Test 4K Ultra HD / La Fureur de vaincre, réalisé par Lo Wei

LA FUREUR DE VAINCRE (Jing wu men) réalisé par Lo Wei, disponible en Blu-ray et 4K Ultra-HD le 27 octobre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Bruce Lee, Nora Miao, James Tien, Robert Baker, Jun Arimura, Fu Ching Chen…

Scénario : Lo Wei

Photographie : Ching-Chu Chen

Musique : Ku Chia Hui, Fu-ling Wang

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

A Shanghaï, le dojo Nijiguchi, dirigé par le japonais Suzuki, ne cesse d’humilier les écoles chinoises d’arts martiaux qui obéissent aux préceptes de tolérance taoïste et refusent de se battre. Chen Zhen est un jeune élève de Kung-Fu. Déchiré par la mort suspecte de son maître, il enfreint les règles de son école et décide de se venger en partant à l’assaut du dojo Nijiguchi.

Suite au triomphe inattendu de Big Boss, Bruce Lee doit honorer son contrat et enchaîne immédiatement sur le deuxième film qui le relie à la Golden Harvest. Malgré les incompatibilités (euphémisme) avec le réalisateur Lo Wei (1918-1996), le comédien s’associe à nouveau avec ce dernier, pour une production plus confortable suite au succès commercial précédent. Pour beaucoup de fans et de cinéphiles, La Fureur de vaincreJing wu men, mais aussi Fist of Fury à l’international, est le film dans lequel Bruce Lee livre sa meilleure performance en tant qu’acteur. 45 ans après sa sortie, le film étonne encore par la violence de son personnage principal, psychotique capable de tuer son adversaire en le ruant de coups de poing. Véritablement flippant, Bruce Lee est tour à tour empathique et repoussant, toujours impressionnant, et explose l’écran une fois de plus.

Après de longues vacances, Chen Zen rentre dans son école de kung-fu à Shanghaï, et y découvre que son maître, Huo, est mort. Peu de temps après, les représentants d’une école japonaise rivale viennent humilier l’école de Chen Zen en leur donnant un écriteau sur lequel il y est inscrit une insulte raciale envers les chinois, « Les Chinois sont les malades de l’Asie orientale ». Le lendemain, Chen Zen décide seul d’aller voir l’école japonaise, et de leur rendre leur écriteau. Les Japonais, trouvant Chen Zen trop téméraire le défient : Chen Zen abat tous les élèves de l’école, sans avoir une égratignure. Il découvre, un soir, que l’une des personnes de son école faisait partie des Japonais, et qu’il a empoisonné le maître Huo. Chen Zen va déchaîner sa fureur, jusqu’à tuer, et à devoir se déguiser pour ne pas être reconnu par la police.

Bruce Lee with a vengeance ! Attention à celui croisera son chemin ! Le comédien est parfait dans la peau de ce jeune élève d’arts martiaux, bien décidé à enquêter sur la mort mystérieuse de son maître. Dès son apparition à l’écran et la séquence des funérailles de Huo, le personnage incarné par Bruce Lee semble d’emblée instable, pour ne pas dire déséquilibré. La disparition de celui qui lui a tout enseigné et qui semblait être son seul pilier, va très vite précipiter Chen Zhen dans une colère noire doublée d’une folie meurtrière.

Le récit se déroule dans les années 1930, alors que la ville de Shanghaï est occupée par les Japonais, qui traitent les Chinois comme des animaux. Chen Zhen est une arme de destruction massive lancée sur l’envahisseur et va perdre pied petit à petit. Comme pour Big Boss, La Fureur de vaincre pèche aujourd’hui par son manque de rythme et quelques séquences très (trop?) dialoguées, d’une amourette faisant office de remplissage, ainsi qu’un aspect quelque peu étouffant en raison d’un tournage réalisé quasi-intégralement en studio. Mais quand l’action démarre, ça y va !

La scène où Bruce Lee fait face à plusieurs dizaines de combattants, armé de ses poings, de ses pieds et de son nunchaku, s’inscrit au panthéon du genre et aura marqué moult spectateur et cinéastes, à l’instar de Quentin Tarantino qui comme d’habitude « rendra hommage » (c’est plus élégant que de dire plagier) au film de Lo Wei dans le premier Kill Bill. Alors que l’action se déroule sous la dure domination des Japonais, Bruce Lee devient le symbole de la lutte d’un peuple, qui se lance corps et âme dans la mission qu’il s’est fixée. Encore plus politique que Big Boss, La Fureur de vaincre n’épargne cependant personne, pas même son protagoniste, machine à tuer que rien ni personne ne peut arrêter.

Le final où Chen Zhen se sacrifie, court et saute vers son ennemi reste dans toutes les mémoires, surtout en France (même si dans une version tronquée et censurée par le distributeur René Chateau) puisque La Fureur de vaincre était arrivée sur les écrans alors que l’acteur était déjà décédé. Les chorégraphies signées par Bruce Lee et Han Yin Chieh sont encore plus abouties et surtout réalistes que dans Big Boss. Les coups portés font très mal. Mais à côté de ces scènes de kung-fu, Bruce Lee impressionne par la force de son jeu véritablement enragé. Ses explosions de colère filmées en gros plan pourraient prêter à rire chez un autre. Ici, l’audience ressent la peur, la hargne, la douleur, la tristesse aussi. L’émotion est donc là, palpable, constante et font de La Fureur de vaincre une plus grande réussite que Big Boss, ce qui sera d’ailleurs confirmé au box-office puisque le record du premier film est pulvérisé. Mais le meilleur reste à venir, ce sera La Fureur du Dragon.

LE 4K UHD

La Fureur de vaincre fait son retour dans les bacs dans une version restaurée 4K ! Toujours sous la houlette de Metropolitan Vidéo, le film de Lo Wei est donc à nouveau disponible en Haute-Définition, mais également en 4K UHD ! Même menu principal pour les deux disques, les suppléments sont disposés sur le Blu-ray. Existe aussi en coffret “Définitif” 4K Ultra HD + Blu-ray, comprenant Big Boss, La Fureur de vaincre, La Fureur du Dragon et Le Jeu de la mort.

Peu de suppléments sur cette édition :

Au cours d’une interview réalisée en 2003, le cinéaste Christophe Gans revient rapidement sur Bruce Lee et La Fureur de vaincre (4’). Si l’entretien est très court, le réalisateur de Crying Freeman aborde moult sujets comme l’influence du cinéma de Chang Cheh avec le héros qui n’hésite pas à se sacrifier à la fin du film. Il passe également en revue la psychologie perturbée du personnage, la violence inouïe de La Fureur de vaincre et sa découverte du film au cinéma.

Acteur, cascadeur, chorégraphe et réalisateur hongkongais, Yuen Wah, qui faisait ses débuts en tant que comédien dans La Fureur de vaincre, partage ses souvenirs de tournage (10’). Egalement doublure de Bruce Lee, Yuen Wah évoque aussi son propre parcours.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Comme nous l’indiquions sur le test de Big Boss, pas de HDR sur cette édition 4K (HEVC, 2160/24p) ! L’upgrade est ici moins convaincant que pour la première association Bruce Lee – Lo Wei et ce en raison d’un tournage essentiellement en studio. Peu de profondeur de champ ici, les détails sont amoindris et seules les très rares scènes tournées en extérieur, comme celle du panneau « Interdit aux chiens et aux Chinois » sortent réellement du lot avec une très belle luminosité. Entièrement restauré en 4K par l’incontournable laboratoire de L’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna, à partir du négatif original, La Fureur de vaincre dispose d’un master dans son format respecté 2.35, évidemment très propre et les contrastes sont fermes. En revanche, la colorimétrie est un peu à la traîne, d’autant plus que les teintes froides tirent sur des gammes jaunâtres. Le générique reste marqué par de légers fourmillements et un grain plus aléatoire.

En ce qui concerne l’acoustique, l’éditeur a repris les mêmes pistes déjà proposées sur le Blu-ray de 2011 avec une piste française upgradée en DTS HD Master Audio 7.1 sur le 4K, une version en Mandarin 6.1 (ainsi qu’en Mono) et une piste Mono Cantonaise (la plus faible du lot en raison d’un écho systématique des dialogues). Faites donc votre choix, d’autant plus que chacune possède sa spécificité, une piste son différente et des ambiances aussi variées. Pour certains puristes, la VF proposée ici n’est pas celle exploitée en VHS, la spatialisation paraît souvent artificielle et l’ensemble mise trop souvent sur les bruitages (voir les cris de Bruce Lee largement exagérés) au détriment de la musique, qui disparaît souvent. Pour un plus grand confort, privilégiez le Mandarin en Mono, plus naturelle, homogène et dynamique que la 6.1 qui ne sert pour ainsi dire à rien.

Crédits images : © Fortune Star Media / Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr