Test DVD / It Comes at Night, réalisé par Trey Edward Shults

IT COMES AT NIGHT réalisé par Trey Edward Shults, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studios le 7 novembre 2017

Acteurs :  Joel Edgerton, Christopher Abbott, Carmen Ejogo, Riley Keough, Kelvin Harrison Jr., Griffin Robert Faulkner, David Pendleton…

Scénario : Trey Edward Shults

Photographie : Drew Daniels

Musique : Brian McOmber

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.

Etrange film que cet It Comes at Night, deuxième long métrage du jeune réalisateur, scénariste et producteur américain Trey Edward Shults, né en 1988, remarqué en 2016 avec Trisha, Prix de la critique à Deauville en 2015. Ayant fait ses classes auprès d’un certain Terrence Malick sur le tournage de The Tree of Life en tant qu’assistant cameraman, il s’inspire pour son second film de la mort de son père, qui l’a profondément affecté. It Comes at Night est né de ces questions sur la fin de vie, sur ses propres peurs, sur la transmission. Moins un film d’horreur qu’un drame intimiste et thriller psychologique, It Comes at Night déstabilise souvent et ne manque pas d’attraits, même si tout est loin d’être parfait.

Toujours affublé d’un masque à gaz, Paul vit reclus et isolé, avec femme et enfant, dans une maison en bois au milieu de la forêt. Il se voit dans l’obligation d’accueillir une famille chez lui, alors qu’un virus semble avoir mis à mal la civilisation telle qu’on la connaît. Il essaie d’instaurer certaines règles : il faut toujours sortir à deux, passer par la même porte et ne surtout pas s’aventurer dans le bois. Mais ces beaux principes sont mis à mal quand d’étranges événements se produisent.

« Lorsque tombe la nuit » comme nos amis québécois ont intitulé le film, ne révolutionne pas le genre. Voilà ça c’est dit. Il n’en a pas la prétention d’ailleurs. Mais son approche de la peur, celle liée à ses cauchemars, à l’inconnu, au noir et à ce qu’il renferme interpelle bel et bien. Si le rythme est souvent très (trop) lent, Trey Edward Shults a incontestablement le sens du cadre et de la grammaire cinématographique. Sur un postulat simple et bénéficiant d’un budget minuscule de 2,5 millions de dollars, le metteur en scène parvient à tirer profit de son décor limité, une cahute plantée au milieu de nulle part, de son intrigue serrée sur une demi-douzaine de personnages réunis dans la même habitation. Il peut également compter sur de très bons comédiens parmi lesquels se démarquent l’australien Joel Edgerton (Midnight Special, Bright), dont la présence inquiétante et ambigüe met souvent mal à l’aise, ainsi que Riley Keough (Mad Max: Fury Road, Logan Lucky), petite-fille d’Elvis Presley, qui commence à faire sa place à Hollywood.

Trey Edward Shults sait filmer et rendre menaçant une simple forêt en jouant sur les effets suggérés. La menace, puisque menace il y a, vient de l’extérieur et profite souvent de la nuit pour s’engouffrer dans le refuge de la famille principale. Aucun effet gratuit ni tape à l’oeil, la peur et l’angoisse des personnages sont contagieuses, surtout lorsque le réalisateur adopte le point de vue de l’adolescent de la famille, en prise avec ses visions d’horreur et ses premiers émois qu’il est obligé de réfréner. La « routine » de la famille de Paul est ainsi troublée par l’intervention d’un autre couple et de leur enfant. Comment réapprendre à faire confiance quand on a appris à se méfier de tout et de tout le monde ? Où s’arrête l’humanité et où commence l’animalité ? Les sens s’aiguisent dans cet espace fermé, les sentiments contradictoires se déploient et se confrontent, l’instinct de survie prime sur le reste, quitte à réaliser de mauvais choix que l’on pourra sans doute regretter après.

Avec sa photo ténébreuse signée Drew Daniels, ses changements de formats qui soulignent la détresse anxiogène des personnages, sa sécheresse qui rappelle parfois The Witch de Robert Eggers, par ailleurs produit par le même studio A24, It Comes at Night est un film post-apocalyptique maîtrisé, ambitieux, qui peut laisser froid et de marbre certains spectateurs, mais qui n’en demeure pas moins intéressant, au point qu’il n’a de cesse de mûrir encore bien après, et qui révèle surtout un jeune auteur prometteur.

LE DVD

Le DVD d’It Comes at Night, disponible chez TF1 Studio, repose dans un boîtier classique transparent. Changement de visuel par rapport à l’affiche originale, pour la sortie du film dans les bacs. Le menu principal est animé et musical.

Cette édition comprend un seul supplément, un making of de 28 minutes. Sans surprise, ce documentaire se compose d’interviews du réalisateur et des comédiens, ainsi que d’images de tournage. Trey Edward Shults intervient sur la genèse de son second long métrage, ses intentions et partis pris (le cadre, le son, le montage), tandis que les acteurs abordent les thèmes du film. Attention tout de même aux nombreux spoilers. Notons que le metteur en scène indique avoir enregistré un commentaire audio, non disponible sur le DVD français.

L’Image et le son

Pour la photo léchée de son film, Trey Edward Shults a demandé à son chef opérateur Drew Daniels de jouer avec les formats et les ambiances très sombres. Tourné en numérique avec la caméra numérique Arri Alexa XT, prenant comme partis-pris de restreindre le champ visuel, en usant des bords noirs comme dans une toile du Caravage dans les séquences de nuit, le directeur de la photographie plonge ainsi les personnages dans une pénombre froide et angoissante, en passant du format 2.35 au 2.55, jusqu’au format 3.00. Si nous devons vous donner un conseil, c’est de visionner It Comes at Night dans une pièce sans aucune luminosité, afin de mieux plonger dans l’ambiance. Le DVD édité par TF1 Studio restitue habilement la profondeur des contrastes, même si le résultat est forcément moins probant qu’en HD. Par ailleurs, certaines séquences apparaissent plus poreuses et l’on perd parfois en détails. Malgré ces menus défauts, le piqué reste ferme, les fourmillements limités. Ce master SD s’en tire avec les honneurs et contentera ceux qui ne seraient pas passés à la Haute Définition.

Les versions anglaise et française disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1 et Stéréo. La spatialisation satisfait amplement et fait sursauter aux moments opportuns grâce à ses effets latéraux et frontaux particulièrement fins. Le caisson de basses participe à cette immersion, les dialogues sont exsudés avec force sur la centrale et les ambiances naturelles et dérangeantes ne manquent pas. La piste anglaise s’en tire le mieux du point de vue richesse acoustique et ardeur, surtout du point de vue musical. Les versions Stéréo sont évidemment moins enveloppantes, mais de fort bonne facture. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Films / TF1 Studios / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / # Pire Soirée, réalisé par Lucia Aniello

# PIRE SOIRÉE (Rough Night) réalisé par Lucia Aniello, disponible en DVD chez Sony Pictures le 3 janvier 2018

Acteurs :  Scarlett Johansson, Kate McKinnon, Jillian Bell, Zoë Kravitz, Ilana Glazer, Paul W. Downs, Demi Moore, Ty Burrell, Colton Haynes…

Scénario : Lucia Aniello, Paul W. Downs

Photographie : Sean Porter

Musique : Dominic Lewis

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Cinq amies qui se sont connues à l’université se retrouvent dix ans après pour un week-end entre célibataires à Miami. Une seule règle : tout est permis. Mais avec ce qui arrive à un strip-teaseur à cause d’elles, la petite fête va partir en vrille… Que faire face à la gravité de la situation ? Comment s’en sortir ? D’idées stupides en solutions loufoques, c’est l’escalade dans le délire. Au final, si elles s’en sortent, les cinq filles seront plus proches que jamais…

S’il n’y avait pas eu cet incroyable interlude qu’était Under the Skin de Jonathan Glazer en 2013, on aurait presque pu croire que Scarlett Johansson ne pouvait plus jouer autre chose que la Veuve Noire chez Marvel, rôle qu’elle tient depuis 2010 et qu’elle a déjà interprété six fois. C’est en fait un peu faux, car elle était excellente dans le superbe Nouveau DépartWe Bought a Zoo de Cameron Crowe (2011) et se montrait très vulgaire dans le sympathique Don Jon de Joseph Gordon-Levitt (2013). Entre deux tournages, elle n’oublie pas de donner sa voix rauque à une intelligence artificielle dans Her de Spike Jonze (2013), qui lui vaut le Prix d’interprétation au Festival international du film de Rome (!), ainsi qu’au serpent Kaa dans la superbe adaptation du Livre de la jungle de Jon Favreau (2016). Non, nous n’évoquerons pas Lucy, le nanar de Luc Besson qui a engrangé près de 500 millions de dollars à travers le monde en 2014. Tout cela pour dire que Scarlett Johansson fait toujours partie du paysage cinématographique, qu’on le veuille (les mecs surtout) ou non (les filles en fait). En 2017, outre son rôle de Motoko Kusanagi dans la transposition de Ghost in the Shell (Zzz Zzzz Zzz) par Rupert Sanders, Scarlett a également été à l’affiche d’une comédie délirante, passée inaperçue en France, qui offre pourtant de très bons moments de franche rigolade. Cette comédie c’est # Pire Soirée, premier long métrage réalisé par Lucia Aniello.

Si l’on pense dans un premier temps à l’horrible EVJF Party, réalisé par Jason Friedberg et Aaron Seltzer, responsables des calamiteux Sexy Movie, Spartatouille, Disaster Movie, Mords-moi sans hésitation et Superfast 8, c’est plutôt le désormais culte Very Bad Things, mis en scène par Peter Berg en 1998, dans lequel des potes tuaient accidentellement une prostituée lors d’un enterrement de vie de garçon, qui a servi de référence au film de Lucia Aniello. # Pire Soirée reprend un peu le même canevas, on peut même parler de remake vu cette fois du point de vue des filles. Les comédiennes, venant d’horizon différent, sont parfaites de complémentarité et d’alchimie. Si Scarlett Johansson est un peu rigide par rapport à ses partenaires, on sent qu’elle est ici pour s’amuser, même si son talent comique a déjà été mieux exploité, dans Scoop de Woody Allen notamment. Toujours est-il que malgré l’investissement de la belle Zoë Kravitz, le jeu survolté de Jillian Bell, la lunaire Ilana Glazer et l’apparition de Demi Moore en voisine lubrique qui souhaite ne faire qu’une bouchée de cette bande de filles, c’est une fois de plus la géniale et pétillante Kate McKinnon qui se démarque.

L’actrice et humoriste, issue de la troupe du Saturday Night Live (ses performances lui ont valu un Emmy Award), imitatrice, musicienne, a déjà pu être aperçue par le public français dans le remake-reboot-suite de SOS Fantômes de Paul Feig et dans Joyeux Bordel ! de Josh Gordon et Will Speck. Deux films dans lesquels elle piquait facilement la vedette. Même chose ici. Hilarante, Kate McKinnon déclenche les rires à chaque apparition et le film vaudrait rien que pour elle.

Mais # Pire Soirée est aussi une bonne comédie. Bien rythmée, branchée sur cent mille volts et parfois teintée d’un humour noir très appréciable. Alors même si on a l’impression d’avoir déjà vu ça pas mal de fois au cinéma, on suit avec plaisir cette bande de nanas surexcitées qui tentent de se débarrasser d’un cadavre encombrant, un strip-teaseur invité à la fête, mort sur le coup après une chute, et qui se retrouvent en plus mêlées à une affaire de diamants volés. Oui, c’est n’importe quoi, mais c’est fendard, c’est bien fichu, efficace et c’est surtout bien divertissant.

LE DVD

Le test du DVD de # Pire Soirée, disponible chez Sony Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical. Aucune édition Haute-Définition en France en raison de son échec dans les salles.

La section des suppléments propose tout d’abord un petit clip de la chanson amusante de Kate McKinnon entendue dans la scène finale de # Pire Soirée, disponible ici en karaoké. Alors, suivez bien les lunettes-pénis et reprenez tous en choeur !

S’ensuivent quatre featurettes promotionnelles (18 minutes au total), centrées sur le casting, la collaboration de la réalisatrice Lucia Aniello et son scénariste/producteur/acteur Paul W. Downs, la difficulté pour le comédien Ryan Cooper d’interpréter…un cadavre, sans oublier les répétitions des actrices pour la séquence de danse. Les comédiens, la réalisatrice, les producteurs interviennent à tour de rôle (« amazing » par ci, « terrific » par là), les images de tournage montrent la bonne ambiance qui régnait sur le plateau et Kate McKinnon montre qu’elle est une reine de l’improvisation.

On termine par un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray d’accord, mais DVD quatre étoiles ! Fidèle à sa réputation, Sony livre un master SD irréprochable. Les contrastes affichent une densité remarquable, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir, les scènes diurnes sont éclatantes, la colorimétrie est bigarrée à souhait, la profondeur de champ est irréprochable. Le léger grain de la photo est respecté, les détails abondent sur le cadre large, bref, le transfert est resplendissant.

# Pire Soirée repose souvent sur les dialogues. Il n’est donc pas étonnant que les mixages anglais et français Dolby Digital 5.1 fassent la part belle aux enceintes frontales et à la centrale d’où émergent les voix des comédiens et les effets annexes. Dans les deux cas, la spatialisation est essentiellement musicale (voir toutes les séquences de fiesta) et, sans surprise, la version originale l’emporte sur son homologue de par son ampleur, son relief et sa dynamique. De même, les ambiances se révèlent plus riches, harmonieuses et naturelles sur la piste anglaise.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Les Hommes du feu, réalisé par Pierre Jolivet

LES HOMMES DU FEU réalisé par Pierre Jolivet, disponible en DVD chez Studiocanal le 7 novembre 2017

Acteurs :  Roschdy Zem, Émilie Dequenne, Michael Abiteboul, Grégoire Isvarine, Guillaume Labbé, Guillaume Douat…

Scénario : Pierre Jolivet

Photographie : Jérôme Alméras

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Philippe, 45 ans, dirige une caserne dans le Sud de la France. L’été est chaud. Les feux partent de partout et il se pourrait qu’ils soient l’oeuvre d’un pyromane. Arrive Bénédicte, adjudant-chef, même grade que Xavier, un quadra aguerri : tension sur le terrain, tensions aussi au sein de la brigade… Plongée dans la vie de ces grands héros : courageux face au feu, mais aussi en 1ère ligne de notre quotidien.

Les Hommes du feu est le seizième long métrage de Pierre Jolivet, réalisé en 32 ans de carrière. Même s’il n’a jamais connu les cimes du box-office, le réalisateur a pu compter sur quelques succès d’estime à l’instar de Ma petite entreprise (1999) et Je crois que je l’aime (2007), tous les deux avoisinant les 850.000 entrées. Nombreux de ses films ont également été boudés par le public, mais Pierre Jolivet a toujours persisté dans ses portraits de petites gens confrontés aux aléas de la vie (Fred, La Très très grande entreprise, Jamais de la vie) et surtout trouvé des financements envers et contre tous. Les Hommes du feu est une nouvelle chronique sociale. Attachant, mais bancal, très bien interprété, le nouvel opus de Pierre Jolivet ne manque pas d’atouts, mais pèche par sa facture télévisuelle et son approche semi-documentaire qui l’emporte sur la fiction.

Bénédicte, adjudant-chef, intègre une caserne de pompiers dans le sud de la France, dirigée par Philippe. Une région ravagée par de nombreux incendies, criminels ou non. Lors d’une mission pour un accident de la route, Bénédicte ne voit pas une victime qui reste dans le coma à l’hôpital. Touchée, elle pense à quitter la brigade alors que Philippe tente de la convaincre de rester.

Le projet des Hommes du feu remonte à 2012, des suites d’un fait divers survenu dans les Bouches-du-Rhône, au Plan d’Orgon, où un adolescent de 14 ans avait mis le feu à 400 hectares. Marqué par cet événement, ainsi que par un autre incendie qui s’était déclaré dans un village du Club Med où il résidait, Pierre Jolivet a ensuite entrepris des recherches auprès de psychologues, pour essayer de comprendre ce qui pouvait pousser un individu à déclencher volontairement un incendie. Ces études l’ont amené à rencontrer de nombreux pompiers, qui lui ont parlé de leur quotidien. Les Hommes du feu découle de ces cinq années de travaux réalisés en parallèle de ses derniers films. Malgré l’ambition du cinéaste, le film pèche par un récit mécanique qui aligne les interventions des pompiers, filmées comme un documentaire avec une caméra au plus près des personnages, avec les quelques moments de repos où les soldats du feu tentent d’avoir une vie « normale », puisqu’ils sont également mari, épouse, père ou mère.

Rien à redire sur les comédiens, qui tous convaincants. Roschdy Zem est impeccable dans la peau du capitaine de la caserne et signe par ailleurs sa sixième collaboration avec Pierre Jolivet. Dommage cependant que la quête de rédemption du personnage soit finalement prétexte, clichée et entraîne la scène la plus ratée – car trop écrite et au verbe pompier oh oh – du film dans le dernier acte. La toujours lumineuse Emilie Dequenne s’en tire également haut la main dans le rôle de Bénédicte, la nouvelle adjudant-chef, qui va devoir lutter pour s’imposer auprès de certains subalternes afin de se faire respecter. C’est le cas de Xavier, interprété par l’excellent Michaël Abiteboul, qui va se montrer froid et cynique, surtout après une erreur professionnelle de Bénédicte qui a failli coûter la vie à un accidenté, tout en mettant également en doute les compétences et l’avenir de la caserne.

Le quotidien est bien rendu, tout comme les interventions sur les accidents et incendies, spectaculaires, authentiques et évidemment supervisés par de véritables soldats du feu et capturés caméra à l’épaule. Le film est loin d’être désagréable et d’en-Jolivet (oh oh bis) la réalité, c’est juste qu’il est finalement assez (trop ?) commun, redondant et manque d’enjeux pour retenir l’attention sur 1h30. Si L.627 de Bertrand Tavernier lui servait de modèle pour l’immersion désirée, Pierre Jolivet se trouve quelque peu prisonnier de son dispositif et de ses intentions, au point où on finit par l’imaginer cocher chaque case du guide du « parfait pompier dans l’exercice de ses fonctions ». La solution aurait été de suivre de véritables pompiers pour un documentaire, plutôt que d’hésiter constamment, ce qui se ressent et donc ce qui en fait la faiblesse des Hommes du feu.

LE DVD

Un tout petit DVD pour Les Hommes du feu, disponible chez Studiocanal, qui ne bénéficie même pas d’une édition HD en raison de son échec dans les salles. Un menu fixe et muet d’un autre temps accueille le spectateur.

Heureusement, l’éditeur a quand même intégré un supplément, même s’il ne s’agit que d’un making of de 10 minutes. Classique, composé d’images de tournage et d’interventions de l’équipe, y compris des pompiers qui ont accueilli et conseillé le réalisateur et les comédiens, ce module s’attarde notamment sur la préparation des acteurs et le désir d’authenticité du réalisateur.

L’Image et le son

Même si Studiocanal a préféré faire l’impasse sur une édition Blu-ray, l’éditeur prend soin du film de Pierre Jolivet et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis-pris esthétiques du chef opérateur Jérôme Alméras (Retour à Montauk, Un homme à la hauteur) sont respectés et la colorimétrie habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes et des noirs denses, un joli piqué et des détails appréciables sur l’ensemble des séquences en extérieur et du cadre large en général, y compris sur les gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master SD élégant, propre et clair.

Studiocanal joint une piste Dolby Digital 5.1 qui instaure une spatialisation musicale indéniable, même si les basses manquent à l’appel. En dehors de cela, les ambiances naturelles et les effets annexes sont convaincants, surtout lors des séquences d’interventions, avec une très bonne balance frontales-latérales. De ce point de vue il n’y a rien à redire, les enceintes assurent tout du long, les dialogues étant quant à eux exsudés avec force par la centrale. La Stéréo n’a souvent rien à envier à la DD 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également de la partie, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © 2.4.7. Films / Roger Arpajou / Studiocanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Manon, réalisé par Henri-Georges Clouzot

MANON réalisé par Henri-Georges Clouzot, disponible en DVD aux Editions Montparnasse le 3 octobre 2017

Acteurs :  Michel Auclair, Cécile Aubry, Serge Reggiani, Andrex, Raymond Souplex, André Valmy…

Scénario : Henri-Georges Clouzot, Jean Ferry d’après le roman L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut de l’abbé Prévost

Photographie : Armand Thirard

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Fin de la Seconde Guerre mondiale, dans un village français, la jeune Manon est accusée de collaboration avec les nazis. Sauvée du lynchage par le jeune Robert Dégrieux, les deux jeunes gens fuient à Paris où leur relation ne tarde pas à devenir orageuse suite au comportement de Manon…

Rien n’est sale quand on s’aime.

C’est un choc, c’est un chef d’oeuvre oublié. Tourné en 1948 et sorti sur les écrans en 1949, Manon est un opus central dans la filmographie d’Henri-Georges Clouzot. Après la projection et le triomphe de Quai des Orfèvres à la Mostra de Venise, le cinéaste est néanmoins amer, persuadé que son polar, présenté en version française non sous-titrée, aurait remporté bien plus que le Prix de la mise en scène s’il n’avait pas été aussi « bavard ». Clouzot décide alors de repenser sa façon de faire des films, en privilégiant le cadre, le montage, la photographie, tout en privilégiant le tournage en extérieur plutôt qu’en studio. Si le précipité final de ces expériences sera Le Salaire de la peur en 1953, Manon marque une première étape dans ce désir de remise en question. Ce quatrième long métrage, adapté du roman L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut de l’abbé Prévost, rompt alors avec ce que Clouzot avait fait précédemment. Manon est un immense film, souvent négligé quand on évoque le réalisateur. Il est temps aujourd’hui de le réhabiliter.

Une nuit, deux clandestins sont découverts dans la cale d’un bateau qui vient d’appareiller de Marseille à destination de la Palestine. Egalement à bord, des juifs rescapés du génocide, qui immigrent illégalement. Le capitaine et son second (un tout jeune Michel Bouquet dans l’une de ses premières apparitions au cinéma) reconnaissent l’homme grâce à la photographie d’un journal. Il s’agit de Robert Desgrieux, un assassin en fuite. Le capitaine envisage alors de les livrer à la police aussitôt la ville d’Alexandrie atteinte, mais se laisse attendrir par cette passion dévorante dont le jeune couple entreprend le récit. Tout commence dans une petite ville de Normandie, peu après la Libération, où Robert Desgrieux jeune maquisard, sauve l’envoûtante Manon Lescaut de la vindicte populaire, qui s’apprête à la lyncher pour avoir couché avec l’ennemi. Tous deux s’enfuient vers Paris et entament une liaison. Mais bientôt, ils se perdent dans de sordides histoires de prostitution et de meurtre. De plus, l’amour exclusif de Robert gêne Manon. Elle charge son frère, Léon d’éloigner son amant pendant qu’elle part avec un riche Américain qu’elle espère dépouiller.

« On va leur montrer que c’est possible d’être heureux ! » « A qui ? » « A ceux qui sont contre. »

Entre le prologue et son extraordinaire épilogue, Henri-Georges Clouzot narre son récit au moyen d’un long flashback étourdissant, sombre et puissant. Alors que Le Corbeau dressait le portrait d’une petite communauté française sous l’Occupation, le cinéaste montre ici la France de l’après-guerre. Comment se remettre de ces années de conflit ? Comment retrouver une vie normale ? Affamés, voulant rattraper les années perdues et une jeunesse qui s’est envolée, les personnages sont aussi démolis que l’église en ruine dans laquelle ils démarrent leur fatale idylle. Manon souhaite bien en profiter en mettant tous les atouts de son côté pour pouvoir sortir de la misère, quitte à mettre toute morale de côté. D’ailleurs, son frère Léon (vénéneux Serge Reggiani), continue de vivre de larcins sous les ordres d’un petit parrain notoire. Véritablement envoûté par Manon, Robert devient de plus en plus jaloux et possessif. Il se laisse entraîner malgré-lui par cette blonde à la moue enfantine, dans un monde violent et sans concessions, jusqu’à se laisser envahir par la colère et commettre l’irréparable.

Profondément pessimiste, Manon contient toute la sève du cinéma d’Henri-Georges Clouzot. Nappé de romantisme noir, son film plonge son personnage masculin dans des trafics toujours plus louches, afin de subvenir aux exigences insatiables de sa compagne. Afin d’incarner l’ambiguïté de Manon et de faire ressentir aux spectateurs une empathie faite de répulsion, Clouzot jette son dévolu sur la jeune Cécile Aubry, qui préférera abandonner le métier d’actrice assez tôt pour se consacrer à l’écriture pour enfants, avant de créer et de réaliser les séries Poly, puis Belle et Sébastien, avec son propre fils Mehdi El Glaoui dans le rôle principal. Dans Manon, elle est la parfaite garce, perdue dans le monde impitoyable des adultes, en ayant encore un pied dans l’adolescence. Manon veut le monde et Robert, impressionnant Michel Auclair, semble prêt à tout pour le lui offrir, quitte à se perdre lui-même. Manon est un film qui triture les méninges et les entrailles. Clouzot ne recule devant rien pour mettre le spectateur mal à l’aise, sans pour autant forcer le trait.

Le dernier acte montre les protagonistes débarquer clandestinement avec leurs compagnons d’infortune sur une plage discrète. Après une marche épuisante dans le désert, la petite troupe est attaquée par une troupe de Bédouins. Sans révéler son sulfureux dénouement, à la fois morbide et sensuel, Clouzot atteint ici les sommets et annonce la force graphique et hypnotique du Salaire de la peur en faisant déambuler ses personnages entre le paradis et l’enfer. Pas étonnant que le public ait été choqué par le jusqu’au-boutisme du réalisateur, qui n’hésite pas à jouer avec la censure. Mélodrame ambitieux et intense, moderne sur le fond comme sur la forme (mise en scène virtuose), ce quatrième film est immanquable, une pierre angulaire dans l’immense carrière d’un de nos plus grands auteurs et cinéastes. Manon se verra remettre le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1949, ainsi que le Prix Méliès.

LE DVD

Après une première édition sortie en 2010 chez M6 Vidéo dans sa collection Les Classiques français SNC, Manon réapparaît sous la bannière des Editions Montparnasse. Le DVD est placé dans un boîtier classique transparent, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément de cette édition, Manon, l’amour fou, croise les interventions de Chloe Folens (auteur de Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot), Bertrand Schefer (écrivain et réalisateur), Frédéric Mercier (critique cinéma) et Noël Herpe (commissaire de l’exposition Le mystère Clouzot à la Cinémathèque Française). A tour de rôle dans ce module de 13 minutes, chacun s’exprime sur Manon d’Henri-Georges Clouzot, avec une approche différente. Dommage que l’éditeur n’ait pas proposé l’intégralité de chaque intervention. Pour cela, il faudra vous diriger vers la chaîne YouTube des Editions Montparnasse. Toujours est-il que les propos tenus ici sont toujours intéressants, qu’ils replacent habilement Manon dans la filmographie de Clouzot et analysent à la fois le fond et la forme sur quatrième long métrage du cinéaste, à travers quelques séquences, en particulier son dénouement.

L’Interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Restauré par Les Films du Jeudi, Manon bénéficie d’un nouveau master supérieur à celui précédemment édité par M6 Vidéo. Le résultat est plutôt bluffant. Généralement, un générique de film donne toujours le ton. Ici, le début du film est impressionnant : le Noir & Blanc offre des contrastes impeccables et les blancs sont lumineux. Les détails sont précis, tant sur les visages, les décors et les arrière-plans. La copie, 1.33 (4/3), est on ne peut plus propre, stable, dépoussiérée de la moindre impureté, tandis que le grain demeure parfaitement équilibré et géré.

Le mono d’origine restauré (par L.E. Diapason) offre un parfait rendu des dialogues, très dynamiques, et de la musique qui ne saturent jamais. Le niveau de détails est évident et les sons annexes, tels que les ambiances de rue et bruits de fond sont extrêmement limpides. Mauvais point en revanche pour l’absence des sous-titres français pour les spectateurs sourds et malentendants !

Crédits images : © Editions Montparnasse / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Le Cavalier du crépuscule, réalisé par Robert D. Webb

LE CAVALIER DU CRÉPUSCULE (Love Me Tender) réalisé par Robert D. Webb, disponible en DVD chez Sidonis Calysta le 1er décembre 2017

Acteurs :  Elvis Presley, Richard Egan, Debra Paget, Robert Middleton, William Campbell, Neville Brand, Mildred Dunnock, Bruce Bennett…

Scénario : Robert Buckner d’après une histoire originale de Maurice Geraghty

Photographie : Leo Tover

Musique : Lionel Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1956

LE FILM

Trois frères de l’armée des confédérés entreprennent de voler un trésor des Yankees, avant de découvrir que la guerre est terminée, et qu’ils sont maintenant considérés comme des hors-la-loi. Après s’être partagés le butin, ils rentrent chez eux, mais l’un d’eux, Vance, découvre que sa bien-aimée, Cathy, s’est mariée avec son jeune frère, Clint…

Introducing Elvis Presley

Le Cavalier du crépusculeLove me tender, marque les premiers pas d’Elvis Presley devant la caméra. Ayant toujours désiré être comédien comme ses idoles James Dean et Marlon Brando, celui qu’on allait appeler le King souhaite prouver à ses fans qu’il n’est pas seulement le chanteur à succès dont le culte et l’aura n’ont de cesse de s’étendre à travers le monde, mais qu’il possède bel et bien un vrai talent d’acteur. Toutefois, il doit se résoudre à chanter quatre chansons dans son premier film (une idée de son célèbre impresario le Colonel Parker), dont le titre original, The Reno Brothers a été modifié afin de mieux surfer commercialement sur le triomphe de son dernier tube, Love Me Tender, qu’il interprète d’ailleurs dans le film. Si cela le rend fou de rage, le jeune homme alors âgé de 21 ans a néanmoins signé un contrat de sept ans avec la Paramount Pictures et doit accepter les clauses qui l’obligent à chanter. S’il n’interprète qu’un rôle secondaire dans Le Cavalier du crépuscule, cas unique dans sa filmographie, ce petit film lui vaut sa postérité.

Alors que la guerre de Sécession touche à sa fin, un groupe de soldats sudistes, attaque une trésorerie yankee et file avec le butin. Parmi eux, trois frères : le lieutenant Vance Reno, Ray et Brett. Au lieu de remettre l’argent à l’armée sudiste en déroute, le groupe décide de se partager le butin. Ainsi chacun rentre chez eux. Puisque la guerre était terminée au moment du vol, ils sont, sans le savoir, considérés comme des hors-la-loi. Ce trésor de guerre va attirer bien des convoitises ainsi que des revirements de situations inattendues pour la famille Reno. À son retour Vance Reno, découvre que sa bien-aimée, Cathy, s’est mariée avec son jeune frère, Clint. Ce dernier ne connaissait pas la relation qu’avait entretenue sa femme avec Vance avant son départ pour la guerre. Le cœur brisé, Vance décide de partir pour épargner Cathy qui semble avoir encore des sentiments pour lui.

Etrange production qui montre bien l’ambition de ses producteurs, Le Cavalier du crépuscule est un western basique, sympathique et divertissant, qui se trouve parasité par le phénomène Elvis. Avec son déhanché anachronique (à la manière de Val Kilmer dans Top Secret !, chef d’oeuvre des ZAZ) réalisé devant des jeunes paysannes groupies (!), Presley entonne quelques-uns de ses tubes (Let Me, We’re Gonna Move, Poor Boy, Love Me Tender) et refait même une dernière apparition en surimpression, en reprenant le dernier couplet de Love Me Tender, gratifiant les spectateurs, et ses fans, d’un dernier sourire Ultra-Brite. Si l’on fait abstraction des chansons imposées par contrat au jeune chanteur, ce dernier fait preuve de charisme et s’en tire pas trop mal en tant que comédien. On a déjà vu pire du moins dans le genre chanteur qui s’improvise acteur. Mais les véritables stars de Love Me Tender sont Richard Egan (Barbe-Noire le pirate, Les Inconnus dans la ville, La Venus des mers chaudes), impeccable et élégant dans le rôle du frère aîné obligé de s’incliner devant son destin, ainsi que la sublime Debra Paget (La Maison des étrangers, La Flèche brisée, Les Dix Commandements), qui illumine le film de son talent et de sa beauté. Rappelons qu’avec Joseph L. Mankiewicz, Robert Siodmak, Delmer Daves, Henry Hathaway, Jacques Tourneur, Lewis Milestone, Cecil B. DeMille, Allan Dwan, William Dieterle, Fritz Lang (qui a pu oublier sa danse quasi-nue du Tombeau hindou ?) et Roger Corman à son palmarès, Debra Paget peut se targuer d’afficher l’une des plus belles et grandes filmographies hollywoodiennes.

Film rapide et bien mis en scène par Robert D. Webb (ancien assistant d’Henry King), Le Cavalier du crépuscule ne révolutionne certes pas le western, d’ailleurs il n’en a pas la prétention, mais vieillit bien, enchaîne les péripéties, les scènes dramatiques, les affrontements et les rebondissements avec suffisamment d’efficacité et dans un très beau CinemaScope. Bref, Love Me Tender, par ailleurs énorme succès à sa sortie avec son budget rentabilisé dès son premier week-end d’exploitation, vaut bien plus que pour la simple participation du King qui voit alors sa carrière cinématographique lancée.

LE DVD

Le test du DVD du Cavalier du crépuscule, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Une toute petite interactivité pour ce western, qui était disponible chez 20th Century Fox auparavant.

François Guérif (8’30) et Patrick Brion (6’) ont répondu à l’appel de l’éditeur, afin de présenter Le Cavalier du crépuscule. Le premier revient sur les débuts au cinéma d’Elvis Presley, en indiquant trouver l’attaque de la gare réussie et l’apprenti-comédien assez bon et touchant, malgré les faiblesses du film.

De son côté, Patrick Brion passe en revue les plus grands westerns de l’année 1956 au cinéma, avant d’en venir au réalisateur Robert D. Webb et bien entendu aux changements apportés au scénario original, suite à l’engagement d’Elvis Presley à la dernière minute, que l’historien-critique trouve d’ailleurs très bien et bon comédien.

Cette section se clôt sur une galerie de photos, ainsi que les bandes-annonces des trois films avec Elvis Presley, disponibles chez Sidonis Calysta, Le Cavalier du crépuscule, Les Rôdeurs de la plaine et Charro.

L’Image et le son

Si la restauration ne fait aucun doute, la quasi-absence de la patine argentique a de quoi énerver. Le grain a été bien trop lissé, ce qui rend l’image trop artificielle à notre goût. Bon, si l’on excepte cela, même si c’est difficile, le cadre large 2.35 est superbe, le N&B lumineux et dense, la gestion des contrastes solide et élégante. La propreté de la copie est indéniable, les détails éloquents et la profondeur de champ impressionnante. Malgré ses points forts, le rouleau compresseur du DNR fait beaucoup de mal aux puristes que nous sommes.

Point de version française à l’horizon, mais deux mixages anglais, Stéréo et Dolby Digital 5.1. Si l’on pouvait s’attendre à une éventuelle spatialisation sur les quatre chansons d’Elvis, sur les scènes d’affrontements et de poursuites, il n’en est rien. Les latérales restent quasiment au point-mort et seul un très léger écho se fait entendre sur la scène arrière. Privilégiez donc la piste Stéréo, de fort bon acabit, qui instaure un confort acoustique très plaisant et dynamique, sans aucun souffle. Les sous-titres français sont imposés sur un lecteur de salon.

Crédits images : © 20th Century Fox / Sidonis Calysta / All Rights Reserved / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Le Carnaval des âmes, réalisé par Herk Harvey

LE CARNAVAL DES ÂMES (Carnival of Souls) réalisé par Herk Harvey, disponible en DVD chez Artus Films le 5 décembre 2017

Acteurs :  Candace Hilligoss, Frances Feist, Sidney Berger, Art Ellison, Stan Levit, Tom McGinnis, Forbes Caldwell…

Scénario : Herk Harvey, John Clifford

Photographie : Maurice Prather

Musique : Gene Moore

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Alors que des jeunes gens jouent à faire la course en voiture, l’auto des filles tombe dans une rivière et les passagères se noient. Seule Mary en réchappe, profondément choquée. Comme elle se rend dans l’Utah pour jouer de l’orgue dans une petite église, elle aperçoit un fantôme au visage cadavérique. Bientôt, elle le voit partout et sent son esprit vaciller. De plus, elle est irrésistiblement attirée par un parc d’attractions désaffecté…

Etrange destin pour un petit film – qui ne l’est pas moins – que celui du Carnaval des âmesCarnival of Souls, réalisé en deux semaines avec une poignée de dollars (30.000 exactement) par Herk Harvey (1924-1996), venu des spots institutionnels et publicitaires, sur un scénario de John Clifford. Aujourd’hui considéré comme une véritable référence du genre fantastique, ce film culte, seul long métrage de fiction du metteur en scène qui ne comptera à son actif que des courts-métrages et des documentaires, a tout d’abord connu un bide retentissant dans les salles – dans les drive-in plutôt – à sa sortie en 1962, avant que certains critiques et professionnels du cinéma ne le citent ouvertement, en particulier dans les années 1980 où il est redécouvert.

Arrêtés à un feu rouge, deux jeunes hommes défient trois jeunes femmes de faire une course improvisée. Les voitures s’élancent mais en passant en trombe sur un vieux pont, la conductrice perd le contrôle du véhicule. Mary est la seule jeune femme sur les trois passagères à s’en sortir miraculeusement. Traumatisée, elle quitte la ville pour rejoindre une église où elle a trouvé du travail en tant qu’organiste mais, sur la route, elle aperçoit un fantôme au visage cadavérique, interprété par Herk Harvey lui-même. Par ailleurs, elle ressent une attirance irrésistible pour un gigantesque parc d’attractions abandonné, qui exerce sur elle un pouvoir qu’elle ne comprend pas. Les apparitions surnaturelles se multiplient, Mary, qui semble être la seule à voir ces êtres étranges, se sent de plus en suivie, voire encerclée.

Film rapide, 74 minutes montre en main, Le Carnaval des âmes peut laisser perplexe tant on a l’impression qu’il ne s’y passe pas grand-chose. Certes, quelques scènes s’étirent trop en longueur, à l’instar des séquences où un type pas fin drague ouvertement Mary et qui se désespère de voir ses avances rejetées, mais on comprend pourquoi le film de Herk Harvey a su inspirer moult films de genre. Tout d’abord par son traitement brut, qui découle du manque de moyens mis à la disposition du réalisateur. Au-delà du N&B basique et pourtant très beau, la caméra portée insuffle un malaise crescendo, comme si une présence se manifestait constamment auprès de Mary. Harvey distille les apparitions de ses spectres tout au long du film, en surprenant constamment le personnage principal en même temps que les spectateurs. Les décors, en particulier celui du parc d’attractions délabré instaurent un vrai climat angoissant, tandis que Mary erre sans savoir pourquoi elle se sent littéralement appelée par cet endroit insolite.

Ce n’est pas spoiler de dire que la scène finale du bal des fantômes a inspiré le cinéma fantastique et continue de le faire. Et que dire de cet épilogue, avant-gardiste, qui a dû laisser de nombreux spectateurs perplexes et déroutés quand la dépanneuse parvient enfin à sonder le fond boueux de la rivière et à remonter la voiture des jeunes femmes décédées ! Le Carnaval des âmes vaut également pour la présence de la belle Candace Hilligos, dans sa première et par ailleurs rare apparition au cinéma. Attachante, troublante, la comédienne porte cette histoire oppressante sur ses épaules.

Sans effets ostentatoires, ni sang, ni effets chocs, mais usant habilement du langage cinématographique, aussi bien visuel que sonore lorsque Mary n’entend plus rien et ne parvient plus à se faire voir, pour créer un flottement éthéré (renforcé par l’envoûtante partition à l’orgue de Gene Moore) et une ambiance unique, Herk Harvey ne pensait sans doute pas que Le Carnaval des âmes bénéficierait aujourd’hui d’un tel culte. Des cinéastes tels que M. Night Shyamalan, George A. Romero, Stanley Kubrick, Tim Burton, John Carpenter, Christian Petzold et David Lynch n’ont eu de cesse de louer sa poésie macabre et ses mérites, au point de l’avoir cité au moins une fois dans l’un de leurs films. C’est dire son importance.

LE DVD

Après avoir été disponible chez Le Chat qui fume et Wild Side, Le Carnaval des âmes débarque une fois de plus dans les bacs, cette fois sous la houlette d’Artus Films, dans la collection Classiques. Le menu principal est fixe et musical.

La bande-annonce et un aperçu des autres titres disponibles chez Artus Films sont proposés comme suppléments.

L’Image et le son

Le master restauré tient toutes ses promesses et offre aux spectateurs de très belles conditions pour découvrir ce bijou. En dehors de quelques très légers défauts de pellicule qui ont échappé aux outils numériques, la copie est vraiment très propre. Exit les rayures, les tâches, les poussières et autres points noirs et blancs. On pourra sans doute déplorer la quasi-absence du grain original, mais la beauté du N&B subjugue, les contrastes sont équilibrés, la luminosité est admirable, les noirs denses et le rendu des visages est soutenu par un piqué acéré. Même les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages ! Présenté dans son format 1.37 (16/9 compatible 4/3), Le Carnaval des âmes bénéficie d’une copie très soignée.

Le confort acoustique est largement assuré par la piste mono d’origine. Seule la version anglaise est disponible et il semble peu probable qu’un doublage français existe. Ce mixage affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique suffisant. Les effets et les ambiances sont nets, la musique mise en valeur, sans saturation. L’ensemble demeure homogène, sans souffle et les dialogues solides.

Crédits images : © Artus Films /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Comment j’ai rencontré mon père, réalisé par Maxime Motte

COMMENT J’AI RENCONTRÉ MON PÈRE réalisé par Maxime Motte, disponible en DVD chez M6  Vidéo le 11 octobre 2017

Acteurs :  François-Xavier Demaison, Isabelle Carré, Albert Delpy, Diouc Koma, Owen Kanga, Robert Lemaire…

Scénario : Maxime Motte, David Charhon

Photographie : David Chambille

Musique : Mateï Bratescot

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un couple, parents adoptifs d’Enguerrand, un petit enfant africain, habite en Normandie près de la mer, non loin du lieu stratégique permettant aux clandestins de se rendre en Angleterre. Une nuit, Enguerrand croise le chemin d’un migrant, Kwabéna, à la peau noire comme la sienne. Pour lui, c’est sûr, il s’agit de son père biologique ! Il décide donc de l’héberger dans sa chambre, à la grande surprise de ses parents… De péripéties en rebondissements, l’aventure pourrait bien souder la famille comme jamais…

Mignonnet. Voilà notre ressenti à la fin de Comment j’ai rencontré mon père, premier long métrage de Maxime Motte, provenant directement de son court-métrage homonyme réalisé en 2009. Difficile de parler de la situation des migrants, réfugiés et sans papiers à travers le registre de la comédie. On ne sait pas trop quelles étaient les intentions originales du réalisateur-scénariste, mais rien n’est réaliste ici. Mieux vaut espérer que le film ait été pensé comme une fable et même un conte afin d’apprécier Comment j’ai rencontré mon père, qui s’avère un divertissement honnête.

Enguerrand, un petit garçon d’origine africaine, a été adopté par Eliott et Ava. Avec maladresse mais amour, ces derniers assument tant bien que mal leur statut de parents. De son côté, Enguerrand ne cesse de demander à voir son père biologique. Il ignore qu’il est décédé. Quand Enguerrand croise le chemin de Kwabena, un migrant, il pense avoir retrouvé son papa. Il décide donc de l’héberger dans sa chambre. Kwabena se rend rapidement compte que le petit garçon a été accueilli dans une bonne famille. La présence de l’invité-surprise va permettre à Eliott et Ava de se remettre en question.

On avait déjà pu apercevoir Maxime Motte en tant que comédien chez David Charhon dans Cyprien (du moins pour ceux qui ont eu le courage de visionner cette chose) et le grand succès De l’autre côté du périph, ainsi que dans le superbe Exercice de l’État de Pierre Schoeller. Egalement scénariste, notamment des Naufragés avec Daniel Auteuil (qu’il a coécrit avec David Charhon), Maxime Motte a donc naturellement demandé à son complice de cosigné avec lui le scénario de Comment j’ai rencontré mon père. Comme c’est souvent le cas, ce premier long métrage ne se démarque pas du tout-venant, mais repose en grande partie sur son casting et de ce point de vue-là l’excellente Isabelle Carré et François-Xavier Demaison, qui s’étaient déjà donné la réplique dans Tellement proches du duo Nakache-Toledano, accompagnés du truculent Albert Delpy assurent et se démènent pour qu’on ne s’ennuie pas. Du moins pas autant qu’on pouvait le craindre.

Le problème de Comment j’ai rencontré mon père, c’est que Maxime Motte se trouve pris au dépourvu et ne sait plus trop quoi broder autour de son court-métrage qui durait à peine dix minutes. Heureusement, l’intérêt va quand même en grandissant, jusqu’à un dernier acte qui détonne certes par rapport au reste, mais qui s’avère drôle, sans pathos, burlesque, jusqu’à une scène finale qui emporte l’adhésion et laisse une bonne impression quand le générique apparaît au bout de 80 minutes. On pense alors à Little Miss Sunshine, qui a inspiré moult « feel good movies » depuis sa sortie en 2006, même si le film de Maxime Motte reste bien trop modeste et enfermé dans un carcan typique du cinéma français. Un cinéma qui souhaite parler de choses graves ou importantes à travers l’humour, mais qui tombe finalement dans le piège, celui d’avoir peur de ne pas parvenir à divertir l’audience et qui préfère donc miser sur quelques gags même éculés.

La mise en scène fonctionnelle, aidée par une jolie photo qui met en valeur la beauté de la Côte d’Opale – d’où est originaire le metteur en scène – parvient à maintenir suffisamment l’intérêt du spectateur, ce qui est en soi un challenge que de nombreux jeunes réalisateurs français ne parviennent pas à relever et qui disparaissent quasiment du jour au lendemain. Ce qu’on ne souhaite pas à Maxime Motte, même si l’échec dans les salles de Comment j’ai rencontré mon père a été plutôt important avec à peine 50.000 entrées à sa sortie.

LE DVD

Pas de sortie HD pour Comment j’ai rencontré mon père, disponible chez M6 Vidéo, en raison du peu d’entrées réalisées dans les salles. En revanche, le visuel de l’affiche du film n’a pas été repris pour cette sortie dans les bacs. La jaquette affiche donc le couple vedette en compagnie du petit acteur, de façon beaucoup plus rapprochée que l’affiche originale, qu’on préférait largement. Le menu principal est peu recherché, standard, animé sur une séquence du film.

M6 Vidéo ne s’embête pas trop pour cette édition, qui semble avoir été réalisée à la va-vite. Deux scènes coupées (1’30 au total) montrent une sortie d’école assez amusante et la création en cachette d’un profil sur un site de rencontre entre les pensionnaires de la maison de retraite.

Le court-métrage Comment j’ai rencontré mon père (7’-2009) est également disponible. Dans un petit village de bord de mer, un petit garçon de six ans rêve de rencontrer son père biologique. David Charhon, complice de Maxime Motte, interprète le père adoptif du petit garçon.

L’interactivité se clôt sur une petite vidéo montrant le réalisateur Maxime Motte en pleine séance de coaching avec le jeune Owen Kanga (2’).

L’Image et le son

Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour Comment j’ai rencontré mon père. M6 Vidéo soigne le master avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Le Mixage Dolby Digital 5.1 délivre de rares ambiances naturelles, à part sur les séquences de plage et l’action demeure essentiellement frontale. Les dialogues sont saisissants sur l’enceinte centrale et la balance gauche-droite dynamique, mais les latérales exsudent avec trop de parcimonie les quelques effets attendus. Seule la musique (très présente) offre un semblant de spatialisation. La piste Stéréo est de fort bon acabit et s’avère bien suffisante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND/  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Le Chanteur de Gaza, réalisé par Hany Abu-Assad

LE CHANTEUR DE GAZA (Ya tayr el tayer) réalisé par Hany Abu-Assad, disponible en DVD chez TF1 Studio le 12 septembre 2017

Acteurs :  Tawfeek Barhom, Kais Attalah, Hiba Attalah, Ahmed Al Rokh, Abdel Kareem Barakeh, Nadine Labaki…

Scénario : Hany Abu-Assad, Sameh Zoabi

Photographie : Ehab Assal

Musique : Hani Asfari

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Un jeune Palestinien prend son destin en main pour réaliser son plus grand rêve : chanter.

Bon alors, même si Le Chanteur de Gaza demeure un film honnête et attachant, on pouvait s’attendre à mieux et surtout à plus ambitieux de la part du réalisateur néerlando-palestinien Hany Abu-Assad né à Nazareth en 1961. S’il fait aujourd’hui partie des réalisateurs contemporains importants de la Palestine, on se souvient notamment de son film le plus célèbre et controversé Paradise Now (2005) qui narrait l’histoire fictive de deux kamikazes palestiniens, depuis leurs recrutements jusqu’à l’attentat suicide à Tel Aviv, Hany Abu-Assad revient avec un film (trop) modeste sur la forme. Centré sur le véritable récit de Mohammad Assaf, chanteur palestinien qui à 23 ans a remporté le premier titre de la deuxième saison du programme de téléréalité Arab Idol en 2013, Le Chanteur de Gaza ne laisse évidemment pas indifférent par son sujet, mais déçoit par sa mise en scène scolaire et son montage franchement rudimentaire, même s’il s’agit du premier film tourné – limité à deux jours de tournage par les autorités israéliennes – dans la bande de Gaza depuis plus de 20 ans.

Elevé dans un camp de réfugiés à Gaza, le jeune Mohammed Assaf est passionné par le charme de la musique depuis son enfance lorsqu’il chantait déjà dans les mariages ou autres réceptions privées. Mais aujourd’hui âgé de vingt-cinq ans, le jeune homme ambitieux souhaite plus que tout réussir à concrétiser son plus grand rêve : devenir un grand chanteur. Aussi décide-t-il de voyager de la bande de Gaza jusqu’en Egypte afin de participer à l’émission télévisée « Arab Idol ». Sans passeport, il parvient à passer la frontière au cours d’un dangereux périple et à atteindre l’hôtel où se déroulent les auditions.

Paradise Now était le premier film palestinien à remporter le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère, ainsi que le premier film représentant la Palestine à être nommé à l’Oscar dans la même catégorie. Autant dire que Le Chanteur de Gaza ne joue pas dans la même catégorie et que le metteur en scène Hany Abu-Assad semble ici peu inspiré, probablement confiant dans un sujet qu’il sait fort, engagé et à portée universelle. Largement inspiré par le Slumdog Millionaire de Danny Boyle et Loveleen Tandan, sans la frénésie et la virtuosité, ce film se contente la plupart du temps d’enchaîner les « passages obligés » d’un biopic, autrement dit l’enfance de Mohammad Assaf aux côtés de sa fratrie dans un camp de réfugiés, ses premiers cours de chant et prestations lors de mariages, ses progrès, le trauma qui sera à l’origine de son envie de chanter devant le monde entier (la perte de sa petite sœur), ses doutes, son succès, son triomphe international. Une aura importante qui lui permettra d’être nommé ambassadeur de bonne volonté pour la paix par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, ainsi qu’ambassadeur de la culture et des arts par le gouvernement palestinien.

Le Chanteur de Gaza est un « joli » film, mais il est dommage d’avoir confié le rôle de Mohammad Assaf (dans sa partie jeune adulte) au jeune comédien Tawfeek Barhom, peu convaincant, et que cette success story courageuse et optimiste tire un peu trop sur la corde sensible, ce dont elle pouvait aisément se passer.

LE DVD

Le test du DVD du Chanteur de Gaza, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément sur cette édition et pas d’édition HD pour ce titre.

L’Image et le son

Hany Abu-Assad peut compter sur TF1 Studio pour le service après-vente du Chanteur de Gaza. En effet, l’éditeur livre un très beau master aux contrastes solides et à la luminosité constante. Le piqué est fort agréable, les ambiances diurnes chatoyantes, la colorimétrie est vive et saturée, et le relief probant aux quatre coins du cadre large. Seuls quelques petits fourmillements sur les arrière-plans viennent ternir quelque peu le visionnage, mais rien de bien méchant.

Seule la version originale est disponible en Stéréo et DD 5.1. Cette dernière piste aurait mérité d’être un peu plus dynamique, mais les latérales distillent quelques petites ambiances musicales et naturelles avec suffisamment de punch. Les dialogues sont précis, dynamiques, la balance frontale équilibrée et le caisson de basses accompagne doucement l’ensemble. La version Stéréo remplit aisément son contrat grâce à une réelle homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets annexes. Les sous-titres sont incrustés directement sur l’image.

Crédits images : © La Belle CompanyCaptures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD, Visages, villages, réalisé par Agnès Varda et JR

VISAGES, VILLAGES réalisé par Agnès Varda et JR, disponible en DVD et Blu-ray le 22 novembre 2017 chez Le Pacte

Avec :  Agnès Varda et JR

Musique : Matthieu Chedid

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.

55 ans les séparent. Pourtant, JR, artiste contemporain né en 1983, spécialisé dans la technique du collage photographique et Agnès Varda, réalisatrice, photographe et plasticienne née en 1928 se ressemblent énormément et sont constamment inspirés par les gens. Ceux dont ils capturent les visages, les gestes, parfois avortés, les héros du quotidien. JR et Agnès Varda décident de sillonner les routes de France à bord de la camionnette-studio du street-artist. Ils désirent aller à la rencontre des gens, leur parler, les photographier, développer les photos et les afficher en grand dans leurs lieux de vie. JR et Varda croisent des ouvriers, des agriculteurs, une serveuse. Agnès Varda voudrait également que JR montre enfin ses yeux, toujours dissimulés derrière des lunettes noires.

Si Agnès Varda a imprimé sur pellicule les yeux et les rides de comédiens professionnels comme ceux des petites gens dans ses documentaires, JR a fait de même avec du papier collé sur des châteaux d’eau, des wagons, des façades vierges, des portes et des escaliers du monde entier. Amoureux de la vie et débordant d’énergie, même si la grande petite dame du cinéma français qui avoisine les 90 ans trottine plus qu’elle ne marche aujourd’hui, les deux complices font preuve d’une réelle alchimie tant dans leur démarche artistique que dans la vie de tous les jours, JR apparaissant finalement comme le petit-fils spirituel de la cinéaste.

« L’art est public » pourrait-on dire en visionnant Visages, villages, bien plus attachant et surtout plus intéressant que les deux derniers longs métrages de Raymond Depardon, Journal de France (2012) et Les Habitants (2016), qui se regardaient filmer en se reposant sur ses lauriers. On peut reprocher à Visages, villages son côté mis en scène, son manque de spontanéité, des propos trop écrits et mollement récités par JR en postsynchronisation, finalement bien plus à l’aise quand il entreprend de coller lui-même des poissons géants en haut d’un échafaudage, sans oublier l’aspect énervant quand Agnès Varda et son acolyte en font trop dans l’émotion que l’on sent factice, gros soucis du dernier acte? Pourtant, le charme n’a de cesse d’agir. Visages, villages, « collage » et road-trip né de la rencontre entre Agnès Varda et JR organisée par Rosalie Varda, la fille de la réalisatrice, emmène JR en territoire inconnu, la campagne française, lui qui oeuvre principalement dans l’environnement urbain. Deux univers opposés, même si Agnès Varda a souvent filmé la ville, ses rues et leurs surprises (Cléo de 5 à 7, Daguerréotypes, Les Dites cariatides), se confrontent, dialoguent et s’apprivoisent immédiatement grâce au même amour pour les gens qu’ils croisent sur la route et sur certains chemins perdus.

Agnès Varda et JR atterrissent donc dans des endroits reculés, tandis que la camionnette customisée en cabine de photomaton géante attire la population, qui se prête ensuite au jeu des projets improvisés des deux artistes, en donnant la parole aux protagonistes, en particulier aux femmes, comme cette formidable séquence avec les épouses des dockers du Havre. C’est ce qui fait la réussite de cette entreprise, qui parvient finalement à trouver le bon équilibre entre la mise en avant des français et l’aspect autobiographique, qui relie finalement Visages, villages aux merveilleuses Plages d’Agnès, comme une fable sur le temps qui passe. Si les souvenirs d’Agnès Varda sont bien vivants dans sa tête et que la cinéaste en emmagasine d’autres avant que ses yeux, qui s’affaiblissent plus chaque jour, ne puissent plus rien imprimer, JR parvient grâce à son art à les ramener de manière éphémère à la réalité. C’est beau, universel, poétique et poignant.

LE DVD

Le test du DVD de Visages, villages, disponible chez Le Pacte, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Une toute petite interactivité pour cette édition.

Dans Visages, villages, Agnès Varda compare JR à Jean-Luc Godard, qui avait accepté d’ôter ses célèbres lunettes fumées pour jouer dans l’un de ses courts-métrages, Les Fiancés du pont Mac Donald ou (Méfiez-vous des lunettes noires), mini-film burlesque extrait de Cléo de 5 à 7 (1961) dans lequel « un jeune homme voit la vie en noir quand il porte des lunettes noires. Il lui suffit de les ôter pour que les choses s’arrangent ». Un extrait est d’ailleurs inséré lors de cette scène. Le Pacte propose de visionner ce court-métrage muet, en N&B et virevoltant dans son intégralité (5’). L’occasion d’admirer encore et toujours les complices d’Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Anna Karina, Jean-Claude Brialy, Sami Frey, Danielle Delorme, Eddie Constantine et Yves Robert, sur une improvisation musicale de Michel Legrand.

S’ensuivent deux scènes coupées ou allongées, la cabine de plage (4’) et le Département de lettres modernes (3’30).

Cette section se clôt sur une visite de Matthieu Chedid dans le refuge d’Agnès Varda, rue Daguerre (3’30), le teaser et la bande-annonce du film.

L’Image et le son

Dommage de ne pas avoir reçu l’édition HD, car Visages, villages bénéficie d’une édition DVD déjà soignée, qui parvient à restituer les belles images glanées par Agnès Varda et JR tout au long de leurs pérégrinations. La profondeur de champ impressionne, le cadre est très élégant, la colorimétrie scintillante et le relief omniprésent. L’encodage consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est appréciable, les noirs compacts, les ambiances chaudes et les contrastes denses.

A première vue, ou devrait-on dire plutôt à l’oreille, le choix d’une piste Dolby Digital 5.1 pouvait peut-être déconcerter quelque peu pour un film de cet acabit. Pourtant, force est d’admettre que cette option parvient à mettre Visages, villages en valeur avec de belles ambiances intelligemment spatialisées. Les éléments naturels ne manquent pas (le vent, la mer) quand Agnès Varda et JR s’arrêtent pour rencontrer certains habitants, tandis que les voix des protagonistes demeurent constamment claires. Cette piste est donc bien plus qu’une alternative à la piste Stéréo, également de haute qualité. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Le Pacte / Ciné-Tamaris / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Grand froid, réalisé par Gérard Pautonnier

GRAND FROID réalisé par Gérard Pautonnier, disponible en DVD le 7 novembre 2017 chez Diaphana

Acteurs :  Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet, Féodor Atkine, Sam Karmann, Philippe Duquesne…

ScénarioGérard Pautonnier, Joël Egloff d’après son roman « Edmond Ganglion & Fils » (Gallimard)

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Christophe Julien

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans une petite ville perdue au milieu de nulle part, le commerce de pompes funèbres d’Edmond Zweck bat de l’aile. L’entreprise ne compte plus que deux employés : Georges, le bras droit de Zweck, et Eddy, un jeune homme encore novice dans le métier. Un beau matin, pourtant, un mort pointe son nez. L’espoir renaît. Georges et Eddy sont chargés de mener le défunt jusqu’à sa dernière demeure. Mais, à la recherche du cimetière qui s’avère introuvable, le convoi funéraire s’égare et le voyage tourne au fiasco.

Vous savez chez nous c’est très simple ou ça bat, ou ça bat plus et là en l’occurrence, ça bat !

Sans faire de mauvais jeux de mots, Grand froid agit comme un vent de fraîcheur sur le cinéma français ! Venu de la publicité et de la télévision (la série Samantha, oups!) et remarqué en 2015 avec son court-métrage L’Etourdissement, adapté du roman de Joël Egloff et primé dans de nombreux festivals en France et à l’étranger, Gérard Pautonnier signe son premier long métrage Grand froid, également inspiré d’un livre du même auteur. Pour ce film, le réalisateur retrouve les comédiens Arthur Dupont et Philippe Duquesne, mais offre surtout à l’immense Jean-Pierre Bacri l’un de ses meilleurs personnages depuis près de quinze ans. Cocktail insolite entre le Fargo des frères Coen, les films d’Aki Kaurismäki, le western italien à la Sergio Leone et le cinéma inclassable de Bouli Lanners, Grand froid est une comédie-dramatique qui détonne dans le panorama cinématographique hexagonal.

Les affaires ne sont pas bonnes pour Edmond zweck, patron d’une entreprise de pompes funèbres qui périclite dans une petite ville. Il a dû se séparer d’une partie de son personnel. Il est secondé par Georges et Eddy, un jeune homme plein de bonne volonté mais sans expérience. L’embellie survient quand on demande à l’équipe de s’occuper d’un mort. Alors qu’il transporte le corps, direction le cimetière, elle se perd et surtout perd de vue la famille qui suivait le convoi. Edmond, Georges et Eddy vont tout tenter pour retrouver leur chemin et mener à bien leur mission.

La mort, ce n’est pas contagieux, c’est héréditaire.

Cette transposition du premier roman de Joël Egloff, Edmond Ganglion & fils, publié en 1999 chez Gallimard, qui contrairement au film se déroule durant un été caniculaire, est empreint d’un humour noir cynique, typique du cinéma anglo-saxon. Avec ses personnages de croque-morts fatigués, Olivier Gourmet dépassé par les événements et en attente d’un coup de fil de sa fille, Jean-Pierre Bacri moumouté qui passe ses journées à chercher son épitaphe à inscrire sur son caveau, et Arthur Dupont, jeune trentenaire déjà voûté par sa condition, Gérard Pautonnier met en scène un road-movie inattendu en corbillard, joliment absurde et très attachant. En se mettant à la recherche d’un cimetière introuvable, Georges (Bacri), 40 ans de métiers, amer et proche de la retraite et Eddy (Dupont), novice quelque peu paumé, vont faire le point sur leurs situations respectives et surtout apprendre à se connaître, en parlant de la mort, comme d’habitude, mais aussi de la vie, ce qu’ils sont moins habitués à faire.

Il y a deux métiers incontournables : la sage-femme et le fossoyeur. La première accueille, le second raccompagne. Entre les deux, les gens se débrouillent.

Ces récits initiatiques se déroulent lentement – ce qui vaut quelques soucis de rythme – sur l’asphalte glacé qui traverse de vastes paysages enneigés, désolés et boisés (le film a été tourné en Pologne), comme si la route qu’ils suivaient ne menait nulle part, sauf au carrefour de leur propre existence. Mais c’était sans compter la présence du cadavre d’un homme pas vraiment mort. Sur la forme, la photo de Philippe Guilbert (Les Convoyeurs attendent), subjugue avec ses couleurs évidemment froides et grisâtres, tandis que les décors naturels de la Pologne et de la Belgique donnent au film un cachet post-apocalyptique, notamment avec cette petite bourgade non-identifiée composée principalement d’une seule rue, du magasin de pompes funèbres et d’un restaurant chinois, où les habitants s’observent, se scrutent dans l’attente d’un événement qui pourrait relancer les affaires. N’oublions pas la composition tout aussi décalée de Christophe Julien (Au revoir là-haut, 9 mois ferme), composée de blues et de chants amérindiens, qui appuie le caractère bizarre, pour ne pas dire excentrique et intemporel de cette comédie-dramatique, mélancolique et existentielle, aux dialogues très soignés, à voir absolument.

LE DVD

Le test du DVD de Grand froid, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur offre une heure de suppléments. On commence par la douzaine de scènes coupées (13’ au total), non mixées et non étalonnées, qui dévoilent les petits bouts de séquences laissés sur le banc de montage, probablement pour des raisons de rythme. Rares sont les scènes qui durent plus de 50 secondes. Nous retiendrons surtout deux génériques de début alternatifs. A noter que ces séquences sont souvent muettes et focalisées sur les réactions des personnages.

Un petit montage de trois minutes montre le travail invisible à l’écran des magiciens des effets spéciaux, notamment pour créer un environnement enneigé alors que la végétation était verte au moment des prises de vue.

Merci à Diaphana de nous permettre de (re)découvrir le court-métrage de Gérard Pautonnier, L’Etourdissement (2015-22’), adapté du roman éponyme de Joël Egloff. Suite au décès accidentel d’un collègue de travail (Nicolas Vaude), Eddy (Arthur Dupont) est chargé, malgré lui, d’aller annoncer la terrible nouvelle à l’épouse (Pascale Arbillot) du défunt. Georges (Philippe Duquesne), un autre collègue, lui propose de l’accompagner pour le soutenir dans cette délicate mission et dans l’idée de rentrer chez lui plus tôt par la même occasion. Arrivés chez la veuve, les deux hommes vont cependant avoir bien du mal à être à la hauteur de la situation. On retrouve déjà dans ce court-métrage, le rapport de la vie avec la mort, ainsi que celui entre deux générations qui s’affrontent et se questionnent sur l’existence. L’humour absurde contraste avec la situation pourtant dramatique et se clôt sur un retournement bouleversant.

Ensuite, nous ne trouvons pas le making of de Grand froid, mais étrangement celui de L’Etourdissement (17’). Dommage que ce documentaire soit si mal réalisé et surtout entièrement musical !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

En raison de son échec dans les salles (120.000 entrées), Grand froid est privé d’une sortie en Haute-Définition et c’est bien dommage. Malgré cette déconvenue, cette édition DVD s’avère plutôt soignée et claire. La propreté de la copie est assurée, les couleurs désaturées et glaciales sont superbes et bien restituées. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques auraient pu avoir du mal à passer le cap du petit écran. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage consolide l’ensemble avec brio et les nombreuses séquences tournées en extérieur sont très belles.

D’emblée, le mixage Dolby Digital 5.1 impose une spatialisation qui happe le spectateur dans un flot d’ambiances naturelles qui ne se calment que durant les scènes en intérieur, axées sur les dialogues. Le cinéaste fait la part belle aux éléments environnants et la scène arrière ne manque pas l’occasion de briller avec notamment la restitution de la Toccata et Fugue en Ré mineur de Jean-Sébastien Bach. Le souffle du vent détonne sur l’ensemble des baffles. L’éditeur joint également une piste Stéréo de fort bon acabit, sans oublier les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © ELZEVIR FILMS / LAURENT THURIN-NAL / Diaphana / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr