Test Blu-ray / Plus beau que moi, tu meurs, réalisé par Philippe Clair

PLUS BEAU QUE MOI, TU MEURS réalisé par Philippe Clair, disponible en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair et en Blu-ray le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Aldo Maccione, Philippe Clair, Raymond Pellegrin, Maureen Kerwin, Philippe Castelli, Georges Blaness, Anne Berger, Corynne Charbit…

Scénario : Philippe Clair & Bruno Tardon

Photographie : Didier Tarot & Mario Vulpiani

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

Aldo et Marco sont jumeaux. Marco, curé de son état à toujours été un objet de fierté pour sa mère, tandis qu’Aldo a déjà passé six séjours en prison. Toujours en quête d’argent et de jolies filles, il se laisse happer par de folles opérations, souvent malhonnêtes, qui d’ailleurs échouent la plupart du temps. Un jour, il est obligé de fuir en Tunisie, habillé en curé et se faisant passer pour Marco. Il y retrouve Prosper, un ami d’enfance, qu’il entraîne dans sa course aux millions et aux belles estivantes. Marco, délégué par la police parisienne, débarque en Tunisie pour limiter les dégâts mais ne fait que les aggraver. Une fois de plus, Aldo devra disparaître un moment dans la nature et se faire oublier…

Nous sommes à la limite de l’expérimental, mais nous l’avons souvent été avec Philippe Clair. Plus beau que moi, tu meurs est peut-être, sans doute même, le film le plus célèbre du réalisateur, son second plus grand succès, derrière La Grande java. Parvenue à attirer environ 3,3 millions de spectateurs en 1982, cette comédie se hisse à la dixième position du box-office cette année-là, entre Les Sous-doués en vacances (3,6 millions) et la reprise des Aristochats (3 millions). Le cinéma français se porte bien à l’approche des fêtes de Noël, La Balance attire plus de 4 millions de spectateurs dans les salles, L’As des as pulvérise tout sur son passage, Deux heures moins le quart avant Jésus Christ aussi, Louis de Funès connaît son dernier triomphe au cinéma avec Le Gendarme et les Gendarmettes (il s’éteindra en janvier de l’année suivante), La Boum 2 se profile à l’horizon, Les Misérables de Robert Hossein crée l’événement…Et Philippe Clair débarque avec Aldo Maccione, portés par l’engouement du public pour Tais-toi quand tu parles, qui avait franchi la barre des deux millions d’entrées. Coup double dans tous les sens pour le tandem, qui non seulement explose les compteurs en terme d’entrées, mais dédouble aussi sa tête d’affiche en lui faisant jouer des frères jumeaux, là où Aldo se contentait de jouer deux sosies dans leur méfait précédent. Plus beau que moi, tu meurs ne se raconte pas, il se vit, embarque celui ou celle qui le verra dans un univers insoupçonné, celui de la crise d’épilepsie (ou d’ineptie, c’est selon) cinématographique, car il est impossible de résumer l’histoire. Les scènes s’enchaînent sans aucun sens dramatique, tout part en vrille rapidement et encore plus une fois que notre chez Aldo déboule (encore) en Tunisie. Et pourtant, on ne va pas dire que ça « fonctionne », mais il est quasiment irréalisable d’arrêter « l’expérience » en cours de route, comme lorsque vous êtes harnachés dans Space Mountain, lancé à plus de 70 km/h, que vous vous sentez mal, mais d’où vous ne pouvez vous extraire avant l’arrêt complet de la machinerie infernale, où vous pourrez dégobiller en paix si cela n’a pas déjà été fait. On exagère, mais il y a bel et bien à boire et à manger dans Plus beau que moi, tu meurs, écrit avec les pieds (noirs), peu aidé par un montage aux pâquerettes (le responsable est quand même Alberto Gallitti, monteur d’Au nom du peuple italien, Parfum de femme, La Bête tue de sang-froid, un comble), très généreux (Philippe Clair y met de tout, comme pour un gloubi-boulga) et surtout mené par un Aldo Maccione au sommet de sa filmographie, de son succès, de son talent, qui en fait des caisses (qui pèsent plusieurs tonnes), en gardant le sourire, en braillant, en gesticulant dans tous les sens. Les spectateurs avaient répondu présent, Plus beau que moi, tu meurs est devenu culte, tandis que sa popularité ne s’est étrangement jamais démentie, ni atténuée.

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Test Blu-ray / La Grande java, réalisé par Philippe Clair

LA GRANDE JAVA réalisé par Philippe Clair, disponible en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair et en Blu-ray le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Francis Blanche, Gérard Rinaldi, Luis Rego, Jean-Guy Fechner, Gérard Filippelli, Jean Sarrus, Corinne Le Poulain, Fransined…

Scénario : Philippe Clair, Michel Ardan & Claude Zidi

Photographie : Claude Zidi

Musique : Les Charlots & Michel Bernholc

Durée :1h30

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Philippot, Jean, Phil, Luis, et Jean-Guy, cinq rugbymen, recherchent leur entraîneur Auguste Kouglof qui a pris la fuite pour ne pas leur payer 20 millions. Celui-ci a changé de nom pour M. Colombani. Les Charlots le retrouvent dans un petit village en train de tenter de briguer un mandat électoral en usant de pratiques mafieuses. Philippot, fou amoureux de France, la fille de Colombani, décide de ne pas le signaler à la police mais plutôt de s’allier à M. Devot, le concurrent de Colombani à la prochaine élection.

Gérard Rinaldi, Gérard Filippelli, Jean Sarrus et Luis Rego, groupe de musique humoristique anciennement baptisé Les Problèmes (Donald Rieubon en faisait aussi partie), deviennent les Charlots en 1966. Après avoir accompagné Claude François, Johnny Hallyday, Françoise Hardy et Antoine, ils sont rejoints par Jean-Guy Fechner, frère de leur manager Christian Fechner. Le groupe, qui a même fait la première partie d’un concert des Rolling Stones (oui oui), devient très populaire et le cinéma commence donc à leur faire les yeux doux. C’est là que débarque Philippe Clair, qui six ans après l’échec rencontré par son premier long-métrage comme réalisateur, Déclic et des claques, voit l’opportunité de revenir derrière (et devant) la caméra avec La Grande java, dont il signe le scénario original, l’adaptation et les dialogues avec un certain Claude Zidi (sous le pseudonyme de Claude Reims), également directeur de la photographie (il est l’ancien cadreur de Claude Chabrol) et Michel Ardan, alors producteur. Clair se voit imposer d’engager les Charlots, leur humour étant très éloigné du sien. Si l’entente ne sera pas au beau fixe sur le plateau, La Grande java sera un triomphe au cinéma avec 3,4 millions d’entrées, le septième plus grand succès de l’année 1971, placé entre Le Casse d’Henri Verneuil (4,4 millions de spectateurs) et Soleil rouge de Terence Young (3,3 millions). Quasiment disparu des radars depuis sa sortie dans les salles, jamais exploité en DVD et encore moins en Blu-ray depuis la création des deux supports, la première comédie des Charlots renaît de ses cendres en 2024 et apparaît enfin dans les bacs, dans une magnifique copie restaurée 4K. L’occasion de (re)découvrir totalement cet opus finalement méconnu des Charlots, qui annonce souvent leurs autres films et qui s’avère tout autant un vrai long-métrage propre à Philippe Clair, dont on retrouve la griffe du début à la fin. Assurément l’une des résurrections cinématographiques de cette année.

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Test DVD / Tais-toi quand tu parles, réalisé par Philippe Clair

TAIS-TOI QUAND TU PARLES réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Aldo Maccione, Edwige Fenech, Jacques François, Philippe Clair, Tarak Harbi, Clément Harari, Jack Lenoir, Bernard Pinet, Daniel Derval, Philippe Nicaud, Dominique Zardi, Nico Il Grande, André Nader…

Scénario : Philippe Clair & Enrico Oldoni

Photographie : Mario Vulpiani

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Giacomo est un chômeur passionné par l’univers de James Bond qu’il s’imagine être en rêve. Sans le savoir, il est suivi par des agents secrets qui le prennent pour James, un espion français qui a disparu à Tunis lors d’une mission et qu’ils suspectent de s’être dissimulé sous une fausse identité. Giacomo, persuadé d’être dans un rêve, se retrouve bientôt à Tunis pour terminer la mission entamée par James…

Au début des années 1980, il signore Aldo Maccione a déjà 45 ans. Si son visage est bien connu des spectateurs français, qui ont ri devant ses pitreries et sa mythique démarche dans L’Aventure c’est l’aventure de Claude Lelouch (3,8 millions d’entrées) et Mais où est donc passée la 7ème Compagnie ? de Robert Lamoureux (3,9 millions), peu de réalisateurs se sont encore décidés à lui faire porter un film sur ses épaules. À deux reprises, Pierre Richard a partagé l’affiche avec le comédien italien, Je suis timide mais je me soigne (2,5 millions) et (2,2 millions), signe que le public hexagonal a de l’affection pour Aldo la classe. Ce dernier voit enfin l’opportunité de trôner en haut de la distribution, sans autre grande vedette à ses côtés, avec Tais-toi quand tu parles, écrit et mis en scène par Philippe Clair, avec lequel Aldo Maccione avait collaboré dix ans auparavant dans La Grande Maffia. Un pari réussi puisque plus de deux millions de français viendront voir cette comédie franco-italienne (avec du sang marocain et tunisien certes), où Aldo donne la réplique à la sublime Edwige Fenech,les deux acteurs s’étant déjà croisés sur Sexycon de Sergio Martino, Lâche-moi les jarretelles de Luciano Martino, La Toubib se recycle de Michele Massimo Tarantini et Je suis photogénique de Dino Risi. Un couple qui fonctionne à l’écran, avec d’un côté l’italien au physique de prolo certain de ressembler à Marcello Mastroianni, et de l’autre la sculpturale créature qui se matérialise dans tous les rêves humides de ces messieurs de la puberté jusqu’au trépas. Philippe Clair sort de Rodriguez au pays des merguez (quel titre extraordinaire), parodie du Cid de Pierre Corneille, produit par Tarak Ben Ammar, qui au même moment finançait également Monty Python : La Vie de Brian de Terry Jones et Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli. Tais-toi quand tu parles, onzième long-métrage du réalisateur, dispose d’un bon budget et emmène sa distribution en Tunisie via Tunisair (la caméra se pose assez longtemps sur le logo histoire de bien l’imprimer dans nos neurones) pour une histoire rocambolesque bien représentative de Philippe Clair. Ça part dans tous les sens, les gags (mous ou réussis, il y en a pour tous les goûts) s’enchaînent à vitesse grand V, le récit est nawak à souhait, mais comme bien souvent chez Clair, la bonne humeur y est contagieuse et il se dégage de cette comédie « d’espionnage » une énergie contagieuse. Si beaucoup d’éléments s’avèrent impensables en 2024 (les cul-serrés diront irresponsables), Tais-toi quand tu parles est assurément l’un des meilleurs opus de son auteur.

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Test Blu-ray / LaRoy, réalisé par Shane Atkinson

LAROY réalisé par Shane Atkinson, disponible en DVD et Blu-ray le 21 août 2024 chez ARP Sélection.

Avec : Steve Zahn, John Magaro, Dylan Baker, Galadriel Stineman, Matthew Del Negro, Megan Stevenson, Bob Clendenin, Brad Leland…

Scénario : Shane Atkinson

Photographie : Mingjue Hu

Musique : Rim Laurens, Delphine Malaussena & Clément Peiffer

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Quand Ray découvre que sa femme le trompe, il décide de mettre fin à ses jours. Il se gare sur le parking d’un motel. Mais au moment de passer à l’acte, un inconnu fait irruption dans sa voiture, pensant avoir affaire au tueur qu’il a engagé.

Quand on s’intéresse au cinéma, on lit souvent qu’un film est fait « à la Tarantino » (alors que, rappelons-le, celui-ci n’a rien inventé à part des objets filmiques mash-up)…la référence qui revient également de manière fréquente est sans conteste celle faite aux frères Coen. Si LaRoy, premier long-métrage du réalisateur Shane Atkinson ne pourra échapper à cette comparaison, nous tenons là un coup de maître, qui certes lorgne donc bel et bien sur No Country for Old Men (2007), mais s’en démarque rapidement pour imposer l’univers propre et singulier de son auteur. Magistralement interprété par une bande de comédiens en état de grâce, LaRoy, tourné avec un budget de seulement deux millions de dollars, est à la fois un thriller, une comédie noire et grinçante, un polar décalé, un savoureux divertissement très largement récompensé dans nos contrées. Lauréat du Grand Prix du Jury, du Prix de la Critique et du Prix du Public au Festival du cinéma américain de Deauville en 2023, LaRoy est une sacrée découverte, révèle un metteur en scène sur lequel il faudra désormais compter et qui a d’ores et déjà décidé de poser sa caméra en France pour son prochain opus.

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Test Blu-ray / La Scandaleuse de Berlin, réalisé par Billy Wilder

LA SCANDALEUSE DE BERLIN (A Foreign Affair) réalisé par Billy Wilder, disponible en DVD et Blu-ray le 25 septembre 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Marlene Dietrich, Jean Arthur, John Lund, Millard Mitchell, Peter von Zerneck, Stanley Prager, William Murphy, Raymond Bond…

Scénario :   Robert Harari, Charles Brackett, Richard L. Breen, Billy Wilder d’après une histoire originale de David Shaw

Photographie : Charles Lang

Musique : Friedrich Hollaender

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

La très austère Phoebe Frost est envoyée à Berlin en 1946 pour enquêter sur la moralité des troupes américaines d’occupation. Elle ne découvre que marché noir et relations amoureuses entre soldats et jeunes Allemandes. Pis, une chanteuse de cabaret, au passé nazi, est protégée par un officier américain, celui-là même qu’elle avait chargé de l’enquête au départ…

Avant de s’exiler à Hollywood suite à l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, Samuel Wilder dit Billy Wilder (1906-2002), scénariste austro-hongrois débarque à Paris où il tourne son premier long métrage en 1934, Mauvaise graine, avec Danielle Darrieux. Arrivé sur la terre de l’Oncle Sam et ne parlant quasiment pas anglais, il parvient tout de même à se faire engager à la Paramount Pictures comme scénariste et script-doctor. Il est très vite remarqué par Ernst Lubitsch, pour lequel Billy Wilder écrit La Huitième femme de Barbe-Bleue et Ninotchka. En 1942, il passe derrière la caméra pour Uniformes et jupon courtThe Major and the Minor, comédie sur fond de guerre qu’il écrit avec son complice Charles Brackett. C’est un succès et la carrière de réalisateur de Billy Wilder est lancée. Mis en scène en 1948, La Scandaleuse de BerlinA Foreign Affair est déjà le huitième film de Billy Wilder (en comptant son documentaire Death Mills, sur la découverte des camps de concentration nazis par les Alliés en 1945) et fait suite au film noir Assurance sur la mortDouble Indemnity (1944) et le drame Le Poison (1945), récompensé par la Palme d’or au festival de Cannes, mais aussi par quatre Oscars, ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur pour Ray Milland et du meilleur scénario adapté. Billy Wilder s’octroie ensuite une récréation avec la comédie musicale La Valse de l’empereur avec Bing Crosby et Joan Fontaine, avant de se consacrer à La Scandaleuse de Berlin.

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Test Blu-ray / Les Maris, les Femmes, les Amants, réalisé par Pascal Thomas

LES MARIS, LES FEMMES, LES AMANTS réalisé par Pascal Thomas, disponible en DVD & Blu-ray le 2 juillet 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jean-François Stévenin, Susan Moncur, Emilie Thomas, Clément Thomas, Daniel Ceccaldi, Michel Robin, Vanessa Guedj, Anne Guinou, Hélène Vincent, Catherine Jacob, Guy Marchand, Catherine Bidaut, Sabine Haudepin, Ludivine Sagnier, Leslie Azzoulai, Eric Lartigau…

Scénario : Pascal Thomas & François Caviglioli

Photographie : Renan Pollès

Musique : Marine Rosier

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Durant l’été, un groupe de femmes se séparent de leurs maris et enfants, qu’elles envoient passer le mois d’août sur l’île de Ré, tandis qu’elles restent à Paris. Sur l’île comme à Paris, ce temps des vacances est vécu comme une parenthèse, où chacun tente de faire le point, et d’être heureux, les maris, les femmes, les amants, des plus grands aux plus petits.

À la fin des années 1980, le réalisateur Pascal Thomas peine à renouer avec le succès. Les Zozos (1,2 million d’entrées), Pleure pas la bouche pleine (1,5 millions de spectateurs) et Le Chaud lapin 1,4 million de tickets vendus) ont déjà plus de quinze ans et ses autres films n’ont jamais connu le même engouement. Ses quatre longs-métrages suivants (La Surprise du chef, Un oursin dans la poche, Confidences pour confidences et Celles qu’on n’a pas eues) n’attirent guère les foules (euphémisme). Après une pause de huit années et peu de temps avant de disparaître pendant encore huit ans (pour se consacrer aux voyages et à son amour des livres, tout en oeuvrant pour la publicité), Pascal Thomas s’inspire ouvertement du cinéma italien, prend le postulat inverse de Maris en libertéMariti in città (1957) de Luigi Comencini, qui se déroulait à Rome au mois d’août, délaissée par les épouses (et leurs enfants) parties en vacances au bord de la mer, pendant que les maris restaient en ville. Dans Les Maris, les Femmes, les Amants, le cinéaste et son coscénariste François Caviglioli (qui lui sera fidèle sur de nombreux autres opus) mélangent, comme le titre du film l’indique, les hommes, leurs épouses, leurs petit(s)-ami(e)s, mais aussi leurs enfants, dans un fameux bordel aussi maîtrisé que jubilatoire. Durant près de deux heures, sans véritable baisse de régime, les sexes et les âges se confrontent, flirtent, s’engueulent, profitent du présent, redoutent l’avenir, affrontent le passé et se retrouvent quasiment tous à un carrefour de leur existence, comme si le temps d’un été était celui où chacun pouvait faire un point quant à leur position sur la carte de leur histoire sentimentale. Portée par de fabuleux acteurs au top de leur forme, Les Maris, les Femmes, les Amants est une comédie de mœurs à redécouvrir absolument, qui mine de rien continue d’inspirer le cinéma français contemporain (le « diptyque » BarbecuePlancha d’Éric Lavaine ou celui des Petits mouchoirsNous finirons ensemble de Guillaume Canet) et qui demeure par ailleurs bien au-dessus du lot, des ersatz et pâles copies du genre.

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Test Blu-ray / Brisby et le Secret de NIMH, réalisé par Don Bluth

BRISBY ET LE SECRET DE NIMH (The Secret of NIMH) réalisé par Don Bluth, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 juillet 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jane Val, Jean Martinelli, Catherine Lafond, Marc François, Micheline Dax, Jacques Balutin, Georges Atlas, Jean Violette, Elizabeth Hartman, Derek Jacobi, Dom DeLuise, John Carradine, Shannen Doherty, Arthur Malet, Wil Wheaton, Peter Strauss…

Scénario : Don Bluth, Will Finn, Gary Goldman & John Pomeroy, d’après le roman de Robert C. O’Brien

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

L’histoire de Madame Brisby, une gentille maman souris qui décide de remuer ciel et terre pour sauver sa famille de la charrue du fermier Fitzgibbon. En chemin, elle reçoit l’aide d’un corbeau en mal d’amour, d’une souris voisine et d’un grand hibou peureux. Malheureusement, Mme Brisby aurait besoin d’un miracle mécanique pour déplacer sa maison. Pour cela, elle doit affronter un mystérieux rat, se débarrasser d’un chat féroce et récupérer une amulette magique…

Brisby et le Secret de NIMH. Mais qu’est-ce que NIMH ? Il s’agit de l’acronyme National Institute of Mental Health, qui n’est autre qu’une authentique institution gouvernementale américaine pour la santé. C’est donc aussi le titre et le sujet du premier long-métrage réalisé par Don Bluth (né en 1937), ancien animateur des studios Disney (ses débuts remontent à La Belle au bois dormant en 1959), qui voyant que la maison Mickey refusait ce projet en raison de son caractère sombre, décide de prendre son indépendance et de fonder son propre studio. Alors que Rox et Rouky est en pleine préparation (et que Disney allait connaître une sale période avec des résultats mitigés au box-office), Don Bluth souhaite retrouver l’âme, l’essence, la poésie et le coeur des films d’animation qui l’ont fait rêver quand il était gamin (Blanche-Neige et les 7 nains sera le catalyseur de sa vocation). Certains confrères lui emboîtent le pas et se lancent dans l’aventure de Brisby et le Secret de NIMH, inspiré par le roman de Robert C. O’Brien, Madame Brisby et le Secret de NIMHMrs. Frisby and the Rats of NIMH, premier volume de la trilogie dite des Rats de NIMH, paru en 1971. La magie opère encore quarante ans après, même si, comme bien souvent chez Don Bluth, à quelques exceptions près (Fievel et le Nouveau Monde, produit par Steven Spielberg), la forme l’emporte sur le fond. En effet, si le dessin subjugue du début à la fin, le récit patine à mi-parcours, avant d’être relancé à fond les ballons dans un dernier acte rempli d’action, de rebondissements et d’émotions. Du point de vue « plastique » (pour ne pas dire celluloïds), il s’agit peut-être du plus beau film de son auteur et surpasse de loin les productions Disney des années 1980. Produit pour 7 millions de dollars, Brisby le Secret de NIMH empoche le double rien que sur le sol américain et attire plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles françaises. Un pari réussi pour Don Bluth et son équipe et qui connaîtra une suite tardive (en 1998), La Légende de BrisbyThe Secret of NIMH 2: Timmy to the Rescue, exploitée uniquement en vidéo et à laquelle Don Bluth n’a pas contribué.

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Test Blu-ray / Les Barbarians, réalisé par Ruggero Deodato

LES BARBARIANS (The Barbarians) réalisé par Ruggero Deodato, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Peter Paul, David Paul, Richard Lynch, Eva LaRue, Virginia Bryant, Sheeba Alahani, Michael Berryman, Franco Pistoni…

Scénario : James R. Silke

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

La tribu de baladins des Ragniks est attaquée par les troupes du cruel tyran Kadar. Kadar capture Canary, la reine de la tribu, afin de lui faire révéler où elle a caché un rubis magique. Les jumeaux Kutchek et Gore sont également capturés. Des années plus tard, devenus adultes, Kutchek et Gore s’échappent de la forteresse de Kadar et vont s’employer à libérer Canary tout en protégeant le rubis.

Connards les barbants. Nous sommes dans la seconde partie des années 1980 et tout semble encore permis au cinéma. Conan le Barbare ayant été un triomphe planétaire en 1982, cela donne évidemment quelques idées à des producteurs peu scrupuleux, uniquement intéressés par les billets verts que leurs projets peuvent amasser. Dans cette optique mercantile, nous trouvons Les Barbarians (ou The Barbarians si vous êtes pointilleux), mis en scène par ce bon vieux Ruggero Deodato (disparu en décembre 2022) et surtout produit par le fabuleux tandem Yoram Globus et Menahem Golan. Mètre étalon du nanar à classer dans le genre fantasy, Les Barbarians offre la tête d’affiche aux frangins Peter et David Paul, jumeaux, catcheurs (il paraît) et culturistes (paraît-il), dont la prestation fait aujourd’hui penser au détournement de Mozinor, Toto Story, qui reprenait des images du documentaire Pumping Iron. Charisme de bulot, corps huilé et sculpté grâce à des piqûres peu catholiques (ceux qui ont assisté au tournage ont fait part de leur témoignage sur ce sujet), les deux ont l’air tellement peu concernés par ce qui se passe à l’écran que la magie opère. Nous sommes bel et bien devant un monument du mauvais film sympathique, où l’on sent le réalisateur qui a pourtant tout fait pour donner une certaine rigueur à l’ensemble, tout en voyant bien qu’il ne pouvait pas trop espérer de son tandem, à part sans doute leur côté gamin et leur humour potache. À dire vrai, les Paul font tâches puisque le reste du casting semble jouer la carte du premier degré, notamment le légendaire Richard Lynch, machiavélique Kadar, qui sortait d’Invasion U.S.A. de Joseph Zito, qui n’a pas peur de se confronter seul face à ces armoires à glace bodybuildées et décérébrées. Toujours est-il que Les Barbarians est et demeure une référence en la matière et un divertissement aussi séduisant et drôle.

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Test DVD / Le Tableau volé, réalisé par Pascal Bonitzer

LE TABLEAU VOLÉ réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD & Blu-ray le 3 septembre 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi, Louise Chevillotte, Arcadi Radeff, Laurence Côte, Alain Chamfort, Céline Karter…

Scénario : Pascal Bonitzer

Photographie : Pierre Milon

Musique : Alexei Aigui

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

André Masson, commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Très sceptique, il se rend sur place et doit se rendre à l’évidence : le tableau est authentique, un chef-d’œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cet événement le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril. Heureusement, il va être aidé par son ex-épouse et collègue Bertina, et par sa fantasque stagiaire Aurore…

Quasiment dix ans après Tout de suite maintenant, Pascal Bonitzer aborde un nouvel « univers », celui du marché de l’art, autre monde peuplé de requins, comme celui de la finance. Désireux de saisir l’esprit d’une époque dans chacun de ses films, le réalisateur et prolifique scénariste (chez Raoul Ruiz, André Téchiné, Barbet Schroeder, Jacques Rivette, Chantal Akerman, Benoît Jacquot, Jacques Deray, Anne Fontaine et Pascal Thomas), s’il s’était permis une petite parenthèse quasi-inclassable dans sa filmographie avec le superbe Les Envoûtés en 2019, dirige de formidables comédiens et s’inspire cette fois d’une histoire vraie. Celle liée aux Tournesols fanés, oeuvre réalisée par Egon Schiele en 1914 et inspirée des Tournesols de Vincent van Gogh (que le peintre avait découvert en 1906), tableau disparu en 1942, qui a miraculeusement fait sa réapparition en 2003 dans le pavillon d’un jeune ouvrier chimiste de la banlieue de Mulhouse. Celui-ci devait être ensuite vendu en 2005 pour la coquette somme de 17 millions d’euros. Cependant, si le sujet est forcément passionnant, Le Tableau volé n’a pas le même charme que le précédent, et encore moins de Cherchez Hortense (2012) et de Tout de suite maintenant (2015). En éclatant sa distribution, le cinéaste part un peu dans tous les sens et les fils ont parfois du mal à se rejoindre, quand bien même les personnages sont tous bien écrits et dépeints. Mais Pascal Bonitzer n’a cette fois pas bénéficié du concours d’Agnès de Sacy au scénario, contrairement à ses trois derniers longs-métrages, et cela se ressent à plusieurs reprises. Comme en cuisine, il manque à l’ensemble un « appareil » pour consolider le tout, assez lâche, même si les ingrédients sont quand même bon en bouche. Le cinéma de Pascal Bonitzer demeure une valeur sûre.

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Test DVD / 14 jours pour aller mieux, réalisé par Édouard Pluvieux

14 JOURS POUR ALLER MIEUX réalisé par Édouard Pluvieux, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez Wild Side Vidéo.

Acteurs : Maxime Gasteuil, Romain Lancry, Lionel Abelanski, Estéban, Michel Boujenah, Nader Boussandel, Zabou Breitman, Chantal Lauby…

Scénario : Édouard Pluvieux, Lionel Dutemple & Maxime Gasteuil, d’après une histoire originale de Maxime Gasteuil & Benjamin Demay

Photographie : Laurent Brunet

Musique : Olivier Coursier & Audrey Ismaely

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Maxime, cadre ambitieux et cartésien, ne pense qu’à sa carrière et à son futur mariage avec Nadège, la fille de son patron. Au bord du burn-out, seul à ne pas s’en rendre compte, il se retrouve embarqué par son futur beau-frère Romain au beau milieu de son pire cauchemar… Un stage de bien-être encadré par Clara et Luc, un couple de « clairvoyants », avec des stagiaires plus lunaires les uns que les autres. 14 jours pour aller mieux, au cours desquels ses principes et préjugés vont être soumis au régime zénitude et bienveillance !

L’auteur de ces mots ne connaissait pour ainsi dire pas Maxime Gasteuil, humoriste avoisinant le million de followers sur Instagram et dont il avait eu vent tout de même d’un sketch (réussi) sur les prénoms que les bobos parisiens donnent à leurs enfants. Il accède ici au haut de l’affiche, après avoir fait quelques panouilles au cinéma dans Love Addict de Frank Bellocq, Mon bébé de Lisa Azuelos, Andy de Julien Weill, La Vie pour de vrai de Dany Boon ou bien encore Les SEGPA au ski d’Ali et Hakim Bougheraba. Maxime Gasteuil est un nom qui tourne, dont on entend parler. Après la télévision (La Petite histoire de France, D’argent et de sang), le voilà qu’il débarque sur grand écran, avec un projet monté sur ses épaules, dont il a eu l’idée et pour lequel il a coécrit le scénario avec Lionel Dutemple (Les Cadors, Brillantissime), Olivier Ducray (Et plus si affinités, Jumeaux mais pas trop), sans oublier Edouard Pluvieux, ce dernier signant également la mise en scène de 14 jours pour aller mieux. Complice de Kev Adams, dont il a réalisé Amis publics et la série Super High (ainsi que divers spectacles), Edouard Pluvieux livre un travail honnête derrière la caméra, même s’il se contente de suivre efficacement l’abattage de son épatante troupe de comédiens, menés par le dit Maxime Gasteuil. Si ce dernier manque indéniablement de charisme, il reste amusant, sympathique et attachant dans le rôle principal de 14 jours pour aller mieux, mais se laisse systématiquement voler la vedette par ses camarades de jeu, en premier lieu Zabou Breitman, explosive en clairvoyante à qui on ne le fait pas (et pour cause, puisqu’elle devine tout), et Romain Lancry, visage récurrent aux côtés du Palmashow, vu dans Taxi 5, Demi-sœurs, Les Crevettes pailletées (et sa suite) et 10 jours encore sans maman, hilarant dans le rôle du futur beau-frère de Maxime. Les scénaristes prennent pour cible les stages de bien-être et de développement personnel, cible ô combien facile et qui sont des blagues à part entière. Pourtant, 14 jours pour aller mieux s’inspire de ce que les auteurs ont pu vivre ou connaître en se rendant à ce genre de rencontres. Le film part alors dans tous les sens, enchaîne les petits numéros sans véritable rythme, mais avec un sens du joyeux bordel généralisé où Maxime Gasteuil a cette élégance de ne jamais tirer la couverture. Quelques bons mots, des moments drôles aussi bien sûr, mais typiquement le genre de comédie qui s’autodétruit instantanément après visionnage.

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