EN TONGS AU PIED DE L’HIMALAYA réalisé par John Wax, disponible en DVD le 12 mars 2025 chez Le Pacte.

Acteurs : Audrey Lamy, Nicolas Chupin, Eden Lopes, Naidra Ayadi, Benjamin Tranié, Jean-Charles Clichet, Steve Tientcheu, Stephan Wojtowicz…

Scénario : John Wax & Marie-Odile Weiss

Photographie : Vincent Mathias

Musique : Michel-Ange Merino

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Pauline, en cours de séparation, est mère d’un petit garçon autiste, Andrea, six ans et demi, en dernière année de maternelle. Entre l’emploi du temps lie à son travail et la garde alternée, malgré les outils qu’on a mis à sa disposition et la présence d’une aide, Pauline commence à se décourager…

En 2010, sort et cartonne sur les écrans Tout ce qui brille, coréalisé par Géraldine Nakache et Hervé Mimran. Si l’on a évidemment beaucoup parlé de son tandem principal, une autre actrice avait pu aussi se démarquer, au point de voler la vedette à chaque apparition, Audrey Lamy. Celle que l’on appelait alors encore « la sœur d’Alexandra Lamy » a su très vite se faire un prénom et l’actrice n’a cessé depuis d’apparaître au cinéma, devenant un second rôle récurrent, pour ne pas dire indispensable. Si Cédric Klapisch, Maïwenn, Mélanie Laurent, Marc Fitoussi, Christophe Gans et bien d’autres lui ont offert de très beaux personnages, elle accède enfin en haut de l’affiche en 2018 avec Ma reum de Frédéric Quiring, qui connaît un joli succès avec 800.000 entrées. Cependant, loin de se cantonner au registre de la comédie, Audrey Lamy a souvent apporté une gravité, une mélancolie, une profondeur à celles qu’elle a incarnées. Les Invisibles et La Brigade de Louis-Julien Petit, Rebelles d’Allan Mauduit ont dernièrement prouvé une fois de plus son talent de caméléon. À l’instar de sa frangine, Audrey Lamy a pris de la bouteille, cela lui sied à ravir et apporte un background à ses personnages. C’est le cas pour En tongs au pied de l’Himalaya, dans lequel elle trouve l’un de ses plus beaux rôles à ce jour. Cette comédie dramatique, car il n’est pas interdit de rire, comme une soupape indispensable entre deux scènes plus difficiles, se penche avec force et pudeur sur le handicap. Réalisé par John Wax, ancien photographe de plateau et directeur artistique superviseur, En tongs au pied de l’Himalaya est son premier long-métrage signé en solo (il avait auparavant mis en scène Tout simplement noir avec Jean-Pascal Zadi) et témoigne d’une vraie sensibilité, doublée d’une solide direction d’acteurs. Si le propos n’est guère inédit (on pense souvent au magnifique Les Clefs de la maison – Le Chiavi di casa de Gianni Amelio), l’émotion est présente, le pathos aux abonnés absents, l’humour fonctionne et la distribution est impeccable. Un beau moment.

Pauline est la maman d’Andrea, 6 ans et demi, un petit garçon formidable à qui on a diagnostiqué un TSA : un trouble du spectre autistique. Il n’est pas vraiment au niveau, mais il est toujours scolarisé et s’apprête à faire sa rentrée en grande section de maternelle. Pour Pauline, sans revenus fixes et récemment séparée de Fabrice, le père d’Andrea, tout semble concourir à faire de sa vie une succession d’échecs. Or, pour Andrea, c’est une année cruciale qui va déterminer s’il peut ou non rester scolarisé et obtenir ainsi une meilleure chance de voir son état s’améliorer. Mais pour cela, Andrea a besoin de stabilité, et pour Pauline, la lui apporter, c’est un peu (beaucoup) gravir l’Himalaya en tongs…

John Wax s’inspire d’un spectacle solo du même nom, créé par Marie-Odile Weiss, comédienne (elle apparaît d’ailleurs ici dans le rôle de la directrice de la maternelle) qui témoignait sur scène de la transformation qu’elle a vécue en tant que mère d’un enfant autiste. Une immense déclaration d’amour qui a percuté le coeur de John Wax, imaginant aussi d’emblée Audrey Lamy dans le rôle principal. Dans En tongs au pied de l’Himalaya, Pauline et son compagnon doivent se rendre à l’évidence, leur fils qui multiplie les crises d’angoisse, s’avère hypersensible aux bruits et aux odeurs est diagnostiqué TSA, ou « Trouble du Spectre Autistique ». Quelques années plus tard, Pauline, désormais séparée, joint les deux bouts entre un travail de nuit comme barmaid, squatte dans un appartement appartenant à son père, partage le clic-clac avec son frangin pot-de-colle et bien sûr son fils, Andrea, bientôt six ans, ballotté entre l’école maternelle et l’aide sociale, année cruciale où tout va se décider quant à son avenir. Ira-t-il en école spécialisée ou pourra-t-il continuer normalement sa scolarité ?. En tongs au pied de l’Himalaya rend compte des difficultés, des doutes auxquels une mère doit faire face, mais aussi des peines, du désespoir qui jalonnent ce chemin espéré vers l’autonomie.

Outre Audrey Lamy, parfaite, ses partenaires n’ont rien à lui envier. Nicolas Chupin, pensionnaire de la Comédie-Française, n’en finit pas de briller et on aime le retrouver de film en film depuis quelques années déjà (Monsieur Aznavour, Annie Colère, La Vie scolaire). Le petit Eden Lopes impressionne dans le rôle d’Andrea, Naidra Ayadi (Le Sixième enfant, César du meilleur espoir féminin pour Polisse) s’impose sans mal dans la peau de l’auxiliaire de vie Samia, tout comme les prometteurs Jean-Charles Clichet (Vivants, Les Amours d’Anaïs) et Benjamin Tranié (Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée), sans oublier le toujours imposant Stephan Wojtowicz ici dans la peau du père aigri et maladroit de Pauline.

Infiniment tendre, mais aussi difficile, car réaliste, En tongs au pied de l’Himalaya est une jolie découverte, celle d’un réalisateur appliqué, conscient de la complexité de son sujet et qui s’en sort miraculeusement grâce à une réelle humanité qui imprègne chaque scène. John Wax, un nom à garder dans un coin de la tête.

LE DVD

Point de Blu-ray pour En tongs au pied de l’Himalaya, qui n’aura pas réussi à franchir la barre des 80.000 spectateurs. Cependant, Le Pacte propose tout de même le film de John Wax en DVD et c’est déjà ça de pris. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur fournit un entretien avec Audrey Lamy et John Wax, réalisé à l’occasion de la sortie en salles d’En tongs au pied de l’Himalaya (14’). Une interview complice, où la comédienne et le réalisateur reviennent sur leur rencontre (sur le plateau de Coexister de Fabrice Éboué) et sur l’envie de John Wax de diriger l’actrice, à laquelle il pensait en écrivant le rôle de Pauline. Audrey Lamy s’exprime sur sa préparation, sur son personnage, sur son jeune partenaire Eden Lopes et sur les conditions de tournage. De son côté, John Wax évoque la pièce originale de Marie-Odile Weiss.

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les nombreuses scènes en intérieur, le master SD présenté par Le Pacte ne manque pas d’élégance. La clarté est bienvenue, la colorimétrie est chatoyante, quand bien même le piqué manque de mordant. Remarqué par ses photographies ambitieuses sur des oeuvres aussi diverses que L’Autre vie de Richard Kemp, Au revoir là-haut (qui lui a valu le César), La Clinique de l’amour ! et Captifs, le chef opérateur Vincent Mathias voit ses partis pris esthétiques respectés avec notamment de beaux contrastes.

Dès les premières séquences du film avec la succession des anniversaires, la piste Dolby Digital 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une petite spatialisation soignée. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, les ambiances naturelles des scènes en extérieur demeurent constantes. Toutefois, n’hésitez pas à monter le volume car l’ensemble reste sage. La Stéréo est évidemment plus « plate » mais le spectacle acoustique est tout autant assuré. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Le Pacte / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr