Test Blu-ray / Smith le taciturne, réalisé par Leslie Fenton

SMITH LE TACITURNE (Whispering Smith) réalisé par Leslie Fenton, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 22 mars 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Alan Ladd, Robert Preston, Brenda Marshall, Donald Crisp, William Demarest, Fay Holden, Murvyn Vye, Frank Faylen…

Scénario : Frank Butler & Karl Kamb, d’après le roman de Frank H. Spearman

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Adolph Deutsch

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Luke Smith, employé par une compagnie de chemins de fer est à la poursuite des frères Barton. Blessé au cours d’une attaque de train, Murray Sinclair, un vieil ami, le ramène chez lui pour le soigner. Smith découvre que Murray a pour relation un certain Rebstock, criminel qui cache le dernier des frères Barton. Smith essaye de faire revenir Murray dans le droit chemin, mais en vain.

Nous sommes en 1948, Alan Ladd vient d’avoir 35 ans et le comédien, alors star de la Paramount, tourne son premier western (ainsi que son premier film en couleur) comme tête d’affiche, Smith le taciturne Whispering Smith. S’il avait déjà tâté du genre en 1940 dans The Light of Western Stars de Lesley Selander, l’acteur de Tueur à gages This Gun for Hire de Frank Tuttle, La Clé de verre The Glass Key de Stuart Heisler et du Dahlia bleu The Blue Dahlia de George Marshall, délaisse le film noir pour le Far West. Il deviendra très vite l’un des visages incontournable du western et Smith le taciturne est une belle entrée en matière. Dans le rôle principal, Alan Ladd fait preuve d’un évident charisme et campe un personnage célèbre outre-Atlantique, qui a réellement existé et dont la vie a inspiré un roman de Frank H. Spearman au début des années 1900, qui narrait les aventures du detective de l’Union Pacific Railroad, James « Whispering » Smith. Le cinéma muet s’était déjà emparé de ses exploits, ainsi que le cinéma parlant bien sûr et ce à deux reprises avant le film qui nous intéresse aujourd’hui. Smith le taciturne est le plus connu d’entre tous. Cet opus mis en scène par Leslie Fenton (La Chevauchée de l’honneur), également vu devant la caméra de Raoul Walsh, Frank Borzage, Howard Hawks, John Ford, Josef von Sternberg, William A. Wellman, Michael Curtiz, fait preuve de rigueur dans la forme et parvient à maintenir l’intérêt des spectateurs, en dépit d’un scénario on ne peut plus classique.

Employé par une puissante compagnie de chemin de fer, le détective Luke Smith poursuit les trois frères Barton, des pilleurs de train. Si ceux-ci lui échappent une première fois, il parvient à leur tendre un piège et à en abattre deux. Lui-même blessé, Smith bénéficie des soins de Murray Sinclair, un ami d’enfance marié à Marian, la femme qu’il aima des années plus tôt. A peine s’est-il débarrassé du dernier des frères Barton, que Smith soupçonne Sinclair de tremper dans des a aires louches, probablement en lien avec Rebstock, le puissant protecteur des Barton et l’instigateur des attaques des convois ferroviaires…

Étrange comme Alan Ladd ressemble à Audie Murphy sous certains angles. Néanmoins, le premier est beaucoup plus crédible que le second (même si celui-ci s’en sortira bien dans quelques opus) et le réalisateur parvient à tirer profit de ses airs mystérieux, qui vont bien au surnommé Whispering Smith. Il est aussi solidement épaulé par ses partenaires, en particulier par Robert Preston (Les Yeux de Satan, La Charge des tuniques bleues, Ciel rouge, Pacific Express), impeccable dans la peau du complexe Murray, ami de longue date de Smith, que le destin finira par opposer. Notons aussi la belle présence de Brenda Marshall (Intrigues en Orient de Raoul Walsh, Les Chevaliers du ciel et L’Aigle des mers de Michael Curtiz) alors épouse de William Holden, dont la beauté naturelle et l’aura illuminent Smith le taciturne. Il s’agit ici d’une de ses ultimes apparitions au cinéma, peu de temps avant que celle-ci quitte définitivement Hollywood. Les cinéphiles reconnaîtront Donald Crisp, croisé chez John Ford (La Dernière fanfare, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Qu’elle était verte ma vallée), Hall Bartlett (Le Pays de la haine), Anthony Mann (L’Homme de la plaine), William Wyler (Les Hauts de Hurlevent).

Smith le taciturne ne met donc pas seulement en valeur Alan Ladd et laisse une belle place aux personnages secondaires, qui volent d’ailleurs la vedette avec une écriture sans doute plus ciselée. Whispering Smith s’avère à mi-chemin entre le western et le film policier, genres évidemment liés, le dernier acte finissant par confronter deux hommes, qui ont grandi ensemble, qui se connaissent par coeur, désormais séparés par la frontière dressée entre la loi et le crime. Tourné en Californie, dans les décors qui seront réutilisés dix ans plus tard pour la célèbre série Bonanza, dans un très beau Technicolor, Smith le taciturne n’est certainement pas un chef d’oeuvre, mais une honnête série B, carrée, propre, divertissante, élégante, bien menée, un spectacle rétro qui a conservé beaucoup de charme.

LE BLU-RAY

Depuis 2007, Smith le taciturne a été édité à deux reprises en DVD chez Sidonis. 2024, le film de Leslie Fenton revient non seulement en édition Standard, mais aussi pour la première fois en Haute-Définition dans la collection Silver. Le menu principal est animé et musical.

Sidonis reprend le documentaire rétrospectif sur Alan Ladd réalisé en 1998 et intitulé Le Véritable homme tranquille (57’), que l’on avait déjà vu sur le DVD de L’Enfer au-dessous de zéro de Mark Robson et le Blu-ray de Montagne rouge de William Dieterle. Constitué d’archives personnelles, de photos, de films de famille, d’extraits, de bandes-annonces d’époque, ce module croise également les interventions – doublées par une voix-off française – de quelques acteurs (Lizabeth Scott , Mona Freeman, Peter Hansen, Paricia Medina), réalisateurs (Edward Dmytryk), d’historiens du cinéma et de proches (David Ladd, le fils du comédien). La réalisation est classique, comme une illustration en images de la fiche Wikipédia d’Alan Ladd (on y brasse son enfance, le trauma avec le suicide de sa mère devant ses yeux, ses débuts, ses premiers succès, ses problèmes avec l’alcool et les médicaments, sa vie de famille, son rapport avec les femmes), mais l’ensemble est suffisamment intéressant et n’est pas avare en images rares voire inédites.

L’éditeur a également proposé à l’excellent Jean-Claude Missiaen (Les Hordes), de réaliser un portrait d’Alan Ladd (18’), disparu en 1964 à l’âge prématuré de 51 ans. Uniquement constitué de photos et d’affiches d’exploitation, ainsi que de quelques extraits de films, ce module commenté par Jean-Claude Missiaen lui-même, est merveilleusement écrit, d’une grande sensibilité et donne furieusement envie de se faire une rétrospective des films du comédien. Un fabuleux hommage.

L’éditeur recycle également la présentation de Smith le taciturne par Patrick Brion (4’). Pas grand-chose à tirer de cette intervention, qui donne quelques indications sur la carrière du réalisateur Leslie Fenton, sur le véritable Whispering Smith, les autres films inspirés de ses aventures et sur la carrière d’Alan Ladd à ce stade de sa carrière.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

C’est pas mal. Pas exceptionnel, mais ce Blu-ray (au format 1080p) s’en tire bien. L’ensemble est propre (de rares poussières subsistent), stable, les couleurs sont correctes (cela aurait pu être mieux ceci dit), la texture argentique est présente, même si de temps en temps aléatoire. Nous constatons aussi divers changements chromatiques au cours d’une même séquence, des baisses de la définition, mais les séquences diurnes sont lumineuses et profitent le plus de cette promotion HD. La copie a vraisemblablement quelques heures de vol et cela commence à se ressentir.

La version originale (aux sous-titres français non imposés) est la seule proposée ici. L’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont conséquents, le rendu musical ample et l’ensemble propre, sans aucun souffle.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount Pictures / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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