
IRON MAN réalisé par Joseph Pevney, disponible en DVD et Blu-ray le 25 mars 2025 chez Elephant Films.
Acteurs : Jeff Chandler, Evelyn Keyes, Stephen McNally, Rock Hudson, Joyce Holden, Jim Backus, James Arness, Steve Martin, George Baxter…
Scénario : George Zuckerman & Borden Chase, d’après le roman de William R. Burnett
Photographie : Carl E. Guthrie
Musique : Milton Rosen
Durée : 1h22
Année de sortie : 1951
LE FILM
En Pennsylvanie, un mineur, Coke Mason, veut acheter un magasin de radio et épouser Rose Warren. Son frère, lui, pense plutôt à son avenir dans la boxe, sachant que quand il se bat, on le surnomme « l’homme de fer ». Coke l’écoute mais, grisé et corrompu par le succès, il ne connaîtra la reconnaissance du public que dans la défaite…

S’il y a un nom que l’on aime retrouver au fil de nos chroniques, c’est bien celui de Joseph Pevney (1911-2008), réalisateur appliqué ayant touché à plusieurs genres, La Police était au rendez-vous – Six Bridges to Cross (1955) et Rendez-vous avec une ombre – The Midnight Story (1957) avec Tony Curtis, L’Homme aux mille visages – Man of a Thousand Faces (1957), formidable biopic sur Lon Chaney, avec James Cagney dans le rôle-titre, Le Château de la terreur – The Strange Door (1951) avec rien de moins que Charles Laughton et Boris Karloff. Avant de se consacrer principalement à la télévision, pour laquelle il signera moult épisodes de séries cultes, notamment Star Trek, La Petite maison dans la prairie, L’Incroyable Hulk, Bonanza, Joseph Pevney se faisait un nom dans le domaine de la série B et montrait systématiquement qu’il en avait sous le capot. C’est encore le cas avec Iron Man, aka Poings d’acier dans nos contrées, son quatrième long-métrage et par ailleurs l’un de ses quatre films sortant dans les salles en cette année 1951. Iron Man est la première collaboration du cinéaste avec l’un de ses acteurs fétiches, le génial Jeff Chandler (1918-1961), avec lequel Joseph Pevney tournera plus d’une demi-douzaine de fois, pour le compte des studios Universal. Ainsi Iron Man, drame sportif, se déroule dans le milieu de la boxe et se place dans le sillage de Nous avons gagné ce soir – The Set-Up de Robert Wise et Le Champion – Champion de Mark Robson, sortis deux ans auparavant, mais aussi de Gentleman Jim (1942) de Raoul Walsh, qui racontait l’histoire d’un modeste employé de banque passionné par la boxe et désireux de s’élever au-dessus de sa condition, dont l’arrivisme irritait les membres du Club Olympique. Ou comment le sport devient synonyme (ou pas) d’élévation sociale et une échelle pour aider certains à connaître le tant convoité American Dream. Iron Man est un tout petit film, mais qui condense en à peine 80 minutes autant, si ce n’est plus, que certains titres contemporains qui s’étendent sur plus 2h30. C’est là l’efficacité d’un metteur en scène à réhabiliter et dont il est important de remettre l’oeuvre en avant.


Quand Coke Masson monte sur le ring pour défendre son titre de champion du monde poids lourds, il se fait huer par la foule entière alors que le challenger est acclamé. Parmi les spectateurs, une femme se souvient des événements qui ont conduit 20000 personnes à le haïr, et de la terrible histoire derrière la rivalité entre les deux hommes qui s’affrontent.


Tu boxes salement petit !
Jeff Chandler, immense comédien, mériterait bien une rétrospective et les honneurs. De son vrai nom Ira Grossel, celui-ci est encore au début de sa carrière quand il tourne Iron Man, mais il vient d’exploser en interprétant le rôle de Cochise dans La Flèche brisée – Broken Arrow de Delmer Daves, qui lui vaut une nomination aux Oscars. Tout va alors s’enchaîner et les réalisateurs vont se l’arracher, Robert Siodmak, Robert Wise, Delmer Daves, Budd Boetticher, George Sherman, Douglas Sirk, Jack Arnold, Robert Aldrich. Un C.V. on ne peut plus impressionnant. Pourtant, s’ils connaissent forcément son visage, les cinéphiles ont toujours du mal à mettre un nom sur ce type aux cheveux poivre et sel, qui rappelle souvent Gian Maria Volonté. Il est une fois de plus impressionnant dans Iron Man, déjà un monstre de charisme, un mélange de force brute et de sensibilité à fleur de peau, aussi à l’aise dans les pétages de plomb de son personnage, que sur le ring, où Coke devient une machine à tuer. Dans ses mains, les poings serrés, de la dynamite, toute la force emmagasinée au fond de la mine, où se déroulait son quotidien.


Mais avant de se faire un peu d’argent à la force du poignet, Coke a un autre rêve, celui d’acheter un magasin de radio et surtout de se marier. Son frère Georges, toujours plongé dans quelques affaires douteuses, lui propose un marché : devenir boxeur et pourquoi pas s’emparer du titre de champion des poids lourds. Coke accepte sans être conscient du danger et surtout de la violence du public, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée d’un autodidacte, qui ne connaît pas le règlement et use du ring comme d’une arène où tous les coups sont permis ou presque.


Il y a quelque chose qui annonce évidemment Rocky dans le personnage de Coke, un homme « mal né », sans éducation, qui s’est fait tout seul, fou amoureux de sa fiancée, qui contre toute attente va avancer dans le championnat, sans rien devoir à personne et sans rien attendre non plus en retour, si ce n’est un peu d’argent pour (sur)vivre. Aux côtés de Jeff Chandler, la ravissante Evelyn Keyes (Sept ans de réflexion, Le Rôdeur, L’Heure du crime) tient le rôle de la fiancée de Coke, et qui s’avère tout aussi important que ce dernier dans le déroulé de l’histoire, Stephen McNally (Le Diable dans la peau, Les Inconnus dans la ville, Duel sans merci) délaisse momentanément le western pour interpréter le frère magouilleur de Coke dans Iron Man. Mais celui qui tire son épingle du jeu est Rock Hudson, 25 ans, qu’Universal tente de mettre en avant, en le faisant apparaître à six reprises au cinéma cette année-là. Si la rencontre déterminante avec Douglas Sirk se fera l’année suivante, le comédien est cependant très vite demandé et apparaît chez Anthony Mann (Winchester ’73, Les Affameurs) et George Sherman (Tomahawk). Il impose sans mal son mètre 96 face au mètre 93 de Jeff Chandler et à ce titre, le combat final fonctionne et bénéficie d’une mise en scène aussi inspirée qu’immersive.


Formidablement photographié par Carl E. Guthrie (Les Bolides de l’enfer, Le Shérif aux mains rouges, Fort Massacre, All I Desire), Iron Man est une solide adaptation du roman éponyme de William R. Burnett par Borden Chase (Vera Cruz, L’Homme qui n’a pas d’étoile, Je suis un aventurier), qui avait déjà inspiré un film du même nom sorti en 1931 et réalisé par Tod Browing. Un très beau film sportif, une émouvante histoire de rédemption.


LE BLU-RAY
Inédit en DVD en France, Iron Man débarque en édition Standard, ainsi qu’en Haute-Définition chez Elephant Films, dans l’anthologie de l’éditeur intitulée Cinema Master Class – La Collection des maîtres. Boîtier Blu-ray Scanavo Full-Frame avec fourreau, jaquette réversible. Menu principal fixe et musical.

Outre quelques bandes-annonces de films proposés par Elephant Films, cette galette HD propose une présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (15’). Une intervention toujours originale, qui se concentre tout d’abord sur l’oeuvre de l’écrivain William R. Burnett (« qui comme l’avait souvent dit Bertrand Tavernier, n’était pas qu’un auteur de polars »), aussi bien dans le domaine de la littérature que du cinéma, où il a beaucoup travaillé comme scénariste. Dionnet en vient ensuite à la carrière de Joseph Pevney, indiquant qu’on lui doit 14 des 20 meilleurs épisodes de la série Star Trek. Enfin, le journaliste donne quelques détails sur Iron Man, « un des plus atypiques films de boxe », notamment sur le casting.

L’Image et le son
Franchement, nous ne nous attendions pas à un résultat aussi bon. Ce nouveau master restauré HD s’impose facilement etc e qui frappe d’emblée, ce sont les contrastes de belle tenue, respectant la photo de Carl E. Guthrie. Le N&B est solidement nuancé avec une large palette de gris, un blanc lumineux et des noirs denses. La gestion du grain est fort plaisante, la copie stable, lumineuse et le rendu des textures réaliste. Quelques points blancs, griffures et des décrochages sur les fondus enchaînés, mais rien de rédhibitoire, tout comme l’utilisation flagrante de stockshots forcément plus usés. Blu-ray au format 1080p.

Seule la version originale aux sous-titres français non imposés est disponible sur cette édition. La restauration est satisfaisante en dépit d’un léger souffle récurrent et une étrange baisse du volume à la 45è minute, lors de la conversation en voiture. L’écoute est frontale, riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont conséquents et le confort acoustique assuré.



Crédits images : © Elephant Films / Universal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr