
LA HORDE SAUVAGE (The Maverick Queen) réalisé par Joseph Kane, disponible en DVD & Édition Collection Silver Blu-ray + DVD + Livret le 16 janvier 2026 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Barbara Stanwyck, Barry Sullivan, Scott Brady, Mary Murphy, Wallace Ford, Howard Petrie, Jim Davis, Emile Meyer…
Scénario : Kenneth Gamet & DeVallon Scott, d’après le roman de Zane Grey
Photographie : Jack A. Marta
Musique : Victor Young
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1956
LE FILM
Wyoming, les années 1890. Membre de l’agence Pinkerton, Jeff Young reçoit pour mission de démanteler une redoutable bande de hors-la-loi dirigée par Butch Cassidy et Sundance Kid. Sous le nom de Jeff Younger, il arrive en ville où il fait la connaissance de Kit Banion, officiellement propriétaire du saloon local, mais plus discrètement complice des bandits. S’il s’intègre à la bande, Young suscite en même temps la jalousie d’un Sundance Kid farouchement épris de Kit. Alors que se prépare l’attaque d’un train, la tension monte entre les deux hommes…

Joe Kane, de son vrai (pré)nom Joseph Kane (1894-1975) est un vieux briscard quand il entreprend La Horde sauvage – The Maverick Queen. La soixantaine installée, le réalisateur a déjà moult westerns, films noirs et autres serials à son palmarès et sa réputation n’est pas usurpée. Redoutablement efficace, l’énergie qu’il insuffle sur ses tournages (il tourne parfois jusqu’à dix films par an) se ressent dans ses films de série B et les grands acteurs se sont bousculés au portillon pour collaborer avec lui. Quelques titres ? La Rivière écarlate – King of the Pecos (1936), La Chevauchée solitaire – The Lonely Trail (1936), La Femme du pionnier – Dakota (1939) et La Belle de San Francisco – Flame of Barbary Coast (1945) avec John Wayne, Le Retour de Billy the Kid – Billy The Kid Returns (1938) et À la poursuite de Jesse James – Days of Jesse James (1939) avec Roy Rogers. Avant de terminer son illustre et prolifique carrière à la télévision avec les séries Rawhide, Bonanza et Laramie, il livre un parfait exemple de son savoir-faire avec ce western mettant en scène Barbara Stanwyck (dans un de ses derniers rôles au cinéma) et Barry Sullivan, dont le duo fonctionne parfaitement bien à l’écran. Poursuites, gunfights, histoire d’amour, infiltrations, trahisons, jalousie, attaque de train, il y a tout cela réuni en 90 minutes. Autant dire que le spectacle est garanti et que La Horde sauvage remplit toujours autant son contrat soixante-dix ans après sa sortie.



Un inconnu, se faisant appeler Jeff Young, s’invite chez Lucy Lee, une éleveuse, pour un repas et une nuit de repos, puis la sauve d’un vol. Jeff l’aide à conduire son bétail en ville, où il rencontre Kit Banion, qui tient son saloon, « La Reine Rebelle ». Kit est secrètement de mèche avec le tristement célèbre gang du Hole in the Wall Gang, dirigé par Butch Cassidy et Sundance. Jaloux, Sundance entre dans une colère noire lorsque Jeff le bat au poker et attire l’attention de Kit, qui lui propose un emploi de croupier. Il révèle alors être en réalité Jeff Younger, un parent des hors-la-loi du gang Younger, et souhaite aider Kit et ses associés dans leurs braquages.


Le pays change, les lois arrivent…
Des rebondissements et des retournements de situation, il y en a à la pelle dans La Horde sauvage, deuxième western à porter ce titre français, six ans après The Savage Horde réalisé par…ah bah tiens, Joseph Kane également, et donc treize ans avant The Wild Bunch de Sam Peckinpah. Le western qui nous intéresse aujourd’hui est le premier film réalisé selon le procédé Naturama de Republic, un procédé grand écran, et s’inspire du roman éponyme de Zane Grey (Le Mustang noir, À l’Ouest du Pecos, Les Pionniers de la Western Union), grand nom du genre. Si l’on pense en premier lieu à son aura dans le film noir, notamment dans Assurance sur la mort – Double Indemnity (1944) de Billy Wilder, Barbara Stanwyck s’est aussi fait un nom dans le western, dans lequel le costume lui va d’ailleurs à ravir. La Gloire du cirque – Annie Oakley (1935) de George Stevens, Pacific Express – Union Pacific (1939) de Cecil B. DeMille, Californie terre promise – California (1946) de John Farrow, Les Furies – The Furies (1950) d’Anthony Mann, La Reine de la prairie – Cattle Queen of Montana (1954) d’Allan Dwan et Le Souffle de la violence – The Violent Men (1955) de Rudolphe Maté. Ainsi, entre deux films de Douglas Sirk (Désir de femme et Demain est un autre jour), une collaboration avec Fritz Lang (Le Démon s’éveille la nuit), la comédienne, à l’aube de son cinquantième anniversaire, revient au western, réalise la plupart de ses cascades et trône merveilleusement sur une distribution également formidable.


C’est peu dire qu’elle s’impose facilement face à ce « monde d’hommes », incarné par Barry Sullivan (Willie Boy, La Planète des vampires, L’Affaire Winston, Les Ensorcelés, Le Prix du silence), qui reformera le même tandem avec sa partenaire dans 40 tueurs de Samuel Fuller, Scott Brady (Le Pénitencier du Colorado, Il marchait la nuit, Kansas en feu, Johnny Guitare), suintant Sundance, Wallace Ford (La Brigade du suicide, L’Homme aux colts d’or, L’Homme de la plaine), Howard Petrie (Les Affameurs, Les Rebelles), Emile Meyer (La Ronde du crime, Les Implacables), sans oublier l’étonnante Mary Murphy (L’Équipée sauvage, Junior Bonner, le dernier bagarreur), qui tire son épingle du jeu et insuffle à La Horde sauvage un parfum féministe avant l’heure.


The Maverick Queen demeure un spectacle frais et moderne, mis en scène avec élégance, magnifiquement photographié par Jack A. Marta (Duel, Cat Ballou, Quand le clairon sonnera, Les Tigres volants) en Trucolor, tourné dans de splendides décors naturels du Colorado. Le cadre est toujours rempli, l’action ininterrompue, les personnages sont attachants, le rythme mené à cent à l’heure et certains éléments annoncent même quelque part le western italien. Un vrai petit bijou sur le temps qui passe, la solitude, le rachat et la fin d’une ère.



LE BLU-RAY
Attendu le 16 janvier prochain dans les bacs français, La Horde sauvage – The Maverick Queen arrive bientôt chez Sidonis Calysta dans la collection Silver, en DVD (une première), ainsi qu’en Combo Blu-ray (une première aussi) +DVD+ Livret. Le visuel est issu d’une des affiches originales d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Un seul supplément en vidéo sur cette édition. Il s’agit d’une présentation de Noël Simsolo (15’25), qui petit à petit a pris la place de Patrick Brion, que l’on trouvait malheureusement diminué dans ses dernières apparitions. L’historien du cinéma ici présent évoque dans un premier temps la carrière de Joseph Kane, très apprécié des studios pour sa rapidité d’exécution, son efficacité qui se reflétait dans ses films et pour sa formidable entente avec les comédiens. Puis, Noël Simsolo parle des acteurs principaux, du western dans la carrière de Barbara Stanwyck, ainsi que de la filmographie de Barry Sullivan. Quelques digressions, mais cette intervention donne quelques informations bienvenues.


Notons que cette édition contient aussi un livret de 24 pages, rédigé par l’excellent Jean-François Giré, mais non fourni pour cette chronique.
L’Image et le son
La restauration de La Horde sauvage est impressionnante. Le master HD (codec AVC, 1080p)se révèle extrêmement pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent épatante (des griffures et poussières subliminales subsistent ici et là), la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Joseph Kane et ce dès la première séquence. La photo retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, avec notamment une texture argentique préservée et bien gérée.

Les versions anglaise et française sont proposées en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, mais dont les voix paraissent parfois pincées. Privilégiez forcément la version originale, évidemment plus riche, vive, propre et aérée. Dans les deux cas, pas de souffle constaté et la musique bénéficie d’une jolie restitution.



Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
