la Terre, emmenant avec lui le seul survivant de la première mission, le colonel de la flotte spatiale américaine Edward Carruthers. Il est soupçonné d’avoir assassiné les neuf autres membres de son équipage pour leurs rations de nourriture et d’eau, en partant du principe qu’il n’avait aucun moyen de savoir si ou quand une mission de sauvetage sur Terre arriverait un jour. Carruthers nie cette allégation, attribuant la mort de son équipage à une forme de vie humanoïde hostile sur la planète rouge. Le commandant colonel Van Heusen n’est pas convaincu et s’assure que Carruthers est constamment accompagné par un autre membre de son équipage, jusqu’à son retour sur Terre où il devra passer en cour martiale. Alors que le vaisseau se trouvait sur la surface martienne, une trappe de secours avait été laissée ouverte, permettant à la créature d’y accéder facilement. L’équipage est d’abord sceptique quant au fait que quelque chose se soit glissé à bord alors qu’ils étaient sur Mars. Cependant, lorsque Kienholz enquête sur des bruits étranges provenant d’un niveau inférieur, il est tué et son corps caché dans un conduit d’air. Vient ensuite Gino Finelli. Il est retrouvé, à peine vivant, mais la créature attaque son prétendu sauveteur. Les balles n’ont aucun effet, obligeant le membre d’équipage à laisser Gino derrière lui, au grand désarroi de son frère Bob. Une autopsie du corps de Kienholz révèle qu’il a été vidé de tous ses fluides vitaux. La résistance s’organise.
Derrière la caméra, on trouve un certain Edward L. Cahn (1899-1963), réalisateur aussi prolifique qu’éclectique, dont peu de films auront traversé l’Atlantique jusqu’à nos contrées et dont peu auront su bénéficier d’une exploitation dans les bacs. On notera tout de même le western Law and Order (1932) avec Walter Huston et Harry Carey, Le Tueur au cerveau atomique – Creature with the Atom Brain (1955) avec ses zombies, créés par la science nazie et l’énergie atomique, qui déambulent dans les rues de la Californie et Invasion of the Saucer Men (production American International Pictures) mis en scène juste avant La Fusée de l’épouvante. Edward L. Cahn, ancien monteur L’Homme qui rit – The Man Who Laughs (1928) de Paul Leni, est un artisan, un yes man sans doute, mais qui s’est toujours acquitté du budget qui lui était alloué, en tournant dans des décors rudimentaires et en peu de semaines, en deux seulement pour l’opus qui nous intéresse, bien que certains déclarent qu’il aurait été emballé en six jours.
It! The Terror from Beyond Space repose sur un scénario malin de Jerome Bixby (Man From Earth, Le Voyage fantastique), qui découle vraisemblablement de La Chose d’un autre monde – The Thing from Another World (1951) de Christian Nyby (et Howard Hawks, non crédité). Le récit oscille entre l’horreur et la science-fiction, avec une économie de moyens, Edward L. Cahn utilisant la plupart du temps les réactions des personnages qui écoutent les dégâts causés par la créature martienne à l’étage du dessous, ou bien les ombres du dit monstre. Quand ce dernier apparaît, le costume dans lequel s’est glissé un comédien, ne fait pas illusion longtemps, fait forcément sourire, mais l’indulgence du spectateur contemporain et adepte de ce genre de divertissement fait passer la pillule. La photographie de Kenneth Peach (Les Femmes de Jesse James), les décors de William Glasgow (Le Vol du Phénix, Attaque !, Le Grand couteau) et les effets spéciaux sont soignés et la distribution composée de quasi-inconnus, en dehors de Marshall Thompson, qui connaîtra son heure de gloire avec la série Daktari, que l’on reverra aussi dans deux autres très bonnes séries B de genre (Le Pionnier de l’espace – First Man Into Space de Robert Day et Monstres invisibles – Fiend Without a Face d’Arthur Crabtree), renforce l’identification des spectateurs aux personnages. Les adeptes de séries B reconnaîtront peut-être la belle Shirley Patterson (L’Oasis des tempêtes), mais le reste du casting ne dépasse pas le stade de la rubrique “On ne sait jamais comment il s’appelle, mais sa tête me dit quelque chose…”.
Peu importe si l’équipage est assez bête pour lancer des grenades dans le vaisseau pour calmer les ardeurs du martien déchaîné ou si les éléments féminins ne servent absolument à rien à part prodiguer les soins aux blessés qui ont été un peu trop téméraires, ce huis-clos d’épouvante fonctionne gentiment et l’audience conditionnée saura jouer le jeu et passer un bon moment à l’ancienne où le système D était roi.
LE COMBO BLU-RAY + DVD
La Fusée de l’épouvante rejoint la superbe SF Collection créée par Rimini Éditions. Le DVD et le Blu-ray sont disposés dans un très élégant Digipack à deux volets, glissé dans un surétui du plus bel effet et au visuel très attractif. Le menu principal est animé et musical.
Un supplément, mais de choix, avec la présence d’un module intitulé Aliens, Mutants et Zombies chez Edward L. Cahn (22’). Écrit et narré par Alexandre Jousse, ce document richement illustré par des photos de tournage, des extraits de bandes-annonces et autres images diverses, propose un beau tour d’horizon de la carrière du réalisateur de La Fusée de l’épouvante. Le film qui nous intéresse aujourd’hui est forcément plus analysé et de nombreux éléments sur le tournage sont révélés, à l’instar de la création des effets visuels. “Il y a toujours quelque chose à tirer d’un film d’Edward L. Cahn” dit judicieusement Alexandre Jousse et effectivement, les documents glanés ici et là donnent furieusement envie de creuser sa filmographie.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Voici un master correct, propre, même si tâches, griffures et autres points font régulièrement leur apparition tout au long du film. Le N&B est de bonne facture, les gris acceptables, les noirs denses et les blancs assez lumineux. Le piqué est forcément aléatoire, mais s’avère parfois étonnant. Un grain peut-être discret (cela dépend des plans), divers fourmillements et quelques baisses de la définition, mais l’image est principalement équilibrée. Blu-ray au format 1080p.
Point de version française sur cette édition. L’écoute est propre, les échanges clairs, le souffle présent mais contenu. Les sous-titres français ne sont pas imposés.
Crédits images : © MGM / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr