Test Blu-ray / Les Survivants, réalisé par Guillaume Renusson

LES SURVIVANTS réalisé par Guillaume Renusson, disponible en DVD et Blu-ray le 4 mai 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Denis Ménochet, Zar Amir-Ebrahimi, Victoire Du Bois, Oscar Copp, Luca Terracciano, Raphaël Ferret, Roxane Barazzuol, Valentine Atlan…

Scénario : Guillaume Renusson & Clément Peny

Photographie : Pierre Maillis-Laval

Musique : Rob

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Samuel part s’isoler dans son chalet au cœur des Alpes italiennes. Une nuit, une jeune femme se réfugie chez lui, piégée par la neige. Elle est afghane et veut traverser la montagne pour rejoindre la France. Samuel ne veut pas d’ennuis mais, devant sa détresse, décide de l’aider. Il est alors loin de se douter qu’au-delà de l’hostilité de la nature, c’est celle des hommes qu’ils devront affronter.

Attention, film choc, premier essai et premier coup de maître pour Guillaume Renusson, qui n’avait dirigé que deux courts-métrages avant de signer Les Survivants. Un projet né à partir de l’écriture d’une seule scène avec son co-scénariste Clément Peny (Maestro(s)), celle d’un homme donnant la carte d’identité de sa femme décédée à une réfugiée pour lui permettre d’essayer de passer une frontière. De là sont nés des enjeux, sociaux et politiques, qui ont conduit à la création du personnage de Samuel, puis à celui de Chehreh…Les Survivants questionne forcément des sujets brûlants d’actualité, mais sans marteler un message pour se donner bonne conscience et en offrant avant tout un vrai et grand film de cinéma, magnifiquement photographié Pierre Maillis-Laval (qui avait Le Grand silence de Sergio Corbucci comme inspiration), excellemment mis en scène et surtout porté par deux comédiens exceptionnels, Denis Ménochet et Zar Amir Ebrahimi, assurément l’un des tandems les plus marquants de l’année 2023.

Ce qui a également nourri l’histoire des Survivants, c’est l’expérience personnelle de Guillaume Renusson, qui étudiant avait sourenu une famille qui arrivait d’Angola, une femme veuve et ses deux enfants, qu’il avait aidé dans les démarches administratives, tout en accompagnant les petits en soutien scolaire. Plus tard, il réalisait des courts-métrages dans une association, avec des exilés. Il n’en fallait pas plus pour Guillaume Renusson pour réunir tous ces éléments pour Les Survivants, qui s’apparente à un western mâtiné de survival, particulièrement immersif, dans lequel les trois chasseurs à la recherche de Chehreh, interprétés par Victoire du Bois (vue dans Call Me By Your Name et Novembre, réellement flippante), Oscar Copp (Ténor, La Fête est finie) et Luca Terracciano (la série Squadra criminale) seraient des bandits ayant pour mission de débarrasser la frontière alpine des migrants qui auraient l’outrecuidance de passer sur leur territoire. Mais c’était sans compter sur la force et la résistance d’un lonesome cowboy, en l’occurrence Samuel.

Cet homme brisé et en reconstruction, tant physique que mentale, après avoir perdu son épouse dans un accident de la route, père d’une petite fille, entreprend de retourner au chalet, paumé dans les montagnes italiennes, où il avait l’habitude de se rendre avec celle qu’il aimait. Une nuit, il entend le carreau de la fenêtre se briser et découvre une femme afghane, chichement vêtue, baskets aux pieds, qui a trouvé refuge chez lui. Malgré les premières réticences, Samuel accepte de l’aider et de l’accompagner à la frontière française, mais les trois nationalistes et leur chien se lancent à leur poursuite. C’est là que Les Survivants prend aussi l’allure d’un film d’horreur, marqué par une violence implacable, où les trois salopards ressemblent à des bêtes assoiffées de sang qui ne reculeront devant rien pour pouvoir mettre la main sur leur proie traquée dans la neige. Si Denis Ménochet crève l’écran une fois de plus après As bestas de Rodrigo Sorogoyen (Goya du meilleur acteur) et Peter von Kant de François Ozon (pour lequel il a été nommé aux César), sa partenaire, l’actrice, productrice et réalisatrice franco-iranienne Zar Amir Ebrahimi, confirme tout le bien que l’on pensait d’elle depuis Les Nuits de Mashhad d’Ali Abbasi, pour lequel elle avait remporté le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes en 2022.

Le spectateur se cramponne à son siège du début à la fin, jusqu’au point d’orgue du règlement de compte dans la station vidée de ses habitants et des touristes. La musique, pourtant superbe de Robin Coudert ou Rob pour les intimes (Les Enfants des autres, Et les Mistrals Gagnants,Belle épine), s’interrompt et toute la séquence repose sur les silences aussi pesants qu’inquiétants, quand soudain la brutalité jusqu’alors retenue explose, dans un corps à corps sanglant. Indéniablement LA scène dont on se souviendra longtemps et qui reste d’ailleurs en tête encore après la projection, tout comme un fabuleux plan-séquence qui laisse pantois quant à la maîtrise technique du jeune réalisateur.

Avec son visage fermé, ses yeux bleus étincelants de sensibilité qui contrastent avec sa carrure d’armoire à glace, Denis Ménochet s’impose à nouveau dans le peloton de tête des plus grands comédiens français de ces dernières années et livre une prestation qui restera.

LE BLU-RAY

Grosse année pour Ad Vitam, qui prend cette fois encore sous son aile un des meilleurs films de l’année. Les Survivants est désormais disponible en DVD et Blu-ray. Le menu principal est animé et musical.

En guise de suppléments, l’éditeur nous propose les deux formidables et troublants courts-métrages de Guillaume Renusson, à savoir Après les cours (2014) et La Nuit, tous les chats sont roses (2015).

Le premier se focalise sur Gérald (Solal Forte, vu dans Au nom de la terre), élève en internat, un adolescent réservé et asthmatique. Un soir, il prend la décision de suivre la bande de Théo (Ernst Umhauer, révélation de Dans la maison de François Ozon), celui qui partage sa chambre, pour essayer le jeu auquel ils s’adonnent en secret la nuit avec Lucie (Alice Isaaz).

Le second est cette fois centré sur une adolescente, Alice (l’excellente Roxane Duran), dix-sept ans, peu à l’aise avec son corps. Alors qu’elle s’apprête à passer un entretien pour un stage, sa mère l’oblige, la veille, à troquer ses vêtements trop larges contre un ensemble jupe tailleur cintré. Alice s’emporte et sort de chez elle pour prendre l’air. Et puis, elle rencontre Lola (Loïc Corbery).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Que dire si ce n’est que nous nous trouvons devant une remarquable copie HD des Survivants. Dès la première séquence, ce Blu-ray en met plein la vue et permet d’apprécier la superbe photographie ainsi que les extraordinaires paysages naturels. Le piqué est constamment ciselé, la luminosité chronique (mention spéciale à la neige immaculée) et les détails omniprésents aux quatre coins du cadre large. Les contrastes affichent également une solidité à toutes épreuves sur les scènes nocturnes et diurnes, le relief est indéniable, la colorimétrie est glacée à souhait et la profondeur de champ abyssale. Un disque de très grande classe.

On peut d’abord demeurer perplexe devant le mixage anglais DTS-HD Master Audio 7.1. Et puis vient l’enivrante spatialisation musicale qui permet de jouir de la superbe composition sur tous les points d’écoute. Aucun effet superflu à l’horizon, les ambiances naturelles et effets annexes bénéficient d’un usage probant des enceintes latérales. Les dialogues sont solidement plantés sur la centrale. La version Stéréo est aussi disponible, ainsi que les sous-titres français pour le public sourd et malentendant, sans oublier une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ad Vitam / Les Films Velvet – Baxter Films – Pierre Maïllis-Laval / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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