PRÉSIDENTS réalisé par Anne Fontaine, disponible en DVD et Blu-ray le 3 novembre 2021 chez Universal Pictures France.
Acteurs : Jean Dujardin, Grégory Gadebois, Pascale Arbillot, Doria Tillier, Jean-Charles Clichet, Pierre Lottin, Jean-Michel Lahmi, Roxane Bret, Denis Podalydès…
Scénario : Anne Fontaine
Photographie : Yves Angelo
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Nicolas, un ancien président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Mais il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) de faire équipe avec lui. François se pique au jeu, tandis que Nicolas découvre que le bonheur n’est peut-être pas là où il croyait… Et leurs compagnes respectives, elles, vont bientôt se mettre de la partie.
Nous avions laissé Anne Fontaine il y a peu de temps avec Police, que nous avions défendu à sa sortie en Blu-ray en début d’année. Revoilà déjà la réalisatrice, qui nous livre cette fois une comédie, une fantaisie, une fable inattendue puisqu’elle prend pour protagonistes Nicolas (Sarkozy) et François (Hollande), respectivement interprétés par Jean Dujardin et Grégory Gadebois. Si l’on ne savait pas trop comment accueillir le 18e long-métrage de la cinéaste, né pendant le premier confinement lié à la pandémie de Covid-19, on est très vite cueillis par l’excellence des comédiens, qui ont l’air de prendre beaucoup de plaisir à se donner la réplique. Une fois accepté cet étonnant postulat et ces partis-pris pour le moins originaux, Présidents s’avère un divertissement très sympa, un peu pépère certes, mais léger, drôle et intelligent, bien écrit et aux dialogues tordants. On en demandait pas plus et on est au final bien servi.
FREAKY réalisé par Christopher Landon disponible en DVD et Blu-ray le 20 octobre 2021 chez Universal Pictures France
Acteurs : Vince Vaughn, Kathryn Newton, Celeste O’Connor, Misha Osherovich, Emily Holder, Nicholas Stargel, Kelly Lamor Wilson, Mitchell Hoog…
Scénario : Michael Kennedy & Christopher Landon
Photographie : Laurie Rose
Musique : Bear McCreary
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2020
LE FILM
Pas très sûre d’elle, Millie Kessler, 17 ans, tente de se faire remarquer le moins possible au lycée et de s’endurcir face aux sarcasmes des élèves les plus populaires. Jusqu’au jour où elle croise la route du Boucher, terrifiant tueur en série de la ville : sous l’effet du mystérieux poignard de l’assassin, Millie et son assaillant se retrouvent chacun dans le corps de l’autre ! La jeune fille ne dispose désormais que de 24 heures pour récupérer son corps – passé ce délai, elle restera coincée dans la peau d’un psychopathe de 50 ans ! Avec ses fidèles amis Nyla et Joshua, elle se lance dans une course contre-la-montre pour inverser le sort. Sauf qu’elle a le physique d’un tueur activement recherché par la police, tandis que le Boucher, lui, s’aperçoit que ressembler à une adolescente au visage angélique est une couverture idéale pour commettre son carnage.
Revoilà Christopher Landon, fils du célèbre Michael (La Petite maison dans la prairie, Les Routes du paradis tout ça…), né en 1975, tout d’abord scénariste chez Larry Clark (Another Day in Paradise, 1998), D.J. Caruso (Paranoïak – Disturbia, 2007), ainsi que sur les opus 2,3 et 4 de la franchise Paranormal Activity. Il passe derrière la caméra au début des années 2010, puis écrit et réalise Paranormal Activity: The Marked Ones, spin off de la saga, en 2014. L’année suivante, il met en scène Manuel de survie à l’apocalypse zombie – Scouts Guide to the Zombie Apocalypse, inédit en France, dans lequel il mixe l’horreur et la comédie. Jason Blum, grand manitou de Paranormal Activity, lui laisse alors carte blanche pour Happy Birthdead – Happy Death Day, mélange singulier de Scream de Wes Craven et Un jour sans fin – The Groundhog Day d’Harold Ramis. Produit pour cinq millions de dollars, le film en rapporte près de 120 millions à travers le monde et attire même plus d’un demi-million de spectateurs français dans les salles. Une suite est rapidement mise en chantier, qui ne connaîtra pas le même engouement en rapportant la moitié de ce qu’avait rapporté le premier, mais qui sera tout de même très largement rentable. Christopher Landon surfe sur ce qui avait fait le triomphe d’Happy Birthdead, autrement dit combiner le slasher et le fantastique, pour son dernier long-métrage en date, Freaky. Ce que l’on appelle le Body Swap a déjà moult fois inspiré le cinéma. On peut citer en vrac, Échange standard – The Change-Up (2011) de David Dobkin, Femme et Mari – Moglie et Marito (2018) de Simone Godano, Freaky Friday – Dans la peau de ma mère (2003) de Mark Waters (remake d’Un vendredi dingue, dingue, dingue de Gary Nelson), L’un dans l’autre (2017) de Bruno Chiche, Rendez-moi ma peau… (1980) de Patrick Schulmann, La Machine (1994) de François Dupeyron et même dernièrement Le Sens de la famille de Jean-Patrick Benes. Big (1988) de Penny Marshall n’entre pas dans cette catégorie, puisque le personnage principal se réveillait dans son propre corps, plus vieux de vingt ans. Il existe toutefois moult combinaisons possibles. Dans Freaky, l’esprit d’un serial killer quasi-invulnérable se retrouve dans le corps d’une jeune adolescente mal dans sa peau qu’il tentait alors de tuer au moyen d’une dague aztèque envoûtée. Avec son sixième film, Christopher Landon livre un savoureux divertissement, à la fois hilarant grâce à la prestation hors normes de Vince Vaughn, aussi parfait en monstre sanguinaire qu’en jeune femme enfermée dans le corps d’une armoire à glace, que gore avec certaines séquences que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Une réussite de plus pour ce cinéaste qui nous embarque à nouveau pour un ride à la folie contagieuse.
UPGRADE réalisé par Leigh Whannell disponible en DVD et Blu-ray le 13 février 2019 chez Universal Pictures France
Acteurs : Logan Marshall-Green, Betty Gabriel, Harrison Gilbertson, Benedict Hardie, Christopher Kirby, Clayton Jacobson, Melanie Vallejo, Sachin Joab…
Scénario : Leigh Whannell
Photographie : Stefan Duscio
Musique : Jed Palmer
Durée : 1h40
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Après la mort de son épouse lors d’une violente agression qui l’a laissé paralysé, Grey Trace est approché par un inventeur milliardaire qui propose de lui administrer un remède expérimental qui va « upgrader » son corps et ses facultés. Désormais doté d’un implant fonctionnant à l’intelligence artificielle, Grey voit ses capacités physiques décuplées et se lance dans une mission vengeresse, afin de faire payer ceux qui ont tué sa femme.
Scénariste chevronné à qui l’on doit les trois premiers épisodes de la saga Saw (dont il est également le producteur délégué), mais aussi Dead Silence de James Wan, ainsi que les quatre opus de la franchise Insidious, Leigh Whannell passe à la mise en scène en 2015 avec Insidious : Chapitre 3. Succès commercial, mais rejeté par la critique, ce troisième volet confirme cependant l’affection de l’auteur pour le genre fantastique. Son deuxième coup d’essai, Upgrade est un véritable coup de maître. Produite par le prolifique Jason Blum, cette série B au budget minuscule de 4 millions de dollars (!) est pourtant l’une des plus belles surprises SF de l’année 2018. Roublard, excellemment écrit, mis en scène et interprété (excellent Logan Marshall-Green avec sa grosse voix grinçante, genre Tom Hardy avec du talent), percutant, gentiment bourrin et même parfois gore, Upgrade est un spectacle aussi généreux qu’intelligent, très graphique et pourtant modeste, qui convoque tout un pan du cinéma de genre des années 1980-90, sans jamais singer ses grandes références. Ces dernières ont été bien digérées par le réalisateur, qui utilise son bagage pour inscrire son propre film dans l’air du temps.
Grey Trace vit avec sa femme Asha. Cette dernière travaille pour Cobolt, une entreprise travaillant sur l’amélioration humaine via des ordinateurs. Un soir, Grey et sa femme sont violemment agressés. Asha meurt sous les yeux de son mari. Paralysé, Grey Trace est approché par Eron Keen, un richissime inventeur. Ce dernier lui propose un remède expérimental qui va améliorer son corps et ses facultés. Grâce à un implant couplé à une intelligence artificielle, Grey voit ses capacités physiques multipliées. Il se lance alors dans une quête de vengeance pour traquer ceux qui ont détruit sa vie.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Leigh Whannell a visiblement été bercé par les meilleurs auteurs qui soient. Le spectre de David Cronenberg (la fusion entre l’homme et la machine), James Cameron (l’intelligence artificielle autonome) et Paul Verhoeven (nous y reviendrons) plane sur Upgrade, sans effets gratuits ou sans jamais tomber dans l’opportunisme outrancier. Le deuxième long métrage du cinéaste ne cache pas son manque de moyens, ce qui rajoute finalement une authenticité au récit. Les petites touches futuristes sont présentes, sans excès (les effets spéciaux sont limités), juste suffisantes pour instaurer un climat, une atmosphère et dépayser les spectateurs, comme un récit de Philip K. Dick. Les véhicules, l’architecture, certains costumes transportent l’audience vers un « demain » possible et réaliste, où l’intelligence artificielle existe et assiste l’être humain dans son quotidien, pour lui assurer un meilleur confort.
Après un prologue très réussi qui installe le personnage de Grey, nostalgique de l’ère analogique, quand on pouvait conduire soi-même sa voiture polluante, Upgrade prend ensuite la forme d’un vigilante saupoudré de whodunit, où le personnage principal, amélioré par la nouvelle technologie (L’Homme qui valait trois milliards n’est pas loin), mène son enquête pour retrouver ceux qui croyaient l’avoir tué après avoir assassiné sa femme. Et si Upgrade était le vrai remake de RoboCop ? On ne peut s’empêcher de penser au chef d’oeuvre de Paul Verhoeven surtout que Leigh Whannell parsème son film de petites touches sanglantes aussi inattendues que brutales, sur une image léchée et sans cesse élégante, avec toujours une petite touche bienvenue d’humour noir. Sans oublier la tagline de l’affiche « Not Man. Not Machine. More. » qui rappelle le « Part Man. Part Machine. All Cop. » sur celle de RoboCop.
Sur un rythme maîtrisé, à la frontière de plusieurs genres et de thématiques, le cinéaste et seul auteur du scénario, enchaîne les séquences très efficaces destinées à devenir cultes, pour déboucher sur un final, certes quelque peu prévisible, mais glaçant, incroyablement pessimiste, et surtout d’une rare maturité, qui incite à la réflexion. Un vrai coup de coeur et surtout un très grand plaisir de cinéma.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray d’Upgrade, disponible chez Universal Pictures France, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.
Aucun supplément sur cette
édition. Quel dommage…
L’Image et le son
L’éditeur soigne son master HD, absolument exemplaire. Les contrastes sont d’une densité jamais démentie, y compris sur les très nombreuses séquences sombres où l’image est constamment affûtée. Les noirs sont profonds, le piqué ciselé, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste vive et froide. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques caractéristiques de ce monde futuriste. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour revoir le film de Leigh Whannell et profiter de la photographie signée Stefan Duscio. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.
S’il n’est pas déshonorant, le mixage DTS 5.1 ne peut rivaliser avec la piste anglaise DTS HD Master Audio 5.1. Cette dernière laisse pantois par son ardeur, son soutien systématique des latérales, ses basses percutantes. Véritablement explosive sur les séquences appropriées, la version originale s’impose comme une véritable acoustique de démonstration avec des dialogues remarquablement exsudés par la centrale, des frontales saisissantes, des effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées. Un grand spectacle phonique.
THE BIG LEBOWSKIréalisé par Joel Coen, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray + Digitalle 7 novembre 2018 chez Universal Pictures France
Acteurs : Jeff Bridges, John Goodman, Julianne Moore, Steve Buscemi, David Huddleston, Philip Seymour Hoffman, Tara Reid, John Turturro…
Scénario : Joel Coen, Ethan Coen
Photographie : Roger Deakins
Musique : Carter Burwell
Durée : 1h57
Date de sortie initiale: 1998
LE FILM
Jeff Lebowski, prénommé le Dude (le Duc en version française), est un paresseux qui passe son temps à boire des coups avec son copain Walter et à jouer au bowling, jeu dont il est fanatique. Un jour deux malfrats le passent à tabac. Il semblerait qu’un certain Jackie Treehorn veuille récupérer une somme d’argent que lui doit la femme de Jeff. Seulement Lebowski n’est pas marié. C’est une méprise, le Lebowski recherché est un millionnaire de Pasadena. Le Duc part alors en quête d’un dédommagement auprès de son richissime homonyme…
Sometimes there’s a man… I won’t say hero, ’cause what’s a hero? but sometimes there’s a man, and I’m talking about the Dude here, sometimes there’s a man… Well, he’s the man for his time and place. He fits right in there. And that’s the Dude in Los Angeles. And even if he’s a lazy man, and the Dude was most certainly that, quite possibly the laziest in Los Angeles County, which would place him high in the running for laziest worldwide, but sometimes there is a man, sometimes there’s a man… Well… lost my train of thought here.
Franchement, que dire sur The Big Lebowski qui n’a pas déjà été dit ? Depuis vingt ans, le septième long métrage de frères Coen, même si seul Joel est crédité en tant que réalisateur ici, est entré dans le cercle fermé et restreint des films cultes, encensés dans le monde entier et par ailleurs inscrit en 2014 au National Film Registry afin d’être conservé à la Bibliothèque du Congrès. C’est bien simple, tout est mythique dans The Big Lebowski, les personnages (au premier, second et troisième plan), les dialogues, les fringues, les accessoires, les coupes de cheveux, les lieux de tournage, la bande originale composée de Bob Dylan, Kenny Rogers, Elvis Costello, Nina Simone… Ce chef d’oeuvre absolu de l’histoire du cinéma se voit et se revoit plusieurs fois par an, depuis toujours, sans jamais lasser, avec un plaisir toujours intact voire décuplé. Jeff Bridges, immense, trouve probablement ici le rôle de sa vie. L’oubli de sa nomination aux Oscars pour le meilleur acteur reste encore aujourd’hui incompréhensible. Qu’à cela ne tienne, l’amour des spectateurs pour ce film ne s’est jamais démenti.
Nobody calls me Lebowsky. You got the wrong guy. I’m the Dude, man.
Quelle idée de génie tout de même. Plonger le mec le plus improbable et fainéant dans une situation extraordinaire et une histoire aussi opaque qu’un roman de Raymond Chandler. The Big Lebowski c’est comme qui dirait Le Grand sommeil sous acide et marijuana. Un type bedonnant, barbe hirsute, verre de White Russian dans la main gauche et une boule de bowling dans celle de droite. D’ailleurs, pas une seule fois nous verrons le Dude pratiquer son sport favori, sans doute est-il trop occupé à vider son verre. Le bermuda seyant, les sandales en plastique du même acabit, les yeux de cocker, le Dude est aussi iconique qu’un super-héros, d’ailleurs il l’est devenu aux yeux des cinéphiles. Tout le monde rêve encore de prendre un cocktail (ou autre chose) avec le Dude man ! Les frères Coen entourent Jeff Lebowski de personnages complètement allumés, satellites, certains plus proches que d’autres (John Goodman et Steve Buscemi sont aussi magnifiques que Jeff Bridges), mais tout autant déconnectés et paumés que lui dans cette constellation californienne. Seul change le statut social, mais le niveau d’intelligence reste souvent au ras des pâquerettes et c’est ce qui fait le génie de tous les protagonistes, même s’ils n’ont parfois aucun impact sur l’intrigue.
L’histoire, exagérément alambiquée, est évidemment prétexte pour que le Dude se rende d’un point A…au point A. Les mains dans les poches, recevant des coups, se relevant, fumant un pète, le Dude encaisse sans broncher, même quand on lui met la tête dans les chiottes. Le genre à demander au mec qui lui met un coup dans les parties s’il ne s’est pas fait mal au pied. Mais quand un type qui l’a pris pour un autre, pisse sur son tapis (« qui donnait de la cohésion à la pièce »), le Dude voit rouge (d’ailleurs ses yeux le sont souvent) et décide d’aller protester, sans savoir dans quel labyrinthe kafkaïen il s’engouffre. Joel et Ethan Coen filment Los Angeles comme un terrain de jeu de l’oie (blanche), Lebowski (inspiré d’un certain Jeff Dowd, producteur indépendant rencontré par les Coen), nonchalant et glandeur, ne se rendant pas vraiment compte de ce qui se passe autour de lui. Heureusement, il peut compter sur « l’aide » de son ami Walter, vétéran du Vietnam, patriotique, gueulard et assez « impulsif », personnage inspiré par le réalisateur John Milius. Il y a aussi Donny, qui est là, toujours près du Dude et de Walter, mais à qui on dit toujours de la fermer. Il y a bien sûr le reste du casting royal, Julianne Moore, John Turturro, Philip Seymour Hoffman, Sam Elliott, Ben Gazzara, David Thewlis, Peter Stormare…
Ce qu’on oublie parfois de dire sur The Big Lebowski, c’est à quel point le film est également sublime à regarder. A la mise en scène discrètement virtuose, s’ajoute la photographie signée par le grand Roger Deakins, qui combine les couleurs chaudes et vives qui reflètent le regard du Dude sur le monde qui l’entoure, une ville sous substances. The Big Lebowski est une comédie qui emprunte au roman et film noir, mais qui ne cesse de prendre des chemins détournés pour mieux perdre son personnage principal et les spectateurs. Ce que le Dude absorbe lui permettra aussi de s’évader dans quelques rêveries oniriques, où il officie comme danseur dans une comédie musicale américaine des années 1950. C’est aussi l’oeuvre clé des frères Coen, le film somme qui synthétise Sang pour sang, Arizona Junior, Miller’s Crossing, Barton Fink, Le Grand saut et Fargo, avant que les deux frangins se lancent dans la deuxième partie de leur carrière avec O’Brother.
A sa sortie, le film attire près de 750.000 spectateurs en France, un record pour les Frères Coen qui dépassent leur score de Fargo (Oscar du scénario original) deux ans auparavant. Décalé, cartoonesque, noir, hilarant, indémodable, The Big Lebowski est une œuvre majeure et prestigieuse du cinéma américain. Ah oui, en 2019, sort Going Places, un spin-off centré sur le personnage Jesus Quintana, de et avec John Turturro, inspiré par Les Valseuses de Bertrand Blier Tout un programme !
LE 4K UHD
Le test de l’édition 4K Ultra-HD de The Big Lebowski, disponible chez Universal Pictures France, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Estampillée 20e anniversaire, cette édition comprend le disque 4K et le Blu-ray traditionnel sorti en 2011.
Les suppléments sont uniquement présents sur le Blu-ray 2011.
On trouve tout d’abord une fausse introduction d’un dénommé Mortimer Young (5’) réalisée par les frères Coen. Le président de la Forever Young Film Preservation présente « The Grand Lebowski » comme lors d’une rétrospective consacrée à un réalisateur disparu.
Le making of réalisé à la sortie du film (25’) croise les propos des frères Coen et des comédiens, qui reviennent sur l’histoire tout en présentant les personnages. Joel et Ethan Coen abordent les partis pris et leurs intentions, ainsi que leur collaboration avec le directeur de la photographie Roger Deakins.
Les segments intitulés La Vie de The Dude (10’) et Dix ans après (10’) se rejoignent puisque réalisés à l’occasion du dixième anniversaire de The Big Lebowski. Toute l’équipe témoigne sur la postérité du film, qui a connu une deuxième vie après un accueil modeste dans les salles américaines et de la part de la critique. Quelques images de tournage viennent illustrer l’ensemble.
Le module sur le Festival Lebowski (14’) est plus anecdotique, mais indique comment les spectateurs du monde entier se sont accaparé le film des frères Coen et les personnages. Mention spéciale aux cosplays avec certains fans qui redoublent d’imagination pour trouver le costume le plus inattendu.
Ne manquez pas le supplément consacré au tournage des scènes de rêves du Dude (4’). Les effets visuels sont rapidement évoqués à travers des images du plateau, sans oublier les commentaires de l’équipe. Jeff Bridges raconte notamment la blague que lui ont faite les danseuses sous les jambes desquelles il devait glisser en affichant un regard émerveillé.
L’éditeur joint ensuite une carte de Los Angeles, divisée en 14 points distincts qui indiquent les lieux de tournage. Des images tournées en 2008 montrent comment les différents quartiers se sont transformés. Durée totale du bonus 5’30.
C’est un plaisir de passer un petit moment avec l’immense Jeff Bridges qui présente son album de photographies prises sur le plateau de The Big Lebowski (17’30). Photographe de talent et reconnu, le comédien nous montre ses clichés, tout en racontant des anecdotes de tournage.
Universal compile également les photos de Jeff Bridges à travers une galerie animée, qui permet entre autres de lire les légendes écrites sous les clichés.
Une fonction U-Control est proposée avec un accès à diverses vignettes d’interviews de l’équipe, d’images de tournage, mais aussi de connaître chaque morceau musical entendu dans The Big Lebowski. Enfin, la dernière option comptabilise les « Fuck » (285), les « Man » (162) et les « Lebowski » (89) entendus dans le film !
L’Image et le son
Le Blu-ray édité en 2011 en avait décontenancé plus d’un quant au lissage parfois exagéré du grain argentique original. Chose réparée ici à l’occasion de cette édition 4K UHD puisque l’éditeur avait annoncé un nouveau master restauré à partir d’une source originale 35mm. Et quelle beauté ! Certes, le piqué est peut-être émoussé dans les séquences sombres, mais le bouc du Dude apparaît dans toute sa splendeur, tout comme les partis pris de l’immense chef opérateur Roger Deakins. C’est une explosion de couleurs, des décors aux costumes, en passant par les boules de bowling et même le vernis à ongle vert de Tara Reid ! La propreté est évidemment totale et la luminosité des séquences diurnes impressionne. Le relief est également inédit, sans pour autant donner un aspect artificiel à l’image (le HDR préserve d’ailleurs le naturel des contrastes et consolide les noirs), à l’instar des rayons du supermarché où le Dude fait sa première apparition. En dehors du générique à la définition nettement plus aléatoire, les détails abondent (les traces de doigts sur les boules de bowling, les motifs sur les fringues du Dude) et The Big Lebowski s’offre le plus beau des liftings pour son vingtième anniversaire. La plus belle copie à ce jour du chef d’oeuvre des frères Coen.
Franchement, qui visionne The Big Lebowski en version française hein ? QUI ? Bon, le mixage français DTS 5.1 fait ce qu’il peut. Il fait d’ailleurs beaucoup, trop même avec un report fracassant des voix qui dénature la nature du Dude. Alors non merci. En revanche, les pistes anglaises DTS:X et DTS-HD Master Audio 7.1 créent une alcôve tout à fait respectueuse des volontés artistiques des frères Coen. L’immense bande-son environne les spectateurs sans trop en faire, mais avec rigueur, les effets sont présents et les voix solidement centrées.
DADDY COOL réalisépar Maxime Govare,disponible en DVD chez Universal Pictures France le 6 mars 2018
Avec : Vincent Elbaz, Laurence Arné, Grégory Fitoussi, Jean-François Cayrey, Bernard Le Coq, Juliette Pivolot, Abel Mansouri Asselain, Maxence Chanfong‐Dubois, Sarah Le Huu Nho, Albert Bordes‐Guet, Bartholomé Bordes-Guet, Andy Rowski, Vanessa Demouy, Axelle Laffont, Michel Leeb…
Scénario : Maxime Govare, Noémie Saglio
Photographie : Gilles Henry
Musique : Mathieu Lamboley
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
Adrien, 40 ans et totalement immature, se fait larguer par Maude, 35 ans, désireuse d’enfin fonder une famille. Pour tenter de reconquérir l’amour de sa vie, Adrien décide de monter dans le futur ex-appartement conjugal : une crèche à domicile… Le début, d’une improbable expérience éducative…
Il y a dix ans, le cinéma français, ou plutôt la comédie française se focalisait sur les personnages de jeunes trentenaires immatures, qui peinaient à entrer dans l’âge adulte. Les films se bousculaient alors dans les salles avec des titres aussi évocateurs que L’Âge d’homme, maintenant ou jamais, Tel père, telle fille, Notre univers impitoyable, Ma vie en l’air, Dépression et des potes, Situation amoureuse : C’est compliqué, La Stratégie de la poussette, J’me sens pas belle, sans compter les films avec Alexandra Lamy, Clovis Cornillac, Julien Boisselier et bien d’autres. Parmi ces films se trouvent un élément récurrent, le comédien Vincent Elbaz. Révélé en 1994 par Cédric Klapisch dans Le Péril jeune, l’acteur a alors 26 ans quand il enchaîne deux hits en 1997, Les Randonneurs de Philippe Harrel et La Vérité si je mens ! de Thomas Gilou. Depuis, Vincent Elbaz a très peu côtoyé les sommets du box-office, mais n’a jamais chômé, apparaissant dans des œuvres variées chez Michel Spinoza, Gabriel Aghion, Michel Deville, Michel Blanc, Rémi Bezançon, Ariel Zeitoun. S’il a évidemment pris de la bouteille comme tout le monde, l’acteur âgé de 47 ans parvient à conserver cette énergie juvénile qui le caractérise. Il était donc le choix idéal pour interpréter le rôle principal de Daddy Cool, nouvelle comédie de Maxime Govare après le remarqué Toute première fois, Grand Prix du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez, qu’il avait cosigné et coréalisé avec Noémie Saglio en 2015.
Pour Daddy Cool, les deux signent une fois de plus le scénario, mais Maxime Govare est cette fois seul derrière la caméra. Petite réussite très sympathique, Daddy Cool peut compter sur une écriture soignée, des répliques qui fusent et qui font mouche, des situations amusantes bien exploitées et de formidables acteurs branchés sur cent mille volts.
Contrairement à son rôle dans l’excellent Ma vie en l’air de Rémi Bezançon, Vincent Elbaz devient ici celui qui squatte l’appartement, le type qui n’a pas vu passer les années et qui se retrouve à l’âge de 40 ans confronté à sa femme, Maude, qui demande le divorce. Ensemble depuis dix ans, la jeune femme de 35 ans, dessinatrice à succès, arrive à un carrefour de sa vie et pense fonder une famille. Mais comme elle le dit, « on ne fait pas un enfant avec un enfant ». Alors que la passion s’émousse, Adrien rentre une nuit bien éméché. Il réveille Maude à 4h du matin dans une situation embarrassante. C’est la goutte d’eau (ou d’autre chose plutôt) qui fait déborder le vase et Maude décide de quitter Adrien. Seulement voilà, ce dernier perd son magasin de disques qui périclitait et se retrouve sans argent. Les mois passent. Alors que Maude refait sa vie avec Renaud (Grégory Fitoussi, très bien), Adrien vit toujours sous son toit en dormant sur le canapé. Sur le point d’être viré, il parvient à trouver la solution pour rester chez son ex-compagne et dans l’espoir de la reconquérir, en ressortant du placard un diplôme de puériculture qui date d’avant leur rencontre. Il lui annonce alors qu’il ouvre une crèche à domicile. Mais Adrien ne connaît rien aux enfants et pour ainsi dire ne connaît rien à la vie. Il n’est jamais trop tard.
Vincent Elbaz a peu à faire pour rendre attachant et touchant son personnage de loser et éternel adolescent irresponsable à la dégaine dégingandée et aux yeux de cocker triste. Face à lui, la géniale Laurence Arné (L’amour c’est mieux à deux, Radin !) lui tient la dragée haute et démontre une fois de plus à quel point la comédie lui sied à ravir, sans jamais perdre son sex-appeal même en jurant comme un charretier. Daddy Cool est un divertissement très plaisant, drôle, au rythme soutenu, à la bande-son pêchue, qui se permet d’avoir recours à des gags gentiment trash et qui se clôt pourtant sur un plan-séquence très élégant.
LE DVD
Le test du DVD de Daddy Cool, disponible chez Universal Pictures France, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur l’entêtant Big Brown Eyes de Benny Sings.
L’interactivité se compose tout d’abord d’un bêtisier amusant de 13 minutes, dans lequel quelques fous rires se révèlent particulièrement contagieux.
S’ensuivent 13 minutes de scènes coupées et une fin alternative. Nous retiendrons notamment la séquence où Adrien essaye de dissuader un couple de jeunes femmes d’acheter l’appartement, après une visite organisée par Maude. Mention spéciale à la scène où Adrien donne des surnoms aux enfants dont il a la garde, Marine (« parce-qu’elle n’aime pas son père ») et Justin Bieber (« parce-qu’il fait que de la mer** »).
Cette section se clôt sur une galerie de dessins réalisés par l’illustratrice Audrey Bussi, dont on peut apprécier le travail tout le long du film, et sur un module durant lequel le réalisateur prépare son plan-séquence final (2’).
L’Image et le son
Pas de Blu-ray pour Daddy Cool. Cette édition SD ne manque pas d’éclat avec une définition plus que convenable mais nous attendions une colorimétrie et des contrastes plus affirmés. Les quelques séquences en extérieur sont les mieux loties avec un relief indéniable et une luminosité pimpante. Si ce transfert est parfois un peu trop doux et sobre, les noirs sont solides et les détails délicats.
La piste Dolby Digital 5.1 offre une belle spatialisation ponctuelle de l’excellente bande-son (caisson de basses compris), notamment les tubes Daddy Cool de Boney M., Big Brown Eyes de Benny Sings et le Are You Gonna Be My Girl de Jet qui restent en tête bien après la projection. Outre la spatialisation musicale, certaines ambiances naturelles parviennent à percer sur les quelques séquences en extérieur mais finalement, l’ensemble demeure axé sur les frontales, dynamiques et fluides, tandis que la centrale exsude les dialogues avec efficacité. Egalement disponible, la Stéréo se montre très dynamique et, s’agissant d’une comédie, largement suffisante et claire. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.
L’UN DANS L’AUTRE réalisépar Bruno Chiche,disponible en DVD et Blu-ray chez Universal Pictures France le 23 janvier 2018
Avec : Stéphane De Groodt, Louise Bourgoin, Aure Atika, Pierre-François Martin-Laval, Anne Benoit, Elliot Daurat…
Scénario : Bruno Chiche, Nicolas Mercier, Fabrice Roger-Lacan
Musique : Philippe Rombi
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
Deux couples, Pierre et Aimée, et Eric et Pénélope, partagent tous les quatre plusieurs années d’amitié sans nuage. Seul souci, Pénélope et Pierre sont devenus amants… La situation devenant intenable, ils décident de rompre. Mais après une ultime nuit d’amour passionnée, le sort leur joue un tour : Pierre et Pénélope se réveillent chacun dans le corps de l’autre ! Pour protéger leur secret, ils se retrouvent chacun à devoir vivre la vie de l’autre. C’est le début des complications…
Le pitch de L’un dans l’autre n’est pas nouveau et a déjà été traité au cinéma. En France par Patrick Schulmann avec Rendez-moi ma peau… (1980) et Nicolas & Bruno avec La Personne aux deux personnes (2008), ou bien aux Etats-Unis par Gary Nelson avec Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976), qui avait d’ailleurs connu un remake en 2003 avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan, Freaky Friday : Dans la peau de ma mère, réalisé par Mark Waters. On pense également à Dans la peau d’une blonde de Blake Edwards (1991) avec la géniale Ellen Barkin. Evidemment, nous sommes en France et cet échange d’identité d’un couple d’amants, mariés chacun de leur côté, est propice à quelques gags clichés et sexistes (la femme fait la vaisselle et mange bio, le mec bricole, fume comme un pompier et mange n’importe comment) qui ne révolutionnent en rien la comédie. Néanmoins, le film se laisse voir grâce aux comédiens qui s’amusent et prennent un plaisir évident à se donner la réplique.
Réalisateur inégal, on lui doit Barnie et ses petites contrariétés (2001), Hell (2006) et Je n’ai rien oublié (2011), Bruno Chiche parvient à donner du rythme à son film, ce qui fait souvent défaut dans les comédies hexagonales, même si sa mise en scène demeure illustrative. Heureusement, le couple vedette est parfait d’alchimie. Ancienne miss-Météo qui a depuis fait ses preuves au cinéma chez Anne Fontaine (La Fille de Monaco), Luc Besson (Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec), Gilles Marchand (L’Autre Monde), René Bezançon (Un heureux événement), Guillaume Nicloux (La Religieuse) et Nicole Garcia (Un beau dimanche), Louise Bourgoin n’avait finalement pas tellement tâté de la comédie proprement dite. Après Sous le même toit de Dominique Farrugia, elle trouve ici matière pour laisser libre court à sa fantaisie et à son talent pour le genre. De plus, la comédienne nous gratifie de quelques plans topless plutôt flatteurs pour les mirettes.
Face à elle, le désormais incontournable Stéphane de Groodt prend un malin plaisir à imiter sa partenaire en prenant un petit air pincé, en adoptant une démarche chaloupée et un phrasé maniéré. On aurait tendance à dire qu’il en fait beaucoup, trop même, mais finalement cet échange de corps fonctionne bien. Même si le film tient sur leurs noms, Louise Bourgoin et Stéphane de Groodt sont également bien épaulés par Pierre-François Martin-Laval et Aure Atika, qui loin de servir la soupe aux deux premiers, tirent agréablement leur épingle du jeu en apportant même un peu d’émotion. Le problème dans L’un dans l’autre, ce n’est pas de savoir la raison pour laquelle Pénélope se retrouve dans le corps de Pierre et Pierre dans le corps de Pénélope, d’ailleurs on ne le saura pas, mais que les deux personnages sont dès le départ assez méprisants dans leur petite bulle, qu’ils le restent durant leur transformation et qu’ils le demeurent finalement encore après.
Pénélope est mariée à Eric, un homme bon et sensible (Pierre-François Martin-Laval) avec qui elle souhaite adopter un enfant puisqu’elle ne peut pas en avoir. Pierre est marié depuis près de dix ans avec Aimée (Aure Atika), qui lui a donné deux enfants. Plongé dans son travail, Pierre néglige sa femme. Pénélope et Pierre sont amants depuis pas mal de temps, couchent ensemble après le boulot et rentrent chez leur conjoint respectif. Jusqu’au jour où Pierre apprend que Pénélope et son fiancé Eric vont adopter un enfant.
Certes, nous sommes dans le domaine de la comédie, mais les personnages sont loin d’être attachants et finalement l’empathie se fait plutôt pour Eric et Aimée. Dommage que le final soit également complètement raté et laisse sur une note amère. Toujours est-il que L’un dans l’autre enchaîne les gags et quiproquos à vitesse grand V et tient grâce à l’énergie revigorante ainsi qu’au charme de ses comédiens.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de L’Un dans l’autre, disponible chez Universal Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur quelques extraits du film.
L’éditeur propose peu de suppléments et c’est bien dommage. Cette section s’ouvre sur trois scènes coupées (4’), disponibles avec le commentaire audio de Bruno Chiche en option. Ces séquences laissées sur le banc de montage montraient Pierre (en fait Pénélope) qui appelle Pénélope (en fait Pierre) en urgence pour l’aider à changer le joint de l’évier comme il l’avait promis à sa femme. Les deux autres scènes se focalisaient sur Aimée, surprise avec son amant (le prothésiste dont elle avait parlé à Pénélope (aka Pierre) et aussitôt énervée de voir Pierre (aka Pénélope) s’en moquer gentiment. La suite de cette scène découle de la précédente, puisque Pierre qui a retrouvé son corps, ne comprend pas ce que son épouse est en train de lui dire quant à la situation.
S’ensuit une interview rapide des deux comédiens (3’) où l’un répond aux questions de l’autre.
Puis, un bêtisier amusant (7’), une galerie de photos et l’avant-première du film à Angoulême (1’) viennent fermer l’interactivité.
L’Image et le son
Universal frôle la perfection avec le master HD de L’un dans l’autre. Si les séquences tamisées se révèlent un poil moins ciselées, le reste est à l’avenant. Toutes les scènes se déroulant en extérieur impressionnent par leur rendu saisissant. Le piqué reste tranchant comme la lame d’un scalpel, les détails abondent sur le cadre large, la profondeur de champ est omniprésente, les contrastes sont denses et la colorimétrie chatoyante. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, la luminosité ravit constamment les yeux.
Le spectacle est également assuré du point de vue acoustique grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui exploite toutes les enceintes dans leurs moindres recoins. La balance frontale est saisissante, les effets nets et précis, les dialogues savamment délivrés sur le point central et les ambiances latérales constantes participent à l’immersion totale du spectateur. La musique de Philippe Rombi bénéficie d’un écrin phonique puissant sans pour autant dénaturer l’intelligibilité des voix des comédiens. La piste Stéréo est également très dynamique. L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
FAST & FURIOUS 8 (The Fate of the Furious) réalisépar F. Gary Gray, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra-HD le 16 août 2017 chez Universal Pictures France
Acteurs : Vin Diesel, Jason Statham, Dwayne Johnson, Michelle Rodriguez, Tyrese Gibson, Chris ‘Ludacris’ Bridges, Charlize Theron, Kurt Russell, Nathalie Emmanuel, Luke Evans, Elsa Pataky, Kristofer Hivju, Scott Eastwood…
Scénario : Chris Morgan
Photographie : Stephen F. Windon
Musique : Brian Tyler
Durée : 2h15
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
La « famille » que forment Dom, Letty, Brian et Mia semble s’être avoir trouvé une vie normale. Quand Cipher, une cyberterroriste anarchiste entre en action, ce fragile équilibre est bouleversé. Celle-ci peut prendre le contrôle des voitures et ainsi semer le chaos. Sous sa coupe, Dom doit trahir les siens. Letty n’accepte pas le volte-face de son compagnon et veut le ramener dans le droit chemin. Avec Brian, Hobbs et leur ancien ennemi Deckard Shaw, elle va se mettre à nouveau derrière en volant, faire crisser les pneus, se lancer dans des course-poursuite à Cuba, à New-York, et les plaines gelées de la mer arctique et tenter de ramener Dom au bercail…
Depuis 2001, la franchise Fast & Furiousest devenue l’une des plus lucratives de l’histoire du cinéma. Le phénomène est assez rare pour être signalé, depuis le quatrième opus en 2009, chaque opus aura fait plus de recette que le précédent, le cinquième épisode ayant engrangé plus de 600 millions de dollars à travers le monde, le sixième près de 800 millions. Le septième marqué par la mort prématurée de Paul Walker en novembre 2013, a explosé tous les records en rapportant plus d’1,5 milliard de dollars. Même chose concernant les budgets qui se sont littéralement envolés entre le premier, réalisé à l’époque pour seulement 38 millions de dollars, le huitième étant estimé à 250 millions. Bien qu’il était difficilement envisageable que le huitième volet fasse autant que le précédent, l’épisode qui nous intéresse a quand même battu les records une nouvelle fois avec 1,2 milliards de dollars de recette. Depuis l’arrivée de Dwayne Johnson et désormais Jason Statham dans l’équipe originale, la saga a su trouver un nouvel élan, tout en attirant de nouveaux spectateurs.
L’explosif épisode 7 mené de main de maître par James Wan, devait entamer une nouvelle trilogie et être suivi de deux autres films. Ce ne sera finalement pas le cas, puisque Vin Diesel, producteur chanceux de la saga, a fait savoir qu’il y aura trois autres épisodes désormais, les opus VIII, IX et X. Après un au revoir à Paul Walker, réalisé en images de synthèse à la fin du VII, notre Baboulinet préféré et sa clique partent donc sur de nouvelles routes. La franchise est donc à nouveau repensée. Mais comment surpasser ce qui a été fait précédemment ? Est-ce seulement possible ? Maintenant que Dom et Letty sont en lune de miel, que Brian et Mia se sont rangés (au revoir aussi à Jordana Brewster du coup) et que le reste de l’équipe a été disculpé, la bande de globetrotteurs retrouve un semblant de vie normale. Mais quand une mystérieuse femme, Cipher, une cyberterroriste anarchiste entraîne Dom dans le monde de la criminalité, ce dernier ne pourra éviter de trahir ses proches qui vont faire face à des épreuves qu’ils n’avaient jamais rencontrées jusqu’alors. Des rivages de Cuba (une première depuis 1962 pour une production américaine) aux rues de New York en passant par les plaines gelées de la mer arctique de Barrents (en fait le film a été tourné en Islande), notre équipe va sillonner le globe pour tenter d’empêcher Cipher de déchaîner un chaos mondial et de ramener à la maison l’homme qui a fait d’eux une « famille ».
Ce huitième « Rapides et Dangereux » ou plutôt ici « Le Destin des dangereux », titre traduit littéralement de l’anglais « The Fate of the Furious » pour le Québec, est cette fois signé F. Gary Gray. Venu du clip vidéo (pour Jay-Z, R. Kelly, TLC, Ice Cube), il est révélé en 1995 avec sa comédie Friday (avec Ice Cube et Chris Tucker), puis en 1996 avec son excellent polar Le Prix à payer. Deux ans plus tard, Le Négociateur, avec Samuel L. Jackson et Kevin Spacey est un joli succès au box-office et le réalisateur a désormais le vent en poupe. En 2003, on lui doit Un homme à part, l’une des rares incursions de Vin Diesel dans le registre dramatique, puis Braquage à l’italienne (avec Charlize Theron et Jason Statham), Be Cool en 2005 (la suite de Get Shorty adaptée d’Elmore Leonard) et Que justice soit faite en 2009. Il faudra attendre 2015 et le triomphe inattendu de NWA : Straight Outta Compton pour que F. Gary Gray fasse à nouveau parler de lui. Raison de plus pour que son ami Vin Diesel, qui avait un temps envisagé de rappeler Rob Cohen, metteur en scène du tout premier volet, fasse engager celui qui lui avait offert un contre-emploi plus de dix ans auparavant. F. Gary Gray prend donc le relais et signe un formidable divertissement, dans la droite lignée du film de James Wan, la virtuosité en moins sans doute. Mais le résultat est là. Fast & Furious 8 est un très grand spectacle décontracté et ne trahit en rien les attentes et espérances des spectateurs conquis. Fast & Furious 8 est un film d’action phénoménal, marqué par des séquences de poursuites hallucinantes à bord de véhicules en tous genres, des scènes de fusillades et de bastons dantesques et décalées, d’explosions, de cascades stupéfiantes repoussant sans cesse les limites de l’entertainment, avec toujours un ton résolument cartoonesque et proche de l’univers de Tex Avery sous stéroïdes croisé avec Mission Impossible et L’Agence tous risques.
Du point de vue des acteurs, rien ne bouge, ou presque : Vin Diesel parle toujours comme Terminator, roule des mécaniques en faisant la moue boudeuse. Visiblement, il souhaite montrer ici ses capacités d’acteur en se reposant sur la direction de son ami F. Gary Gray, ce qui nous vaut quelques séquences assez jubilatoires où il serre la mâchoire pour montrer son mécontentement ou sa tristesse. C’est pourquoi il reste toujours attachant. Il tente des trucs l’ami Vin, il est certes très limité, mais au moins il continue d’essayer à 50 ans. Michelle Rodriguez fait son retour habillée en débardeur et rivalise avec son partenaire en ce qui concerne les dents serrées. Dwayne Johnson se prend toujours pour G.I. Joe et détourne une torpille à mains nues, Tyrese Gibson et Chris « Ludacris » Bridges rivalisent de vannes potaches, Nathalie Emmanuel fait plutôt ici de la figuration et ne participe pas du tout à l’action, Elsa Pataky fait coucou (et au revoir), tout comme Luke Evans, Helen Mirren et d’autres apparitions surprises, tandis que Kurt Russell vient empocher son salaire et pour se marrer. C’est surtout Jason Statham, dans le rôle d’Owen Shaw, méchant de l’épisode précédent, qui intègre finalement l’équipe (oui bon, c’est aussi crédible qu’un rebondissement de soap-opéra), qui se taille la part du lion à chaque apparition à l’instar de l’évasion de la prison et surtout une baston anthologique à bord d’un avion, flingue en main, l’autre tenant un couffin. Sa confrontation avec Dwayne Johnson est un grand moment et devrait prochainement donner naissance à un spin-off ! Nouveau venu, probablement pour « succéder » à Paul Walker, Scott Eastwood interprète un protégé de Kurt Russell et promène son charisme brouillon lisse de Clint Eastwood avec beaucoup d’humour. Et la grande méchante alors ? Charlize Theron, regard de glace et arborant des dreads, surjoue à chaque réplique et prend visiblement beaucoup de plaisir. Peut-être moins à embrasser Vin Diesel, mais c’est une autre histoire. N’oublions pas la participation du comédien norvégien Kristofer Hivju, le redoutable guerrier Tormund Giantsbane de la série Game of Thrones, ici en homme de main impitoyable.
Comme les trois derniers opus l’avaient démontré, la saga a su évoluer en même temps que les spectateurs qui la suivent depuis le début en se concentrant dorénavant sur l’action pure et simple dans la droite lignée d’une bande dessinée grâce à un montage percutant, mais heureusement toujours fluide, limpide, lisible. Il faut voir comment le metteur en scène s’amuse avec ses personnages, à leur faire défier les lois de la gravité, sauter de plusieurs mètres et se relever sans une égratignure, le sourire toujours aux lèvres, une bonne vanne prête à être dégainée, à l’instar de la séquence sensationnelle à New York où des voitures « zombies » sont lâchées dans les rues de la grosse Pomme. Comme une adaptation live du dessin animé MASK, rien n’est réaliste dans Fast & Furious 8 et c’est pourquoi le spectateur est amené à prendre son pied pendant ces 135 minutes menées tambour battant, même s’il est évident que faire reposer l’histoire (et le suspense) sur la trahison de Dom envers les siens, est aussi vraisemblable qu’envisager Vin Diesel pour le rôle de James Bond.
Les personnages ? On les connaît, on les fait évoluer un peu, suffisamment pour mettre en route le neuvième épisode, mais en attendant, comme des figurines dans des petites voitures, on les place derrière leur volant et on leur fait faire des pirouettes, des tonneaux, on les fait voler, on sort la grosse artillerie et on fait joujou (principalement pour de vrai) avec tous les véhicules possibles et imaginables, dont un sous-marin. C’est ça la franchise Fast & Furious, véritablement à part dans le cinéma et l’on est toujours éberlué de voir comment un petit film « à la mode » et sans prétention est devenu aujourd’hui une immense entreprise de divertissement, LA référence du genre action, généreux, invraisemblable et jusqu’au-boutiste, qui donne aux spectateurs TOUT ce qu’il désire à en avoir la mâchoire pendante, les tympans crevés et les yeux révulsés. Ce n’est même pas un plaisir coupable, car depuis quand prendre du plaisir serait-il honteux ?
On ne sait pas ce que les scénaristes nous réservent pour le neuvième volet. Vu comme c’est parti, on imagine très bien Toretto et sa « famille » rouler sur la Lune. C’est peu dire qu’on a hâte de connaître la suite, prévue désormais en avril 2020.
LE BLU-RAY
Universal sort la grosse artillerie ! Le Blu-ray de Fast & Furious 8 repose dans un boîtier Steelbook rutilant, bleuté et argenté. Le menu principal est animé, musical et plonge directement dans l’univers du film. La version Extended director’s cut (13 minutes supplémentaires) n’est pas disponible sur le Blu-ray, mais sur la copie Digitale, un comble !
Alors que James Wan avait refusé de réaliser le commentaire audio sur l’opus qu’il avait (brillamment) mis en scène, F. Gary Gray prend le micro et se livre avec plaisir à l’exercice. Pas un seul temps mort durant ce commentaire très bien mené, généreux en anecdotes de tournage et sur la collaboration du réalisateur avec ses comédiens. En arrivant sur le huitième épisode d’une saga, il est évident que l’homme aux manettes ait dû faire ses preuves, ce qui est le cas, mais F. Gary Gray explique comment il a pris le train en route et démontrer qu’il en avait sous le capot. Pardon pour tous ces jeux de mots. Le cinéaste détaille ses intentions, les partis pris et rend également hommage à toute son équipe, en indiquant qu’un spectacle-bulldozer de cet acabit ne se fait évidemment pas seul et qu’il serait honteux qu’il récolte tous les lauriers. Quelques propos involontairement drôles nous font beaucoup rire quand F. Gary Gray indique que Scott Eastwood a tout pour devenir une grande star, que Vin Diesel livre ici sa plus grande prestation dramatique (et qu’il le compare à Marlon Brando ou Humphrey Bogart) ou que la scène du baiser Diesel/Theron allait bouleverser l’histoire du cinéma. Rien que ça. Ah oui et l’un de ses films d’action préférés est Nikita de Luc Besson. Un commentaire très sympa on vous dit.
Chaque segment est ensuite présenté par un des comédiens du film face caméra.
Le premier module vidéo est consacré au tournage du film à Cuba (8’). Vin Diesel, le réalisateur F. Gary Gray, les acteurs, les producteurs, le réalisateur de la seconde équipe, les cascadeurs, le scénariste, qui reviennent d’ailleurs dans chaque supplément, interviennent pour partager leurs expériences. De nombreuses images du plateau dévoilent l’envers du décor et la préparation de la séquence d’ouverture.
S’enchaînent alors quatre suppléments consacrés aux personnages (22 minutes au total). Ce sont les bonus les plus promotionnels dans le sens où les comédiens racontent l’histoire, les enjeux, l’évolution des personnages par rapport aux épisodes précédents, ainsi que l’introduction des nouveaux protagonistes. Cette fois encore, les propos sont illustrés par des images de tournage.
Un des intérêts de Fast & Furious 8 est évidemment l’utilisation de bolides hors-du-commun. Nous avons donc 3 documentaires (21 minutes au total) consacrés au tournage avec les Dodge, les Ford et les vieilles Chevrolet, les Ferrari, Lamborghini, Jaguar, Toyota, Subaru ou un concept car, une Bentley GT Groupe, un tank Ripsaw prêté par le département de la défense, un hors-bord Mystic, un Buggy militaire Stryker. Avec quelques gros plans sur la Dodge Ice Charger de Dom, la Dodge Ice Ram Truck de Hobbs ou encore la Rally Fighter de Letty. De quoi faire plaisir aux fans. L’un des segments s’attarde également sur la création de la séquence new-yorkaise avec les voitures zombies et la « pluie de voitures » sur le bitume.
Trois autres suppléments se focalisent sur le tournage des plus grandes cascades du film, à Cuba (6’), en Islande (7’) et à New York (5’). Même principe que dans les segments précédents, on y trouve des interviews de l’équipe et des images de tournage.
L’interactivité se clôt sur les séquences de bastons en prison et en avion, proposées en version longue (5’).
L’Image et le son
Nous n’en attendions pas moins ! Le master HD de Fast & Furious 8 est éblouissant et s’inscrit instantanément dans la liste des disques de démonstration. Le piqué et le relief sont renversants, les contrastes léchés, de jour comme de nuit tout est magnifiquement restitué et les détails abondent aux quatre coins du cadre large avec une profondeur de champ abyssale. Les carrosseries sont divinement lustrées, l’apport HD reste omniprésent, d’autant plus que F. Gary Gray s’est équipé de toute une armada de caméras numériques en tous genres (Arri Alexa XT Plus, Blackmagic Micro, Red Weapon Dragon), la clarté est aveuglante, la colorimétrie est riche et bigarrée avec une prédominance de teintes bleutées et les noirs sont denses. Vive le Blu-ray !
Sans surprise, dès l’apparition du logo Universal, le fracassant et immersif mixage DTS-X (autrement dit 11.2, oui vous avez bien lu), qui s’encode automatiquement en DTS-HD Master Audio 7.1 (et 5.1 donc) si – comme la plupart – vous ne possédez pas le matériel approprié. Ce mixage exploite les latérales dans leurs moindres recoins, et ce jusqu’à la fin du film avec la séquence de poursuite sur la glace entre le sous-marin et les voitures. C’est peu dire que Fast & Furious 8 met à mal toute installation acoustique digne de ce nom. La musique de Brian Tyler bénéficie d’une spatialisation percutante et systématique, les effets, explosions, tôles froissées, déflagrations et ambiances annexes foisonnent sans jamais noyer les dialogues. Les moteurs rugissent de partout. A titre de comparaison, la piste française DTS 5.1 fait pâle figure face à son homologue du point de vue homogénéité car trop rentre-dedans et manque singulièrement de finesse. Les rares séquences calmes jouissent d’un beau traitement de faveur. N’oublions pas le caisson de basses qui ne tient pas en place sur le sol et fait vibrer les murs pendant plus de deux heures. Le chaos ! Top démo si vous désirez épater la galerie ! Epique !
IRISréalisé par Jalil Lespert, disponible en DVD et Blu-ray le 21mars 2017 chez Universal Pictures France
Acteurs : Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert, Camille Cottin, Adel Bencherif, Sophie Verbeeck…
Scénario : Jalil Lespert, Jérémie Guez
Photographie : Pierre-Yves Bastard
Musique : Dustin O’Halloran, Adam Wiltzie
Durée : 1h34
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Iris, la femme d’Antoine Doriot, un riche banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à son enlèvement. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer la vérité sur l’affaire qui se déroule sous leurs yeux.
Comédien rare à la présence souvent magnétique (Ressources humaines, Le Petit Lieutenant), Jalil Lespert est également un metteur en scène appliqué qui a su imposer dès son premier long métrage en tant que réalisateur, 24 mesures (2007), un vrai tempérament de cinéaste. Après Des vents contraires, adapté d’un roman d’Olivier Adam et son biopic Yves Saint Laurent (2014), qui a valu à Pierre Niney le César du meilleur acteur, Jalil Lespert revient derrière la caméra pour Iris, librement inspiré du film japonais Kaosu – Chaos de Hideo Nakata, réalisé en 1999, mais sorti en France dix ans après en DVD ! Iris reprend exactement le même canevas. Un homme, ici un petit garagiste et ancien taulard, se retrouve complice d’un faux enlèvement, celui de la femme d’un riche banquier qu’elle met elle-même en scène. Elle se laisse cloîtrer dans sa maison tandis qu’il envoie la demande de rançon. Mais lorsqu’il rentre chez lui, il retrouve la femme morte, son cadavre allongé sur le sol.
Pour la première fois, Jalil Lespert joue dans un film qu’il réalise et s’octroie le rôle de l’homme d’affaires. Il confie les deux rôles principaux à Romain Duris et Charlotte Le Bon, eux-mêmes soutenus par Camille Cottin (la « Connasse » de Canal+) dans un contre-emploi étonnant, Adel Bencherif (vu dans Frontière(s) de Xavier Gens et Un prophète de Jacques Audiard). C’est dire si l’affiche était prometteuse, mais il faut bien se rendre à l’évidence, Iris est un sacré fiasco. Après un prologue pourtant excellent, inquiétant, excellemment réalisé et photographié par Pierre-Yves Bastard (JCVD, Le Vilain) qui montre un Paris particulièrement sombre, humide et glacial, Jalil Lespert se perd dans une démonstration technique complètement gratuite, un montage alambiqué qui dévoile le pot aux roses trop rapidement en croyant pourtant brouiller les pistes pour mieux perdre les spectateurs. Du coup, tout ce qui faisait le charme du film dans les premières minutes, s’estompe au profit d’un festival de grimaces de la part de Romain Duris (sourcils froncés et lèvres retroussées sur des canines pour montrer l’agacement de son rustre personnage), tandis que Charlotte Le Bon fait la moue en trémoussant son corps de rêve moulé dans du vinyle, dans une boite SM. Au moins, les yeux ont de quoi se rassasier. De son côté, Camille Cottin déclame des dialogues souvent vulgaires en tirant la tronche, Jalil Lespert prend l’air malheureux en se disant qu’il aurait mieux fait de se concentrer uniquement sur sa mise en scène.
Iris est un thriller de manipulation teinté d’érotisme à l’esthétique laquée et goudronneuse, mais qui s’avère en réalité une vraie mélasse. Les comédiens s’embourbent littéralement dans une intrigue limitée et prévisible, tandis que Jalil Lespert tente de bien faire les choses en s’inspirant parfois (trop) de Brian de Palma et d’Alfred Hitchcock, avec Body Double d’un côté et Vertigo – Sueurs froides de l’autre, sans oublier un soupçon de Gone Girl de David Fincher. Mais malgré ces solides références, Iris ne décolle jamais et ennuie l’audience, encore plus si le spectateur est déjà un grand habitué des codes du genre avec ses trahisons et ses intrigues à tiroirs. Et quand on se dit au final que toute cette histoire arrive parce-qu’un type prend son pied quand on lui donne la fessée, cela n’arrange rien à l’affaire. Si tous les ingrédients étaient réunis pour que la sauce prenne, Iris ne parvient pas à convaincre.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray d’Iris, disponible chez Universal Pictures France, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical et la jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.
Hum…pas grand-chose à se mettre sous la dent ! En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint deux mini-featurettes de 3 minutes, qui font office de making of. Quelques images de tournage et des propos de l’équipe donnent un aperçu des prises de vues et des intentions du réalisateur Jalil lespert. Ce dernier revient sur ses références et sur l’écriture du scénario.
L’Image et le son
Ce master HD d’Iris est en tous points sublimes et s’inscrit directement comme un Blu-ray de démonstration. Les premiers plans donnent le ton : les noirs sont d’une densité inégalée, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir aux quatre coins du cadre large, les teintes froides peuvent compter sur un encodage AVC de haute volée et les détails du cadre large s’impriment sur les rétines. Les contrastes sont pénétrants, la texture de la photo signée Pierre-Yves Bastard est constamment palpable et bénéficie d’un relief extraordinaire, sur les scènes en extérieur comme sur les intérieurs tamisés. N’oublions pas la colorimétrie, sombre, parfaitement restituée.
La piste DTS-HD Master Audio 5.1 est d’une qualité technique ébouriffante. Comme pour l’image, le spectateur est immédiatement happé dès la première séquence. D’emblée, les frontales, les latérales et le caisson de basses créent un environnement percutant, qui ne se relâche jamais. Rien n’est laissé au hasard dans ce mixage, les ambiances naturelles se déploient au point où l’on parvient à distinguer la rumeur des passants dans la rue. La musique ponctue constamment le visionnage, les voix demeurent saisissantes sur la centrale, tandis que la balance des enceintes avant n’en finit pas de rivaliser d’effets en tous genres. Avec une piste Stéréo de très haut niveau, l’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.