Test DVD / Les Maudites, réalisé par Pedro Martín-Calero

LES MAUDITES (El Llanto) réalisé par Pedro Martín-Calero, disponible en DVD le 18 septembre 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Ester Expósito, Mathilde Ollivier, Malena Villa, José Luis Ferrer, Claudia Roset, Lía Lois, Sonia Almarcha, Tomás del Estal…

Scénario : Pedro Martín-Calero & Isabel Peña

Photographie : Constanza Sandoval

Musique : Olivier Arson

Durée : 1h43

Année de sortie : 2024

LE FILM

Quelque chose hante Andrea, mais personne, pas même elle, ne peut le voir à l’œil nu. Il y a vingt ans, à dix mille kilomètres de là, la même présence terrorisait Marie. Camila est la seule à pouvoir comprendre ce qui leur arrive, mais personne ne la croit. Face à cette menace oppressante, toutes trois entendent le même son écrasant : un cri.

L’épouvante ibérique a encore frappé ! Les MauditesEl Llanto (ou les pleurs, The Wailing en anglais) est une nouvelle et forte expérience de cinéma d’horreur, ou plutôt un thriller teinté de surnaturel, premier long-métrage on ne peut plus prometteur de Pedro Martín-Calero. Né en 1983 en Espagne, le réalisateur a d’abord fait ses armes comme scénariste sur quelques séries (Impares, Impares premium) au début des années 2010, avant de se lancer dans la mise en scène avec une poignée de courts-métrages et le clip musical, dont un pour The Weeknd. Avec Les Maudites, Pedro Martín-Calero lorgne du côté de David Lynch, avec un récit qui peut apparaître comme un chaînon manquant entre Twin Peaks: Fire Walk with Me, Lost Highway et Mulholland Drive. Mais l’histoire des Maudites s’inscrit aussi dans le sujet de société de la violence ancestrale faite aux femmes, représentée par plusieurs portraits féminins, séparés par plusieurs décennies, ainsi que par des milliers de kilomètres, mais qui s’entrecroisent tout de même, avec un dénominateur commun, la figure du mal. Si toutes les questions ne trouveront assurément pas de réponses en bout de course, Les Maudites fonctionne et joue sérieusement avec les nerfs des débuts à la (presque toute) fin, d’une part grâce à une réalisation magistrale, mais aussi en raison d’une distribution qui révèle de fantastiques comédiennes.

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Test Blu-ray / Le Terroriste, réalisé par Gianfranco De Bosio

LE TERRORISTE (Il Terrorista) réalisé par Gianfranco De Bosio, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret depuis le 4 juin 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Gian Maria Volontè, Philippe Leroy, Giulio Bosetti, Raffaella Carrà, José Quaglio, Cesarino Miceli Picardi, Carlo Bagno, Roberto Seveso, Anouk Aimée…

Scénario : Gianfranco De Bosio & Luigi Squarzina

Photographie : Lamberto Caimi & Alfio Contini

Musique : Piero Piccioni

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Venise, hiver 1943. La Résistance italienne prépare une attaque contre le siège de la Kommandantur. Un homme, surnommé l’Ingénieur, joue un rôle central dans ce plan.

Le Terroriste Il Terrorista, réalisé par Gianfranco De Bosio (1924-2022) et sorti en 1963, est spécial à plus d’un titre. En effet, le scénariste et metteur en scène est on ne peut mieux placé puisqu’il a connu et même vécu ce dont il parle, en Vénétie. Méconnu en France, peu se souviennent de son MoïseMoses the Lawgiver (1975) avec Burt Lancaster dans le rôle-titre, dans lequel il croisait Ingrid Thulin, Anthony Quayle, Irène Papas et Laurent Terzieff (le tout sur une musique d’Ennio Morricone), Gianfranco De Bosio a fait essentiellement sa carrière dans le domaine de l’opéra et surtout du théâtre. Mais il a aussi connu la Résistance en Italie, au moment de son lancement et a donc été au centre des discussions qui réunissaient les représentants du Parti Communiste, la Démocratie Chrétienne, le Parti Socialiste, le Parti Libéral et le Parti d’Action au sein des Comités de Libération Nationale. Alors que le régime fasciste s’est écroulé, une crise politique s’installe en Italie, les tensions s’exacerbent, l’incertitude conduit à l’envie d’action et d’affronter l’ennemi. Dans l’ensemble des films de guerre, la Résistance est montrée comme organisée de main de maître, avec les montres synchronisées, les plans pensés sans qu’un grain de sable puisse se glisser dans les rouages d’une mécanique huilée comme il se doit. Le Terroriste désacralise cela et son arrivée inopinée dans le cinéma italien d’après-guerre, où il était tabou d’évoquer le fascisme, les Partisans et la Résistance, va ruer dans les brancards. Comment le pouvoir a-t-il été regagné par les Italiens ? Comment la Deuxième Guerre mondiale a été le nouveau départ de l’organisation politique ? Beaucoup de questions auxquelles Le Terroriste souhaite répondre, avec une légitimité originale et une unique authenticité. Un bel et édifiant objet de cinéma, qui évite le spectaculaire, pour entrer dans les engrenages, dans les coulisses, un peu à la façon d’un John le Carré ou d’un Len Deighton, qui allaient procéder de façon similaire dans leur peinture des arcanes de la guerre froide.

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Test DVD / L’Effacement, réalisé par Karim Moussaoui

L’EFFACEMENT réalisé par Karim Messaoui, disponible en DVD le 16 septembre 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Sammy Lechea, Zar Amir Ebrahimi, Hamid Amirouche, Nassima Benchicou, Idir Chender, Fayçal Belamri, Nadia Kaci, Chawki Amari…

Scénario : Karim Messaoui & Maud Ameline

Photographie : Kristy Baboul

Musique : Florencia Di Concilio

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Réda vit chez ses parents dans un quartier bourgeois d’Alger. Il occupe un poste dans la plus grande entreprise d’hydrocarbures du pays dirigée par son père, un homme froid et autoritaire. Sous tous ces vernis apparents, Réda dissimule un mal-être profond. Un jour, le père meurt et un événement inattendu se produit : le reflet du fils disparaît du miroir.

Nous arrivons quasiment à la fin du mois de septembre et donc nous pouvons annoncer que L’Effacement est d’ores et déjà un des meilleurs films de l’année. Ce deuxième long-métrage du réalisateur Karim Moussaoui, découvert avec En attendant les hirondelles, considéré comme le renouveau du cinéma algérien et loué par la critique, confirme bel et bien l’émergence d’un nouveau cinéaste sur lequel il faudra désormais compter. À travers cette libre adaptation du roman de Samir Toumi (publié en 2016), Karim Moussaoui, qui a coécrit avec la talentueuse Maud Ameline (Juliette au printemps, Camille redouble, Amanda) se penche sur le sujet de la génération dite sacrifiée dans son pays, celle de l’Algérie postcoloniale, celle des fils dont les pères ont été portés aux nues toute leur existence, « au nom de la construction nationale ». Si le personnage principal du film a été rajeuni par rapport au livre original, tandis que le fait d’étendre le syndrome de l’effacement aux autres fils d’anciens combattants ait été retiré de cette transposition, ce drame psychologique, pour ne pas dire existentiel, prend aux tripes du début à la fin. En flirtant avec le film de genre, Karim Moussaoui dresse le portrait d’un jeune homme qui se retrouve sans repères à la disparition de son père. Une quête d’identité s’ensuit pour Réda, qui était déjà quelque peu discret dans sa vie d’avant, mais qui devient encore plus effacé, littéralement, quand il découvre un matin que son reflet est manquant dans le miroir dressé devant lui. Il part alors à la découverte de lui-même, ce qui ne sera pas sans conséquences. L’Effacement lorgne du côté du thriller, flirte avec le film de guerre par moments, avant de conclure son récit sur un dernier acte extrêmement violent, sans doute l’un des plus percutants de 2025. In-dis-pen-sa-ble.

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Test DVD / Des jours meilleurs, réalisé par Elsa Bennett & Hippolyte Dard

DES JOURS MEILLEURS réalisé par Elsa Bennett & Hippolyte Dard, disponible en DVD le 18 septembre 2025 chez Wild Side Video.

Acteurs : Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani, Clovis Cornillac, Isabelle Anciaux, Myriam Leclerc, Patrizia Berti, Carole Duclos…

Scénario : Elsa Bennett, Hippolyte Dard & Louis-Julien Petit

Photographie : Thomas Lerebour

Musique : Clémence Ducreux

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Quand Suzanne arrive au boulot, elle n’a pas encore complètement dégrisé de la veille. Ni de l’avant-veille. Seule avec trois enfants sur les bras, Suzanne picole non-stop. Quand on lui retire la garde des gamins, elle n’a d’autre choix d’entrer en cure où, sous la houlette d’un alcoolique repenti, elle va s’entraîner pour participer, avec deux pensionnaires, à un rallye dans le désert marocain…

Généralement, quand une affiche mentionne « Festival de l’Alpe d’Huez – Sélection officielle », ce n’est pas bon signe et même la plupart du temps annonciateur d’un mauvais film. C’est le cas pour Des jours meilleurs, premier long-métrage d’Elsa Bennett et d’Hippolyte Dard, qui malheureusement ne déroge pas à la règle. Même si le sujet de l’alcoolisme chez les femmes est moins souvent abordé au cinéma, celui-ci n’est pas nouveau. On se souvient encore de l’imparfait, mais néanmoins troublant La Face cachée (2007) de Bernard Campan, inspirée par l’addiction passée de son épouse (dans le film incarnée par Karin Viard), ou même du superbe Le Dernier pour la route (2009), d’après l’autobiographie éponyme d’Hervé Chabalier, dans lequel la magnifique Mélanie Thierry campait une jeune patiente d’une clinique isolée spécialisée dans la désintoxication. Un rôle fort qui lui a valu d’être récompensée par le César du meilleur espoir féminin. Il s’agissait de deux drames. Des jours meilleurs propose d’aborder ce thème à travers une comédie. C’est du moins ainsi qu’on nous le présente. Le problème, c’est qu’il n’y a rien de drôle ici et que tout demeure extrêmement maladroit, pour ne pas dire raté ou même mauvais. Platement filmé comme s’il s’agissait d’un produit télévisuel, d’ailleurs les deux réalisateurs ont fait leurs armes pour la « petite lucarne » (sur des séries comme Sam, Nos chers voisins, Le Juge est une femme, Astrid et Raphaëlle, L’Art du crime, L’île prisonnière, Clem et consorts…), Des jours meilleurs ne fonctionne pas, dans ses intentions, dans ses partis-pris, dans ce qu’il raconte, dans ses enjeux, dans les réactions des personnages, dans leurs interactions…Pourtant, cela semble avoir plutôt pris auprès du public, puisque près d’un demi-million de spectateurs s’est déplacé dans les salles. Mystère…

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Test Blu-ray / La Strada, réalisé par Federico Fellini

LA STRADA réalisé par Federico Fellini, disponible en Édition Blu-ray + Blu-ray bonus + Livret depuis le 6 mai 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Anthony Quinn, Giulietta Masina, Richard Basehart, Aldo Silvani, Marcella Rovena, Livia Venturini, Pietro Ceccarelli, Giovanna Galli…

Scénario : Federico Fellini, Ennio Flaiano & Tullio Pinelli

Photographie : Otello Martelli & Carlo Carlini

Musique : Nino Rota

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Gelsomina, une jeune femme naïve et généreuse, a été vendue par sa mère à un bateleur de foire brutal et obtus, Zampano, qui présente un numéro de briseur de chaînes sur les places publiques. À bord d’un étrange équipage – une moto à trois roues aménagée en roulotte – le couple sillonne les routes d’Italie, menant la rude vie des forains. Surgit Il Matto (le fou), violoniste et poète, qui seul sait parler à Gelsomina.

C’est pour ainsi dire là que tout a vraiment commencé pour Federico Fellini. La Strada est le troisième film et demi (et cela a son importance) du réalisateur, après Les Feux du music-hall Luci del varietà (1950), co-réalisé avec Alberto Lattuada, Le Cheik blancLo Sceicco bianco (1952, un échec commercial) et Les Vitelloni I vitelloni (1953). Ce dernier, grand succès, assure à Federico Fellini d’avoir carte blanche pour son prochain long-métrage, quand bien même les producteurs font la fine bouche devant le choix de Giulietta Masina, épouse du cinéaste, qu’il souhaite imposer pour tenir le rôle principal, là où les investisseurs (Carlo Ponti et Dino dDe Laurentiis) auraient largement préféré Sophia Loren ou Silvana Mangano. Le réalisateur a tenu bon, La Strada sera interprété par Anthony Quinn (qui la même année en Italie campera aussi le Hun Attila dans Attila, fléau de Dieu de Pietro Francisci) et donc Giulietta Masina. Point de barrière de la langue, la star américaine dira ses dialogues en anglais, tandis que sa partenaire verra ses répliques réduites au maximum, son époux privilégiant son visage et ses expressions dignes du cinéma muet. Résultat des courses, La Strada sera récompensé par le Lion d’argent à la Biennale de Venise, le Ruban d’argent de la meilleure réalisation, le Bodil du meilleur film européen, le: NYFCC Award du meilleur film étranger et pour couronner le tout, par l’Oscar du meilleur film étranger. Plus grand succès de son auteur dans nos contrées avec plus de 4,5 millions d’entrées (encore plus qu’en Italie où le film restera juste sous la barre des quatre millions), triomphe international, La Strada demeure sans doute le film le plus accessible de Federico Fellini, le plus universel, celui dont les personnages touchent le plus et bouleversent même à jamais.

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Test Blu-ray / Lacenaire, réalisé par Francis Girod

LACENAIRE réalisé par Francis Girod, disponible en DVD et Blu-ray le 12 février 2025 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Daniel Auteuil, Jean Poiret, Jacques Weber, François Périer, Geneviève Casile, Jean Davy, Jacques Duby, Paul Le Person, Maïwenn Le Besco…

Scénario : Francis Girod & Georges Conchon

Photographie : Bruno de Keyzer

Musique : Laurent Petitgirard

Durée : 2h06

Date de diffusion initiale : 1990

LE FILM

Dans sa prison, Lacenaire , condamné à mort, vit ses derniers jours en attendant la guillotine qu’il désire comme une forme de suicide spectaculaire et une immense gifle à l’ordre social. Il reçoit diverses visites – son ami intime et complice Avril, un phrénologue venu étudier le crâne d’un grand criminel, sa tendre maîtresse Ida, l’écrivain et journaliste Arago, le Préfet de police Allard, à qui il décide de conter ses tristes aventures et sa vision personnelle de la vie. Né dans une famille bourgeoise, il a souffert enfant du manque d’amour d’une mère qui préférait son frère. Il découvre peu à peu le chemin du mal comme voie vers le suicide par la guillotine. Parti du simple vol, c’est à l’armée qu’il franchit le pas du meurtre en se vengeant d’un tricheur. Il se fait envoyer en prison pour de petites escroqueries afin d’y recruter des hommes de main dont il serait le cerveau et s’y lie d’amitié avec Avril et le jeune, naïf et maladroit Baton, avec lesquels il monte des coups de plus grande envergure, dont le meurtre d’un receleur qu’ils dépouillent. Trahi par Avril, qui espérait ainsi un allégement de peine et qu’il entraînera dans sa chute, Lacenaire avoue sans difficulté ses crimes au Préfet Allard, fait de son procès une tribune et supplie le jury de le condamner à mort. En prison, il écrit ses mémoires. Il confie à Allard, avec qui il s’est lié d’une amitié fondée sur une estime réciproque, le soin de publier son ouvrage et de s’occuper de sa pupille Hermine, une orpheline qu’il a recueillie et élevée. Après l’exécution, Allard tient ses promesses, même si Arago empiète largement sur sa mission.

Quand il tourne Lacenaire, Daniel Auteuil est tout juste auréolé du César du meilleur acteur pour le diptyque Jean de Florette/Manon des sources de Claude Berri (qui resteront les deux plus grands succès de son illustre carrière), vient d’être encore nommé dans la même catégorie pour Quelques jours avec moi de Claude Sautet, connaît un beau score au box-office avec Romuald et Juliette de Coline Serreau et double Bruce Willis, qui lui-même prête sa voix au bébé (et même à un spermatozoïde avant cela) pour Allô maman, ici bébé. Mais en décembre 1990, c’est un revers pour le comédien, Lacenaire de Francis Girod n’attire guère les foules, ce qui n’est pas étonnant en cette période de fêtes, propice aux triomphes de Pretty Woman et La Petite sirène, sorti depuis déjà un bon mois, tandis que Maman, j’ai raté l’avion et Uranus font le plein, ainsi que Rocky 5, dans une moindre mesure par rapports aux précédents épisodes. Froid comme la glace, ce biopic du plus célèbre dandy criminel du 19e siècle ne franchira pas la barre des 300.000 spectateurs.

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Test Blu-ray / La Maison du lac, réalisé par Mark Rydell

LA MAISON DU LAC (On Golden Pond) réalisé par Mark Rydell, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 29 mai 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Katharine Hepburn, Henry Fonda, Jane Fonda, Doug McKeon, Dabney Coleman, William Lanteau, Christopher Rydell…

Scénario : Ernest Thompson, d’après sa pièce

Photographie : Billy Williams

Musique : Dave Grusin

Durée : 1h49

Date de diffusion initiale: 1981

LE FILM

À l’automne de leur vie, Norman Thayer et sa femme Ethel s’installent comme chaque été depuis longtemps dans leur maison de vacances de Golden Pond, sur la rive d’un lac du New Hampshire. Cette année-là, leur fille Chelsea leur rend visite, accompagnée de son nouveau fiancé et de son fils, Billy, 13 ans. Les relations ne sont pas simples entre Chelsea et son père, un homme bourru qui défie la vieillesse en n’en faisant qu’à sa tête. Mais s’il se montre d’abord fidèle à lui-même, ronchon et irritable, face à Billy il va peu à peu s’attendrir.

La Maison du lac On Golden Pond est l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme d’Ernest Thompson, ici scénariste de cette transposition que l’on doit au réalisateur américain Mark Rydell (né en 1929), qui recevra un Oscar pour son travail. Éclectique, le metteur en scène du méconnu Reivers (1969) avec Steve McQueen, des Cowboys (1972) avec John Wayne et Bruce Dern, des Farfelus à New York Harry and Walter go to New York (1976) avec James Caan, Elliott Gould et Michael Caine, sans oublier l’explosif The Rose (1979), porté par Bette Midler signe l’un de ses plus beaux films avec La Maison du lac. Si celui-ci est resté dans les mémoires, c’est aussi parce qu’il s’agit du dernier long-métrage de l’immense (par le talent, comme par la taille) d’Henry Fonda, qui devait être récompensé par l’Oscar du Meilleur acteur en 1982 (un an après avoir reçu l’Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière), quelques mois avant sa disparition, alors que la fameuse statuette était aussi convoitée par Warren Beatty, Burt Lancaster, Dudely Moore et Paul Newman. Les temps ont changé oui. Il est exceptionnel dans On Golden Pond, dans la peau d’un vieux grincheux âgé de bientôt 80 ans, qui arrive au dernier carrefour de son existence. Le comédien est par ailleurs magnifiquement épaulé par un autre monstre hollywoodien, Katharine Hepburn, bouleversante, elle aussi lauréate de l’Oscar de la Meilleure actrice pour ce film (le quatrième de son illustre carrière), également devenu culte pour avoir réuni, devant la caméra, comme en coulisses, Henry Fonda et sa fille Jane, aussi productrice. Vous avez dit œuvre testamentaire ?

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Test 4K UHD / La Règle du jeu, réalisé par Jean Renoir

LA RÈGLE DU JEU réalisé par Jean Renoir, disponible en Édition collector – 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray bonus + Livre depuis le 4 juin 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Roland Toutain, Nora Gregor, Marcel Dalio, Jean Renoir, Paulette Dubost, Mila Parély, Julien Carette, Gaston Modot…

Scénario : Jean Renoir & Carl Koch

Photographie : Jean Bachelet

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1939

LE FILM

En 1939, à Paris et en Sologne, un aviateur amoureux d’une femme du monde, ne respecte pas la règle du jeu qui consiste à sauver les apparences dans une société où maîtres et domestiques ont la même nature, de chaque côté de la barrière des classes.

Incompris lors de sa sortie en 1939, La Règle du jeu de Jean Renoir, son 24e long-métrage, est aujourd’hui considéré comme l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma. Encensé par tous les réalisateurs du monde entier, Bertrand Tavernier, Peter Bogdanovich, Alain Resnais, Robert Altman, Olivier Assayas, mais aussi en particulier par François Truffaut qui lui vouait un véritable culte (« le crédo des cinéphiles de sa génération » disait-il), le chef d’oeuvre de Jean Renoir, le plus grand « drame fantaisiste » de tous les temps ne peut laisser indifférent et s’avère une étape indispensable pour tous les cinéphiles du monde entier. Dense, passionnant, remarquablement mis en scène et interprété par toute une ribambelle d’extraordinaires comédiens qui campent TOUS le rôle principal, La Règle du jeu est un film exceptionnel (dont Jean Renoir lui-même dans la peau d’Octave), magistralement photographié par Jean Bachelet (Nous, les gosses), qui comme la plupart des films de Jacques Tati est encore de nos jours passionnant à analyser, tant sur le fond que sur la forme.

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Test Blu-ray / Deux soeurs, réalisé par Mike Leigh

DEUX SOEURS (Hard Truths) réalisé par Mike Leigh, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Marianne Jean-Baptiste, Michele Austin, David Webber, Tuwaine Barrett, Ani Nelson, Sophia Brown, Jonathan Livingstone, Samantha Spiro…

Scénario : Mike Leigh

Photographie : Dick Pope

Musique : Gary Yershon

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Pansy est rongée par la douleur physique et mentale, et son rapport au monde ne passe que par la colère et la confrontation. Son mari Curtley ne sait plus comment la gérer, tandis que son fils Moses vit dans son propre monde. Seule sa sœur, Chantelle, la comprend et peut l’aider.

Quel plaisir de revoir le grand Mile Leigh (né en 1943) à l’oeuvre ! Sept ans après Peterloo, qui n’avait pas eu l’honneur d’être distribué dans les salles françaises, le réalisateur britannique revient à une veine plus intimiste dans la droite lignée d’Another Year (2010) et Be Happy Happy-Go-Lucky (2008), retrouvant à cette occasion Marianne Jean-Baptiste, sa comédienne de Secrets et mensongesSecret ans Lies, Palme d’or de l’année 1996. Tourné avec peu de moyens et pendant un mois et demi seulement, Deux sœursHard Truths permet au cinéaste de s’adonner à nouveau au drame psychologique contemporain, en se focalisant sur le caractère diamétralement opposé de deux frangines, qui ne vieillissent pas de la même façon dirons-nous. Alors, quand vient le jour de la Fête des Mères, le passé ressurgit, certaines tensions s’exacerbent et il est sans doute temps de parler. Si l’entière réussite de Deux sœurs ne nous a pas sauté aux yeux, le film n’a de cesse de retourner le cerveau, de le triturer, d’infuser, preuve s’il en est que Hard Truths ne laisse sûrement pas indifférent, que le temps fera son affaire et que le film deviendra à coup sûr un autre petit classique d’un des plus grands metteurs en scène anglais.

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Test Blu-ray / Au revoir…à lundi, réalisé par Maurice Dugowson

AU REVOIR…À LUNDI réalisé par Maurice Dugowson, disponible en DVD et Blu-ray le 12 mars 2025 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Carole Laure, Miou-Miou, David Birney, Claude Brasseur, Frank Moore, Gabriel Arcand, Raymond Cloutier, Renée Girard…

Scénario : Jacques & Maurice Dugowson, d’après le roman de Roger Fournier

Photographie : François Protat

Musique : Lewis Furey & Jean-Daniel Mercier

Durée : 1h43

Date de diffusion initiale : 1979

LE FILM

À Montréal, Lucie la Canadienne et Nicole la Française partagent le même appartement. Chacune a un amant, marié, qui la quitte en fin de semaine sur l’inévitable « Au revoir, à lundi… ». Lucie s’aperçoit qu’elle est enceinte et décide de garder son bébé, dans l’espoir que Julien divorcera enfin pour l’épouser. Mais Julien préfère prendre la poudre d’escampette. Nicole, quant à elle, excédée par cette relation « à mi-temps », va provoquer son amant chez lui, le soir de Noël…

On ne connaît pas grand-chose de la carrière de Maurice Dugowson (1938-1991), qui a essentiellement oeuvré pour la télévision, comme assistant sur de nombreux épisodes de la série Les Cinq dernières minutes dans les années 1960, avant de passer lui-même réalisateur pour la petite lucarne, puis logiquement pour le cinéma en 1975 avec Lily, aime-moi, suivi de près par F…comme Fairbanks (1976), deux longs-métrages avec Patrick Dewaere et Miou-Miou, deux honnêtes succès et dont le second vaut une nomination à la comédienne pour le César de la meilleure actrice. Pour son troisième opus, adapté ici d’un roman de Roger Fournier, Maurice Dugowson souhaite à nouveau réunir l’ancien couple, dont la rupture était déjà consommée sur F…comme Fairbanks, mais sans succès. Au revoir…à lundi sera essentiellement un film de femmes, Miou-Miou donc, qui a alors le vent en poupe et enchaîne les tournages chez Georges Lautner, Claude Miller, Joseph Losey et Luigi Comencini, et Carole Laure, qui sort tout juste de Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier et de La Menace d’Alain Corneau. Le tandem fait des étincelles à l’écran et l’action se déroulant à Montréal apporte un cadre dépaysant à cette histoire de jeunes de pré-trentenaires arrivées à un carrefour de leur existence, qui recherchent enfin une stabilité qui leur échappait jusqu’alors. Si l’on a tout d’abord un peu de mal avec certaines séquences visiblement reprises en postsynchronisation médiocre (comprenez pas là que le résultat manque cruellement de naturel), soit parce que les scènes ont été tournées en anglais et ont nécessité un doublage français, soit parce que ces passages ont eu un souci technique au moment des prises de vue ou ont été jugées à reprendre pour obtenir une meilleure prise a posteriori, Au revoir…à lundi mérite d’être (re)découvert. Car cette tendre comédie-dramatique renvoie à un cinéma français de qualité, en apparence « simple », porté par des acteurs somptueux et marqué par des dialogues magnifiques. Qu’est-ce que ça manque…

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