Test Blu-ray / Cent jours à Palerme, réalisé par Giuseppe Ferrara

CENT JOURS À PALERME (Cento giorni a Palermo) réalisé par Giuseppe Ferrara, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 17 septembre 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Lino Ventura, Giuliana De Sio, Lino Troisi, Stefano Satta Flores, Arnoldo Foà, Adalberto Maria Merli, Andrea Aureli, Anita Zagaria, Aldo Sarullo, Luigi Nicolosi, Rosario Coniglione, Guido Sagliocca…

Scénario : Pier Giovanni Anchisi, Giuseppe Ferrara, Riccardo Iacona, Giuseppe Tornatore, William Laurent & Giorgio Arlorio

Photographie : Silvio Fraschetti

Musique : Vittorio Gelmetti

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Printemps 1982. Après avoir brillamment combattu les Brigades Rouges, le général Dalla Chiesa accepte le poste de préfet de Palerme, ville contrôlée par la mafia sicilienne. Incorruptible, inflexible, il va devenir la bête noire de l’organisation criminelle.

Alors âgé de 65 ans et ayant derrière lui trente ans de carrière, Lino Ventura avait un grand regret, que le cinéma italien ne l’ait pas plus sollicité. Sa dernière expérience remonte à 1976, avec Cadavres exquis Cadaveri eccellenti de Francesco Rosi, dans lequel il donnait la réplique à Renato Salvatori et Max von Sydow. Le comédien accepte d’interpréter le général Carlo Alberto dalla Chiesa, préfet de Sicile où il menait une lutte acharnée contre la Mafia et assassiné à Palerme deux ans auparavant. Une histoire brûlante d’actualité et qui l’est d’ailleurs encore quarante ans après. Lino Ventura a peu à faire pour s’imposer dans la peau de cet officier italien, ancien résistant durant la Seconde Guerre mondiale, général des Carabiniers. Après s’être opposé au terrorisme, notamment aux célèbres Brigades rouges durant les Années de plomb, ce héros national était comme qui dirait le dernier rempart contre la Mafia qui gangrenait la Sicile et s’installait sur la scène internationale via le trafic de drogue et d’armes. Personnalité forte et charismatique, Dalla Chiesa met immédiatement le nez dans des affaires qui ne le « concernaient » pas, ce qui n’allait évidemment pas plaire à ceux qui tenaient réellement les rênes, y compris certains politiques en lien avec la pègre. Après quatre mois de dur affrontement, le préfet est tué sauvagement avec son épouse Emanuela dans sa voiture, sans jamais avoir eu l’aide du gouvernement, qui lui avait pourtant promis d’obtenir les pouvoirs nécessaires à son combat. C’est dire si cet attentat est encore dans les mémoires quand le réalisateur et ancien critique Giuseppe Ferrara (1932-2016) s’attaque à ce sujet, qui aura nécessité pas moins d’une demi-douzaine de scénaristes, dont Pier Giovanni Anchisi (La Possédée du lac), Giuseppe Tornatore (Malèna, Cinema Paradiso) et Giorgio Arlorio (El Mercenario, Queimada). S’il n’atteint pas la maîtrise, la rigueur et la virtuosité d’un Francesco Rosi, Cent jours à Palerme n’en reste pas moins une œuvre coup de poing, étonnamment violente, sanglante même, qui offre à Lino Ventura son dernier vrai rôle, avant de tirer sa révérence en faisant une apparition dans La Rumba de Roger Hanin.

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Test Blu-ray / Un homme à genoux, réalisé par Damiano Damiani

UN HOMME À GENOUX (Un uomo in ginocchio) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, Eleonora Giorgi, Michele Placido, Tano Cimarosa, Ettore Manni, Luciano Catenacci, Nello Pazzafini, Fabrizio Forte…

Scénario : Damiano Damiani & Nicola Badalucco

Photographie : Ennio Guarnieri

Musique : Franco Mannino

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Sorti de prison, Nino, un petit truand sans envergure, a décidé de se ranger. Mais quand il se rend compte que, dans son quartier, rôde un tueur à gages, il est convaincu d’en être la cible. Il va devoir renouer avec son passé criminel pour faire face à ce danger.

Goodbye & Amen, Comment tuer un juge, Nous sommes tous en liberté provisoire, La Mafia fait la loi, Amityville II – Le Possédé, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, El Chuncho, Seule contre la mafia…on pourrait continuer encore longtemps comme ça. Autant de titres qui font vibrer le cinéphile féru de cinéma italien et tous imputables à un réalisateur, Damiano Damiani (1922-2013). Un uomo in ginocchio, traduit littéralement en français par Un homme à genoux pour sa sortie en DVD et Blu-ray dans nos contrées en 2024, était alors inédit dans notre pays, probablement en raison de son important échec de l’autre côté des Alpes. Pourtant, de l’aveu même de son auteur, il s’agissait peut-être de son film le plus personnel, ou tout du moins l’un de ses préférés. Merveilleusement incarné par l’immense Giuliano Gemma, Un homme à genoux est le long-métrage qui clôt les années 1970 pour le cinéaste et on ne peut pas dire qu’il se montre optimiste quant à la nouvelle décennie qui s’annonce. Fondamentalement sombre et alarmiste, profondément mélancolique, inquiet, triste, Un uomo in ginocchio rend compte d’un monde qui s’est arrêté de tourner pour la plupart des petites gens en Sicile, qui (sur)vivent comme ils le peuvent, quitte à tomber dans la criminalité. C’est le cas pour Nino, repris de justice, libéré pour bonne conduite après deux années de prison, après avoir été arrêté pour vol de voitures. Marié, deux enfants, Nino est placé en liberté conditionnelle et a misé le peu d’argent qu’il avait avec son épouse dans un petit kiosque. Comme le destin s’acharne souvent, le petit débit de boissons est situé en face d’un entrepôt à poissons où s’est récemment déroulé le rapt de la femme d’un avocat de renom et lié à la mafia. Soupçonné d’avoir été mêlé à cette affaire, Nino est condamné à mort par des mafieux qui le soupçonnent d’avoir fait partie du kidnapping. C’est donc seul contre tous que Nino va tenter de s’innocenter…Sur un scénario aussi virtuose que labyrinthique coécrit par Damiano Damiani et Nicola Badalucco (Black Journal de Mauro Bolognini, Mort à Venise et Les Damnés de Luchino Visconti), Un homme à genoux prend aux tripes du début à la fin, embarque le spectateur dans la spirale infernale dans laquelle est plongé malgré lui le personnage principal, une réaction en chaîne dont on ne connaît jamais réellement quel est le premier maillon, ni le dernier. Une magistrale démonstration de force d’un réalisateur au sommet de son art pour un chef d’oeuvre à découvrir enfin en France dans une copie restaurée 4K grâce aux bons soins d’Artus Films.

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Test Blu-ray / Pépé le Moko, réalisé par Julien Duvivier

PÉPÉ LE MOKO, réalisé par Julien Duvivier, disponible en combo Blu-ray/DVD le 16 octobre 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Gabin, Mireille Balin, Gabriel Babrio, Lucas Gridoux, Gilbert Gil, Saturnin Fabre, Marcel Dalio, Charles Granval…

Scénario : Julien Duvivier & Henri La Barthe, d’après le roman de Henri La Barthe

Photographie : Marc Fossard & Jules Kruger

Musique : Mohamed Iguerbouchène & Vincent Scotto

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1936

LE FILM

Réfugié dans la casbah d’Alger, Pépé le Moko chef d’une bande de malfaiteurs, est émerveillé par la beauté d’une jeune femme, Gaby, dont il tombe amoureux. Hélas, leur idylle est de courte durée car Slimane, un indicateur, tend un piège à Pépé pour le faire quitter son repaire…

Parmi les plus grandes collaborations entre Jean Gabin et des metteurs en scène, il y a celle avec Julien Duvivier (1896-1967), qui s’est déroulée sur sept longs-métrages, de Maria Chapdelaine (1934) à Voici le temps des assassins (1956). Pépé le Moko est non seulement l’une de leurs associations les plus célèbres, mais aussi l’un des films les plus emblématiques de toute la carrière prestigieuse du « Vieux ». En l’espace de deux ou trois ans, ce dernier tournera rien de moins que La Belle Équipe (déjà avec Duvivier, qui ne connaîtra pas le même succès que La Bandera), Les Bas-Fonds, La Grande Illusion et La Bête humaine de Jean Renoir (à qui Pépé le Moko avait tout d’abord été proposé), sans oublier Le Quai des brumes et Le Jour se lève de Marcel Carné. Ça calme. On retrouve donc Jean Gabin dans la peau du « Moko », dérivé du « moco », qui désigne un marin originaire de Toulon et de la Provence, truand qui a débarqué à Alger (ville entièrement reconstituée en studio à Paris) le lendemain de l’attaque d’une bande toulonnaise. Pépé le Moko, d’après le roman de Henri La Barthe, est un huis clos à ciel ouvert, un drame sentimental teinté de thriller, où le monstre du cinéma français, quasiment de tous les plans, ou de toutes les scènes, crève l’écran une fois de plus en créant une nouvelle image de gangster, ou tout du moins héritée du Scarface d’Howard Hawks sorti cinq années auparavant. Passionnant, immersif, à la limite du documentaire quant à la représentation de la Casbah, Pépé le Moko est une étape indispensable et primordiale dans le parcours de tout cinéphile qui se respecte.

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Test Blu-ray / Knox, réalisé par Michael Keaton

KNOX (Knox Goes Away) réalisé par Michael Keaton, disponible en DVD & Blu-ray le 15 novembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Michael Keaton, James Marsden, Al Pacino, Ray McKinnon, Paul Perri, Joanna Kulig, Edwin Garcia, Nicole Reddinger…

Scénario : Gregory Poirier

Photographie : Marshall Adams

Musique : Alex Heffes

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

John Knox, un tueur à gages, apprend qu’il est atteint d’une forme de démence à évolution rapide. Il jure de passer ses derniers jours à tenter de se racheter en sauvant la vie de son fils.

On oublie sans doute trop souvent à quel point Michael Keaton est un merveilleux comédien. Pourtant, quand on y pense, moult images viennent en tête, celles de Beetlejuice, Batman, Batman : Le Défi, My Life, Une journée de fous, Le Journal, Mes doubles, ma femme et moi, L’Enjeu, Hors d’atteinte…Si les années 2000 ont été plutôt discrètes, l’acteur fera un comeback fracassant avec Birdman d’Alejandro González Iñárritu, après lequel Michael Keaton reviendra en haut de l’affiche avec les magnifiques Spotlight de Tom McCarthy et Le FondateurThe Founder de John Lee Hancock. Après avoir repris les frusques de Batman et de Bettlejuice, celui-ci décide de revenir devant et derrière la caméra quinze ans après son premier coup d’essai Killing GentlemanThe Merry Gentleman, remplaçant au pied levé le scénariste Ron Lazzeretti qui devait également s’occuper de la mise en scène. Autrement dit, KnoxKnox Goes Away est comme qui dirait le vrai premier projet personnel de Michael Keaton comme réalisateur. Sur un scénario en béton de Gregory Poirier, auteur jusqu’ici cantonné dans des projets passables, obscurs ou improbables (Le Roi lion 2 : L’Honneur de la tribu, Benjamin Gates et le Livre des secretsNational Treasure : Book of Secrets, Kung Fu Nanny avec Jackie Chan), Michael Keaton rend un très bel hommage au film noir américain, à la fois stylisé et divertissant, film d’auteur et à la fois populaire, tout en signant l’une des plus belles prestations de toute sa carrière. Désormais âgé de 73 ans, son charisme hors-norme fait des merveilles dans Knox, son visage à la Clint Eastwood ou à la Ed Harris fascine du début à la fin. À la fois thriller old-school (mais pas vintage, et encore moins kitsch) et drame psychologique, Knox est ni plus ni moins l’un des meilleurs films de 2024. Un véritable coup de coeur.

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Test Blu-ray / LaRoy, réalisé par Shane Atkinson

LAROY réalisé par Shane Atkinson, disponible en DVD et Blu-ray le 21 août 2024 chez ARP Sélection.

Avec : Steve Zahn, John Magaro, Dylan Baker, Galadriel Stineman, Matthew Del Negro, Megan Stevenson, Bob Clendenin, Brad Leland…

Scénario : Shane Atkinson

Photographie : Mingjue Hu

Musique : Rim Laurens, Delphine Malaussena & Clément Peiffer

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Quand Ray découvre que sa femme le trompe, il décide de mettre fin à ses jours. Il se gare sur le parking d’un motel. Mais au moment de passer à l’acte, un inconnu fait irruption dans sa voiture, pensant avoir affaire au tueur qu’il a engagé.

Quand on s’intéresse au cinéma, on lit souvent qu’un film est fait « à la Tarantino » (alors que, rappelons-le, celui-ci n’a rien inventé à part des objets filmiques mash-up)…la référence qui revient également de manière fréquente est sans conteste celle faite aux frères Coen. Si LaRoy, premier long-métrage du réalisateur Shane Atkinson ne pourra échapper à cette comparaison, nous tenons là un coup de maître, qui certes lorgne donc bel et bien sur No Country for Old Men (2007), mais s’en démarque rapidement pour imposer l’univers propre et singulier de son auteur. Magistralement interprété par une bande de comédiens en état de grâce, LaRoy, tourné avec un budget de seulement deux millions de dollars, est à la fois un thriller, une comédie noire et grinçante, un polar décalé, un savoureux divertissement très largement récompensé dans nos contrées. Lauréat du Grand Prix du Jury, du Prix de la Critique et du Prix du Public au Festival du cinéma américain de Deauville en 2023, LaRoy est une sacrée découverte, révèle un metteur en scène sur lequel il faudra désormais compter et qui a d’ores et déjà décidé de poser sa caméra en France pour son prochain opus.

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Test Blu-ray / Une robe noire pour un tueur, réalisé par José Giovanni

UNE ROBE NOIRE POUR UN TUEUR réalisé par José Giovanni, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Annie Girardot, Claude Brasseur, Bruno Cremer, Jacques Perrin, Catherine Allégret, Albina du Boisrouvray, Jacques Maury, François-Eric Gendron, Arielle Dombasle…

Scénario : José Giovanni & Monique Lange

Photographie : Jean-Paul Schwartz

Musique : Olivier Dassault

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

À l’issue de son procès, Simon Risler est condamné à mort pour le meurtre d’un policier. Le témoignage de l’inspecteur Reynolds a fait pencher la balance en faveur d’un verdict d’autant plus sévère qu’il est parfaitement injustifié. L’inspecteur a, en effet, commis un parjure à travers son faux témoignage. Pour échapper à la peine capitale, Simon Risler prend le procureur en otage. Blessé au cours de son évasion, il parvient toutefois à se rendre au domicile de son avocate, Florence Nat. Un ami de celle-ci, Alain Rivière, accepte de « planquer » le fugitif. Pendant ce temps, Florence essaie de faire la lumière sur l’affaire qui a failli coûter la vie à son client. Comme par hasard, les témoins les plus précieux disparaissent les uns après les autres…

C’est la fin du règne d’Annie Girardot sur le cinéma français. Nous sommes en 1981 et Une robe noire pour un tueur sera l’un de ses derniers « succès » personnels au box-office après vingt ans où la comédienne ne cessait d’enchaîner les triomphes depuis Rocco et ses frères de Luchino Visconti. D’ailleurs, Cause toujours, tu m’intéresses d’Édouard Molinaro n’avait guère brillé deux ans auparavant avec 685.000 entrées. Une robe noire pour un tueur fera encore moins en cette année où cartonnent Les Aventuriers de l’arche perdue, Le Professionnel, Pour la peau d’un flic, Diva…les comédies ont la cote aussi avec La Chèvre (qui se placera sur la première place du podium), Le Maître d’école, La Soupe aux choux, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Tais-toi quand tu parles, Les Hommes préfèrent les grosses…les goûts changent, comme les époques….C’est un revers pour José Giovanni dont Les Égouts du paradis avait encore attiré plus de 850.000 spectateurs en 1979, même si Comme un boomerang avait déçu, surtout pour un gros film porté par Alain Delon. S’il se refera avec Le Ruffian deux ans plus tard, le réalisateur, auteur, scénariste (et ancien repris de justice, par ailleurs condamné à mort, avant d’être finalement gracié) signe avec Une robe noire pour un tueur l’un des derniers opus et représentants d’un genre, avant que le polar hexagonal mute et laisse place aux thrillers d’action inspirés de ceux provenant d’outre-Atlantique, ce qui causera aussi la perte de Bebel et Delon peu de temps après également. Ce drame judiciaire patine beaucoup et le scénario peine à maintenir un intérêt du début à la fin, l’ensemble reposant essentiellement sur un casting quatre étoiles et qui à lui seul vaut largement le déplacement.

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Test 4K UHD / Classe tous risques, réalisé par Claude Sautet

CLASSE TOUS RISQUES réalisé par Claude Sautet, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Jean Servais, Marcel Dalio, Bernard Dheran, Michel Ardan, Michele Meritz, Claude Cerval, Jacques Dacqmine…

Scénario : Claude Sautet, José Giovanni & Pascal Jardin, d’après le roman de José Giovanni

Photographie : Ghislain Cloquet

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Gangster condamné à mort par contumace et recherché activement par la police, Abel Davos s’est réfugié depuis une douzaine d’années en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants, où il poursuit ses coupables activités. Mais après un dernier hold-up réussi avec son ami Raymond, sur le point d’être retrouvé, il doit rentrer clandestinement en France par la mer. En débarquant sur une plage déserte, deux douaniers les surprennent, provoquant une fusillade tuant Thérèse et Raymond. Resté seul avec ses enfants, Abel fait appel à ses amis Riton et Fargier, à Paris pour venir les chercher à Nice, qui ne peuvent venir eux-mêmes mais lui envoient un homme sûr, Éric Stark, avec une ambulance. Davos se lie d’amitié avec le jeune homme, qui le cache dans une chambre de bonne de son immeuble…

À la base de Classe tous risques, il y a un roman de José Giovanni, édité en 1958, qui s’inspirait des dernières années de cavale d’Abel Danos (que l’écrivain avait côtoyé à la prison de la Santé), surnommé le Bel Abel ou le « Mammouth » en raison de sa forte corpulence, malfaiteur, membre du Milieu et membre de la Gestapo française dite La Carlingue, où il était alors connu pour ses méthodes aussi expéditives que brutales. C’est Lino Ventura lui-même qui est venu se « vendre » auprès de l’écrivain et ancien gangster, en lui indiquant qu’il était fait pour le rôle et que son ami Claude Sautet désirait faire de son livre un film. À la fin des années 1950, le comédien commence à faire sa place dans le cinéma français, mais sa silhouette trapue et son charisme de dur à cuire est aussi remarquée qu’appréciée de plus en plus par les cinéastes et surtout par les spectateurs, depuis sa découverte dans Touchez pas au grisbi, triomphe de 1954 qui avait replacé Jean Gabin sur son trône. Lino Ventura apparaît dans autant de films que de succès, de Razzia sur la chnouf à 125 rue Montmartre, en passant par Un témoin dans la ville, Marie-Octobre, Ces dames préfèrent le mambo…petit à petit, le nom de l’acteur se hisse en haut de l’affiche. Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie et Le Fauve est lâché de Maurice Labro (sur lequel Ventura rencontre Sautet) prouvent que des productions peuvent enfin se monter sur son charisme, son talent et sa carrure. Avec Classe tous risques, Lino Ventura passe la vitesse supérieure et son personnage anticipe déjà celui qu’il tiendra dans Le Deuxième souffle de Jean-Pierre Melville, autre transposition d’un ouvrage de José Giovanni. Merveilleusement mis en scène par un Claude Sautet enfin en possession de ses moyens après un premier long-métrage Bonjour sourire, qu’il reniera très rapidement et pour lequel il officiait uniquement comme « technicien » (alors assistant, mais remplaçant surtout au pied levé Robert Dhéry, qui devait le réaliser et s’est finalement désisté au dernier moment), ce polar sombre et brutal est aussi une superbe histoire d’amitié, magnifiquement interprétée par le tandem Ventura-Belmondo.

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Test Blu-ray / La Peur règne sur la ville, réalisé par Giuseppe Rosati

LA PEUR RÈGNE SUR LA VILLE (Paura in città) réalisé par Giuseppe Rosati, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Maurizio Merli, James Mason, Raymond Pellegrin, Silvia Dionisio, Fausto Tozzi, Gianfilippo Carcano, Giovanni Elsner, Mario Novelli…

Scénario : Giuseppe Pulieri & Giuseppe Rosati

Photographie : Giuseppe Bernardini

Musique : Giampaolo Chiti

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Rome, mai 1976. Lettieri et sa bande s’évadent de la prison Regina Coeli, embarquant avec eux Giacomo Masoni sur le point de finir de purger sa peine. Dans les jours qui suivent, ils règlent leurs comptes avec ceux qui les ont trahis. Craignant que la situation ne dégénère, le préfet se voit alors contraint de réintégrer dans ses fonctions le commissaire Murri, flic aux méthodes expéditives, hanté par le meurtre de son épouse et de sa petite fille. Lui et son équipe remonteront peu à peu la piste des malfrats.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser avec les micro-flashbacks présents dans le film, La Peur règne sur la ville Paura in città n’est pas la suite d’un autre poliziottesco, même si là encore la présence en haut de l’affiche de Maurizio Merli pourrait porter à confusion. Ce dernier est alors devenu une véritable icône du genre en vogue de l’autre côté des Alpes, avec la trilogie du Commissaire Betti (Rome violente Roma violenta, Opération casseurs Napoli violenta, Opération Jaguar Italia a mano armata), qui rencontre un immense succès populaire. Suivront d’autres opus du même acabit dans lesquels le comédien, toujours la moustache fringante, interprète plus ou moins le même personnage, celui du flic aux méthodes brutales, mal vu par sa hiérarchie (sauf par le préfet incarné par James Mason, qui se demande ce qu’il fout là à part faire de la publicité pour l’eau Pejo, tandis que Merli brandit son paquet de Marlboro à tire-larigot, avant d’aller se poster devant une enseigne Fernet-Branca), qui n’osera jamais avouer qu’il est le meilleur sur le terrain. Ainsi, après Brigade spéciale Roma a mano armata et Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il cinico, l’infame, il violento d’Umberto Lenzi, Maurizio Merli interprète le Commissaire Muri (chaînon manquant entre Harry Callahan et Paul Kersey) dans La Peur règne sur la ville. Rétrospectivement, ce néo-polar est sans doute l’un des moins enthousiasmants tenus par l’acteur au brushing impeccable. Derrière la caméra, Giuseppe Rosati (né en 1923 et apparemment toujours parmi nous), manque de folie, d’ambition, d’imagination aussi, se contentant de prendre le train en marche après Il Testimone deve tacere et Tireur d’élite La Polizia interviene: ordine di uccidere!. Si le spectacle demeure indéniable, peu d’éléments marquent les esprits et La Peur règne sur la ville reste à voir uniquement pour sa star au charisme magnétique qui traverse ici le film en mode automatique.

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Test Blu-ray / Meurtres dans la 110e rue, réalisé par Barry Shear

MEURTRES DANS LA 110e RUE (Across 110th Street) réalisé par Barry Shear, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 16 janvier 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Anthony Quinn, Yaphet Kotto, Anthony Franciosa, Paul Benjamin, Ed Bernard, Richard Ward, Norma Donaldson, Antonio Fargas…

Scénario : Luther Davis, d’après le roman de Wally Ferris

Photographie : Jack Priestley

Musique : J.J. Johnson

Durée : 1h37

Année de sortie : 1972

LE FILM

Dans un tripot de Harlem contrôlé par la Mafia, cinq hommes comptent la recette du jour. Deux Noirs déguisés en policiers font irruption dans la salle, abattent les hommes et s’enfuient à bord d’un véhicule des forces de l’ordre. Deux policiers, authentiques ceux-là, s’interposent et sont à leur tour abattus. La Mafia, qui a la mainmise sur le quartier, commence ses propres investigations, aidée par des caïds noirs. De son côté, la police confie l’affaire à Pope, un jeune et idéaliste lieutenant noir, et au capitaine Mattelli, proche de la retraite, et dont la misanthropie n’a d’égale que la corruption…

Tout le monde, ou presque connaît la chanson de Bobby Womack, Across 110th Street et la plupart des spectateurs ont dans la tête l’ouverture de Jackie Brown (1997) de Quentin Tarantino. En réalité, ce dernier a comme d’habitude pompé de tous les côtés et avait tout simplement repris le tube éponyme du film de Barry Shear, baptisé en France Meurtres dans la 110e rue. Souvent classé à tort dans le sous-genre alors en vogue de la Blaxploitation, Across 110th Street est un polar pur et dur se déroulant à Harlem, Pandémonium sur Terre, territoire laissé à l’abandon, ou plutôt aux mains des mafieux blancs qui se la coulent douce de l’autre côté de Central Park, laissant le sale boulot aux noirs avec lesquels ils sont en affaire. Venu de la télévision, pour laquelle il officiait sur une quantité phénoménale de téléfilms et de séries depuis les années 1950 (Des agents très spéciaux, Opération vol, Les Règles du jeu, Opération danger, Les Rues de San Francisco), Barry Shear (1923-1979) aura peu, mais bien tourné pour le cinéma. Meurtres dans la 110e rue est alors son quatrième long-métrage pour le grand écran et restera son film le plus célèbre. Comme dirait Raoul Volfoni, « c’est du brutal » ! Across 110th Street est une véritable immersion (rendu imputable à l’utilisation de la révolutionnaire caméra portée Arriflex 35BL) au coeur de l’enfer, une œuvre poisseuse, redoutablement pessimiste, ultra-violente par moments (certaines scènes sont même déconseillées aux âmes sensibles), qui n’a rien perdu de son efficacité et qui embarque le spectateur pendant 1h35 sur un des affluents du Styx. Merveilleusement interprété par Anthony Quinn (également co-producteur exécutif aux côtés du metteur en scène) et Yaphet Kotto, Meurtres dans la 110e rue, écrit par Luther Davis (auteur des géniaux La Main noire de Richard Thorpe et Une femme dans une cage de Walter Grauman) d’après un roman de Wally Ferris (sorti en France sous le titre Noirs et Blancs, dans la collection Série Noire), est un thriller à réhabiliter de toute urgence.

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Test Blu-ray / L’Enquête est close – Circle of Danger, réalisé par Jacques Tourneur

L’ENQUÊTE EST CLOSE (Circle of Danger), réalisé par Jacques Tourneur, disponible en combo Blu-ray/DVD le 27 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Ray Milland, Patricia Roc, Marius Goring, Hugh Sinclair, Naunton Wayne, Edward Rigby, Marjorie Fielding, John Bailey…

Scénario : Philip MacDonald

Photographie : Oswald Morris

Musique : Robert Farnon

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

À la fin de la seconde guerre mondiale, Clay Douglas, citoyen américain, enquête sur la mort de son jeune frère, Hank, tué d’une balle alors qu’il combattait aux côtés des forces britanniques. Pour Clay, le tir ne venait pas des lignes allemandes mais bien du commando dont Hank était membre. Du Pays de Galles à l’Angleterre en passant par l’Écosse, Clay tente de retrouver la trace des membres survivants pour comprendre ce qui a pu se passer.

Du cinéaste franco-américain Jacques Tourneur, on connaît surtout Cat People (La Féline, 1942), Vaudou (I walked with a zombie, 1943) ou encore The Leopard Man (1943), emblèmes flamboyants du cinéma fantastique de l’âge d’or. Nettement moins ses films policiers, genre auquel Circle of danger semble appartenir. En apparence seulement. Car sous les oripeaux formels d’une enquête classique, voilà en réalité une comédie romantique qui ne dit pas son nom. C’est bien là la principale surprise d’un film qui nous en ménage une autre, et de taille, dans ses ultimes minutes. De fait, le protagoniste interprété par Ray Milland va au cours de son investigation en terres britanniques, faire la rencontre d’une illustratrice écossaise, Elspeth (Patricia Roc). Bien davantage que les membres du commando dont Clay remonte progressivement la piste, la jeune femme devient le pivot du récit, lequel prend une tournure sentimentale totalement décalée. Ce qui intéresse ici Jacques Tourneur, est donc autant l’évolution de l’enquête que la relation entre Clay et Elspeth, marquée par une série de rendez-vous manqués plutôt cocasse. Mais dans la résolution du meurtre comme dans les prémices de l’histoire d’amour, Jacques Tourneur déroule un seul et même fil rouge : la thématique du temps. Clay passe ainsi une bonne partie du sien à demander l’heure à ses interlocuteurs pour s’assurer de ne pas arriver en retard à ses rendez-vous avec Elspeth (le seul ressort comique du film consistant à le faire invariablement échouer). Entre l’obsession de la vérité et la liaison naissante, l’incompatibilité est manifeste et l’urgence signifiée : Tourneur filme explicitement les montres, les horloges et les injonctions verbales à l’empressement (tel personnage somme Clay de se dépêcher s’il ne veut pas rater son train, un autre lui demande d’abréger leur discussion car il manque de temps, Elspeth semble avoir toujours un pays d’avance sur Clay lors de leurs déplacements simultanés). Confère également cette scène magnifique où le couple en devenir se tient sur une falaise face à la mer, en réalité – trucage typique de l’époque – la photo en trompe-l’oeil d’un paysage écossais où rien, à part les acteurs, ne bouge. Ni les nuages ni les vagues. Et soudain… le silence. Tourneur utilise ici de façon très consciente l’artificialité de son décor non seulement à des fins techniques, mais aussi au profit de ce qu’il raconte : littéralement, il suspend le temps et invite les deux personnages (et le spectateur) au sursis.

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