Test Blu-ray / Les Cavaliers, réalisé par John Ford

LES CAVALIERS (The Horse Soldiers) réalisé par John Ford, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livre depuis le 6 novembre 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : John Wayne, William Holden, Constance Towers, Althea Gibson, Judson Pratt, Hoot Gibson, Ken Curtis, Willis Bouchey…

Scénario : John Lee Mahin & Martin Rackin, d’après le roman de Harold Sinclair

Photographie : William H. Clothier

Musique : David Buttolph

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Durant la guerre de Sécession, un détachement de cavalerie nordiste, sous les ordres du colonel Marlowe, est envoyé derrière les lignes ennemies, pour détruire les voies de chemin de fer. À ses côtés, le major Kendall. Les deux hommes, que tout oppose, sont contraints d’emmener avec eux Hannah Hunter, une aristocrate sudiste.

S’il n’est indubitablement pas le film le plus célèbre de John Ford, et pour cela dresser une liste serait sans doute non exhaustif, Les CavaliersThe Horse Soldiers restera toujours l’un de ceux que la critique et les spectateurs n’ont eu de cesse de réhabiliter. Oeuvre « malade », dans le sens où le cinéaste entreprit le film avec un scénario qu’il jugeait mauvais, voire inachevé, Les Cavaliers marque le retour au western de John Ford, genre qu’il avait « mis de côté » depuis trois ans et quatre films emballés depuis La Prisonnière du désert The Searchers. Juste après l’extraordinaire La Dernière fanfareThe Last Hurrah, son film le plus personnel (c’est dire son importance), le cinéaste retrouve John Wayne, qui de son côté paraît plus préoccupé par Alamo, qu’il s’apprête à produire, à réaliser et à interpréter. La star du western sort de Rio Bravo de Howard Hawks, alors tout va pour le mieux pour lui. Si John Ford accepte de récupérer Les Cavaliers, c’est que ce projet lui permet d’aborder frontalement un des sujets qui le passionnent le plus, la guerre de Sécession. Son expertise ne sera donc pas de trop, surtout pour rattraper l’écriture de John Lee Mahin (Le Grand Sam, Dieu seul le sait, Quo Vadis) et Martin Rackin (Les Aventures du Capitaine Wyatt, Violence à Jericho), également producteurs, basé sur un roman de Harold Sinclair, dont le travail restera vilipendé par le réalisateur. Bien sûr, Les Cavaliers ne saurait rivaliser avec les monuments de John Ford, d’autant plus que le western qui le liera à nouveau avec John Wayne sera L’Homme qui tua Liberty ValanceThe Man Who Shot Liberty Valance, néanmoins le divertissement est intact et total, tandis que le tandem John Wayne-William Holden crève l’écran.

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Test Blu-ray / Le Marchand de Venise, réalisé par Michael Radford

LE MARCHAND DE VENISE (The Merchant of Venice) réalisé par Michael Radford, disponible en DVD et Blu-ray le 19 mars 2025 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Al Pacino, Jeremy Irons, Joseph Fiennes, Lynn Collins, Zuleikha Robinson, Kris Marshall, Charlie Cox, Heather Goldenhersh…

Scénario : Michael Radford, d’après la pièce de William Shakespeare

Photographie : Benoît Delhomme

Musique : Jocelyn Pook

Durée : 2h11

Date de diffusion initiale : 2004

LE FILM

Venise 1596. Afin de courtiser la belle Portia, Bassanio demande à son ami Antonio, un talentueux marchand, de lui prêter une forte somme. Contraint d’emprunter l’argent à l’usurier juif Shylock, Antonio promet de lui donner une livre de sa chair s’il ne peut rembourser le prêt à la date convenue.

Ceux qui ont eu la bonne idée de lire l’autobiographie d’Al Pacino intitulé Sonny Boy (Paris, éditions du Seuil, 2024), savent à quel point l’oeuvre de William Sheakespeare a été importante dans la vie du comédien né en 1940 et ce depuis ses débuts. En 1977, il joue Richard III au théâtre, puis Jules César, également sur les planches, avant de passer derrière la caméra pour réaliser et jouer dans Looking for Richard (1996), un documentaire sur la pièce Richard III, mi-adaptation, mi-documentaire sur le tournage de la pièce dans le film. Les années 2000 sont rétrospectivement les pires pour Al Pacino. Quelques titres ? Amours troubles Gigli de Martin Brest, 88 Minutes et La Loi et l’OrdreRighteous Kill de Jon Avnet…on va arrêter là. Certains évoqueront Memento de Christopher Nolan, mais non, cela reste un mauvais remake du film éponyme d’Erik Skjoldbjærg, qui ne vaut que pour la confrontation Pacino/Williams. C’est alors que débarque Le Marchand de VeniseThe Merchant of Venice, tourné entre La Recrue – The Recruit de Roger Donaldson  et Two for the Money de D. J. Caruso, un projet très personnel pour la star, dans lequel il tient le rôle de Shylock. Si la presse sera positive, le film se fera discret dans les salles, au point qu’il ne parviendra même pas en France autrement qu’en DVD en 2006. Cela est d’autant plus dommage que Le Marchand de Venise demeure le plus grand film d’Al Pacino depuis L’Enfer du dimancheAny Given Sunday d’Oliver Stone et il faudra attendre encore 2019 pour que le comédien retrouve encore de sa superbe dans The Irishman de Martin Scorsese, dans lequel il campe Jimmy Hoffa. Mais là nous en sommes en 2004 et Michael Radford, réalisateur acclamé pour 1984 et Le Facteur Il Postino, s’occupe de l’adaptation de la pièce de Shakespeare. Et c’est une immense réussite, plastique tout d’abord, mais aussi une œuvre passionnante à suivre. Si quelques bémols sont à signaler au niveau de la distribution, nous n’avons d’yeux que pour Al Pacino quand il apparaît à l’écran et ses scènes sont en tout point magistrales, virtuoses, inoubliables. Encore méconnu, même plus de vingt ans après, Le Marchand de Venise plaira sûrement aux passionnés et amateurs de Shakespeare, comme aux néophytes.

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Test Blu-ray / La Pie Voleuse, réalisé par Robert Guédiguian

LA PIE VOLEUSE réalisé par Robert Guédiguian, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Marilou Aussilloux, Grégoire Leprince-Ringuet, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Thorvald Sondergaard, Jacques Boudet…

Scénario : Robert Guédiguian & Serge Valletti

Photographie : Pierre Milon

Musique : Michel Petrossian

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Maria n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s’occupe avec une dévotion extrême… et qui, pour cela, l’adorent… Pourtant une plainte pour abus de faiblesse conduira Maria en garde à vue…

Et c’est reparti ! À peine venions-nous de laisser Robert Guédiguian et sa clique rue d’Aubagne à Marseille dans Et la fête continue !, que nous retrouvons le cinéaste, toujours accompagné d’une partie de sa troupe, à l’Estaque, quartier du 16ème arrondissement situé au nord-ouest de la Cité Phocéenne. Un lieu qui lui tient particulièrement à coeur, qui l’a vu naître, qu’il a souvent filmé par le passé, mais qu’il avait délaissé depuis le magnifique Les Neiges du Kilimandjaro en 2011. Pour son 24ème long-métrage en près de 45 ans de carrière, Robert Guédiguian livre un opus réussi, du moins beaucoup plus que son précédent, quand bien même on pourra lui reprocher de s’adonner un peu trop au romanesque peu crédible en ce qui concerne ses plus jeunes personnages. Le metteur en scène offre à sa muse et épouse Ariane Ascaride, un personnage ambigu, dont les agissements demeurent condamnables, mais qui reste malgré tout attachant. Sans surprise, les meilleures scènes du film restent celles entre cette dernière et Jean-Pierre Darroussin (sa 19ème collaboration avec Robert Guédiguian), dont la simplicité, la complicité, l’alchimie, la tendresse, la chaleur humaine font mouche à tous les coups. La Pie Voleuse ne surprendra personne, en premier lieu les aficionados, mais ce moment suspendu n’a rien de déplaisant et réchauffe les sens.

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Test Blu-ray / Ailleurs, l’herbe est plus verte, réalisé par Stanley Donen

AILLEURS, L’HERBE EST PLUS VERTE (The Grass is Greener) réalisé par Stanley Donen, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Cary Grant, Deborah Kerr, Robert Mitchum, Jean Simmons, Moray Watson…

Scénario : Hugh Williams & Margaret Vyner, d’après leur pièce de théâtre

Photographie : Christopher Challis

Musique : Noel Coward

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Lord et Lady Rhyall ont dû ouvrir au public leur manoir anglais pour arrondir les fins de mois. Ils vivent avec leurs deux enfants dans quelques pièces du château, pendant que les touristes se bousculent dans le reste de l’immense demeure. Lady Rhyall cultive des champignons qu’elle vend au village, et le majordome supplie qu’on le renvoie pour faire des économies. Un jour, un millionnaire américain, Charles Delacro, pousse la porte marquée « privé » et tombe sous le charme de Lady Rhyall. Elle part à Londres, sous couvert d’habiter chez son amie Hattie et vit quelques jours de rêve avec l’Américain. Lord Rhyall n’est pas dupe, mais tient à garder sa femme sans se montrer jaloux. Il organise un week-end au manoir où les quatre protagonistes vont redistribuer les cartes.

C’est toujours un petit jeu sympa entre cinéphiles. Citez au moins cinq films réalisés par Stanley Donen ! Chantons sous la pluie Singin’ in the Rain (1952), oui évidemment. Drôle de frimousse Funny Face (1957), certes, avec Audrey Hepburn ! On continue ? Charade (1953) ! Bravo, ensuite ? Euh…Voyage à deux Two for the Road (1967) ? Évidemment, un de ses plus beaux d’ailleurs ? Et ? Ah oui, ça coince hein ? Pourtant, Stanley Donen aura signé près de trente longs-métrages en 35 ans. Alors, en regardant sa filmographie on peut aussi citer IndiscretIndiscreet (1958) et Arabesque (1966), mais c’est après que cela devient vraiment très difficile. Ailleurs, l’herbe est plus verteThe Grass Is Greener apparaît au mitan de la carrière du cinéaste. Cette troisième collaboration avec Cary Grant, après Embrasse-la pour moiKiss Them for Me (1957), Indiscret (1958) et trois ans avant Charade (1963), demeure étonnamment oubliée et ce malgré son casting quatre étoiles, qui comprend aussi Deborah Kerr, Robert Mitchum et Jean Simmons. Comédie dite de « remariage », Ailleurs, l’herbe est plus verte est une sucrerie acidulée, qui vaut essentiellement pour ses quatre têtes d’affiche prestigieuse, qui se renvoient la balle avec une dextérité forcément virtuose, même si l’histoire n’a il faut bien le dire rien de transcendant. À l’instar d’Indiscret, Stanley Donen reste enfermé dans un théâtre filmé, d’ailleurs le film est la transposition d’une pièce à succès signée Hugh et Margaret Vyner créée à Londres en 1956, et tout cela s’avère quelque peu étouffant, étant donné que l’action est la plupart du temps enfermée dans le manoir des Rhyall. Mais les cinéphiles ne manqueront pas de se pencher sur The Grass Is Greener, car passer 1h40 en compagnie de tels monstres, cela ne se refuse évidemment pas.

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Test Blu-ray / Le Travail c’est la liberté, réalisé par Louis Grospierre

LE TRAVAIL C’EST LA LIBERTÉ réalisé par Louis Grospierre, disponible en Blu-ray le 18 juin 2025 chez Gaumont.

Acteurs : Raymond Devos, Gérard Séty, Sami Frey, Judith Magre, Marguerite Cassan, Jany Clair, Hubert Deschamps, Jacques Dufilho…

Scénario : Louis Grospierre & Jacques Lanzmann, d’après une nouvelle de Françoise Mallet-Joris

Photographie : Marcel Grignon

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

En raison d’une grève des éboueurs, il est fait appel à des détenus pour assurer l’enlèvement des ordures ménagères. Profitant de cette situation inattendue, trois d’entre eux réussissent à fausser compagnie à leurs gardiens.

Voilà en gros l’histoire du Travail c’est la liberté, premier long-métrage du réalisateur et scénariste Louis Grospierre (1927-2020), lauréat du Prix Jean Vigo pour son court-métrage Les Femmes de Stermetz (1958), jusqu’à présent inconnu au bataillon en ce qui nous concerne. « Le travail, c’est la liberté. La liberté, c’est celle des autres. Le travail, c’est celui des autres » disait Boris Vian et dans le film de Louis Grospierre, le boulot va permettre à trois détenus d’aller prendre l’air. Enfin, façon de parler, puisqu’à cause d’une grève nationale des éboueurs, nos trois Pieds Nickelés se retrouvent à ramasser les détritus dans les rues de Paname, sous l’oeil de deux gardiens de la paix qui les suivent à vélo. Évidemment, toute la clique va en profiter pour essayer de se faire la malle ou pour aller retrouver une donzelle, mais rien ne va se passer comme prévu. Il ne faut pas en attendre beaucoup du Travail c’est la liberté, qui vaut essentiellement pour découvrir Raymond Devos, 37 ans, déjà bien installé au music-hall, dans l’une de ses rares apparitions au cinéma.

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Test Blu-ray / À bicyclette!, réalisé par Mathias Mlekuz

À BICYCLETTE ! réalisé par Mathias Mlekuz, disponible en DVD & Blu-ray le 1er juillet 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Mathias Mlekuz, Philippe Rebbot, Josef Mlekuz, Adriane Gradziel, Laurent Jouault, Marziyeh Rezaei…

Scénario : Mathias Mlekuz & Philippe Rebbot

Photographie : Florent Sabatier

Musique : Pascal Lengagne

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Devant des amis en bord d’océan Atlantique, Mathias explique sa démarche, non sans une certaine émotion. Lui et son meilleur ami, Philippe, vont partir à bicyclette faire le trajet qu’avait fait Youri, le fils de Mathias, clown de son état, quelques années plus tôt, et aujourd’hui disparu. Depuis La Rochelle jusqu’à Istanbul, un voyage pour s’apaiser face à un deuil mais aussi pour garder le lien avec le disparu…

On connaissait le comédien Mathias Mlekuz, figure récurrente de la télévision (il campait l’inspecteur Pierre Bourdeau dans la série Nicolas Le Floch) et du cinéma français depuis près de trente ans (Demonlover, Tout pour plaire, Brice de Nice), mais on ne le savait pas réalisateur. Il sort son premier long-métrage en 2020, Mine de rien, avec Arnaud Ducret et Philippe Rebbot, son ami depuis plus de vingt ans, depuis leur rencontre sur le tournage de Nos enfants chéris. Il retrouve ce dernier pour À bicyclette !, son second opus comme metteur en scène, dont l’origine est tragique, puisque ce film est parti du suicide de son fils aîné Youri, 28 ans, parti en 2022 sans laisser un mot quant à la raison de son acte. Soutenu par sa famille et ses proches, Mathias Mlekuz, avec l’aide de Philippe Rebbot, écrit ce qui deviendra À bicyclette !, road-movie à vélo, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire, dans lequel les deux hommes entreprennent de reconstituer le périple de Youri, qui avait relié à vélo la côte Atlantique à la mer Noire. Cette oeuvre fondamentalement cathartique est à la fois grave sur le fond et pourtant lumineuse, portée par deux comédiens exceptionnels, qui apparaissent à la fois dans leur propre rôle, tout en « incarnant » deux types d’âge mûr, qui doivent continuer à aller tout droit, malgré tout. On rit (beaucoup), on pleure (énormément) devant À bicyclette !, d’ores et déjà un de nos coups de coeur de l’année, gratifié d’un grand succès dans les salles, où près de 550.000 spectateurs sont venus applaudir ce merveilleux film, qui fait du bien au coeur et à l’âme.

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Test Blu-ray / Leurs enfants après eux, réalisé par Ludovic & Zoran Boukherma

LEURS ENFANTS APRÈS EUX réalisé par Ludovic & Zoran Boukherma, disponible en DVD & Blu-ray le 14 mai 2025 chez Warner Bros.

Acteurs : Paul Kircher, Angelina Woreth, Sayyid El Alami, Gilles Lellouche, Ludivine Sagnier, Louise Lehry, Louis Memmi…

Scénario : Ludovic & Zoran Boukherma, d’après le roman de Nicolas Mathieu

Photographie : Augustin Barbaroux

Musique : Amaury Chabauty

Durée : 2h20

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Août 92. Une vallée perdue dans l’Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus. Anthony, quatorze ans, s’ennuie ferme. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule.

Elle est là l’adaptation du roman de Nicolas Mathieu, paru en 2018, récompensé par le prix Goncourt, traduit en une vingtaine de langues et vendu à près d’un demi-million d’exemplaires. Autant dire que les producteurs n’ont pas attendu longtemps pour envisager cette transposition et c’est finalement les frères (jumeaux) Boukherma, Ludovic et Zoran, découverts en 2020 avec Teddy, suivi de L’Année du requin deux ans plus tard, qui décrochent la timbale. Gilles Lellouche avait sérieusement été envisagé derrière la caméra, avant que celui décide finalement de se consacrer à L’Amour ouf, aussi produit par Alain Attal et Hugo Sélignac. Résultat des courses, malgré un budget confortable de 12 millions d’euros, d’un casting soigné et une apparente fidélité au livre d’origine, cela n’a pas pris auprès du public, puisque seulement 315.000 spectateurs auront eu la curiosité d’aller découvrir cette mouture cinématographique d’un des plus grands succès en librairie de ces dernières années dans nos contrées. Si l’entreprise ne manquait pas d’ambitions, les producteurs ayant même déclaré à Variety en 2023 que ce qui avait plu à Nicolas Mathieu dans la proposition d’adapter son roman était de faire un film « dans la veine du cinéma de Paul Thomas Anderson et Martin Scorsese », rien ne fonctionne à l’écran. Illustration pâle, pour ne pas dire sans âme, à laquelle n’a d’ailleurs pas participé l’auteur (et cela se voit), Leurs enfants après eux version « film » ne donnera sûrement pas envie aux spectateurs de lire le roman si ceux-ci ne l’auraient pas encore découvert, et décevra forcément les autres, qui attendaient, non pas de retrouver les personnages pour lesquels ils s’étaient pris d’affection, ils sont présents, mais plutôt la sève, la moelle politique et sociale qui parcourait chaque page de l’ouvrage. Peut-être est-ce dû à l’âge des réalisateurs, nés en 1992 et qui n’ont qu’une vision d’enfant des années qu’ils dépeignent, ainsi qu’une méconnaissance, non pas des « gens du coin », mais du décor (contrairement à Farid Bentoumi et son formidable Rouge, ou Baptiste Debraux et son premier film Un homme en fuite) dans lequel se déroule l’action (ils viennent du Lot-et-Garonne), toujours est-il que Leurs enfants après eux est un ratage monumental, qui tombe systématiquement dans la vulgarité, le pathos et la beaufitude que Nicolas Mathieu évitait dans son livre. Malgré le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir remporté par Paul Kircher à la Mostra de Venise 2024, l’échec commercial est amplement justifié et compréhensible.

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Test Blu-ray / Darling Chérie, réalisé par John Schlesinger

DARLING CHÉRIE (Darling) réalisé par John Schlesinger, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Julie Christie, Dirk Bogarde, Laurence Harvey, José Luis de Vilallonga, Roland Curram, Basil Henson, Helen Lindsay, Carlo Palmucci…

Scénario : Frederic Raphael

Photographie : Kenneth Higgins

Musique : John Dankworth

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Diana Scott est une « enfant gâtée », consciente de sa beauté. Elle a épousé, jeune, un candide jeune homme mais ce mariage est un échec. Elle devient mannequin, lancée par Robert Gold, un reporter de télévision, qui a quitté sa famille pour elle. Mais Diana abandonne son amant pour un bel homme d’affaires puis pour un prince italien. Elle prend peu à peu conscience du monde artificiel dans lequel elle vit…

Arrêtez les machines ! Et penchez-vous absolument sur Darling, sorti en France sous le titre Darling chérie, troisième long-métrage du réalisateur britannique John Schlesinger (1926-2003). Pourquoi le cinéphile se doit de consacrer deux heures de son temps précieux à ce film ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’une œuvre matricielle, qui annonce toute la comédie anglaise qui explosera dans les années 1990-2000, en particulier Le Journal de Bridget Jones Bridget Jones’s Diary auquel on ne peut s’empêcher de penser. Mais attention, Darling n’a rien d’une gaudriole non plus et demeure une satire sociale grinçante, dans laquelle explose littéralement Julie Christie, tout juste révélée par John Schlesinger dans Billy le menteurBilly Liar et qui retrouve donc le cinéaste pour un rôle qui fera d’elle une star internationale, grâce auquel elle remportera d’ailleurs l’Oscar de la meilleure actrice. Darling est un bonbon acidulé, un plaisir de chaque instant, porté par une actrice flamboyante que l’on ne quitte pas d’une semelle du début à la fin, qui est observée avec l’oeil d’un entomologiste, mais sans aucun jugement, comme un poisson sans cesse à la recherche du bocal qui pourra lui convenir, un temps, avant de jeter son dévolu sur un autre. Immense découverte que Darling, classé dans le top 100 des plus grands films britanniques du XXe siècle par le British Film Institute.

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Test Blu-ray / Le Fils de Géronimo, réalisé par George Marshall

LE FILS DE GÉRONIMO (The Savage) réalisé par George Marshall, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 6 juin 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Susan Morrow, Peter Hansen, Joan Taylor, Richard Rober, Don Porter, Ted de Corsia, Ian MacDonald…

Scénario : Sydney Boehm, d’après le roman de L.L. Foreman

Photographie : John F. Seitz

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Après l’attaque d’une caravane par les Peaux-Rouges, Jim, un jeune garçon, est le seul survivant. Recueilli par le chef Géronimo, il grandit parmi la tribu et devient Cœur Vaillant. Tiraillé entre sa culture natale et celle qu’il connaît à présent, il doit choisir son camp quand survient la guerre entre les deux peuples.

Rétrospectivement, Le Fils de Géronimo The Savage est le premier western interprété par Charlton Heston, qui sort aux États-Unis quelques mois après le triomphe international de Sous le plus grand chapiteau du mondeThe Greatest Show on Earth de Cecil B. DeMille. La carrière du comédien vient à peine de démarrer au cinéma, que le succès est déjà là, alors qu’il n’a même pas trente ans. On pouvait craindre le « pire » en apprenant que Charlton Heston campait le rôle-titre (français) de ce western, mais c’était sans connaître l’histoire du film. Le Fils de Géronimo est d’ailleurs réalisé par George Marshall (1891-1975), signe de qualité, dont nous avons déjà parlé à maintes reprises (Houdini le grand magicien, Le Fort de la dernière chance, Texas, Les Piliers du ciel). Metteur en scène spécialisé dans le genre (La Conquête de l’Ouest, Le Tueur qui murmure, La Vallée de la poudre, Le Nettoyeur, Le Sang de la terre), il démarre sa carrière au temps du muet, dont il conservera la science du cadre et du montage, qui devaient souvent exprimer ce que la parole ne pouvait alors faire, soutenant par exemple les gags de Laurel et Hardy, avec lesquels il a collaboré à plusieurs reprises. Le Fils de Géronimo rend compte du savoir-faire technique de George Marshall, qui comme Richard Fleischer ou Robert Wise, passait allègrement d’un genre à l’autre et multipliait les projets avec différents studios, qui se disputaient sa rigueur. The Savage est un western au message pro-indien qui sort en 1952, la même année que La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks, deux ans après La Flèche brisée de Delmer Daves et La Porte du diable d’Anthony Mann, sachant que la condition des Indiens avait déjà inspiré d’autres opus et ce dès les années 1910. Divertissement élégant, faisant la part belle à l’action, sans jamais oublier l’émotion, notamment à travers le dilemme rencontré par Jim Aher aka Coeur Vaillant, Le Fils de Géronimo demeure un spectacle rondement mené, sans aucun temps mort et très beau à regarder.

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Test Blu-ray / Les Fuyards du Zahrain, réalisé par Ronald Neame

LES FUYARDS DU ZAHRAIN (Escape from Zahrain) réalisé par Ronald Neame, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 juillet 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Yul Brynner, Sal Mineo, Jack Warden, Madlyn Rhue, Anthony Caruso, Leonard Strong, Jay Novello…

Scénario : Robin Estridge, d’après le roman de Michael Barrett

Photographie : Ellsworth Fredericks

Musique : Lyn Murray

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Dans une dictature du Moyen-Orient, un leader politique est libéré par de jeunes partisans qui décident de traverser le désert pour rejoindre un pays voisin. Le voyage s’annonce périlleux…

Il y a des films dont on aurait ignoré l’existence, s’il n’y avait pas eu le travail acharné de certains éditeurs, qui résistent encore et toujours pour nous faire découvrir quelques pépites complètement oubliées. C’est le cas des Fuyards du ZahrainEscape From Zahrain, sorti en 1962 qui vaut assurément le coup d’oeil et ce pour plusieurs raisons. D’une part, le film est réalisé par Ronald Neame (1911-2010), ancien scénariste et producteur de David Lean (Heureux Mortels, Brève rencontre, Les Grandes espérances) et même parfois directeur de la photographie, entré dans l’histoire du cinéma avec L’Aventure du Poséidon (1972), encore aujourd’hui LA référence du film catastrophe, d’autre part pour son casting mené par un Yul Brynner, tout juste consacré star internationale après le triomphe des Sept Mercenaires de John Sturges. Non seulement cela, Les Fuyards du Zahrain s’avère un road-movie rempli de rebondissements, mené sans temps mort, qui réserve de nombreuses surprises (y compris l’apparition non créditée d’un monstre du septième art…), qui rappelle parfois furieusement Le Désert de la peurIce Cold in Alex (1958) de J. Lee Thompson…

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