LES RESCAPÉS DU FUTUR (Futureworld) réalisé par Richard T. Heffron, disponible en DVD et Blu-ray le 3 novembre 2020 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Peter Fonda, Blythe Danner, Arthur Hill, Yul Brynner, John P. Ryan, Stuart Margolin, Allen Ludden, Robert Cornthwaite…
Scénario : Mayo Simon & George Schenck
Photographie : Gene Polito & Howard Schwartz
Musique : Fred Karlin
Durée : 1h47
Date de sortie initiale : 1976
LE FILM
Deux ans après le massacre de ses visiteurs par les cyborgs, le parc de loisirs futuristes de Delos rouvre ses portes. Entre du ski sur Mars et une immersion dans le monde des Tsars, les attractions rivalisent de prouesses technologiques, animées par des robots toujours plus perfectionnés. Deux journalistes y découvrent cependant que même les employés sont des machines, clones parfaits des humains. Et c’est bientôt leur propre double que les reporters rencontrent, preuve qu’une main invisible prépare, dans les entrailles de Dalos, le remplacement des grands de ce monde par leur reproduction à l’identique…
Si Michael Crichton (1942-2008) l’a décliné, Les Rescapés du futur – Futureworld est la suite directe de Mondwest – Westworld, qui marquait les débuts derrière la caméra de l’auteur mythique de La Grande Attaque du train d’or, Soleil levant, Jurassic Park, Harcèlement, Sphère et Le 13e Guerrier. Le premier volet se distinguait par un scénario malin et un décor soigné, mais ce que les cinéphiles retenaient avant tout de ce premier coup d’essai était la participation du grand Yul Brynner dans la peau de l’androïde quasi-mutique, l’impitoyable Gunslinger, le cowboy-robot, pour lequel le comédien reprenait son costume des 7 Mercenaires – The Magnificent Seven de John Sturges, qu’il arborait treize années auparavant. Les producteurs des Rescapés du futur s’en sont souvenus et n’ont pas hésité à mettre le nom de l’acteur en haut de l’affiche, ainsi que son visage légendaire, alors que celui-ci ne fait qu’un caméo muet de deux minutes, dans la scène la plus stupide du film qui plus est. Il s’agira de la dernière apparition au cinéma de Yul Brynner. Cet argument publicitaire aura longtemps attisé la colère des spectateurs. Cela est d’autant plus frustrant que l’on se retrouve face à une séquelle mou du genou, qui ne tient même pas ses promesses d’emmener ses personnages et donc le public dans un monde futuriste, en dehors de quelques scènes vite expédiées, puisque le reste de l’intrigue se déroule dans des couloirs remplis de tuyaux et de fumée. Futureworld est une suite ratée, avec une mise en scène transparente signée Richard T. Heffron (1930-2007) qui renvoie souvent à celle d’un épisode de série télévisée des années 1970, tout juste sauvée par l’interprétation de la toujours géniale et trop souvent oubliée Blythe Danner (la femme de Robert De Niro dans la trilogie Mon Beau-père…), tandis que Peter Fonda a l’air de s’endormir à ses côtés.
En 1985, Chuck Browning (Peter Fonda) voit un certain Frenchy LaPorte (Ed Geldart), qui l’avait contacté, mourir devant lui en prononçant le mot « Delos ». Le reporter avait couvert deux ans plus tôt le massacre des touristes par les robots dans ce centre de loisirs futuriste. Ayant rouvert le centre, modernisé et agrandi, le docteur Duffy (Arthur Hill) invite Browning et sa collègue Tracy Ballard (Blythe Danner) pour juger impartialement. D’autres hôtes prestigieux arrivent simultanément. Le général russe Karnovsky (Bert Conroy) et son épouse (Dorothy Konrad) sont plongés dans le monde hypnotique des tsars. Venu de Chine avec son assistant (Dana Lee), M. Takaguchi (John Fujioka) est défié par un chevalier saxon puis joute dans le monde médiéval. Quant à John Thurlow (Jim Antonio), le gagnant d’un jeu télévisé, il part skier sur Mars.Après un simulacre de voyage en navette spatiale, Chuck et Tracy arrivent à Future-Monde. Guidés par Duffy, ils découvrent le centre de contrôle, dorénavant dirigé par des robots (les très évolués modèles 700) pour éviter toute erreur humaine. Déjà observés à leur insu depuis leur arrivée, les invités de marque sont drogués, puis la nuit secrètement opérés, scannés et analysés. Au réveil, Chuck et Tracy furètent dans les sous-sols, où les modèles 400 restent insensibles à leur présence. Poursuivis par trois hologrammes yakusa de Monde-Est, ils sont « sauvés » par Harry (Stuart Margolin), un technicien séjournant dans le souterrain avec son robot « Clark » (James M. Connor). Présent depuis la première inauguration, il connaissait Frenchy. Dans son dernier soupir, celui-ci avait remis à Browning une enveloppe contenant de nombreuses coupures sur des personnalités invitées à Delos depuis la réouverture. Sur l’invitation du docteur Schneider (John P. Ryan) qui les a surpris en sous-sol, Tracy accepte l’enregistrement vidéo de son rêve que Chuck regarde. Dans ce songe, elle est sauvée et séduite par l’ancien robot tueur de Mondwest (Yul Brynner). Avec l’aide de Harry, les reporters s’introduisent dans une zone réservée aux mouvements. Ils découvrent ainsi des robots, duplicata parfaits de Karnovsky, de Takaguchi… et d’eux-mêmes.
Il y a de bonnes idées dans Les Rescapés du futur, gentil film de science-fiction, qui flirte souvent avec la série Z, mais sans s’y vautrer vraiment grâce à quelques petites trouvailles sympathiques ici et là. C’est le cas du jeu d’échecs « vivant » ou le match de boxe où les deux adversaires-robots enfermés dans une cabine, peuvent être incarnés par deux personnes à l’extérieur en simulant les coups en plaçant leurs poings dans des emplacements prévus à cet effet. Futureworld reste également connu pour être le premier long-métrage à avoir recours aux images de synthèse, utilisées ici pour illustrer l’enregistrement du visage et de la main de Chuck, qui seront reproduits sur la version robotisée du journaliste. Peter Fonda devient ainsi le premier comédien à voir une partie de son corps modelisée en 3D pour un film. Pour l’anecdote, on doit ces effets spéciaux numériques à Ed Catmull, l’un des fondateurs du studio d’animation Pixar, qui sera également président de Walt Disney Feature Animation en 2006.
Les scénaristes Mayo Simon (L’Ombre du passé de Ronald Neame, Les Naufragés de l’espace de John Sturges et surtout du merveilleux Phase IV de Saul Bass) et George Schenck (qui deviendra le producteur de la série NCIS: Enquêtes spéciales) auraient pu tomber dans la facilité et se contenter d’un simple copier-coller, ce qui étrangement n’est pas le cas. Certes, leur récit se tient mal et manque singulièrement de rythme, mais Les Rescapés du futur prolonge l’univers installé par Michael Crichton dans Mondwest. Dommage que la direction artistique soit médiocre et que le charme du premier opus manque à l’appel. Thriller de science-fiction, Futureworld n’arrive pas à la cheville de Westworld. A noter que les bonnes idées glanées dans le film seront plus ou moins reprises dans la série télévisée éphémère Beyond Westworld en 1980 (ainsi que dans The Island de Michael Bay, mais c’est une autre histoire), qui faute d’audience n’ira pas plus loin que cinq épisodes. Depuis, J.J. Abrams et Jonathan Nolan sont revenus à Westworld avec l’adaptation télévisée du premier film, diffusée sur la chaîne HBO, avec un résultat aussi prétentieux que soporifique.
LE BLU-RAY
Après une première édition en DVD chez Aventi Distribution en 2004, Les Rescapés du futur avait fait son comeback en édition Standard chez Sidonis Calysta en 2014. Il aura donc fallu attendre six ans pour que le film de Richard T. Heffron soit disponible en Haute-Définition, toujours chez Sidonis, avec un visuel mettant toujours en avant le visage de Yul Brynner, qui rappelons-le n’apparaît que deux minutes dans Futureworld. Le menu principal est animé et musical.
A l’occasion de cette sortie en Blu-ray, l’éditeur reprend tout d’abord le module intitulé Le Futur selon Michael Crichton (24’), écrit par Marc Toullec et présenté par Christophe Champclaux, dont la récente disparition nous a vraiment bouleversé chez Homepopcorn.fr…Dans cet excellent documentaire, vous saurez tout sur Mondwest – Westworld de Michael Crichton, avec en sus quelques images de tournage et même des interviews du réalisateur, ainsi que de Yul Brynner, réalisées sur la plateau ! Dans ces interviews croisées, les deux hommes reviennent sur la genèse du film, sur le personnage du robot-pistolero qui a tant marqué les spectateurs. Puis, gros plan sur la mise en route, le tournage et la sortie des Rescapés du futur, sur l’histoire, les personnages, le casting, l’apparition de Yul Brynner et les effets spéciaux. Ensuite, Christophe Champclaux évoque la série éphémère Beyond Westworld, qui en dépit de critiques favorables, n’a pas réussi à trouver son public et s’est vue stoppée au bout de cinq épisodes seulement en 1980. Au cours de cette présentation, on y parle aussi d’un remake avorté, qui aurait été réalisé par Tarsem Singh (The Cell), avec Arnold Schwarzenegger. Chose amusante, quand on sait que le comédien autrichien s’était inspiré du jeu de Yul Brynner pour créer le Terminator dans le film éponyme de James Cameron. Enfin, Christophe Champclaux parle de la nouvelle série télévisée produite par J.J. Abrams et écrite par Jonathan Nolan, un projet qui remonte à 2008 et qui à l’heure où le segment était réalisé, n’avait toujours pas été officialisé. Il faudra pour cela attendre 2016.
S’ensuit un documentaire « hommage » à Yul Brynner, intitulé « Yul Brynner, l’homme qui devint roi » (58’), déjà disponible sur le Blu-ray des Boucaniers. Réalisé en 1995 et proposé ici en version française (comprenez donc une voix à la « téléshopping » superposée sur celle des intervenants), ce film donne la parole aux enfants du comédien, à certains grands noms du cinéma qui l’ont côtoyé sur le plateau ou dans la vie comme les acteurs Eli Wallach et Rita Moreno, ou bien encore les réalisateurs John Frankenheimer et Jack Lee Thompson. Composé également d’extraits des films les plus célèbres de Yul Brynner, ce documentaire quelque peu vieillot dans sa facture, ne propose rien de vraiment original.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Voici probablement le gros raté de ce mois de novembre 2020…Ce n’est pas qu’on attendait grand-chose du master HD des Rescapés du futur, mais le résultat est quand même largement en dessous de la moyenne. La copie reste marquée par des poussières et des rayures diverses, la première bobine est la plus endommagée avec des fourmillements et une définition médiocre, et qui le restera d’ailleurs jusqu’à la fin. Rares sont les scènes qui profitent de cette promotion HD, seules celles tournées en extérieur en fait. Les couleurs sont fades, les noirs peu profonds, les détails aux abonnés absents avec un piqué complètement émoussé et de nombreux plans paraissent flous. Les séquences sombres sont donc les plus mal loties, et manque de bol, elles sont légion dans Les Rescapés du futur. Reste la texture argentique, bien présente, mais souvent mal gérée et aléatoire.
La version française s’en tire pas trop mal, avec une bonne dynamique et un bon report de la musique, même si le mixage laisse comme bien souvent trop de place aux voix des comédiens, par ailleurs mythiques puisqu’on y reconnaît celles de Claude Bertrand, Francis Lax, Bernard Murat, Marc Cassot et Roger Crouzet. La piste anglaise est mieux équilibrée, solide, claire. Les sous-titres français ne sont pas imposés.