Test DVD / Elsie, monogame en série, réalisé par Christina Zeidler et John Mitchell

ELSIE, MONOGAME EN SERIE (Portrait of a Serial Monogamist) réalisé par John Mitchell et Christina Zeidler, disponible en DVD le 24 février 2017 chez Outplay

Acteurs : Diane Flacks, Carolyn Taylor, Vanessa Dunn, Robin Duke, Gavin Crawford, Sabrina Jalees

Scénario : John Mitchell, Christina Zeidler

Photographie : Celiana Cárdenas

Musique : Don Pyle

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Elsie, la quarantaine, est productrice de télévision dont les relations sont plutôt agitées. Pour elle, les ruptures sont devenues une routine, et trouver une nouvelle petite-amie – et tout de suite ! – est aussi une pratique bien rodée. Elle a enfin une relation sérieuse avec Robyn, jusqu’à ce qu’elle décide encore de rompre. Elle réalise petit à petit qu’elle pourrait avoir quitté le grand amour…

Vous êtes fan de comédies-romantiques, mais vous en avez marre de voir toujours la même histoire ? Ça tombe bien Elsie, monogame en série change de l’ordinaire et pourrait faire votre bonheur. Réalisé par John Mitchell et Christina Zeidler et financé en partie par la communauté lesbienne/queer de Toronto, Portrait of a Serial Monogamist est un premier long métrage qui suit le terrain balisé de la rom-com américaine, sauf que l’on suit le personnage d’Elsie, productrice d’une émission de radio et lesbienne jusqu’alors heureuse en couple avec Robyn. Mais depuis son plus jeune âge, comme nous le montre divers flashbacks désopilants, Elsie n’a qu’une peur, être larguée. Du coup, persuadée que sa compagne souhaite rompre après cinq ans de vie commune, Elsie préfère prendre les devants et rompt de manière maladroite. Elsie, la quarantaine, se retrouve seule, paumée, et va trouver le réconfort auprès de ses copines, tout en se demandant si elle n’a pas agi sur un coup de tête, effrayée à l’idée d’avoir fait déguerpir l’amour de sa vie.

Elsie, monogame en série est tout d’abord l’occasion de découvrir une actrice formidable et pétillante, Diane Flacks, créatrice de la série The Kids in the Hall et comédienne vue dans le superbe Take This Waltz de sa compatriote canadienne Sarah Polley. Elle porte le film sur ses épaules avec un naturel confondant et campe un personnage immédiatement attachant, qui n’est pas sans rappeler celui tenu par Sarah Jessica Parker dans la série Sex and the City, le bling-bling en moins. Drôle, enlevé, le film est également dépaysant puisque l’histoire se situe au sein de la communauté queer de la ville de Toronto. Diane Flacks donne la savoureuse et intelligente réplique à d’autres comédiennes tout aussi excellentes, notamment la divine Vanessa Dunn, Carolyn Taylor et bien d’autres malheureusement inconnues dans nos contrées et que l’on a plaisir à découvrir.

Si le film n’est pas parfait (le personnage qui brise le quatrième mur pour s’adresser directement aux spectateurs est un peu lassant), s’égare parfois et accuse quelques baisses de rythme, notamment quand l’action se focalise sur le travail d’Elsie, la simplicité et la fraîcheur avec lesquelles est jouée cette comédie décalée et dans l’air du temps fait du bien et saura toucher tous les spectateurs qui voudront bien accorder 80 minutes de leur temps à Elsie et ses déboires sentimentaux.

LE DVD

Le DVD d’Elsie, monogame en série, disponible chez Outplay, repose dans un boîtier classique avec une jaquette au visuel attractif. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur n’est pas venu les mains vides et même si la durée de chaque supplément n’excède pas 4 minutes.

Quelques séquences coupées sont proposées, tout comme un petit bêtisier peu drôle, une séquence issue des répétitions entre Diane Flacks et Vanessa Dunn, ainsi qu’une vidéo promotionnelle réalisée par certaines comédiennes pour récolter des fonds pour le film.

L’Image et le son

Elsie, monogame en série débarque en DVD dans un format 1.77 (16/9 compatible 4/3). Le transfert est classique, clair, les contrastes soignés. La définition n’est certes pas optimale avec un piqué sans doute trop lisse à notre goût, mais le confort de visionnage est suffisamment assuré.

Elsie, monogame en série n’est pas un film à effets et le mixage anglais Dolby Digital 5.1 ne fait pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est souvent canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne systématiquement d’ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la musique du film, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes. Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, et le caisson de basses libère quelques vibrations bien senties aux moments opportuns. La piste Stéréo est également de fort bon acabit et les sous-titres français non verrouillés. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Outplay / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Chien des Baskerville, réalisé par Terence Fisher

LE CHIEN DES BASKERVILLE (The Hound of the Baskervilles) réalisé par Terence Fisher, disponible en DVD et Blu-ray le 6 décembre 2016 chez The Corporation

Acteurs : Peter Cushing, André Morell, Christopher Lee, Maria Landi, David Oxley

Scénario : Peter Bryan d’après le roman de Sir Arthur Conan Doyle

Photographie : Jack Asher

Musique : James Bernard

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

S’élevant dans les brouillards de Darmootor, Baskerville Hall se dresse fièrement dans les ténèbres. Son occupant, Charles Baskerville est retrouvé mort sur la lande sauvage dans de mystérieuses circonstances. Sir Charles aurait pu être la victime de la soi-disant « malédiction des Baskerville » selon laquelle une bête mortelle erre dans la campagne environnante. Imperturbable face à cette légende, l’héritier Sir Henry Baskerville décide d’accepter la succession de la famille, sous l’égide du célèbre détective Sherlock Holmes et de son associé le Dr Watson…

Apparu en 1887 dans le roman Une étude en rouge, le personnage de Sherlock Holmes a été le héros de 4 romans et 56 nouvelles signés Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930). Ce dernier a également mis en scène son héros dans 3 pièces de théâtre et 2 textes parodiques.

Le Chien des Baskerville est un roman publié dans le Strand Magazine en 1901 et 1902. Pourtant, Sherlock Holmes était mort dix ans plus tôt dans la nouvelle Le Dernier problème (recueil Les Mémoires de Sherlock Holmes). Mais Sir Arthur Conan Doyle cédera aux pressions de ses lecteurs et lui rendra la vie avec cette enquête, devenue la plus célèbre qu’il ait écrite.

Le roman ne s’inscrit pas dans la chronologie des aventures de Holmes, et ne fait aucune référence à la mort supposée du détective. Les lecteurs devront attendre 1903 et la parution de la nouvelle La Maison vide (recueil Le Retour de Sherlock Holmes) pour avoir l’explication de la fausse mort de leur héros.

Le Chien des Baskerville est sans doute l’aventure de Sherlock Holmes qui a connu le plus grand nombre d’adaptations, 9 pour le cinéma (entre 1914 et 1978), 13 pour la télévision (entre 1955 et 2011), sans compter celles réalisées pour la radio, les bandes dessinées et les pièces de théâtre ! L’adaptation qui nous intéresse est mise en scène par le célèbre réalisateur Britannique Terence Fisher (1904-1980), grande figure de la Hammer Film Productions, qui venait de signer Frankenstein s’est échappé (1957), Le Cauchemar de Dracula (1958) et La Revanche de Frankenstein (1958). Après avoir remis au goût du jour (et en couleur) ces quelques monstres qui ont fait les belles heures des Studios Universal dans les années 1930-40, le cinéaste s’attaque au mythe de Sherlock Holmes.

Réalisé en 1959, Le Chien des BaskervilleThe Hound of the Baserkervilles reste aujourd’hui un des fleurons du genre et un des films les plus célèbres du studio. Alors qu’il vient d’incarner le Baron Victor Frankenstein, le docteur Van Helsing et Dr Victor Stein dans les trois films mentionnés, l’immense comédien anglais Peter Cushing, qui tournera près d’une quinzaine de fois avec Terence Fisher, prête ses traits singuliers et son immense talent au célèbre détective, rôle qu’il reprendra dix ans plus tard dans la saison 2 d’une série télévisée de la BBC, puis en 1984 dans le téléfilm Les Masques de la mort. Il est l’incarnation idéale du personnage. Son célèbre compère, le Docteur Watson est quant à lui incarné par l’excellent André Morell, vu dans Le Pont de la rivière Kwai et Ben-Hur. Les deux comédiens sont également épaulés par l’illustre Christopher Lee, qui de son côté venait d’incarner à l’écran la créature de Frankenstein et le Comte Dracula, rôles qui l’avaient lancé deux ans plus tôt après une dizaine d’années de figuration.

Merveilleusement photographié en Technicolor par le chef opérateur Jack Asher et mis en musique par James Bernard, deux grands noms de la Hammer, Le Chien des Baskerville est un chef d’oeuvre du genre et également la première adaptation cinématographique en couleur du roman éponyme de Sir Arthur Conan Doyle. Pensé d’abord comme le premier volet d’une nouvelle saga de films consacrés à Sherlock Holmes avec Peter Cushing dans le rôle principal, Le Chien des Baskerville est finalement resté une adaptation unique en raison du mécontentement des cinéphiles adeptes des monstres de la Hammer, qui déploraient alors l’absence de créatures horrifiques. Cela n’empêche pas le film d’être un savoureux whodunit teinté de fantastique, filmé dans des décors gothiques sublimes. Le malaise est palpable dès l’installation particulièrement sadique de dix minutes, qui invite le spectateur à prendre connaissance de l’origine de la malédiction qui pèse sur les Baskerville.

En dépit des digressions avec le roman original, le récit se tient admirablement et tous les éléments fusionnent pour notre plus grand plaisir. Le mystère est prenant, l’atmosphère est suintante à souhait, les couleurs stylisées (mention spéciale aux giclées de sang), les immenses acteurs bouffent l’écran et prennent un évident plaisir à se renvoyer la balle.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Chien des Baskerville, disponible chez The Corporation, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. A l’intérieur, nous trouvons un livret de 12 pages, proposant la fiche technique du film, les suppléments disponibles sur le disque, ainsi que les adaptations du Chien des Baskerville au cinéma et à la télévision. Le boîtier est glissé dans un surétui qui reprend le même visuel, élégant, de la jaquette. Le menu principal est animé et musical.

Pour cette sortie sur le territoire français du Blu-ray du Chien des Baskerville, The Corporation a repris un documentaire présent sur l’édition HD disponible outre-Manche chez Arrow Films. Il s’agit du Chien des studios HammerRelease the Hound ! (30’), réalisé en 2015 par Ewan Cant. Composé d’entretiens de l’acteur et écrivain Mark Gatiss, de l’auteur et critique Kim Newman, du troisième assistant-réalisateur Hugh Harlow, de Margaret Robinson, créatrice du masque du chien, ce module ne propose pas vraiment d’analyse sur l’oeuvre qui nous intéresse, mais revient surtout sur la figure de Sherlock Holmes. Certains propos, notamment tout ce qui concerne la création du maquillage du chien, sont vraiment trop longs, l’ensemble manque de rythme et peu d’anecdotes retiennent finalement d’attention. Cocréateur et coproducteur de la série Sherlock (avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman), dans laquelle il interprète également le rôle de Mycroft Holmes, Mark Gatiss s’avère le plus intéressant du lot.

Le trésor de cette interactivité demeure l’interview de Sir Arthur Conan Doyle (11’), réalisée en 1928 par Fox Movietone News, qui constitue l’un des premiers enregistrements synchronisant son et image. L’auteur et scientifique, s’exprime ici sur la création de son personnage mythique, avec un air quelque peu blasé et dépassé par ce succès (selon lui, certains croient même que le détective est une personne réelle) qui l’a contraint à écrire de nouvelles aventures après avoir fait mourir Sherlock Holmes. On sent l’écrivain beaucoup plus heureux de parler de son autre passion, le spiritualisme. Egalement scientifique, Sir Arthur Conan Doyle étudie alors cette branche depuis plus de 40 ans au moment de cet entretien et déclare vouloir y consacrer le reste de sa vie.

Un petit plus pour les amateurs de Sherlock Holmes, l’éditeur joint également un deuxième film consacré aux aventures de notre cher détective. Il s’agit de Silver Blaze ou Murder at the Baskervilles, Sherlock Holmes contre Moriarty dans nos contrées. D’une durée de 65 minutes, ce film est l’adaptation de la nouvelle Flamme d’argent, écrite en 1892 par Sir Arthur Conan Doyle pour le Strand Magazine, puis publiée dans le recueil Les Mémoires de Sherlock Holmes. Proposé comme une suite du Chien des Baskerville, ce film introduit les personnages de Sir Henry Baskerville, ainsi que le professeur Moriarty. C’est également le dernier d’une série de cinq films adaptés des aventures de Sherlock Holmes où Arthur Wontner joue le rôle du détective. Le favori d’un grand steeple est enlevé la veille de la course : le jockey et l’entraîneur sont trouvés assassinés. Sherlock Holmes est chargé de découvrir l’auteur de cette tragédie qui n’est autre que son ennemi Moriarty à qui il doit laisser la vie sauve en échange de celle du maladroit professeur Watson, tombé entre ses mains.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale et sur les cinq premières minutes de la version du Chien des Baskerville réalisée en 1939 par Sidney Lanfield, avec Basil Rathbone et Nicgel Bruce.

Dommage que l’éditeur n’ait pas pu récupérer les droits de l’interview de Christopher Lee sur le film, ainsi que deux extraits du roman lu par ce dernier.

L’Image et le son

Ce master HD 1.66 (16/9) au format 1080p du Chien des Baskerville présente une propreté quasi-irréprochable et les mêmes particularités que le Blu-ray Arrow. La magnifique photographie du film est signée par Jack Asher (Les Deux visages du Dr Jekyll, Les Maîtresses de Dracula, La Malédiction des pharaons), qui fait la part belle aux éclairages rouges, marrons, verts, roux, que l’on croirait parfois inspirés par certaines oeuvres du Caravage. Les décors gothiques bénéficient d’un nouveau relief et certains détails inédits sont appréciables. Les contours peuvent manquer de précision, même si les gros plans sont bien restitués. Les noirs paraissent tantôt concis tantôt poreux. Un léger grain cinéma est heureusement conservé donnant une texture non déplaisante à l’image, les contrastes paraissent raffermis et équilibrés, le piqué est souvent plaisant. Le codec AVC consolide l’ensemble avec brio et évite au maximum les fourmillements intempestifs, surtout sur les nombreuses scènes sombres, tandis que les fondus enchaînés demeurent fluides, sans décrochages. Un nouvel écrin idéal pour redécouvrir ce chef-d’oeuvre de la Hammer, présenté ici dans les meilleures conditions techniques à ce jour, à défaut d’être réellement optimales, à l’instar de la profondeur de champ qui déçoit quelque peu.

En anglais comme en français, les deux mixages sont proposés en DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Ces deux options acoustiques s’avèrent dynamiques et limpides, avec une belle restitution des dialogues et de la musique. Les effets sont solides bien que certains paraissent plus étouffés, mais le confort est assuré. Pas de souffle constaté. Au jeu des différences, la version originale l’emporte car plus riche et précise, même si son homologue s’avère peut-être plus propre. Mais cette dernière se focalise trop sur le report des voix et le doublage laisse quelque peu à désirer. Dans les deux cas, l’écoute demeure très correcte, parfois chuintante, sans véritable souffle parasite.

Crédits images : © MGM – The Corporation / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Ecumeurs des Monts Apaches, réalisé par Ralph Murphy

LES ECUMEURS DES MONTS APACHES (Stage to Tucson) réalisé par Ralph Murphy, disponible en DVD le 23 janvier 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Rod Cameron, Wayne Morris, Kay Buckley, Sally Eilers, Carl Benton Reid, Roy Roberts

Scénario : Robert Creighton Williams, Frank Burt, Robert Libott d’après le roman Lost Stage Valley de Frank Bonham

Photographie : Charles Lawton Jr.

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

A la veille de la Guerre de Sécession, deux compagnies de diligences s’affrontent dans une petite ville. Grif Holbrook appartient à l’une d’elles, de conviction nordiste, alors que la seconde est aux mains de Sudistes fanatiques. Grif et Barney Broderick aiment la même femme. Grif veut l’épouser mais il comprend que la jeune femme, Kay Buckley, aime en réalité Broderick. Il s’efface alors devant son rival. Mais les partisans sudistes s’emparent des diligences de la ligne nordiste en faisant attaquer les convois par une diligence fantôme, noire et blindée. La guerre est finalement déclarée…

C’est un tout petit western typique de la Columbia, qui enchaînait alors les films d’une durée de 60 à 75 minutes afin de les proposer en double-programme dans les cinémas. Les Ecumeurs des Monts Apaches est réalisé en 1950 par Ralph Murphy (1895-1967), spécialiste des séries B des années 1930 au début des années 1950, avant de consacrer le reste de sa carrière à la télévision. Si le film a été conçu dans le seul but d’attirer le plus de spectateurs possible dans les salles, Les Ecumeurs des Monts ApachesStage to Tucson ne manque pas d’attraits et d’idées, sans doute pas exploitées comme elles auraient pu l’être, mais qui valent le déplacement.

C’est le cas notamment de cette étrange diligence noire qui semble tout droit sortie de l’enfer. Blindée, lancée sur les routes poussiéreuses de la Californie, le convoi de huit chevaux semble être dépourvu de cocher et tous les convois de la Butterfield Stagecoach qui croisent sa route entre St. Louis et San Francisco via Tucson se retrouvent dépouillés et finissent même par se volatiliser ! Après vingt ans de bons et loyaux services en tant que convoyeur, Grif Holbrook (Rod Cameron, vu dans Les Tuniques écarlates, Le Justicier de la Sierra, La Taverne du cheval rouge) souhaite raccrocher et s’offrir un ranch en Californie. Mais son patron, qui a vu dix de ses diligences attaquées au cours du dernier mois, souhaite que cela cesse et parvient à engager de nouveau Grif, son homme le plus expérimenté, pour une dernière mission : débusquer les auteurs de ces vols avec l’aide de Barney, un autre agent nordiste. C’est que Butterfield est l’ami de Lincoln, montré de dos, avachi dans un fauteuil avec les pieds sur le bureau, deux mois avant d’entrer dans l’exercice de ses fonctions de président des Etats-Unis. Pendant ce temps, la guerre de Sécession est sur le point d’être déclarée et chacun se demande quel camp soutenir.

Joliment mis en scène, photographié en Technicolor par le maître Charles Lawton Jr (L’Homme de nulle part, 3h10 pour Yuma, Cow-boy) et bien interprété, Les Ecumeurs des Monts Apaches n’a certes pas la prétention de jouer dans la cour des grands, mais demeure un divertissement fort sympathique. Tout ce que le spectateur attend d’un western traditionnel est réuni ici, poursuites dans de très beaux et même singuliers décors (les pistes parsemées de rochers), amourette contrariée, gunfights, quelques pincées d’humour, deux bandes qui s’affrontent. A ce titre, les deux compagnies de diligences rivales reflètent l’opposition entre les Nordistes et les Sudistes. Les tensions s’exacerbent jusqu’à l’éclatement de la guerre civile dans la dernière bobine où nos héros partent sur le terrain, habillés en uniforme. Les Ecumeurs des Monts Apaches n’a donc rien d’exceptionnel, mais s’avère particulièrement attachant, le rythme est soutenu, les poursuites bien menées et les péripéties s’enchaînent du début à la fin.

LE DVD

Le DVD des Ecumeurs des Monts Apaches, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Dans cette nouvelle salve de westerns, Patrick Brion est souvent seul en scène pour présenter les films. C’est encore le cas pour Les Ecumeurs des Monts Apaches. Mais honnêtement, ce n’est pas en cinq petites minutes que vous en apprendrez beaucoup sur ce film de la Columbia, d’autant plus que l’historien du cinéma peine à trouver quelques anecdotes et arguments. Il se contente de passer en revue les westerns sortis la même année que le film de Ralph Murphy et d’évoquer l’apparition de Lincoln au début du récit.

L’interactivité se clôt sur une petite galerie d’affiches et de photos d’exploitation.

L’Image et le son

Les Ecumeurs des Monts Apaches a été photographié en Technicolor par le grand chef opérateur Charles Lawton Jr. Les teintes chaudes (plus froides sur les séquences nocturnes) et la luminosité sont très appréciables, tout comme les contrastes qui s’avèrent bien gérés. Pourtant, le début fait peur avec une ligne verticale rouge qui sépare l’écran en deux durant le générique, mais qui disparaît heureusement après. La propreté est de mise, malgré divers raccords de montage et d’autres scories, la copie 1.33 (16/9) est stable, que demander de plus pour (re)découvrir ce petit film ?

L’éditeur nous propose les version anglaise et française. Passons rapidement sur cette dernière, nettoyée, mais parfois étouffée et qui peine à délivrer les ambiances annexes. Evidemment, notre préférence va pour la version originale, plus homogène et naturelle, très propre, sans souffle parasite. Le confort acoustique est largement assuré. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Danseuse, réalisé par Stéphanie Di Giusto

LA DANSEUSE réalisé par Stéphanie Di Giusto, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Soko, Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp, François Damiens, Louis-Do de Lencquesaing

Scénario : Stéphanie Di Giusto, Sarah Thibau, Thomas Bidegain d’après le roman Loïe Fuller, danseuse de la Belle Époque de Giovanni Lista

Photographie : Benoît Debie

Musique : Laura Obiols

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Loïe Fuller est née dans le grand ouest américain. Rien ne destine cette fille de ferme à devenir la gloire des cabarets parisiens de la Belle Epoque et encore moins à danser à l’Opéra de Paris. Cachée sous des mètres de soie, les bras prolongés de longues baguettes en bois, Loïe réinvente son corps sur scène et émerveille chaque soir un peu plus. Même si les efforts physiques doivent lui briser le dos, même si la puissance des éclairages doit lui brûler les yeux, elle ne cessera de perfectionner sa danse. Mais sa rencontre avec Isadora Duncan, jeune prodige avide de gloire, va précipiter la chute de cette icône du début du 20ème siècle.

La Danseuse est un biopic romancé et ambitieux de la grande et pourtant méconnue danseuse américaine Loïe Fuller (1862-1928). Née Mary Louise Fuller à Hinsdale (Illinois), elle demeure une des pionnières de la danse moderne, avec notamment sa chorégraphie virevoltante où elle apparaissait vêtue de plusieurs centaines de mètres de soie blanche. Ayant rencontré le succès à Paris aux Folies Bergère avec ses danses dites serpentines, Loïe Fuller devient une des artistes les plus importantes et les mieux payées du monde du spectacle de la Belle Epoque. En plus du caractère inédit et avant-gardiste de ses chorégraphies, la danseuse est également metteur en scène et n’hésite pas à avoir recours à l’électricité – ainsi qu’aux mathématiques et même à la chimie – pour créer des numéros encore plus sophistiqués. Une véritable révolution des arts scéniques.

La réalisatrice Stéphanie Di Giusto signe un premier long métrage souvent remarquable, excellemment mis en scène, brillamment photographié et porté par une Soko en état de grâce. La première partie s’avère beaucoup plus prenante et attachante que l’après-Folies Bergère, centré sur la relation trouble entre Loïe Fuller et Isadora Dunca, qui pâtit de certaines baisses de rythme et du jeu plombé par Lily-Rose Depp (fille de Johnny Depp et de Vanessa Paradis), dont le regard vide et le manque de grâce fait pencher le second acte du mauvais côté de la balance. Heureusement, nous n’avons d’yeux que pour Soko, vibrante, magnétique, irréprochable, bouleversante, investie (un mois d’entraînement à raison de six heures par jour), qui capte la lumière comme jamais et qui confirme toute sa préciosité après À l’origine de Xavier Giannoli, Bye Bye Blondie de Virginie Despentes, Augustine d’Alice Winocour et dernièrement dans Voir du pays de Muriel et Delphine Coulin. Excellente directrice d’acteurs, Stéphanie Di Giusto offre également à Mélanie Thierry (comme d’habitude merveilleuse), François Damiens et Gaspard Ulliel, des personnages qui pourraient apparaître en retrait, mais qui s’avèrent très importants dans le parcours de Loïe Fuller.

Fascinée par ce combat unique d’une simple fille de fermier du Grand ouest américain, devenue une des plus grandes artistes de son temps, Stéphanie Di Giusto s’est emparée de ce sujet à bras le corps et aura passé pas moins de trois années rien que sur l’écriture du scénario. On sent la cinéaste hypnotisée par celle qui fut la muse du Tout-Paris, de Toulouse-Lautrec à Rodin, mal dans sa peau en raison d’un physique « ingrat » et qui préférait se dissimuler dans un tourbillon de voile, avant d’être finalement rattrapée par le succès, la jeunesse et le charisme de celle qui fut un temps son élève, Isadora Duncan, qui finira par l’éclipser au point d’être oubliée de tous. Elle repose aujourd’hui au cimetière du Père Lachaise, à quelques mètres seulement de celle qui sera devenue sa grande rivale.

A l’écran, les fulgurantes scènes de représentation sont divines, magnifiquement éclairées par le chef opérateur Benoît Debie, célèbre pour son travail avec Gaspar Noé sur Irréversible, Enter the Void et Love, mais aussi le « coloré» Spring Breakers de Harmony Korine. Le personnage de Loïe, prête à mettre sa santé en jeu pour son art, émeut à plus d’un titre grâce à l’interprétation tout en finesse de Soko. Dommage donc que la seconde partie déçoive et s’égare quelque peu. Sélectionné dans la section Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, La Danseuse, aura attiré plus de 200.000 spectateurs à sa sortie en septembre 2016. Porté par une critique souvent élogieuse, le très beau portrait de femme de Stéphanie Di Giusto est d’ores et déjà nommé dans six catégories à la prochaine cérémonie des César, notamment pour celui de la Meilleure actrice (Soko), Meilleure actrice dans un second rôle (Mélanie Thierry), Meilleur espoir féminin (Lily-Rose Depp) et Meilleur premier film.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Danse, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Dirigez-vous immédiatement vers le splendide making of (51’), exclusif à l’édition Blu-ray du film. Ce formidable documentaire suit les premières approches et les répétitions de la réalisatrice Stéphanie Di Giusto avec sa comédienne principale et la chorégraphe Jody Sperling, aujourd’hui la plus grande experte de Loïe Fuller. Plusieurs mois avant le début des prises de vues, la caméra suit ces trois femmes, en particulier Soko qui se plie à un entrainement intensif pendant plusieurs semaines. Les propos de la réalisatrice, des comédiens, du producteur Alain Attal (qui revient surtout sur les difficultés de financement du film), sans oublier les responsables des costumes et des décors, parsèment ce making of indispensable, très bien filmé, rythmé et marqué par de nombreuses et impressionnantes séquences de tournage.

Les quatre modules intitulés Isadora, Loïe, Gabrielle et Louis, d’une durée oscillant entre deux et trois minutes chacun, ne servent du coup à rien puisqu’ils sont essentiellement composés d’images et de propos tirés du making of précédent, sauf en ce qui concerne celui consacré au personnage de Louis, avec un court entretien de Gaspard Ulliel.

Cette section propose ensuite une dizaine de scènes coupées (16’), que l’on doit sélectionner une par une. Très belles, visiblement coupées pour des questions de rythme, elles s’avèrent soignées et valent le coup d’oeil, notamment Loïe dans son atelier de chimie, Loïe désemparée après le départ d’Isadora et une séquence où Gabrielle (Mélanie Thierry) manque de se noyer après avoir voulu récupérer des plans de Loïe – qui plonge pour la sauver – tombées dans une mare.

L’interactivité se clôt sur une superbe galerie de photos.

L’Image et le son

Le master HD (1080p) de La Danseuse restitue merveilleusement les volontés artistiques du talentueux chef opérateur Benoît Debie (Irréversible, Calvaire, Vinyan, Spring Breakers) en conservant un très léger grain, des couleurs à la fois chaudes et froides, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. Ces volontés artistiques sont rudement prises en charge pour le passage du film sur le petit écran. La compression AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails sont légion sur le cadre large et les visages des comédiens, le piqué est aiguisé, les noirs denses et la copie éclatante. Les séquences nocturnes jouissent également d’une belle définition, même si les détails se perdent quelque peu.

Le confort acoustique est total grâce à une piste française DTS-HD Master Audio 5.1. souvent fracassante. Les voix sont claires et limpides sur la centrale, la spatialisation musicale est systématique, les basses énergiques pour les séquences de chorégraphies et la balance frontale dynamique. Les latérales assurent tout du long en distillant constamment de nombreux effets et ambiances naturelles. Un mixage qui vous permettra d’explorer chaque recoin de votre installation. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Wild Bunch Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Chansons du deuxième étage, réalisé par Roy Andersson

CHANSONS DU DEUXIEME ETAGE (Sånger från andra våningen) réalisé par Roy Andersson, disponible en Blu-ray le 6 décembre 2016 chez Potemkine Films

Acteurs : Lars Nordh, Stefan Larsson, Tommy Johansson, Jöran Mueller, Torbjörn Fahlström

Scénario : Roy Andersson

Photographie : István Borbás, Jesper Klevenås

Musique : Benny Andersson

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Un soir quelque part dans notre hémisphère, une série d’événements étranges s’enchaînent sans logique apparente : un employé est licencié de façon humiliante, un immigré est violemment agressé dans la rue… Parmi ces personnages singuliers se détache Karl, au visage couvert de cendres. Il vient de mettre le feu à son magasin de meubles afin de toucher la prime d’assurance. Cette nuit-là, personne ne parvient à trouver le sommeil. Le lendemain, les signes d’un chaos imminent commencent à apparaitre. Karl prend conscience de l’absurdité du monde et combien il est dur d’être humain.

A ce jour, le cinéaste suédois Roy Andersson compte à son actif cinq longs métrages depuis ses débuts en 1970 avec le très remarqué Une histoire d’amour suédoise (Grand Prix du Festival de Berlin 1970), qu’il autofinance grâce à ses spots publicitaires. Ingmar Bergman le considérait d’ailleurs comme le plus grand réalisateur dans ce domaine. Pourtant, son travail dans le cinéma est tout aussi indispensable. 

Sorti en 2000, Chansons du deuxième étage marque le retour de Roy Andersson au cinéma, 25 ans après son deuxième long métrage réalisé en 1975, Giliap. C’est aussi le premier volet de la « Trilogie des Vivants ou comment être un être humain ». Alors que le soir tombe, une grande ville de l’hémisphère Nord devient le théâtre d’événements plus ou moins bizarres, parfois cruels, souvent inquiétants. Un vieil homme qui vient d’être licencié s’accroche désespérément aux pieds de son patron, sous les regards presque indifférents de ses collègues. Un immigré est tabassé en pleine rue, sans raison apparente, par des loubards aux allures de gentlemen. Un magicien qui devait «couper» un homme en deux rate son tour. Un homme visiblement épuisé met le feu à sa propre boutique dans le but de toucher l’assurance. Désormais sans travail, il erre dans les rues de la ville, paralysée par des embouteillages monstres…

Prix du Jury au Festival de Cannes en 2000, Chansons du deuxième étage installe ce qui sera désormais le style Andersson : succession de cadrages fixes, en grand angle et en une quarantaine de longs plans-séquences sophistiqués tournés en studio dans des décors stylisés, qui s’apparentent à des tableaux vivants. Andersson travaille comme un peintre et utilise sa caméra comme un pinceau. Il recherche constamment le plan parfait, tout comme la profondeur de champ et la perspective. Pas étonnant que le tournage de Chansons du deuxième étage se soit étendu sur quatre années ! Roy Andersson a pour habitude de ne jamais utiliser de scénario, ni de se reposer sur un planning de tournage. Le réalisateur préfère élaborer et peaufiner les scènes au fil de nombreuses répétitions, avec l’aide de ses comédiens, la plupart du temps non-professionnels, préférant les «gens authentiques et qui ont une véritable présence à l’écran». Ces délais hors-normes de production, sans compter le manque d’argent qui a occasionné plusieurs arrêts des prises de vue, font la marque de fabrique de Roy Andersson. Chaque couche doit être visible, du premier au dernier plan.

A l’instar des deux volets suivants, Nous, les vivants (2007) et Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (Lion d’or à la Mostra de Venise 2014), les œuvres des peintres allemands Otto Dix et Georg Scholz ont influencé le cadre et l’atmosphère : le visage des comédiens est blafard et fardé ; les couleurs sont ternes et désaturées ; l’ambiance est froide, parfois glaciale, et lugubre ; l’humour noir ironique et ravageur prédomine, même quand la mort est présente. Une fois ces partis pris acceptés par le spectateur, l’ensemble respire, vit, nous touche et une mélancolie transpire à chaque plan.

En outre, cet humour burlesque et poétique, que n’auraient pas renié Jacques Tati, Eugène Ionesco ou Pierre Etaix, naît de cette bizarrerie finalement quotidienne, alors que le monde semble être au bord du chaos. Roy Andersson est un humaniste, même s’il est réputé comme un artisan acharné, parfois tyrannique, lorsqu’il lui faut obtenir ce qu’il estime être la perfection. Dans ce conte moral constitué d’une suite de sketchs, il s’intéresse à la confrontation des êtres, à leur conversation ou plutôt à l’absence de communication, voire au dialogue de sourds. Mais il croit en cette interaction, au bonheur et au rire.

Le style singulier de Roy Andersson met ainsi en relief l’absurdité de la vie, de la solitude, des désirs inassouvis et du manque d’amour dans un monde quasi incolore, funèbre et déprimant. Malgré tout, l’espoir de s’en sortir, de trouver l’interlocuteur et de penser que demain sera un autre jour, ne cessent de démentir toutes ces premières impressions. Chansons du deuxième étage est un bijou froid totalement inclassable qui trouve dès lors le moyen de réchauffer le cœur tout en incitant à la réflexion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Chansons du deuxième étage, disponible chez Potemkine, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

En 2001, Arte Vidéo avait édité Chansons du deuxième étage en DVD. Une galette qui comprenait moult suppléments : un commentaire audio du réalisateur, un documentaire sur le réalisateur : « Obsessions du deuxième étage », deux courts-métrages Monde de gloire et Quelque chose est arrivé, un making of, des scènes inédites, des tests et une scène alternative. Si le film fait peau neuve en Haute-Définition chez Potemkine, les suppléments de l’ancienne édition ont tous disparu ! Il faut se contenter d’un rapide entretien avec Roy Andersson (4’) durant lequel le cinéaste évoque l’humour particulier du film, l’envie de surprendre les spectateurs, le travail avec les acteurs non-professionnels.

Nous trouvons également deux publicités réalisées (en plan-séquence) par Roy Andersson, la première pour Trygg Hansa, une société d’assurance (44 secondes), le second pour HSB, une coopérative immobilière (30 secondes).

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Les rares scènes diurnes tournées en extérieur s’accompagnent d’un piqué aussi pointilleux que possible. La photo particulière est ici conforme aux souhaits du réalisateur, les contrastes sont aléatoires, les noirs denses, les teintes bleutées, froides, grisâtres et vertes sont merveilleusement mises en valeur. La copie est très propre et parvient à tirer quelques avantages de la Haute-Définition.

L’éditeur dispose d’un mixage suédois DTS-HD Master Audio 5.1. La piste ne déçoit pas par son envergure et son entrain, tant au niveau de la délivrance des dialogues que des effets latéraux. La balance frontale est riche et plonge facilement le spectateur dans l’ambiance surprenante du film.

Crédits images : © Potemkine Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Kids in love, réalisé par Chris Foggin

KIDS IN LOVE réalisé par Chris Foggin, disponible en DVD le 18 janvier 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Will Poulter, Alma Jodorowsky, Cara Delevingne, Sebastian De Souza, Preston Thompson, Jamie Blackley, Pip Torrens, Geraldine Somerville

Scénario : Sebastian De Souza, Preston Thompson

Photographie : Dirk Nel

Musique : Rael Jones

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Refusant de suivre le chemin tout tracé par ses parents, Jack voit ses repères chamboulés lorsqu’il rencontre la belle Evelyn. À ses côtés, il va s’immerger dans l’univers des soirées sélectives de la scène londonienne, suivant ses nouveaux amis, dont la pétillante Viola. Dans ce quotidien tourbillonnant, de fêtes en festivals, à l’aube de l’âge adulte, Jack va devoir déterminer qui il est, et, surtout, qui il veut devenir.

Il y a des petits films, sortis en catimini, dont nous n’attendions rien, qui ne révolutionneront pas le cinéma certes, mais qui méritent d’être vus au moins une fois. Kids in love ne laissera pas un grand souvenir, mais s’avère une très agréable comédie romantique destinée aux jeunes spectateurs. Tourné durant l’été 2013 pendant quatre petites semaines, à Londres, avec notamment le carnaval de Notting Hill en fond et le quartier de Soho, Kids in love ne propose pas une amourette vulgaire ou bas de plafond, mais s’avère mature, mélancolique, avec des personnages très attachants et réalistes.

Chris Foggin, jeune réalisateur né en 1985, signe ici son premier long métrage après avoir fait ses classes en tant que troisième assistant sur des films aussi divers que W.E. de Madonna (2011), le magnifique Deep Blue Sea de Terence Davies (2011), My Week with Marilyn de Simon Curtis (2011) et Le Dernier pub avant la fin du monde d’Edgar Wright (2013). Après quelques courts métrages, il décide d’adapter un scénario écrit par ses amis Sebastian De Souza et Preston Thompson, qui se sont également réservés les rôles respectifs de Milo, le petit ami d’Evelyn, et de Cassius, le pote bon vivant. Au générique, si le nom de Will Poulter ne dira pas forcément grand-chose aux spectateurs, ils reconnaîtront immédiatement sa tête (et ses sourcils) s’ils ont vu Les Miller, une famille en herbe, dans lequel il jouait le simplet Kenny. Vu depuis dans Le Labyrinthe et The Revenant, prochainement chez David Michôd et Kathryn Bigelow (excusez du peu), il porte ici brillamment le film sur ses épaules. Il fait dire qu’il est aussi très bien accompagné, puisque l’objet de son affection n’est autre que la divine Alma Jodorowsky, petite-fille d’Alejandro Jodorowski, aperçue dans La Vie d’Adèle et Juillet août de Diastème. Notons également la participation de Cara Delevingne, dans un rôle très secondaire, mais dont le visage désormais connu (tous comme les sourcils elle aussi) aide aujourd’hui à la distribution de Kids in love.

Ce qui fait la qualité de Kids in love, c’est le portrait juste et mélancolique d’une génération, prise entre le monde adolescent qu’ils viennent de quitter et le monde adulte qu’ils ne savent pas comment aborder. Jack (Will Poulter) est admis à Bristol et pense étudier l’histoire et le droit, pour devenir avocat. Du moins c’est ce que ses parents envisagent pour lui. Mais avant cela il décide de s’offrir une année sabbatique avec un de ses potes d’enfance. C’est alors qu’il rencontre Evelyn, jeune parisienne qui suit ses études à Londres, mais qui préfère faire la fête, profiter de la nuit et de ses amis bohèmes. Troublé, Jack découvre qu’il peut devenir maître de propre vie et ne pas se laisser dicter ses choix, quitte à décevoir ses parents. En d’autres termes, Jack devient un adulte.

Si le film peut parfois être redondant quand Jack et ses nouveaux amis passent de fiesta en fiesta, Kids in love se révèle être un film tendre, bien écrit et interprété, qui révèle la sensibilité d’un nouveau réalisateur et de ses scénaristes. Un bon et sympathique divertissement pour résumer.

LE DVD

Le test du DVD de Kids in love, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Pour la sortie de ce DTV dans les bacs, l’éditeur a honteusement mis Cara Delevingne au centre de la jaquette, où elle prend d’ailleurs tout le verso ! Mention spéciale au verso qui stipule « Après La Face cachée de Margo, l’égérie Chanel et Burberry, Cara Delevingne, se dévoile à nouveau dans un rôel qui lui colle à la peau ». Will Poulter et Alma Jodorowski doivent se contenter d’une toute petite apparition sur les angles supérieurs. L’arnaque de l’année quoi. Le menu principal est animé et musical.

Les suppléments se résument à la bande-annonce du film.

L’Image et le son

Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, aux teintes pastel, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres.

Kids in love n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares et le caisson de basses s’anime lors des scènes de fiesta. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long. Même chose pour les deux pistes Stéréo. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

Crédits images : © Capelight pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / L’Origine de la violence, réalisé par Elie Chouraqui

L’ORIGINE DE LA VIOLENCE réalisé par Elie Chouraqui, disponible en DVD le 18 janvier 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Richard Berry, Stanley Weber, César Chouraqui, Michel Bouquet, Miriam Stein, Catherine Samie, Romaine Cochet, Christine Citti

Scénario : Élie Chouraqui, d’après le roman L’Origine de la violence de Fabrice Humbert

Musique : Cyril Étienne des Rosaies, Romain Poncet

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lors d’un voyage en Allemagne, un jeune professeur, Nathan Fabre, découvre au camp de concentration de Buchenwald la photographie d’un détenu dont la ressemblance avec son propre père, Adrien, le stupéfie.
De retour en France, le souvenir de cette photographie ne cesse de l’obséder. Face au silence de son père, il décide alors de se pencher sur l’histoire de sa propre famille. Les secrets qu’il y découvre bouleversent son existence.

À l’issue de sa quête, Nathan comprendra que le passé, même enfoui au plus profond des mémoires, finit toujours par ressurgir…

L’Origine de la violence est à la base un roman autobiographique de Fabrice Humbert, Prix Renaudot du livre de poche en 2010. Réalisateur éclectique, Elie Chouraqui (Paroles et Musique, Harrison’s Flowers) signe son retour au cinéma, sept ans après son dernier long métrage, Celle que j’aime. A travers cette histoire pleine de lourds secrets liés à la guerre, le réalisateur, qui adapte lui-même le livre original, y trouve une résonance particulière liée à sa propre vie. Ce sujet lui permet surtout de mettre en scène un film pensé comme une œuvre somme, qui résume tous ses précédents longs métrages. Seulement voilà, si le sujet est fort et ne peut évidemment pas laisser indifférent, la réalisation s’avère très mauvaise et l’interprétation laisse franchement à désirer.

Vraisemblablement tourné avec peu de moyens, L’Origine de la violence peine à sortir d’un carcan télévisuel avec des couleurs ternes, des acteurs neurasthéniques, une reconstitution fauchée, surtout en ce qui concerne les séquences dans le camp de concentration de Buchenwald, tournées réellement sur place. Du coup, même si l’histoire demeure intéressante et pleine de rebondissements tout du long, on peine à aller jusqu’au bout. Pourtant, Elie Chouraqui n’est pas un débutant, mais L’Origine de la violence frôle trop souvent l’amateurisme. Si Richard Berry et Michel Bouquet (qui remplaçait alors Michel Galabru) s’en sortent sans mal, Stanley Weber, découvert dans Le Premier Jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon, demeure bien fade et campe un personnage peu attachant. César Chouraqui, fils du réalisateur, se voit également confier l’un des rôles principaux, un double-rôle en fait, dont il s’acquitte honorablement. Le poids du secret, la transmission, les amours contrariées et détruites par la guerre, la jalousie, la violence comme héritage génétique, la Shoah, le devoir de mémoire, la quête identitaire, comment profiter du présent si nous ne connaissons pas le passé, tous ces sujets sont abordés avec retenue, sans doute trop, tandis que la pauvreté technique finit par avoir raison de notre patience.

Tout le côté fiction-romanesque ne fonctionne pour ainsi dire jamais et s’avère extrêmement maladroit, embarrassant même, surtout ce qui concerne le passé et le présent qui s’entremêlent de façon artificielle et scolaire. Nous ne remettons pas en doute la sincérité et la sensibilité du cinéaste, c’est juste qu’Elie Chouraqui aurait dû bénéficier de plus de moyens pour aborder ce voyage au pays de la mémoire puisque l’on sent le metteur en scène trop restreint dans ses ambitions, ou tout simplement dépassé par l’envergure de ce projet. L’émotion est palpable, mais l’ensemble demeure trop froid, trop figé, académique, ronflant et laborieux pour réellement convaincre, surtout lorsque la musique fait office de sirop d’érable – même s’il s’agit de la 7ème symphonie de Beethoven – pour appuyer l’émotion.

LE DVD

Le test du DVD de L’Origine de la violence, a été réalisé à partir d’un check-disc. Pour la sortie du film dans les bacs, M6 Vidéo n’a pas repris le beau visuel de l’affiche du film et a préféré miser sur une jaquette plus conventionnelle, mais néanmoins attractive. Le menu principal est animé et musical.

Nous ne trouvons que la bande-annonce en guise d’interactivité.

L’Image et le son

Le transfert est lambda, propre, mais passe-partout. L’image est lisse est sans aspérité, les couleurs ternes tout du long, les contrastes corrects et les noirs denses. La compression tente de limiter les fourmillements, parfois avec du mal, le piqué déçoit, les détails manquent à l’appel. Tout cela est bien triste.

La piste Dolby Digital 5.1 spatialise correctement la musique du film, mais peine à donner un peu de vigueur aux dialogues, bien trop timides sur la centrale. N’hésitez pas à monter le son, ou tout simplement à sélectionner la version Stéréo, bien plus dynamique et percutante. Mauvais point : l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant !

Crédits images : © L’Origine Productions / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Divines, réalisé par Houda Benyamina

DIVINES réalisé par Houda Benyamina, disponible en DVD et Blu-ray le 3 janvier 2017 chez Diaphana

Acteurs : Oulaya Amamra, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda, Farid Larbi, Déborah Lukumuena, Yasin Houicha

Scénario : Houda Benyamina, Romain Compingt, Malik Rumeau

Photographie : Julien Poupard

Musique : Demusmaker

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.

C’est le choc du Festival de Cannes 2016. Le petit film que personne n’attendait et qui pourtant a créé un raz-de-marée auprès de la critique, quasi-unanime et des spectateurs. Récompensé par la Caméra d’or, trophée destiné à un premier film, Divine est le premier long métrage de la réalisatrice Houda Benyamina. L’action se déroule en banlieue parisienne. La jeune Dounia suit des cours pour devenir hôtesse d’accueil, mais envoie balader sa prof après l’avoir humilié devant toute sa classe. Elle ne rêve que de liberté, de respect et de pouvoir, que seul l’argent pourrait lui offrir. Aux côtés de sa meilleure amie Maimouna, elle souhaite proposer ses services auprès de Rebecca, la dealeuse charismatique du quartier, que ceux de son âge envient, Dounia la première. Son rêve de partir du camp de roms où elle vit avec sa mère semble à portée de main. Elle rencontre alors Djigui, le vigile du supermarché qu’elle aime charrier, jusqu’à ce qu’elle apprenne que ce beau jeune homme, rêve lui aussi de s’en sortir en devenant danseur professionnel.

A l’origine de Divines, il y a les émeutes qui ont agité la banlieue parisienne en 2005. La réalisatrice explique « Mon besoin de créer vient toujours d’un sentiment d’injustice. J’ai raisonné mes proches, mais j’avais moi aussi envie de sortir et de tout défoncer. Je me suis ensuite demandé pourquoi cette colère n’avait pas abouti à une véritable révolte ». Femme engagée, « mais pas révoltée », Houda Benyamina signe un premier film choc, qui ne peut laisser indifférent. Divines, dont le titre était à l’origine Bâtarde, est littéralement porté par le tempérament volcanique de la cinéaste, mais également par le naturel confondant des comédiens, Oulaya Amamra, la propre sœur de la réalisatrice, qui incarne Dounia, Déborah Lukumuena (Maimouna), Jisca Kalvanda (Rebecca) et Kevin Mischel (Djigui).

Si Divines n’échappe pas à certains défauts souvent liés à un premier long métrage, à savoir un trop-plein d’idées pas forcément toutes exploitées, quelques égarements, un désir d’en mettre plein la vue à travers une démonstration technique qui prend le pas sur l’émotion, une hystérie peu contrôlée (bien que contagieuse), Divines est un film extrêmement généreux, qui ne s’adresse pas une communauté, mais qui a le désir de toucher tous les spectateurs de tout âge, voulu avant tout comme une histoire d’amour et d’amitié, thèmes universels par excellence. Ici, ce sont quatre destins qui s’imbriquent, qui se confrontent, qui se repoussent, qui s’attirent sans cesse.

Divines est également un roman d’apprentissage, une éducation sentimentale, mais aussi un thriller, même si le film manque de conviction durant cette partie où Dounia tente de piéger un mec plein aux as, afin de lui voler son argent pour le compte de Rebecca. Ce qui n’empêche pas Divines d’être parfois violent, de mettre mal à l’aise, de bousculer (la fin tragique n’est pas sans évoquer celle du Parrain III), tout en faisant réfléchir et en divertissant les spectateurs. En ce sens, Houda Benyamina se rapproche du cinéma d’Abdellatif Kechiche, pas une mince référence. Une première œuvre riche, libre, souvent puissante, sombre, non dénuée d’humour et qui reste en tête bien après la fin de la projection. Une belle réussite, qui s’avère au final bien plus réussi que Bande de filles de Céline Sciamma auquel on pense forcément vu le sujet, le contexte et les personnages principaux.

Réalisé avec un budget de 2 millions d’euros, Divines, d’ores et déjà nommé sept fois à la prochaine cérémonie des César, a attiré plus de 300.000 spectateurs dans les salles.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Divines, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

La section des suppléments propose tout d’abord quatre entretiens. Dans chaque interview nous retrouvons la réalisatrice Houda Benyamina. Elle est ainsi accompagnée de son coscénariste Romain Compingt (11’), puis de la scripte Julie Darfeuil (11’), de ses deux monteurs (8’) et enfin de son superviseur musical et compositeur (10’). Chaque aspect technique du film est posément abordé, mais également la genèse du film, l’écriture et l’évolution du scénario, la création des personnages, le travail avec les comédiens, les thèmes abordés, la recherche de la structure du film, le rythme, les décors. Un commentaire audio n’aurait pas été de trop tant l’équipe s’avère prolixe et surtout passionnante à écouter.

S’ensuivent quatre petites scènes coupées (7’), vraiment pas mal du tout, même si rien n’indique la raison de leur éviction au montage final. On y voit Dounia s’exercer à la boxe, Dounia qui imite une chanteuse de gospel, Dounia et Djigui déambuler dans le magasin avec des cagoules Aristochats, et une scène plus longue des deux personnages partagés entre la danse et le combat qui mène finalement au premier baiser.

Un tout petit making of (7’), compile des images du tournage avec la réalisatrice à l’oeuvre avec ses comédiens, quelques propos de l’équipe, puis la présentation de Divines au Festival de Cannes.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits.

L’Image et le son

Diaphana livre une édition HD de Divines de très grande classe et même irréprochable. Full HD (1080p), cette édition restitue les superbes couleurs de la photo signée Julien Poupard (Voie rapide, Party girl, Les Ogres) qui fait la part belle aux teintes chatoyantes, parfois ambrées, le piqué est acéré, les détails abondants sur le cadre large et les contrastes tranchants. La luminosité des scènes diurnes flatte constamment la rétine, le relief est omniprésent.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 est immédiatement immersif et permet au spectateur de plonger dans le monde de Divines avec une musique percutante sur les enceintes latérales. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, la balance frontale est constamment soutenue, la composition spatialisée de bout en bout. La piste Stéréo devrait satisfaire ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes arrière.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Voir du pays, réalisé par Delphine Coulin et Muriel Coulin

VOIR DU PAYS réalisé par Delphine et Muriel Coulin, disponible en DVD le 10 janvier 2017 chez Diaphana

Acteurs : Soko, Ariane Labed, Ginger Romàn, Karim Leklou, Andreas Konstantinou, Makis Papadimitriouw…

Scénario : Delphine Coulin, Muriel Coulin d’après le roman de Delphine Coulin

Photographie : Jean-Louis Vialard

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Deux jeunes militaires, Aurore et Marine, reviennent d’Afghanistan. Avec leur section, elles vont passer trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles, au milieu des touristes en vacances, pour ce que l’armée appelle un sas de décompression, où on va les aider à « oublier la guerre ». Mais on ne se libère pas de la violence si facilement…

Depuis 17 filles, prix Michel-d’Ornano au Festival de Deauville en 2011, on attendait le retour de Delphine et Muriel Coulin derrière la caméra. Leur deuxième long métrage, Voir du pays est adapté du propre roman de Delphine Coulin et narre le retour d’Afghanistan de deux jeunes militaires françaises, interprétées par Soko et Ariane Labed. Mais avant d’être « relâchées », elles doivent comme leurs camarades passer dans un « sas de décompression », autrement dit un programme supposé leur apprendre à se détendre avant de retourner à la vie civile, si toutefois le retour à la vie normal s’avère possible.

Depuis 2008, les soldats français revenant du front sont ainsi accueillis dans un hôtel cinq étoiles à Chypre. Dans un cadre de carte postale, ces soldats sont soumis à des entretiens avec des psychologues, des cours d’aquagym, de relaxation, des sorties en bateau, mais aussi des tests et thérapies de groupes durant lesquels ils arborent des lunettes projetant en trois dimensions une reconstitution d’événements survenus qui ont pu les traumatiser. Pendant leur confession, un scientifique reconstitue en direct certains assauts dont ils ont les témoins, les acteurs et même les victimes au cours de ces six derniers mois. Si le terrain change du tout au tout, les soldats, programmés, demeurent sur le qui-vive et les réflexes conditionnés ne peuvent s’éteindre en un claquement de doigt. Chaque personnage porte en lui un trauma et apprend à vivre avec. Soko (A l’origine, Augustine, La Danseuse) et Ariane Labed (Une place sur la terre, Fidelio, l’odyssée d’Alice, The Lobster) sont remarquables et campent deux jeunes femmes venant de Lorient, deux amies, Marine et Aurore, entre 25 et 30 ans, qui doivent s’imposer face à leurs camarades de sexe masculin, constamment moquées et souvent menacées. En filigrane, le film interroge sur les raisons qui poussent une femme à partir à la guerre, mais aussi pourquoi est-ce toujours étrange et singulier de voir des jeunes femmes s’engager pour affronter un monde violent habituellement « réservé » aux hommes.

Si la dernière partie s’avère plus classique, Voir du pays vaut non seulement pour l’originalité de son sujet, pas ou peu abordé au cinéma, mais aussi et surtout pour la puissance du jeu de ses deux comédiennes principales, vibrantes et magnétiques, très investies (elles ont d’ailleurs suivi un entraînement militaire avec une coach qui a participé aux vrais sas avant de quitter l’armée), définitivement lancées. Voir du pays, titre ironique sur la promesse de dépaysement faite aux soldats qui souhaiteraient s’engager et qui finalement restent la plupart du temps confinés une fois arrivés sur le terrain, est une œuvre difficile, mais frontale, juste, sèche, documentée et surtout passionnante avec ce décor luminescent qui contraste avec la noirceur des témoignages des soldats. Projeté au Festival de Cannes 2016 dans la sélection Un certain regard, Voir du pays obtient le prix du meilleur scénario.

LE DVD

Le test du DVD de Voir du pays, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une des séquences du film.

Les suppléments sont malheureusement un peu limités. Les essais des comédiens (8’), Sylvain Loreau, tout d’abord seul puis rejoint ensuite par Karim Leklou et Alexis Manenti demeurent facultatifs.

En revanche, les séquences laissées sur le banc de montage (8’), au nombre de trois, sont un peu plus intéressantes, d’autant plus qu’elles sont introduites par un carton indiquant la raison de leur éviction. La première prolonge la fin en montrant les soldats accueillis par leur famille à l’aéroport. Les réalisatrices ont finalement préféré rester dans cet objectif du sas, en préservant la vie privée de leurs deux personnages. S’ensuivent quelques images d’un groupe de soldats en plein entrainement, parmi lesquels Soko. La troisième montre une scène de « détente » où toute la section se retrouve à chanter Gaby oh Gaby d’Alain Bashung lors d’un karaoké organisé par l’hôtel.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Comme d’habitude, Diaphana soigne le service après-vente. Si Voir du pays ne bénéficie pas d’une édition Haute-Définition, l’image du DVD est pour ainsi dire quasi-exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce. Le reste du temps, la clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les nombreux gros plans détaillés et la colorimétrie marquée par les décors naturels ocres et le bleu pastel du ciel reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques de la photo signée Jean-Louis Vialard, chef opérateur talentueux ayant officié chez Apichatpong Weerasethakul (Tropical Malady), Christophe Honoré (Dans Paris) et sur le premier film des soeurs Coulin.

Les pistes habituelles stéréo et DD 5.1 offrent un large confort suffisant pour un film de cet acabit. Le deuxième mixage est à privilégier en raison d’une spatialisation très convaincante et une délivrance des dialogues dynamique. Les ambiances naturelles ne sont pas oubliées tout comme le beau soutien des basses qui interviennent aux moments opportuns comme lors de la scène en boîte de nuit. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Jérôme Prébois – Archipel 35 / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Frantz, réalisé par François Ozon

FRANTZ réalisé par François Ozon, disponible en DVD et Blu-ray le 18 janvier 2017 chez France Télévisions Distribution

Acteurs : Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner, Marie Gruber, Anton von Lucke, Johann von Bülow…

Scénario : François Ozon, Philippe Piazzo

Photographie : Pascal Marti

Musique : Philippe Rombi

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.

L’éclectique, prolifique et inclassable François Ozon est de retour avec Frantz. Avec cette œuvre troublante, mélancolique, dense, ambiguë, complexe, provocante et déstabilisante, seizième film du cinéaste en 18 ans, François Ozon signe un mélodrame librement inspiré d’une pièce de Maurice Rostand publiée en 1930, L’Homme que j’ai tué, déjà transposée au cinéma par Ernst Lubitsch avec Broken Lullaby (1932). Une fois n’est pas coutume, ce que l’on retient de Frantz est surtout sa forme. De ce point de vue, François Ozon a depuis longtemps acquis une indiscutable maturité. Sa mise en scène est pure, élégante, délicate, caressante, soulignée ici par la splendide photo N&B (parfois nappée de couleur quand la vie semble reprendre) du chef opérateur Pascal Marti (Une nouvelle amie, Roberto Succo). Sur le fond, Frantz demeure étrangement froid, même si l’immense sensibilité du réalisateur est indéniable. En jouant sur la musicalité de la langue, tantôt en allemand, tantôt en français, François Ozon en profite pour rendre hommage à l’un de ses cinéastes de chevet, Rainer Warner Fassbinder, lui-même auteur et metteur en scène très productif, pour ne pas dire boulimique.

Le cinéaste adopte ici le point de vue de la jeune veuve, Anna, merveilleusement incarnée par la jeune actrice allemande Paula Beer, vue dans The Dark Valley, western d’Andreas Prochaska, beauté magnétique et pleine de grâce qui vole la vedette à son partenaire Pierre Niney. Même si le César du meilleur espoir féminin lui tend les bras après avoir remporté le Prix Marcello-Mastroianni du Meilleur Espoir à la Mostra de Venise en 2016, on est également heureux de retrouver son partenaire dans un rôle sobre, loin de ses derniers égarements dans Un homme idéal et Five. Le N&B lui va bien et on sent le comédien très investi dans ce personnage pour lequel il a appris spécialement la langue allemande, le violon et la valse.

Même si Ozon a finalement conservé quelques séquences du film original qui s’attachent au soldat français, Frantz est avant tout le portrait d’une jeune femme, qui a perdu son fiancé sur le champ de bataille en France durant la Grande Guerre, qui doit apprendre à faire son deuil (tout comme les parents du défunt) alors qu’elle vient à peine de rentrer dans le monde adulte. Elle rencontre Adrien, un jeune français qui vient se recueillir sur la tombe (vide) de Frantz, l’homme avec qui elle devait se marier à son retour du front. Adrien rencontre les parents de Frantz et déclare être un ami très proche de leur fils, rencontré à Paris. Mais Adrien ne dit pas tout et Anna semble s’en apercevoir. Qui est-il ? Un amant de Frantz ? La deuxième partie, essentiellement axée sur le personnage d’Anna, reste moins « figée » quand celle-ci décide de se rendre en France afin de retrouver Adrien, personnage tourmenté et vieilli prématurément, traumatisé par ce qu’il a vécu dans les tranchées. Centré sur les non-dits, les secrets, le poids de la culpabilité et les mensonges, Frantz séduit mais pas immédiatement en raison de son aspect classique, rigide et même austère, mais qui obsède bien après le premier visionnage. La tristesse des personnages demeure, les regards et les respirations saccadées ne cessent de revenir en mémoire et donnent envie de s’y replonger. C’est aussi les pleurs de Paula Beer, la silhouette quasi-fantômatique et voûtée de Pierre Niney, tous ces éléments qui s’additionnent et bouleversent après coup.

Souvent inspiré par le cinéma d’Alfred Hitchcock, François Ozon en profite ici pour rendre un très bel hommage au maître du suspense, en l’occurrence VertigoSueurs froides, avec un tableau spécifique de Manet, Le Suicidé, devant lequel les personnages se perdent. Comme cette peinture qui semble hypnotiser ceux qui la regardent, Frantz est une œuvre à laquelle nous n’aurons de cesse de revenir pour essayer d’en percer tous les mystères, la poésie et la pudique émotion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Frantz, disponible chez France Télévisions Distribution, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

C’est un peu chiche niveau bonus…on trouve tout d’abord un montage d’images tirées des essais costumes et lumière avec les comédiens. L’occasion d’admirer Paula Beer une fois de plus.

Quelques scènes coupées sans véritable intérêt – puisque rien n’indique la raison de leur éviction – sont ensuite proposées.

S’ensuivent une galerie d’affiches conceptuelles et un module filmé lors de la présentation de Frantz au Festival de Venise en 2016. Photocall, première du film et récompense pour Paula Beer lors de la cérémonie de clôture.

L’Image et le son

Pour son passage en Blu-ray, Frantz est proposé au format 1080p (AVC). L’image subjugue à plus d’un titre. Cette édition permet de voir ou de redécouvrir le film de François Ozon dans des conditions très soignées. La copie affiche d’emblée une propreté irréprochable ainsi qu’un N&B dense, lumineux et savamment contrasté et nuancé, y compris lors des rares passages en couleur. Les séquences en extérieur sont merveilleuses, le piqué est souvent acéré et les détails multiples. Le master HD est superbe et la profondeur de champ reste fort appréciable.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. instaure un confort acoustique solide et en parfaite adéquation avec le film. La splendide musique de Philippe Rombi bénéficie d’une spatialisation concrète, les dialogues solidement plantés sur la centrale et la balance frontale fluide et limpide. Les plages de silence sont impressionnantes, les ambiances naturelles ne sont pas oubliées et les effets annexes sont palpables. Le seul petit bémol provient des sous-titres français incrustés lors des échanges en allemand. L’éditeur joint également une piste DTS-HD Master Audio 2.0, une version en Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Film / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr