LA PROIE DU DIABLE (Prey for the Devil) réalisé par Daniel Stamm, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 2 mars 2023 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Jacqueline Byers, Virginia Madsen, Colin Salmon, Nicholas Ralph, Ben Cross, Christian Navarro, Debora Zhecheva, Tom Forbes…
Scénario : Robert Zappia
Photographie : Denis Crossan
Musique : Nathan Barr
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Selon les archives du Vatican, les cas de possession démoniaque ont considérablement augmenté ces dernières années. Pour y faire face, l’Église catholique a secrètement rouvert les écoles d’exorcisme. Sur ce champ de bataille spirituel, Sœur Ann, une jeune nonne, se distingue comme une combattante prometteuse. Bien qu’il soit interdit aux religieuses de pratiquer des exorcismes, un professeur détecte chez elle ce don particulier et accepte de l’initier. Mais son âme est en danger car les forces maléfiques qu’elle combat sont mystérieusement liées à son passé traumatique : le diable l’a choisie et il veut entrer…
C’est pas mal ça dites donc ! Pourtant, on ne misait pas sur cet énième film d’exorcisme et de possession…Il faut dire qu’on a eu de quoi faire ces dix dernières années avec la trilogie Annabelle, The Closet, la trilogie Conjuring, The Crucifixion, Délivre-nous du mal, Demonic, Les Dossiers secrets du Vatican, L’Étrange cas Deborah Logan, L’Exorcisme de Hannah Grace, Incarnate, La Nonne. Un film s’est aussi distingué au début des années 2010, Le Dernier Exorcisme – The Last Exorcism, réalisé par l’allemand Daniel Stamm, gros succès dans les salles avec près de 70 millions de dollars de recette, pour une mise de départ d’1,8 million, récompensé à de multiples reprises dans le monde entier, y compris à Sitges et à Toronto. Après un large détour par la télévision pour des séries comme Intruders, Scream, Fear the Walking Dead, Into the Dark et Them, Daniel Stamm revient au cinéma, ainsi qu’au film d’épouvante avec La Proie du Diable – Prey for the Devil qui cette fois encore parvient à se démarquer dans le genre, grâce à un scénario original de Robert Zappia (Halloween, 20 ans après de Steve Miner), mais aussi un personnage principal féminin très fort, incarné par une remarquable comédienne, une révélation, la canadienne Jacqueline Byers. Quasiment de tous les plans, celle-ci crève l’écran et sa prestation participe à la réussite de La Proie du Diable auquel franchement on ne croyait pas du tout avant de le visionner.
Ann a connu une enfance traumatisante, à cause de la maltraitance exercée par sa mère, qu’elle a toujours crue possédée par le Diable. Elle s’est aussi forgé la conviction que le démon ne visait pas tant sa mère qu’elle-même, au motif qu’elle serait élue par Dieu comme un de ses soldats. Âgée de 25 ans, Ann est aujourd’hui, religieuse. Elle est passionnée par la question de l’exorcisme, cependant strictement réservé aux prêtres depuis 1835, date à laquelle a été créée à Rome la première école pour les former au « rituel ». Elle finit cependant par être officiellement acceptée comme étudiante auprès du père Quinn, qui ressent le don particulier de la nonne et devient son mentor au sein de l’école d’exorcisme St. Michael The Archangel, où elle officiait d’abord davantage comme aide-soignante, ou pour apaiser les malades. Ann se lie avec une petite fille, Natalie qui s’avère terriblement possédée. Un long et pénible affrontement contre le diable l’attend.
Maintenant que vous connaissez le Diable, le Diable vous connaît.
Racontée ainsi, l’histoire ne paraît peut-être pas si originale et pourtant, rien que le décor s’avère particulièrement soigné, le film ayant été tourné principalement dans l’université de Sofia en Bulgarie. Excellente exploitation de ce magnifique et singulier bâtiment par le cinéaste Daniel Stamm, qui installe immédiatement une atmosphère à la fois étrange et réaliste, étouffante et angoissante, à mesure que l’on suit l’héroïne lancée sur le chemin de la vérité, elle-même en quête de rédemption, cherchant à oublier un trauma qui la poursuit depuis une dizaine d’années. Avec son regard bleu ciel, ses taches de rousseur et ses cheveux blancs, Jacqueline Byers dépoussière la figure de la nonne revêche et apporte une fraîcheur doublée d’une modernité à Ann, à laquelle on s’attache d’emblée et ce jusqu’à la fin. Les fans de Candyman et de Hot Spot (et de Highlander II, il y en a, j’en connais), seront ravis de revoir la trop rare Virginia Madsen, qui avait déjà affronté le surnaturel dans Le Dernier Rite – The Haunting in Connecticut de Peter Cornwell en 2009. Il s’agit aussi de la dernière apparition au cinéma du britannique Ben Cross (Hurricane, Les Chariots de feu), emporté par un cancer en août 2020, juste après avoir emballé ses quelques scènes. Belle présence également de l’imposant Colin Salmon, que l’on avait découvert dans trois opus de James Bond période Pierce Brosnan, qui a récemment tenu le rôle du Général Zod dans la série Krypton. Une distribution tout ce qu’il y a de plus solide.
Outre un récit géré de main de maître, La Proie du Diable est un film qui a de la gueule, avec une photo stylisée de Denis Crossan (Souviens-toi… l’été dernier de Jim Gillespie), des effets visuels sympathiques et un montage toujours compréhensible (signé Tom Elkins, qui a officié sur les remakes de L’Expérience interdite et de Child’s Play), surtout durant les impressionnantes et ultra-efficaces scènes d’exorcisme. Certes, le dernier acte est somme toute plus classique, mais on ne s’ennuie pas une seconde devant Prey for the Devil. Même l’épilogue, qui fait un peu pièce rapportée demeure bad-ass. On reprendrait bien un second épisode pour retrouver la jolie Sister Ann !
LE 4K UHD
Après avoir attiré plus de 400.000 français dans les salles, La Proie du Diable se voit dérouler le tapis par Metropolitan, qui présente le film de Daniel Stamm en DVD, Blu-ray et 4K UHD. Un travail éditorial impressionnant, même si certains bonus n’ont pas été traduits…Le menu principal est légèrement animé, élégant et musical.
Le premier supplément est un excellent making of de 42 minutes, composé de multiples images de tournage en Bulgarie (alors touché par l’irruption de la COVID-19, le confinement, puis l’adaptation gargantuesque pour la reprise) et d’interviews de toute l’équipe (producteurs, comédiens, réalisateur, scénariste, costumière, maquilleuse, décorateur, monteur…). Des propos comme bien souvent promotionnels, mais dont on ne doute pas de la sincérité. Les éléments qui ont nourri le scénario, les intentions du metteur en scène, le casting (avec des images tirées de l’essai de Jacqueline Byers), la disparition de Ben Cross quelques jours après avoir tourné ses scènes, les cascades, le montage, un aperçu des séquences coupées (qu’on ne retrouve pas dans les bonus) sont autant de sujets abordés au cours de ce module.
Un montage propose un panorama de la création des effets spéciaux numériques, un avant/après très éclairant, même si sans commentaire en voix-off (4’).
Nous passons ensuite un petit moment en compagnie du compositeur Nathan Barr (The Hunt, Le Dernier exorcisme, Cabin Fever). Pendant près de 10 minutes, le musicien, parfois installé devant un orgue, nous explique comment la berceuse du film est née et comment celle-ci a ensuite été déclinée à travers La Proie du Diable, pour devenir le thème du personnage principal.
Les autres bonus non sous-titrés sont donc un commentaire audio du réalisateur en compagnie de sa comédienne principale, une lecture collective, en mode visioconférence, du scénario original (120 minutes avec Daniel Stamm, le scénariste Robert Zappia et l’ensemble de la distribution de La Proie du Diable enregistrée en septembre 2022), ainsi qu’un entretien d’une heure – aussi réalisé en visioconférence – entre le scénariste du film, un prêtre et le psychiatre Richard Gallagher (spécialisé dans les cas de possession), qui évoquent quelques exorcismes auxquels ils ont été confrontés.
L’Image et le son
Que dire, si ce n’est que Metropolitan semble repousser une fois de plus les limites de l’UHD avec cette magnifique édition 4K – HDR Dolby Vision de La Proie du Diable ! Daniel Stamm et son chef opérateur Denis Crossan ont privilégié une patine délicate et léchée durant 1h30, des partis-pris merveilleusement rendus. C’est un sans-faute technique : relief, colorimétrie volontairement atténuée et basée sur des teintes grisâtres et ocres (des costumes en passant par les décors), piqué (chirurgical), contrastes (ébouriffants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les rares gammes plus chatoyantes, et chaque détail aux quatre coins de l’écran est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Un disque UHD de démonstration de plus sortant de l’usine de l’éditeur au cheval ailé !
Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique (bien que rare) bénéficie d’une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets fracassants. Une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français pour les spectateurs sourds et malentendants sont aussi disponibles.
Crédits images : © Metropolitan Video / Lions Gate / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
Metropolitain n’a pas repris la bande son VO Atmos de l’UHD Lionsgate , il y a donc un gros problème que le test semble ignorer !
Bonjour Silik. En effet nous l’ignorions. Merci du renseignement 😉