BRAVADOS (The Bravados) réalisé par Henry King, disponible en Édition Collection Silver Blu-ray + DVD + Livre le 10 août 2020 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Gregory Peck, Joan Collins, Stephen Boyd, Albert Salmi, Henry Silva, Kathleen Gallant, Barry Coe, Lee Van Cleef…
Scénario : Philip Yordan, d’après le roman de Frank O’Rourke.
Photographie : Leon Shamroy
Musique : Lionel Newman
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 1958
LE FILM
Jim Douglass arrive dans la petite ville de Rio Arriba, il souhaite assister à la pendaison qui doit se dérouler en ces lieux où la potence est en train d’être construite, celle destinée à quatre malfrats ayant tenté d’attaquer la banque, tuant par la même occasion l’un de ses employés. Suspicieux de la venue de cet étranger, le shérif interroge Jim sur ses véritables motivations et lui confisque ses armes le temps de son séjour en ville. Dans les rues de la cité, on le prend pour le bourreau venu pour exécuter les quatre prisonniers mais il détrompe vite les habitants, d’ailleurs le véritable guillotineur arrive peu après…
Bravados – The Bravados est réalisé par Henry King en 1958. Il est le réalisateur d’une centaine de films de 1915 jusqu’au début des années 1960. Il s’est surtout illustré dans le genre du western. On lui doit notamment Le Brigand bien-aimé – Jesse James, Les Neiges du Kilimandjaro – The Snows of Kilimanjaro, Tendre est la nuit – Tender Is the Night ou encore La Cible humaine – The Gunfighter. Le film dont il est question ici est un anti-western, un sous-genre aussi appelé western révisionniste. Dans les années 50, le western se renouvelle et certains scénaristes décident de ne plus systématiquement opposer les bons face aux méchants. La limite entre les deux devient plus floue. Le bon peut par exemple enfreindre la loi pour parvenir à ses fins. Bravados – The Bravados en est un parfait exemple.
Nous découvrons Gregory Peck (son cinquième film avec Henry King), en cow-boy sur son cheval, qui arrive dans une petite ville. Il se renseigne auprès des habitants pour savoir si c’est bien ici qu’aura lieu l’exécution par pendaison de quatre hommes coupables d’avoir tenté de braquer une banque, faisant une victime. D’abord pris pour le bourreau, ce mystérieux personnage nommé Jim Douglass souhaite simplement assister à la pendaison, ce qui rend les habitants perplexes et méfiants.
Avec l’aide d’un complice se faisant passer pour le bourreau, les quatre malfrats parviennent à s’évader en poignardant le shérif, quelques heures avant la sentence, profitant que tout le monde assiste à la messe du soir. Ils emmènent avec eux une jeune femme qu’ils prennent comme otage. Tout le village décide de partir à la recherche des bandits et une chasse à l’homme commence.
Jim Douglass, dont la détermination reste encore inconnue et suscite la curiosité, participe à cette chasse et aide les habitants en mettant au point une stratégie. Il connaît les techniques d’un as de la gâchette. Gregory Peck devient une sorte de Lucky Luke à la poursuite des Dalton. Il n’a qu’une seule obsession, retrouver ces malfrats afin de régler leur compte.
Le reste du film se concentre donc sur cette course. Jim Douglass, plus efficace que les autres, va retrouver la trace des criminels un à un. Le premier à mourir est Alfonso Paral, joué par un certain Lee Van Cleef (1925-1989), qui accédera à la notoriété quelques années plus tard dans les westerns de Sergio Leone. Il est Sentenza dans Le Bon, la Brute et le Truand – Il buono, il brutto, il cattivo en 1966. Il est magnifique dans cette scène où il supplie Jim Douglass de ne pas l’abattre après lui avoir tendu un piège qui a raté. A partir de cette séquence, nous comprenons que Jim Douglass sera sans pitié. Au fil de l’histoire, les spectateurs comprennent les intentions qui poussent ce personnage à agir ainsi. C’est la vengeance qui anime Jim Douglass, un thème récurrent dans les westerns. Rien ne peut l’arrêter dans sa colère. Pourtant, la fin offre une belle leçon sur ce sujet.
Bravados – The Bravados est un western qui reprend les codes classiques du genre comme la loi du talion ou la chasse à l’homme, mais dont le scénario cache une morale aussi étonnante qu’originale. Il est rare dans les westerns de retrouver ce genre de point de vue, ce qui fait de Bravados – The Bravados un film à part entière qui mérite d’être découvert après avoir été longtemps indisponible en France en support physique.
LE BLU-RAY
Le combo Blu-ray + DVD du film Bravados – The Bravados est disponible chez Sidonis Calysta. Le visuel est soigné, avec Gregory Peck, avec un revolver à la main aux côtés de Joan Collins, les bandits en dessous d’eux. Le menu est animé par des extraits du film et musical avec la bande originale. Cette édition comprend aussi un livre intitulé Les icônes du Western : Gregory Peck, écrit par Marc Toullec.
Les bonus comportent deux présentations du film dont les propos révèlent la fin, il est donc préférable de les regarder après le visionnage du long-métrage. La première est celle de Jean-François Giré (16′), un grand spécialiste du western, qui nous propose sa vision personnelle du film. A travers des extraits, il analyse le genre du western, l’histoire, les personnages, la morale du film, le jeu des acteurs, la réalisation et le montage. Les critiques de certaines séquences sont toujours intéressantes à écouter.
La deuxième présentation est celle de Patrick Brion (11′), historien du cinéma, connu pour être le présentateur de l’émission Cinéma de minuit depuis 1976. Son analyse est beaucoup plus classique, mais tout aussi intéressante. Il nous donne les informations principales sur le film, puis revient sur les westerns de l’époque, les thèmes abordés dans Bravados, l’évolution du scénario, l’histoire, les personnages, la mise en scène, le jeu des acteurs, l’adaptation du roman de Frank O’Rourke et la collaboration entre Gregory Peck et Henry King (le réalisateur). Il livre même quelques anecdotes épatantes que seuls les experts en cinéma comme lui ont la capacité de relever.
Joe Dante parle du film (3′). Le réalisateur des célèbres Gremlins donne son analyse sur les westerns de cette époque et sa critique personnelle du film mentionnant aussi bien les qualités que les défauts.
Nous retrouvons également une interview récente en VOSTFR de Joan Collins (4′) qui joue le rôle de Josefa Velarde. Elle y parle de son parcours au cinéma et livre quelques anecdotes amusantes notamment sur ses déboires avec les scènes à cheval, puisque souffrant d’hippophobie. Elle raconte entre autres comment elle a réussi à ne pas être doublée pour un plan où elle devait rester sur son cheval placé au bord d’une falaise. Joan Collins revient aussi sur sa collaboration avec Gregory Peck.
Un document, muet mais musical, assez court (1′) est disponible sur la première du film en Amérique. Nous voyons l’arrivée des célébrités invitées au cinéma sur un tapis rouge ainsi que les animations, comme des personnes sur des chevaux. Il est dommage que ce document superbe ne mentionne pas les noms des personnes visibles à l’écran.
Un diaporama (6′) est disponible montrant différentes affiches et de nombreuses photos.
L’interactivité se termine par une bande-annonce (3′) non restaurée et en version originale non sous-titrée, où Gregory Peck raconte le synopsis du film à travers des extraits.
L’image et le son
Le film est en Cinémascope, au moment où la couleur commençait à être courante. Bravados a été restauré en Haute- Définition. Lors du générique de début, les scènes se déroulent la nuit et les couleurs y apparaissent tristement ternes tout comme dans l’arrière-plan de certaines séquences. Cela crée un contraste avec le reste du film où une grande partie se passe le jour, avec des couleurs vives, parfois même trop éclatantes. Le plan où le personnage de Joan Collins fait son apparition, est beaucoup trop sombre. Mais dans l’ensemble, la restauration permet un visionnage agréable du film, avec un balayage flagrant des poussières.
Le son, en DTS-HD, est supérieur dans la version française en 2.0 que ce soit au niveau de la musique, des bruitages ou même des voix dont le volume est plus intense. D’ailleurs, les experts dans le domaine du doublage repéreront la présence vocale de Michel Roux. La piste anglaise est disponible sous deux versions : l’une en 2.0 et l’autre en 5.0. Les sous-titres français sont non imposés et présents sous deux versions : l’une traduisant les répliques des personnages mexicains et l’autre avec l’intégralité des dialogues.