QUI DONC A VU MA BELLE ? (Has Anybody Seen My Gal ?) réalisé par Douglas Sirk, disponible le 28 janvier 2020 en DVD chez Elephant Films.
Acteurs : Piper Laurie, Rock Hudson, Charles Coburn, Gigi Perreau, Lynn Bari, William Reynolds, Larry Gates, Skip Homeier, Paul Harvey, Paul McVey, Gloria Holden, Frank Ferguson, Forrest Lewis…
Scénario : Joseph Hoffman d’après une histoire originale d’Eleanor H. Porter
Photographie : Clifford Stine
Musique : Herman Stein
Durée : 1h25
Année de sortie : 1952
LE FILM
Fin des années 1920. Âgé, Samuel Fulton se trouve sans héritier pour sa fortune colossale. Il décide de laisser tout ce qu’il possède aux enfants d’Harriet, son premier amour, qui avait refusé sa demande en mariage quand il était jeune, le jugeant trop pauvre. Mais celui-ci souhaite d’abord tester Harriet et sa famille : il se fait alors passer pour un artiste excentrique et s’installe chez eux…
En 1952, Douglas Sirk ne se repose pas sur ses lauriers et sa nouvelle comédie Qui donc a vu ma belle ?, toujours pour le compte des studios Universal, sort sur les écrans américains moins d’un mois après No Room for the Groom. Mettant en scène une nouvelle fois la pimpante Piper Laurie, il signe sa première collaboration avec le comédien Rock Hudson. Le générique change du tout au tout, le cinéaste allemand est désormais passé à la couleur, plus exactement au Technicolor (sublime photo de Clifford Stine), avec virtuosité. Le ton y est plus dramatique et acerbe que pour No room for the groom, même si le côté conte de fées de la première partie n’en donne pas l’air. Le cinéaste allemand ne l’a jamais nié, la comédie lui a servi de tremplin pour développer la face cachée de l’American Dream, pour critiquer les valeurs familiales de la bourgeoisie américaine et l’ambition.
NO ROOM FOR THE GROOM réalisé par Douglas Sirk, disponible le 28 janvier 2020 en DVD chez Elephant Films.
Acteurs : Tony Curtis, Piper Laurie, Don DeFore, Spring Byington, Lillian Bronson, Paul McVey, Stephen Chase, Lee Aaker, Jack Kelly, Frank Sully…
Scénario : Joseph Hoffman d’après le roman de Darwin L. Teilhet
Photographie : Clifford Stine
Musique : Frank Skinner
Durée : 1h19
Année de sortie : 1952
LE FILM
Le jeune Alvah s’enfuit à Las Vegas en compagnie de la fille de sa propriétaire et les deux tourtereaux se marient. Mais Alvah est malade et la nuit de noce sera pour plus tard… beaucoup plus tard en réalité, puisqu’il part combattre en Corée. Quand une permission lui permet de rejoindre son épouse, les choses ne vont guère mieux. Sa maison est investie par sa belle-famille, qui ignore encore tout du mariage…
Avant de devenir le maître incontesté du mélodrame dès 1954 avec des titres tels que All I Desire, Le Secret magnifique, Tout ce que le ciel permet, Demain est un autre jour, Le Temps d’aimer et le Temps de mourir, Mirage de la vie, le cinéaste allemand d’origine danoise Douglas Sirk (1897-1987), de son vrai nom Hans Detlef Sierck, faisait encore ses classes au sein des studios hollywoodiens. Avant de quitter l’Allemagne suite à la montée du nazisme, le cinéaste possédait déjà de nombreux succès derrière lui avec les drames Les Piliers de la société (1935) et Paramatta, bagne de femmes (1937). Installé aux Etats-Unis, Douglas Sirk reprend le travail à l’instar de ses compatriotes exilés et se plie aux volontés du studio Universal avec lequel il signe un contrat. Après le sublime drame aux allures de film policier Tempête sur la colline, le réalisateur s’essaye à la comédie dite de slapstick avec No Room for the Groom en 1952. Et c’est un enchantement. Magistralement mis en scène avec une énergie toujours aussi contagieuse près de 70 ans après, ce divertissement de haute volée est aussi l’un des premiers films en vedette de l’immense Tony Curtis, qui donne la réplique à la délicieuse Piper Laurie. Les deux comédiens en étaient d’ailleurs à leur troisième collaboration, après Le Voleur de Tanger – The Prince Who Was a Thief (1951) de Rudolph Maté et Le Fils d’Ali Baba – Son of Ali Baba (1952) de Kurt Neumann. S’ils allaient se donner la réplique pour la dernière fois dans Les Bolides de l’enfer – Johnny Dark (1954) de George Sherman, les deux acteurs pétillants prennent définitivement leur envol avec No Room for the Groom, fantastique comédie débridée, moderne, culottée, en plus d’être superbe à regarder.
EXTRA SANGSUES (Night of the Creeps) réalisé par Fred Dekker, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 12 novembre 2019 chez Elephant Films.
Acteurs : Jason Lively, Steve Marshall, Jill Whitlow, Tom Atkins, Wally Taylor, Bruce Solomon, Vic Polizos, Allan Kayser…
Scénario : Fred Dekker
Photographie : Robert C. New
Musique : Michael N. Knue
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1986
LE FILM
1959, Un vaisseau extraterrestre s’écrase sur terre. La créature qui était à l’intérieur prend possession d’un jeune homme. Près de 30 ans plus tard, Chris Romero, étudiant un peu perdu et son ami J.C, découvrent le corps possédé qui revient à la vie…
« If you scream…you’re dead ! »
Fred Dekker (né en 1959) n’est pas que le « pauvre » réalisateur du « calamiteux » RoboCop 3 (1993). Avant ce malheureux troisième volet, il y a eu Extra Sangsues – Night of the Creeps ou bien encore La Nuit des sangsues pour son exploitation en VHS, son premier long métrage mis en scène en 1986. A la fois comédie fantastique et teenage movie d’horreur, Extra sangsues est devenu depuis un vrai film culte très prisé par les aficionados du genre. Dans ce film fourre-tout, Fred Dekker y met tout le cinéma qu’il affectionne depuis sa plus tendre enfance. Il n’est donc pas étonnant d’y trouver des aliens, des zombies humains et animaux, un serial killer, des adolescents victimes de leurs hormones et de leur sébum. Bref, Extra sangsues est un très joyeux bordel absolument jubilatoire, fun, bad-ass, très drôle et suant littéralement d’amour pour le cinéma d’exploitation.
LE BEAU-PÈRE (The Stepfather) réalisé par Joseph Ruben, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 12 novembre 2019 chez Elephant Films.
Acteurs : Terry O’Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack, Charles Lanyer, Stephen Shellen, Stephen E. Miller, Robyn Stevan, Jeff Schultz…
Scénario : Donald E. Westlake
Photographie : John W. Lindley
Musique : Patrick Moraz
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1987
LE FILM
Jerry Blake semble en apparence mener une petite vie sans histoire. Un travail satisfaisant, une famille soudée, il a tout. Mais quand un grain de sable vient enrayer la machine, l’homme change radicalement de comportement. La perfection est son obsession…
« Wait a minute ! Who am I here ? »
A l’origine du Beau-père – The Stepfather (1987), il y a un récit machiavélique que l’on doit à l’un des plus grands écrivains américains de tous les temps, Donald E. Westlake (1933-2008). Auteur d’une centaine de romans (au bas mot), créateur des personnages mythiques de Dortmunder et de Parker (sous le pseudo de Richard Stark), adapté par les plus grands comme John Boorman (Le Point de non-retour), Peter Yates (Les Quatre malfrats), John Flynn (Echec à l’organisation), Brian Helgeland (Payback) et même par les français Jean-Luc Godard (Made in U.S.A.), Yves Robert (Le Jumeau), Michel Deville (La Divine poursuite) et Costa-Gavras (Le Couperet), Donald Westlake transpose lui-même son histoire originale avec un autre confrère, Brian Garfield, l’auteur de Death Wish, adapté en 1974 par Michael Winner, mais aussi Death Sentence, devenu également un long métrage en 2007 réalisé par James Wan. Autant dire que Le Beau-père part d’emblée sous les meilleurs auspices. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que The Stepfather est et demeure une des plus grandes références du thriller des années 1980, merveilleusement interprété par l’incroyable Terry O’Quinn, qui campe un type absolument monstrueux et flippant, encore plus aujourd’hui quand on lui prête une ressemblance physique avec Jean-François Copé. Mais ce n’est pas le sujet. Bref, Le Beau-père est un putain de bon film !
LA FERME DE LA TERREUR (Deadly Blessing) réalisé par Wes Craven, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 12novembre 2019 chez Elephant Films
Acteurs : Maren Jensen, Sharon Stone, Susan Buckner, Jeff East, Colleen Riley, Douglas Barr, Lisa Hartman, Lois Nettleton, Ernest Borgnine…
Scénario : Glenn M. Benest, Matthew Barr, Wes Craven
Photographie : Robert C. Jessup
Musique : James Horner
Durée : 1h39
Date de sortie initiale : 1981
LE FILM
Après avoir perdu son mari dans des conditions très étranges, Martha Schmidt voit les phénomènes inexpliqués se multiplier autour d’elle. C’est à ce moment qu’elle découvre qu’une communauté religieuse, les Hittites, vit près de chez elle. Ils rejettent le monde moderne, voyant la technologie comme l’œuvre du diable…
Au début des années 1980, Wes Craven (1939-2015) compte déjà son actif La Dernière Maison sur la gauche – The Last House on the Left (1972) et La Colline a des yeux – The Hills Have Eyes (1977). Après un détour par la télévision avec L’Été de la peur – Stranger in Our House, diffusé à partir de 1978 sur CBS et NBC, succès qui sera finalement exploité dans les salles européennes, le réalisateur revient par la case cinéma avec La Ferme de la terreur – Deadly Blessing. Projet initié par les mêmes producteurs que L’Été de la peur, ce nouvel opus agit comme la plupart des autres films de son auteur, à savoir comme un conte d’épouvante narré au coin du feu devant quelques spectateurs amateurs d’émotions fortes. S’il n’atteint pas la réussite de ses films précédents, Deadly Blessing n’en comporte pas moins son lot de scènes très efficaces et vaut surtout aujourd’hui pour sa mise en scène, ainsi que pour l’une des premières apparitions au cinéma de Sharon Stone après avoir joué les jolies silhouettes dans Stardust Memories de Woody Allen et Les Uns et les Autres de Claude Lelouch. Entrez donc, nous allons vous faire visiter cette petite ferme sympathique…
SATURN 3 réalisé par Stanley Donen, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 29 octobre 2019 chez Elephant Films
Acteurs : Kirk Douglas, Harvey Keitel, Farrah Fawcett, Ed Bishop…
Scénario : Martin Amis d’après une idée originale de John Barry
Photographie : Billy Williams
Musique : Elmer Bernstein
Durée : 1h27
Date de sortie initiale : 1980
LE FILM
Deux savants, Alex et Adam, vivent totalement isolés dans la station Titan, sur un satellite de Saturne. L’arrivée d’un nouveau voyageur est toujours un événement : aussi accueillent-ils comme il se doit, Benson, un étrange personnage arrivant de la Terre. Avec lui, un nouveau modèle de robot, baptisé Hector, qu’il met rapidement en service. Mais très vite, le robot multiplie les réactions bizarres et inquiétantes. Au point d’en devenir complètement incontrôlable…
Fawcett et Fossette sont dans l’espace…
Stanley Donen (1924-2019) aux commandes d’un film de science-fiction ??? Comment le réalisateur de Chantons sous la pluie (1952), Drôle de frimousse (1957), Charade (1963) et Voyage à deux (1967) s’est-il retrouvé sur ce projet ? En fait, Stanley Donen était bien attaché à la production de Saturn 3, dont la mise en scène était alors confiée à John Barry, chef décorateur britannique qui a fait sa renommée sur des films de prestige comme Orange mécanique de Stanley Kubrick, La Guerre des étoiles de George Lucas (Oscar des meilleurs décors en 1978) et Superman de Richard Donner. Un C.V. bien fourni qui le mène tout naturellement à la mise en scène. Saturn 3, dont il est l’auteur, devait être son coup d’essai derrière la caméra. Peu de temps après le début des prises de vue, des divergences artistiques, autrement dit de grosses engueulades, surviennent sur le plateau entre le réalisateur et sa tête d’affiche, la star Kirk Douglas. John Barry est vivement remercié et Stanley Donen, qui n’avait rien demandé à personne, reprend le train en marche. Pas facile de donner un semblant d’intérêt à un film dont le scénario est passé de main en main.
DEMAIN EST UN AUTRE JOUR(There’s Always Tomorrow) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 26 mars 2019 chez Elephant Films
Acteurs : Barbara Stanwyck, Fred MacMurray, Joan Bennett, William Reynolds, Pat Crowley, Gigi Perreau, Jane Darwell, Race Gentry…
Scénario : Bernard C. Schoenfeld d’après le roman « There’s Always Tomorrow » d’Ursula Parrott
Photographie : Russell Metty
Musique : Heinz Roemheld, Herman Stein
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 1955
LE FILM
Clifford Groves, fabricant de jouets prospère, a une existence un peu morne, coincé entre son travail et une vie de famille insatisfaisante. De plus en plus seul et délaissé par sa femme Marion, il retrouve par hasard Norma Veil une ancienne collaboratrice pour laquelle il a toujours eu une attirance.
Demain est un autre jour – There’s Always Tomorrow, remake d’un film de 1934 d’Edward Sloman, vient trois ans après All I desire. Le film réunit Barbara Stanwyck et Fred MacMurray, scellant leurs retrouvailles quasiment dix années après le chef d’oeuvre de Billy Wilder, Assurance sur la mort – Double Indemnity. Douglas Sirk dans sa période la plus faste de sa carrière, traite une fois de plus de la cellule familiale dans l’Amérique des années 50 avec ce qu’elle comporte d’égoïsme et de castration, les enfants décidant du bonheur de leurs parents comme dans Tout ce que le ciel permet.
Clifford Groves est un prospère fabricant de jouets, à San Francisco. Il mène une vie trop bien réglée, comme un robot, entre son travail, son épouse, Marion, et leurs trois enfants. Marion est si accaparée par ses enfants qu’elle refuse la surprise imaginée par Cliff pour son anniversaire : une soirée en tête-à-tête, restaurant et cabaret. Cliff, déçu, reste seul chez lui quand on sonne à la porte : apparaît la collaboratrice de ses débuts, Norma Vail, maintenant à la tête d’une maison de couture à New-York, venue pour quelques jours en Californie. C’est avec elle qu’il passera la soirée. Elle l’interroge sur sa vie, sa famille, son travail, évoque des souvenirs communs. Encore une fois Marion annule un projet commun de week-end au soleil, dans le désert. La cadette a une entorse. Mais elle supplie son mari d’aller s’y détendre et s’y reposer. Arrivé à l’hôtel, Cliff tombe sur Norma, élégante, vive, enjouée : elle l’entraîne dans une balade à cheval, à la piscine, sur la piste de danse. Mais le fils aîné de Cliff arrive par surprise, en compagnie de sa fiancée et de deux amis. Il surprend Norma et Cliff, est persuadé d’un adultère et rentre furieux à San Francisco.
Depuis All I desire, le cinéaste Douglas Sirk a pris son envol et aura enchaîné les longs métrages à raison de deux films par an. Entre le western Taza, fils de Cochise, le péplum Le Signe du païen et le film d’aventure Capitaine mystère, c’est surtout dans le genre mélodramatique que le metteur en scène se sera le mieux exprimé sur les Etats-Unis. Demain est un autre jour suit donc de près Le Secret magnifique et Tout ce que le ciel permet, deux coups de maître réalisés après le coup d’essai prometteur All I desire. A cette occasion, Douglas Sirk collabore à nouveau avec Barbara Stanwyck. La comédienne, qui a fait ses débuts sur le grand écran dans les années 1920, entame alors la dernière partie de sa carrière au cinéma. Elle y est une fois de plus sensationnelle et magnétique. Elle retrouve ici son partenaire Fred MacMurray, probablement l’un des acteurs les plus sous-estimés de l’âge d’or d’Hollywood. La complicité et l’osmose entre les deux comédiens est réelle et bouleversante.
De son côté, Douglas Sirk imprègne son film d’une ironie acerbe, ne serait-ce qu’avec le titre et dès son ouverture « Once upon a time » qui renvoie au conte de fées. Si Demain est un autre jour est assurément l’une des œuvres les plus déchirantes du réalisateur, sa vivisection de la famille américaine est aussi rare qu’acérée. De par sa sensibilité européenne, Douglas Sirk s’affranchit du cahier des charges habituelles du cinéma en égratignant le vernis avec lequel ses confrères peignaient le mode de vie américain. Là où la plupart des autres cinéastes se contentaient d’illustrer la place occupée par chacun des membres d’une bonne famille américaine, Douglas Sirk prend le parti d’en montrer les conséquences, l’enlisement, l’ennui.
Dans Demain est un autre jour, Cliff ressent sa vie familiale comme une prison, sa femme comme un puits de routine et d’incompréhension, ses enfants comme des tyrans égoïstes. Cliff tombe amoureux de Norma, qui l’aime depuis toujours, mais ses deux enfants l’espionnent et se rendent à l’hôtel où Norma séjourne pour lui dire leurs soupçons, leur mépris et leur indignation. Norma écoute, comprend leur désarroi mais leur reproche violemment leur indifférence et leur ingratitude vis-à-vis de leur père. Le final est à ce titre cinglant puisque la « bonne morale » est sauve et la cellule familiale n’éclatera pas. La merveilleuse photographie de Russell Metty n’a de cesse de jouer avec les ombres (et celle de la pluie), qui grignotent progressivement l’espoir et l’idylle entre les deux personnages principaux, coupables de s’aimer.
D’une suprême élégance, Demain est un autre jour, qui a entre autres grandement inspiré Carol de Todd Haynes, foudroie encore aujourd’hui le coeur des spectateurs contemporains.
LE BLU-RAY
Demain est un autre jour est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette (réversible avec affiche originale) est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède désormais treize films du maître du mélodrame hollywoodien dans son catalogue. Un livret collector rédigé par Louis Skorecki est également inclus.
En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une minuscule présentation de Demain est un autre jour par Jean-Pierre Dionnet (4’ seulement). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, habituellement plus inspiré quand il parle de l’un de ses cinéastes favoris, replace timidement ce long métrage dans la filmographie du réalisateur. Il en vient ensuite aux thèmes abordés dans Demain est un autre jour. Le casting est évidemment évoqué, ainsi qu’aux bijoux créés par Joan Joseff, preuve que Dionnet ne sait pas vraiment combler son intervention, par ailleurs bien trop entrecoupée par de longs extraits du film.
Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.
L’Image et le son
Contrairement à All I desire, Demain est un autre jour a été tourné en 1.85. La profondeur de champ est éloquente, les partis pris du directeur de la photographie Russell Metty sont respectés, comme ces clairs-obscurs qui reflètent l’état d’esprit des personnages tel Clifford qui rentre chez lui. Dès le générique, la luminosité du master (même si visiblement ancien) restauré flatte les rétines, tout comme la propreté de la copie. Le master est sans doute plus grumeleux que celui d’All I desire, tout comme le rendu des visages ici plus vaporeux et les détails manquent parfois à l’appel, mais ce Blu-ray reste de haute qualité.
Il ne faut pas s’attendre à quelques miracles par rapport à l’ancienne édition DVD Carlotta sortie il y a plus de dix ans. Le confort acoustique est moyen avec un rendu parfois feutré des dialogues et un petit souffle chronique. Les sous-titres français ne sont pas imposés.
ALL I DESIRE réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 26 mars 2019 chez Elephant Films
Acteurs : Barbara Stanwyck, Richard Carlson, Lyle Bettger, Marcia Henderson, Lori Nelson, Maureen O’Sullivan, Richard Long, Billy Gray…
Scénario : James Gunn, Robert Blees, Gina Kaus d’après le roman de Carol Ryrie Brink
Photographie : Carl E. Guthrie
Musique : Henry Mancini, Herman Stein
Durée : 1h19
Date de sortie initiale : 1953
LE FILM
Naomi Murdoch, actrice dont la carrière n’a pas été parsemé de nombreux succès, revient après dix ans d’absence dans sa petite ville pour y voir sa fille dans une représentation théâtrale de l’école. La jeune fille, qui ignore tout des multiples échecs de sa mère, voudrait lui ressembler. À son arrivée, Naomi constate que rien n’a changé. Bientôt, toute la ville parle de son retour…
S’il marque les débuts de Douglas Sirk dans le genre mélodramatique, All I desire ne possède pas encore la flamme qui animera les films suivants du cinéaste. La famille américaine est au centre du sujet, les relations humaines sont disséquées au scalpel et l’ensemble repose sur un casting haut de gamme où domine la superbe et flamboyante Barbara Stanwyck que Douglas Sirk retrouvera trois ans plus tard pour Demain est un autre jour. All I desire est un très beau film, qui n’évite pas certaines grosses ficelles, mais qui impose le réalisateur parmi les meilleurs auteurs du genre.
Naomi Murdoch est une femme déchue et une actrice ratée. Elle n’a pas hésité à quitter son mari, Henry, et ses trois enfants, Joyce, Lily et Ted ainsi que son amant, Dutch, pour une illusoire carrière dramatique. Elle a ainsi défrayé la chronique de la petite ville provinciale de Riversdale. Mais dans les coulisses sordides d’un obscur cabaret de Chicago elle reçoit une lettre de sa fille cadette, Lily. Lena, la fidèle servante, a toujours donné à Naomi des nouvelles des siens et lui a fait parvenir cette missive. Lily croit – comme tout le monde – que sa mère est une actrice célèbre et la prie d’assister à sa remise de diplôme et surtout à la pièce de théâtre dont elle joue le rôle principal. Lily part pour Riversdale, avec des robes et des parures éblouissantes, elle compte n’y passer qu’une soirée. Son mari (qui occupe le poste un peu terne de proviseur du collège), Joyce, son aînée, Ted, son jeune fils restent froids et distants. Mais Lily déborde d’admiration et de tendresse pour sa mère qui, le temps de la soirée, fascine toute l’assistance.
All I desire est un film de transition dans l’œuvre hollywoodienne de Douglas Sirk. Réalisé juste après les comédies populaires qui ont fait de lui un réalisateur sur qui les studios pouvaient compter (No Room for the Groom avec Tony Curtis et Piper Laurie), le cinéaste allemand souhaite se tourner vers de nouveaux horizons et aborder un nouveau genre. A l’instar de Qui donc a vu ma belle ?, Douglas Sirk aborde la vie d’une famille provinciale dont la mère a abandonné le foyer afin de se consacrer à sa carrière d’actrice. Après des années de déconvenues, elle décide de revenir vers ceux qu’elle a délaissés. Cette fois, la comédie laisse place au mélodrame. All I desire est un beau film, certes loin d’être aussi transcendant que ceux qui suivront, mais qui pose tous les jalons repris puis aiguisés ultérieurement dans Tout ce que le ciel permet et Mirage dans la vie, comme le rêve, les désillusions et le rapport ville et province dans les Etats-Unis des années 50, une critique de la classe moyenne américaine, thème fondateur de l’œuvre entière de Douglas Sirk et qui fera de lui le maître du mélodrame.
Barbara Stanwyck y est poignante et admirablement épaulée par Richard Carlson, même si la star hollywoodienne domine largement la distribution, sans avoir de véritable contrepoids. On excusera quelques effets trop accentués comme tout ce qui concerne le second rôle caricatural de Dutch incarné par Lyle Bettger, ou bien encore cette facilité à opposer grande ville/province de façon quelque peu schématique avec l’utilisation d’effets trop appuyés. En adaptant le roman Stopover de Carol Ryrie Brink, Douglas Sirk trouve ici les thématiques qu’il n’aura de cesse de développer, et s’entoure de très solides techniciens dont le directeur de la photographie Carl E. Guthrie (The Jazz Singer de Michael Curtiz) et le compositeur Henry Mancini, qui avait déjà collaboré avec le cinéaste sur le formidable Qui donc a vu ma belle ? (1952) et qui signera également la partition de La Ronde de l’aube (1958) et celle de l’extraordinaire Mirage de la vie (1959). Juste après All I desire, Douglas Sirk enchaîne avec un western, Taza, fils de Cochise avant de réaliser l’un de ses plus beaux films, Le Secret Magnifique.
LE BLU-RAY
All I Desire est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette (réversible avec affiche originale) est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède désormais treize films du maître du mélodrame hollywoodien dans son catalogue. Un livret collector rédigé par Louis Skorecki est également inclus.
En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une minuscule présentation de All I desire par Jean-Pierre Dionnet (6’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, habituellement plus inspiré quand il parle de l’un de ses cinéastes favoris, replace timidement ce long métrage dans la filmographie du réalisateur. Il en vient ensuite aux thèmes abordés dans All I desire, en croisant le fond avec la forme en indiquant que ce film annonce les mélodrames qui seront ensuite réalisés par Douglas Sirk. Le casting est évidemment évoqué, tout comme les collaborateurs du cinéaste. Dommage que cette introduction, déjà courte, soit entrecoupée par de longs extraits du film.
Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.
L’Image et le son
Chapeau à Elephant Films de proposer les films de Douglas Sirk en HD en 2019 ! All I desire, pour la première fois en Blu-ray dans le monde, est proposé dans son format plein cadre 1.33. respecté, dans un nouveau master restauré Haute Définition. La clarté est de mise, les contrastes sont admirables et mettent en valeur le N&B éclairé par Carl E. Guthrie, même si la photo de ce dernier se révèle moins exceptionnelle que celle du fidèle collaborateur de Douglas Sirk, Russell Metty. L’image est très propre, la texture argentique équilibrée. Enfin, les scènes sombres s’en tirent excellemment avec des clairs-obscurs tranchés et des détails ciselés.
Bien qu’accompagnée d’un souffle distinct, jamais l’écoute du film n’est véritablement perturbée et aucun craquement n’est à déplorer. Les splendides envolées de la musique signée Henry Mancini exploitent à leur maximum le potentiel du mixage mono, limpide et exsudant la voix rauque de Barbara Stanwyck avec clarté. Les dialogues mis à part, les effets divers et variés sont abondants. Les sous-titres français ne sont pas verrouillés.
ENFER MÉCANIQUE (The Car) réalisé par Elliot Silverstein,disponible en DVD et Blu-ray le 12 décembre 2018 chez Eléphant Films
Acteurs : James Brolin, Kathleen Lloyd, John Marley, R.G. Armstrong, John Rubinstein, Elizabeth Thompson…
Scénario : Michael Butler, Dennis Shryack, Lane Slate
Photographie : Gerald Hirschfeld
Musique : Leonard Rosenman
Durée : 1h36
Date de sortie initiale: 1977
LE FILM
Une énorme berline noire roule à tombeau ouvert sur la route du désert. Est-ce un fantôme, un démon ou le diable lui-même? Cette voiture commence à terroriser les habitants d’une petite ville du Nouveau-Mexique. Les policiers du comté, menés par le shérif Everett et le capitaine Wade Parent, commencent l’enquête. Le soir, Everett est à son tour fauché sur la grande rue du village.
Prenez un shaker. Mettez-y une bonne dose de Duel (1971) de Steven Spielberg. Pendant que vous y êtes, incorporez quelques grammes des Dents de la mer (1975). Bon d’accord, un requin ne peut se déplacer sur le bitume, alors par quoi peut-on le remplacer ? Hum. Une voiture fera l’affaire. Secouez tout cela et versez. Voici Enfer mécanique – The Car, grand classique de la fin des années 1970 qui surfait de façon opportuniste sur les deux hits de maître Spielberg qui venait de révolutionner le divertissement hollywoodien. Alors oui, la mise en scène du dénommé Elliot Silverstein (Cat Ballou) ne peut être comparée à celle de son confrère, mais Enfer mécanique tient bien la route, c’est le cas de le dire, et reste un excellent moment qui mine de rien annonce le roman Christine de Stephen King et son adaptation par John Carpenter écrit et réalisé 6 ans plus tard. James Brolin et sa moustache contre une voiture démoniaque, action !
L’histoire se déroule à Santa Ynez, communauté située dans les montagnes de l’État de l’Utah. Une voiture noire non-identifiée fonce sur le bitume qui traverse le désert. Elle frappe d’abord deux cyclistes dans les montagnes, puis un auto-stoppeur aux abords de la ville. La brigade du coin dirigée par le shérif Everett et le capitaine Wade Parent est appelée sur les lieux. Alors qu’il se prépare à rentrer chez lui, Everett est percutée par l’inquiétante voiture. Une vieille dame, témoin de l’incident, affirme aux policiers que la voiture était vide : il n’y avait personne à la place du chauffeur. Cette déclaration trouble profondément Parent. Le lendemain matin, la voiture s’attaque à un groupe d’enfants en train de pratiquer une fanfare. Les enfants et leurs professeurs parviennent à se réfugier dans le cimetière de l’endroit où il semble qu’elle n’ose pas pénétrer, malgré les insultes proférées par Lauren, l’une des institutrices et petite amie du capitaine Parent. La voiture repart vers le désert avec toute une escouade de voitures policières derrière elle. Elles sont toutes détruites et Wade est blessé dans l’affrontement. Celui-ci se réveille dans un hôpital et constate avec les policiers survivants qu’il semble s’agir d’une voiture ayant une origine démoniaque.
Quasi-remake de Jaws où James Brolin remplacerait Roy Scheider dans un rôle copier-coller sur le célèbre Chef Brody, Enfer mécanique vaut pour chacune des apparitions de la magnifique voiture infernale conçue par le célèbre George Barris, le créateur de la sublime Batmobile de la série télévisée Batman des années 1960. Cette berline Lincoln Continental Mark III 1971 vole littéralement la vedette aux vraies stars du film et le metteur en scène parvient à lui donner une véritable identité, ainsi qu’une âme méphistophélique en adoptant parfois son point de vue enflammé. Une fois le postulat de départ accepté, The Car embarque les spectateurs dans un néo-western tourné dans d’incroyables paysages sauvages de Glen Canyon et le parc national de Zion qui se prêtent à merveille pour ce rodéo inattendu entre des flics dépassés par les événements et une monture sauvage et déchaînée qu’ils n’arrivent pas à attraper au lasso, ou à l’assaut plutôt.
Les meurtres perpétrés par la berline sont particulièrement brutaux, à l’instar de celui des deux cyclistes qui ouvre le film, ainsi que la séquence surréaliste, mais particulièrement efficace où la bagnole fonce à travers la maison pour happer sa victime qui l’avait alors invectivé quelques heures auparavant, avant de repartir à fond les ballons sur l’asphalte à coups de klaxon dans le vent poussiéreux. La plupart du temps, les acteurs sont réduits au rang de marionnettes, conscients que leur sort importe peu aux spectateurs, qui attendent avec impatience la prochaine apparition de la berline. Toutefois, James Brolin et la clique, Kathleen Lloyd, John Marley, R.G. Armstrong, Ronny Cox, tous habitués à la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent », assurent du début à la fin en apportant suffisamment de crédi-(dé)-bilité à l’entreprise. Les scénaristes Dennis Shryack et Michael Butler, auteurs de L’Epreuve de force et Pale Rider – Le cavalier solitaire de Clint Eastwood, regorgent d’imagination et parviennent à faire de leur prédateur blindé un « monstre » à part entière.
Le final dans le canyon est sans doute en dessous des espérances, mais Enfer mécanique contient son lot de scènes marquantes (celle du garage où la bagnole tente d’étouffer le héros avec ses gaz d’échappement) et son statut culte est mérité car cette série B a bien vieilli et se voit encore aujourd’hui avec plaisir comme un ersatz pas honteux de Jaws.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray d’Enfer mécanique, disponible chez Elephant Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Nous ne sommes pas particulièrement fans du journaliste en culture pop Julien Comelli. Aussi énervant qu’un membre de jury d’un télé-crochet du style Jean-Marc Généreux (c’est dire), l’invité d’Elephant Films fait un sketch jamais drôle tout en donnant quelques informations sur la genèse, la production, le casting, la voiture et la sortie d’Enfer mécanique (23’). Ce supplément est aussi particulièrement mal réalisé et part un peu dans tous les sens.
L’interactivité se clôt sur des liens internet et un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Superbe ! Entièrement restauré, Enfer mécaniqueest enfin proposé dans une édition digne de ce nom, en Blu-ray au format 1080p. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce lifting lui sied à ravir. Tout d’abord, la copie affiche une propreté incontestable, aucune scorie n’a survécu à l’attention des restaurateurs, la clarté HD et la colorimétrie pimpante flattent les rétines sur les séquences en extérieur. Dès la fin du générique d’ouverture, marqué par un grain plus prononcé, les contrastes trouvent une fermeté inédite, le piqué est renforcé et les noirs plus denses, les détails sur les décors abondent, sans oublier la profondeur de champ. Certes, quelques plans peuvent paraître plus doux en matière de définition, mais jamais le film d’Elliot Silverstein n’avait jusqu’alors bénéficié d’un tel traitement de faveur.
Enfer mécanique est disponible en version originale et française DTS HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française est du même acabit et le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.
ENTERRÉ VIVANT (Buried Alive) réalisé par Frank Darabont,disponible en DVD le 12 décembre 2018 chez Elephant Films
Acteurs : Tim Matheson, Jennifer Jason Leigh, William Atherton, Hoyt Axton, Jay Gerber, Wayne Grace, Donald Hotton, Brian Libby…
Scénario : Mark Patrick Carducci d’après une histoire originale de David A. Davies
Photographie : Jacques Haitkin
Musique : Michel Colombier
Durée : 1h29
Date de sortie initiale: 1990
LE FILM
Un homme se fait enterrer vivant par sa femme. Alors qu’il parvient à s’échapper, il décide de fomenter sa vengeance…
« She planned on her husband’s death. But not on his coming back for revenge. »
Voici l’exemple type du téléfilm multidiffusé sur M6 dans les années 1990, qui a su marquer les esprits des téléspectateurs. Enterré vivant – Buried Alive est le premier long métrage du célèbre Frank Darabont. Né en 1959 en France, plus précisément dans un camp de réfugiés de Montbéliard dans le Doubs, après que ses parents réfugiés politiques d’origine hongroise aient fui la Révolution de 1956, Frank Darabont grandit et fait ses études en Californie. Attiré par le monde du cinéma, il devient assistant de production et décorateur de plateau. En 1983, il signe un premier court-métrage intitulé The Woman in the Room, inspiré par la nouvelle Chambre 312 de Stephen King, disponible dans le recueil Danse macabre publié en 1978. Après cette expérience, il rédige le scénario de Freddy 3 – Les Griffes du cauchemar, le meilleur opus de la franchise, puis reste dans le domaine de l’épouvante en cosignant les histoires du Blob (1988) de Chuck Russell puis de La Mouche 2 (1989) de Chris Walas. Alors qu’il collabore à la série Les Contes de la crypte, il reçoit la proposition de la chaîne USA Network de mettre en scène un téléfilm d’horreur intitulé Buried Alive, d’après un scénario de Mark Patrick Carducci, auteur de Neon Maniacs de Joseph Mangine en 1986. Frank Darabont s’empare de cette histoire pour livrer un formidable thriller inspiré par le cinéma américain des années 1950, les films d’Alfred Hitchcock, Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot et l’oeuvre d’Edgar Allan Poe. Enterré vivant est devenu un grand classique de la télévision.
Après avoir vécu à New York, Joanna s’ennuie à mourir dans cette petite ville de l’Ouest américain, où l’a entraînée son mari Clint. Entrepreneur en bâtiment, ce dernier est très pris par son travail. Se sentant délaissé, Joanna trouve le réconfort auprès de son médecin Cortland. Après des mois de passion brûlante, les amants décident de se débarrasser de Clint : Joanna verse un poison dans son verre, et Clint s’écroule, foudroyé par un malaise cardiaque. Ils ne se doutent pas que la dose n’était pas mortelle. Enterré vivant, Clint parvient à sortir de son cercueil, bien décidé à se venger…
« One of them put an end to the marriage, until the other came back for revenge. »
Si l’esthétique de ce téléfilm a évidemment vieilli et reste un pur produit de son époque, Enterré vivant a su traverser les années sans trop de peine. Bien que cloisonnée dans son format plein cadre 1.33, la mise en scène de Frank Darabont sort du carcan télévisuel avec des mouvements de caméra très amples et stylisés, avec des angles atypiques et quelques effets hérités du cinéma d’horreur. La célèbre séquence où Clint Goodman (dont le patronyme signifie « l’homme bon ») se réveille dans son cercueil et parvient à s’en extraire est digne d’un vrai film de zombies avec des éclairages soignés (photo de Jacques Haitkin, chef opérateur des deux premiers Freddy), la musique au diapason de notre Michel Colombier national, la pluie battante et le ciel zébré d’éclairs. Après une installation rapide, mais très efficace des personnages, avec d’un côté le mari amoureux (excellent Tim Matheson, qui réalisera un Enterré vivant 2 en 1997) et sa femme visiblement dégoûtée par son époux et sa petite vie pantouflarde (vénéneuse Jennifer Jason Leigh), Frank Darabont instaure un suspense sur le « meurtre » prémédité de Clint. Poussée par son amant (le suintant et génial William Atherton, le Richard Thornburg de Piège de cristal), Joanna va-t-elle empoisonnée son mari pour pouvoir ensuite vendre l’affaire de Clint et s’enfuir enfin de ce trou à rats ? Après la résurrection de Clint, ce dernier va décider de se venger.
La seconde partie du téléfilm prend donc la forme d’un jeu cruel puisque Clint parvient à enfermer momentanément sa femme et son amant dans la cave. Notre enterré vivant en profite pour transformer l’ancienne maison de ses rêves en…Ceux qui ont vu le téléfilm s’en souviennent, mais mieux vaut ne pas trop en dire sur le mode opératoire de Clint pour les autres. Parfaitement immoral, Enterré vivant n’a rien perdu de sa saveur amère. On jubile de voir les deux amants cinglés comploter cet assassinat et de voir la situation se retourner contre eux. Jennifer Jason Leigh qui avait déjà à son actif La Chair et le Sang de Paul Verhoeven et Hitcher de Robert Harmon, crève l’écran une fois de plus et rappelle Barbara Stanwyck dans Assurance sur la mort. Frank Darabont convoque ses cinéastes de prédilection pour se faire la main et pour offrir aux (télé)spectateurs un bon et grand moment d’effrois et de tensions. Remarqué par Stephen King, le cinéaste obtient les droits de la nouvelle Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank qui deviendra Les Evadés au cinéma quatre ans plus tard.
LE DVD
Elephant Films, merci ! Cela faisait longtemps que nous espérions une sortie en DVD de ce téléfilm cultissime. Enterré vivant dispose donc enfin d’une galette digne de ce nom. Le visuel est soigné, le menu principal animé et musical.
Le journaliste Laurent Duroche (Mad Movies) présente Enterré vivant de Frank Darabont (18’). Ce module très classique donne quelques indications sur le parcours du réalisateur et se focalise surtout sur le casting du téléfilm qui nous intéresse, ainsi que sur l’équipe technique. Laurent Duroche ne sait pas trop quoi dire finalement sur les thèmes d’Enterré vivant et s’égare quelque peu.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.
L’Image et le son
Enterré vivant bénéficie d’un petit lifting fort sympathique. Le résultat est probant, même si le master 1.33 (4/3) n’est pas parfait, compte tenu des conditions de production originales. Ce qui frappe d’emblée, c’est avant tout la luminosité inédite sur les séquences diurnes. Il en est de même pour la colorimétrie un peu plus vive que dans nos souvenirs. La gestion de la patine argentique est équilibrée, les noirs acceptables, la copie est d’une propreté absolue, stable et les contrastes plutôt solides. Quelques fléchissements et un piqué émoussé sont également au programme, mais dans l’ensemble l’image est bonne et ce grand classique méritait bien pareil traitement.
Deux pistes au choix, anglaise et française (excellent doublage) en Dolby Digital 2.0. Les deux mixages se valent et créent un vrai confort acoustique. Les dialogues et la musique sont exsudés avec force, les effets sont convaincants et les deux versions sont propres. Les sous-titres français ne sont pas imposés.