DOOM réalisé par Andrzej Bartkowiak, disponible en Blu-ray depuis le 16 février 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Dwayne Johnson, Karl Urban, Rosamund Pike, Deobia Oparei, Ben Daniels, Razaaq Adoti, Richard Brake…
Scénario : Dave Callaham & Wesley Strick, d’après le jeu vidéo Doom
Photographie : Tony Pierce-Roberts
Musique : Clint Mansell
Durée : 1h53
Date de sortie initiale : 2005
LE FILM
Une chose terrible est arrivée à la station de recherche scientifique Olduvai, basée sur la planète Mars. Toutes les expériences se sont arrêtées, la communication ne passe plus. Les derniers messages reçus sont pour le moins angoissants. Le niveau 5 de quarantaine est déclaré et les seules personnes auxquelles l’accès est autorisé sont les membres du commando des Rapid Response Tactical Squad (RRTS). Mais sont-ils face à n’importe quel ennemi ? Les scientifiques de cette station de la planète rouge ont malencontreusement ouvert une porte dans laquelle se sont engouffrées toutes les créatures de l’enfer. Une armée de créatures de cauchemars d’origine inconnue est tapie derrière chaque recoin des innombrables pièces et couloirs de la base, tuant les quelques rares humains encore présents…
Autant le dire tout de suite, l’auteur de ces mots ne connaît absolument rien de la série de jeux vidéo Doom, dont il s’agit ici d’une « tentative » d’adaptation, la première d’ailleurs, puisqu’on trouve également un Doom : Annihilation sorti en 2019. À la barre de ce Doom de 2005, on découvre le polonais Andrzej Bartkowiak (né en 1950), essentiellement connu pour son travail comme directeur de la photographie, chez Sidney Lumet (Le Prince de New York, Piège mortel, Le Verdict, À la recherche de Garbo et bien d’autres, excusez du peu…), James L. Brooks (Tendres Passions), John Huston (L’Honneur des Prizzi), Ivan Reitman (Jumeaux), Joel Schumacher (Chute libre), Jan de Bont (Speed)…puis, on ne sait pas pourquoi ni comment, le bougre passe derrière la caméra en 2000. « Et là, c’est le drame » comme on dit. En effet, celui-ci enchaînera quelques films agités improbables, Roméo doit mourir – Romeo Must Die, avec Jet Li (qui surfait sur le triomphe de L’Arme fatale 4) et Aaliyah, Hors limites – Exit Wounds (2001) avec Steven Seagal (son dernier succès au cinéma), petit polar urbain aux scènes d’action gentiment abracadabrantes, En sursis – Cradle 2 the Grave (2003), où il retrouvait Jet Li et DMX…ce qui nous amène à Doom, pour lequel il se voit confier le budget coquet de 65 millions de dollars. Cette production tchéco-anglo-germano-américaine (avec à sa tête Lorenzo di Bonaventura, Transformers, G.I. Joe : Le Réveil du Cobra, The Ryan Initiative, Deepwater) est aujourd’hui considérée, probablement à juste titre, comme étant l’une des transpositions les plus pitoyables d’un jeu vidéo. Même pas amusant, ou si peu, Doom n’est pas un nanar, mais un navet pur et dur, dans lequel l’ancien étudiant de la prestigieuse de l’École de cinéma de Łódź (oui oui, comme Krzysztof Kieślowski, Roman Polanski, Jerzy Skolimowski et Andrzej Wajda) donne le pire de lui-même avec une mise en scène inexistante, une photo hideuse et une distribution où les acteurs rivalisent de froncements de sourcils. Jamais rigolo, juste léthargique.
En 2026, on découvre dans le désert du Nevada un portail de téléportation menant à une ville antique sur la planète Mars. Vingt ans plus tard, en 2046, les installations martiennes de recherche de l’Union Aerospace Corporation (UAC) sont attaquées par un assaillant inconnu. À la suite d’un appel de détresse envoyé de Mars par le docteur Carmack, un groupe de Marines dirigé par le sergent-artilleur Asher « Sarge » Mahonin est envoyé en mission de sauvetage, l’escouade utilisant le portail de téléportation de la base du Nevada pour se rendre là-bas. Arrivés sur Mars, ils sont accueils par Marcus « Pinky » Pinzerowsky qui leur explique la situation, leur indiquant que les niveaux inférieurs de la base martienne ont été mis en quarantaine à cause d’une menace inconnue, celle-ci ayant tué des membres du personnel ; les personnels survivants attendent dans les étages supérieurs. Le sergent John « Reaper » Grimm accompagne alors sa sœur, le docteur Samantha « Sam » Grimm, jusqu’à l’un des laboratoires du secteur dévasté pour récupérer des données. Ils apprennent que le site de fouille où leurs parents avaient été tués par accident a été rouvert et que d’anciens squelettes d’une race humanoïde génétiquement améliorée y ont été découverts. Alors qu’ils recherchent des survivants dans l’installation, les Marines découvrent le docteur Carmack blessé au cou et traumatisé ; ils l’escortent vers le laboratoire médical pour le soigner, mais il disparaît par la suite. Au laboratoire de génétique, les Marines ouvrent le feu sur une créature inconnue.
Avant de se vautrer définitivement avec l’inénarrable Street Fighter: Legend of Chun-Li – Street Fighter: The Legend of Chun-Li, qui pour le coup était très drôle, ce cher Andrzej s’envolait pour Prague pour filmer Karl Urban, Dwayne Johnson et Rosamund Pike dans des couloirs pas ou peu éclairés. À la base, Doom est une série de jeux vidéo dits de tir à la première personne et le film s’inspire entre autres de Doom 3, publié l’année précédente. Si l’on y retrouve les ingrédients qui ont participé au triomphe du jeu dans le monde entier, notamment les éléments d’épouvante et de science-fiction, c’est une autre paire de manches de faire « prendre vie » à cet univers à l’écran. Si l’exposition n’est somme toute pas déshonorante, on déchante rapidement une fois que The Rock (qui sortait de Bienvenue dans la jungle et de Tolérance Zéro), nommé aux Razzie pour son rôle, et son équipe de bras cassés qui tirent la gueule débarquent sur Mars en utilisant un portail en forme d’arche qui relie la planète à la Terre.
On ne comprend rien ou pas grand-chose à ce qui passe par la suite, les scènes s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse, sans aucun rythme. Le casting ne fait rien non plus pour relever le niveau. Dwayne Johnson était encore un peu rigide (et on le préfère sans cheveux aussi peut-être), Karl Urban, qui a très souvent eu l’air constipé à l’écran le paraît plus que d’habitude, tandis que Rosamund Pike, tout juste sortie du Bond Meurs un autre jour – Die Another Day et du ronflant Terre promise – Promised Land d’Amos Gitaï, très mal maquillée, semble être la seule un peu concernée par ce qui se passe.
Du point de vue des effets spéciaux, ça passe, le film privilégiant souvent les monstres « directs » en confiant au légendaire Doug Jones (Abe Sapien dans Hellboy, le faune / l’homme pâle dans Le Labyrinthe de Pan, la Gueule dans Serge Gainsbourg : vie héroïque) le soin de glisser sa silhouette filiforme dans quelques costumes improbables et baveux. Les fans du jeu apprécieront (peut-être) le moment reprenant les codes du jeu original, autrement dit la vue subjective, quand le Marine incarné par Karl Urban prend la pétoire et évolue ensuite dans un (faux) plan-séquence, durant lequel il affronte des mutants, et non pas des créatures démoniaques comme dans le jeu. Mais les scénaristes Dave Callaham (Mortal Kombat, Retour à Zombieland, Wonder Woman 1984, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux) et Westley Strick (La Prison de verre, Le Saint, Wolf) se sont guère foulés et compilent les scènes d’action redondantes, mollement emballées par Andrzej Bartkowiak dans des décors pauvres et une musique ridicule de Clint Mansell (Black Swan, The Wrestler).
Bref, c’est moche, concon, soporifique…même Dwayne Johnson a depuis avoué que Doom réunissait tout ce qu’il ne faut surtout pas faire au cinéma. Si The Rock le dit, on l’écoute et on acquiesce.
LE BLU-RAY
Alors qu’une édition 4K UHD semble être annoncée chez Universal Pictures France dans un petit mois, Doom est revenu momentanément dans les bacs en Blu-ray chez LCJ Editions & Productions, treize ans après une première galette bleue qui était apparue sous les couleurs d’Universal. La jaquette présente un visuel quasi-identique, à l’exception des couleurs du fond. Le menu principal est très légèrement animé et musical, le boîtier étant quant à lui classique de couleur bleue. Notons qu’il s’agit cette fois encore de la version longue non censurée de 113 minutes, comme précédemment chez Universal.
LCJ Editions reprend l’intégralité des bonus – près d’une heure au total – de l’ancien disque Universal.
Le premier module est consacré à l’entraînement militaire auquel se sont livrés les acteurs, afin de se préparer aux différentes scènes d’action du film (10’). De nombreuses images de tournage, d’interviews de l’équipe (dont le fameux conseiller militaire, qui n’est pas là pour rigoler) et des coulisses dévoilent comment le casting s’est particulièrement concentré sur le maniement des armes, les techniques de patrouilleurs et de close-combat.
On passe ensuite à un bonus consacré à la transformation de The Rock en mutant, intervenant vers la fin du film. L’occasion de voir un Dwayne Johnson comme toujours adorable, qui rigole avec les maquilleurs et détend l’atmosphère dans les studios de Prague (5’30).
On reste dans le domaine des effets spéciaux, avec un supplément qui donne la parole aux génies du Stan Winston Studio, en charge de la création des divers monstres et mutants contre lesquels combat notre commando spécial. Cette fois encore, pas mal d’images de plateau et de tournage.
L’un des rares passages dont on se souviendra après avoir vu Doom est celui tourné en vue subjective, en hommage au jeu original (6’). Les superviseurs des effets spéciaux dévoilent les dessous de la préparation (de trois mois) et du tournage (qui durera deux semaines) de cette scène, filmée comme un plan-séquence.
Toute l’équipe y va enfin de son petit speech sur sa découverte de Doom, sur les tournois organisés avec les potes, sur l’évolution du jeu avec les années, sur ce que celui-ci a apporté dans le genre et les raisons pour lesquelles le phénomène a déferlé sur la planète (14’).
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une dernière vidéo de plus de six minutes, destinée à donner de nombreux conseils à celles et ceux qui voudraient se lancer dans le jeu Doom 3.
L’Image et le son
Même master que celui édité en 2009. Voilà ce que nous pouvions en dire. Doom trouve un certain peps avec cette copie HD (AVC, 1080p), même si tout est loin d’être parfait. La propreté est très agréable, les contrastes certes parfois un peu légers mais bien équilibrés, les séquences sombres ou nocturnes (en gros tout le film) peuvent manquer de fermeté, mais les gros plans sont nets et précis. Si le piqué n’est pas aussi mordant qu’espéré, l’image affiche un joli grain cinéma. Un conseil, visionnez Doom (on ne vous en voudra pas si vous trouvez mieux à regarder hein) dans une pièce très sombre, puisque les personnages déambulent principalement dans le noir…
En DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français, les scènes d’action sont propices à un déferlement d’effets vrombissants du caisson de basses qui font littéralement vibrer votre salon. Les voix sur la centrale sont vives et précises, la balance frontale est percutante et les enceintes arrière sont constamment mises à contribution grâce aux ambiances naturelles, à la musique (bourrin) du film. La version française s’en tire bien en termes d’ardeur et de spatialisation, ainsi que par son doublage rigolo. Deux pistes Stéréo sont aussi inscrites au programme. Les sous-titres français ne sont pas imposés.