Test Blu-ray / Le Passage de Santa Fe, réalisé par William Witney

LE PASSAGE DE SANTA FE (Santa Fe Passage) réalisé par William Witney, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 18 septembre 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Slim Pickens, John Payne, Anthony Caruso, Faith Domergue, Rod Cameron, Irene Tedrow, George Keymas, Leo Gordon…

Scénario : Lillie Hayward, d’après une nouvelle de Heck Allen

Photographie : Bud Thackery

Musique : R. Dale Butts

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Sa réputation d’éclaireur mise à mal par les conséquences tragiques de la trahison du chef indien Satank, Kirby Randolph bénéficie d’une seconde chance offerte par Jess Griswold. Sur des centaines de kilomètres en territoire hostile, il accepte d’escorter avec son ami Sam Beekman un convoi de munitions et d’armes destinées à des insurgés mexicains. Si sa haine des Indiens s’estompe progressivement au contact d’Aurélie, une jolie métisse d’abord très méfiante à son égard, elle renait dès qu’apparaissent Satank et sa tribu. Leur confrontation est inévitable…

Au cours de notre périple cinématographique, nous avons déjà eu affaire au réalisateur William Witney (1915-2002), spécialiste du western et du film de cape et d’épée, bien connu des amateurs des histoires du Far West sur grand écran. Méconnu en France, il demeure encore une véritable institution outre-Atlantique, notamment pour ses trois collaborations avec le légendaire Audie Murphy (La Fureur des Apaches, Représailles en Arizona, 40 fusils manquent à l’appel), mais pas que. Le cinéaste a contribué à rendre le genre extrêmement populaire dans le monde, grâce à un savoir-faire exceptionnel derrière la caméra, une direction d’acteurs toujours remarquable, des tournages qui privilégiaient les décors naturels, un sens inouï du montage, rendant les affrontements, les cascades, les gunfights, les poursuites aussi passionnants qu’extrêmement efficaces. C’est une fois le cas pour Le Passage de Santa FeSanta Fe Passage, production de la Republic Pictures qui sort en cette belle année 1955 pour le western, qui voit aussi se succéder dans les salles L’Homme de la plaine et La Charge des Tuniques Bleues d’Anthony Mann, L’Homme qui n’a pas d’étoile de King Vidor, Le Souffle de la violence de Rudolph Maté, Le Fleuve de la dernière chance de Jerry Hopper, À l’ombre des potences de Nicholas Ray, Le Bandit d’Edgar G. Ulmer et tellement d’autres. Le western est bel et bien toujours là et attire les plus grands metteurs en scène. Le Passage de Santa Fe peut se targuer d’avoir traversé 70 ans sans prendre de rides et le film de William Witney reste un très grand spectacle, qui condense action, émotion, humour en 90 minutes montre en main, en ne laissant aucun répit, tant aux personnages qu’aux spectateurs. Immanquable !

Kirby Randolph est un éclaireur chevronné qui en vient à détester tous les Indiens après avoir été trahi par un chef Kiowa nommé Satank, dont le massacre a fait de nombreuses victimes et ruiné sa réputation. Kirby et son partenaire Sam Beekman se voient proposer du travail par Jess Griswold, convaincu qu’un homme mérite une seconde chance. Kirby exige immédiatement qu’une vieille Indienne, Ptewaquin, soit expulsée du convoi, mais une femme plus jeune, Aurelie St. Clair, refuse de se séparer d’elle. Le convoi transporte une cargaison de munitions destinée aux soldats mexicains. L’antagonisme entre elle et Kirby se transforme en attirance mutuelle après que Kirby ait héroïquement sauvé plusieurs vies sur la piste. Jess, qui aime aussi Aurélie, cherche la bagarre avec Kirby en lui révélant que la jeune fille est une « métisse ». La haine et le ressentiment éclatent alors, mettant en péril l’avenir de l’expédition.

Voilà un modèle de scénario, ou comment réunir tous les archétypes, les malaxer, les triturer, pour en faire ressortir un goût nouveau susceptible de plaire au plus grand nombre de spectateurs. Le Passage de Santa Fe est écrit par Lillie Hayward, immense scénariste dont on retrouve le nom associé à des œuvres aussi célèbres que L’Assassin sans visage de Richard Fleischer, Ciel rouge de Robert Wise, L’Heure de la vengeance de Lesley Selander, et qui a aussi officié pour la maison Disney. Elle adapte ici une nouvelle de Heck Allen (L’Or de Mackenna, Le Géant du Grand Nord, La Vengeance du shérif), dont l’histoire rappelle celles du genre que l’on demandait le soir avant de s’endormir, avant de rêver qu’on était le protagoniste principal du récit.

Dans Le Passage de Santa Fe, le premier rôle est attribué à au génial John Payne, tronche de cinéma qui n’est pas sans rappeler Dean Martin et Gene Kelly, comédien vu chez Allan Dwan (Deux rouquines dans la bagarre, Quatre étranges cavaliers), Phil Karlson (Le Quatrième homme), George Seaton (Miracle sur 34ème rue)…Très demandé par les réalisateurs depuis la fin des années 1930, l’acteur est alors dans sa période western avec Colorado SaloonThe Road to Denver de Joseph Kane et Le Bagarreur du TennesseeTennessee’s Partner d’Allan Dwan qui sortent à quelques mois d’intervalle et porte merveilleusement bien sur ses épaules carrées Le Passage de Santa Fe. Il apporte à son personnage, une formidable ambiguïté par son racisme violent envers les Indiens et les métis, même si l’on comprend très vite que Kirby changera d’opinion en rencontrant Aurélie (la magnifique Faith Domergue, vue dans Le Monstre vient de la mer de Robert Gordon, Les Survivants de l’infini de Joseph M. Newman, Duel sans merci de Don Siegel), dont il tombe amoureux au premier regard et dont il ignore les origines indiennes. Mais un homme se met en travers son chemin, Jess (Rod Cameron, La Fille de Belle Starr, Les Écumeurs des Monts Apaches), le grand boss du convoi, qui a jeté son dévolu sur Aurélie et qui ne compte pas la laisser à Kirby.

Tourné en TruColor par Bud Thackery (L’Homme en fuite de Don Siegel), Le Passage de Santa Fe fera le bonheur des cinéphiles à la recherche de pépites cachées ou oubliées du septième art.

LE BLU-RAY

Inédit en DVD et en Blu-ray en France, Le Passage de Santa Fe débarque dans les deux formats chez Sidonis Calysta, dans la collection Silver. Très beau visuel, tiré d’une affiche d’exploitation d’époque. Le menu principal est animé et musical. Cette édition Combo contient aussi un livret rédigé par Jean-François Giré (24 pages), qui n’a pas été mis à disposition pour cette chronique.

Noël Simsolo est seul en piste dans cette section bonus. L’historien du cinéma présente Le Passage de Santa Fe en partageant quelques anecdotes personnelles liées à sa très jeune cinéphilie, dans les années 1950, où il fréquentait les cinémas de Lille avec sa mère. Durant un petit quart d’heure, Noël Simsolo évoque les serials qui faisaient la joie des spectateurs dans les années 1930, mais qui ont disparu petit à petit de la première partie des programmes. Il parle ensuite de William Witney, qui était un spécialiste du genre et se souvient avoir vu Le passage de Santa Fe à sa sortie. Noël Simsolo réhabilite ce réalisateur méconnu chez nous, mais dont la qualité des films est encore aujourd’hui louée par la critique, y compris par Quentin Tarantino, qui s’était exprimé sur le cinéaste avec Bertrand Tavernier. « Un metteur en scène qui arrive toujours à faire quelque chose de formidable avec peu, un grand directeur d’acteurs » dit l’invité de Sidonis, qui aborde aussi la carrière de John Payne et de quelques autres membres de la distribution.

L’Image et le son

Il semblerait que ce Blu-ray du Passage de Santa Fe soit une exclusivité française ! Et ce master HD s’en sort très bien, en dehors de quelques baisses de la définition, de rayures verticales et de raccords de montage encore visibles. Autrement, la propreté et la stabilité de la copie sont éloquentes, les détails (à l’instar de la sueur sur les visages) sont nets et précis, la texture argentique préservée et bien gérée, le TruColor (concurrent du Technicolor) fait son effet et les contrastes sont au beau fixe. Voilà de quoi ravir les fans de William Witney.

Le film est disponible en version originale ainsi qu’en version française DTS HD Master Audio mono d’origine. Sans surprise, la piste anglaise l’emporte haut la main sur son homologue, surtout du point de vue homogénéité et précision des effets sonores, sans aucun souffle. Le doublage de la piste française est quelque peu dépassé, les dialogues et les ambiances étant par ailleurs très sourds, tandis qu’un léger bruit de fond se fait parfois entendre. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue se fait via le menu contextuel.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount Pictures / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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