Test Blu-ray / Pour l’exemple, réalisé par Joseph Losey

POUR L’EXEMPLE (King & Country) réalisé par Joseph Losey, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 avril 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Dirk Bogarde, Tom Coutenay, Leo McKern, Barry Foster, Peter Copley, James Villiers, Jeremy Spenser, Barry Justice…

Scénario : Evan Jones, d’après la pièce de John Wilson

Photographie : Denys N. Coop

Musique : Larry Adler

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

En 1917, le soldat Hamp est traduit en cour martiale pour avoir déserté le front pendant quelques heures. Son avocat, l’éloquent capitaine Hargreaves, tente d’enrayer la terrible mécanique d’une justice militaire décidée à faire, de ce cas, un exemple…

On n’a pas le temps de faire ça dans les règles !

La filmographie de Joseph Losey (1909-1984) est sans doute l’une des plus passionnantes de l’histoire du cinéma. Les éditeurs français ont très souvent mis en avant ses longs-métrages, ses plus célèbres (Le Messager, Mr Klein, Accident, Cérémonie secrète, Eva, Le Rôdeur, The Servant) comme les plus méconnus (L’Assassinat de Trotsky, La Bête s’éveille, The Criminal, Les Damnés) et on en oublie forcément. Pour l’exempleKing & Country fait assurément partie de la seconde catégorie et ce malgré la présence au générique de Dirk Bogarde, avec lequel le cinéaste tournera à cinq reprises. Ce film de guerre et de procès sort un an après The Servant, qui avait été un immense succès et valu le BAFTA au comédien. Une décennie après leur première association, le tandem Losey-Bogarde se réunit pour un drame intimiste, confidentiel on pourrait dire, inspiré par la pièce de théâtre Hamp, écrite par John Wilson, que le réalisateur ne trouvait pas bonne d’ailleurs, qui était elle-même tirée d’une nouvelle de James L. Hodson. C’est Evan Jones, qui avait déjà bossé avec Joseph Losey sur Eva et Les Damnés, qui se charge de cette transposition au cinéma et l’on y retrouve la rigueur, ainsi que la sécheresse qui marqueront plus tard son scénario de Réveil dans la terreurWake in Fright (1971) de Ted Kotcheff. Sous son aspect austère, Joseph Losey enferme ses personnages et donc le public dans les tranchées, les englue dans la boue, au milieu des rats et sous la pluie diluvienne, pour évoquer non seulement l’enfer dans lequel sont plongés les soldats au quotidien, mais aussi dans celui que vit le personnage merveilleusement incarné par Tom Courtenay. Pour l’exemple est un modèle de tous les instants, une leçon de montage, d’interprétation, d’écriture (certaines répliques annoncent même le premier épisode de Rambo) de mise en scène (virtuose), de concision. On en ressort exténué, mais aussi bouleversé, scandalisé par ce qui s’est joué. La force de l’histoire n’est pas sans annoncer celle d’Outrages Casualties of War (1989) et Redacted (2009) de Brian De Palma. C’est dire le caractère indispensable de ce chef d’oeuvre humaniste et antimilitariste.

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Test Blu-ray / Azrael, l’ange de la mort, réalisé par E.L. Katz

AZRAEL, L’ANGE DE LA MORT (Azrael) réalisé par E.L. Katz, disponible en DVD & Blu-ray le 11 avril 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Vic Carmen Sonne, Samara Weaving, Nathan Stewart-Jarrett, Johhan Rosenberg, Eero Milonoff, Sebastian Bull, Rea Lest, Phong Giang…

Scénario : Simon Barrett

Photographie : Mart Taniel

Musique : Tóti Guðnason

Durée : 2h25

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Dans un monde où personne ne parle. Une communauté dévote traque une jeune femme, Azrael, qui s’est échappée de son emprisonnement. Recapturée, elle doit être sacrifiée pour lutter contre un esprit malveillant.

On avait entendu et lu de très mauvaises critiques d’Azrael, l’ange de la mort ou tout simplement Azrael en version originale, réalisé par E.L. Katz, à qui l’on devait le fort sympathique Cheap Thrills. À l’arrivée, ce film d’horreur et survival s’avère une sympathique surprise, remarquablement photographié par Mart Taniel, chef opérateur remarqué pour son boulot sur Le Capitaine Volkonogov s’est échappé de Natasha Merkulova et Aleksey Chupov. Certes, celles et ceux qui attendent un récit explicite ou même avec un véritable dénouement risquent de tiquer, mais les autres, qui comme nous se prendront au jeu, ne seront pas déçus, tant Azrael contient son lot d’émotions fortes et de séquences gores. Le film repose essentiellement sur les belles épaules de Samara Weaving, vue dans la série Ash vs Evil Dead, The Babysitter sur Netflix et au cinéma dans Babylon de Damien Chazelle, Wedding Nightmare de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, Billboards – Les panneaux de la vengeance de Martin McDonagh et dernièrement dans le sixième opus de la saga Scream. L’actrice, de toutes les scènes, voire de tous les plans, signe une formidable prestation, entièrement muette qui plus est (un seul acteur a une réplique, en esperanto non sous-titré), et rejoint le rang des action women du cinéma. Azrael, ne cherchez pas, Gargamel ne fera pas un cameo, est un spectacle soigné, prenant, très beau à regarder, une véritable expérience.

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Test Blu-ray / Body Trash, réalisé par Philip Brophy

BODY TRASH (Body Melt) réalisé par Philip Brophy, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 16 mai 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Gerard Kennedy, Andrew Daddo, Ian Smith, Vince Gil, Regina Gaigalas, Neil Foley, Anthea Davis, Matthew Newton…

Scénario : Philip Brophy & Rob Bishop

Photographie : Ray Argall

Musique : Philip Brophy

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Une nouvelle vitamine est testée en secret sur les habitants d’une petite ville australienne, alors que jusqu’ici, tous les essais se sont révélés mortels. Un homme ayant participé aux précédents tests tente de donner l’alerte, mais, contaminé, il décède dans des circonstances atroces. Deux policiers mènent l’enquête, tandis que mutations, effets secondaires violents et hallucinations se multiplient dans la population.

Nous sommes ici clairement entre Street Trash (1987) de Jim Muro et Re-Animator (1985) de Stuart Gordon, un body-horror passé à la sauce Vegemite, vous savez cette pâte à tartiner noire étrange venue du pays des kangourous ! Body Trash, ou Body melt en version originale, est le premier et à ce jour le seul long-métrage de Philip Brophy, touche-à-tout en musique et en cinéma, qui après un court (No Dance, 1985) et un moyen-métrage (Salt, Saliva, Sperm and Sweat, 1988), décide de se lancer dans le grand format, histoire de régler quelques comptes avec sa contrée. C’est peu dire que tout le monde en prend plein la tronche dans cet opus d’horreur décomplexé et bourré d’inventions, qui peine cependant à maintenir l’intérêt du spectateur en raison d’un rythme et d’un scénario bien trop décousus. Heureusement, quelques séquences gores bien senties viennent redynamiser un peu l’ensemble, mais en dépit d’une durée ramassée de 79 minutes, l’ennui peut s’installer à plusieurs reprises. Si Body Trash est culte pour de nombreux spectateurs amateurs du genre, il est moins sûr qu’il fasse de nouveaux adeptes aujourd’hui…

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Test Blu-ray / Meurtres à la St-Valentin, réalisé par George Mihalka

MEURTRES À LA ST-VALENTIN (My Bloody Valentine) réalisé par George Mihalka, disponible en DVD & Combo Blu-ray + Blu-ray + DVD le 25 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Paul Kelman, Lori Hallier, Neil Affleck, Keith Knight, Alf Humphreys, Cynthia Dale, Helene Udy, Rob Stein…

Scénario : John Beaird, d’après une histoire originale de Stephen A. Miller

Photographie : Rodney Gibbons

Musique : Paul Zaza

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Dans la ville minière de Valentine’s Bluff, une légende populaire vieille de plusieurs décennies concernant un meurtrier tuant ceux qui célèbrent la Saint-Valentin, s’avère fidèle à sa réputation lorsqu’un groupe de jeunes la défie. Les habitants suspectent alors Harry Warden, ancien mineur interné. Celui-ci avait assassiné ceux qu’il considérait responsable de son état. Des années plus tard, les meurtres ont repris !

C’est une référence, une vraie, un slasher qui a su devenir un grand classique, ce qui n’était pas chose aisée compte tenu de la quantité phénoménale de films du même genre qui sortaient alors au même moment. Meurtres à la St-Valentin échappe au tout-venant en raison de sa distribution soignée, mais aussi et avant tout grâce à sa mise en scène inventive et son cadre dépaysant. Bien meilleur que son remake du même nom, réalisé par Patrick Lussier (responsable du Hell Driver avec Nicolas Cage) et sorti en 3D en 2009, My Bloody Valentine suit un cahier des charges bien établi en cette belle année 1981 et intervient après Black Christmas, Halloween : La Nuit des masques, Terreur sur la ligne, Vendredi 13, Le Bal de l’horreur, Le Monstre du train. Il parvient à se démarquer avec beaucoup d’ingéniosité, ne serait-ce qu’au niveau du passage de vie à trépas des nombreuses victimes, égrenées tout au long de ces formidables 90 minutes. Non seulement ça, Meurtres à la St Valentin est un film qui a de la gueule et le dernier tiers se déroulant quasiment exclusivement dans les couloirs labyrinthiques d’une mine, prend aux tripes (explosées par une pioche), pour ne plus les lâcher jusqu’au dénouement, qui appelait une suite…qui n’est jamais venue.

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Test Blu-ray / Nevada Smith, réalisé par Henry Hathaway

NEVADA SMITH réalisé par Henry Hathaway, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD + Livre depuis le 12 septembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Steve McQueen, Karl Malden, Brian Keith, Arthur Kennedy, Suzanne Pleshette, Raf Vallone, Martin Landau, Janet Margolin…

Scénario : John Michael Hayes, d’après le roman de Harold Robbins « The Carpetbaggers »

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Alfred Newman

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Le jeune cow-boy Max Sand est sur les traces des meurtriers de ses parents. Entraîné par Jonas Cord, un marchand d’armes, il devient un tireur aguerri et manie avec précision le Colt. Après plusieurs années de recherches, sous le nom de Nevada Smith, il va traquer chacun de ces trois malfrats dans les villes, les saloons et même en prison. Sans scrupule pour personne, Max est déterminé à assouvir sa vengeance.

Henry Hathaway (1898-1985). Un nom qui aujourd’hui encore plaît aux cinéphiles quand on l’évoque. Quelques titres viennent immédiatement en tête. True Grit 100 dollars pour un shérif (1969), qui valut à John Wayne le seul Oscar de sa carrière, Les 4 fils de Katie ElderThe Sons of Katie Elder (1965), Le Plus grand cirque du monde Circus World (1964), Niagara (1953), qui a participé au mythe Marilyn, L’Attaque de la malle-poste Rawhide (1951), Le Carrefour de la mort Kiss of Death (1947) et tant d’autres. Prolifique et éclectique, Henry Hathaway demeure toutefois célèbre pour ses westerns, genre dans lequel il s’est particulièrement épanoui et où il a pu imposer sa griffe, malgré la pression des studios. S’il a longtemps été considéré comme un simple « Yes Man », le cinéaste avait des préoccupations personnelles et le sujet de la violence est récurrent dans son œuvre. Nevada Smith est l’un de ses derniers films, mais reste furieusement moderne, non seulement dans ses thèmes, mais aussi dans son traitement. Certes, il faut accepter d’emblée que Steve McQueen interprète un « jeune » métis, alors qu’il est un blond aux yeux bleus de 35 ans, et que l’actrice qui incarne sa mère Kiowa paraît être sa petite sœur, mais peu importe finalement, car Henry Hathaway accroche le spectateur dès la première scène, très brutale, celle de l’assassinat des parents de Max Sand, qui prendra plus tard le pseudo de Nevada Smith, afin de ne pas être reconnu dans sa quête de vengeance. Magistralement mis en scène par le vétéran Hathaway, qui approchait les 70 piges, tourné entre la Californie, la Louisiane et l’Arizona, Nevada Smith est incontestablement l’un des meilleurs opus du réalisateur. On ose ? C’est même l’un de ses chefs d’oeuvres.

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Test Blu-ray / Quand le clairon sonnera, réalisé par Frank Lloyd

QUAND LE CLAIRON SONNERA (The Last Command) réalisé par Frank Lloyd, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 13 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Sterling Hayden, Anna Maria Alberghetti, Richard Carlson, Arthur Hunnicutt, Ernest Borgnine, J. Carrol Naish, Ben Cooper, John Russell…

Scénario : Warren Duff, d’après une histoire originale de Sy Bartlett

Photographie : Jack A. Marta

Musique : Max Steiner

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

1836. Guerre d’indépendance du Texas. Le pionnier Jim Bowie, citoyen mexicain, plaide en faveur des rebelles auprès des autorités mexicaines. Devant l’arrogance du Général Santa Anna, qui dirige le Mexique, Bowie se range du côté des rebelles texans. Ceux-ci lui demandent de les mener jusqu’à Alamo, face aux forces supérieures en nombre de Santa Anna.

Moui…pour une fois, nous aurons peu de choses à dire sur Quand le clairon sonnera The Last Command, western réalisé par Frank Lloyd (1886-1960) et sorti sur les écrans américains en 1955. Cinéaste aujourd’hui complètement oublié des amateurs de septième art, Frank Lloyd était avant tout comédien à l’époque du muet, avant de devenir scénariste, producteur, puis metteur en scène. Particulièrement prolifique avec près de 150 films, courts et longs-métrages confondus, Frank Lloyd devait terminer sa longue carrière en 1955 avec Quand le clairon sonnera. L’auteur de Howard le révolté The Howards of Virginia (1940) avec Cary Grant et surtout des Révoltés du Bounty Mutiny on the Bounty (1935), porté par Charles Laughton et Clark Gable, signe une honnête vision du légendaire siège de Fort Alamo, en se focalisant sur la figure historique de James Bowie, pionnier et soldat américain, un des grands acteurs de la révolution texane. Déjà incarné au cinéma par Alan Ladd dans La Maîtresse de fer The Iron Mistress (1952), emballé par le même Gordon Douglas, et par Stuart Randall dans Le Déserteur de Fort Alamo The Man from the Alamo (1953) de Budd Boetticher, Jim Bowie est ici interprété par Sterling Hayden, alors au top de sa popularité, tournant parfois jusqu’à six films par an. S’il ressemble à James Bowie de façon troublante, on ne peut pas dire que le comédien soit convaincant. Rigide, froid, comme s’il était ailleurs, sans doute ralenti par l’alcool, Sterling Hayden traverse l’histoire avec la même expression figée, en prenant la pose. Heureusement, il est très bien entouré et la mise en scène est suffisamment dynamique pour emmener le spectateur jusqu’à l’assaut final, qui vaut sacrément le détour.

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Test Blu-ray / Chuka le redoutable, réalisé par Gordon Douglas

CHUKA LE REDOUTABLE (Chuka) réalisé par Gordon Douglas, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD + Livret le 11 avril 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Rod Taylor, Ernest Borgnine, John Mills, Luciana Paluzzi, James Whitmore, Victoria Vetri, Louis Hayward, Michael Cole…

Scénario : Richard Jessup, d’après son roman « Chuka »

Photographie : Harold E. Stine

Musique : Leith Stevens

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Retranchés dans un fort de l’armée américaine en territoire Arapaho, l’aventurier Chuka et un groupe composé d’une fine gâchette, d’un conducteur de diligence, de deux femmes mexicaines, dont une, Veronika, lui était fiancée, et d’un ramassis de soldats, sont assiégés par des Indiens en révolte et menacés par la famine qui les décime. Contre monnaie sonnante, Chuka accepte d’aller patrouiller dans les environs.

Gordon Douglas (1907-1993) était ce que certains appellent vulgairement un « faiseur », un « yes man », un réalisateur à la solde des studios, qui passait sans complexe d’un genre à l’autre, en respectant un cahier des charges bien établi, ainsi qu’un budget à ne pas dépasser. Peu de ses films restent en tête ceci dit et ce malgré plus de quarante ans de carrière. On peut tout de même citer Des monstres attaquent la ville Them ! (1954), Appelez-moi monsieur Tibbs They Call Me Mister Tibbs! (1970), suite inattendue de Dans la chaleur de la nuitIn the Heat of the Night (1967) de Norman Jewison, Le Fauve en libertéKiss Tomorrow Goodbye (1950), ses collaborations avec Frank Sinatra (Le Détective, La Femme en ciment, Tony Rome est dangereux,Les 7 voleurs de Chicago), F comme Flint In Like Flint (1967), ainsi que toute une tripotée de westerns, genre dans lequel Gordon Douglas s’est épanoui. La Diligence vers l’Ouest, Rio Conchos, Le Shérif de ces dames, Sur la piste des Comanches, L’Homme du Nevada…autant de titres explicites qui font le bonheur des amateurs de séries B. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est Chuka le redoutable ou tout simplement Chuka en version originale, l’avant-dernier western du cinéaste, son dernier étant Barquero en 1970 avec Lee Van Cleef et Warren Oates. Il offre le premier rôle à l’australien Rod Taylor, comédien atypique, une gueule carrée, des épaules de camionneur, un regard azur qui pouvait être souvent bouleversant. La star des OiseauxThe Birds d’Alfred Hitchcock et de La Machine à explorer le temps The Time Machine de George Pal tient le rôle-titre de Chuka et s’impose royalement dans ce western qui s’avère un huis clos anxiogène, où plane l’ombre de la bataille de Fort Alamo. Incontestablement, il s’agit d’un des meilleurs films de Gordon Douglas, qui envoie du lourd côté affrontements entre les soldats américains et les Indiens, mais qui laisse aussi une belle place à l’émotion, au fur et à mesure que le personnage principal se révèle. Une très belle découverte.

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Test Blu-ray / Les Proscrits du Colorado, réalisé par William Witney

LES PROSCRITS DU COLORADO (The Outcast) réalisé par William Witney, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 11 avril 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : John Derek, Joan Evans, Jim Davis, Catherine McLeod, Ben Cooper, Taylor Holmes, Nana Bryant, Slim Pickens…

Scénario : John K. Butler & Richard Wormser, d’après l’article de Todhunter Ballard

Photographie : Reggie Lanning

Musique : R. Dale Butts

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Ayant été dépossédé de son ranch par son oncle, Jet Cosgrave revient au pays pour récupérer son héritage. Pour préparer sa vengeance, il engage des hommes mais les choses se compliquent lorsqu’il tombe amoureux de la fiancée de son oncle…

Voici typiquement l’exemple parfait de la série B comme on l’aime. Les Proscrits du Colorado The Outcast n’est peut-être qu’une goutte d’eau dans la carrière prolifique de William Witney (1915-2002), cinéaste actif de la fin des années 1930 jusqu’à 1982, oeuvant tout aussi bien à la télévision qu’au cinéma. Comédien, réalisateur de seconde équipe (chez Alfred Hitchcock, Henry Koster, Frank Lloyd), scénariste, monteur, William Witney ne vivait que et à travers la caméra. Si peu de cinéphiles sauront citer ne serait-ce qu’un seul de ses films, beaucoup méritent pourtant le détour à l’instar de 40 fusils manquent à l’appel 40 Guns to Apache Pass (1966) et Représailles en Arizona Arizona Raiders (1965) avec Audie Murphy, et même son adaptation fort sympathique d’un roman de Jules Verne, Le Maître du Monde Master of the World (1961) avec Vincent Price et Charles Bronson. Son nom restera essentiellement lié au western, genre auquel il se consacrera y compris pour la petite lucarne à travers moult séries (The Cowboys, Le Virginien, Hondo, Bonanza, Laredo, Les Mystères de l’Ouest, La Grande caravane…). Mais rien de « télévisuel » dans Les Proscrits du Colorado, dont la mise en scène étonne par sa rigueur, sa sécheresse, sa virtuosité même et ce à de nombreuses reprises. Nous sommes ici dans le haut du panier du film à budget modeste et The Outcast s’avère un remarquable divertissement, mené à cent à l’heure, magistralement interprété et emballé par un artisan chevronné, qui a donné au serial ses lettres de noblesse. Une grande découverte.

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Test Blu-ray / Révolte au Mexique, réalisé par Budd Boetticher

RÉVOLTE AU MEXIQUE (Wings of the Hawk) réalisé par Budd Boetticher, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 6 décembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Van Heflin, Julie Adams, Abbe Lane, George Dolenz, Noah Beery Jr., Rodolfo Acosta, Antonio Moreno, Pedro Gonzalez Gonzalez…

Scénario : James E. Moser & Kay Lenard, d’après le roman de Gerald Drayson Adams

Photographie : Clifford Stine

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

1911, au Mexique. À la suite de la confiscation de sa mine par l’administration, Irish Gallagher, un « gringo », se retrouve impliqué dans la Révolution mexicaine aux côtés de Pascual Orozco.

Parfois, on ne comprend pas pourquoi un film traîne une mauvaise réputation. C’est encore le cas pour Révolte au MexiqueWings of the Hawk, qui certes n’est assurément pas le meilleur film de son réalisateur, le célèbre Budd Boetticher, mais qui n’en reste pas moins un bon spectacle, efficacement mis en scène et très bien interprété par l’un des plus grands comédiens de l’époque, Van Heflin. En 1953, le cinéaste enchaîne les tournages à vitesse grand V, au point de sortir cinq longs-métrages cette année-là. Si L’Expédition du Fort KingSeminole et Le Déserteur de Fort AlamoThe Man from the Alamo et même À l’est de Sumatra East of Sumatra feront plus parler d’eux, Révolte au Mexique rend compte du savoir-faire de Budd Boetticher, qui enchaîne ici – avec un budget limité, mais qui tente de ne rien laisser paraître – les rebondissements pendant 75 minutes, du début à la fin, sans laisser au spectateur le temps de s’ennuyer. Wings of the Hawk est une récréation, un divertissement élégant, rempli d’action, de sentiments et d’humour, qui laisse un joli souvenir.

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Test Blu-ray / Will Penny, le solitaire, réalisé par Tom Gries

WILL PENNY, LE SOLITAIRE (Will Penny) réalisé par Tom Gries, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD + Livre le 15 novembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Joan Hackett, Donald Pleasence, Lee Majors, Bruce Dern, Ben Johnson, Slim Pickens, Clifton James…

Scénario : Tom Gries

Photographie : Lucien Ballard

Musique : David Raksin

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Will Penny, cowboy sur le retour, se voit confier la surveillance d’un troupeau pour l’hiver. En prenant possession de sa hutte, il la trouve occupée par Catherine et Horace, une femme et son jeune fils, abandonnés par leur guide alors qu’ils entendaient rejoindre leur mari et père. Isolés par la neige, ils pensent devoir cohabiter pendant les mois d’hiver. Mais une bande de rôdeurs à la recherche de Will va contrarier l’idylle naissante entre Will et Catherine.

À juste titre, Will Penny, le solitaire, ou tout simplement Will Penny, est l’un des meilleurs westerns américains des années 1960 et par ailleurs le film que Charlton Heston citait comme étant celui qu’il préférait dans son illustre carrière. À la fin des années 1960, le western américain classique est pour ainsi dire mort, l’Italie ayant repris le flambeau en l’arrangeant à sa sauce et en y intégrant entre autres une violence alors retenue par les studios hollywoodiens. Tom Gries (1922-1977) est connu pour son travail de scénariste, touchant à tous les genres et signant moult histoires pour diverses séries B. Essentiellement à la télévision, Tom Gries se spécialise aussi dans le western et commence à passer derrière la caméra sur une quantité astronomique de séries. Désormais âgé de 45 ans, il pense à nouveau au grand écran et envisage de mettre en scène une histoire qu’il a écrite seul, celle de Will Penny, le solitaire, que l’on conseille à Charlton Heston. Celui-ci, emballé, souhaite un réalisateur de renom, mais Tom Gries reste intraitable, s’il vend son scénario à la Paramount, il sera aussi celui aux manettes. La star, alors entre Khartoum de Basil Dearden et La Planète des singes Planet of the Apes de Franklin J. Schaffner, rencontre Tom Gries et se laisse facilement convaincre. Il ne regrettera jamais son choix, citant tout le reste de sa vie que Will Penny, le solitaire restera son film favori. Ce western annonce le Nouvel Hollywood, sur le point de naître, offre à Charlton Heston un de ses plus beaux rôles et plonge le spectateur dans un Ouest Américain authentique, qui sent la crasse, le froid, la sueur, qui n’a rien de glamour ou de romanesque, mais qui broie les êtres et où la loi de la jungle laisse les moins préparés sur le bas-côté. Un chef d’oeuvre.

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