ATTENTION, ON VA S’FÂCHER! (…altrimenti ci arrabbiamo!) réalisé par Marcello Fondatto, disponible en DVD & Blu-ray, le 22 octobre 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Bud Spencer, Terence Hill, Patty Shepard, Deogratias Huerta, John Sharp, Manuel de Blas, Luis Barbero, Donald Pleasence…

Scénario : Marcello Fondato & Francesco Scardamaglia

Photographie : Arturo Zavattini

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h42

Date de sortie initiale: 1974

LE FILM

Ayant gagné une course de stock-car, Toto et Ben remportent un superbe Buggy. Mais, peu après, des malfrats détruisent la voiture. Toto et Ben rendent visite au chef de la bande pour réclamer réparation, celui-ci envoie ses hommes de main dont Ben ne fait qu’une bouchée. Le chef décide finalement de faire appel à un tueur à gages pour éliminer les deux compères.

Étrangement moins diffusé à la télévision française que d’autres de leurs célèbres opus (Pair et impair, Deux super-flics !, Salut l’ami, adieu le trésor !), Attention, on va s’fâcher ! – …altrimenti ci arrabbiamo! reste le second plus grand succès du tandem Terence Hill & Bud Spencer sur le sol italien. Avec 11,250,000 d’entrées cumulées en 1974, ce film réalisé cette fois par Marcello Fondato (1924-2008) n’est dépassé que par On continue à l’appeler Trinita avec ses 14,5 millions de spectateurs. C’est d’ailleurs dans Attention, on va s’fâcher ! que l’on retrouve peut-être le plus de photogrammes emblématiques du duo, visuels souvent tirés de la superbe affiche créée par Renato Casaro. Ancien scénariste de Luigi Comencini (La Grande pagaille), Mario Bava (Les Trois visages de la peur, Six femmes pour l’assassin), Dino Risi (pour son segment des Complexés), Marcello Fondato est un véritable artisan du cinéma, connaît la dynamique et l’efficacité d’un récit, et sait aussi mettre ses comédiens en valeur. Passé derrière la caméra à la fin des années 1960 avec Les Protagonistes – I Protagonisti, drame avec la sublime Sylva Koscina, il dirigera également d’autres pointures comme Claudia Cardinale et Catherine Spaak dans Certain, probable et même possible –Certo, certissimo, anzi… probabile, Monica Vitti dans Nini Tirebouchon – Ninì Tirabusciò, la donna che inventò la mossa et “s’empare” du duetto Hill&Spencer en 1974. Les deux viennent de connaître un autre succès foudroyant avec Maintenant, on l’appelle Plata – Più forte, ragazzi! de Giuseppe Colizzi (plus de dix millions d’entrées), tandis que Terence Hill sort du triomphe international de Mon nom est Personne – Il mio nome è Nessuno de Tonino Valerii. De son côté, Bud Spencer devait s’allier le temps d’un film avec le légendaire Giuliano Gemma, pour Les anges mangent aussi des fayots – Anche gli angeli mangiano fagioli d’Enzo Barboni (7,5 millions de spectateurs), qui le confortait au box-office. Autant dire qu’ils sont au top de leur popularité, de leur talent, de leur forme, de leur charisme (ils n’ont jamais été aussi bien filmés qu’ici) et de leur alchimie quand Hill&Spencer entreprennent leur huitième collaboration. Comédie d’action menée à cent à l’heure, impeccablement et même élégamment mise en scène, Attention, on va s’fâcher! demeure un grand spectacle pour petits et grands et démontre une fois de plus le caractère intemporel des films d’un des plus grands duos de tous les temps.

Très copains, mais comme chien et chat, Kid et Ben, coureurs automobiles ayant fini ex-aequo, se partagent tant bien que mal le Grand Prix d’une course de stock-car : un Buggy flambant neuf ! Leur gros lot mis en pièces par des gangsters lors d’un raid contre un parc d’attractions où ils se livrent à un concours de dégustation de saucisses (afin de savoir lequel des deux emportera définitivement le véhicule), ils demandent réparation à leur chef, un caïd qui suit les cours de méchanceté d’un expert en coups tordus. S’ils essuient un refus cinglant, Kid et Ben n’abandonnent pas pour autant, toujours plus pressants et pressés de mettre des raclées aux malfrats…

Ils sont forts Terence et Bud, au point d’avoir hissé ce film entre Le Jour le plus long et La Bible. C’est dire leur importance dans le coeur et même dans l’histoire en Italie. Attention, on va s’fâcher ! est assurément l’un de leurs meilleurs opus, une succession de gags (la scène culte de la chorale), de bons mots et bien sûr de bastons d’anthologie, quand bien même la première n’intervient qu’au bout de 45 minutes. Mais alors, quelle bagarre ! Celle se déroulant dans le gymnase annonce purement et simplement toutes celles qui reviendront par la suite, y compris chez Enzo Barboni. Marcello Fondato s’associe au scénariste Francesco Scardamaglia (Histoire d’aimer, Tuez les tous… et revenez seul !) pour livrer une histoire simple, mais pleine de rebondissements, de gags visuels, d’affrontements homériques, tandis que les deux autres auteurs espagnols mentionnés au générique ne le sont que pour des raisons de coproduction, le film ayant été tourné de l’autre côté des Pyrénées.

…altrimenti ci arrabbiamo!, production Mario Cecchi Gori (La Secte, Sanctuaire, Un homme à genoux, Goodbye & Amen, Comment tuer un juge), est un film qui a de la gueule et la photographie signée Arturo Zavattini, brillant technicien, réputé pour son travail de cameraman chez Federico Fellini (Il Bidone, La Dolce vita), Pietro Germi (Divorce à l’italienne), Luigi Zampa (Il Medico della mutua) et même de Dario Argento (L’Oiseau plumage de cristal), est un régal pour les mirettes, donnant à l’ensemble un aspect cartoon avec un remarquable travail sur les couleurs. La spectaculaire séquence finale se passant au milieu des ballons est un court-métrage à part entière, tant sur le fond que sur la forme. Ajoutons à cela la partition toujours endiablée des frères Guido et Maurizio De Angelis, un méchant interprété (rien que ça) par Donald Pleasence, un montage soigné de Sergio Montanari (Starcrash, le choc des étoiles, Péché véniel, La Pourusite implacable) et Alfonso Santanaca (Agent 077 : Operation Sexy, Pour une poignée de dollars), des poursuites en voitures (cascades réglées par monsieur Rémy Julienne en personne) et à moto (avec Terence Hill lui-même sur la selle) et vous obtenez le parfait divertissement pour toute la famille.

La même année, pour les fêtes de Noël, neuf mois après la sortie d’Attention, on va s’fâcher!, Hill&Spencer devaient revenir déjà dans les salles avec Les Deux Missionnaires – Porgi l’altra guancia de Franco Rossi. Le résultat est fracassant : 7,9 millions d’entrées. 1974 aura donc été l’année Terence et Bud !

LE BLU-RAY

Sorti en DVD en France en 2010 chez Seven7, Attention, on va s’fâcher! se revendait à prix d’or sur le net. C’est donc une immense surprise de le voir débarquer à nouveau en édition Standard, mais aussi pour la première fois en Haute-Définition chez BQHL Éditions. Belle initiative de la part de l’éditeur, d’avoir repris l’un des visuels d’exploitation de l’époque. Le menu principal est animé et musical. Les films de Hill&Spencer disponibles au catalogue de BQHL sont désormais : Petit papa baston, Les Super flics de Miami, Attention les dégâts, Quand faut y aller, faut y aller, Salut l’ami, adieu le trésor !, Pair & impair, Deux super-flics ! et Attention, on va s’fâcher !. Signalons enfin qu’un problème de droits empêchait la diffusion du film en France, à la télévision ou support vidéo. Raison pour laquelle Attention, on va s’fâcher ! n’avait été édité en DVD qu’à partir de 2010.

C’est à nouveau Jean-François Giré qui s’y colle pour nous présenter Attention, on va s’fâcher ! (39’). Une belle intervention qui donne beaucoup d’indications sur la production, la sortie et le statut culte du film de Marcello Fondato. Giré y voit comme « un film de transition entre ce que le tandem a fait dans le western et les deux Trinita […] un style de transition avec les éléments de base, qui vont créer les deux personnages ». Les conditions de tournage (en Espagne pour les extérieurs), les scènes de bagarre et de poursuites, l’aspect cartoon, la carrière du réalisateur/scénariste (qui écrira plus tard d’autres films pour Bud Spencer, dont Mon nom est Bulldozer, Le Shérif et les Extra-terrestres, Capitaine Malabar dit La Bombe et Aladdin), ainsi que la musique des frères De Angelis sont les points longuement abordés par la suite.

L’Image et le son

La qualité d’image est inférieure à celle des autres productions Spencer/Hill, avec une netteté par exemple moins bonne que sur le master HD de Deux Super-flics ! De plus, le résultat est très inégal. Des gros plans plutôt corrects et d’une netteté appréciable alternent avec des séquences plus altérées, avec des flous qui semblent d’époque. Les dernières minutes, en particulier, sont vraiment médiocres, avec quelques décrochages chromatiques, un teint rosé des acteurs et une texture argentique, déjà très présente, encore plus accentuée. On remarque également de la poussière et des saletés. Point positif : la luminosité et des couleurs nettement meilleures que sur l’ancienne édition DVD.

Propre et dynamique, le mixage anglais (vraisemblablement la langue du tournage, même si les comédiens sont ici doublés, comme ils le furent d’ailleurs souvent dans leur langue natale) DTS HD Master Audio Mono 2.0 ne fait pas d’esbroufe et restitue parfaitement les dialogues, ainsi que la musique des frères De Angelis. Mais notre préférence se tourne bien sûr vers la VF, celle qui nous a bercé, qui demeure la plus dynamique et la plus riche du lot. Les sous-titres français sont disponibles.

Crédits images : © BQHL Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr