EXPENDABLES 4 (Expend4bles) réalisé par Scott Waugh, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 15 février 2024 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Sylvester Stallone, Jason Statham, 50 Cent, Megan Fox, Dolph Lundgren, Tony Jaa, Iko Uwais, Andy Garcia, Randy Couture, Levy Tran…
Scénario : Kurt Wimmer, Tad Daggerhart & Max Adams
Photographie : Tim Maurice-Jones
Musique : Guillaume Roussel
Durée : 1h43
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
Les Expendables sont envoyés en Libye pour empêcher le mercenaire Suarto Rahmat de voler des têtes nucléaires pour le compte d’un mystérieux terroriste nommé Ocelot, que Barney Ross n’avait pas réussi à appréhender 25 ans auparavant. Barney mène donc son équipe, composée des membres habituels (Lee Christmas, Toll Road et Gunner Jensen), avec de nouveaux venus comme Easy Day et Galan, le fils de Galgo. Cependant, ils sont mis hors d’état de nuire lorsque tous leurs véhicules sont détruits lors de la lutte qui s’ensuit. Lorsque Rahmat abat leur avion, l’équipe trouve le corps brûlé de Barney dans les décombres, identifié par sa bague.
Bon…On ne tire pas sur l’ambulance. Mais avouez parfois que c’est tentant. Après les triomphes d’Expendables – Unité spéciale (275 millions de dollars de recettes) et Expendables 2 (300 millions), un troisième volet avait rapidement été mis en route. Malgré la réunion de la crème de la crème des films d’action, la précédente mission des « Sacrifiés » (comme on dit au Québec) avait connu un sacré revers au box-office avec seulement 39 millions de dollars de recette sur le sol américain, là où le premier dépassait la barre des cent millions et où le second la frôlait de près. Nous étions donc loin de penser que la bande à Stallone referait surface et tout ce gang de bras cassés aurait mieux fait de s’abstenir. Sly a d’ailleurs préféré laisser le scénario à d’autres, il était déjà occupé à signer ceux de Rambo:Last Bloodet Creed 2 sur un papier OCB, tout en voyant les manettes confiées à un type du nom de Scott Waugh (Patrick Hughes devait revenir, avant de finalement décliner), réalisateur de Need for Speed, succès surprise de 2014, secondé par son confrère Brian Smrz, metteur en scène du pitoyable 24H Limit. Et n’imaginez pas que Sylvester Stallone en profite pour se consacrer pleinement aux scènes d’action non, car sur 105 minutes celui-ci n’apparaît en tout et pour tout qu’un petit quart d’heure, durée qu’il lui faut pour essayer d’enfourcher sa bécane. L’« intérêt » d’Expend4bles était d’illustrer le passage de relais entre Barney Ross et Lee Christmas, autrement dit entre Sly et Jason Statham. Seulement voilà, cela semble avoir été fait depuis belle lurette et rien, absolument rien n’est à sauver dans ce quatrième et on espère dernier volet de cette franchise qui ne laissera pas un grand souvenir alors qu’il y avait au départ tout pour en faire un monument de la pop culture.
Scénario : Matthew Cirulnick, Sylvester Stallone d’après le personnage créé par David Morrell
Photographie : Brendan Galvin
Musique : Brian Tyler
Durée : 1h41
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Cinquième épisode de la saga Rambo. Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo va devoir affronter un cartel mexicain.
Il y a onze ans, nous laissions John Rambo revenir chez lui, se dirigeant vers un ranch au bout d’un chemin poussiéreux, après son retour de Birmanie. La conclusion de la saga et l’opus John Rambo (ou simplement Rambo en version originale) étaient en tout point parfaits. Quelle ne fut pas l’étonnement de la part des fans de Sylvester Stallone, quand le comeback du plus célèbre des Bérets Verts a été annoncé par le comédien ! S’il s’agit clairement d’une « cerise sur le gâteau », Rambo : Last Blood, titre qui indique clairement qu’il s’agit bel et bien de l’ultime baroud d’honneur de son protagoniste en faisant référence au tout premier épisode réalisé par Ted Kotcheff, First Blood (1982), n’était franchement pas espéré, mais puisque le film existe, pourquoi s’en priver ?
HAUTE SÉCURITÉ (Lock Up) réalisé par John Flynn, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook le 2 octobre 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Sylvester Stallone, Donald Sutherland, John Amos, Darlanne Fluegel, Sonny Landham, Tom Sizemore, Frank McRae, William Allen Young…
Scénario : Richard Smith, Jeb Stuart, Henry Ronsenbaum
Photographie : Donald E. Thorin
Musique : Bill Conti
Durée : 1h49
Date de sortie initiale : 1989
LE FILM
Détenu à la prison de Norwood, Frank Leone n’a plus que six mois à faire avant de sortir. Il organise déjà son avenir avec son adorable femme, Melissa. Mais, de retour d’une permission, Frank est brutalement transféré au pénitencier de Gateway. Il y retrouve son vieil ennemi, Drumgoole, un directeur de prison sadique et brutal qui a, de plus, une revanche à prendre sur Leone.
Ancien assistant de Robert Wise et de John Sturges, John Flynn (1932-2007) passe à la mise en scène en 1968 avec Le Sergent dans lequel il dirige Rod Steiger. Voulant adapter un roman de Donald Westlake – Richard Stark au cinéma, il voit son rêve se concrétiser grâce à la MGM et transpose en 1973 The Outfit, troisième aventure de Parker, publiée en 1963. Un petit polar propre, bien mis en scène et photographié, symbolique du travail bien fait de John Flynn, véritable artisan, excellent technicien et directeur d’acteurs.
BACKTRACE réalisé par Brian A. Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 1er août 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Sylvester Stallone, Ryan Guzman, Matthew Modine, Colin Egglesfield, Christopher McDonald, Meadow Williams, Swen Temmel, Jenna Willis…
Scénario : Mike Mapples
Photographie : Peter Holland
Musique : Mike Burns
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
L’unique survivant d’un groupe de voleurs à main armée sort d’un établissement de haute sécurité. Durant son séjour, un médicament expérimental lui a été administré.
Sly aïe aïe… Par le même réalisateur que Représaille. Quand Bruce Willis et Sylvester se talonnent.
Coucou ! Revoilà Brian A. Miller ! Juste après Représaille, le réalisateur aura enchaîné directement avec Backtrace, son nouveau thriller, avec pas moins de Sylvester Stallone et Matthew Modine en haut de l’affiche. Du programme télé du moins, car comme les précédents longs métrages de Brian A. Miller, Backtrace n’a aucune autre prétention que d’aider ses acteurs à payer quelques arriérés d’impôts et les chaînes de la TNT à combler un trou entre 21h15 et 22h45. Car en dépit d’un prologue enthousiasmant, Backtrace s’enlise immédiatement après et ne parvient jamais à éveiller l’intérêt des (télé)spectateurs. On passe alors les 90 autres minutes à se demander comment de tels comédiens peuvent accepter de participer à ce genre d’inepties.
La vie est devenue un numéro d’équilibriste pour Adonis Creed. Entre ses obligations personnelles et son entraînement pour son prochain grand match, il est à la croisée des chemins. Et l’enjeu du combat est d’autant plus élevé que son rival est lié au passé de sa famille. Mais il peut compter sur la présence de Rocky Balboa à ses côtés : avec lui, il comprendra ce qui vaut la peine de se battre et découvrira qu’il n’y a rien de plus important que les valeurs familiales.
2016. Le projet était casse-gueule et sommeillait depuis pas mal de temps. Hollywood attendait probablement le bon acteur et le bon réalisateur. N’y allons pas par quatre chemins Creed – L’Héritage de Rocky Balboa s’est avéré un véritable miracle cinématographique. Reprenons. Ce spin-off centré sur le fils d’Apollo Creed, est réalisé par Ryan Coogler, jeune cinéaste tout juste âgé de 30 ans, révélé par l’acclamé Fruitvale Station, Prix du public et Grand prix du jury du Festival de Sundance en 2013. Ce premier long métrage avait également permis au comédien Michael B. Jordan, vu dans l’excellent Chronicle de Josh Trank en 2012, de confirmer son talent précoce. Il se glisse à merveille dans le short et les gants d’Adonis Creed, fils illégitime de l’ancien champion du monde des poids lourds, adversaire de Rocky Balboa dans les deux premiers opus, entraîneur dans L’Oeil du Tigre, puis meilleur ami dans Rocky IV dans lequel il meurt sur le ring face à Ivan Drago (Dolph Lundgren). Après le retour inespéré de Rocky dans le magnifique Rocky Balboa en 2006, Sylvester Stallone, qui avait jusqu’à maintenant écrit tous les opus de la saga, n’apparaît ici qu’en tant que comédien et reprend donc son rôle mythique pour le plus grand plaisir de ses fans. Plus qu’un spin-off, il s’agit d’une suite logique au sixième et précédent épisode.
Nous retrouvions donc ce cher vieux Rocky dans son resto déserté de Philadelphie. Rattrapé par l’âge, veuf, ayant également perdu son beau-frère Paulie, Rocky regarde le temps passer, en espérant recevoir quelques nouvelles de son fils. Il vit au jour le jour quand un jeune homme se présente à lui et lui demande de l’entraîner à la boxe. Il dit être le fils d’Apollo Creed, dont le fantôme hante encore Rocky avec les photos qui ornent les murs de son restaurant. Rocky ne sait pas d’où sort ce jeune homme bien décidé à enfiler les gants et après quelques hésitations décide de l’aider, ce qui va lui permettre également de sortir de son quotidien qui se résume essentiellement à se recueillir sur la tombe d’Adrian pour lui lire le journal. Adonis de son côté souhaite se faire un prénom et assumer le nom d’un père qu’il n’a pas connu puisque mort avant sa naissance. Passionné par la boxe, il a mené une enfance difficile, à la force des poings dans les orphelinats, avant d’être adopté par la veuve d’Apollo Creed qui avait appris que son époux avait eu un enfant avec une autre femme. Adonis est à la recherche de ses origines et décide de rencontrer l’homme qui a su tenir tête à son père. Creed – L’Héritage de Rocky Balboa est l’histoire d’une double filiation. Adonis est le fils d’Apollo et va rencontrer un père spirituel en la personne de Rocky. Creed est l’héritier de 40 ans de cinéma, d’une saga anthologique.
Si pour la première fois Rocky ne se bat pas sur le ring, son combat est ailleurs. Et Sylvester Stallone est extraordinaire. Récompensé par le Golden Globe du meilleur second rôle, le comédien aurait largement mérité l’Oscar. Michael B. Jordan est formidable, autant crédible dans les scènes intimistes que sur le ring, scènes pour lesquelles le jeune acteur s’est soumis à un entraînement physique impressionnant et un régime alimentaire strict.
Adonis va se découvrir, probablement naître pour la première fois. Se découvrir aux côtés de l’homme qui a le mieux connu son père. Découvrir aussi l’amour auprès de Bianca, interprétée par la superbe Tessa Thompson. Accepter qui était son père tout en s’imposant lui-même. C’est un hommage de Ryan Coogler (également scénariste avec Aaron Covington), remarquablement filmé, monté et photographié. La nostalgie est là, elle fonctionne, surtout lorsque retentit le thème principal de Bill Conti (frissons garantis) et que la statue de Rocky apparaît en haut des marches emblématiques du Philadelphia Museum of Art. Mais Creed ne repose pas que sur cela et c’est là toute la réussite de cette entreprise. Le passage de relais se fait dans la tradition des Rocky. La relève est bien assurée et adoubée par le maître en personne. Relève mais aussi un nouveau départ. La mythologie perdure et c’est superbe.
Tourné pour un budget de 35 millions de dollars, Creed – L’Héritage de Rocky Balboa en a rapporté près de 110 millions sur le sol américain, près de 60 dans le reste du monde et attiré 1,7 million de spectateurs dans les salles françaises.
Creed II arrive donc logiquement dans les salles en 2019. Et l’histoire reprend là où elle s’était arrêtée. Trois ans après le match contre le champion du monde qui l’a fait connaître du public, Adonis Creed s’est fait un nom sous le mentorat de Rocky Balboa. Le jeune boxeur devient champion du monde dans la catégorie « poids lourds », récupérant le titre à « Stuntman » Wheeler. Adonis est sur un nuage et vit sereinement avec sa petite-amie chanteuse, Bianca. Mais tout s’assombrit à Philadelphie lorsqu’Ivan Drago, le boxeur russe qui a tué son père Apollo il y environ 30 ans, arrive sur le sol américain avec son fils Viktor, pour défier Adonis. Ne suivant pas les conseils de Rocky, Adonis relève le défi sans être épaulé par son mentor. Il en paie le prix fort dans une joute punitive qu’il gagne seulement par disqualification. Maintenant blessé et démoralisé, Adonis peine à se remettre à la boxe, laissant son esprit en divagation et son titre en péril. Sa famille et Rocky doivent donc trouver un moyen de relancer l’esprit de combat d’Adonis pour affronter l’avenir quoi qu’il advienne.
Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson et Phylicia Rashād sont de retour. Mais l’argument de ce deuxième opus de la franchise Creed est sans conteste la participation du grand Dolph Lundgren, qui reprend ici son rôle emblématique d’Ivan Drago, qui l’a fait connaître aux spectateurs du monde entier dans Rocky IV. Il est ici accompagné de Florian Munteanu, né en Allemagne et d’origine roumaine, boxeur professionnel, qui interprète le fils d’Ivan Drago. Si son gabarit impressionne (1m95 pour 106 kg), on ne peut pas en dire autant de son charisme et l’apprenti comédien fait pâle figure à côté de Dolph Lundgren, qui bouffe l’écran à chaque apparition. Encore plus que pour Creed premier du nom, l’intérêt de cette suite vaut pour la « suite » de Rocky IV quand l’Etalon italien se retrouve face à son ancien adversaire. A ce moment-là, les frissons sont bel et bien présents.
Cependant, Creed II pâtit d’un personnage principal dont on se désintéresse petit à petit. Michael B. Jordan a beau faire de son mieux sur le ring, ses scènes avec la belle Tessa Thompson (quelque peu oubliée dans l’histoire) n’ont jamais la force de celles de Rocky avec Adrian dans la première saga et le comédien peine à rendre son personnage aussi attachant que dans Creed et multiplie les froncements de sourcils. Soyons honnêtes, nous n’avons d’yeux que pour Sylvester Stallone et Dolph Lundgren. Outre une apparition rapide de Brigitte Nielsen, qui reprend elle aussi son rôle créé il y a plus de trente ans, le nouveau venu est ici le réalisateur Steven Caple Jr, qui remplace Ryan Coogler (parti chez Marvel pour réaliser Black Panther) derrière la caméra et après le désistement de Sylvester Stallone aux manettes. La mise en scène est ici plus fonctionnelle, beaucoup moins inspirée et ambitieuse sur les séquences de combat, tandis que le cinéaste ne parvient pas à insuffler un rythme suffisamment dynamique sur les 130 minutes de son second long métrage. Néanmoins, cela n’empêche pas de verser de nombreuses larmes quand Sly est filmé en gros plan, son visage très fatigué, ses yeux mi-clos, jusqu’au final bouleversant qui boucle admirablement l’itinéraire de son personnage mythique, enfin apaisé, qui peut espérer couler des jours heureux en attendant de retrouver sa bien-aimée Adrian.
Quant à Adonis, le passage
de flambeau est cette fois définitif et un troisième volet, surtout
sans Rocky puisque Stallone a déclaré avoir fait ses adieux à son
personnage dans Creed II, serait une erreur. Mais tout est
possible, d’autant plus que ce second chapitre a encore mieux
fonctionné que le premier, aux Etats-Unis, comme dans le reste du
monde. Nous verrons bien.
LE BLU-RAY
Creed II arrive dans les bacs chez Warner Bros., en DVD, Blu-ray et 4K Ultra-HD. Le menu principal est fixe et musical. Le disque repose dans un boîtier classique, économique et de couleur bleue.
L’interactivité est pour
ainsi dire la même que pour l’édition HD de Creed.
On commence par un module intitulé Fathers & Sons (7’), au cours duquel le réalisateur Steven Caple Jr., les comédiens et le producteur Irwin Winkler reviennent sur les personnages, leur psychologie et les liens qui les unissent. Les thèmes du film sont ici explorés, tandis que des images révèlent l’envers du décor et la préparation des acteurs.
Le second supplément se concentre sur le casting organisé pour trouver l’interprète de Viktor Drago (6’). Parmi plusieurs centaines de postulants, Sylvester Stallone aura finalement jeté son dévolu sur le boxeur professionnel Florian Munteanu.
Ensuite, les femmes de Creed II, autrement dit Tessa Thompson et Phylicia Rashād, ne sont pas oubliées et bénéficient d’un petit reportage de six minutes, consacré à leurs personnages.
Plus conséquent, le bonus intitulé The Rocky Legacy (15’), propose un retour sympathique sur la saga et son héritage, aussi bien au cinéma que dans la culture populaire. L’ensemble est présenté par Dolph Lundgren, qui s’entretient d’ailleurs avec Sly en regardant quelques extraits de Rocky IV.
Enfin, nous trouvons dix minutes de scènes coupées, très réussies, notamment celle où Rocky rend hommage à l’un de ses amis lors d’une cérémonie funèbre (sublime Stallone) et une autre intervenant après le match final où tous les personnages se font face dans le vestiaire, Adonis avec Viktor, Adonis face à Ivan, puis Rocky face à Ivan. Une séquence superbe. Dommage de ne pas retrouver la scène regrettée par Sylvester Stallone car coupée au montage, où Rocky et Ivan Drago en venaient aux mains, avant d’être séparés par la sécurité.
L’Image et le son
Que voilà un bel objet ! Warner met les petits plats dans les grands et offre à la photo de Kramer Morgenthau, jusqu’alors habitué aux nanars et navets (Terminator Genisys, Thor: Le monde des ténèbres, Godsend, expérience interdite) ,un superbe écrin qui restitue adroitement les partis pris esthétiques originaux. Le piqué est diaboliquement ciselé, le cadre large flatte les rétines, tout comme un léger grain d’ailleurs, les contrastes sont particulièrement tranchés, les noirs concis et la colorimétrie est sublime. L’ensemble est soutenu par une compression AVC de haute volée et fort élégante, les détails sont légion, le relief omniprésent et la profondeur de champ toujours présente. Un master HD (1080p, AVC) brillant, dense et minutieux, en un mot superbe.
Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre un mixage Dolby Atmos-TrueHD anglais (également disponible en DTS-HD Master Audio 5.1), aussi percutant dans les scènes d’affrontements secs que dans les échanges plus intimistes. Les séquences sur le ring peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. En revanche, la piste française, proposée dans un pauvre Dolby Digital 5.1, parvient à s’en sortir, même s’il n’y a pas de comparaison possible avec la version originale.
RAMBO 3 (Rambo III) réalisé par Peter MacDonald,disponible en Coffret Trilogie (4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook) le 14 novembre 2018 chez Studiocanal
Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Marc de Jonge, Kurtwood Smith, Spiros Focas, Sasson Gabai…
Scénario : Sylvester Stallone, Sheldon Lettich
Photographie : John Stanier
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 1h41
Date de sortie initiale: 1988
LE FILM
Le Colonel Trautman contacte Rambo dans sa retraite en Thaïlande pour qu’il l’accompagne dans une mission périlleuse en Afghanistan. Mais l’ex-soldat refuse afin de se consacrer aux moines bouddhistes qui l’ont recueilli. Lorsque, quelques jours plus tard, l’agent Griggs lui explique que Trautman a été capturé par le Colonel Zaysen, Rambo décide de sauver son ami. Il s’infiltre dans les lignes ennemies et découvre toute l’horreur du conflit qui oppose les moudjahidins à l’armée soviétique. Déterminé, il s’attaque à toute une armée sans oublier son objectif premier : récupérer Trautman.
God would have mercy, John Rambo won’t !
C’est probablement l’épisode sur lequel il y a le moins de choses à dire. Pourtant, Rambo 3 était à l’époque l’une des plus grosses productions cinématographiques jamais entreprise à la fin des années 1980 ! Rambo 2 – La Mission et Rocky 4 marquent l’apogée commerciale de Sylvester Stallone. Deux triomphes mondiaux. Après un Cobra très violent et un Bras de fer mal aimé – pour lequel l’acteur avait obtenu un cachet record – qui a pourtant traversé les années sans trop de dommages, Sly décide de revenir à John Rambo en 1988. Et pour cela rien de tel que de s’en prendre à nouveau à ces « pourritures communistes » en ciblant l’Afghanistan et peu importe si personne ne sait où ce pays se trouve sur une carte. Du moment que Rambo dézingue quelques rouges mal intentionnés, les spectateurs s’en fichent. Sylvester Stallone s’entraîne dur et dessine ses dorsaux. Pour l’aider au scénario, Sly fait appel à Sheldon Lettich, l’auteur de Russkies de Rick Rosenthal, qui évoquait déjà la Guerre Froide, et qui vient de signer également Bloodsport – Tous les coups sont permis qui révélait alors JCVD au monde entier. Mal aimé par les fans de la première heure, Rambo 3 n’en reste pas moins un divertissement bourrin encore ahurissant aujourd’hui, réalisé avant l’avènement des images de synthèse, dans lequel Stallone pousse encore plus loin les manettes en faisant définitivement de Rambo un personnage de cartoon invincible. C’est explosif, jouissif, on en prend plein les yeux, bref Rambo 3 est un immense plaisir.
Tentant d’oublier sa vie de guerrier, John Rambo vit désormais dans un monastère thaïlandais. Alors quand son ami le Colonel Samuel Trautman et l’agent de la CIA, attaché à l’ambassade américaine, Robert Griggs lui demandent de participer à une mission en Afghanistan, occupée par les Soviétiques depuis 1979, Rambo décline. Trautman part donc faire la mission seul mais il est capturé et torturé par le Colonel Zaysen. Quand Rambo apprend la nouvelle par Robert Griggs, il accepte de partir en Afghanistan. Recueilli par des moudjahidins, il assiste à la destruction de leur camp par les hélicoptères de Zaysen. Les rebelles préfèrent alors se retirer au Pakistan alors que Rambo tente sans succès de libérer Trautman du fort soviétique où il est retenu prisonnier.
Alors…où est-ce que les missiles sont localisés ?
Tout près…
Où ça ?
Dans ton cul !
Si Rambo 3 est l’épisode qui comporte le moins de séquences anthologiques, il demeure celui qui contient le plus de punchlines. Conscient de « l’hénaurmité » dans laquelle il s’est fourré, Sylvester Stallone se permet quelques répliques bourrées d’humour du style « Qu’est-ce que c’est qu’ça ? » « Une lumière bleue. » « Et ça fait quoi ? » « Du bleu. » « Je vois… ». Avant cela, le cinéaste Russell Mulcahy (Razorback, Highlander) est renvoyé au bout de deux semaines pour « divergences artistiques » avec la production. Réalisateur de la seconde équipe, le britannique Peter MacDonald est désigné pour le remplacer. Loin d’être un manchot, ce dernier aura travaillé auparavant comme responsable de la deuxième équipe sur L’Empire contre-attaque, Excalibur, Rambo 2 – La Mission, mais aussi comme cadreur chez Bob Fosse (Cabaret), John Boorman (Zardoz), Sidney Lumet (Le Crime de l’Orient-Express), Richard Attenborough (Un pont trop loin), Richard Donner (Superman) et Ridley Scott (Legend). C’est ce qui s’appelle avoir un C.V. qui a la classe ! Un peu pris au dépourvu, Peter MacDonald reprend le flambeau et s’en acquitte formidablement.
Le problème, c’est que durant la production, Mikhaïl Gorbatchev décide de retirer les troupes russes d’Afghanistan et de serrer la main à Ronald Reagan. Le scénario ne peut être remanié à temps. Les ennemis du film ne le seront plus à sa sortie, le monde change, l’Histoire est bouleversée. Qu’à cela ne tienne, Rambo 3 devient alors un gros divertissement où l’action prend le dessus sur tout, y compris sur la psychologie et le réalisme. Peu importe si les russes y sont une fois de plus montrés comme des salopards inhumains (le français Marc de Jonge incarne le perfide Zaysen), Stallone et MacDonald privilégient les explosions et les bastons sur un rythme trépident. Rambo 3 devient de la vraie BD filmée avec un héros qui se prend des coups, des flèches et des bastos, sans jamais tomber. Si son corps musclé à l’extrême est meurtri, Rambo cautérise ses plaies avec de la poudre extraite d’une balle, avant de repartir encore plus vénère.
Stallone n’a jamais été aussi monolithique que dans Rambo 3. Souvent filmé de dos afin que les spectateurs prennent le temps d’admirer ses efforts dans la salle de sport, le comédien exagère et abuse de son expression figée. Impossible de ne pas rire et cela fait partie du spectacle. L’un des points forts de cet épisode est également d’avoir accordé une plus grande place au Colonel Trautman. Les scènes entre Richard Crenna et Stallone fonctionnent à plein régime dans la dernière partie et les deux rivalisent de badasserie. Enfin, il serait également hypocrite de dire le contraire, Rambo 3 est un film qui a vraiment de la gueule. Peter MacDonald soigne son cadre large, la profondeur de champ est sans cesse exploitée, les séquences d’action soutenues par l’équipe de l’indispensable Vic Armstrong sont jubilatoires et bénéficient surtout d’un montage toujours lisible. Les tympans sont crevés, les yeux révulsés et on aime ça. Le film est sans cesse redécouvert et se voit aujourd’hui avec une certaine nostalgie. Pour résumer, on passe encore un put*** de bon moment.
La sortie de Rambo 3 est difficile. L’Histoire a rattrapé et même doublé Hollywood. Le film déboule sur les écrans américains le 25 mai 1988 et atteint péniblement les 53 millions de dollars de recette en fin de parcours, ce qui ne rentabilise pas le budget pharaonique de 65 millions de dollars, loin derrière les 150 millions récoltés par le second épisode trois ans auparavant. L’accueil à l’international permet néanmoins à Rambo 3 d’être un succès commercial avec près de 140 millions de dollars. Il cartonne en outre en Allemagne, en Italie et même en France avec près de 2 millions d’entrées. Conscient des temps qui changent, Sylvester Stallone range son treillis, son arc et son couteau dans une malle. Contre toute attente, l’acteur ressuscitera le personnage vingt ans après pour un exceptionnel quatrième épisode, écrit et réalisé par ses soins, sobrement intitulé dans nos contrées John Rambo (Rambo aux Etats-Unis), juste après avoir repris les gants pour son splendide Rocky Balboa. L’un des plus beaux comebacks du cinéma. Alors, vivement Rambo – Last Blood mis en scène par Adrian Grunberg (Kill the Gringo) qui sortira en automne 2019.
LE 4K-UHD
Studiocanal regroupe les trois premiers opus de la saga Rambo dans un boîtier Steelbook. Cette édition se compose des Blu-ray 4K empilés sur le côté gauche du coffret et des Blu-ray traditionnels empilés sur la droite. Certains apprécieront, la plupart regretteront ce choix qui abîme les galettes. Autrefois apparu sous la forme d’une boîte de rationnement militaire ou même sous la forme d’une grenade, le coffret présenté ici est plus sobre, aux reflets verdâtres-argentés. Les seuls suppléments disponibles sur les disques UHD sont les commentaires audio, tout le reste est disposé sur les Blu-ray standard. Le menu principal est animé et musical.
Le commentaire audio de Peter MacDonald (vostf) est plutôt intéressant, même s’il intervient finalement rarement. Toutefois, le cinéaste est fier de son film et aborde le renvoi de Russell Mulcahy et sa nomination en tant que réalisateur alors qu’il s’occupait jusque-là de la seconde équipe. Peter MacDonald parle évidemment beaucoup de Sylvester Stallone et de son implication dans les scènes d’action.
Divisé en trois parties, l’acte III du nouveau documentaire intitulé Rambo, symbole des années 80 (11’) donne la parole à l’écrivain David Morrell, aux monteurs Adam Woodward et Joe Mackertich, au comédien Chris Murkey, au réalisateur Peter Macdonald (Rambo III), ainsi qu’à d’autres intervenants (des critiques notamment), qui replacent Rambo3 dans son contexte cinématographique, mais également historique (« Le monde changeait et faisait la paix, alors qu’on tuait 15 russes par jour sur le tournage » dit le metteur en scène) et politique, ainsi que dans la carrière de Sylvester Stallone. Tout ce beau petit monde se focalise surtout ici sur l’évolution du cinéma d’action dans les années 1980 et de l’émergence des stars du genre (aidées en cela par l’explosion de la VHS), avec comme point d’orgue la rivalité Stallone/Schwarzenegger.
L’éditeur reprend le clip inutile (La boucle est bouclée) de six minutes composés d’images tirées du film. Probablement un spot promotionnel destiné à la vente du film à l’étranger.
Le Voyage d’un héros (25’30 ) : L’écrivain David Morrell revient sur la création du personnage, sa mythologie, ses valeurs et sur l’évolution de John Rambo au fil des trois premiers épisodes de la franchise.
Plus anecdotique est le module intitulé Le matériel de survie de Rambo (9’) qui présente toutes les armes du personnage, leur calibre, leur poids, leur portée…
Studiocanal a mis la main sur un début alternatif (3’30) probablement non retenu car non focalisé sur John Rambo, mais sur un commando qui se fait décimer par un hélicoptère. Nous retiendrons les scènes coupées (7’), notamment celle où Rambo prépare son arsenal et forge lui-même son couteau, devenu ici une véritable machette, avant de partir au combat. Une séquence qui sera reprise par Stallone pour son John Rambo en 2008. Une réplique alternative (« Un touriste égaré ! » à la place de « Ton pire cauchemar ! »), ainsi qu’un épilogue différent au cours duquel Rambo décidait de rester avec les moudjahidins.
Présent dans le coffret 2002, le documentaire Afghanistan, un pays en crise (30′) donne la parole aux producteurs de Rambo 3, à des historiens et à Sylvester Stallone, pour remettre le film dans son contexte politique et historique, du moins au début du tournage. Quelques images d’archives viennent illustrer ce module.
Du coffret 2002, Studiocanal a également repris le supplément Le courage et la gloire (27′) qui propose un retour sur la Rambomania, le merchandising qui accompagnaient les épisodes 2 et 3, l’évolution du personnage en parallèle de la politique de Ronald Reagan, puisque les trois épisodes ont couvert les deux mandats du Président des Etats-Unis. Passionnant.
L’éditeur propose ensuite un comparatif avant/après la restauration (1’30).
Les fans apprécieront le making of d’époque (6’) montrant l’envers du décor et le tout commenté par les comédiens. A cela s’ajoute un segment consacré à la relation Rambo/Trautman (2’30), toujours avec des interviews des acteurs sur le plateau de Rambo 3.
Dirigez-vous ensuite sur l’entretien dense et intelligent de Sylvester Stallone (9’) réalisé à l’occasion de sa venue en France pour la sortie de John Rambo. Si les propos tenus ici renvoient à ceux entendus dans son commentaire audio sur le premier film, il est toujours plaisant de passer un moment avec Sly, qui mine de rien est définitivement entré dans les livres d’histoires du cinéma et dont les œuvres commencent depuis quelques années à être reconsidérées, analysées, commentées et étudiées. Mieux vaut tard que jamais ! Sly, qui a beaucoup de recul sur sa création, revient également sur l’évolution pas toujours heureuse de son personnage. Il déclare également porter l’entière responsabilité de l’échec de Rambo 3.
On termine par une séance de musculation ! Ne riez pas car Franco Columbu, alors âgé de 70 ans en 2011, va vous apprendre à devenir Rambo (15’). Dans sa salle de sport, le coach et docteur en chiropratique et nutrition raconte comment il a entraîné Sylvester Stallone et propose de nous montrer les exercices auxquels s’est plié le comédien au fil du tournage des trois épisodes.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et des spots TV.
Ah oui, ne manquez pas le bonus caché qui était déjà présent sur l’ancien coffret métallique. Pour y accéder, placez votre curseur sur le premier supplément et appuyez sur la flèche du haut. Le couteau de Rambo apparaît en bas de page. Validez. Vous accéderez à un montage génial (4’30) réalisé à partir des jouets d’époque (avec le prix original qui s’affiche) animés et qui rejouent les plus grandes scènes des trois films.
L’Image et le son
Des trois masters 4K, celui de Rambo 3 est celui qui en met plein la vue. Le négatif original a été scanné en 4K chez Technicolor Hollywood avant d’être pris en charge par l’indispensable laboratoire Eclair pour sa remasterisation. La promotion UHD est quasi-omniprésente. Le soleil tape dur sur les paysages secs et poussiéreux ! Les tons sont ici sableux, chatoyants et la palette chromatique possède ici une richesse assez inouïe. Chaque séquence en extérieur, que ça soit durant le coucher du soleil en Thaïlande ou lors de la scène du bouzkachi, ou pendant les affrontements entre les chars et les hélicoptères apparaît flambant neuve, tout en préservant la belle texture argentique originale, avec peut-être un grain plus grumeleux sur les scènes sombres. Cette galette 4K Ultra-HD labellisée Dolby Vision HDR 10 est franchement superbe. La propreté de l’image est remarquable, tout comme sa clarté, les contrastes, la gestion des noirs. Le cadre large regorge de détails, comme sur les visages (voir celui de Rambo perlé de sueur lors du combat inaugural) et la profondeur de champ laisse pantois. Ou comment redécouvrir Rambo 3 dans les meilleures conditions techniques à ce jour.
Nous nous retrouvons avec les mêmes propositions que pour les deux précédents volets, à savoir des pistes anglaises et françaises disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Cette fois encore, la version française n’arrive pas à la cheville de l’autre option acoustique, même si la spatialisation est plus enveloppante et mieux équilibrée. Toutefois, les basses auraient mérité d’être plus accentuées. En revanche, grosses ambiances explosives pour la version originale, très immersive lors des scènes d’action dès le combat en début de film avec les acclamations des spectateurs. A ce titre, la dernière demi-heure mettra à mal votre installation. Seul bémol de cette piste, les scènes plus « calmes » délaissent les effets naturels lors des échanges. Sans surprise, le score de Jerry Goldsmith est l’élément qui profite de la DTS-HD. On aurait tellement aimé une Dolby Atmos ou DTS-X…
RAMBO 2 – La Mission (Rambo: First Blood Part II) réalisé par George Pan Cosmatos,disponible en Coffret Trilogie (4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook) le 14 novembre 2018 chez Studiocanal
Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Charles Napier, Julia Nickson, Steven Berkoff, Martin Kove…
Scénario : Kevin Jarre, Sylvester Stallone, James Cameron
Photographie : Jack Cardiff
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 1h36
Date de sortie initiale: 1985
LE FILM
John Rambo purge une peine de prison lorsque le Colonel Trautman lui donne la possibilité de sortir pour une mission délicate : avoir la preuve qu’il reste bel et bien des prisonniers américains au Vietnam. Supposé n’être qu’un observateur, Rambo désobéit aux ordres et tente de sauver un prisonnier. Murdock, le responsable de la mission, décide alors de l’abandonner en territoire ennemi, Rambo, seul, sans armes et face à l’ennemi, prépare sa vengeance et son retour au pays.
Aucun homme, aucune loi, aucune guerre ne peuvent l’arrêter.
Bheeeeeeeeeuaaaaaaaar ! Cette fois on y va pour gagner Colonel ? Trois ans après l’incroyable succès de Rambo, il fallait bien que Sylvester Stallone revienne à ce personnage immédiatement adopté par les spectateurs du monde entier, y compris par le monde politique. Alors qu’il vient d’entamer son deuxième mandat, le Président Ronald Reagan n’hésite pas à citer Rambo dans quelques discours. Il n’en fallait pas plus pour Sly pour préparer le retour de son personnage John Rambo, d’autant plus que la suite de La Fièvre du samedi soir, Staying Alive, qu’il a mis en scène, n’a pas été le succès escompté, tout comme la comédie musicale Rhinestone aka Le Vainqueur de Bob Clark qui reste un des moments les plus gênants de sa carrière. Rambo 2 – La Mission/ Rambo – First Blood Part II est donc lancé, sur une histoire originale de James Cameron, oui oui, reprise ensuite par le comédien afin de la mettre à sa sauce, à sa propre gloire, à celle de son pays, histoire de panser les plaies de la guerre du Vietnam encore présente dans les esprits. Mais contrairement au premier opus de Ted Kotcheff, celui réalisé par George Pan Cosmatos (Le Pont de Cassandra, Bons baisers d’Athènes) prend comme partis pris de faire de Rambo le représentant d’une nation. Ici, le personnage va enfin permettre à The Star-Spangled Banner d’être fièrement brandi au Vietnam puisque Rambo va à lui-seul remporter la victoire en massacrant à la chaîne toute une armée jusqu’aux dents. Ou comment Sylvester Stallone va trahir de façon outrancière son personnage afin d’écraser la concurrence au box-office. Rambo 2 – La Mission est et demeure l’un des plus grands phénomènes cinématographiques des années 1980.
Ce que vous appelez l’enfer, il appelle ça chez lui.
Après son arrestation à la fin du premier volet, Rambo est emprisonné et condamné aux travaux forcés. Son mentor, le Colonel Samuel Trautman (Richard Crenna avec son béret vissé de travers sur la tête) débarque et lui propose d’accomplir une mission périlleuse : trouver des preuves de la présence de prisonniers américains au Vietnam, en échange de quoi il retrouvera sa liberté. Arrivé dans la jungle, il entre en contact avec l’espionne anti-communiste Co Bao. Ensemble, ils découvrent un camp vietnamien et Rambo libère un prisonnier. Alors que l’hélicoptère chargé d’exfiltrer Rambo arrive, Murdock, le chef de la mission, qui a eu vent de la libération du prisonnier, décide d’annuler la mission sans récupérer ni ce dernier ni Rambo, malgré la tentative du colonel Trautman pour infléchir ses ordres. Murdock espérait en effet que Rambo ne découvre aucune preuve pour pouvoir classer l’affaire car le Congrès américain n’a aucune envie d’une nouvelle guerre du Vietnam. Trahi et abandonné à son sort, Rambo est ramené au camp vietnamien et torturé. Il fera tout pour s’échapper, venir en aide à d’autres prisonniers, se venger de Murdock, mais aussi et surtout prendre sa revanche sur le Vietnam.
Pour survivre à la guerre il faut devenir la guerre.
Quand on y regarde de plus près et surtout près de 35 ans après sa sortie, les américains ne sont pas aussi bien lotis qu’on pourrait le croire dans Rambo 2 – La Mission. Certes, Rambo joue au ball-trap pendant 1h30 en flinguant tout ce qui bouge (près de 70 hommes y passent) et cette fois sans sourciller, mais ceux qui l’ont employé sont quand même d’immenses salopards (Charles Napier avec son sourire carnassier) qui ont voulu faire bonne figure en faisant croire qu’ils pensent encore aux soldats disparus en organisant de pseudo-recherches. Mais ils reculent dès qu’on leur présente la preuve de ce qu’ils avançaient, n’hésitant pas pour cela à trahir l’un des leurs par lâcheté. Cela étant, Rambo 2 – La Mission reste symbolique de la politique Reaganienne, fustigeant les régimes communistes, tout à la gloire du Pays de l’Oncle Sam où le Rêve américain est ouvert à tous, où le fric déborde de partout, sans oublier le culte du corps. Bref, l’hégémonie américaine est omniprésente.
Ayant abusé de la gonflette, Sylvester Stallone apparaît deux fois plus énorme que dans le premier. Tout est fait pour faire de son personnage une icône, une référence au même titre qu’un G.I. Joe. Tout est prétexte pour mettre en valeur les muscles bandés de l’acteur, y compris lorsqu’il affûte son couteau (avec sa lame également deux fois plus grande que dans Rambo), ou quand il lace ses Rangers comme dans la mythique bande-annonce. Difficile aujourd’hui de revoir Rambo 2 – La Mission sans sourire ou même rire devant la parade de Stallone. Pourtant, ce dernier assure. Il fait tout exploser à l’écran (des communistes surtout c’est vrai, puisque les méchants russes sont également de la partie contre notre super-héros), tire avant de parler, prend le temps de tomber amoureux tout en se recoiffant, prend un bain de boue, prépare son arsenal et surtout ses flèches avec lesquelles il rase une bonne partie de la jungle. Le sketch Rambo d’Albert Dupontel reste le meilleur résumé du film au monde.
S’il y a bien une chose que l’on ne peut nier ni reprocher à Sylvester Stallone, c’est sa générosité en ce qui concerne les scènes d’action. Rambo 2 – La Mission peut largement être critiqué, mais en aucun cas pour sa notion de divertissement. Le film reste d’ailleurs l’une des références en la matière et moult ersatz verront le jour après, sans jamais atteindre la réussite de spectacle pyrotechnique savamment mis en scène par George Pan Cosmatos, joliment photographié par le célèbre chef opérateur Jack Cardiff et toujours sur une musique tonitruante de Jerry Goldsmith. Sorti en 1985 et accompagné d’une campagne promotionnelle internationale dévastatrice, Rambo 2 – La Mission dépasse tous les pronostiques.
C’est vous qui avez commis une erreur.
Et vous allez me dire laquelle.
Rambo.
Si le budget est largement supérieur à celui du premier épisode avec 45 millions de dollars, le triomphe est ahurissant (voire obscène) avec 150 millions de dollars de recettes sur le sol américain, l’équivalent dans le reste du monde. En France, Sylvester Stallone connaîtra alors son plus grand succès en attirant près de six millions de spectateurs (deuxième plus gros hit de l’année derrière Trois hommes et un couffin de Coline Serreau) et rentre dans l’histoire en devenant le premier film à passer la barre des 500.000 entrées la première semaine. Il restera également pendant dix ans le plus gros démarrage en région parisienne avec plus de 80.000 spectateurs sur la première journée d’exploitation le 16 octobre 1985. La Rambomania bat son plein, les gamins jouent à la guerre dans la rue, les mecs bombent le torse et vont au club de gym, Ronald Reagan rêve d’avoir le nouveau patriote Rambo à ses côtés. Sly et Pan Cosmatos referont immédiatement équipe avec Cobra. Mais Sylvester Stallone prépare activement Rocky IV, qu’il a écrit entre deux prises de Rambo 2 – La Mission, et mettra quatre ans avant de revenir une troisième fois à Rambo.(à suivre…)
LE 4K UHD
Studiocanal regroupe les trois premiers opus de la saga Rambo dans un boîtier Steelbook. Cette édition se compose des Blu-ray 4K empilés sur le côté gauche du coffret et des Blu-ray traditionnels empilés sur la droite. Certains apprécieront, la plupart regretteront ce choix qui abîme les galettes. Autrefois apparu sous la forme d’une boîte de rationnement militaire ou même sous la forme d’une grenade, le coffret présenté ici est plus sobre, aux reflets verdâtres-argentés. Les seuls suppléments disponibles sur les disques UHD sont les commentaires audio, tout le reste est disposé sur les Blu-ray standard. Le menu principal est animé et musical.
Contrairement aux excellents commentaires audio présents sur le premier opus, celui du réalisateur George Pan Cosmatos (vostf) est soporifique et à fuir. Ce dernier paraphrase ce qui se passe à l’écran du début à la fin, s’endort visiblement parfois, puis reprend en racontant quelques anecdotes sans intérêt ou reprises dans les suppléments suivants de façon nettement plus enjouée.
Divisé en trois parties, l’acte II du nouveau documentaire intitulé Rambo, symbole des années 80 (12’) donne la parole à l’écrivain David Morrell, aux monteurs Adam Woodward et Joe Mackertich, au comédien Chris Murkey, au réalisateur Peter Macdonald (Rambo III), ainsi qu’à d’autres intervenants (des critiques notamment), qui replacent Rambo2 – La Mission dans son contexte cinématographique, mais également historique et politique, ainsi que dans la carrière de Sylvester Stallone. Le ton est bien évidemment plus cynique et pince-sans-rire que pour le premier épisode.
Reprise ici du documentaire de 2002 intitulé On y va pour gagner (20’), suite d’Avant que le sang ne coule, réalisé pour le vingtième anniversaire de Rambo, et composé d’interviews des comédiens, de David Morrell, du réalisateur George Pan Cosmatos et des producteurs qui racontent plus ou moins les mêmes anecdotes et souvenirs de tournage déjà entendues précédemment. Ce qui n’empêche pas ce documentaire d’être très bon. Quelques photos et images de plateau viennent illustrer l’ensemble.
Dans la jungle (8’) est un making of d’époque composé d’interviews d’époque de Sylvester Stallone, de Julia Nickson-Soul et de George Pan Cosmatos, qui racontent les grandes lignes de cette suite.
Place à un document d’archive (2’) consacré à Robert Garwood, le dernier prisonnier de guerre américain capturé au Vietnam, libéré en 1979 après 14 ans de détention.
Le module suivant Sean Baker (2’) montre la visite sur le plateau d’un adolescent fan de Sylvester Stallone, qui aurait vu 220 fois le premier épisode. Le film de Ted Kotcheff et surtout la force surhumaine de Rambo aurait aidé le jeune homme, condamné par la maladie, à combattre le cancer qui le ronge. Devant la caméra, Sly tape la discute avec Sean Baker et lui raconte quelques souvenirs de tournage du premier film.
S’ensuivent deux interviews de Sylvester Stallone (2’) et Richard Crenna (1’30) réalisées sur le plateau.
L’éditeur propose ensuite un comparatif avant/après la restauration (1’), puis un montage d’images brutes de tournage (2’).
On termine par une séance de musculation ! Ne riez pas car Franco Columbu, alors âgé de 70 ans en 2011, va vous apprendre à devenir Rambo (14’). Dans sa salle de sport, le coach et docteur en chiropratique et nutrition raconte comment il a entraîné Sylvester Stallone et propose de nous montrer les exercices auxquels s’est plié le comédien au fil du tournage des trois épisodes.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et des spots TV.
L’Image et le son
Comme pour le premier opus et pour le troisième dont le test arrive très bientôt, le transfert UHD pour Rambo 2 – La Mission tient toutes ses promesses. Le négatif original a été scanné en 4K chez Technicolor Hollywood avant d’être pris en charge par l’indispensable laboratoire Eclair pour sa remasterisation. La promotion 4K est ici encore plus flagrante que pour le film de Ted Kotcheff, plus sombre, plus poisseux. Ce qu’on l’on oublie souvent, c’est que la photographie de l’épisode réalisé par George Pan Cosmatos est vraiment très belle. Le travail du vétéran Jack Cardiff (Le Narcisse noir, Les Chaussons rouges, Pandora, La Comtesse aux pieds nus) n’a jamais été aussi choyé avec une luminosité de chaque instant et un aspect parfois ouaté du plus bel effet quand Rambo est en compagnie de sa douce. Voilà probablement l’édition Ultime de Rambo 2 – La Mission. Cette galette 4K Ultra-HD labellisée Dolby Vision HDR 10 est franchement superbe. La palette chromatique est resplendissante dès le premier plan sur la carrière, les verts et les marrons de la jungle ressortent comme jamais auparavant. Les explosions (la scène où Rambo court au ralenti) en mettent plein la vue. La propreté de l’image est remarquable, tout comme sa clarté, les contrastes, la gestion du grain argentique et des noirs. Le cadre large est loin d’être avare en détails, notamment sur la tronche burinée (et toujours en sueur) de Stallone et sur ses abdos huilés.
Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Bon, ceux qui auront découvert le film dans la langue de Molière et qui restent attachés au doublage risquent d’être déçus devant le manque d’ampleur de cette option acoustique, même si l’ensemble est nettement plus agité que sur le premier. Le report des voix est trop léger ou sourd, tout comme la balance frontale. La piste originale est également mieux lotie, surtout lors de la dernière demi-heure où les explosions et les déflagrationss’enchaînent non-stop jusqu’au retour de Rambo où il détruit le matériel de l’armée. Alors, si cette piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 n’atteint pas la dynamique des films contemporains, le spectacle est bel et bien présent avec des basses percutantes. La spatialisation est plus éloquente(ambiances de la jungle, rotors d’hélicoptères), et profite encore une fois à la composition de l’immense Jerry Goldsmith.
RAMBO (First Blood) réalisé par Ted Kotcheff,disponible en Coffret Trilogie (4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook) le 14 novembre 2018 chez Studiocanal
Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy, David Caruso, Jack Starrett, Bill McKinney, Michael Talbott…
Scénario : Michael Kozoll, William Sackheim, Sylvester Stallone d’après le roman Le Premier sang – First Blood de David Morrell
Photographie : Andrew Laszlo
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 1h33
Date de sortie initiale: 1982
LE FILM
John Rambo est un héros de la Guerre du Vietnam errant de ville en ville à la recherche de ses anciens compagnons d’armes. Alors qu’il s’apprête à traverser une petite bourgade pour s’y restaurer, le Shérif Will Teasle l’arrête pour vagabondage. Emprisonné et maltraité par des policiers abusifs, Rambo devient fou furieux et s’enfuit dans les bois après avoir blessé de nombreux agents. Traqué comme une bête, l’ex-soldat est contraint de tuer un policier en légitime défense. Dès lors, la police locale et la garde nationale déploient des moyens considérables pour retrouver le fugitif. Le Colonel Trautman, son mentor, intervient et essaie de dissuader les deux camps de s’entre-tuer pendant que Rambo, acculé et blessé, rentre en guerre contre les autorités.
Welcome to Hope !
Après Rocky, Rambo est bien évidemment le second personnage mythique interprété par Sylvester Stallone. Intitulé First Blood en version originale (ou le premier sang versé causé par celui qui ouvre les hostilités), Rambo dans nos contrées et Rambo : Le Dévastateur chez nos amis du Québec, est un grand classique et même un chef d’oeuvre absolu du cinéma américain des années 1980. Au-delà de son importance historique de par son sujet abordé des anciens soldats revenus du Vietnam et affrontant la haine de leurs concitoyens, Rambo, produit par Mario Kassar et Andrew G. Vajna, est également le film matriciel de tout le cinéma d’action qui allait envahir les salles du monde entier en faisant d’Arnold Schwarzenegger, Jean-Claude Van Damme et consorts les plus grandes stars de la décennie. Si la réputation du premier opus a pâti d’un second épisode nawak et parfaite antithèse du premier volet, Rambo est aujourd’hui considéré à l’unanimité comme une référence et n’a pas à rougir d’être cité aux côtés d’oeuvres emblématiques comme Voyage au bout de l’enfer, Taxi Driver, Platoon sans oublier le méconnu et pourtant précurseur Les Visiteurs d’Elia Kazan (1972). Alors en attendant de découvrir cette année le cinquième et dernier combat de John Rambo intitulé Last Blood, il est toujours bon de réviser ses classiques.
John Rambo, un ancien Béret vert et héros de la guerre du Vietnam, erre sans but de ville en ville depuis son retour aux Etats-Unis. En voulant rendre visite au dernier de ses anciens compagnons d’armes encore en vie, il apprend la mort de celui-ci des suites d’un cancer. Reprenant sa route, il arrive dans une petite ville d’une région montagneuse, afin de s’y restaurer. Mais le shérif de la ville, Will Teasle, prétextant ne pas vouloir de vagabonds dans sa ville, le raccompagne à la sortie de l’agglomération. Ulcéré, Rambo tente de faire demi-tour, mais il est alors arrêté sans ménagement par le shérif. Jeté en prison pour vagabondage et refus d’obtempérer, il est maltraité par un des policiers, Galt, qui le prend en grippe dès son arrivée. Rambo se révolte et, après une violente bagarre, s’enfuit du commissariat au guidon d’une motocyclette volée. Après avoir semé le shérif Teasle lors de sa dangereuse course-poursuite en voiture, Rambo se réfugie dans les bois qui garnissent la montagne. Traqué comme un animal par le shérif qui a rameuté ses troupes, Rambo est contraint à la défensive. Usant ensuite de son expérience des ruses de guerre, de la guérilla et des pièges acquise dans la jungle vietnamienne, il neutralise un à un les subordonnés de Teasle lancés à sa poursuite. Ignorant la menace, Teasle, après être revenu en ville, fait appel à la Garde nationale. Des moyens considérables sont alors déployés pour retrouver le fugitif. Le colonel Samuel Trautman, ancien mentor de Rambo, arrive sur les lieux et intervient pour convaincre Teasle d’abandonner un combat perdu d’avance : face au soldat surentraîné, ils n’auraient aucune chance.
Rambo est adapté du roman de David Morrell, Le Premier sang, publié en 1972, l’un des premiers ouvrages consacrés à la difficile réinsertion des vétérans ayant quitté l’Amérique de JFK sûrs de leur bon droit, pour retrouver une Amérique hippie et moralisatrice qui formulait de sévères critiques à leur encontre. Les sujets alors tabous de la dénonciation des horreurs de la guerre et surtout des troubles de stress post-traumatique sont également au centre de l’ouvrage. Projet passé dans les mains de réalisateurs frileux préférant repasser le scénario à un confrère et des acteurs de renom (Dustin Hoffman, Al Pacino, Steve McQueen, Clint Eastwood, Nick Nolte, Jeff Bridges, Robert De Niro, Michael Douglas, Terence Hill) refusant poliment, le script de Rambo est envoyé par Ted Kotcheff, finalement retenu, à Sylvester Stallone.
Révélé au monde entier avec Rocky en 1976, notre ami Sly est tout de suite passé à la mise en scène avec l’attachant LaTaverne de l’enfer – Paradise Alley, qui s’est soldé par un échec. Rocky II était déjà sur les rails, ce qui le maintenait à flot au box-office. Les Faucons de la nuit – Nighthawks de Bruce Malmuth et A nous la victoire de John Huston se ramassent également dans les salles. Pas de problème, Sly nous sort un Rocky III au triomphe international. Et c’est alors que Rambo arrive dans la vie du comédien. Derrière la caméra, le canadien Ted Kotcheff hérite donc du bébé. Essentiellement connu pour le frappadingue Réveil dans la terreur – Wake in fright (1971), ainsi que les excellentes comédies caustiques Touche pas à mon gazon (1977) et La Grande cuisine (1978), le réalisateur signera ici son film le plus célèbre. Quant à Sylvester Stallone, ce rôle, pour lequel il a réécrit une bonne partie du scénario original (dans lequel Rambo était décrit comme un vrai psychopathe et qui tuait sans aucun recul) afin de mieux se l’approprier, lui permet de livrer l’une de ses plus grandes prestations dramatiques.
John J. Rambo est un personnage éminemment tragique. Un jeune soldat transformé en machine à tuer, un monstre, un chien enragé qui se retrouve abandonné par ses « maîtres » une fois sa mission terminée. Le retour à la vie « normale » est donc difficile, voire impossible malgré les apparences. Les regards furieux dirigés contre lui en disent long sur la frustration des américains quant à leur défaite au Vietnam. Rambo est devenu le punching-ball idéal contre lequel les Etats-Unis vont s’acharner afin de mieux oublier l’issue de cette guerre. Les tortures et humiliations subies par le personnage principal apparaissent sous forme de flashbacks, des réminiscences plutôt, de façon sèche et quasi-subliminale, qui reflètent instantanément la psyché perturbée de Rambo. Stallone a donc réussi à faire passer son personnage du côté des victimes de l’armée, de la politique et de la société, plutôt que d’en faire un monstre décérébré ou un Terminator humain.
Le comédien n’est pas seul en piste dans ce premier volet et se voit solidement épaulé par le grand – au sens propre comme au figuré – Brian Dennehy, véritablement flippant dans le rôle du shérif Teasle, lui-même ancien de la Guerre de Corée, alors quasi-oubliée de la conscience collective et qui voit en Rambo un moyen cathartique de se livrer une violence jusqu’alors contenue. Quant au rôle du célèbre Colonel Trautman, un temps envisagé pour Kirk Douglas, Lee Marvin ou Gene Hackman, c’est finalement Richard Crenna qui l’endosse et qu’il reprendra dans les deux films suivants et pour ainsi dire dans le cultissime Hot Shots 2. Un certain David Caruso (sans ses lunettes de soleil, mais déjà roux) apparaît également dans l’un de ses premiers rôles au cinéma.
Tourné dans les magnifiques paysages sauvages de la province de Colombie-Britannique, Rambo combine à la fois le drame psychologique et le survival, le thriller et le film de guerre. Véritablement investi, Sylvester Stallone, pas encore bodybuildé à l’extrême parvient à rendre extrêmement fragile son personnage, créant immédiatement l’empathie pour cet être ravagé de l’intérieur, qui souhaite trouver le repos ou une main tendue qu’on lui refuse. Dans le premier montage livré aux spectateurs lors d’une projection-test, Rambo parvenait à détourner l’attention de Trautman pour que ce dernier l’assassine. Devant ce rejet unanime, le final est retourné, celui où Rambo est finalement se rend aux autorités (sur la sublime musique de Jerry Goldsmith) après s’être écroulé en pleurs dans les bras de celui qui a fait de lui ce qu’il est devenu.
Contre toute attente, y compris Sylvester Stallone qui ne croyait pas au personnage durant une bonne partie du tournage, Rambo est un succès dans le monde entier. Tourné pour un budget de 15 millions de dollars, le film en rapporte près de 50 millions sur le sol américain, 80 à l’étranger et attire plus de 3 millions de français dans les salles. Mais ce hit ne sera rien comparé à celui de Rambo II – La Mission – First Blood Part 2…(à suivre)
LE 4K UHD
Studiocanal regroupe les trois premiers opus de la saga Rambo dans un boîtier Steelbook. Cette édition se compose des Blu-ray 4K empilés sur le côté gauche du coffret et des Blu-ray traditionnels empilés sur la droite. Certains apprécieront, la plupart regretteront ce choix qui abîme les galettes. Autrefois apparu sous la forme d’une boîte de rationnement militaire ou même sous la forme d’une grenade, le coffret présenté ici est plus sobre, aux reflets verdâtres-argentés. Les seuls suppléments disponibles sur les disques UHD sont les commentaires audio, tout le reste est disposé sur les Blu-ray standard. Le menu principal est animé et musical.
Rambo dispose de deux commentaires audio, disponible en version originale sous-titrée en français. Le premier est réalisé par l’auteur David Morrell, déjà disponible auparavant. Un excellent supplément, clair, net, précis, sans aucun temps mort, dans lequel David Morrell revient notamment sur la genèse de son roman, mais aussi sur les différences entre le film et son best-seller. Le tout parsemé d’anecdotes sur le tournage.
Le second commentaire est évidemment indispensable pour tous les fans puisque mister Sylvester Stallone prend le micro durant 1h30 pour évoquer TOUT ce qui concerne Rambo, la genèse (Sly ne voulait pas le faire, trouvant l’idée du film très mauvaise et le personnage repoussant), le tournage, sa préparation pour le rôle, mais aussi ses doutes, la réécriture du scénario, les conditions des prises de vue (marquées par des températures glaciales), la psychologie du personnage, les accessoires, le casting, les scènes coupées au montage, ses nombreuses blessures (« Les urgences en avaient marre de me voir tous les jours ! »), sa condition physique et le phénomène mondial qui allait être amplifié avec la sortie du deuxième épisode. Etrangement, Sylvester Stallone parle très peu de la mise en scène et de sa collaboration avec Ted Kotcheff. Mais le comédien considère Rambo comme le meilleur film d’action de sa carrière, raison pour laquelle il a voulu enregistrer ce commentaire audio assez exceptionnel.
Divisé en trois parties, l’acte I du nouveau documentaire intitulé Rambo, symbole des années 80 (18’) donne la parole à l’écrivain David Morrell, aux monteurs Adam Woodward et Joe Mackertich, au comédien Chris Murkey, au réalisateur Peter Macdonald (Rambo III), ainsi qu’à d’autres intervenants (des critiques notamment), qui replacent Rambo dans son contexte cinématographique, mais également historique et politique, ainsi que dans la carrière de Sylvester Stallone. Quelques arguments font écho avec ce qui a déjà pu être entendu dans les deux commentaires audio précédents, mais les propos tenus ici sont souvent passionnants.
Repris des éditions précédentes, le making of Avant que le sang ne coule (22’30) réalisé pour le vingtième anniversaire de Rambo, est composé d’interviews des comédiens, de David Morrell et des producteurs qui reprennent plus ou moins les mêmes anecdotes et souvenirs de tournage déjà racontés précédemment. Ce qui n’empêche pas ce documentaire d’être très bon.
Vous découvrirez ensuite la fameuse fin rejetée par les premiers spectateurs, celle où Rambo parvient à détourner l’attention de Trautman, pour que celui-ci lui tire dessus. « Vous m’avez créé, vous devez me tuer ». Curieux de voir le personnage s’écrouler et mourir à l’écran et surtout de constater que Trautman n’a finalement aucun remords en voyant Rambo décéder à ses pieds (2’).
La séquence inédite suivante (1’) reprend plus ou moins la précédente, mais Trautman refuse cette fois de pointer son arme sur Rambo. Cette séquence se termine par une petite blague de Sylvester Stallone qui fait rire l’équipe et son partenaire.
La scène coupée (2’30) évoquée lors des commentaires audio, se déroule après que Rambo ait tué le sanglier. Prenant un peu de repos à côté de son feu de camp, le personnage se remémore soudain sa rencontre avec une prostituée vietnamienne, une passion éphémère dans un bar, avant de retourner au combat.
L’éditeur propose ensuite un comparatif avant/après la restauration (1’30).
Place à un documentaire déjà vu sur les anciennes éditions, intitulé Le vrai Vietnam par ceux qui l’ont vécu (27′). Une archive qui combine les interviews de militaires (anciens officiers des renseignements de l’armée américaine, soldats) et de militants pour la paix, avec des images et photos hallucinantes du vrai conflit.
Si Rambo vous a donné envie de vous enrôler chez les Bérets verts – Green Berets, ne manquez pas La Formation des héros (10’), autrement dit un spot de propagande sur cette entité faisant partie des forces spéciales de l’United States Army (armée de terre américaine).
On termine par une séance de musculation ! Ne riez pas car Franco Columbu, alors âgé de 70 ans en 2011, va vous apprendre à devenir Rambo (14’). Dans sa salle de sport, le coach et docteur en chiropratique et nutrition raconte comment il a entraîné Sylvester Stallone et propose de nous montrer les exercices auxquels s’est plié le comédien au fil du tournage des trois épisodes.
L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces.
L’Image et le son
Ça va péter mon colonel ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce transfert UHD tient toutes ses promesses. Le négatif original a été scanné en 4K chez Technicolor Hollywood avant d’être pris en charge par l’indispensable laboratoire Eclair pour sa remasterisation. Alors certes, le résultat à l’écran n’est pas aussi flagrant que pour Rambo 2 – La Mission et encore moins que pour Rambo III à qui cette promotion 4K sied le plus, mais toujours est-il que nous n’avions jamais vu le chef d’oeuvre de Ted Kotcheff dans ces conditions. Voilà probablement l’édition Ultime de Rambo. Il serait en effet difficile de faire mieux pour cet opus sans en dénaturer les volontés artistiques originales du chef opérateur Andrew Laszlo (Les Guerriers de la nuit, Massacre dans le train fantôme). L’attente a donc été longue, mais ceux qui auront acheté les différentes éditions de Rambo sur tous les supports l’auront constaté, la qualité allait toujours en s’améliorant. Cette édition 4K Ultra-HD labellisée Dolby Vision HDR 10 est l’apogée. La palette chromatique n’a jamais été aussi suintante avec ses nuances de verts et de bleus, des teintes froides voire glaciales, tandis que les explosions finales n’ont jamais été aussi luminescentes. La propreté de l’image est remarquable, tout comme sa clarté, la gestion du grain argentique et des noirs. Le cadre large est loin d’être avare en détails sur les paysages sauvages avec notamment une profondeur exceptionnelle.
Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Bon, ceux qui auront découvert le film dans la langue de Molière et qui restent attachés au doublage risquent d’être déçus devant le manque d’ampleur de cette option acoustique. Le report des voix est trop léger ou sourd, tout comme la balance frontale. La piste originale est mieux lotie, même si cette fois encore le spectacle ne peut évidemment pas rivaliser avec les standards actuels. C’est dynamique, puissant même, surtout durant le dernier tiers où Rambo fait tout exploser, mais ne vous attendez pas à un fracas de tous les diables. La spatialisation reste dans la moyenne et profite surtout à la composition de l’immense Jerry Goldsmith.