SPACE JAM réalisé par Joe Pytka, disponible en Édition Titans of Cult – SteelBook 4K Ultra HD + Blu-ray + goodies le 7 juillet 2021 chez Warner Bros.
Acteurs : Michael Jordan, Wayne Knight, Theresa Randle, Manner Washington, Eric Gordon, Penny Bae Bridges, Brandon Hammond, Larry Bird, Bill Murray, Thom Barry, Danny DeVito…
Scénario : Leo Benvenuti, Steve Rudnick, Timothy Harris & Herschel Weingrod
Photographie : Michael Chapman
Musique : James Newton Howard
Durée : 1h27
Date de sortie initiale : 1996
LE FILM
Panique au pays des Looney Tunes ! Les affreux Monstars, venus de l’espace, sont venus kidnapper Bugs Bunny et ses amis pour les emmener dans un parc d’attractions extra terrestre ! Seule chance pour nos héros d’échapper à leur sort : battre les Monstars au basket-ball. Mais face aux super-pouvoirs des extra terrestres, Bugs, Daffy, Titi et les autres n’ont plus qu’un espoir : faire jouer dans leur équipe le plus grand basketteur de tous les temps : Michael Jordan en personne !
Profitant d’une première (fausse) retraite entre 1993 et 1995, Michael Jordan, alors âgé de 30 ans, s’essaye au cinéma dans Space Jam, réponse tardive de la Warner Bros Animation à Qui veut la peau de Roger Rabbit de Robert Zemeckis pour le compte de Walt Disney Pictures, film mêlant des images réelles avec des personnages animés, en l’occurrence ici les Looney Tunes, que le plus grand joueur de basket-ball de tous les temps avait d’ailleurs déjà côtoyé en 1993 dans une publicité pour Nike. Dans ce spot, Michael Jordan et Bugs Bunny jouaient au basketball ensemble contre d’autres protagonistes dessinés. Produit par Ivan Reitman, Space Jam, ou Basket Spatial chez nos amis québécois, reprend exactement la même « trame » que la publicité. Le réalisateur Joe Pytka (né en 1938), spécialisé dans les clips vidéo (The Way You Make Me Feel, Dirty Diana et Heal the World de Michael Jackson), est appelé pour mettre en scène le film. De leur côté, les animateurs s’acharnent pour créer l’interaction entre Bugs Bunny et ses amis, avec Michael Jordan et Bill Murray dans leur propre rôle.
Vivant paisiblement dans leur monde, les Looney Tunes sont attaqués par des extraterrestres voulant en faire leurs esclaves pour leur divertissement. Acculés, les Looney décident de parier leur liberté dans un match de basket-ball : s’ils gagnent, les extraterrestres doivent repartir et les laisser en paix ; sinon les Toons accepteront d’être asservis. Détail imprévu : les Martiens utilisent leurs pouvoirs pour voler le talent et la force des meilleurs joueurs de la planète, devenant ainsi des monstres géants implacables. Paniqués, Bugs Bunny et Daffy Duck font venir dans leur monde le champion Michael Jordan pour entrainer les toons et les aider à gagner le match.
I Believe I can fly,
I Believe I can touch the sky…
Que reste-t-il de Space Jam un quart de siècle ans après sa sortie ? Si les séquences animées sont toujours aussi réjouissantes, Michael Jordan semble s’ennuyer profondément à donner la réplique à des partenaires imaginaires, le rythme est poussif, les partis-pris esthétiques criards et le scénario inexistant. Les plus petits s’amuseront peut-être devant les cris hystériques de Bugs Bunny, le Coyote qui explose à plusieurs reprises, Gros minet qui en veut toujours à Titi, mais les adultes trouveront désespérément le temps long, même si le film ne dure que 79 minutes montre en main. C’est à peine s’ils s’amuseront à reconnaître les tubes de leur adolescence composant la bande-son comme le Pump up the jam de Technotronic, datant déjà de 1989. Il aura fallu quatre années pour emballer Space Jam, en raison du défi technique, concilier les prises de vues réelles avec celles réalisées dans les studios d’animation. A ce titre, si Michael Jordan et ses confrères (Charles Barkley, Muggsy Bogues, Shawn Bradley, Patrick Ewing, Larry Johnson) demeurent figés, les Looney Tunes leur volent systématiquement la vedette et s’avèrent bien plus charismatiques.
Joe Pytka propose un divertissement familial certes déjà daté à cause de ses effets spéciaux souvent visibles, mais qui a néanmoins le mérite d’enchaîner des scènes d’action plutôt bien menées. Space Jam sort sur les écrans américains en novembre 1996 et frôle la barre des cent millions de dollars de recette pour un budget de 80 millions. Dans le reste du monde, le film engrange près de 150 millions de dollars et attire deux millions de spectateurs français dans les salles. Un grand succès commercial qui donne envie à Warner de plancher sur une suite. Mais Michael Jordan, visiblement peu enthousiasmé à l’idée de « refaire l’acteur » décline cette proposition. « Space Jam 2 » restera dans les tiroirs pendant 25 ans. Le projet ressurgit en 2014.
Après moult réécritures, Space Jam : Nouvelle ère, porté par le basketteur LeBron James, réalisé par Malcolm D. Lee (Scary Movie 5, Barbershop 3) débarque dans les salles. A l’heure de cette chronique et alors qu’un Space Jam 3 basé sur le catch serait déjà en négociation avec Dwayne Johnson, cette suite tardive vient tout juste d’amasser la somme de 32 millions de dollars de recettes pour son premier week-end, un record pour un film familial et pour un film Warner Bros depuis le début de la pandémie. Quant à savoir si Space Jam : Nouvelle ère deviendra aussi culte que le premier opus, rien n’est moins joué.
L’ÉDITION TITANTS OF CULT – STEELBOOK 4K ULTRA HD + BLU-RAY + GOODIES
Warner Bros. continue d’explorer son catalogue et de remettre en avant certains de ses titres emblématiques à travers la collection Édition Titans of Cult, comprenant un film spécifique, édité en boîtier Steelbook, à la fois en Blu-ray et en 4K UHD, ainsi que divers goodies destinés aux fans acharnés. Space Jam rejoint ainsi Batman, Pacific Rim, 2001, l’Odyssée de l’espace, Les Affranchis, Wonder Woman, Ready Player One, V pour Vendetta et Blade Runner dans cette collection. Ici, Space Jam s’accompagne de peu d’éléments : un pins métallique collector A-OK, deux stickers « TuneSquad » et « Monstars »…et c’est tout. Concernant les disques, le menu principal est fixe et musical.
Pour ce qui est des suppléments, la galette 4K ne reprend que le module le plus important de l’ancienne interactivité, autrement dit un commentaire audio (non sous-titré) réalisé par le metteur en scène Joe Pytka d’un côté et… de Bugs Bunny et Daffy Duck de l’autre. Sur 1h25, le réalisateur n’intervient que très peu, donne tout de même quelques indications sur l’historique des Looney Tunes, les effets spéciaux et la carrière de Michael Jordan. Monopolisant la parole, les deux personnages de dessin animé échangent plaisanterie sur plaisanterie et partagent parfois leurs »impressions » de tournage. Toutefois, les principales informations glanées ici et là sont en grosse partie reprises dans les bonus, disponibles sur le Blu-ray Standard.
La featurette promotionnelle d’époque (22’30) donne la parole au producteur Ivan Reitman comme s’il était le réalisateur du film, à Michael Jordan en plein trip sur Bugs Bunny, au compositeur James Newton Howard, et au co-créateur des personnages Looney Tunes, Chuck Jones, disparu en 2002. Le caractère est léger mais un petit tour sympathique est fait du côté du tournage, du doublage avec Danny De Vito (Swackhammer) et des effets spéciaux (Michael Jordan se déplaçant sur un terrain constitué de fonds verts) avec lequel on se rend compte des progrès réalisés en la matière en 25 ans.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, ainsi que sur deux clips vidéo, un de Seal (Fly like an eagle) qui a plutôt bien vieilli, l’autre étant un rap Hit ‘Em high interprété par The Monstars Anthem, groupe parmi lequel figure Coolio, qui fait aujourd’hui penser à une parodie du genre.
L’Image et le son
Ce que nous disions de l’ancienne édition HD en 2011 : Mêlant images d’animation et véritables comédiens, Space Jam était attendu au tournant en Haute Définition mais le résultat est mitigé. Le film a déjà 15 ans au compteur et les effets visuels apparaissent presque obsolètes par rapport aux images numériques actuelles. Michael Jordan est constamment filmé devant un fond vert décelable quand il donne la réplique à ses camarades Looney Tunes et la photo, pourtant signée par le grand chef opérateur Michael Chapman (Taxi Driver, Raging Bull), qui n’était déjà guère reluisante en 1996, est ici plutôt terne et le rendu est parfois décevant. Divers fourmillements et flous sporadiques sont notables, l’ensemble manque de relief, certaines images composites occasionnent un grain plus appuyé et le piqué aurait gagné à être plus acéré. Néanmoins, l’univers des Looney Tunes est lumineux et chatoyant, le master est d’une propreté indéniable (aucune poussière à déclarer), les détails sont plus imposants qu’en DVD, les contrastes assez fermes et quelques séquences jouissent de l’apport HD à l’instar du match de basketball de la dernière partie.
Pour son passage en UHD, Space Jam a connu une complète restauration 4K. Le format repasse du 1.78 au 1.85. Ce lifting ne manque pas d’intérêts et redonne enfin au film de Joe Pytka un peps qui lui manquait dans la précédente édition HD Standard. Certes, les très nombreuses séquences mêlant Michael Jordan et ses camarades animés demeurent les plus « déséquilibrées » du lot, mais le résultat est quand même très positif. La Warner est parvenue à profiter de l’apport UHD pour remettre Space Jam en avant, tout en respectant les partis-pris d’époque. Évidemment, cette édition 4K (2160p, HDR10) ne pourra pas rivaliser avec celle d’un film plus contemporain, mais elle s’en sort admirablement grâce à une révision complète des contrastes et des couleurs (l’étalonnage a été entièrement révisé), rendant à la carnation des comédiens son aspect naturel (les scènes live sont superbes), des couleurs plus harmonieuses, un grain argentique mieux géré et un piqué plus mordant. Il s’agit ni plus ni moins de la plus belle édition de Space Jam à ce jour et il serait d’ailleurs difficile d’espérer mieux.
Comme souvent, seule la version anglaise jouit d’un traitement de faveur en étant proposée en Dolby Atmos TrueHD 7.1. Les délires des Looney Tunes sont prétextes à un déferlement d’effets latéraux en tous genres, tandis que les dialogues demeurent percutants sur la centrale et les frontales saisissantes. N’oublions pas non plus le caisson de basses qui a beaucoup de pain sur la planche, notamment lors des déplacements des « Monstars » sur le terrain. De son côté, la version française fait ce qu’elle peut mais ne bénéficiant que d’un simple Dolby Digital 5.1, l’acoustique apparaît plutôt feutrée et nettement moins enveloppante que la piste originale. Cela est d’autant plus constatable au niveau du rendu de la bande-son mixant les (cu)cultes Pump Up the Jam de Technotronic, de R. Kelly, I Believe I Can Fly, magistralement spatialisé sur la version originale, tandis que la piste française a bien du mal à créer un semblant d’ambiances musicales.