LE BARBARE ET LA GEISHA (The Barbarian and the Geisha) réalisé par John Huston, disponible en DVD et Blu-ray le 22 mai 2018 chez Rimini Editions
Acteurs : John Wayne, Eiko Ando, Sam Jaffe, Sô Yamamura, Tokujiro Iketaniuchi, Fuji Kasai, Ryuzo Demura, Kodaya Ichikawa
Scénario : Charles Grayson d’après une histoire originale de Ellis St. Joseph
Photographie : Charles G. Clarke
Musique : Hugo Friedhofer
Durée : 1h45
Année de sortie : 1958
LE FILM
En 1856, Townsend Harris, le premier consul américain, se rend en mission au Japon. Il débarque dans le port de Shimoda. Là, il découvre rapidement les dures lois d’un empire isolé, qui interdit encore son approche à tous les navigateurs venus d’Occident. Pour installer son consulat, le diplomate a besoin de la permission du shogun de Yedo. Mais Tamura, le gouverneur de Shimoda, lui interdit formellement de se rendre dans cette ville. Dans l’intention de surveiller ses moindres faits et gestes, il offre à l’Américain une délicieuse geisha nommée Okishi…
Nous sommes en 1958, la 20th Century Fox est très heureuse de la dernière commande de John Huston. Dieu Seul le sait est un petit succès qui ramène suffisamment d’argent pour leur donner l’envie de renvoyer le réalisateur au turbin. Celui-ci est d’ailleurs intéressé par l’idée de tourner, selon ses mots son «film Japonais» et se lance donc dans la production du Barbare et la Geisha, une oeuvre immensément riche dans son propos et tout aussi importante cinématographiquement parlant. Tout comme le personnage de Townsend Harris (John Wayne) qui tente de convaincre le Japon de coopérer avec les Occidentaux, la Fox était intéressée par le continent Japonais. Le film était donc une parfaite occasion pour Darryl F. Zanuck (fondateur de la Twentieth Century Fox) de s’implanter davantage dans un pays déjà très attiré par les productions américaines.
Cela permis également à John Huston d’être épaulé durant l’écriture du film par Teinosuke Kinugasa, réalisateur de La Porte de L’enfer (1954), que le cinéaste admirait. Teinosuke Kinugasa supervisa le script de manière à garder un aspect réaliste tout le long du récit. Le film s’inspirant d’un fait réel, John Huston insiste sur sa volonté de tourner une oeuvre sérieuse et respectueuse. Et même si le récit se permet quelques digressions amusantes (une bagarre au montage très western), le réalisateur aura réussi à garder le contrôle de son histoire jusqu’au dénouement final.
On retrouve au casting le mythique John Wayne dans un rôle où on ne l’attendait pas. Figure emblématique du western, il navigue ici en terre inconnue avec une aisance qui force le respect, tantôt bourru et maladroit, tantôt tragique et touchant. Il donne la réplique à Eiko Ando, sublime actrice japonaise, point d’honneur de ce récit contemplatif ou s’entremêle complot politique et histoire d’amour impossible. Le Barbare et la Geisha est une grande réussite, même si le film semble avoir été remonté par son acteur principal, qui voyait d’un mauvais œil de ne pas être le centre du récit. Le film est certes bavard, mais jamais lourd. John Huston se permet même de créer de vrais moments de tension qui bousculent sans cesse la narration et les personnages de manière à constamment redistribuer les cartes. Cette astuce, en somme très classique, laisse le spectateur sans réponse et le pousse à se poser les bonnes questions.
Visuellement très riche et profitant du format CinemaScope, le film est une ode au Japon. John Huston aime ce pays et cela se ressent. Autant dans le soin apporté aux costumes et aux décors que celui apporté à la mise en scène. Le Barbare et La Geisha est un très grand film assez unique, qui mérite le détour, ne serait-ce que pour sa direction artistique hallucinante et la très belle lumière de Charles G. Clarke.
LE BLU-RAY
Edité par Rimini Edition, le Blu-ray de Le Barbare et la Geisha est présenté dans un boitier classique de couleur noire. Le visuel de la jaquette est très élégant. Même chose pour le menu principal, animé et musical.
Pour accompagner le film, vous retrouverez côté supplément une passionnante interview de Patrick Brion. Durant 27 minutes l’historien du cinéma contextualise le film dans son époque, parlant de sa création avec beaucoup de précision. L’interview est illustrée par des extraits du film et de photos d’archives.
L’Image et le son
Quel plaisir de (re)découvrir ce film méconnu de John Huston dans de telles conditions ! Le master HD 2.35 au codec AVC (1080p) affiche une propreté souvent épatante, restituant la vivacité et la saturation de la photographie signée Charles G. Clarke (Les Inconnus dans la ville, Capitaine de Castille) avec sa texture argentique originale, des costumes, en passant par l’incroyable richesse des décors, tout en délivrant un relief inédit, un piqué inouï, une stabilité exemplaire, des contrastes affirmés et un niveau de détails inégalé. La restauration n’en finit pas d’étonner, les fondus enchaînés n’affichent pas trop de décrochages et même si les gros plans ne se révèlent pas aussi ciselés que le reste, surtout sur les séquences plus sombres, le film de John Huston retrouve une nouvelle jeunesse.
Le remixage de la version originale en DTS-HD Master Audio 5.1 profite surtout à la composition de Hugo Friedhofer (Plus dure sera la chute, Vera Cruz). Certaines petites ambiances latérales et basses parviennent à se faire entendre, sans rendu artificiel. Toutefois, n’hésitez pas à sélectionner la piste anglaise DTS-HD Master Audio 2.0 qui contente non seulement les puristes, mais se révèle également soignée, fluide et largement suffisante pour créer un grand confort acoustique. La piste française DTS-HD Master Audio 2.0 au doublage soigné, est propre, mais ne possède pas la même dynamique que son homologue.
Crédits images : © Twentieh Century Fox Home Entretainment LLC All Rights Reserved / Rimini Editions / Critique du film, parties généralités et suppléments : Alexis Godin / Captures Blu-ray et partie technique : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr