DARIO ARGENTO – SOUPIRS DANS UN CORRIDOR LOINTAIN réalisé par Jean-Baptiste Thoret, disponible en DVD le 15 septembre 2020 chez Tamasa Diffusion.
Avec : Dario Argento
Image : Laurent Brunet
Musique : Jean-Baptiste Thoret
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Vingt ans séparent les deux parties de ce film portrait consacré à Dario Argento. Tourné à Turin puis à Rome entre 2000 et 2019, Soupirs dans un corridor lointain cale son pas sur l’un des cinéastes les plus marquants de ces quarante dernières années. Ses obsessions, son travail, ses souvenirs, ses hantises, son rapport à la ville éternelle, les blessures de l’Histoire italienne, et puis le temps qui passe…
Né en 1940, Dario Argento est un réalisateur italien devenu aujourd’hui incontournable pour les cinéphiles. Il s’est spécialisé au début de sa carrière dans le giallo, un genre qui mélange le cinéma policier, l’horreur et l’érotisme. Durant la période la plus riche de sa carrière, les années 1970-80, il entame sa fameuse « Trilogie des Enfers » avec Suspiria (1977), Inferno (1980) et qu’il achève en 2007 avec La Troisième mère – La Terza madre. Il est aussi connu pour ses films d’horreur tels que Ténèbres – Tenebre (1982), Les Frissons de l’angoisse – Profondo rosso (1975) ou encore Phenomena (1985).
Jean-Baptiste Thoret est un historien et critique de cinéma. Il s’est spécialisé dans le mouvement du Nouvel Hollywood et dans le cinéma italien des années 70. Il est l’auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages sur le cinéma. Son documentaire commence par un extrait de film réalisé par Dario Argento, où Jean-Baptiste Thoret nous fait prendre conscience de son esthétisme et de son style singulier. Il n’y a aucun doute, le critique est un expert du cinéma du maître italien qu’il analyse depuis plusieurs décennies. Ses propos sont remplis d’admiration, c’est un défenseur de la première heure de ses films.
Dans la première moitié du documentaire, il s’agit d’un remontage d’images datant de 2000, où Jean-Baptiste Thoret avait pu assister au tournage du film Le Sang des innocents – Non ho sonno. Durant l’interview, Dario Argento parle de sa relation avec le cinéma et de ses débuts en tant que critique. Par la suite, il dévient scénariste notamment pour le film Il était une fois dans l’Ouest (1969) de Sergio Leone, une expérience qui le poussera à se lancer dans la mise en scène. D’ailleurs, Dario Argento se confie sur sa vision du métier de réalisateur et de l’importance de la narration. Les interviews sont entrecoupées par des images du tournage où l’on peut voir le cinéaste qui tente difficilement de faire comprendre à son équipe ce qu’il souhaite. Il semble complètement habité par son film, sur le plateau, rien d’autre que la réalisation ne compte.
Soupirs dans un corridor lointain est riche en documents, que ce soit les photos ou bien ses images d’archives passionnantes à découvrir. Les extraits de films bien placés sont toujours commentés par Jean-Baptiste Thoret qui nous donne une analyse solide de ces séquences. Dario Argento a été pendant longtemps un cinéaste incompris. Les propos de Jean-Baptiste Thoret nous aident à déchiffrer en partie son mystérieux cinéma. Pour mieux le comprendre, Dario Argento nous explique ses influences comme le film Blow up (1966) de Michelangelo Antonioni ou encore son goût pour l’art et l’architecture qui ont participé à la création visuelle de son cinéma. Il nous donne également sa vision du fantastique.
Après une magnifique transition, dans la deuxième partie du documentaire, le spectateur retrouve Dario Argento vingt ans plus tard. Entre temps, il est devenu un cinéaste « culte ». Avec son regard actuel, il analyse son propre cinéma et explique ses intentions et son processus de création. Il nous délivre aussi son regard mélancolique sur le monde. Dans un parc, il contemple la nature et les animaux. Dans une bibliothèque, il nous fait part de son goût pour la lecture et sa fascination pour les livres interdits par l’Inquisition, qui abordent par exemple la sorcellerie. Dario Argento évoque des sujets variés comme la politique, en nous expliquant sa vision du communisme. Mais il est surtout principalement question d’art comme cette séquence où il devient presque un guide dans un musée. Dario Argento retourne dans une maison, aujourd’hui complètement abandonnée, ayant servi pour un tournage, une séquence sublimement nostalgique. Il fait également part de son regard sur le cinéma actuel.
Avec son documentaire, Jean-Baptiste Thoret prouve définitivement à quel point Dario Argento est un cinéaste important. Par ses analyses, il a réussi à nous donner envie de replonger dans sa carrière et de tenter de décoder les énigmes parsemées dans ses films.
LE DVD
Le DVD du film Dario Argento – Soupir dans un corridor lointain est disponible chez Tamasa Diffusion. Le visuel du slim Digipack est superbe, avec Dario Argento en grand ainsi qu’un couloir, symbole que l’on retrouve régulièrement dans ses films. Le menu est fixe et musical.
Dans une interview « Vu par Jean-Baptiste Thoret » (50′), le réalisateur du documentaire revient en détails sur la carrière de Dario Argento. Il analyse son style qui comporte un certain mystère qu’il faut apprendre à décoder. Pour lui, Dario Argento est un cinéaste marqué par son époque et son pays, mais place ces éléments de façon implicite dans ses films, ce qui donne finalement une intemporalité à son cinéma. Argento a une volonté de rendre ses films visuellement sublimes et la mémoire a une grande importance. Thoret nous donne quelques clés pour mieux aborder le cinéma d’Argento et explique ses intentions en réalisant ce documentaire.
Un livret de 16 pages est disponible avec un texte de Jean-Baptiste Thoret qui revient sur le parcours cinématographique de Dario Argento, sous forme d’éloges.
L’interactivité se clôt avec la bande-annonce.
L’image et le son
La première partie du documentaire est en 4/3. Les images d’archives sont non restaurées, afin que le spectateur puisse identifier immédiatement la période dans laquelle les images ont été filmées. Les couleurs sont ternes et le grain est grossier. Les extraits de films sont dans le même format pour apporter une continuité visuelle. La deuxième partie est filmée en cinémascope dans un magnifique noir et blanc.
Le son est proposé en Dolby stéréo. Contrairement à l’image des archives qui a mal vieilli, le son a mieux supporté les années passées. Dans les images plus récentes, le son est parfait. Les sous-titres français sont imposés. Avec le format 4/3, ils sont difficilement visibles, car écrits en petit. Il faut donc se concentrer afin de les lire, ce qui n’est pas le cas avec le format cinémascope, où les sous-titres sont écrits en plus grand.