Test Blu-ray / The Ship that Died of Shame, réalisé par Basil Dearden

LE BATEAU QUI MOURUT DE HONTE (The Night my Number Came Up) réalisé par Basil Dearden, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 14 janvier 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Richard Attenborough, George Baker, Bill Owen, Virginia McKenna, Roland Culver, Bernard Lee, Ralph Truman, John Chandos, Harold Goodwin, John Longden…

Scénario : John Whiting, Michael Relph & Basil Dearden, d’après une nouvelle de Nicholas Monsarrat

Photographie : Gordon Dines

Musique : William Alwyn

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Après s’être illustré par sa bravoure pendant la Seconde Guerre mondiale, l’équipage du canonnier 1087 de la Royal Navy décide de remettre le navire à flots pour se lancer dans la contrebande. Alors que les cargaisons deviennent de plus en plus suspicieuses, le bateau semble refuser son nouvel et humiliant emploi.

S’il y a un réalisateur britannique auquel devraient s’intéresser les cinéphiles, c’est bien Basil Searden (1911-1971). Nous avons déjà parlé de ce cinéaste à travers nos chroniques consacrées à Khartoum, Au coeur de la nuit (pour lequel il signait le sketch intitulé Le Cocher de corbillard – Hearse Driver, ainsi que celui dit « de liaison ») et Un si noble tueur The Gentle Gunman. Un nom emblématique des studios Ealing. C’est toujours un immense plaisir de mettre la main sur une œuvre méconnue, devenue invisible depuis longtemps et devant laquelle on redécouvre sans cesse la virtuosité d’un metteur en scène. C’est encore le cas avec Le Bateau qui mourut de honte The Ship That Died of Shame, sorti en 1955, alors que le cinéma anglais connaît une crise sans précédent. Cet opus est le vingtième et antépénultième emballé par Basil Dearden pour le compte des Ealing Studios et sans doute l’un des plus étonnants, avec lequel son auteur retrouve une petite veine fantastique déjà exploitée dans le sensationnel Au coeur de la nuit. Également scénariste et producteur, Basil Dearden dirige de merveilleux comédiens et convoque le spectre de la Seconde Guerre mondiale, en se focalisant sur une poignée d’anciens combattants, dont l’âme est restée à bord de leur navire, en pleine mer, qu’ils ont arpenté plusieurs années pour faire face à l’ennemi. Le retour à la « vie normale » est pour ainsi dire impossible, mais il faut bien vivre et continuer à avancer puisqu’ils n’ont pas sombré dans les flots. Comme le hasard fait bien (ou mal) les choses, ces vétérans vont se retrouver quelques années plus tard et remonter à bord de leur ancien navire de guerre, reconverti en bâtiment destiné à la contrebande. Le Bateau qui mourut de honte est comme qui dirait un huis clos à ciel ouvert, où les personnages semblent avoir été enfermés à jamais sous cloche avec leur bateau. La violence jusqu’alors contenue, ainsi que les règlements de comptes vont alors exploser. Grande découverte que ce The Ship That Died of Shame.

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Test Blu-ray / The Night my Number Came Up, réalisé par Leslie Norman

LE JOUR OÙ MON DESTIN S’EST JOUÉ (The Night my Number Came Up) réalisé par Leslie Norman, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 14 janvier 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Michael Redgrave, Sheila Sim, Alexander Knox, Denholm Elliott, Ursula Jeans, Ralph Truman, Michael Hordern, Nigel Stock…

Scénario : R.C. Sheriff, d’après une histoire originale de Victor Goddard

Photographie : Lionel Banes

Musique : Malcolm Arnold

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Au cours d’une escale aérienne entre Hong Kong et le Japon, le colonel Lindsay raconte son rêve de la nuit précédente : son avion était pris dans une tempête et s’écrasait. Peu à peu, tous réalisent qu’ils sont en train de vivre la même histoire. Le destin de l’avion va-t-il dépendre du cauchemar prophétique… ?

Leslie Norman (1911-1993) n’est peut-être pas le nom le plus emblématique issu des studios Ealing et pourtant celui-ci en fut l’un des hommes les plus en vue. Tout d’abord monteur, pour Basil Dearden, Alberto Cavalcanti ou Allan Dwan, Leslie Norman passe derrière la caméra en 1955, à l’heure où le cinéma britannique dit « traditionnel » connaît un ralentissement conséquent, pour laisser place à l’émergence de la Hammer qui se spécialise dans l’épouvante. Ainsi, quelques mois avant le célèbre Le Monstre Quatermass Xperiment de Val Guest, les studios Ealing donnent sa chance à leur poulain de toujours (25 ans d’expérience tout de même), pour tenter de renouer avec la veine fantastique établie avec le sensationnel Au coeur de la nuit Dead of Night sorti dix ans auparavant. The Night my Number Came Up ou La Nuit où mon destin s’est joué en version française, est donc le premier long-métrage comme metteur en scène de Leslie Norman et un véritable bijou. Ce quasi-huis clos et drame fantastique est une expérience sensorielle qui demeure particulièrement efficace 70 ans après sa sortie. Avec son suspense tendu du début à la fin, son atmosphère anxiogène maintenue et son formidable casting, The Night my Number Came Up, nommé à quatre reprises aux BAFTA de 1956, est une indéniable et précieuse découverte pour les cinéphiles, d’autant plus que le postulat n’est pas sans annoncer les intrigues de quelques séries télévisées contemporaines comme Lost et ses ersatz, ainsi que de la franchise Destination Finale.

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Test Blu-ray / Pink String and Sealing Wax, réalisé par Robert Hamer

FICELLE ROSE ET CORDE À CACHETER (Pink String and Sealing Wax) réalisé par Robert Hamer, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 14 janvier 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Mervyn Johns, Mary Merrall, Gordon Jackson, Jean Ireland, Sally Ann Howes, Colin Simpson, David Wallbridge, Googie Withers…

Scénario : Diana Morgan, d’après une pièce de Roland Pertwee

Photographie : Stanley Pavey

Musique : Norman Demuth

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Dans le Brighton victorien, le fils d’un pharmacien fuit la tyrannie d’un père archaïque pour pénétrer dans le monde interlope d’un pub dirigé par un tenancier alcoolique et violent que sa femme cherche à éliminer par tous les moyens. Celle-ci voit en le jeune homme l’occasion d’arriver à ses fins…

Réalisateur, scénariste et producteur britannique, Robert Hamer (1911-1963) fait ses débuts derrière la caméra avec l’exceptionnel Au cœur de la nuit Dead of Night, film collectif qui réunit aussi à la barre Alberto Cavalcanti, Charles Crichton et Basil Dearden. Dans cet opus mythique des légendaires studios Ealing, œuvre matricielle, fondatrice du cinéma horrifique, comédie noire et drame fantastique, Robert Hammer se fait remarquer avec le sketch intitulé Le Miroir hanté, où une femme fait cadeau a son mari d’un miroir ancien. Celui-ci est fixé au mur de la chambre à coucher mais, au bout d’un certain temps, l’homme, quand il regarde dans le miroir, constate qu’il s’y voit dans une pièce qui est complètement différente de celle où il se trouve réellement. L’ancien monteur d’Alfred Hitchcock (La Taverne de la Jamaïque Jamaica Inn) est passé à la postérité avec le légendaire Noblesse oblige Kind Hearts and Coronets (1949), grâce notamment à Sir Alec Guinness, qui interprète pas moins de huit rôles à l’écran, soit toute la famille d’Ascoyne. Mais quand on creuse un peu plus sa filmographie, le cinéphile curieux aura la surprise de découvrir d’autres pépites. C’est le cas pour L’Académie des coquins, étrangement plus connu dans nos contrées sous son titre original, School for Scoundrels, son dernier long-métrage, ainsi que pour son second film, Pink String and Sealing Wax. Derrière ce titre énigmatique, que l’on peut traduire littéralement par Ficelle rose et cire à cacheter, se cache une comédie de mœurs (symbolique des studios Ealing) qui mute en thriller dramatique que n’aurait pas renié un maître du suspense très célèbre. Robert Hammer dirige à nouveau la formidable Googie Withers, vue dans Au coeur de la nuit, et plus tard dans Les Forbans de la nuit Night and the City (1950), qui marque le film par sa beauté fatale singulière. Magistralement mis en scène, Pink String and Sealing Wax est un diamant noir, peu aimable, souvent pessimiste, qui plonge le spectateur dans les rues de Brighton, où règne la loi de la jungle et où les nantis exercent leur pouvoir aussi bien dans leurs affaires professionnelles que sur leur propre famille.

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Test Blu-ray / Autour de minuit, réalisé par Bertrand Tavernier

AUTOUR DE MINUIT (‘Round Midnight) réalisé par Bertrand Tavernier, disponible en DVD, Blu-ray, 4K Ultra HD & Coffret Collector – 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray bonus + Livre + CD audio + Affiche depuis le 4 décembre 2024 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Dexter Gordon, François Cluzet, Gabrielle Haker, Sandra Reaves-Phillips, Lonette McKee, Christine Pascal, Herbie Hancock, Bobby Hutcherson, Martin Scorsese, Philippe Noiret, Alain Sarde, Eddy Mitchell…

Scénario : David Rayfiel & Bertrand Tavernier, inspiré de la vie de Budd Powell & Francis Paudras

Photographie : Bruno de Keyser

Musique : Herbie Hancock

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

À la fin des années 1950, Dale Turner, un saxophoniste new-yorkais de génie miné par l’alcool et la drogue, revient à Paris. En compagnie de Buttercup, une amie, il s’installe à l’Hôtel La Louisiane, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Dale Turner se produit dans une cave, le « Blue Note », où il rêve à un nouveau départ. Un jour, il rencontre Francis Borier et se lie d’amitié avec lui…

L’Amérique aura fasciné Bertrand Tavernier toute sa vie. Son cinéma, son histoire et bien entendu sa musique. Autour de minuit‘Round Midnight est une étape dans la carrière prestigieuse du réalisateur. Cette production franco-américaine réunit un casting hétéroclite, où l’on croise aussi bien Martin Scorsese qu’Eddy Mitchell, Marcel Zanini ou Philippe Noiret et fait office de pont entre les deux continents, édifice sur lequel les plus grands joueurs de jazz officieraient comme serre-files. Récompensé par l’Oscar de la meilleure musique pour Herbie Hancock, lauréat du César du meilleur son et de celui de la meilleure musique originale, Autour de minuit, également nommé aux Golden Globes, s’inspire non seulement du musicien Lester Young, mais aussi et surtout de la rencontre entre le pianiste Budd Powell et le spécialiste de jazz Francis Paudras, que Bertrand Tavernier et son coscénariste David Rayfiel (Les 3 jours du Condor, déjà à l’oeuvre sur La Mort en direct) adapte et transpose – en se basant sur le livreLa Danse des infidèles écrit par Paudras – à travers les personnages de Dale Turner, saxophoniste, et Francis Borler, interprétés par Dexter Gordon (saxophoniste ténor et compositeur de jazz américain) et François Cluzet. Placé entre le merveilleux Un dimanche à la campagne et l’étonnant La Passion Béatrice, ‘Round Midnight est une promenade personnelle dans l’univers de Bertrand Tavernier, qui se livre comme rarement dans cet opus, sans doute l’un de ses plus personnels.

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Test Blu-ray / À cause d’elle, réalisé par Jean-Loup Hubert

À CAUSE D’ELLE réalisé par Jean-Loup Hubert, disponible en DVD & Blu-ray le 26 novembre 2024 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Antoine Hubert, Olivia Muñoz, Thérèse Liotard, Jean-François Stévenin, Ludmila Mikaël, Erick Desmarestz, Renaud Ménager, Julien Hubert, Pauline Hubert, Romane Bohringer…

Scénario : Jean-Loup Hubert

Photographie : Claude Lecomte

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

1963, près de Nantes. Antoine rêve de rock ‘n’ roll et doit repasser son certif pour la deuxième fois. Issu d’une famille modeste, il n’a d’yeux que pour la belle et austère Olivia qui vit chez ses parents dans un château des environs. Un accident de voiture, dont Olivia est en partie responsable, entraîne une hospitalisation prolongée pour Antoine. Pour se faire pardonner, elle se propose de le visiter régulièrement tout en l’initiant à la lecture de Balzac et Stendhal. L’amour d’Antoine grandit mais Olivia reste inaccessible. C’est alors qu’il décide de devenir écrivain. Que se passera-t-il ? Finiront-ils ensemble ?

L’oeuvre du réalisateur Jean-Loup Hubert a très souvent été parcourue de souvenirs autobiographiques. Mais s’il y a bien un de ses films qui demeure intégralement inspiré par sa propre vie, c’est sans aucun doute À cause d’elle, son sixième long-métrage. Projet de longue date, pour ne pas dire depuis toujours en gestation, ce drame biographique dévoile les premiers émois d’un adolescent de 14 ans (« bientôt 15 » comme nous l’indique un narrateur, dont la voix semble être celle du cinéaste lui-même), mais aussi l’élément modificateur, matriciel, fondateur dans son existence, puisque cet amour sera le déclencheur de sa vocation d’écrivain. Complètement anachronique lors de sa sortie en 1993, année où les spectateurs font une ovation aux Visiteurs, où les dinosaures de Steven Spielberg débarquent pour la première fois au cinéma, où le Dracula de Coppola effraie les spectateurs, où Stallone fait son comeback dans l’action-movie avec Cliffhanger et où Claude Berri adapte Émile Zola avec un budget de blockbuster, À cause d’elle ne rencontrera aucun succès dans les salles. Ce premier revers important pour Jean-Loup Hubert, également seul scénariste et dialoguiste, s’il n’est indéniablement pas aussi réussi que ses opus précédents, n’en reste pas moins charmant à plusieurs égards, mais pâtit d’un casting peu inspiré, en particulier la jeune comédienne non-professionnelle qui incarne celle qui émeut le coeur et l’âme du personnage principal. Un plaisir agit tout de même, quand bien même À cause d’elle restera le film le plus méconnu de son auteur.

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Test Blu-ray / La Reine blanche, réalisé par Jean-Loup Hubert

LA REINE BLANCHE réalisé par Jean-Loup Hubert, disponible en DVD & Blu-ray le 26 novembre 2024 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Catherine Deneuve, Richard Bohringer, Bernard Giraudeau, Jean Carmet, Laure Moutoussamy, Isabelle Carré, Muriel Pultar, Geneviève Fontanel…

Scénario : Jean-Loup Hubert

Photographie : Claude Lecomte

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

1960. Confrontée au retour d’Yvon, Liliane, mariée à Jean, a besoin de comprendre : pourquoi ce départ précipité vingt ans plus tôt ? Jean, de son côté, se sent menacé. Il n’a pas oublié que son ami d’enfance était lui aussi amoureux de Liliane avant de disparaître mystérieusement.

La Reine blanche devait à nouveau réunir au cinéma Catherine Deneuve et Gérard Depardieu. Suite à un empêchement de dernière minute, ce dernier devait finalement laisser sa place à Richard Bohringer, qui tournait ici pour la troisième et dernière fois pour Jean-Loup Hubert, après Le Grand chemin et Après la guerre. « La Reine blanche » c’est dans le film la reine du carnaval de Nantes, le titre de reine de beauté locale que Liliane Soulas remporta dans sa jeunesse. Une élection et donc un prix qui a marqué à vie les esprits en raison de l’ immense beauté de la jeune femme, qui n’a jamais été égalée depuis. Mais le titre de « Reine » est aussi celui de Catherine Deneuve sur le cinéma français et bénéficier de cette royale comédienne en haut de l’affiche de son film est assurément un aboutissement pour Jean-Loup Hubert. Si rétrospectivement La Reine blanche apparaît comme une œuvre plus classique, ce long-métrage n’en reste pas moins une belle réussite, toujours inspiré par de nombreux éléments autobiographiques liés aux souvenirs d’enfance du cinéaste.

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Test Blu-ray / Après la guerre, réalisé par Jean-Loup Hubert

APRÈS LA GUERRE réalisé par Jean-Loup Hubert, disponible en DVD & Blu-ray le 26 novembre 2024 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Richard Bohringer, Antoine Hubert, Julien Hubert, Martin Lamotte, Isabelle Sadoyan, Raoul Billerey, Jean-François Dérec, Jacques Mathou, Roger Miremont…

Scénario : Jean-Loup Hubert

Photographie : Claude Lecomte

Musique : Jürgen Knieper

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Août 1944, les Américains arrivent ! C’est ce que croient Antoine, 12 ans et Julien, 8 ans, qui l’annoncent triomphalement aux habitants du village. Mais c’est une colonne de chars allemands qui avance. Paniqués, Antoine et Julien s’enfuient et font la rencontre d’un déserteur allemand. Ensemble, ils poursuivent leur chemin…

Il est sans doute toujours difficile pour un réalisateur ayant connu un triomphe au box-office, de passer au film suivant. Jean-Loup Hubert n’a cependant pas attendu longtemps et ne s’est pas reposé sur lauriers après le succès du Grand chemin, qui avait attiré plus de 3,1 millions de spectateurs en 1987. Deux ans plus tard, Après la guerre sort déjà sur les écrans et bénéficie des deux mêmes têtes d’affiche que son œuvre précédente, Richard Bohringer (auréolé du César du meilleur acteur) et Antoine Hubert, le fils aîné du cinéaste, qui interprétait Louis dans Le Grand chemin. Après l’été 1959, Jean-Loup Hubert remonte à nouveau le temps et plante son histoire quinze ans avant pour Après la guerre. Les Américains viennent de débarquer. Dans un petit village du sud de la France, on s’apprête à fêter les libérateurs. Trois jeunes garçons, Julien, Antoine et Gaby, au lieu de répéter avec le reste de la fanfare, préfèrent guetter l’arrivée des Américains qu’ils annoncent à la vue d’une file de blindés. Mais c’étaient les Allemands en train de se replier. Le maire est tué et l’on prévoit un châtiment exemplaire pour les garçons. Gaby est pris tandis que les deux frères Julien et Antoine s’enfuient vers Lyon pour y retrouver leur mère. Ils découvrent alors, réfugié dans un moulin, un soldat allemand cloué au sol par une sciatique. Franz-Joseph est en fait un déserteur et s’il parle si bien le français, c’est parce que sa mère est alsacienne. Après avoir été soigné par une rebouteuse, Franz accepte de faire route avec les deux garçons. Après la guerre s’inspire en grande partie de l’histoire vraie de Richard Bohringer, fils d’un officier de l’armée allemande et d’une française, qui se sont rencontrés durant la Seconde Guerre mondiale. Principalement élevé par sa grand-mère maternelle dans le Val-d’Oise en 1942, tandis que sa mère était allée vivre en Allemagne et que son père devait être fait prisonnier durant quelques années en Russie, le comédien, même si entouré d’amour, devait apprendre à grandir ainsi. Forcément touché, Jean-Loup Hubert prend certains éléments de cette histoire et livre un formidable long-métrage doux-amer sur l’absurdité de la guerre. Magnifiquement interprété par Richard Bohringer, les deux fils du metteur en scène et comme d’habitude par toute une pléiade de fabuleux seconds rôles, Après la guerre demeure un film solaire, qui s’adresse à toute la famille et dont le propos reste aussi pertinent qu’intemporel.

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Test Blu-ray / L’Année prochaine…si tout va bien, réalisé par Jean-Loup Hubert

L’ANNÉE PROCHAINE…SI TOUT VA BIEN réalisé par Jean-Loup Hubert, disponible en DVD & Blu-ray le 26 novembre 2024 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Isabelle Adjani, Thierry Lhermitte, Bernard Crombey, Antoinette Moya, Fred Personne, Virginie Thévenet, Madeleine Bouchez, Michel Dussarat, Marie-Anne Chazel…

Scénario : Jean-Loup Hubert, Marie-Anne Chazel & Gérard Zingg

Photographie : Robert Alazraki

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Maxime crée des bandes dessinées, et vit avec Isabelle, sans que les parents de celle-ci soient au courant. Maxime est un adolescent attardé, farfelu, égoïste et râlant sans arrêt. Isabelle, statisticienne, est amoureuse, responsable, aux petits soins, et veut un bébé. Maxime ne veut pas rentrer dans l’engrenage de la famille et de la stabilité. On verra, l’année prochaine, si tout va bien…

Premier long-métrage du réalisateur Jean-Loup Hubert (né en 1949), L’Année prochaine…si tout va bien est aussi son premier bijou, pourtant méconnu, voire oublié de nos jours. Si la plupart des spectateurs se souviennent évidemment du Grand chemin (plus de 3,1 millions d’entrées en 1987, quatrième du box-office cette année-là, placé entre Au revoir les enfants de Louis Malle et Platoon d’Oliver Stone) et de La Smala (1984), sans doute son film le plus diffusé à la télévision, il est nécessaire de redécouvrir cette comédie dramatico-sentimentale. Sept mois après Clara et les Chics Types de Jacques Monnet, le couple Isabelle Adjani-Thierry Lhermitte se reforme à nouveau au cinéma. Il y a des films que vous découvrez ou revoyez avec un bonheur immense, qui vous font battre le coeur, devant lesquels vous admirez la beauté des comédiens, leur naturel, leur immense talent…comme celui de leur réalisateur. L’Année prochaine…si tout va bien est de ceux-là. Simple en apparence, ce coup d’essai et coup de maître est la radiographie d’un couple moderne, qui n’a justement pas vieilli d’un pouce et annonce même un sous-genre de comédies américaines, dont Judd Apatow s’est fait le spécialiste dans les années 2000-2010. Si la patine eighties est forcément présente, le propos demeure lui inaltérable, universel et même intemporel. Un énorme coup de coeur.

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Test Blu-ray / Mariti in città – Maris en liberté, réalisé par Luigi Comencini

MARIS EN LIBERTÉ (Mariti in città) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 22 octobre 2024 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Nino Taranto, Renato Salvatori, Memmo Carotenuto, Richard McNamara, Giorgia Moll, Benedetta Rutili, Yvette Masson, Franca Valeri, Franco Fabrizi…

Scénario : Edoardo Anton, Suso Cecchi D’Amico, Luigi Comencini, Sandro Continenza, Ruggero Maccari, Dino Verde & Gino Visentini

Photographie : Armando Nannuzzi

Musique : Domenico Modugno

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

À Rome, au mois d’août, les épouses partent en vacances pendant que leurs maris restent à la maison pour travailler. C’est une période bénie pour ces hommes en quête d’aventures sentimentales. Sans leurs femmes pour les surveiller, ils s’éveillent à la séduction. Mario, Alberto, Fernando et Giacinto, ses amis, vont tenter de trouver l’amour…

Maris en liberté Mariti in città (1957) a souvent été comparé à 7 ans de réflexion The Seven Year Itch réalisé deux ans plus tôt par Billy Wilder. La trame est quasiment la même, sauf qu’il ne s’agit pas ici d’un seul époux mais d’un groupe de quatre maris qui restent en ville tout l’été alors que leurs femmes sont parties en vacances à la mer avec bambins et bagages. L’occasion est donc trop belle pour profiter de ce célibat provisoire. Luigi Comencini use des préjugés sur l’homme italien, dragueur et quelque peu cavaleur, et s’en amuse sans forcément les atténuer. Le beau parleur qui parle avec les mains, non, ce n’est pas de la caricature, et la femme italienne adepte du mariage aussi, quoique les mœurs ont évidemment changé. Chaque personnage a ses caractéristiques : le jeune marié (impeccable Renato Salvatori, âgé seulement de 24 ans) qui s’éprend d’une artiste et qui parvient mal à assumer la situation, l’homme qui se réclame célibataire et qui en fait baver plus d’un avec ses histoires de batifolage (alors qu’il est en réalité en ménage avec sa compagne qui elle veut se marier…) ou le mari qui se croit cocu. Les tentations des uns, les pitreries des autres, provoquent le rire non sans un certain plaisir. Ou comment Luigi Comencini démystifie le mâle italien. Mariti in città est une comédie amusante et tendrement cynique, dont les dialogues font toujours mouche aujourd’hui et constitue une réussite de plus dans le cinéma italien des années 1950-60.

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Test Blu-ray / La Traite des blanches, réalisé par Luigi Comencini

LA TRAITE DES BLANCHES (La Tratta delle bianche) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 22 octobre 2024 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Eleonora Rossi Drago, Marc Lawrence, Ettore Manni, Silvana Pampanini, Vittorio Gassman, Tamara Lees, Antonio Nicotra, Barbara Florian…

Scénario : Luigi Comencini, Massimo Patrizi, Ivo Perilli, Antonio Pietrangeli & Luigi Giacosi

Photographie : Luciano Trasatti

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Dans l’Italie de l’après-guerre, Marquedi, gangster sans scrupule, alimente un réseau de prostitution en organisant des marathons de danse. Aux Petites-Casernes, quartier pauvre de la ville, Michele, porte-flingue du syndicat du crime, vit avec Lucia. Carlo, connu pour délinquance, vit lui avec Alda. Cette dernière s’est enfuie du dernier convoi de jeunes femmes que Marquedi expédiait en Amérique. Pour se venger, il fait arrêter Carlo, ce qui contraint Alda à s’inscrire au marathon pour payer l’avocat. Mais Marquedi convoite aussi Lucia, qui accepte sa proposition de « chanteuse » afin de sortir de la misère. Les rivalités personnelles des hommes vont tourner à la guerre des gangs.

Les cinéphiles l’oublient sans doute souvent, mais quand Luigi Comencini (1916-2007) connaît son premier succès public et par ailleurs son seul triomphe international avec Pain, amour et fantaisie Pane, amore e fantasi en 1953, le cinéaste avait déjà signé une demi-douzaine de films. Tout d’abord destiné à l’architecture de par ses brillantes études, il se tourne finalement vers le monde du cinéma, pour lequel il écrit quelques critiques dans des revues et des scénarios. Après avoir cofondé la Cineteca Italiana en 1947 avec son frère Gianni et Alberto Lattuada, Luigi Comencini se lance dans le documentaire (Bambini in città) et livre son premier long-métrage, De nouveaux hommes sont nésProibito rubare (1948), dans lequel il se penche déjà sur les thèmes de la misère sociale et surtout de l’enfance, sujets sur lesquels il n’aura de cesse de revenir au cours de sa longue et prolifique carrière. Il 1949, il dirige le mythique Totò dans L’Empereur de Capri L’imperatore di Capri, puis reprend les manettes du tournage des Volets clos Persiane chiuse, qui avait été interrompu suite à l’éviction du réalisateur Gianni Pucci par la production, ce qui permet à Luigi Comencini d’aborder la prostitution dans un registre dramatique. Ayant fortement convaincu la profession, le cinéaste enchaîne avec La Traite des blanches La Tratta delle bianche, qui sort l’année suivante et qui explore à nouveau le sujet du trafic de femmes. Cette fois encore très influencé par le film noir américain (l’ouverture est magnifique), La Traite des blanches baigne dans une atmosphère trouble, se focalise sur une jeunesse livrée à elle-même ou dont les idéaux sont déjà tués dans l’oeuf, où l’envie de s’en sortir entraîne vers d’inévitables impasses. Indéniablement une étape dans l’oeuvre de Luigi Comencini, La Traite des blanches entraîne le spectateur dans une spirale infernale, dont la longue séquence centrale, celle du marathon de danse, annonce On achève bien les chevaux de Sidney Pollack. Une rareté, un bijou.

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