ANTI-LIFE (Breach) réalisé par John Suits, disponible en DVD et Blu-ray le 18 mars 2021 chez Metropolitan Films.
Acteurs : Cody Kearsley, Bruce Willis, Rachel Nichols, Kassandra Clementi, Johnny Messner, Corey Large, Callan Mulvey, Timothy V. Murphy, Thomas Jane…
Scénario : Edward Drake & Corey Large
Photographie : Will Stone
Musique : Scott Glasgow
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 2020
LE FILM
La Terre se meurt, un dernier vaisseau tente l’ultime voyage vers un nouvel Eldorado, mais un ennemi intérieur s’est également embarqué. Un ingénieur – futur père – navigant dans un vaisseau interstellaire doit déjouer les plans d’un alien belliqueux qui compte utiliser le vaisseau comme une arme de destruction.
Bouse Willis is back. Et cette fois, il est entouré d’un Matthew McConaughey de chez Wish, d’une Scarlett Johansson de chez Sephora, d’un Colin Farrell de chez Cash Converters et même d’un Stéphane Thebaut de chez Dia. Tout ce beau petit monde déambule dans un vaisseau spatial, dans un couloir unique éclairé de façon différente quand ils en ont fait le tour. C’est absolument atroce. Néanmoins, on rit, beaucoup, nerveusement devant Anti-Life aka Breach en version originale. En fait, il s’agit d’un biopic sur M.Propre puisque l’ami Bruce incarne un agent d’entretien qui affronte et tue un alien à l’aide d’un produit ménager du type Destop. On vous jure que c’est vrai. Malheureusement diront certains, tant mieux s’esclafferont les autres, car il n’est pas interdit de passer un bon moment devant ce truc hideux et fauché, qui oscille constamment entre le navet obsolète et le nanar de compétition. Comme nous l’écrivions pour Trauma Center, 10 Minutes Gone, Représaille, First Kill et Acts of Violence, Bruce Willis va bien plus loin qu’un Nicolas Cage, toujours à fond et impliqué même dans ses pires opus, ou que les implants en triangle de Steven Seagal, puisqu’il ne fait absolument plus rien devant la caméra et l’on en vient même à se dire que l’équipe des effets spéciaux a été sollicitée pour lui donner un semblant d’expression, une paupière qui se relève un tant soit peu, un sourcil en accent aigu. Franchement, même s’il n’a jamais signé de véritable performance d’acteur, Bruce Willis avait ce côté sympatoche du mec qui se demande constamment comment il a pu en arriver là avec sa moue boudeuse et ses yeux plissés, mais on a quand même rarement vu un acteur, pardonnez cette expression quelque peu triviale, qui s’en battait autant les couilles à l’écran. Qui a dit que l’ami Bruce ressemblait de plus en plus à un testicule à l’approche des 70 ans ? Sûrement pas nous, mais si vous voulez vous faire votre propre avis, préparez le café avant d’enclencher Anti-Life et n’hésitez pas à vous l’injecter en intraveineuse.
En 2242, alors que notre monde meurt, afin de faire survivre la vie humaine, une arche spatiale de 300 000 survivants se dirige vers une nouvelle planète surnommée la « Nouvelle Terre ». Futur père, un jeune homme, Noah, parvient à se faire passer pour un mécanicien pour embarquer dans la navette avec sa petite amie enceinte, Hayley. Pourtant, rapidement, lors du voyage, deux mécanos, Blue et Shady, sont infectés par un parasite mutant qui les transforme en tueurs assoiffés de sang. Dès lors, protégé par son mentor technicien Clay Young, Noah comprend que l’alien cherche à détruire l’équipage pour l’empêcher d’atteindre leur nouvel Eldorado. Mais l’alien belliqueux passe de corps en corps pour tuer les passagers et la paranoïa s’installe parmi eux. Pour débarquer sur la « Nouvelle Terre » en tout sécurité, Noah, Young et d’autres personnes de l’équipage, dont le père d’Hayley, qui n’est d’autre que l’amiral du vaisseau, n’ont pas d’autre choix de déclarer la guerre contre le parasite mutant…
Aaaah la Saban Films ! Une société de distribution à qui l’on doit quelques fleurons d’anciennes stars sur le retour ou essayant de survivre la cinquantaine arrivée ou bien tassée, comme The Revenge et L’Affaire Monet avec un John Travolta moumouté avec un hérisson sur le crâne, Nicolas Cage en clone de Madame de Fontenay dans USS Indianapolis : Men of Courage (fort sympathique d’ailleurs), Samuel L. Jackson et John Cusack en mode zombie dans l’horrible Cell phone, Jim Carrey sous Xanax dans Dark Murders, Al Pacino expressif comme si on lui faisait un toucher rectal dans Hangman. Assurément une référence du « genre ». On compte plus d’une vingtaine de producteurs pour Anti-Life, ce qui fait déjà gagner une bonne minute de film puisque tous les logos de ces sociétés doivent apparaître avant le début des festivités.
Vous attendiez un concurrent direct à l’inénarrable Fortress 2 : Réincarcération (2000) de Geoff Murphy ? Non ? Nous non plus et à vrai dire, le film qui pourra surpasser ce chef d’oeuvre intergalactique du début du XXIe siècle n’est pas prêt de voir le jour. Même si l’on se marre souvent devant Anti-Life, cela n’est pas comparable avec notre Cricri (inter)national qui retient son souffle dans l’espace, qui remonte le zip de sa combi pour ne pas prendre froid dehors (il y fait quand même -200 degrés) avant de plonger dans les ténèbres et de se diriger en nageant le crawl. Non, Bruce Willis ne fait rien de tout cela dans Breach, il n’en glande pas une, rien, nada. Il est ici pour toucher son chèque et ne le cache pas une seule seconde. Il passe le balai (à dix centimètres du sol, comme les figurants dans Quantum of Solace), débite ses dialogues ineptes (« Yeeeeeah…fuck you motherfucker ! ») en lisant son prompteur planté à côté de la caméra. Dans certaines séquences, le comédien est tellement figé qu’on en vient à s’interroger si l’équipe n’a pas eu recours à l’une de ses représentations en cire provenant de chez Mme Tussauds, ce qui expliquerait pas mal cet étrange sentiment ressenti depuis maintenant une dizaine d’années.
Si vous vous demandez qui a emballé ce truc, on vous répondra qu’il s’agit d’un certain John Suits, réalisateur de The Scribbler (2014), Pandemic (2016), deux films sortis directement dans les bacs français, et accessoirement producteur de l’excellent Cheap Thrills (2013) d’E.L. Katz. Il est évident que le metteur en scène fait ici tout son possible avec les moyens qu’on lui a octroyés, mais il ne peut aller loin avec ses décors réduits au strict minimum, ses effets visuels à la Amstrad 6128+ à cartouche et disquette (coucou l’hologramme de Bruce !), sa musique au rabais et ses ersatz d’acteurs qui prennent l’air bas-ass en tenant leur arme de travers comme les Mulets de Navarro.
Anti-Life abuse des lens-flare, peut-être pour essayer de dissimuler au maximum ce qui se déroule à l’écran (J.J. Abrams a peut-être réalisé le film qui sait, vu la qualité on ne serait guère étonné), copie ouvertement Alien de Ridley Scott (mais on est ici plus proche de l’immonde Covenant) ou Predator on ne sait plus, et ne parvient jamais à éveiller l’intérêt en raison d’un montage aux pâquerettes confiées à un technicien vraisemblablement narcoleptique. Pendant ce temps-là, Bruce Willis tète sa flasque qu’il sort toutes les dix secondes pour se gargariser au bourbon, attend que ça se passe (une série B-Z, impeccable pour dormir), avant d’aller faire un tour sur le plateau voisin pour y tourner Cosmic Sin d’Edward Drake, un autre truc de science-fiction où il donne la réplique à Frank Grillo. Mais c’est une autre histoire, ou la même peut-être, avec les décors identiques sans doute (c’est le cas de l’affiche déjà), et on espère vous en reparler très bientôt.
LE BLU-RAY
Oh la la !!! Il a pas l’air content Bruce sur la jaquette d’Anti-Life aux côtés de Thomas Jane (dix minutes à l’écran) et de Rachel Nichols ! Le film de John Suits arrive dans les bacs français en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo. Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
L’éditeur soigne son master HD, quasi-exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée. La clarté demeure frappante, les noirs sont profonds, le piqué affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie marquée par les décors métalliques reste vive et froide. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les « partis pris esthétiques » caractéristiques de ce monde futuriste. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour découvrir Anti-Life un soir de beuverie ou histoire de se rincer le gros intestin après Interstellar ou Tenet.
Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages français et anglais en DTS-HD Master Audio 5.1. Ces options s’avèrent percutantes, surtout dans les scènes dites « agitées ». Les séquences d’affrontements peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets bien sentis qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement l’ensemble aux moments opportuns. Vous pouvez essayer de visionner le film en version française, même si entendre Bruce Willis avec une autre voix que celle de Patrick Poivey (disparu en 2020) fait désormais un pincement au coeur…