LA BRUNE DE MES RÊVES (My Favorite Brunette) réalisé par Elliott Nugent, disponible en DVD le 7 décembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Bob Hope, Dorothy Lamour, Lon Chaney Jr., Peter Lorre, John Hoyte, Charles Dingle, Reginald Denny, Alan Ladd…
Scénario : Edmund Beloin & Jack Rose
Photographie : Lionel Lindon
Musique : Robert Emmett Dolan
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 1947
LE FILM
Un photographe pour bambins, Ronnie Jackson, rêve de devenir détective privé comme son voisin de palier. Ce dernier absent, Ronnie prend sa place, et se retrouve engagé sur une affaire d’espionnage concernant une mine d’uranium.
Vous cherchez une comédie vintage hilarante, qui conserve son charme rétro et qui fait toujours son effet (comique) près de 75 ans après sa sortie ? Alors n’hésitez plus et partez à la découverte de La Brune de mes rêves – My Favorite Brunette, réalisé par un certain Elliott Nugent. Ce dernier aura commencé sa carrière en tant que comédien à la fin des années 1920, et même s’il continuera de se produire devant la caméra jusqu’à la fin des années 1950, Elliott Nugent (1896-1980) restera surtout connu pour avoir mis en scène une trentaine de longs-métrages de 1932 à 1952, en dirigeant les plus grands comédiens de l’époque, Irene Dunne, Bing Crosby, Cary Grant, Mary Astor, Madeleine Carroll, Harold Lloyd, Paulette Godard, Henry Fonda, Ray Milland et Danny Kaye. Mais l’une de ses plus grandes collaborations demeure celle avec le comédien Bob Hope, avec lequel il s’associera à cinq reprises, Give Me A Sailor (1938), Never Say Die (1939), Le Mystère de la Maison Norman – The Cat and the Canary (1939), Rien que la vérité – Nothing But the Truth (1941) et enfin La Brune de mes rêves en 1947. Dans cette comédie-policière, merveilleuse parodie de film noir, Bob Hope retrouve sa partenaire Dorothy Lamour, avec laquelle il tournera la saga des « Road to », très célèbre saga outre-Atlantique et qui comptera sept épisodes réalisés entre 1940 et 1962. Les deux complices joueront aussi ensemble dans They Got Me Covered (1943) de David Butler et dans La Brune de mes rêves. Autant dire que la complicité et l’alchimie des deux fonctionnent à plein régime dans My Favorite Brunette, dans lequel Dorothy Lamour s’amuse à incarner la femme fatale pour laquelle notre héros Ronnie prendra tous les risques. Il y a indéniablement du Frank Drebin et du Jacques Clouseau avant l’heure dans la personnalité de Ronnie Jackson, un type bien déjanté et maladroit, formidablement incarné par Bob Hope, au top de sa forme et dont la modernité du jeu laisse encore pantois aujourd’hui.
Condamné à la peine capitale pour meurtre, Ronnie Jackson (Bob Hope) raconte en flashback à des journalistes les événements qui l’ont conduit dans le couloir de la mort : photographe pour bébés à San Francisco, il rêvait de devenir détective privé comme son voisin de palier Sam McCloud (Alan Ladd). Profitant d’une méprise d’une mystérieuse cliente en détresse de ce dernier, du nom de Carlotta Montay (Dorothy Lamour), il se voit confier une enquête, retrouver son mari invalide, enlevé sur la jetée du port. Une sinistre silhouette (Peter Lorre) écoute à la porte du bureau. Carlotta donne à Ronnie son adresse, une carte codée et une bague de 5 000 $ en guise de paiement, lui disant que personne ne doit savoir qu’il est un détective. Ronnie se rend ensuite à l’adresse indiquée, un manoir situé en bas de la péninsule. Kismet (Peter Lorre donc) l’accueille à la porte. Carlotta avoue à Ronnie que l’homme disparu est son oncle, pas son mari, entré aux États-Unis pour une mission secrète. Le manoir appartient au major Montague, l’ancien partenaire de son oncle. Là-dessus Montague arrive, déclarant à Ronnie qu’il sait qu’il vient pour enquêter. Tout s’embrouille pour ce dernier quand il apprend que Carlotta serait en fait une schizophrène victime d’hallucinations et de crises paranoïaques. Pour prouver ses dires, Montague présente à Ronnie un homme en fauteuil roulant dans la pièce voisine, qui serait l’oncle de Carlotta, qui n’a manifestement pas été kidnappé. Alors qui ment ? Comment Ronnie compte-t-il se sortir de cet imbroglio ?
Ou comment un simple et modeste photographe pour enfants, va voir son rêve devenir réalité, devenir un détective privé digne des polars qui fleurissaient dans les salles de cinéma et être entraîné dans une drôle d’aventure au milieu d’espions dangereux. Coécrit par Edmund Beloin (La Taverne de l’Irlandais de John Ford, The Harvey Girls de George Sidney) et Jack Rose (Cette sacrée famille de Norman Taurog, C’est pas une vie de Frank Tashlin), avec la participation de Bob Hope lui-même, notamment pour ce qui concerne la célèbre partie de golf sans balle dans l’institut psychiatrique, La Brune de mes rêves enchaîne les morceaux de bravoure comme des perles sur un collier, du début à la fin, sur un rythme effréné. Et non seulement le film fonctionne évidemment sur le registre de la comédie, mais également du point de vue espionnage. C’est aussi un festival pour les cinéphiles, qui apprécieront les apparitions diverses d’Alan Ladd, de Bing Crosby, de Lon Chaney Jr., parfait en brute épaisse au Q.I. d’une huître (faisant référence à son rôle de Lenny dans Des souris et des hommes de Lewis Milestone) et de Peter Lorre, qui donne immédiatement au film son cachet film noir. On se délecte des dialogues, qui inspireront entre autres Les Cadavres ne portent pas de costard –Dead Men Don’t Wear Plaid (1982) de Carl Reiner, autre hommage humoristique et parodique des films noirs américains des années 1940-50, autant des situations burlesques dans lesquelles Ronnie parvient chaque fois à se tirer, probablement grâce à un ange-gardien surentraîné pour citer André Valardy dans La Chèvre.
L’osmose entre Bob Hope et la brune du titre, « à la peau douce comme du satin, aux lèvres pulpeuses » ne fait aucun doute et donne aussi au film d’Elliott Nugent un cachet comédie-romantique délicieux, loufoque et inaltérable. Peu connu en France, Bob Hope demeure l’une des plus grandes stars américaines de tous les temps, dont la carrière s’est étendue sur près de 80 ans. Si vous désirez connaître le génie de ce père du stand-up, écrivain, chanteur, humoriste, comédien, animateur (il aura présenté la cérémonie des Oscars à près de vingt de reprises), de son vrai nom Leslie Townes Hope, décédé en 2003 à l’âge de cent ans, alors précipitez-vous sur La Brune de mes rêves !
LE DVD
Disponible dans le domaine public depuis 1975, La Brune de mes rêves avait déjà bénéficié d’une sortie en DVD en France chez Bach Films, puis chez Bande à Part Productions, ainsi que chez Lancaster ! Douze ans après cette dernière, My Favorite Brunette revient dans les bacs, cette fois sous les couleurs d’Artus Films dans la collection Les Classiques. La jaquette reprend pour visuel l’une des photos promotionnelles originales. Le menu principal est sobre, fixe et musical.
Aucun supplément.
L’Image et le son
On est heureux de voir ressortir La Brune de mes rêves, non seulement parce qu’il s’agit d’une excellente comédie-policière et tout simplement parce que cela nous a permis de découvrir enfin le film d’Elliott Nugent. N’attendez pas des miracles concernant la copie proposée par contre, car même si celle-ci s’avère assez propre, le master date et n’a pas été restauré. Alors que certains plans se révèlent être bien définis, avec des contrastes plus qu’acceptables et un piqué pointu, d’autres demeurent flous, abîmés, avec des noirs poreux et une clarté aux blancs brûlés. My Favorite Brunette est présentée au format 1.33 (4/3).
La Brune de mes rêves est uniquement proposé en version originale, avec sous-titres français amovibles. Le confort est correct, avec un très léger souffle chronique, mais qui n’altère en rien la clarté des dialogues et de la musique.