Test Blu-ray / Lee Miller, réalisé par Ellen Kuras

LEE MILLER réalisé par Ellen Kuras, disponible en DVD & Blu-ray le 12 février 2025 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Kate Winslet, Andy Samberg, Alexander Skarsgård, Marion Cotillard, Andrea Riseborough, Noémie Merlant, Josh O’Connor, James Murray, Arinzé Kene, Vincent Colombe, Patrick Mille…

Scénario : Liz Hannah, Marion Hume & John Collee, d’après le livre d’Antony Penrose

Photographie : Pawel Edelman

Musique : Alexandre Desplat

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

L’incroyable vie de Lee Miller, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray, devenue l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.

Et encore un biopic…Voici celui consacré à Elizabeth Miller, alias Lee Miller (1907-1977), reporter et photographe américaine, passée à la postérité pour le célèbre cliché la montrant nue, dans la baignoire d’Adolf Hitler, peu de temps après le suicide de son dernier. Nous sommes ici en plein genre ultra-balisé et donc sans aucune surprise. Le film, premier long-métrage comme réalisatrice d’Ellen Kuras, habituellement directrice de la photographie chez Spike Lee (He Got Game), Jim Jarmusch (Coffee and Cigarettes), Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Soyez sympas, rembobinez), Sam Mendes (Away We Go), ne sort pas des sentiers – archis – battus de l’hagiographie et se contente d’aligner les moments clés de la vie de sa protagoniste, formidablement interprétée par Kate Winslet, toujours extraordinairement investie (elle est également productrice) et dont le charisme, ainsi que le talent, sont aussi impressionnants. Projet nourri pendant de longues années, Lee Miller (ou simplement Lee en version originale), n’est évidemment pas inintéressant, mais pâtit d’un manque de rythme. Heureusement, l’intérêt redouble dans une deuxième partie, celle où Lee Miller se rend compte des horreurs de la guerre, avant de les immortaliser avec son Rolleiflex. Nous ne saurons que trop vous conseiller le documentaire de Sylvain Roumette, Lee Miller ou la traversée du miroir (1995), sans doute plus complet que le film d’Ellen Kuras. Néanmoins, Lee Miller est déjà un bon portrait de la photographe, modèle et égérie de Man Ray, et Kate Winslet était la plus parfaite candidate pour incarner cette femme exceptionnelle, aventurière dans son domaine, qui disait n’avoir jamais perdu une minute de sa vie.

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Test Blu-ray / The Apprentice, réalisé par Ali Abbasi

THE APPRENTICE réalisé par Ali Abbasi, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 13 février 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Sebastian Stan, Jeremy Strong, Iona Rose MacKay, Maria Bakalova, Martin Donovan, Catherine McNally, Charlie Carrick, Ben Sullivan, Mark Rendall…

Scénario : Gabriel Sherman

Photographie : Kasper Tuxen

Musique : Martin Dirkov, David Holmes & Brian Irvine

Durée : 2h02

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Véritable plongée dans les arcanes de l’empire américain, The Apprentice retrace l’ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l’avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.

Il fallait bien que cela arrive ! Si Donald Trump a fait quelques panouilles à la télévision (Le Prince de Bel-Air, Une nounou d’enfer) et au cinéma, dont la plus célèbre demeure peut-être son apparition Maman, j’ai encore raté l’avion !Home Alone 2: Lost in New York de Chris Colombus, sans oublier une apparition chez Woody Allen (Celebrity) et Ben Stiller (Zoolander), il avait jusqu’à présent surtout inspiré plusieurs personnages. Daniel Clamp de Gremlins 2: La nouvelles génération et bien sûr Biff Tannen, devenu milliardaire dans le futur alternatif dans Retour vers le futur 2, ou bien encore dernièrement le Maxwell Lord de Wonder Woman 1984 sont comme qui dirait des ersatz du golden boy, puis du 45è et 47è président des États-Unis. Mais jamais encore Donald Trump n’avait été « incarné » sur le grand écran. C’est désormais chose faite avec The Apprentice, premier long-métrage américain d’Ali Abbasi, ancien étudiant de l’Université Polytechnique de Téhéran et depuis installé en Suède, réalisateur de Border et de l’exceptionnel Les Nuits de MashhadHoly Spider, qui avait valu à Zar Amir Ebrahimi d’être récompensée par le Prix d’interprétation féminine à Cannes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cinéaste ne s’est pas facilité la tâche et livre un merveilleux objet de cinéma, aussi passionnant sur le fond que sur la forme. Dans le rôle de Donald Trump, on retrouve Sebastian Stan, jusqu’à présent essentiellement connu pour son rôle de James « Bucky » Barnes dans l’Univers cinématographique Marvel. Celles et ceux qui s’intéressent de près à sa carrière auront noté ses apparitions chez Jonathan Demme (Rachel se marie), Darren Aronofsky (Black Swan), Ridley Scott (Seul sur Mars), Steven Soderbergh (Logan Lucky) ou Craig Gillespie (Moi, Tonya). Alors qu’il vient d’être récompensé par l’Ours d’argent du meilleur acteur à Berlin et par le Golden Globe du Meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour A Different Man de Aaron Schimberg, Sebastian Stan vient de recevoir sa première nomination aux Oscars pour son incroyable prestation dans The Apprentice et se place en principal concurrent d’Adrien Brody, favori dans la course à la statuette dorée convoitée. À ses côtés, tout aussi magistral, Jeremy Strong, échappé de la série Succession, interprète l’avocat Roy Cohn, conseiller juridique de Donald Trump et de son père pendant une dizaine d’années, son mentor, celui qui a senti le potentiel de ce jeune arriviste très vert et pas encore orange. The Apprentice, ou quand l’élève dépasse le maître, est une magistrale leçon de cinéma, qui combine à la fois le format 16mm pour représenter les années 1970, et le format VHS pour la décennie suivante (magnifique photographie de Kasper Tuxen, Julie (en 12 chapitres), Riders of Justice, comme si la caméra avait capté sur le vif les étapes qui ont fait de Trump ce qu’il est devenu. On peut y voir une relecture de Frankenstein, où le monstre finit par échapper à son créateur, à tout contrôle, prêt à tout écraser comme un rouleau compresseur. Si l’on pourra reprocher au film d’être un peu bavard (cela n’arrête pas une seconde pendant deux heures), The Apprentice impressionne du début à la fin.

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Test 4K UHD / Moi Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée…, réalisé par Uli Edel

MOI CHRISTIANE F. 13 ANS, DROGUÉE, PROSTITUÉE… (Christiane F. – Wir Kinder vom Bahnhof Zoo) réalisé par Uli Edel, disponible en Édition collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray le 10 janvier 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Natja Brunckhorst, Thomas Haustein, Christiane Lechle, Jens Kuphal, Bernhard Janson, Christiane Reichelt, Daniela Jaeger, Jan Georg Effler, David Bowie…

Scénario : Hermann Weigel, d’après le livre de Kai Hermann & Horst Rieck

Photographie : Jürgen Jürges & Justus Pankau

Musique : Jürgen Knieper

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Christiane, une jeune berlinoise de treize ans, vit très mal le divorce de ses parents et entretient une relation compliquée avec sa mère. Elle rêve de s’intégrer à une bande d’amis et de s’en approprier les codes. Lorsqu’elle sort en boîte de nuit pour la première fois, la descente aux enfers de Suzanne commence: la drogue puis la prostitution vont venir ternir le reste de sa jeunesse.

C’est un film culte, un vrai, celui de toute une génération et dont l’histoire a su perdurer dans le temps. Mais à la base, c’est aussi un récit biographique, celui de Christiane Felscherinow, écrit par les journalistes Kai Hermann et Horst Rieck. Adapté au cinéma par Uli Edel, ce roman traduit en français et publié en 1981 sous le titre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… est une histoire sans doute intemporelle et sa version pour le septième art une étape dans une vie de cinéphile. Magistralement mise en scène, cette descente aux enfers d’une adolescente est une plongée viscérale et anxiogène dans la capitale allemande, peuplée de jeunes zombies défoncés par la dope et qui n’hésitaient pas à vendre leur cul pour quelques Deutsche Marks, nécessaires pour aller acheter plus tard leur prochaine dose. Bercé par la voix de David Bowie, Heroes, Station to Station, TVC 15 et autres tubes/classiques tirés des albums Heroes, Lodger, Stage et Low, la star faisant d’ailleurs une apparition centrale dans son propre rôle, Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…Christiane F. – Wir Kinder vom Bahnhof Zoo (littéralement « Nous, les enfants de la station Zoo ») est une véritable expérience sensorielle comme seul le septième art est capable d’offrir aux spectateurs. Même plus de quarante ans après sa sortie (triomphale), le public ressort lessivé de ce chef d’oeuvre redoutablement immersif, choquant, frontal, qui malgré les abîmes laisse percevoir l’espoir.

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Test Blu-ray / Chok-Dee, réalisé par Xavier Durringer

CHOK-DEE réalisé par Xavier Durringer, disponible en DVD & Blu-ray, le 22 janvier 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Dida Diafat, Bernard Giraudeau, Florence Faivre, Lakshantha Abenayake, Sombat Metanee, Rit Luecha, Jean-Pierre Léonardini, Fariza Mimoun…

Scénario : Dida Diafat, Véra Belmont, François Greze, Xavier Durringer & Christophe Mordellet, d’après le livre autobiographique de Dida Diafat

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Calbo, Yvan & Siegfried

Durée : 1h47

Date de sortie initiale: 2004

LE FILM

À force de se prêter à toutes sortes de combines malhonnêtes et petits braquages, Ryan échoue en prison. Il y rencontre Jean, un ancien champion de boxe qui lui enseigne l’une des formes de combat les plus violentes de cet art, le muay thaï. Bien décidé à reprendre sa vie en main, l’ancien délinquant part pour la Thaïlande. Il espère y compléter sa formation en incorporant un camp d’entraînement quasiment inaccessible aux étrangers. Il va lui falloir prouver qu’il est digne d’être accepté.

Étrange carrière cinématographique que celle de Xavier Durringer…Six longs-métrages en plus de trente ans, c’est peu et quand on se penche sur sa filmographie, difficile de se faire un avis tant ses œuvres passent du coq à l’âne. Ainsi, après La Nage indienne (1993), qui vaut à Karin Viard sa première nomination au César du meilleur espoir féminin, et J’irai au paradis car l’enfer est ici (1997), le réalisateur accepte un projet apporté par la productrice Véra Belmont, l’adaptation du livre de Dida Diafat. boxeur de muay-thaï né en Algérie en 1970. Ce dernier, parti de rien, a au début des années 2000 remporté le titre de champion du monde de son sport – qu’il a su populariser en France – et ce à plus de dix reprises. En 1999, son autobiographie Dida, De l’enfer de la banlieue à Hollywood, écrit en collaboration avec l’écrivain et journaliste Henry-Jean Servat (le pauvre), tape dans l’oeil du monde du cinéma et Xavier Durringer relève le défi de transposer cet ouvrage à l’écran, en demandant à Dida Diafat d’interpréter son propre rôle et de co-écrire le film. Chok-Dee est né. Ce film d’action « à la française » s’en tire pas trop mal, mais plus de vingt ans se sont écoulées depuis sa sortie et cela se ressent fortement, au point que l’on pourrait penser que Chok-Dee est une production Luc Besson du début des années 2000. Le gros problème provient de son scénario, qui compile les effets attendus de façon bien trop expéditive : en gros Ryan débarque à Bangkok au bout d’un quart d’heure, s’incruste dans le camp quinze minutes plus tard, s’entraîne au bout de 45 minutes, signe son premier contrat à 1h de film, emballe la fille de son pote à 1h15 et se livre à son combat décisif à 90 minutes. Aucune surprise à l’horizon, Chok-Dee, vaut essentiellement aujourd’hui pour revoir Bernard Giraudeau dans son dernier rôle au cinéma et qui devait s’éteindre six ans plus tard des suites d’une longue maladie.

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Test Blu-ray / Casanova, un adolescent à Venise, réalisé par Luigi Comencini

CASANOVA, UN ADOLESCENT À VENISE (Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, veneziano) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 22 octobre 2024 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Leonard Whiting, Maria Grazia Buccella, Lionel Stander, Raoul Grassilli, Wilfrid Brambell, Tina Aumont, Mario Scaccia, Silvia Dionisio…

Scénario : Luigi Comencini & Suso Cecchi D’Amico, d’après les mémoires de Giacomo Casanova

Photographie : Aiace Parolin

Musique : Fiorenzo Carpi

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le jeune Giacomo Casanova passe son enfance à Venise entre sa grand-mère et une mère volage. Envoyé en pension à Padoue, il fait la connaissance du père Don Gozzi, qui sera à l’origine de sa carrière ecclésiastique. Devenu adulte, Casanova revient à Venise où il décide d’abandonner la soutane et de suivre les élégants et mensongers chemins du libertinage…

Les prouesses amoureuses et les innombrables conquêtes du violoniste, écrivain, diplomate et bibliothécaire Giacomo Casanova ont largement influencé les cinéastes, notamment italiens. S’inspirant des cinq premiers chapitres des mémoires du plus célèbre séducteur (éditées en 12 volumes !), Luigi Comencini (1916-2007) en retrace l’enfance et l’adolescence dans Casanova, un adolescent à Venise Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, veneziano. Auteur et metteur en scène moraliste, Comencini profite de ce portrait pour en fait représenter et révéler les moeurs, les coutumes, le comportement, la structure sociale, les rapports de classes, l’indifférence du pouvoir par rapport à la pauvreté de la société vénitienne du 18ème siècle au moment où la puissance aristocratique commence à décliner. Le réalisateur s’attarde sur les plus petits détails de la vie quotidienne, l’hygiène, la sous-alimentation des plus démunis, tout en suivant son personnage principal partagé entre une vocation religieuse… et les chemins du libertinage. Ironique et passionnant, magnifiquement photographié et mis en scène, truffé de références picturales, Casanova, un adolescent à Venise demeure l’une des plus grandes réussites de Luigi Comencini, que l’on peut d’ailleurs intelligemment compléter par un autre chef-d’oeuvre consacré au libertin transalpin, Le Casanova de Fellini.

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Test DVD / Boléro, réalisé par Anne Fontaine

BOLÉRO réalisé par Anne Fontaine, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos, Vincent Perez, Anne Alvaro, Sophie Guillemin, Alexandre Tharaud, Serge Riaboukine…

Scénario : Anne Fontaine & Claire Barré, d’après le livre de Marcel Marnat

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Paris, les années folles. Les oreilles de Maurice Ravel bourdonnent quand Ida, chorégraphe sensuelle et audacieuse, lui commande la musique de son prochain ballet. Tétanisé, Ravel ne sait plus où chercher l’inspiration. C’est en puisant dans ses souvenirs et en s’inspirant des femmes de sa vie que le compositeur créera sa plus grande œuvre : Le Boléro.

« Il ne s’écoule jamais plus d’un quart d’heure sans qu’on entende le Boléro de Ravel quelque part dans le monde » indique un panneau en guise de conclusion du film d’Anne Fontaine. Mais près de deux heures avant cela, le générique d’ouverture montre déjà que l’oeuvre du compositeur n’a eu de cesse d’être empruntée, détournée, mixée, samplée ou tout simplement réinterprétée depuis sa création (et son triomphe) en 1928. Boléro, titre simple, concis, entier, est le dix-neuvième long-métrage réalisé par Anne Fontaine en un peu plus de trente ans, qui trois après sa fantaisie où elle imaginait le retour politique de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, unis contre l’imminence au pouvoir de Marine Le Pen dans Présidents, livre un faux biopic, non pas sur la figure même de Maurice Ravel, mais sur celle de la création de son œuvre la plus célèbre au monde, le Boléro. Le film démarre d’ailleurs en 1903, alors que le jeune musicien est âgé de 28 ans, jusqu’à son décès en 1937. Mais le Boléro est et demeure le pivot central du récit, comme il l’a finalement été dans la vie de Maurice Ravel. Anne Fontaine observe son personnage principal avec admiration et aussi beaucoup de questionnements, comme si elle savait elle-même qu’en dépit des moyens présentés par le cinéma, elle ne pourrait pas mettre à jour la face cachée du compositeur, sonder son âme perturbée, décoder ses secrets, dévoiler son processus créatif. La force de Boléro provient de Raphaël Personnaz, indéniablement dans un de ses meilleurs rôles et qui livre sans doute sa plus grande prestation à ce jour. Tout en intériorité, le comédien rend compte du bouillonnement qui s’emparait au quotidien de Maurice Ravel, qui ne vivait que pour la musique, au point qu’il n’arrivait pas à s’exprimer autrement, sans jamais être satisfait de ce qu’il entreprenait, malédiction des artistes. Boléro est un sommet dans la carrière de la cinéaste et de sa tête d’affiche.

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Test Blu-ray / Iron Claw, réalisé par Sean Durkin

IRON CLAW (The Iron Claw) réalisé par Sean Durkin, disponible en DVD & Blu-ray le 7 juin 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Zac Efron, Harris Dickinson, Jeremy Allen White, Holt McCallany, Maura Tierney, Grady Wilson, Valentine Newcomer, Stanley Simons…

Scénario : Sean Durkin

Photographie : Mátyás Erdély

Musique : Richard Reed Parry

Durée : 2h11

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Les inséparables frères Von Erich ont marqué l’histoire du catch professionnel du début des années 80. Entraînés de main de fer par un père tyrannique, ils vont devoir se battre sur le ring et dans leur vie.

En 2011, le canadien Sean Durkin crée l’évènement avec son premier long-métrage, l’exceptionnel Martha Marcy May Marlene, Prix de la mise en scène au Festival du film de Sundance et révélait par la même occasion la sublime Elizabeth Olsen. Depuis, le réalisateur n’a eu de cesse de créer son chemin avec la série Southcliffe et son second film The Nest (2019), thriller dramatique interprété par Jude Law et Carrie Coon. Iron Claw aura demandé plusieurs années de gestation et on peut même dire qu’il s’agit d’un projet mûri depuis toujours, étant donné que Sean Durkin est non seulement un passionné de catch, mais aussi et surtout de la famille Von Erich depuis son enfance. Autant dire que la tentation d’écrire et de mettre en scène un film sur ce sujet le titillait, ce qui est désormais chose faite. Iron Claw, ou The Iron Claw en version originale, est un drame sportif magnifique, soutenu par des acteurs virtuoses et en état de grâce, magistralement dirigés et qui livrent une interprétation aussi viscérale sur le plan physique que dramatique. Sur cette distribution quatre étoiles, l’excellent Zac Efron livre sans doute sa plus grande prestation. Métamorphosé, pour ne pas dire méconnaissable, le comédien se donne corps et âme dans le rôle de Kevin Von Erich, alias Kevin Ross Adkisson, fils du catcheur Fritz Von Erich et frère de David, Kerry, Mike et Chris, tous pratiquant le même sport et soudés aussi bien en dehors que sur le ring. Iron Claw s’inscrit dans la droite lignée de The Wrestler (2008) de Darren Aronofsky et Foxcatcher (2014) de Bennett Miller, mais également du premier Rocky (1976) et de Raging Bull (1980), en démontant le mythe du rêve américain, en montrant le coeur qui bat sous les grosses carcasses, les larmes qui coulent (même si un homme digne de ce nom ne saurait chialer) de ces bestiaux vêtus d’un simple slip et qui montrent que malgré l’adversité, the show must go on. Assurément l’un des grands films de 2024.

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Test Blu-ray / Priscilla, réalisé par Sofia Coppola

PRISCILLA réalisé par Sofia Coppola, disponible en DVD et Blu-ray le 3 mai 2024 chez ARP Sélection.

Avec :  Cailee Spaeny, Jacob Elordi, Ari Cohen, Dagmara Dominczyk, Tim Post, Lynne Griffin, Dan Beirne, Rodrigo Fernandez-Stoll…

Scénario : Sofia Coppola, d’après le livre Elvis et moi de Priscilla Presley

Photographie : Philippe Le Sourd

Musique : Phoenix

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Quand Priscilla rencontre Elvis, elle est collégienne. Lui, à vingt-quatre ans, est déjà une star mondiale. De leur idylle secrète à leur mariage iconique, Sofia Coppola dresse le portrait de Priscilla, une adolescente effacée qui lentement se réveillera de son conte de fées pour prendre sa vie en main.

C’est une histoire qui revenait de droit à Sofia Coppola et qui s’intègre parfaitement dans sa filmographie. Priscilla est un biopic, celui consacré à Priscilla Presley, compagne (évidemment) du King et mère de sa fille Lisa Marie (décédée en 2023 à l’âge de 54 ans), un nouveau portrait de femme, un autre récit d’émancipation. La critique n’a pas été tendre avec Priscilla, aussi bien de la part des professionnels que des spectateurs. Pourtant, ce drame biographique s’avère bien plus réussi et intéressant que The Bling Ring, le plus mauvais film de son auteure, le vide absolu, qui avait été porté par des avis dithyrambiques. On est ici entre Marie-Antoinette et Somewhere, avec une adolescente de 14 ans (comme Marie-Antoinette quand elle épouse le dauphin Louis) qui se retrouve littéralement prise au piège par un ogre et enfermée dans une maison de poupée où celle-ci doit attendre d’être manipulée avec des épingles par le vaudou qui la retient, la fascine, l’entraîne dans un (faux) conte de fées. Basé sur les mémoires de Priscilla Presley, Elvis and Me, le huitième long-métrage de Sofia Coppola est un film sur l’attente, sur l’emprise, sur la frustration, sur l’ennui, des thèmes (pour ne pas dire des obsessions) déjà abordés et par ailleurs récurrents chez la cinéaste, qui signe une nouvelle grande réussite à son palmarès.

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Test Blu-ray / Race for Glory, réalisé par Stefano Mordini

RACE FOR GLORY (Audi Vs Lancia) réalisé par Stefano Mordini, disponible en DVD & Blu-ray le 7 juin 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Riccardo Scamarcio, Daniel Brühl, Katie Clarkson-Hill, Volker Bruch, Esther Garrel, Bruno Gouery, Carlotta Verny, Jacopo Rampini…

Scénario : Filippo Bologna, Stefano Mordini & Riccardo Scamarcio

Photographie : Luigi Martinucci

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

1983, la rivalité est à son paroxysme, entre l’écurie italienne Lancia, dirigée par le charismatique Cesare Fiorio et la puissante équipe allemande Audi, dirigée par le redoutable Roland Gumpert. Mais, c’est sur le terrain, pilotées respectivement par Walter Röhrl et Hannu Mikkola, que leurs voitures : la Lancia Rally 037 et l’Audi Quattro, les départageront durant un championnat du monde des rallyes devenu légendaire.

Entre le sport automobile et le cinéma, ça n’a jamais vraiment été une histoire d’amour et rares sont les films traitant ce sujet qui sont véritablement passés à la postérité. On peut citer en vrac Grand Prix (1966) de John Frankenheimer, Virages (1969) de James Goldstone, Le Mans (1971) de Lee H. Katzin, Gonflés à bloc (1969) de Ken Annakin, Jours de tonnerre (1990) de Tony Scott, Driven (2001) de Renny Harlin, Michel Vaillant (2003) de Louis-Pascal Couvelaire, Speed Racer (2008) des sœurs Wachowski, Rush (2013) de Ron Howard et Gran Turismo (2023) de Neill Blomkamp. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, on en oublie évidemment certains. Même l’Italie vient de livrer son opus, Race for Glory, surfant probablement sur le beau succès rencontré par Le Mans 66 (2019) de James Mangold, y compris dans son titre original, Audi Vs Lancia. Projet mené du début à la fin par le comédien Riccardo Scamarcio, qui officie ici comme interprète principal, coscénariste et coproducteur, Race for Glory rappelle parfois le côté opportuniste du cinéma d’exploitation des années 1970-80, qui recopiait les succès étrangers, passés à la sauce pesto. Audi Vs Lancia n’a rien de déshonorant, s’avère même sympathique à plus d’un titre, patine certes au niveau de sa mise en scène, mais repose sur des acteurs attachants et une histoire certes très classique (et essentiellement tirée de faits réels), mais bien menée et divertissante.

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Test Blu-ray / L’Abbé Pierre: Une vie de combats, réalisé par Frédéric Tellier

L’ABBÉ PIERRE: UNE VIE DE COMBATS réalisé par Frédéric Tellier, disponible en DVD & Blu-ray le 7 mars 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz, Antoine Laurent, Alain Sachs, Leïla Muse, Malik Amraoui, Chloé Stefani…

Scénario : Frédéric Tellier & Olivier Gorce

Photographie : Renaud Chassaing

Musique : Bryce Dessner

Durée : 2h18

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Né dans une famille aisée, Henri Grouès a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. Des bancs de l’Assemblée nationale aux bidonvilles de la banlieue parisienne, son engagement auprès des plus faibles lui a valu une renommée internationale. La création d’Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l’hiver 54 ont fait de lui une icône. Pourtant, chaque jour, il a douté de son action. Ses fragilités, ses souffrances, sa vie intime à peine crédibles sont restées inconnues du grand public. Révolté par la misère et les injustices, souvent critiqué, parfois trahi, Henri Grouès a eu mille vies et a mené mille combats. Il a marqué l’Histoire sous le nom qu’il s’était choisi : l’Abbé Pierre.

Était-ce bien raisonnable ? 35 ans après Hiver 54, l’abbé Pierre de Denis Amar, grand succès de l’année 1989 avec plus d’1,6 million d’entrées, qui vaudra à son interprète Lambert Wilson d’être récompensé par le prix Jean-Gabin et d’être à nouveau nommé aux César, le cinéma français s’empare de l’histoire du célèbre prêtre. Cette fois, il s’agit de toute sa vie passée au crible dans L’Abbé Pierre : une vie de combats, un vrai biopic donc, tourné avec un budget confortable de 15 millions d’euros, pour passer en revue sept décennies, en gros de 1937 (quand l’abbé a 25 ans) jusqu’à sa mort en janvier 2007. À la barre, l’excellent Frédéric Tellier, révélé en 2014 avec L’Affaire SK1, qui a ensuite largement confirmé avec Sauver ou périr quatre ans plus tard et Goliath en 2022. Mais L’Abbé Pierre : une vie de combats ne fonctionne malheureusement pas et tombe dans le piège de la page Wikipédia illustrée, comme bon nombre de films du genre. S’il n’y a évidemment rien à redire sur la prestation de Benjamin Lavernhe, comme d’habitude parfait, c’est tout le reste qui peine à convaincre, ennuie et ce n’est pas l’absence de rythme qui aide à aller au bout de ces très longues 135 minutes. Les spectateurs ont été peu enthousiastes face à ce drame « historique », le film ayant fait ni plus ni moins deux fois moins d’entrées qu’Hiver 54. Un échec on ne va pas dire « mérité », mais tout du moins peu étonnant.

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