Test Blu-ray / Le Chat et la souris, réalisé par Claude Lelouch

LE CHAT ET LA SOURIS réalisé par Claude Lelouch, disponible en Coffret DVD et Blu-ray – Edition Collector le 17 novembre 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Michèle Morgan, Serge Reggiani, Philippe Léotard, Valérie Lagrange, Jean-Pierre Aumont, Christine Laurent, Anne Libert, Yves Afonso, Jacques François, Philippe Labro…

Scénario : Claude Lelouch

Photographie : Jean Collomb

Musique : Francis Lai

Durée : 1h48

Année de sortie : 1975

LE FILM

Monsieur Richard, milliardaire, est retrouvé mort, assassiné. L’inspecteur Lechat, aux méthodes peu orthodoxes, soupçonne sa femme de l’avoir tué pour bénéficier de la prime d’assurance, d’autant plus que Monsieur Richard allait quitter sa femme pour une jeune actrice. Mais Madame Richard a un alibi indestructible et Lechat sent très vite qu’il s’agit là d’une affaire insolite…

Réalisé en 1975, la même année que Le Bon et les Méchants, Le Chat et la souris est l’un des meilleurs films de Claude Lelouch. Référence de la comédie policière des années 1970, excellemment écrite, interprétée et mise en scène, cette pépite vaut tout d’abord pour ses fabuleux comédiens. Serge Reggiani est alors au sommet de sa carrière d’acteur, enchaînant Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet ou encore Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri. Il trouve ici l’un de ses meilleurs rôles avec Le Chat et la souris, dans lequel il incarne l’inspecteur Lechat.

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Test Blu-ray / Sans mobile apparent, réalisé par Philippe Labro

SANS MOBILE APPARENT réalisé par Philippe Labro, disponible en combo Blu-ray/DVD le 25 septembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Jean-Louis Trintignant, Dominique Sanda, Sacha Distel, Carla Gravina, Paul Crauchet, Laura Antonelli, Jean-Pierre Marielle, Stéphane Audran…

Scénario : Vincenzo Labella, Philippe Labro, Jacques Lanzmann d’après le roman « Ten Plus One » d’Ed McBain

Photographie : Jean Penzer

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

À Nice, un mystérieux assassin tire sur un promoteur immobilier. D’autres meurtres suivent, tout aussi inexplicables, car sans mobile apparent. L’inspecteur Carella remonte alors dans le passé des victimes et découvre peu à peu une vérité guère reluisante…

Remarqué avec Tout peut arriver par le grand producteur Jacques-Éric Strauss, qui venait de connaître son premier triomphe avec Le Clan des Siciliens, sorti en même temps que son premier long métrage en tant que réalisateur, Philippe Labro décide de passer à l’étape supérieure avec Sans mobile apparent. En s’associant au scénariste, écrivain et parolier Jacques Lanzmann, le cinéaste peut enfin rendre hommage au cinéma qui n’aura de cesse de l’influencer, le polar américain, son genre de prédilection. En adaptant le roman Ten Plus One d’Ed McBain sur la Riviera, Philippe Labro rend hommage aux cinéastes qui lui ont donné envie de passer derrière la caméra, John Huston et Howard Hawks entre autres, ainsi qu’au romancier Raymond Chandler cité en ouverture, en adoptant l’atmosphère, le cadre et des décors propres au thriller US, mâtiné de giallo bien européen. La sauce a manifestement pris auprès du public français, puisque Sans Mobile apparent attirera 1,3 million de spectateurs dans les salles en septembre 1971. Aujourd’hui, ce film reste chéri par les cinéphiles et reste un véritable modèle du genre, dans lequel l’immense Jean-Louis Trintignant campe un inspecteur de police monomaniaque, froid, cynique, hargneux, antipathique et obstiné.

En trois jours, trois cadavres: celui d’un riche industriel, Monsieur Forest, celui d’un jeune playboy, Monsieur Buroyer et celui de l’astrologue, Kleinberg. L’arme du crime est un fusil à lunettes: c’est le seul élément positif que possède l’inspecteur Carella. Il décide de fouiller la vie des trois victimes, car il existe, il en est sûr, un lien entre elles. Grâce à la belle-fille de Forest, Sandra, il entre en possession du carnet de rendez-vous de l’industriel, sur lequel figure une liste de noms féminins. Parmi eux, celui d’une de ses amies, Jocelyne Rocca. Carella l’invite chez lui et apprend qu’elle a connu les trois victimes à l’université. Il pressent qu’elle sera la 4e victime.

Réalisé avec le parrainage de Jean-Pierre Melville, l’un de ses maîtres qui avait beaucoup d’affection pour lui, Sans mobile apparent de Philippe Labro est assurément le meilleur film de son auteur. Hybride, ce second long métrage joue avec les codes du cinéma américain, sans pour autant le singer. On serait même tenté de dire qu’il y a de l’Inspecteur Harry chez Carella, on y pense notamment dans la dernière scène, mais le film de Don Siegel est sorti quelques mois après celui de Philippe Labro. C’est dire si ce dernier sentait venir un changement quant à la représentation du flic à l’écran.

Le cinéaste prend un immense plaisir à filmer son décor naturel et surtout ses comédiens. Et quel casting. Jean-Louis Trintignant se voit entouré des sublimes Dominique Sanda, Carla Gravina, Stéphane Audran et Laura Antonelli, rien que ça, tandis que Sacha Distel, Paul Crauchet et Jean-Pierre Marielle complètent cette incroyable distribution. Le scénario, solide et bien ancré dans la tradition du whodunit, enchaîne les scènes cultes comme des perles sur un collier, et tous les spectateurs se souviennent encore aujourd’hui de la course de Jean-Louis Trintignant autour du port de Nice, séquence qui a d’ailleurs donné naissance à l’affiche du film et rythmée par l’incroyable composition du maestro Ennio Morricone.

Redoutablement efficace (le montage est épatant), les années coulent doucement sur Sans mobile apparent, une valeur sûre du polar hexagonal sous influence et bourré de charme.

LE BLU-RAY

Bienvenue à la collection Make my Day supervisée par l’un de nos meilleurs critiques cinéma, Jean-Baptiste Thoret ! Enfin l’occasion de (re)découvrir certains films très attendus en DVD et Blu-ray, comme Sans mobile apparent, inédit et convoité depuis vingt ans ! C’est désormais chose faite et le film de Philippe Labro est disponible ici dans un combo Blu-ray/DVD, disposés dans un Digipack, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est sobre, très légèrement animé et musical.

L’historien du cinéma et critique présente tout naturellement le film qui nous intéresse au cours d’une préface en avant-programme (5’). Comme il en a l’habitude, Jean-Baptiste Thoret (cigarette électronique à la main) replace de manière passionnante Sans mobile apparent dans son contexte, dans la filmographie de Philippe Labro et évoque les conditions de tournage. Les thèmes du film, les influences du cinéaste, l’adaptation du roman d’Ed McBain, le casting, sont abordés sans pour autant spoiler le film pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu.

Comme il l’avait fait pour L’Héritier et L’Alpagueur, également disponibles chez Studiocanal, Philippe Labro revient sur son second long métrage avec une aisance et un charisme tels qu’on pourrait l’écouter pendant des heures. D’ailleurs, cela tombe bien puisque cette présentation dure 51 minutes. De temps en temps ponctué par une interview d’époque du cinéaste ou de Jean-Louis Trintignant, Philippe Labro s’amuse en évoquant le jeune réalisateur un peu arrogant qu’il était alors, et insiste sur l’aide inattendue de son maître Jean-Pierre Melville, qui aimait ses articles dans France Soir et qui encourageait alors ce jeune journaliste à passer derrière la caméra. Philippe Labro parle de son premier choc au cinéma, Quai des Orfèvres d’Henri-Georges Clouzot, puis Citizen Kane d’Orson Welles, Assurance sur la mort de Billy Wilder, puis des films policiers de John Huston (Le Faucon maltais) et d’Howard Hawks (Le Grand sommeil). Avec Sans mobile apparent, le réalisateur a donc voulu déclarer son amour pour le polar US en voulant y retranscrire les ambiances et l’atmosphère qu’il chérissait tant dans ce cinéma. La figure du personnage incarné par Jean-Louis Trintignant est longuement analysée, la collaboration avec Ennio Morricone évoquée, bref, ne manquez pas cette rencontre.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit dans nos contrées en DVD, attendu comme le Messie depuis toujours pas les cinéphiles, Sans mobile apparent s’offre enfin à nous en Haute définition, dans une nouvelle copie entièrement restaurée à partir d’un master 2K. Ce Blu-ray renforce les contrastes, mais manque parfois d’homogénéité, malgré un grain argentique bien géré. L’image est stable, entièrement débarrassée de scories diverses et variées, les scènes en extérieur affichent une luminosité inédite, tout comme un relief inattendu, un piqué pointu et des couleurs vives et scintillantes à l’instar des credits rouges. Hormis quelques saccades notables et de légères pertes de la définition (des plans flous et des scènes sombres plus altérées), revoir Sans mobile apparent dans de telles conditions ravit les yeux !

Le mixage français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 instaure un bon confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition d’Ennio Morricone dispose d’un très bel écrin. l’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © STUDIOCANAL Euro International Films S.p.A /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr