Test Blu-ray / Les Complexés, réalisé par Dino Risi, Franco Rossi & Luigi Filippo D’Amico

LES COMPLEXÉS (I Complessi) réalisé par Dino Risi, Franco Rossi & Luigi Filippo D’Amico, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 septembre 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Nino Manfredi, Ilaria Occhini, Riccardo Garrone, Ugo Tognazzi, Claudie Lange, Paola Borboni, Alberto Sordi, Romolo Valli, Gaia Germani…

Scénario : Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi, Marcello Fondato, Ruggero Maccari, Ettore Scola, Dino Risi, Rodolfo Sonego, Agenore Incrocci, Umberto Scarpelli & Alberto Sordi

Photographie : Ennio Guarnieri & Mario Montuori

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Film à sketches. Un timide qui ne parvient pas à déclarer sa flamme à sa collègue de travail, un professeur puritain obsédé par le film licencieux autrefois tourné par sa femme, un aspirant présentateur de journal télévisé doté d’une dentition hors-norme.

Le format du film à sketches remonte aux années 1930 avec Si j’avais un millionIf I had a Million, avec pas moins de sept réalisateurs à la barre, dont Ernest Lubitsch. Mais c’est durant la décennie suivante que le genre va véritablement exploser, principalement en Europe, outre-Manche avec le mythique Au coeur de la nuit Dead of Night, mais surtout en Italie avec Gli assi della risata (1943), premier film à sketches du parlant de l’autre côté des Alpes. Suivront rapidement Païsa et L’Amore de Roberto Rossellini. Nombreux sont les cinéastes qui vont s’engouffrer dans la brèche. L’un des maestri en la matière reste Dino Risi, qui signera l’un des segments de L’Amour à la villeL’Amore in città (1953), aux côtés de Michelangelo Antonioni, Federico Fellini, Alberto Lattuada, Carlo Lizzani (pour ne citer que ceux-là), Les Monstres I Mostri (1963) où il dirige tous les sketches, Les PoupéesLe Bambole (1964), auprès de Luigi Comencini, Franco Rossi et Mauro Bolognini, puis Les Complexés I Complessi (1965), codirigé avec Franco Rossi (1919-2000) et Luigi Filippo D’Amico (1924-2007). Ce dernier n’est sans doute pas le plus célèbre d’entre tous et pourtant, étrangement, il s’agit de l’un des films à sketches les plus réussis et équilibrés, dans le sens où les trois histoires qui le composent sont toutes très réussies.

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Test Blu-ray / Il Giovedi, réalisé par Dino Risi

IL GIOVEDI réalisé par Dino Risi, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 septembre 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Walter Chiari, Michèle Mercier, Roberto Ciccolini, Umberto D’Orsi, Alice Kessler, Ellen Kessler, Emma Baron, Carole Walker…

Scénario : Dino Risi, Franco Castellano & Giuseppe Moccia

Photographie : Alfio Contini

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Dino Versini, un parasite vivant aux crochets de sa dulcinée, voit sa vie changer après une journée passée avec son fils. Fruit d’un précédent mariage, le charmant bambin de 8 ans n’a pas vu son père depuis plusieurs années. Découvrant les joies de la paternité, le bellâtre décide enfin de s’assumer…

Dino Risi (1916-2008). Quand on évoque le maître italien, le cinéphile est soudain pris de l’envie d’énumérer les « capolavori » qui ont souvent marqué le parcours des amoureux du septième art. Quand il entreprend Il Giovedi, ou « Le Jeudi » en version française, même si le film n’est pas sorti dans l’Hexagone avant les années 2010, le réalisateur sort tout juste du triomphe international du FanfaronIl Sorpasso, mais il a aussi déjà derrière-lui la trilogie dite optimiste (Pauvres mais beaux, Beaux mais pauvres, Pauvres millionnaires), L’Homme aux cent visagesIl Mattatore, Le VeufIl Vedovo, Une Vie difficileUne vita difficile et bien d’autres. Mais Le Fanfaron va comme qui dirait changer la donne. Dino Risi enchaîne avec l’un de ses opus les plus méconnus et pourtant l’un de ses plus personnels avec Il Giovedi. Juste avant Les MonstresI Mostri, qui allait alors le propulser au firmament et lui assurer la postérité, le cinéaste se livre comme rarement dans cette chronique, où un quadra immature devient enfin un homme et un père après avoir passé quelques heures avec son fils de huit ans, qu’il ne connaît pour ainsi dire pas. Au-delà de l’insouciance, cette ode à la légèreté ne peut aussi dissimuler une gravité, une mélancolie, une tristesse, qui ont toujours, ou tout du moins très souvent imprégné les histoires de Dino Risi. D’ailleurs, si Il Giovedi demeure une comédie solaire, la plus belle scène du film reste ce gros câlin silencieux entre Dino et Roberto, devant lequel les larmes du spectateur viennent brouiller le regard. Chef d’oeuvre calfeutré entre deux des plus gros monuments de la carrière du maestro, Il Giovedi est une merveille que l’on redécouvre sans cesse.

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Test Blu-ray / Hurry Up Tomorrow, réalisé par Trey Edward Shults

HURRY UP TOMORROW réalisé par Trey Edwards Shults, disponible en DVD & Édition Collector Limitée Blu-ray+DVD+Livret le 18 septembre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Abel Tesfaye, Jenna Ortega, Barry Keoghan, Riley Keough, Ash T, Paul L. Davis, Sebastián Villalobos, Roman Mitichyan…

Scénario : Reza Fahim, Trey Edward Shults & Abel Tesfaye

Photographie : Chayse Irvin

Musique : The Weeknd & Daniel Lopatin

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Abel, une star de la musique, est entraîné par une de ses fans dans une odyssée qui l’amènera à remettre en question les fondements mêmes de son existence.

Voilà sans doute l’un des films les plus critiqués (négativement) de l’année 2025, Hurry Up Tomorrow, réalisé par Trey Edward Shults, que l’on avait découvert en 2017 avec It Comes at Night, œuvre post-apocalyptique maîtrisée, ambitieuse, qui révélait un auteur prometteur. Six ans après son précédent long-métrage, Waves, le metteur en scène est de retour avec Hurry Up Tomorrow, titre identique au sixième album de l’artiste The Weeknd, alias Abel Makkonen Tesfaye, célèbre dans le monde entier pour son tube Blinding Lights, devenu la chanson la plus écoutée de tous les temps sur Spotify. Le film et le disque sortent donc à quelques semaines d’intervalle, beau coup marketing, qui prolonge l’expérience musicale, à travers un faux biopic inspiré d’une histoire vraie. Le chanteur « interprète » une version alternative de lui-même et donne la réplique à Jenna Ortega, dans ce thriller psychologique que beaucoup ont gratuitement qualifié de simple et gênant ego trip. On ne va pas nier qu’il y a de cela effectivement, mais réduire Hurry Up Tomorrow à ce simple argument est on ne peut plus facile. Trey Edward Shults, en parfaite harmonie avec Abel Tesfaye, a concocté un véritable essai de cinéma, un roller-coaster visuel et d’émotions, qui plonge le spectateur dans la psyché perturbée d’une superstar de la chanson, qui se retrouve pour la première fois face à lui-même après un accident survenu sur scène. Si la minisérie The Idol, excessivement mal accueillie et qui ne connaîtra d’ailleurs qu’une seule saison, avait montré qu’il en avait sérieusement sous le capot en tant qu’acteur, Abel – The Weeknd – Tesfaye crève l’écran dans Hurry Up Tomorrow. Son face-à-face avec Jenna Ortega, pour une fois supportable, fonctionne à plein régime et on se laisse facilement embarquer dans ce ride survitaminé qui par sa mise en scène mouvementée et inventive, ainsi que par sa splendide photographie signée Chayse Irvin (BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan), fait penser à une attraction. On en ressort aussi retourné que rassasié. Il est impératif de donner une deuxième chance à Hurry Up Tomorrow, nouvelle production de ceux déjà à la barre de la trilogie XPearlMaXXXine.

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Test Blu-ray / Hot Milk, réalisé par Rebecca Lenkiewicz

HOT MILK réalisé par Rebecca Lenkiewicz, disponible en DVD & Blu-ray le 16 octobre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps, Vincent Perez, Yann Gael, Patsy Ferran, Korina Gougouli, Denia Mimerini…

Scénario : Rebecca Lenkiewicz, d’après le roman de Deborah Levy

Photographie : Christopher Blauvelt

Musique : Matthew Herbert

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Une mère et sa fille débarquent de Grande-Bretagne dans le sud-est de l’Espagne pour un séjour de la dernière chance. La mère, Rose, en fauteuil roulant, a rendez-vous avec un spécialiste pour tenter de retrouver la motricité de ses jambes, qui lui font de plus en plus mal. Sofia, sa fille, l’accompagne, jouant les garde-malades, mais désireuse de s’adonner à quelques activités balnéaires. Sur la plage, celle-ci fait la rencontre d’Ingrid, une énigmatique touriste allemande aux mœurs particulièrement libres…

Scénariste reconnue (Ida de Pawel Pawlikowski, Désobéissance de Sebastián Lelio, Colette de Wash Westmoreland), Rebecca Lenkiewicz passe pour la première fois derrière la caméra avec Hot Milk. Derrière ce titre énigmatique, on trouve l’adaptation du roman éponyme de Deborah Levy, publié en 2016, livre dans lequel la nouvelle réalisatrice a trouvé les thèmes qu’elle souhaitait aborder et sensations qu’elle voulait transmettre à l’écran. Hot Milk au cinéma est une véritable expérience sensorielle, contemplative, marquée par une photographiée solaire, étouffante, presque anxiogène, qui reflète les états d’âme du personnage principal, Sofia. Cette dernière est interprétée par une comédienne qui a désormais le vent en poupe, la franco-britannique Emma Mackey, récemment auréolée du BAFTA de la « star montante ». Après son grand succès rencontré à la télévision avec la série Sex Education, le cinéma lui ouvre désormais les bras et les projets s’accumulent. Ainsi, après les blockbusters Eiffel de Martin Bourboulon et Mort sur le Nil – Death on the Nile de Kenneth Branagh et Barbie de Greta Gerwig, Emma Mackey est à l’affiche de trois films en 2025. Alpha De Julia Ducournau, Hot Milk donc et campera le rôle-titre de Ella McCay, qui signe le grand retour de James L. Brooks au cinéma, quinze ans après Comment savoir – How Do You Know. Avant de la retrouver aussi dans le prochain délire de Quentin Dupieux (Full Phil, avec Kristen Stewart et Woody Harrelson) et le reboot-remake des Chroniques de Narnia, Emma Mackey illumine Hot Milk, dans lequel son charisme sauvage, entre Charlotte Gainsbourg et Asia Argento, fait fureur. Derrière ce masque tendu, Sofia dissimule un ras-le-bol, comme si elle était déjà fatiguée de vivre. Sa mère, malade « imaginaire » lui rend la vie impossible, la rabaisse, la critique et ne peut pourtant s’empêcher de lui demander constamment son aide. L’arrivée en Espagne pour un grand rendez-vous médical, va bouleverser à la fois les repères de Sofia, mais aussi ses sentiments, quand elle rencontre l’énigmatique Ingrid. Hot Milk demande aux spectateurs de se laisser aller, de se laisser porter par l’émotion, l’érotisme qui se dégage de chaque apparition d’Emma Mackey, où la sensualité redouble quand elle est rejointe par Vicky Krieps, qui n’ayons pas peur des mots peut aisément être considérée aujourd’hui comme l’une des plus grandes comédiennes contemporaines. Alors, installez-vous et découvrez Hot Milk.

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Test Blu-ray / Piégé, réalisé par David Yarovesky

PIÉGÉ (Locked) réalisé par David Yarovesky, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 9 août 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Bill Skarsgård, Anthony Hopkins, Ashley Cartwright, Michael Eklund, Navid Charkhi, Ricardo Pequenino, Gaston Morrison, Reese Alexander…

Scénario : Michael Arlen Ross, d’après le scénario du film argentin 4×4 coécrit par Mariano Cohn & Gastón Duprat

Photographie : Michael Dallatorre

Musique : Tim Williams

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Un voleur s’introduit dans une voiture de luxe et se retrouve piégé à l’intérieur. Il découvre que son énigmatique propriétaire en a le contrôle total et qu’il va exercer sur lui une vengeance diabolique.

Voilà, c’est court, direct. Piégé ou Locked en version originale, est réalisé par David Yarovesky. Venu de l’univers du clip musical, il signe en 2014 son premier long-métrage, The Hive, resté inédit dans nos contrées. Il parvient à percer cinq ans plus tard avec son second essai, Brightburn L’Enfant du mal, produit par James Gunn, écrit par le frère de celui-ci, ainsi que par leur cousin, film fantastique qui évoquait déjà Superman en filigrane. 2021, David Yarovesky s’associe avec Netflix pour Nightbooks, qui confirme sa prédilection pour le fantastique. Il change son fusil d’épaule avec Piégé, thriller anxiogène, huis clos, dont l’action se déroule essentiellement dans l’habitacle d’un SUV, qui n’est autre que le remake du film argentin 4 x 4, mis en scène par Mariano Cohn, sorti en 2019. On ne saurait comparer les deux versions, puisque l’auteur de ces mots n’a pas vu le film original, toujours est-il que ce Piégé est un savoureux tour de force, qui offre enfin matière à l’étonnant Bill Skarsgård, débarrassé de ses maquillages récurrents (Ça, The Crow, Nosferatu), présent dans chaque scène, pour ne pas dire dans chaque plan. Grande prestation de ce dernier, quasi-seul en scène pendant 90 minutes, qui parvient à rendre attachant un personnage qui a pourtant tout pour être facilement détestable. Si Anthony Hopkins a peu à faire dans cette histoire, il n’apparaît d’ailleurs que dans le dernier quart d’heure, même si sa voix est entendue tout du long, Piégé fait partie de ces divertissements emballés avec ingéniosité et savoir-faire, qui fonctionne à fond si on accepte un postulat de départ nawak. Le contrat est donc rapidement rempli.

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Test Blu-ray / Un escargot dans la tête, réalisé par Jean-Étienne Siry

UN ESCARGOT DANS LA TÊTE réalisé par Jean-Étienne Siry, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florence Giorgetti, Renaud Verley, Jeanne Allard, Jean-Claude Bouillon, Marcel Gassouk, Charles Dubois, Hélène Hily, Rose Thiéry…

Scénario : Jean-Étienne Siry

Photographie : François About

Musique : Didier Vasseur

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Hélène Gallois traverse une période de dépression à la suite de son divorce. Lors de son séjour dans une clinique spécialisée, elle fait la connaissance d’Édouard Fournier, artiste peintre en proie à l’alcoolisme. Une amitié naît entre eux et ils décident de séjourner dans une ferme appartenant à Édouard. Cependant, l’ambiance oppressante du lieu ravive leurs traumatismes passés, les confrontant à leurs propres démons intérieurs.

« Entre le rêve et la réalité, il existe une frontière que personne ne devrait jamais franchir… ». Ainsi débute Un escargot dans la tête, dernier long-métrage et par ailleurs ultime film de Jean-Étienne Siry (1940-2019). Ce dernier est surtout connu pour son premier court, le légendaire Poing de force (1976), œuvre sur le sadomasochisme, provenant en réalité du banc de montage de Mâles Hard Corps, que le réalisateur avait signé la même année avec Norbert Terry. Si son nom ne vous dit rien, il en est tout autre pour son travail. Car si vous n’avez pas encore vu Poing de force, vous connaissez les affiches de cinéma dont il est le créateur : Les Tontons flingueurs, Les Monstres, La Tulipe Noire, Le Corniaud, Quoi de neuf, Pussycat ?, Bunny Lake a disparu, Les Centurions, La Carapate…tous ces visuels entrés dans la conscience des spectateurs et cinéphiles sont l’oeuvre de Jean-Étienne Siry. Ce dernier passe une dernière fois derrière la caméra pour Un escargot dans la tête, titre ô combien giallesque, qui n’est autre qu’un remarquable drame psychologique sur le thème de la dépression et celui du trauma. Cet Objet Filmique Non-Identifié sorti en 1980, repose sur l’intense interprétation d’une comédienne aujourd’hui complètement oubliée, Florence Giorgetti (1943-2019), qui passait sa vie professionnelle sur les planches (pendant près d’un demi-siècle), à la télévision et bien sûr au cinéma (Massacre pour une orgie, La Grande Bouffe), tout en prêtant parfois sa voix singulière à Vanessa Redgrave, Anne Bancroft, Susan Sarandon…Dans Un escargot dans la tête, elle incarne magistralement Hélène, internée après avoir mélangé alcool et barbituriques, suite à un divorce malheureux. Dans l’établissement psychiatrique, elle fait la connaissance d’un jeune homme, qui lui aussi a de nombreuses plaies à panser…La suite ? Il vous faudra la découvrir sans trop divulguer ce qui se déroule, tant Jean-Étienne Siry ne cesse d’emmener les spectateurs là où ils s’y attendent le moins. Avec cette ressortie inattendue en 2025 et en Haute-Définition chez Le Chat qui fume, Un escargot dans la tête est non seulement une des expériences les plus originales que vous verrez cette année, mais aussi une véritable expérience de cinéma, dont l’audace manque cruellement au septième art hexagonal contemporain.

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Test Blu-ray / L’Enfant miroir, réalisé par Philip Ridley

L’ENFANT MIROIR (The Reflecting Skin) réalisé par Philip Ridley, disponible en Blu-ray le 27 août 2025 chez Extralucid Films.

Acteurs : Viggo Mortensen, Lindsay Duncan, Jeremy Cooper, Sheila Moore, Duncan Fraser, David Longworth, Robert Koons, David Bloom…

Scénario : Philip Ridley

Photographie : Dick Pope

Musique : Nick Bicât

Durée : 1h36

Année de sortie : 1990

LE FILM

Dans l’Amérique rurale des années 50, Seth, un enfant rêveur et farceur, élevé par un père violent et une mère abusive, échafaude des hypothèses farfelues à propos des villageois qui l’entourent. Il est ainsi convaincu que sa mystérieuse voisine Dolphin Blue qui vit seule sur le bord de la route est un vampire…

D’abord peintre exposé et écrivain publié avant d’être cinéaste, Philip Ridley (né en 1964) doit autant à Edward Hopper, Andrew Wyeth, Ray Bradbury, Philip K. Dick et Lewis Carroll qu’à La Nuit du chasseur et David Lynch. Pour son premier long-métrage, L’Enfant miroirThe Reflecting Skin, sorti en 1990, conte d’apprentissage sur fond d’innocence perdue, il n’hésite pas à faire surgir étrangeté, danger et macabre en plein milieu de ses champs de blés d’or illuminés par un soleil éclatant. Ou comment raconter une histoire d’épouvante dans de magnifiques paysages.

Seth Dove, huit ans, vit dans une communauté isolée des prairies de l’Idaho dans les années 1950. Le film s’ouvre sur Seth et ses amis, Eben et Kim, jouant avec une grenouille trouvée dans les champs. Les garçons gonflent l’amphibien en lui insérant un roseau dans l’arrière-train et la laissent au bord de la route. Lorsqu’une veuve anglaise du coin, Dolphin Blue, s’arrête pour l’inspecter, Seth tire sur la grenouille gonflée avec une fronde, la faisant exploser au visage de Dolphin, alors recouverte de sang. Seth se retire à la petite station-service où il vit avec sa mère Ruth, surmenée, dure et nostalgique, et son père Luke, timide, discret et distant. Le frère aîné de Seth, Cameron, est parti en service militaire dans le Pacifique. Seth fait le plein d’essence à un mystérieux groupe de jeunes hommes au volant d’une Cadillac noire, qui promettent de le revoir bientôt et de repartir. Seth est envoyé chez Dolphin pour s’excuser de la farce de la grenouille. Dolphin est hantée par le souvenir de son mari décédé, qui s’est pendu pour des raisons inconnues une semaine après leur mariage. Entouré d’objets datant du passé baleinier de la famille de son mari, Seth prend au pied de la lettre certaines de ses remarques apitoyées (elle prétend avoir 200 ans). Après avoir appris l’existence des vampires par son père, Seth commence à croire que Dolphin est un vampire.

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Test Blu-ray / La Furie des vampires, réalisé par León Klimovsky

LA FURIE DES VAMPIRES (La Noche de Walpurgis) réalisé par León Klimovsky, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret le 13 février 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Paul Naschy, Gaby Fuchs, Barbara Capell, Patty Shepard, Andrés Resino, Yelena Samarina, Julio Peña, José Marco…

Scénario : Paul Naschy & Hans Munkel

Photographie : Leopoldo Villaseñor

Musique : Antón García Abril

Durée : Version courte (1h24) & Version longue non censurée (1h31)

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Deux étudiantes en sciences occultes sont à la recherche du tombeau de la comtesse Wandesa, personnage du Moyen-Âge soupçonnée de vampirisme. Égarées en pleine campagne, elles sont accueillies dans la demeure isolée du comte Waldemar Daninsky, condamné à se transformer en loup-garou depuis qu’il a été lui-même mordu.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Docteur DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. La Furie des vampiresLa Noche de Walpurgis est la quatrième « aventure » de ce lycanthrope, après Les Vampires du Docteur DraculaLa Marca del hombre lobo, (1968), Les Nuits du loup-garouLas Noches del Hombre Lobo (1968, que seul Paul Naschy évoquait, puisque le film n’a jamais pu être retrouvé) et Dracula contre FrankensteinLos Monstruos del terror (1970). Rétrospectivement, La Furie des vampires est encore considéré comme l’un des meilleurs opus de cette « saga ». Il est réalisé par l’argentin León Klimovsky (1906-1996), qui signera aussi l’épisode suivant (Dr. Jekyll y el Hombre Lobo), metteur en scène de quelques westerns (Le Colt du révérend avec Guy Madison, Quelques dollars pour Django avec Anthony Steffen), qui s’essaye au film d’épouvante dans cette production germano-espagnole. Paul Naschy y reprend donc son rôle le plus emblématique et cosigne aussi le scénario, comme sur le précédent. On reprend là où les choses s’étaient arrêtées (ce qui ne sera pas toujours le cas), mais cela ne perturbera pas trop les spectateurs qui ne sauraient pas ce qui s’est déroulé juste avant. La Furie des vampires peut se voir indépendamment et demeure un formidable spectacle, solidement interprété par un Paul Naschy (bien grimé) très impliqué et souvent ponctué par d’étonnantes idées formelles, malgré un manque de moyens qui se fait ressentir. Mais cela contribue au charme qui se dégage encore et toujours de ce film d’exploitation fait avec le coeur (sans pieu qui le traverse) par un des plus grands représentants européens du genre.

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Test Blu-ray / La Femme à abattre, réalisé par Bretaigne Windust & Raoul Walsh

LA FEMME À ABATTRE (The Enforcer) réalisé par Bretaigne Windust & Raoul Walsh, disponible en Blu-ray le 17 septembre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Humphrey Bogart, Zero Mostel, Ted De Corsia, Everett Sloane, Roy Roberts, Michael Tolan, King Donovan, Bob Steele…

Scénario : Martin Rackin

Photographie : Robert Burks

Musique : David Buttolph

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Le gangster qui avait accepté de témoigner contre le chef d’une redoutable organisation criminelle se tue accidentellement. Le procureur Martin Ferguson perd son témoin clé et doit repartir à zéro. Il a peu de temps pour éviter que le suspect ne ressorte libre du tribunal.

Le générique indique que La Femme à abattreThe Enforcer a été réalisé par Bretaigne Windust (1906-1960). En réalité, Raoul Walsh (1887-1980) a été appelé à la rescousse pour reprendre le film en main, remplaçant au pied levé son confrère tombé gravement malade. Une autre raison serait que la Warner, s’étant rendu compte aux rushes de la mauvaise direction d’acteurs de Windust, aurait appelé le sieur Walsh afin de sauver l’entreprise. La Femme à abattre demeure un thriller moderne et implacable (la tension de L’enfer est à lui n’est pas loin), inspiré d’un fait divers réel survenu au début des années 40. Si le film est en effet signé Bretaigne Windust, cinéaste habituellement rodé à la comédie et au mélodrame, le film est marqué à chaque plan de l’inimitable griffe de Raoul Walsh. Porté par un immense Humphrey Bogart, qui allait être récompensé par l’Oscar du meilleur acteur l’année suivante pour The African Queen, La Femme à abattre est un pola remarquablement emballé, complexe avec ses plusieurs flashbacks imbriqués, virtuose, passionnant de la première à la dernière image (le final est anthologique), violent et rythmé. N’oublions pas la sublime photo contrastée signée Robert Burks (La Mort aux trousses, Sueurs froides, Les Tueurs de San Francisco) et la composition de David Buttolph qui contribuent à faire de ce film noir un grand spectacle.

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Test Blu-ray / Second Life, réalisé par Park Yeong-Joo

SECOND LIFE (Seonheewa seulgi) réalisé par Park Yeong-Joo, disponible en Blu-ray le 30 juillet 2025 chez Badlands.

Acteurs : Jeong Da-eun, Park Soo-Yeon, Yoon Gai, Jeon Gook-Hyang, Jang Hye-Jin…

Scénario : Park Yeong-Joo

Photographie : Hwang Gyeong-Hyeon

Musique : Chung Yea-Kyung

Durée : 1h10

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Délaissée par ses parents fortunés et ignorée par ses camarades de classe, Sun-hee, une lycéenne mal dans sa peau, ment pour attirer l’attention de son entourage. Un engrenage tragique la poussera à fuguer avec l’espoir de mener une nouvelle vie plus sereine. Mais peut-on vraiment s’affranchir de son passé ?

Nous partons aujourd’hui en Corée du sud, à la découverte du premier long-métrage réalisé par Park Yeong-Joo, cinéaste née en 1985, dont il s’agit du film de fin d’études. Un superbe drame à la durée resserrée sur 70 minutes, qui dresse à la fois le portrait d’une adolescente solitaire, ainsi qu’en filigrane celui de la société sud coréenne, qui réduit les individus, adultes comme lycéens et étudiants, à servir la nation, en passant le maximum de leur existence au travail. Mais avant tout, Second Life est une expérience de cinéma, sensorielle, qui accroche le spectateur de la première à la dernière image. Magnifiquement photographié, le film de Park Yeong-Joo est comme son titre international l’indique, une œuvre sur le rachat, sur la recherche de soi, sur la quête d’identité, sujets récurrents dans le septième art coréen, surtout chez les réalisatrices, depuis les années 2010. Une formidable et magistrale découverte.

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