
MONAMOUR réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 février 2025 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Anna Jimskaia, Nela Lucic, Riccardo Marino & Max Parodi…
Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani & Massimiliano Zanin
Photographie : Andrea Doria
Musique : Heron Borelli, Francesco Gualerzi & Lucio Boiardi Serri
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 2005
LE FILM
Marta n’est plus satisfaite par les relations intimes partagées avec son mari, Dario. D’autant plus que ce dernier se consacre à plein temps au salon de la littérature de Mantoue. Elle croise alors le chemin de Léon, jeune artiste français, avec lequel elle s’emploie à satisfaire ses moindres désirs érotiques…

Même si le maestro est encore parmi nous aujourd’hui et vient d’ailleurs de fêter ses 92 printemps, Monamour demeure le dernier long-métrage de Tinto Brass. Sorti directement dans les bacs en 2005, ce dernier baroud d’honneur du réalisateur de Fallo !, Transgression, Le Voyeur, La Clé, Monella – Lola la frivole, Salon Kitty et Miranda montrait à quel point celui-ci était toujours vert et animé par ses obsessions. À l’instar du dénommé Claudio, séducteur que vous connaissez sans doute pour ses punchlines du genre « Je pense que chaque journée sans femme est une journée de perdue » ou bien encore « J’adore la vie, je suis un jouisseur et j’aime la vie du matin au soir et du soir au matin », l’amico Tinto n’a jamais pu s’empêcher de filmer les charmantes donzelles dans le plus simple appareil. Dans Monamour, titre tout attaché et faisant référence à l’amant français du film, le cinéaste, qui adapte ici un roman d’Alina Rizzi (Amare Leon), s’intéresse une fois de plus au désir, féminin et masculin, en indiquant que les femmes veulent que les hommes les prennent, pas qu’ils les comprennent. Sur ce postulat, il livre une radiographie des rapports humains, en se concentrant sur un couple, non pas en manque d’amour, mais en manque de plaisir, surtout pour la jeune femme. Là-dessus, l’adultère et la jalousie s’en mêlent, ravivant le désir et la bestialité propres à chaque être humain. Monamour est un peu bavard, mais que les fans se rassurent, Tinto Brass ne les a jamais trahis et son ultime film (à ce jour, qui sait…) saura contenter leurs instincts primaires en ébullition.



Dario, un petit éditeur milanais, se rend au festival de la littérature de Mantova accompagné de sa femme Marta. Totalement insatisfaite, celle-ci part visiter seule le Palazzo tandis que son mari est débordé de travail. Sous la fresque de Giulio Romano représentant le pénis de Jupiter en érection, elle rencontre Léon, un photographe français. C’est le coup de foudre immédiat. Les deux amants exercent leurs ébats amoureux un peu partout. Mais cette liaison ne restera pas sans conséquence dans la relation entre Marta et Dario…


Commençons par le principal, autrement dit l’actrice principale de Monamour. Cette blonde aux yeux bleus étincelants répond au nom d’Anna Jimskaya, née en Ouzbékistan, alors âgée de 26 ans, ici dans sa première apparition au cinéma. Tinto Brass n’attend pas longtemps pour dévoiler son corps à l’écran, ce qu’il fait dès la fin du générique, soit 105 secondes exactement. Le spectateur mâle ou femelle, est particulièrement gâté d’entrée de jeu et la belle Anna s’impose d’emblée comme l’une des créatures les plus sexy de toute la filmographie du réalisateur, la comédienne bénéficiant en plus des scènes parmi les plus chaudes concoctées par le Tinto Brass. Elle s’en sort plutôt bien dans les scènes dramatiques et son charisme, qui rappelle parfois étrangement Loana, est bien mis en valeur par le directeur de la photographie Andrea Doria, cameraman sur Transgression et Fallo !, promu chef opérateur sur cet opus et qui doit faire alors avec les moyens limités mis à sa disposition et un tournage en numérique.


Si effectivement la patine 35mm manque cruellement et faisait indéniablement partie de la réussite plastique de ses œuvres précédentes, le cinéaste s’en sort bien et sait toujours filmer celles qui se livrent corps et âme à sa caméra. La gent féminine est aussi représentée par la magnifique Nela Lucic, avec laquelle Anna Jimskaya partage un beau moment au salon de massage, où les employées sont d’ailleurs très consciencieuses. Comme à son ha-bite-ude, Tinto Brass flirte avec la pornographie en plaçant sa distribution dans quelques situations gratinées, saupoudrées de gros plans très limites, comme si le metteur en scène voulait sonder l’âme de ses congénères, non pas dans leur tête, mais dans quelques orifices qui remplissent l’écran.


Tout cela pour essayer de comprendre pourquoi une femme fraîchement mariée n’arrive plus à atteindre l’orgasme avec son mari (Max Parodi, déjà vu chez Tinto Brass), au point de le trouver ennuyeux, fade, banal et certaine d’avoir perdu tout enthousiasme, toute la surprise, le plaisir et la folie d’avant. Le rêve et le fantasme deviennent un moyen pour remédier à tout cela, mais Marta se rend vite compte que les doigts et surtout la b*te d’un autre sont les moyens les plus efficaces. Ceux-ci débarqueront très vite dans sa vie (et ailleurs aussi) via un photographe venu de l’autre côté des Alpes et qui comme le chante si bien Herbert Léonard dans sa chanson Tu ne pourras plus jamais m’oublier, ira au bout de ses tabous passés et osera ce qu’elle n’a jamais osé. Marta pourra donc enfin oublier sa vie sexuelle terne et prévisible.


Monamour est un film comme on n’en fera plus, impossible, symbolique d’un temps où la liberté créatrice et créative était reine, sans limite, où les « sensibles » n’avaient pas encore envahi les réseaux sociaux, où ils trônent et dirigent (le croient-ils et l’espèrent-ils) tout et tout le monde. Redécouvrir Tinto Brass en 2025 ne plaira sûrement pas à tout le monde et pourtant, cette fraîcheur et ces corps féminins sublimes filmés en gros plans font un bien fou.



LE BLU-RAY
Pour la première fois en France, Monamour et Le Voyeur de Tinto Brass sont présentés en Haute-Définition et rejoignent les autres titres (chroniqués par nos soins) disponibles dans la collection consacrée au réalisateur chez Sidonis Calysta. Monamour était auparavant sorti en DVD chez Tiffany (en 2008), avant d’être réédité en 2013 chez Bach Films. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

Dans un premier temps, Jean-François Rauger nous présente Monamour (13’20). Le directeur de la programmation à la Cinémathèque française dissèque surtout les thèmes, pour la dernière fois abordés par Tinto Brass dans ce qui restera sans doute son dernier long-métrage. Les rapports du cinéaste à la littérature, le sujet de la jalousie (« le meilleur des aphrodisiaques pour Tinto Brass »), la sortie limitée et en DVD de Monamour en 2005, alors refusé à la Mostra de Venise, sont aussi les points mentionnés.

Le second supplément est un making of d’époque (16’), composé de nombreuses de tournage et d’interviews diverses. L’occasion de voir Tinto Brass à l’oeuvre avec ses comédiens, mimer toutes les scènes de sexe, n’hésitant pas pour cela à mettre la main là où il le faut, avec toujours le cigare au bec. Le point cul-minant reste l’équipe affairée autour du phallus artificiel de l’acteur principal, Tinto Brass demandant à ses maquilleurs de rajouter du rouge à lèvres sur le gland en latex fièrement dressé. De son côté, Anna Jimskaya déclare être ravie de montrer ses charmes à l’écran, afin de faire profiter les spectateurs de « ce qu’il y a de plus beau ».











L’Image et le son
Ce master s’avère plus soigné que celui du Voyeur. Peu étonnant, car Monamour date de 2005 et s’avère tourné en HD. Sidonis restitue les partis-pris esthétiques originaux à travers ce Blu-ray au format 1080p. Un petit lifting numérique a vraisemblablement été effectué et le résultat est probant. Les détails sont appréciables sur les gros plans des actrices, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie spécifique retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. L’ensemble est propre, stable.

Les versions italiennes et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française (au doublage sympathique) dont l’écoute demeure correcte, mais qui ne vaut évidemment pas la piste originale riche, vive, propre et aérée. Dans les deux cas, le souffle se fait discret et la musique bénéficie d’une jolie restitution. Plus anecdotique, l’éditeur joint également un remixage italien 5.1 qui n’apporte rien ou pas grand-chose par rapport à la Stéréo, si ce n’est quelques ambiances extérieures.



Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr