LE BISON BLANC (The White Buffalo) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Charles Bronson, Jack Warden, Will Sampson, Clint Walker, Slim Pickens, Stuart Whitman, Kim Novak, John Carradine…
Scénario : Richard Sale, d’après son roman
Photographie : Paul Lohmann
Musique : John Barry
Durée : 1h37
Date de sortie initiale: 1977
LE FILM
En septembre 1874, Wild Bill Hickok, poursuivi par un cauchemar récurrent figurant un énorme bison blanc, retourne dans l’Ouest américain. Caché sous le pseudonyme de James Otis, l’homme, qui ne s’est pas fait que des amis, est bien décidé à traquer l’animal. Pendant ce temps, un énorme bison blanc fait un massacre dans un village d’indiens Oglalas. Après un long périple, Hickok entre finalement en contact avec Crazy Horse, des Oglalas, qui évoque le carnage perpétré par l’animal.
Les fans de Charles Bronson le savent, Le Bison Blanc – The White Buffalo est un film à part dans la carrière conséquente de l’acteur, un opus rare qui avait longtemps disparu des radars après son échec au cinéma en 1977. Cette seconde collaboration (sur neuf) du comédien et du réalisateur britannique J. Lee Thompson, mise en scène un an après Monsieur St. Ives et trois ans avant Capo Blanco, n’est assurément pas leur plus célèbre, mais probablement la plus singulière d’entre toutes, puisque Charles Bronson y interprète un ersatz de Capitaine Achab, qui va se lancer non pas à la recherche d’une baleine blanche, mais d’un bison blanc, présenté dès le générique comme une créature quasi-fantastique, un animal mythique qu’il ne cesse de voir dans un cauchemar prémonitoire. Une aura mystérieuse plane du début à la fin sur ce long-métrage bizarre, où les genres paraissent se fondre l’un dans l’autre et dans lequel notre ami Charley campe une figure emblématique de l’ouest américain, Wild Bill Hickcok, qui avait déjà été incarné au cinéma par Gary Cooper dans Une aventure de Buffalo Bill – The Plainsman (1936) de Cecil B. DeMille, dans Le Triomphe de Buffalo Bill – Pony Express (1953) de Jerry Hopper et même dans Little Big Man (1970) d’Arthur Penn. Le Bison Blanc est un western atypique qui se démarque très rapidement par ses effets visuels, cette fameuse bête éponyme réalisée en animatronique et montrée dans un décor presque surréaliste, mais aussi par l’apparence physique de la star, qui crée un décalage un peu à la Mystères de l’Ouest. Une belle curiosité.
Wild Bill Hickok (Charles Bronson) est hanté par un cauchemar où un monstrueux bison blanc le poursuit dans un paysage enneigé. Au même moment, un bison blanc fait son apparition dans le Dakota et sème la panique dans un village Indien, tuant l’enfant du chef sioux Crazy Horse (Will Sampson). Accablé de chagrin au point d’être nommé par les siens « Ver de terre », il doit venger la mort de sa fillette en tuant le bison blanc. De son côté, Hickok décide de trouver le monstre afin de chasser de son esprit la peur et la terreur qui le ronge. Avec l’aide d’un vieil ami trappeur (Jack Warden), et dissimulé sous le pseudonyme de James Otis, Hickok se lance à la poursuite de l’animal dans les Black Hills. Il affronte sur sa route des soldats qui veulent l’abattre, puis croise Ver de terre, qu’il devine poursuivre la même quête.
Le générique emmène le spectateur là où il s’y attendait le moins, puisque l’introduction et le générique – où trône le nom de Dino De Laurentiis, qui voulait surfer sur le raz-de-marée des Dents de la mer et qui venait de produire le remake de King Kong – font penser à un film d’heroic fantasy (belle photo de Paul Lohmann, Coffy, la panthère noire de Harlem de Jack Hill) avec ses décors en carton-pâte, ses maquettes visibles et son monstre comme qui dirait surnaturelle présentée en gros plan, la sublime partition de John Barry appuyant sans arrêt cette sensation…avant de voir le personnage de Charles Bronson se réveiller. De ce fait, les effets spéciaux rudimentaires, qui pourraient être tirés de L’Histoire sans fin de Wolfgang Petersen, sont plus « acceptables » puisqu’ils reflètent les songes de Wild Bill Hickok. Cheveux longs, étranges petites lunettes rondes et noires, le look de Charles Bronson est instantanément différent par rapport à ses films précédents. Mis sur orbite depuis son retour en grâce sur le sol de l’Oncle Sam grâce au triomphe inattendu d’Un justicier dans la ville – Death Wish (1974), succès conforté par ceux de Mister Majestyk de Richard Fleischer et du Bagarreur de Walter Hill, le comédien ne chôme pas en cette bonne année 1977, puisqu’il enchaîne les tournages de Raid sur Entebbe – Raid on Entebbe de Irvin Kershner, Un espion de trop – Telefon de Don Siegel et celui du Bison Blanc – The White Buffalo de J. Lee Thompson. Ce dernier est très apprécié par l’acteur à la moustache toujours bien brossée et l’imposera durant son époque bénie de la Cannon Films, notamment sur Le Justicier de minuit – Ten To Midnight, La Loi de Murphy – Murphy’s Law ou bien encore Le Justicier braque les dealers – Death Wish IV. Adapté d’un roman de Richard Sale (Protection rapprochée – Assassination de Peter R. Hunt), Le Bison Blanc apparaît presque hors-série dans cette longue et fructueuse association.
Durant ce western teinté de mysticisme, crépusculaire (impression renforcée entre autres par cette spectaculaire montagne d’ossements de bisons) et de fantastique, Charles Bronson se montre un peu plus concerné que d’habitude, use moins de ses pétoires, a plus de répliques et paraît plus concentré sur son jeu d’acteur. Pour l’aider, il a la chance d’avoir deux partenaires d’exception. Il y a tout d’abord Jack Warden (Les Yeux bandés de Philip Dunne, Douze hommes en colère – 12 Angry Men de Sidney Lumet, La Taverne de l’Irlandais – Donovan’s Reef de John Ford), impeccable comme toujours dans la peau de Charlie Zane, qui va accompagner Hickok dans sa quête. L’autre personnage qui s’immisce dans cette aventure, qui poursuit la sienne, mais dont le but et l’issue sont identiques à ceux des deux américains, est Crazy Horse, interprété par l’imposant Will Sampson, véritable membre de la tribu amérindienne des Creeks, connu par les cinéphiles du monde entier pour avoir incarné le Chef Bromden dans Vol au-dessus d’un nid de coucou – One Flew Over the Cuckoo’s Nest de Miloš Forman. Également à l’affiche de Josey Wales hors-la-loi – The Outlaw Josey Wales de Clint Eastwood en 1976, il tourne Le Bison Blanc la même année qu’Orca de Michael Anderson et vole toutes les scènes dans lesquelles il apparaît.
Ainsi épaulé, y compris par Kim Novak, John Carradine, Ed Lauter et Stuart Whitman, Charles Bronson donne le meilleur de lui-même dans Le Bison Blanc, son ultime western, dans lequel il n’hésite pas à montrer les fragilités de son personnage, puisque Hickok est terrifié pour la première fois de sa vie et décide d’affronter autant ses démons que cette créature qui hante ses nuits. The White Buffalo n’a eu de cesse d’être réhabilité depuis son accueil frileux.
LE BLU-RAY
Après Protection rapprochée, La Loi de Murphy, Le Justicier de minuit, Le Bagarreur, les cinq opus du Justicier dans la ville, Le Solitaire de Fort Humboldt et bien d’autres encore, Le Bison Blanc rejoint la collection Charles Bronson en Haute-Définition chez Sidonis Calysta. Le film de J. Lee Thompson faisait déjà partie du catalogue de l’éditeur depuis 2008, année de sa première édition en DVD. Le Bison Blanc bénéficie cette fois du label Édition Collection Silver Blu-ray + DVD ! Le menu principal est animé et musical.
L’éditeur reprend tout d’abord la présentation de Patrick Brion (7’) enregistrée en 2008 pour l’édition du Bison Blanc en DVD. Il y évoque surtout la carrière en dents de scie de J. Lee Thompson, et surtout son plus grand film, « son chef d’oeuvre exceptionnel », Les Nerfs à vif –Cape Fear (1962), ainsi que le méconnu L’Homme le plus dangereux du monde – The Chairman (1969), avant que le réalisateur devienne « l’homme à tout faire de Charles Bronson ». Patrick Brion n’aborde pas vraiment Le Bison Blanc, mais met en avant « la curiosité » de ce western qui surfait alors sur l’engouement des spectateurs pour les films de monstres.
Pour cette nouvelle édition, Jean-François Giré présente à son tour Le Bison Blanc (16’), de façon beaucoup plus complète et pertinente que son confrère. Un carton en introduction indique que le dénouement est révélé au cours de cette intervention. Le désormais complice de Sidonis Calysta évoque tour à tour la véritable légende amérindienne du Bison Blanc, complètement transformée pour le film, les vraies figures de Wild Bill Hickcok et Crazy Horse, la carrière du réalisateur J. Lee Thompson et sa longue collaboration avec Charles Bronson, les qualités du film malgré les entorses aux faits réels (la partie historique et sociologique, l’arrivée dans la ville minière), la fragilité des effets spéciaux, la musique de John Barry (« qui crée une angoisse supplémentaire »), les thèmes de Bison Blanc (les rapports entre les individus, le racisme, le génocide des amérindiens et des bisons).
Sidonis Calysta livre également deux documentaires, longuets et à la forme assez ennuyeuse, (surtout le second), sur les figures historiques de Crazy Horse (31’30 ) et Wild Bill Hickok (2019-43’). Le premier est constitué d’interviews des Lakotas (tribu autochtone américaine du groupe ethnique sioux) contemporains, vivant dans les Black Hills, qui reviennent sur les grandes étapes de la vie, les exploits guerriers, les défaites, qui ont fait la légende du chef amérindien de Crazy Horse.
Le deuxième documentaire est plus « emphatique », commençant par cette description de Wild Bill Hickok « Espion, héros légendaire, chef de cavalerie, soldat, éclaireur, acteur, homme de spectacle, homme de loi, joueur et mercenaire »…autant dire que ce module, présenté par Bob Terry, spécialiste du western, aura beaucoup d’éléments à aborder. Le problème, c’est sa forme, constituée uniquement de photographies d’époque platement filmées, sur un montage tout aussi linéaire. Cette succession d’événements (« certains sont vrais, d’autres faux et inventés » prévient le narrateur) qui ont fait la légende et la gloire de cet as de la gâchette, finit par lasser et nous avons eu beaucoup de mal à nous y intéresser jusqu’au bout…
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Le gros plus de ce nouveau master HD (qui semble quand même avoir quelques heures de vol) du Bison Blanc est la nouvelle clarté des couleurs, beaucoup plus convaincante que sur le DVD de 2010 et encore plus que celui de 2008. Mais en dehors de cela, même si la copie s’avère propre et stable, le résultat est en demi-teinte. Les détails manquent cruellement à l’appel, le piqué est émoussé, la gestion des contrastes aléatoire, le piqué parfois exagérément lissé et au final l’élévation HD, si l’on met face à face la copie Standard présentée il y a près de quinze ans chez Sidonis Calysta et ce Blu-ray, demeure finalement limitée. A vous de voir maintenant si repasser à la caisse est vraiment nécessaire…Blu-ray au format 1080p.
Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 Surround sont propres et distillent parfaitement la musique de John Barry. La piste anglaise (avec les sous-titres français non imposés) est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages. Au jeu des différences, la version française (au doublage excellent avec Marcel Bozzuffi et Jean-Claude Michel sont de la partie) s’avère sensiblement plus chuintante, avec certaines ambiances et d’autres effets annexes qui peinent à se faire entendre quand on compare avec la piste anglaise.