Test Blu-ray / Café Society, réalisé par Woody Allen

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CAFE SOCIETY réalisé par Woody Allen, disponible en Blu-ray et DVD le 13 septembre 2016 chez Studiocanal

Acteurs : Jesse Eisenberg, Kristen Stewart,Steve Carell, Blake Lively, Parker Posey, Corey Stoll, Ken Stott, Anna Camp

Scénario : Woody Allen

Photographie : Vittorio Storaro

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d’étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l’engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n’est pas libre et il doit se contenter de son amitié.
Jusqu’au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l’horizon s’éclaire pour Bobby et l’amour semble à portée de main…

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La vie est une comédie écrite par un auteur sadique 

Oublions l’escapade italienne de To Rome With Love, car Woody Allen a prouvé qu’il en avait encore sérieusement sous le capot avec Blue Jasmine, tourné durant l’été 2012, qui s’est avéré être un nouveau chef d’oeuvre à accrocher à son palmarès, en plus de valoir à Cate Blanchett l’Oscar de la meilleure actrice. Les deux comédies suivantes avec la lumineuse Emma Stone, la première légère Magic in the Moonlight et la seconde plutôt noire et grinçante L’Homme irrationnel, ont également été d’excellents crus, confirmant la bonne santé et l’inspiration toujours galopante de Woody Allen. A l’instar de Blue Jasmine, son dernier-né Café Society, expression qui renvoie au milieu des mondains, artistes et personnalités qui fréquentaient les cafés et les restaurants à la mode à New York, Paris et Londres, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, fait la navette entre la Californie et New York, mais en emmenant les spectateurs dans les années 1930, plus précisément dans le monde du cinéma.

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Après L’Homme irrationnel, Parker Posey est de retour devant la caméra du cinéaste mais dans un rôle secondaire, au contraire de Jesse Eisenberg qui apparaissait dans un segment de To Rome With Love et qui devient ici la tête d’affiche. Blake Lively et Kristen Stewart font leur première apparition devant la caméra de Woody Allen. De son côté, l’excellent Steve Carell remplace finalement Bruce Willis qui a « officiellement » lâché l’équipe quatre jours après le début du tournage pour aller créer à Boradway la pièce Misery adaptée du roman de Stephen King. En réalité, le comédien a purement et simplement été viré par Woody Allen en raison d’un comportement inapproprié et de son incapacité à se souvenir de ses répliques. Présenté au Festival de Cannes 2016 hors-compétition, Café Society n’est pas un mauvais film du plus célèbre réalisateur new-yorkais, mais le casting féminin est un des plus faibles de toute sa filmographie. Gros mauvais point pour Kristen Stewart, qui n’a pas l’aura d’une jeune femme des années 1930, qui semble constamment embarrassée de ses bras et dont le jeu bourré de tics agace profondément. Si leurs collaborations fonctionnaient dans Adventureland : Un job d’été à éviter (2012) et American Ultra (2015), les retrouvailles Stewart/Eisenberg ne fonctionnent pas ici. Là où la première est constamment empruntée et pour ainsi dire anachronique, Jesse Eisenberg lui se fond parfaitement dans son rôle avec un jeu très inspiré du cinéaste lui-même. Par conséquent, les scènes où Stewart/Eisenberg se donnent la réplique paraissent déséquilibrées et sonnent faux tout du long.

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Histoire divisée en deux parties, entre Hollywood et New York, Café Society marque la première association entre Woody Allen et le chef opérateur Vittorio Storaro, oscarisé pour Apocalypse Now, Reds et Le Dernier Empereur, mais c’est aussi le premier film du cinéaste tourné au format 2.00:1 et surtout le premier réalisé en numérique ! A 80 ans, Woody Allen parvient encore à se renouveler. Heureusement, Café Society ne se résume pas à cette dimension technique et à sa beauté plastique, puisque même si Kristen Stewart s’avère un choix hasardeux et que Blake Lively manque également de crédibilité, beaucoup d’éléments sont très réussis comme les dialogues irrésistibles et le portrait de Bobby. Jeune homme timide de confession juive, il quitte le Bronx pour la Californie, plein de bonnes volontés afin de trouver un job auprès de Phil (Steve Carell), son oncle, puissant imprésario. Bobby tombe rapidement amoureux de Vonnie, la secrétaire de Phil. Mais il ne sait pas que Vonnie est en réalité la maîtresse de son oncle. Bobby ira d’espoirs en désillusions, sur le monde du spectacle mais également sur les relations amoureuses et décide de rentrer sur la côte Est pour ouvrir un club à la mode avec son frère en plein centre de Manhattan. Jesse Eisenberg porte le film d’un bout à l’autre grâce à son immense talent, son charisme, son énergie, sa sensibilité qui emportent tout. Retenons également la formidable séquence, sans doute la meilleure du film, où Bobby se retrouve face à Candy, interprétée par l’excellente Anna Camp, une des révélations des deux Pitch Perfect. Candy est une jeune prostituée, en réalité une aspirante actrice obligée de se lancer dans cette activité pour payer son loyer, étant également mise face aux réalités quant au mythe Hollywoodien. Désarçonné, Bobby décide de l’aider, puis les deux entament une conversation désopilante, véritable court-métrage à part entière au milieu de l’intrigue.

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Le dernier tiers new-yorkais est également le plus marquant avec un final bouleversant, mélancolique, inattendu, qui rattrape les quelques points faibles mentionnés précédemment. Café Society est une œuvre élégante mais cynique sur le monde du cinéma – d’ailleurs Woody Allen en assure lui-même la narration en voix-off – et sur ses mirages qui entament les sentiments les plus purs.

LE DISQUE

Le test de l’édition HD de Café Society a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

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Pas même une bande-annonce n’est disponible en guise de supplément.

L’Image et le Son

Studiocanal se devait d’offrir un service après-vente remarquable pour la sortie dans les bacs du premier film de Woody Allen réalisé en numérique avec la caméra Sony CineAlta. L’éditeur prend soin de Café Society et livre un master HD (1080p) quasi-irréprochable au transfert immaculé. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par l’immense directeur de la photographie Vittorio Storaro (L’oiseau au plumage de cristal, 1900, Ladyhawke, la femme de la nuit), la copie de Café Society se révèle un petit bijou technique avec des teintes chaudes, ambrées et dorées, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un encodage de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont riches et tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants. Hormis quelques légers fléchissements sur les scènes sombres, cette édition Blu-ray en met souvent plein la vue.

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Deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais. L’apport des latérales demeure complètement anecdotique. Si les dialogues de la version française sont dynamiques, ils tendent à prendre le pas sur les ambiances annexes et l’ensemble manque de naturel. La piste anglaise est évidemment celle à privilégier, d’autant plus que la musique, les voix, les ambiances et effets s’accordent avec une réelle homogénéité, mais essentiellement sur la scène frontale. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

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Crédits images : © Studiocanal

Chronique du Blu-ray / Plus fort que le diable, réalisé par John Huston

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PLUS FORT QUE LE DIABLE (Beat the Devil) réalisé par John Huston, disponible en combo Blu-ray/DVD le 14 juin 2016 chez Rimini Editions..

Acteurs : Humphrey Bogart, Jennifer Jones, Gina Lollobrigida, Robert Morley, Peter Lorre, Edward Underdown, Ivor Barnard…

Scénario : Truman Capote, John Huston

Photographie : Oswald Morris

Musique : Franco Mannino

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Quatre aventuriers cherchent à s’approprier un gisement d’uranium. Billy Dannreuther, cinquième larron de la bande, attend ses associés en compagnie de son épouse Maria dans un petit port italien : c’est là que tous devront embarquer sur un bateau à destination de l’ Afrique. En attendant le départ, chacun essaie de tuer le temps. Billy et Maria font la connaissance de Harry Chelm et de son épouse. Chelm est un escroc notoire, et les associés de Billy s’imaginent qu’ils sont en train de se faire rouler.

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En 1953, John Huston et Humphrey Bogart ont envie de s’amuser. C’est ce qu’on se dit en voyant Plus fort que le diable, Beat the Devil, tourné entre Moulin Rouge et Moby Dick. Dernière collaboration entre le cinéaste et le comédien après Le Faucon maltais (1941), Griffes jaunes (1942), Le Trésor de la Sierra Madre (1948), Key Largo (1948) et L’Odyssée de l’African Queen (1951, Oscar du meilleur acteur pour Bogey), Plus fort que le diable est une comédie aussi délirante qu’élégante écrite par John Huston et Truman Capote, d’après le roman de James Helvick.

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Bogart donne la réplique à Jennifer Jones (Madame Bovary dans le film éponyme de Vincente Minnelli), Gina Lollobrigida (juste avant Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini), Robert Morley et Peter Lorre qui interprètent des escrocs bouffons à la petite semaine, qui se réunissent en Italie pour un coup fumant autour de mines africaines d’uranium. Soyons honnêtes, tout est ici prétexte pour réunir quelques excellents comédiens et amis dans le but de prendre du bon temps dans de merveilleux paysages naturels. Rétrospectivement, Plus fort que le diable est sans doute un des films mineurs de l’immense carrière de John Huston. S’il était excellent romancier, Truman Capote n’était pas fait pour le cinéma en raison d’une surabondance de dialogues qui peuvent vraiment plomber l’histoire, quelque peu confuse, comme ce sera le cas également pour Diamants sur canapé en 1961. Le film paraît souvent étouffant et il n’est pas rare de perdre le fil. Mais comme c’était déjà le cas avec Le Faucon maltais, ce qui intéresse le plus John Huston (et donc les spectateurs) est l’énergie que déploient les comédiens, l’atmosphère, les sentiments des personnages, le jeu du chat et de la souris, les retournements de situation, les coups bas, la valse des sentiments (et des genres entre film noir, comédie, aventures), le burlesque du quotidien, la cupidité et la stupidité des hommes dont l’ambition va les mener à l’échec.

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Même s’il n’en a pas tourné beaucoup, Humphrey Bogart était un sublime comédien comique (Echec à la Gestapo, Sabrina) et force est de constater qu’il se délecte ici d’un rôle taillé sur mesure, d’autant plus qu’il est également producteur non crédité et que c’est l’acteur lui-même, sur les conseils de John Huston, qui possédait les droits du roman de James Helvick. Pince sans rire, l’oeil pétillant et rictus toujours affiché, il est irrésistible ici dans Plus fort que le diable. Ses partenaires ne sont pas en reste et affichent tous une énergie revigorante, visiblement heureux de faire partie de cette entreprise récréative.

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Alors certes, le rythme est inégal, parfois poussif, certaines séquences paraissent souvent bien trop longues en raison de dialogues encombrants bien que merveilleusement cyniques (la marque de fabrique de Truman Capote), mais il serait dommage de se priver de cette bouffée d’air frais quasi-inclassable dans la carrière de John Huston habituellement marquée par la mort et la noirceur de l’âme humaine.

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LE BLU-RAY

Le combo Blu-ray-DVD de Plus fort que le diable, édité chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné du plus bel effet. La jaquette saura attirer les fans de Bogey et des classiques des années 1950. Le menu principal est élégant, animé et musical.

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A l’instar de ses formidables éditions en Blu-ray de La Main gauche du Seigneur, Bas les masques et Quelque part dans la nuit, Rimini Editions a mis les petits plats dans les grands pour la sortie de Plus fort que le diable en Haute-Définition.

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On commence par une formidable présentation du film de John Huston par le grand Patrick Brion (35’). L’historien du cinéma, auteur d’un ouvrage sur le réalisateur de Quand la ville dort, replace tout d’abord Plus fort que le diable dans la carrière du cinéaste américain avant d’en venir à la genèse, puis à la production du film qui nous intéresse ici. Patrick Brion évoque le roman de James Helvick, le tournage en Italie, le casting, l’ambiance sur le plateau, la collaboration Huston-Capote, tout en donnant son propre avis sur ce film pour lequel il a beaucoup d’affection.

On continue sur cette lancée avec un module rétrospectif sur la vie et la carrière du mythique John Huston (46’), réalisé en 2012. Ce documentaire se compose d’extraits et de bandes-annonces, mais aussi de photos, d’images de tournage et surtout de commentaires informatifs sur les grandes étapes de la carrière du cinéaste. Curtice Taylor (photographe), Ian Nathan (critique), Barry Navici (producteur), Oswald Morris (chef opérateur sur huit films de John Huston), Eli Wallach (comédien dans Les Désaxés) évoquent à la fois le metteur en scène et l’homme qu’était John Huston, son rapport avec les femmes, ses enfants, Humphrey Bogart, Marilyn Monroe, son amour pour le Mexique, sa face sombre et ses colères sur les plateaux.

L’Image et le son

C’est vers cette édition qu’il faudra vous tourner si vous désirez revoir le film de John Huston dans les meilleures conditions techniques possibles. Fort d’un master au format 1.33 respecté (16/9 compatible 4/3) et d’une compression solide comme un roc, ce Blu-ray au format 1080p s’avère lumineux. La définition est très belle et la restauration numérique HD se révèle étincelante. Les contrastes sont denses, les noirs profonds et le grain original heureusement préservé, sans lissage excessif. En dehors d’une ou deux séquences peut-être moins définies, ainsi que des rayures verticales, points et autres poussières qui subsistent parfois, les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes plus claires, le piqué est aussi tranchant qu’inédit, la stabilité de mise, les détails étonnent par leur précision.

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L’unique version anglaise est proposée en DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Point de remixage superflu à l’horizon, l’écoute demeure fort appréciable en version originale (avec sous-titres français non imposés), avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées, sans aucun souffle.

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Crédits images : © Rimini Editions


Chronique du Blu-ray / Grimsby – Agent trop spécial, réalisé par Louis Leterrier

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GRIMSBY – AGENT TROP SPECIAL (Grimsby) réalisé par Louis Leterrier, disponible en Blu-ray et DVD le 24 août 2016 chez Sony Pictures

Acteurs : Sacha Baron Cohen, Mark Strong, Isla Fisher, Rebel Wilson, Gabourey Sidibe, Penélope Cruz, Annabelle Wallis, Ian McShane

Scénario : Sacha Baron Cohen, Phil Johnston, Peter Baynham

Photographie : Oliver Wood

Musique : David Buckley, Erran Baron Cohen

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Nobby Butcher n’a pas de boulot, mais cela ne l’empêche pas d’être heureux. Il a tout ce dont il peut rêver dans la vie : le foot, une petite amie géniale… et neuf gamins. Pour que son bonheur soit complet, il ne lui manque que son petit frère, Sebastian, dont il a été séparé quand ils étaient enfants.
Après trente ans de recherches, Nobby retrouve finalement la trace de Sebastian à Londres. Il ignore que celui-ci est devenu le meilleur agent du MI6…
Leurs retrouvailles tournent à la catastrophe, et voilà les deux frères en cavale. C’est alors qu’ils découvrent un complot visant à détruire le monde…
Pour sauver l’humanité – et son frère – Nobby va devoir se lancer dans sa plus grande aventure. Pourra-t-il passer de l’état de bouffon niais à celui d’agent secret ultrasophistiqué sans faire trop de dégâts ?

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Le réalisateur français Louis Leterrier (Le Transporteur et sa suite, Danny the Dog, L’Incroyable Hulk) est aussi « insaisissable » que le titre de son dernier carton au box-office mondial et son plus grand succès en France. Sur le tournage d’Insaisissables, il rencontre Sacha Baron Cohen, venu rendre une petite visite à sa femme, la délicieuse Isla Fisher. Il lui propose de mettre en scène le scénario qu’il a coécrit avec Phil Johnston (Zootopie, Les Mondes de Ralph) et Peter Baynham (Hôtel Transylvanie), celui de Grimsby, comédie d’espionnage nécessitant le savoir-faire d’un réalisateur spécialisé dans les scènes d’action. Louis Leterrier accepte. Il ne pouvait pas mieux tomber que sur Sacha Baron Cohen pour l’emmener sur de nouveaux territoires !

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L’acteur, scénariste et humoriste découvert dans les années 1990 dans la peau du personnage Ali G, qui aura d’ailleurs son propre film en 2002, mais qui a véritablement explosé en 2006 avec Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, a ensuite confirmé son goût (et son talent) pour camper des personnages controversés et haut en couleur comme Brüno en 2009 et The Dictator en 2012. Dix ans après Borat, Sacha Baron Cohen débarque avec une sorte de parodie de James Bond qui semble vouloir repousser toutes les limites. Grimbsy – Agent trop spécial va à fond dans le vulgaire et n’a pas peur d’y aller ou même de s’y vautrer. Au contraire, le sperme (d’éléphant), les testicules (où s’est plantée une fléchette empoisonnée et dont il faut sucer le venin), un étron (long comme un anaconda, mais que nous ne verrons pas à l’écran ceci dit), l’anus (dans lequel on plante des fusées de feu d’artifice) tiennent autant de place dans l’intrigue que les retrouvailles de deux frères fusionnels, séparés pendant leur enfance. Si Nobby (SBC) est resté dans la ville ouvrière paumée de Grimsby dans l’est de l’Angleterre, son frère Sebastian (Mark Strong, qui s’amuse encore plus que dans Kingsman : Services secrets), dont il n’a pas de nouvelles depuis près de 30 ans, est devenu un des meilleurs agents du MI6. Nobby vit avec ses neuf enfants et sa compagne (Rebel Wilson en mode Sharon Stone dans Basic Instinct) et passe sa journée à boire avec ses potes hooligans au pub au lieu de chercher du boulot. Sebastian est seul et ne vit que pour son boulot, qui de toute façon lui laisse peu de temps pour construire une famille. Par un concours de circonstances, les deux frères se retrouvent au cours d’une mission périlleuse de Sebastian. Alors que ce dernier tente de prendre la fuite, Nobby est cette fois bien décidé à ne plus perdre de vue son petit frère qui lui a tant manqué.

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Et c’est parti pour 1h20 de quiproquos hallucinants. On y croise un sosie de Daniel Radcliffe qui se fait accidentellement contaminer par le sang d’un jeune malade du SIDA, qui contaminera à son tour un homme politique américain à perruque en passe d’accéder à la Maison-Blanche. Le studio Sony aurait d’ailleurs tenté de saborder la promotion du film aux Etats-Unis en raison de cette scène. Mais ce n’est pas la séquence la plus dingue (euphémisme) de Grimbsy – Agent trop spécial. Celle que l’on retiendra longtemps c’est celle où les deux frangins, poursuivis en Afrique du Sud par une bande de tueurs implacables, trouvent refuge…dans l’utérus d’une femelle éléphant. Oui. Bien cachés, ils attendent patiemment que les tueurs s’en aillent. C’est alors qu’un troupeau d’éléphants en rut s’amène, tous bien décidés à féconder cette femelle en question. Les deux frères se retrouvent pris au piège et ne peuvent que subir…non, mieux vaut arrêter là, puisque de toute façon cette scène est à voir pour le croire. C’est d’ailleurs tout le film qu’il faut visionner impérativement tant ces 80 minutes donnent la patate et musclent les abdominaux.

Initialement prévu dans les salles françaises et américaines en juillet 2015, Grimbsy – Agent trop spécial s’est vu décalé en mars 2016 aux USA et en avril 2016 chez nous. Sorti en catimini, le film s’est soldé par un échec aussi cuisant qu’injuste au box-office avec seulement 6 millions de dollars de recette sur le sol américaine et 16 millions dans le reste du monde. Le premier bide pour Louis Leterrier, qui de son côté livre pourtant de formidables scènes d’action, notamment celle qui introduit le personnage de Sebastian dans ses œuvres filmées en caméra subjective.

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Dommage pour ce rejet du public et de la critique, car nous aurions aimé une suite déjantée à l’instar d’Austin Powers et retrouver les frangins de Grimsby dans de nouvelles aventures hilarantes et trash.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Grimsby – Agent trop spécial repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette diffère de l’affiche française, en se concentrant uniquement sur les deux frères. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.

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L’essentiel de l’interactivité de ce Blu-ray repose sur les scènes supprimées (2’), coupées (9’) et étendues (9’).

Dans le premier cas, il s’agit essentiellement d’improvisations de Sacha Baron Cohen, qui essaye diverses répliques.

En ce qui concerne les 3 scènes coupées, précipitez-vous sur l’entretien d’embauche de Nobby, qui tente de faire bonne figure devant l’employé de l’agence pour l’emploi, ou bien celle hilarante mettant en scène un membre de l’équipe scientifique qui aime goûter les substances non-identifiées récoltées sur le terrain. Autant dire qu’il contracte un bel herpès en savourant les « traces » laissées par Nobby.

Les séquences étendues valent surtout pour celle déjà culte de l’éléphant. Si vous croyiez avoir tout vu au cinéma, détrompez-vous. Les deux compères allaient encore plus loin, au point d’être littéralement noyés dans…vous savez. La scène où Nobby apprend à Sebastian à devenir un vrai hooligan est aussi géniale.

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Le making of (12’) remplit efficacement son contrat avec de nombreux propos du réalisateur Louis Leterrier, des comédiens et des producteurs. Les images de tournage abondent et montrent l’ambiance qui régnait sur le plateau, surtout lors des prises de vues de la « cachette » dans l’éléphant, avec un réalisateur vêtu d’une combi de plongée et aussi noyé que ses acteurs. Ce qui ne manque pas de déplaire à Sacha Baron Cohen.

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Evidemment, la séquence de l’éléphant possède son module à part (4’) avec les mêmes intervenants et d’autres images de tournage, aussi poilantes que la séquence finale. Mention spéciale à l’équipe technique qui a procédé à différents tests afin d’obtenir la bonne texture pour le sperme de l’éléphant.

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L’interactivité se clôt sur un bêtisier (2’) et un lot de bandes-annonces.

L’image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur Sony soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de formidables conditions pour découvrir cette comédie survoltée et profiter de la belle photographie signée Oliver Wood, chef-opérateur talentueux de Volte/face, U-571 et les trois premiers Jason Bourne.

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Dans les séquences d’action et même dans celles où Nobby fait la fête avec ses amis, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières, à l’instar de la scène finale dans le stade, de l’explosion de la chambre et des diverses bastons. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle souvent à ce spectacle acoustique.

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Chronique du DVD / La Femme Invisible, réalisé par A. Edward Sutherland

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LA FEMME INVISIBLE (The Invisible Woman) réalisé par A. Edward Sutherland, disponible en DVD le 21 septembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Virginia Bruce, John Barrymore, John Howard, Charles Ruggles, Oskar Homolka, Edward Brophy, Margaret Hamilton…

Scénario : Joe May, Kurt Siodmak, Robert Lees, Frederic I. Rinaldo, Gertrude Purcell

Costumes : Vera West

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h09

Date de sortie initiale : 1940

LE FILM

L’excentrique Professeur Gibbs, brillant mais imprévisible, financé par un riche et séducteur avocat, invente une machine qui a la particularité de rendre invisible. Il cherche à faire l’essai sur un cobaye et trouve Kitty Carroll, une très jolie mannequin, qui pense que devenir invisible l’aidera un peu plus dans la vie. Les complications surviennent lorsque trois gangsters volent la machine pour l’utiliser sur leur patron. Mais leur butin ne sera que plus difficile à préserver face à la détermination de la femme Invisible !

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Au début des années 1940, les Studios Universal se frottent les mains. La créature de Frankenstein, le Loup-garou, Dracula, la Momie et l’Homme Invisible ont désormais leurs propres sagas et les suites sont produites à la pelle. C’est ainsi que Le Retour de l’Homme invisible de Joe May a permis une remise en avant et avec un grand succès cet homme ayant la faculté de disparaître grâce à un sérum révolutionnaire, qui a cependant pour effets secondaires de le rendre fou et dangereux.

A peine un an sépare La Femme invisible de l’épisode précédent. Non seulement les studios ont décidé cette fois de rendre une actrice invisible, mais en plus la production a voulu changer de registre en intégrant cette fois cet élément fantastique dans une screwball comedy à la Howard Hawks ou à la George Cukor. Ce n’est pas le réalisateur de L’Impossible Monsieur Bébé ni celui de Sylvia Scarlett que l’on retrouve derrière la caméra, mais un certain A. Edward Sutherland.

the-invisible-woman4Cinéaste britannique (1895-1973) jusqu’alors spécialisé dans les comédies mettant en scène le nez de W.C. Fields, le duo Laurel et Hardy et la croupe de Mae West, A. Edward Sutherland signe ici un vrai petit chef d’oeuvre burlesque et débridé, mené à cent à l’heure.

La femme invisible éponyme c’est Virginia Bruce, sublime révélation aperçue au cinéma dans Parade d’amourThe Love Parade d’Ernst Lubitsch. Quasi-inconnue à l’époque et aujourd’hui totalement oubliée, cette jeune comédienne de 30 ans est pourtant ici extraordinaire. Un talent comique à couper le souffle, une énergie contagieuse, une beauté qui crève l’écran. Ses scènes avec l’immense John Barrymore sont souvent hilarantes et on ne peut que se demander comment une telle actrice n’a pas réussi à percer véritablement au début des années 1940. Mention spéciale également au comédien John Howard, le troisième homme d’Indiscrétions (The Philadelphia Story) de George Cukor, déjà rompu à ce genre d’exercice, celui de la comédie aux dialogues enlevés, qui se chevauchent, qui emportent tout. Même chose pour Charles Ruggles (L’Impossible Monsieur Bébé), hilarant valet, qui n’arrête pas de se prendre les pieds dans le tapis et de se relever en gardant son flegme.

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Cette œuvre brillante, écrite entre autres par le spécialiste Curt Siodmak, joue habilement avec la censure de l’époque avec quelques sous-entendus coquins, surtout lorsque l’on sait que la femme invisible – excellents effets spéciaux par ailleurs – se promène évidemment nue sous le nez des passants. La Femme invisible ne devrait pas le rester et chaque cinéphile devrait se ruer immédiatement sur ce joyau de la comédie-fantastique.

LE DVD

Le test du DVD de Blu-ray de La Femme Invisible, disponible dans l’impressionnante et indispensable collection Cinéma Monster Club éditée chez Elephant Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et muet. Mention spéciale au visuel, très réussi, de la jaquette et du fourreau cartonné.

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En guise d’interactivité, le journaliste Jean-Pierre Dionnet nous livre une présentation du film (9′) en avouant d’emblée avoir découvert La Femme Invisible pour la première fois à l’occasion de sa sortie en DVD. « Et quelle surprise » dit Dionnet qui n’hésite pas à qualifier le film de vrai chef d’oeuvre, en comparant le jeu de Virginia Bruce à celui de Katharine Hepburn. Le reste du casting est ensuite passé au peigne fin, tout comme une partie de l’équipe technique.

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On retrouve également un module où Dionnet expose le thème de l’Homme Invisible (13′), décliné à travers les arts, de la littérature (H.G. Wells bien sûr) et au cinéma, du film de James Whale en 1933, ses suites qui suivront dans les années 1940, tout en passant rapidement sur les films de John Carpenter et de Paul Verhoeven. Jean-Pierre Dionnet évoque également les effets spéciaux miraculeux de John P. Fulton.L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, les credits du disque ainsi que les nombreuses bandes-annonces des films disponibles dans la même collection.

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L’image et le son

Le N&B est clair, léger, mais l’ensemble manque de concision. La gestion des contrastes est aléatoire, divers fourmillements demeurent, certains effets de pompage également. Le grain cinéma est heureusement restitué, tout comme les partis pris de rendre plus ouatés les plans sur Virginia Bruce. Les scènes comprenant des effets visuels sont les plus déséquilibrés en raison des trucages avec plusieurs images superposées et incrustations. Ces séquences appuient les points, griffures et tâches inhérentes aux conditions de la postproduction. Dans l’ensemble l’image est propre et offre de belles conditions pour (re)découvrir ce bijou.

La bande-son a été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, sont dynamiques et le confort acoustique très appréciable.

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Crédits images : © Elephant Films