Test DVD / Nos meilleures années, réalisé par Marco Tullio Giordana

nos-meilleures-annees

NOS MEILLEURES ANNEES (La Meglio Gioventù) réalisé par Marco Tullio Giordana, disponible en Blu-ray et DVD le 2 novembre 2016 chez Pyramide Vidéo

Acteurs : Luigi Lo Cascio, Alessio Boni, Adriana Asti, Sonia Bergamasco, Fabrizio Gifuni, Maya Sansa, Jasmine Trinca, Riccardo Scamarcio

Scénario : Sandro Petraglia, Stefano Rulli

Photographie : Roberto Forza

Durée : 6h00

Date de sortie initiale : 2003

LE FILM

A la fin des années soixante, deux frères d’une famille italienne, Nicola et Matteo, partagent les mêmes rêves, les mêmes espoirs, les mêmes lectures et les mêmes amitiés, jusqu’au jour où la rencontre avec Giorgia, une jeune fille souffrant de troubles psychiques, détermine le destin de chacun : Nicola décide de devenir psychiatre, alors que Matteo abandonne ses études et entre dans la police. Leur parcours ainsi que celui du reste de leur famille s’inscrit en parallèle avec les événements qui ont joué un rôle crucial dans l’histoire de l’Italie : l’inondation de Florence, la lutte contre la mafia en Sicile, les grands matchs de football de l’équipe nationale…

nos-meilleures-annees2

C’est l’oeuvre de toute une vie. Trois ans après Les Cent pasI Cento passi, Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes, le réalisateur italien Marco Tullio Giordana se voit proposer Nos meilleures annéesLa Meglio Gioventù, commande de la Rai écrite par Sandro Petraglia (Bianca et La Messe est finie de Nanni Moretti) et Stefano Rulli (Les Clefs de la maison, Romanzo Criminale). Mis en scène à l’origine pour la télévision, ce film-fleuve de six heures est ensuite scindé en deux parties, deux époques distinctes et exploité ainsi dans les cinémas du monde entier. Plus de dix ans après sa sortie, Nos meilleures années est devenu un vrai film culte.

nos-meilleures-annees3nos-meilleures-annees4

Le succès critique et public a été instantané et ne s’est jamais démenti. Dans Nos meilleures années, le cinéaste retrace 40 ans de l’histoire italienne, de 1966 au début des années 2000, en suivant une famille romaine, et plus particulièrement le destin de deux frères, Matteo (Alessio Boni) et Nicola (Luigi Lo Cascio). La vie va les opposer suite à leur rencontre avec Giorgia (Jasmine Trinca, révélation de La Chambre du fils, Palme d’or d’Or 2001), une jeune femme fragile dont ils tombent tous les deux amoureux. Un jour, Matteo, qui vient d’abandonner son examen de littérature et qui trouve un emploi en tant qu’accompagnateur de personnes handicapées mentales, décide « d’enlever » Giorgia, une patiente d’un institut psychiatrique où elle subit des électrochocs, pour la ramener chez elle, dans sa famille. Il entreprend le voyage avec Nicola. Les trois se retrouvent sur la route, mais Giorgia est finalement récupérée par la police. Cet événement va précipiter la rupture entre les deux frères. Matteo ne s’adaptera jamais et passera sa vie, à laquelle il mettra fin tragiquement, à fuir sa famille, les femmes et l’attachement, en se consacrant à son travail. Le film suit cette famille sur quatre décennies marquées par les soubresauts politiques et sociaux en Italie : la mobilisation de la jeunesse suite aux inondations de Florence, l’affaiblissement du mouvement ouvrier, les avancées de la psychiatrie, les années de plomb et les Brigades rouges, les ravages de la mafia en Sicile avec notamment l’assassinat du juge Falcone en 1992.

nos-meilleures-annees5nos-meilleures-annees6

Lauréat du Prix Un certain regard au Festival de Cannes, Nos meilleures années demeure un monument du cinéma italien et s’avère toujours aussi bouleversant. Véritable miracle extrait d’un cinéma devenu l’ombre de lui-même, La Meglio Gioventù est une œuvre romanesque, qui n’est pas sans rappeler Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola, mais qui parvient à s’affranchir de cette immense référence à travers les portraits de ses personnages. Ces derniers s’avèrent tous attachants, merveilleusement interprétés, n’oublions pas Adrianna Asti, Sonia Bergamasco, Fabrizio Gifuni, Maya Sansa, Valentina Carnelutti, certains portés par leurs idéaux, d’autres qui s’en trouvent au contraire déçus, à l’instar de Matteo, élève brillant promis à un grand avenir, qui décidera de tout plaquer pour s’engager dans l’armée puis dans la police. Son frère Nicola, décide lui de devenir psychiatre et thérapeute, après avoir vécu sa vie d’étudiant derrière les barricades en 1968.

nos-meilleures-annees7nos-meilleures-annees10

Nos meilleures années agit comme si un arbre généalogique s’incarnait devant nos yeux. Une branche en emmène à une autre, d’un personnage à l’autre, tout en étant rattachée à l’ensemble. Vertigineux, le récit dense et virtuose qui entrecroise la grande histoire avec celle des protagonistes, nous transporte à Rome en été 1966 à Turin en février 1968, puis en un plan au printemps 1974, Palerme en été 1977, Turin en été 1982, Palerme dix ans plus tard, jusqu’à 2003. Sans caricature, La Meglio Gioventù, titre tiré d’un recueil de poèmes de Pier Paolo Pasolini et inspiré des propres souvenirs des deux scénaristes, est un témoignage indispensable, une fresque entre rires et larmes, passionnée et passionnante, universelle et intemporelle, dont la fin laisse littéralement en miettes. Nos meilleures années est un film que l’on garde dans le coeur. Magnifique.

nos-meilleures-annees9nos-meilleures-annees11

LE DVD

Le test du coffret DVD de Nos meilleures années, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. A l’instar de la précédente édition sortie chez Océan en 2004, celle-ci se compose de deux DVD consacrés aux deux actes de trois heures du film, puis d’une troisième galette consacrée aux suppléments. Le menu principal de chaque DVD est identique, animé et musical.

71ubu83456l-_sl1000_

Cette nouvelle édition est annoncée avec un supplément inédit. Certes, mais en dehors du making of d’époque que nous retrouvons ici, tous les autres bonus se sont faits la malle ! Un comble ! Exit les interviews du producteur Angelo Barbagallo, celle du scénariste Stefano Rulli, les bio-filmographies, la bande-annonce, l’arbre généalogique de la famille Carati, les clips représentant chaque décennie et même l’interview d’époque de Marco Tullio Giordana !

vlcsnap-2016-11-27-16h39m42s465

A la place, nous trouvons un entretien (en français) avec ce dernier réalisé le 23 juin 2016, pour cette nouvelle édition. Marco Tullio Giordana raconte son coup de foudre – même si le défi lui a d’abord fait peur – à la lecture du scénario qui lui avait été remis par Sandro Petraglia et Stefano Tulli : « C’était comme si je l’avais écrit, nous sommes de la même génération, nous avons vécu les mêmes expériences, entendu la même musique du temps ». Pour raconter la vie de ces hommes et femmes dans la grande histoire italienne, le cinéaste n’avait qu’une exigence, être totalement libre sur le choix des comédiens. Si le film a été tourné initialement pour la télévision italienne en quatre parties d’1h30, il a été présenté à Cannes dans la sélection Un Certain regard, point de départ de l’extraordinaire succès international du film. Le réalisateur se souvient de projections au Japon ou en Chine, où cette histoire , pourtant ancrée dans la vie italienne, a touché le public.

vlcsnap-2016-11-27-16h34m57s171vlcsnap-2016-11-27-16h41m52s270

Le making of repris de la précédente édition (10’) est illustré par de (trop) nombreux extraits du film et des propos du réalisateur, des comédiens. Chacun revient sur l’histoire, les personnages et les thèmes.

vlcsnap-2016-11-27-16h28m41s330vlcsnap-2016-11-27-16h29m58s117

L’Image et le son

Pyramide Vidéo annonce que le film a été remasterisé. A l’origine, les prises de vue de Nos meilleures années ont été réalisées en 16 mm, puis le film a été transféré sur support numérique pour sa diffusion à la télévision. A l’occasion de sa projection au Festival de Cannes, l’ensemble a été gonflé en 35 mm à partir du support numérique. Autant dire que l’image originale a quelque peu morflée et en toute honnêteté, le master de la présente édition ne change pas beaucoup par rapport au précédent. Les moirages et fourmillements demeurent, la définition reste aléatoire, tout comme la gestion du grain. Mais la copie est heureusement claire et lumineuse, propre, avec des couleurs qui flattent souvent les rétines. Le piqué est peut-être un peu doux, mais rappelons que le film a été tourné il y a presque quinze ans déjà et le résultat final ne saurait rivaliser avec la définition d’un film plus récent.

vlcsnap-2016-11-27-16h50m00s289vlcsnap-2016-11-27-16h28m21s798

Les pistes française et italienne Dolby Digital 5.1 demeurent facultatives, mais quelques sensibles ambiances naturelles parviennent à poindre sur les enceintes latérales, tout comme la bande son composée de multiples chansons qui reflètent les années où se déroule l’intrigue. Si certains dialogues manquent parfois de mordant, les frontales assurent un bon confort acoustique. Privilégiez évidemment la version originale, aux sous-titres français imposés, de fort bon acabit, dynamique et précise, bénéficiant d’une large ouverture des enceintes. Le changement de langue est verrouillé.

nos-meilleures-annees12

Nos Meilleures annees (THE BEST OF YOUTH, aka LA MEGLIO GIOVENTU), Luigi Lo Cascio, Alessio Boni, Jasmine Trinca, 2003 de MarcoTullioGiordana

nos-meilleures-annees15nos-meilleures-annees16

Crédits images : © Pyramide Vidéo / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Nevada, réalisé par Edward Killy

nevada

NEVADA réalisé par Edward Killy, disponible en DVD le 21 novembre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Robert Mitchum, Anne Jeffreys, Guinn « Big Boy » Williams, Nancy Gates, Richard Martin, Craig Reynolds

Scénario : Norman Houston, d’après le roman Nevada de Zane Grey

Photographie : Harry J. Wild

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h00

Date de sortie initiale : 1944

LE FILM

Avec les 7.000 $ qu’il vient de gagner au jeu, Jim « Nevada » Lacy entreprend d’acheter l’équipement nécessaire à la prospection des minerais d’or et d’argent. Quelque chose dont se charge son camarade Ben Ide qui tombe peu après sous les balles de Powell, un tueur à la solde de Burridge, un homme prêt à tout pour faire main basse sur les gisements de la région. Accusé du meurtre, Nevada est jeté en prison. Conscients qu’il n’aura aucun mal à prouver son innocence, Powell et Burridge incitent les habitants de Carson City à le lyncher. Délivré par ses amis Dusty et Chito, Nevada leur fausse compagnie…

nevada3

Nevada est un petit western – devenu un vrai genre à part entière à la fin des années 1930 – anecdotique, mais qui vaut le détour puisque Robert Mitchum apparaît dans un de ses premiers rôles en tant que vedette. Né en 1917, le comédien commence sa carrière par des apparitions non créditées ou sous le nom de Bob Mitchum, comme c’est encore le cas ici dans Nevada. La RKO l’engage ensuite et sa notoriété va alors exploser au sein de l’industrie hollywoodienne. Nevada est réalisé par Edward Killy (1903-1981), un honnête artisan, ancien assistant de George Cukor. Ce petit film efficace et rapide d’une heure montre en main restera un de ses derniers en tant que metteur en scène puisqu’il deviendra par la suite seulement second assistant, notamment sur Nous avons gagné ce soir de Robert Wise en 1949. Nevada demeure un de ses plus grands succès et un de ses films les plus populaires.

nevada5

Adapté du roman de Zane Grey, ce western à petit budget est resté dans certaines mémoires comme étant le film qui a permis à Robert Mitchum de se faire réellement connaître. Agé de 27 ans, le comédien va voir sa carrière monter en flèche et retrouvera d’ailleurs Edward Killy dès l’année suivante pour A l’Ouest du Pecos, également adapté de Zane Grey. Ce roman avait déjà connu deux adaptations, la première en 1927 avec Gary Cooper, la seconde en 1935 avec Buster Crabbe, la vedette des Nouvelles aventures de Tarzan l’intrépide et de Flash Gordon.

nevada4

Nevada fonctionne encore très bien, avec cette petite nostalgie propre au genre et à son charme désuet. En une heure, le récit – classique, pour ne pas dire rabattu – va à l’essentiel, les personnages sont attachants, Mitchum est déjà génial et bourré de charisme, la mise en scène est correcte et bien emballée, les scènes d’aventures et de fusillades s’enchaînent aussi vite que les répliques bien senties et le reste du casting est à l’avenant. Il n’en faut pas plus pour redécouvrir Nevada, un vrai petit plaisir de série B !

LE DVD

Le test du DVD de Nevada, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. La jaquette est typique de cette grande collection des Westerns de Légende chère à Sidonis Calysta. Le menu principal est animé et musical.

nevadadvd

Outre une galerie de photos, nous retrouvons le grand Patrick Brion qui nous présente très brièvement Nevada (7’). N’attendez donc pas une masterclass, mais plutôt un rapide portrait du réalisateur Edward Killy et des comédiens du film, en particulier de Robert Mitchum. Patrick Brion ne fait pas dans la surenchère inutile et déclare que Nevada est une petite série B sans prétention, mais réussie et dans laquelle brille déjà le comédien. Notre interlocuteur parle également des westerns sortis en 1944 (une mauvaise année selon lui), mais aussi du romancier Zane Grey et des deux précédentes adaptations du roman Nevada au cinéma avant celle qui nous intéresse.

vlcsnap-2016-11-23-16h18m37s596

L’éditeur joint également un petit module de sept minutes consacré à Robert Mitchum. Uniquement composé de photographies diverses issues des films du comédien, ce supplément proposé par Jean-Claude Missiaen se contente d’évoquer brièvement la carrière, les personnages, les partenaires prestigieux (et prestigieuses), les plus grands films et la légende de la star hollywoodienne. Là-dessus un texte à lire apparaît, puis une galerie de photos qui défile sur la musique du film El Dorado.

vlcsnap-2016-11-23-16h19m13s503

L’Image et le son

Un carton en introduction indique que l’image affiche encore de nombreux défauts, malgré la restauration. Ce DVD de Nevada propose une copie médiocre du film d’Edward Killy, qui affiche tout de même plus de 70 ans. L’image n’est pas catastrophique et se révèle même parfois correcte, en dehors de nombreux scories, points, effets de pompage, diverses tâches, raccords de montage et griffures. Des fondus enchaînés décrochent légèrement, un bruit vidéo est notable. Le N&B retrouve une certaine luminosité, certaines séquences parviennent à sortir du lot, mais la définition reste passable. La gestion des contrastes s’avère aléatoire.

vlcsnap-2016-11-23-16h18m23s772

La piste anglaise unique et aux sous-titres imposés, reste sourde, couverte, émaillée de craquements, de dialogues parfois couverts et d’un bruit de fond. Cependant, aucun souffle n’est réellement constaté.

nevada-photo-presse-20x25-us-r51-robert-mitchum

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard

Test DVD / Desert Gold, réalisé par James P. Hogan

dvd

DESERT GOLD réalisé par James P. Hogan, disponible en DVD le 21 novembre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Buster Crabbe, Tom Keene, Monte Blue, Marsha Hunt, Robert Cummings, Raymond Hatton

Scénario : Stuart Anthony, Robert Yost d’après le roman de Zane Grey

Photographie : George T. Clemens

Durée : 0h55

Date de sortie initiale : 1936

LE FILM

L’Arizona. Élevé par les blancs, Moya n’en demeure pas moins un chef indien fidèle aux traditions de sa tribu et aux promesses faites à son père. Lorsque Chet Kasedon lui propose de partager les gains d’une mine d’or située sur la terre de ses ancêtres, il refuse. Kidnappé, battu, Moya persiste. Déterminé, Kasedon engage l’ingénieur Randolph Gale pour mieux localiser le précieux gisement et en exploiter les richesses. Effrayé par les méthodes de son commanditaire pour faire parler Moya, Gale change de camp, prêt à apporter toute son aide aux Indiens…

dg10

Desert Gold est un pur western rétro-vintage. Réalisé par James Patrick Hogan (1890-1943) en 1936, ce petit film de 55 minutes est typique d’un genre alors en plein essor. Adapté d’un roman de Zane Grey (1872-1939), écrivain américain célèbre pour ses histoires d’aventures et ses westerns, Desert Gold se regarde comme on lit une bonne nouvelle. Le récit est ramassé, les ingrédients attendus se mélangent bien avec des indiens d’un côté, des cowboys de l’autre, mais le film s’avère étonnant puisqu’il s’avère pro-indien. Malgré tout, le chef Moya est interprété par Buster Crabbe, ancien nageur, lancé en 1933 au cinéma dans le rôle-titre des Nouvelles aventures de Tarzan l’intrépide et celui de Flash Gordon en 1936. Son personnage, qui vient d’être proclamé chef de la tribu, détient le secret d’une mine d’or convoitée par des prospecteurs blancs peu scrupuleux menés par Chet Kasedon (Monte Blue).

dg11dg2

Moya, élevé et éduqué par les blancs, est néanmoins resté un vrai indien et ne souhaite pas divulguer ce secret gardé par ses ancêtres. Kasedon décide alors d’employer la manière forte. Ses hommes poursuivent Moya, l’enlèvent et le torturent à coups de fouet pour le faire parler. Engagé par Kasedon comme ingénieur, Randolph Gale n’apprécie pas ces méthodes et décide de venir en aide à Moya. Sur cette intrigue « asséchée », James P. Hogan signe un western mené à cent à l’heure, bourré d’action, d’aventures et même d’humour avec l’acolyte peureux et malchanceux de Gale, interprété par le jeune Robert Cummings. Même une petite amourette qui donne parfois au film des airs de screwball comedy vient se greffer à l’histoire.

dg8dg3

Le cinéaste prolifique depuis le début des années 1920 est à son affaire et certaines scènes restent d’ailleurs marquées par une forme héritée du cinéma muet avec des réactions parfois exagérées des personnages ou l’utilisation de l’accéléré pour les séquences d’action et de chevauchées.

dg9dg4

Habitué aux petites productions et aux histoires condensées en à peine 60 minutes, le réalisateur livre un film de série B fort honnête, rare, qui possède encore beaucoup de charme et qui demeure surtout extrêmement divertissant.

LE DVD

Le test du DVD de Desert Gold, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

dg7

Seul Patrick Brion a répondu présent pour présenter Desert Gold (6’). Enfin « présenter » est un bien grand mot puisque l’historien du cinéma se contente principalement d’évoquer le romancier Zane Grey, le comédien Buster Crabbe, le réalisateur James P. Hogan et de donner quelques titres de westerns sortis en 1936. Certes, il n’y a pas finalement grand-chose à dire sur ce petit film, mais nous pouvions espérer plus.

vlcsnap-2016-11-21-13h58m02s310

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Un carton en introduction indique que malgré les efforts réalisés lors de la restauration, la qualité de l’image comporte encore de nombreux défauts, que les procédés actuels ne peuvent résoudre. C’est le moins qu’on puisse dire. Le master 1.33 est encore constellé de tâches, de points, de rayures verticales, de raccords de montage, sans oublier les flous, les sautes, les tremblements et tout ce qui est possible d’imaginer sur une image qui semble avoir été sauvée in extremis de la désintégration. Cela rajoute un cachet « curiosité » (pour ne pas dire un aspect VHS – Cinéma de minuit) à Desert Gold, dont la copie reste malgré tout lumineuse…sans doute trop.

vlcsnap-2016-11-21-13h57m44s899

Il en est de même pour le confort acoustique. La piste anglaise unique et aux sous-titres imposés, reste sourde, couverte, émaillée de craquements, de dialogues parfois couverts et d’un bruit de fond qui s’apparente à une machine à laver en mode essorage. Mais bon…ça passe quand même.

dgdg5dg6

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard

Test DVD / Tout de suite maintenant, réalisé par Pascal Bonitzer

atdm

TOUT DE SUITE MAINTENANT réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD le 8 novembre 2016 chez Ad Vitam

Acteurs : Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Bacri, Julia Faure, Pascal Greggory, Virgil Vernier

Scénario : Pascal Bonitzer, Agnès de Sacy

Photographie : Julien Hirsch

Musique : Bertrand Burgalat

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Nora Sator, jeune trentenaire dynamique, commence sa carrière dans la haute finance.
Quand elle apprend que son patron et sa femme ont fréquenté son père dans leur jeunesse, elle découvre qu’une mystérieuse rivalité les oppose encore.
Ambitieuse, Nora gagne vite la confiance de ses supérieurs mais entretient des rapports compliqués avec son collègue Xavier, contrairement à sa sœur Maya qui succombe rapidement à ses charmes…
Entre histoires de famille, de cœur et intrigues professionnelles, les destins s’entremêlent et les masques tombent.

atdm4

S’il n’a pas battu le record d’entrées de Rien sur Robert (1999), le réalisateur Pascal Bonitzer a connu un de ses plus grands succès en 2012 avec l’excellent Cherchez Hortense, coécrit avec la scénariste Agnès de Sacy. Les deux amis et collaborateurs se retrouvent naturellement pour Tout de suite maintenant. Le cinéaste s’entoure de comédiens qu’il connaît déjà comme Jean-Pierre Bacri (Cherchez Hortense) et Lambert Wilson (Le Grand alibi), mais bénéficie également du talent d’autres grands acteurs, Isabelle Huppert et Pascal Greggory, nouveaux dans son univers. S’il retrouve également sa fille Agathe, présente dans quatre de ses précédents longs métrage, Pascal Bonitzer engage la jeune génération, le désormais incontournable Vincent Lacoste et la délicieuse Julia Faure.

atdm2

atdm8

Agathe Bonitzer est Nora Sator, recrutée dans une société qui gravite dans la haute finance.  Incidemment, elle découvre que son directeur (Lambert Wilson) et son père (Jean-Pierre Bacri) se sont fréquentés dans leur jeunesse. Une rivalité semble encore les opposer. Au fil des semaines, Nora acquiert la confiance de la direction mais ses rapports avec son collègue direct, Xavier (Vincent Lacoste, impeccable), sont compliqués. Ce dernier séduit Maya (Julia Faure), la sœur de Nora. Les vieilles histoires de famille et les antagonismes professionnels vont bientôt se révéler au grand jour.

atdm3

Avec Tout de suite maintenant, Pascal Bonitzer a voulu aborder le monde de la finance et ses « requins ». Désireux de saisir l’esprit d’une époque dans chacun de ses films, le réalisateur et prolifique scénariste cristallise le rythme trépidant de ce monde à travers le titre du film Tout de suite maintenant, qui ne laisse aucun moment de répit à ses « acteurs » principaux. La caméra ne quitte pour ainsi dire jamais Agathe Bonitzer, magnétique, qui trouve ici son premier vrai rôle de femme et qui s’en acquitte merveilleusement. Pour l’anecdote, la jeune comédienne incarnait déjà la fille de Jean-Pierre Bacri dans Les Sentiments (2006) de Noémie Lvovski. Le titre Tout de suite maintenant correspond également à la volonté de tout obtenir, l’argent, la réussite, le respect, le succès, la célébrité et l’amour dans les plus brefs délais, de plus en plus jeune.

atdm5

Agathe Bonitzer et Vincent Lacoste incarnent de jeunes loups plongés dans ce monde sans foi ni loi, elle la fille d’un ancien homme d’affaires, lui issu d’un milieu modeste qui est prêt à tout pour s’élever socialement. Mais si le monde de l’entreprise n’a pas changé ou s’est encore plus endurci, la nouvelle génération semble moins « monstrueuse » que l’était celle de leurs aînés. Nora est sans doute pleine d’ambition, prête à tout pour réussir et être reconnue pour son travail plutôt que par son nom, ses projets vont tout de même être perturbés par les sentiments qui vont naître entre elle et son collègue Xavier, même s’il commence à flirter avec sa sœur, chanteuse-serveuse dans une boîte de nuit. C’est la première fois que le cinéaste centre son récit autour d’une jeune femme, même si les personnages satellites, Bacri (impérial), Huppert (sublime), Wilson et Greggory (décalés et formidables) s’avèrent typiques de Pascal Bonitzer, à savoir des êtres en plein spleen, désenchantés, fatigués avant l’âge. Ce que ces personnages ont vécu, ce pourquoi ils se sont confrontés, disputés, déchirés, se répercute inévitablement sur la génération suivante, qui l’apprend à son corps défendant.

atdm6

Là où Jean-Pierre Bacri incarnait un fils écrasé par l’aura d’un père important et très demandé dans Cherchez Hortense, l’acteur le devient ici malgré lui puisque son nom devient un fardeau pour sa fille Nora. Même s’il n’appartient plus à ce monde, son fantôme demeure dans les couloirs froids et aseptisés désormais arpentés par sa fille. Mais les requins qui lui tournent autour semblent également la convoiter et Nora devient malgré elle le nouveau centre névralgique de toutes les frustrations et des occasions manquées, qui demeuraient jusqu’alors enfouies. Le désir de s’affirmer, de s’affranchir d’un nom célèbre dans le même milieu professionnel, tout cela fait évidemment écho avec Agathe Bonitzer, fille de Pascal Bonitzer et de Sophie Fillières. Elégamment écrit et interprété, Tout de suite maintenant confirme la fraîcheur du cinéma de Pascal Bonitzer, qui parvient à accrocher les wagons entre les générations, qui questionne le passé pour mieux comprendre le présent. Une grande réussite, intelligente et bourrée de charme.

atdm7

LE DVD

Le test du DVD de Tout de suite maintenant, disponible chez Ad Vitam, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

tdsm

L’éditeur joint un entretien intéressant de 28 minutes avec Pascal Bonitzer et sa coscénariste Agnès de Sacy. Les deux amis et collaborateurs, qui avaient déjà signé Cherchez Hortense en 2012, reviennent sur la genèse de Tout de suite maintenant, la difficulté rencontrée à l’écriture en raison de leur méconnaissance du monde de l’entreprise, les personnages, l’évolution du scénario, les thèmes explorés et inspirés par le livre autobiographique d’Anne Lauvergeon, La Femme qui résiste, dans lequel elle raconte ses débuts comme conseillère de Mitterrand. Le travail avec les comédiens, la musicalité des dialogues et les quelques coupes au montage sont également abordés.

vlcsnap-2016-11-20-13h27m27s149

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le master d’A tout de suite maintenant est très propre et lumineux, détaillé à souhait et toujours plaisant pour les mirettes. Les séquences diurnes sont les mieux loties avec un piqué plus incisif et une colorimétrie pétillante. Les contrastes sont au beau fixe, tout comme les nombreux gros plans d’une précision sans failles. Mention spéciale aux ambiances tamisées du plus bel effet.

vlcsnap-2016-11-20-13h26m13s897

Immersion totale que cette piste Dolby Digital 5.1 qui offre un confort sonore dynamique et un bel écrin acoustique. Les dialogues sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontale est ardente et les ambiances en extérieur ne sont jamais oubliées à l’instar des scènes en bord de mer. La piste stéréo est également impressionnante et propose un confort suffisant pour qui n’est pas équipé en 5.1. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en audiodescription.

atdm9Crédits images : © Ad Vitam / Captures du DVD et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Egarés (Gli Sbandati), réalisé par Francesco Maselli

egares-8

LES EGARES (Gli Sbandati) réalisé par Francesco Maselli, disponible en DVD le 9 novembre 2016 chez Tamasa Diffusion

Acteurs : Jean-Pierre Mocky, Lucia Bose, Isa Miranda, Antonio De Teffe, Goliarda Sapienza, Leonardo Botta

Scénario : Francesco Maselli, Ageo Savioli, Eriprando Visconti

Photographie : Gianni Di Venanzo

Musique : Giovanni Fusco

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

En 1943, la comtesse Luisa, son fils Andrea, son neveu Carlo, fils d’un dirigeant fasciste et Ferrucio, un ami de la famille, quittent Milan pour la campagne et ainsi échapper aux bombardements. Contre l’avis de sa mère, Andrea accepte d’héberger des sans-abris, dont la jeune ouvrière Lucia.

egares-5

Les Egarés Gli Sbandati est le premier long métrage de Francesco Maselli. Né à Rome en 1930 dans une famille bourgeoise, il participe aux activités de la Résistance italienne durant la Seconde Guerre mondiale, puis entre au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome dont il sort diplômé à la fin des années 1940. Il devient très vite l’assistant du réalisateur Michelangelo Antonioni sur Chronique d’un amour (1950) et La Dame sans camélia (1953). Parallèlement, Francesco Maselli se fait la main derrière la caméra en signant quelques documentaires. Il réalise son premier long métrage en 1955, Les Egarés, également connu en France sous le titre Les Abandonnés, amer constat de l’Italie en 1943, à la veille de l’armistice dit Armistice de Cassibile le 8 septembre 1943, signé par l’Italie avec les forces anglo-américaine. Véritable coup de maître, Gli Sbandati est déjà un superbe objet de cinéma, magnifiquement photographié par le chef opérateur Gianni Di Venanzo, qui signera ensuite les images inoubliables de La Nuit et L’Eclipse d’Antonioni, Main basse sur la ville de Francesco Rosi, Huit et demi et Juliette des esprits de Federico Fellini. Un N&B extraordinaire, qui subjugue du début à la fin et qui imprègne le film d’une évidente sensualité.

egares-1egares-6

Ce film réalisé par un jeune metteur en scène de seulement 24 ans, étonne par sa maturité, son engagement, son ton désespéré et mélancolique et sa justesse de tous les instants. Eté 1943. Les jours s’écoulent doucement, mais sans ennui au bord du Pô. Depuis le début de la guerre, la comtesse Luisa (Isa Miranda), femme d’affaires ayant repris l’activité de son mari décédé accidentellement, a quitté Milan pour venir se réfugier en Lombardie dans une villa, loin des combats, en compagnie de son fils Andrea (Jean-Pierre Mocky), de son neveu Carlo (Anthony Steffen), le fils d’un dignitaire fasciste, et de Ferrucio (Leonardo Botta), un vieil ami de la famille. Les trois jeunes gens ont à peine vingt ans et passent principalement leurs journées à batifoler le long du fleuve, sans véritablement penser à l’avenir. Andrea flirte avec une jeune fille de son âge, mais aime surtout plonger son nez dans ses livres et ses disques de jazz qui l’ont suivi depuis Milan. Un jour, le conflit les rattrape. Le maire du village voisin convainc Andrea d’héberger des sans-abris, des réfugiés ayant fui les bombardements. Parmi eux se trouve Lucia (Lucia Bosè), jeune ouvrière au caractère bien trempé, que la guerre a fait grandir trop vite. Contre l’avis de sa mère, Andrea accepte la proposition du maire et cache le groupe de réfugiés dans la propriété familiale. Il ne tarde pas à tomber amoureux de Lucia, puis découvre ensuite que son cousin Carlo fait partie d’un groupe de résistants. Andrea découvre alors ce que signifient l’engagement et le combat. Quelques semaines plus tard, après l’armistice, des prisonniers italiens désormais ennemis des nazis, sont parqués dans des wagons à bestiaux en direction de l’Allemagne. Certains – parmi eux le jeune Mario Girotti qui sera célèbre plus tard sous le pseudo de Terence Hill – parviennent à s’en échapper. Andrea décide de les aider et de les cacher une fois de plus dans la propriété de sa mère alors absente.

egares-2egares-2

Tourné entre septembre et octobre 1954 dans un contexte difficile, de manière quasi-clandestine, dans un pays placé sous le signe de la censure et des brimades, Les Egarés apparaît comme étant le premier volet d’une trilogie consacrée à la jeunesse issue et prisonnière malgré-elle de la grande bourgeoisie. Suivront Les DauphinsI Delfini (1960) et Les Deux rivalesGli indifferenti (1964). Jusqu’alors inédit en France, Les Egarés est une très grande découverte. L’une des particularités du film est aussi de voir le jeune Jean-Pierre Mocky, âgé de 22 ans. Beau, magnétique, sensible, intense, le comédien porte ce film avec un immense talent qu’on oublie malheureusement trop souvent aujourd’hui. Il est vraiment formidable dans la peau d’Andrea, dont la conscience et l’engagement politique vont se révéler notamment grâce à l’amour qu’il porte pour une jeune réfugiée interprétée par la belle Lucia Bosè. Malgré sa courte durée (1h16) et la rapide présentation des personnages, Les Egarés est un film passionnant, attachant, qui continue de faire écho à l’actualité contemporaine. C’est aussi une œuvre totalement maîtrisée, hypnotique et engagée. En un mot, Les Egarés est un film essentiel.

egares-3egares-4

LE DVD

Le DVD disponible chez Tamasa Diffusion repose dans un slim digipack cartonné qui comprend également un petit livret de 16 pages illustré et comprenant quelques notes de production. Le menu principal est fixe et musical

egares-1

En guise d’interactivité nous trouvons une galerie de photos et d’affiches, ainsi que la bande-annonce, mais aussi et surtout un entretien exclusif avec Jean-Pierre Mocky lui-même ! En un peu plus d’un quart d’heure, le réalisateur et comédien revient sur Les EgarésGli Sbandati. Fidèle à son habitude, Mocky parle des stars et célébrités croisées à cette époque de sa vie : « J’étais au conservatoire avec Belmondo », « j’étais l’assistant d’Antonioni », « j’étais copain avec Clint Eastwood avec qui je faisais du mannequinat », « j’étais assistant de Visconti sur Senso », « je suis devenu ami avec Anthony Quinn », « j’ai assisté à la rupture de Fellini et Giulietta », « j’ai travaillé avec Ferreri qui m’adorait et Sergio Leone », « j’ai beaucoup travaillé avec François Truffaut, on était amis à l’époque ». Un vrai bonheur. Mocky parle évidemment du film qui nous intéresse en racontant quelques anecdotes de tournage (Lucia Bosè qui n’ouvrait pas la bouche en embrassant), les conditions des prises de vues, le travail avec Francesco Maselli, sans oublier sa propre carrière d’acteur.

egares-7

L’Image et le son

C’est agréable de découvrir Les Egarés dans de telles conditions. Les contrastes affichent d’emblée une véritable densité, les noirs sont profonds, la palette de gris riche et les blancs lumineux. Hormis divers moirages sur les surfaces rayées, quelques décrochages sur les fondus enchaînés et un générique qui apparaît peut-être moins aiguisé, le reste affiche une stabilité exemplaire ! Les arrière-plans sont bien gérés, le grain original est respecté, le piqué est souvent appréciable et les détails regorgent sur les visages des comédiens. On oublierait presque d’évoquer la restauration qui se révèle impressionnante, quasiment aucune scorie n’a survécu au scalpel numérique. L’encodage consolide l’ensemble avec brio. Toutes les qualités techniques sont de mise dans ce master élégant.

egares-6

Le confort acoustique est largement assuré par la piste mono d’origine italienne. Seule la version italienne est disponible, mais aucune raison de s’en plaindre. Ce mixage affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique fort appréciable. Les effets et les ambiances sont nets. L’ensemble demeure homogène et les dialogues solides.

egares-7egares-8egares-4egares-5egares-3

Crédits images : © Tamasa Diffusion / Captures du DVD et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / La Femme du dimanche, réalisé par Luigi Comencini

vlcsnap-2016-11-14-11h30m43s78

LA FEMME DU DIMANCHE (La donna della domenica) réalisé par Luigi Comencini, disponible en DVD le 25 octobre 2016 chez Tamasa Diffusion

Acteurs : Jacqueline Bisset, Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant, Aldo Reggiani, Maria Teresa Albani, Omero Antonutti

Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli d’après le roman La Femme du dimanche (La Donna della domenica) de Carlo Fruttero et Franco Lucentini

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Garrone, un riche et célèbre architecte turinois, a été retrouvé chez lui, brutalement assassiné à l’aide d’un phallus en pierre retrouvé sur les lieux. L’inspecteur Santamaria est chargé de l’enquête. Originaire d’une famille modeste du sud de l’Italie, il navigue avec difficulté dans la haute bourgeoisie de Turin. Les suspects sont nombreux : Anna-Carla Dosio, la veuve désoeuvrée d’un industriel, oisive et séduisante, Massimo Campi, un ami homosexuel de Garrone et Lello Riviera, son amant, un petit fonctionnaire, sont tour à tour soumis aux questions pertinentes de Santamaria. L’assassinat de Riviera, qui menait sa propre enquête, brouille les pistes…

la-femme-du-dimanche6Dans les années 1970, le réalisateur Luigi Comencini a déjà bien entamé la cinquantaine et met les bouchées doubles. Loin des comédies de mœurs mégères qui ont fait sa renommée dans les années 1950-60, le cinéaste mythique de Pain, Amour et Fantaisie, Mariti in città, À cheval sur le tigre, Le Commissaire, La Ragazza, L’Incompris, Casanova, un adolescent à Venise et bien d’autres chefs-d’oeuvre entame une décennie placée sous le titre de la réflexion sur la dégradation des rapports entre individus, la bassesse de l’être humain, l’amertume et la haine qui a pourri toutes les couches sociales comme une véritable gangrène. Sur le fil entre le divertissement populaire et le drame policier ironique, La Femme du dimanche est le parfait reflet de la désillusion du cinéaste transalpin qui transparaît derrière les échanges des protagonistes, désabusés et dépassés par une enquête où tout le monde ou presque pourrait être le meurtrier d’un minable architecte libidineux et mondain, retrouvé le crâne fracassé par…un phallus en pierre.

la-femme-du-dimanche5Corrosif, La Femme du dimancheLa Donna della domenica l’est assurément. Passionnant ? Peut-être dans les débats qu’il entraîne après visionnage, beaucoup moins pendant à cause d’un rythme souvent poussif et inégal. Cette méditation amère et désenchantée – mais trop bavarde – sur les rapports de classe et la petite bourgeoisie mesquine peut tout d’abord apparaître froide, mais c’est sans compter sur le génie de Comencini qui ne nous jette pas une explicite radiographie des rapports sociaux sous les yeux. En vieux briscard et croyant en l’intelligence du spectateur, Comencini fait confiance à son audience pour décrypter ce qu’il y a au-delà, tout en respectant le livre phénomène de Carlo Fruttero et Franco Lucentini, adapté par le célèbre duo Age & Scarpelli. C’est là toute l’acuité d’un réalisateur arrivé au sommet de son art qui utilise l’art cinématographique comme objet d’analyse puisque le temps du divertissement – l’enquête n’intéresse pas Comencini – semble révolu. Mais le film vaut aussi pour son incroyable casting qui réunit Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset.

lfdd

lfdd2Le premier est comme d’habitude parfait dans le rôle de Santamaria, le flic chargé de l’enquête. Officier méridional, il regarde le monde turinois d’un œil narquois. Ses premiers soupçons se portent sur la séduisante Anna Carla Dosio, campée par la magnifique Jacqueline Bisset. Elle est l’auteur d’une lettre où elle disait vouloir se débarrasser de Garrone, l’architecte assassiné. Mais c’est en réalité toute la bonne société et la grande bourgeoisie de la ville qui vont bientôt se retrouver dans son collimateur, pour une enquête sulfureuse où il sera question de jalousie, de prostitution et d’homosexualité. C’est là que rentre en scène Massimo Campi (Trintignant, superbe), ami et confident d’Anna Carla, qui vit secrètement avec un homme dans sa garçonnière.

la-femme-du-dimanche3Le réalisateur s’amuse à dépeindre des bourgeois décadents qui s’ennuient – ils passent leur temps à prononcer Boston à l’anglaise plutôt qu’à l’italienne – et qui profitent de la mort d’autrui pour en tirer du plaisir en jouant notamment à l’apprenti détective. C’est le cas d’Anna Carla, qui n’hésite pas à interférer dans l’enquête de Santamaria, quelque peu dépassé par les événements et les dessous insoupçonnés d’une ville corrompue. Il est aidé par son collègue De Palma (hilarant Pino Caruso), seul personnage vraiment attachant de toute cette cohue. Réalisé entre Les Aventures de Pinocchio (1975) et le film à sketchs Mesdames et messieurs bonsoir (1976), La Femme du dimanche n’est sans doute pas un grand Comencini, mais reste symbolique du cinéma italien qui n’hésitait pas à s’engager derrière les apparences de la comédie ou du film de genre, par ailleurs merveilleusement mis en musique ici par le maestro Ennio Morricone aux accents de giallo qui remplissait alors les salles. Mais mineur ou pas, La Femme du dimanche demeure une sympathique curiosité à connaître absolument.

la-femme-du-dimanche2

LE DVD

Le DVD disponible chez Tamasa Diffusion repose dans un slim digipack cartonné qui comprend également un petit livret de 12 pages illustré et signé Jean A. Gili, critique cinématographique et historien du cinéma, spécialisé dans le cinéma italien. En guise d’interactivité nous trouvons une galerie de photos et d’affiches, ainsi que la bande-annonce. Aucune trace des filmographies mentionnées sur le verso. Le menu principal fixe et musical.

lfdddvd

L’Image et le son

Posséder La Femme du dimanche en DVD était inespéré. Le film de Luigi Comencini renaît donc de ses cendres chez Tamasa dans une copie – présentée dans son format 1.66 – d’une propreté souvent hallucinante. Point d’artefacts de la compression à signaler, aucun fourmillement, les couleurs se tiennent, sont ravivées, le master est propre, immaculé, stable, les noirs plutôt concis et les contrastes homogènes. Hormis divers moirages, le cadre fourmille souvent de détails, le piqué est joliment acéré, le relief et la profondeur de champ permettent d’apprécier la ville de Turin présentée sous tous les angles, les partis pris du célèbre directeur de la photographie Luciano Tovoli (Suspiria, Nous ne vieillirons pas ensemble) sont divinement bien restitués. Certains plans rapprochés tirent agréablement leur épingle du jeu avec une qualité technique quasi-irréprochable. Une véritable redécouverte, merci Tamasa !

vlcsnap-2016-11-14-11h30m09s239

Seule la version originale aux sous-titres français (peu élégants) amovibles est disponible. Ce mixage demeure consistant et le souffle aux abonnés absents. Comme de coutume, la bande-son a été entièrement retravaillée en post-production, d’autant plus que Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset ne parlaient évidemment pas italien. On peut d’ailleurs repérer que Marcello Mastroianni donne la réplique en français à Trintignant.

la-femme-du-dimanche7

Crédits images : © Tamasa Diffusion

Test DVD / A pleines dents, l’intégrale de la série documentaire avec Gérard Depardieu

a-pleines-dentscoffret

A PLEINES DENTS série documentaire réalisée par Stéphane Bergouhnioux et Sébastien Falliurd, disponible en Coffret DVD le 2 novembre 2016 chez Wild Side

Avec : Gérard Depardieu, Laurent Audiot, Edouard Baer, Isabel Coixet, Philip Kerr, Mathieu Sapin

Durée : 10 épisodes de 52 minutes

2015-2016

LA SERIE DOCUMENTAIRE

Accompagné de Laurent Audiot, chef étoilé et chef cuisinier du restaurant La Fontaine Galion à Paris, Gérard Depardieu nous invite à la découverte de produits culinaires des terroirs. Ce périple gastronomique qui mène notre duo à travers l’Europe sera l’occasion de rencontres, de repas savoureux, de discussions sur les plaisirs de la vie, la nourriture, le cinéma et la culture… Un road-trip culinaire savoureux et drôle, aux moments de vie irrésistibles !

a-pleines-dents3

Ce coffret 4 DVD regroupe les deux saisons et les dix épisodes-destinations gastronomiques de Gérard Depardieu avec son ami Laurent Audiot, diffusées sur Arte à raison d’un épisode par jour de 43 minutes. Chaque épisode est introduit par le comédien lui-même : «Je suis Gérard Depardieu. Je suis citoyen du monde et je suis vivant. J’aime manger, rire, et m‘émouvoir. J’ai rencontré le chef Laurent Audiot il y a vingt ans. Nous sommes devenus amis, et depuis nous partageons nos découvertes culinaires. La simplicité des produits, le contact humain et les territoires à explorer nous émerveillent toujours. Nous voulons transmettre nos passions, nos aventures, et cette vie gastronomique que nous dévorons…à pleines dents ! ».

a-pleines-dents

Les aventures de l’ogre Depardieu et du chef Audiot les emmènent à la rencontre de cultivateurs, producteurs, éleveurs, pâtissiers, pêcheurs, boulangers. Depardieu regarde, renifle, goûte, mange, dévore, engloutit, le sourire aux lèvres et l’oeil pétillant, tandis que Laurent Audiot regarde son ami toujours halluciné, mais ne reste évidemment pas le dernier pour tester et faire fonctionner ses papilles gustatives. Les deux mettent également la main à la pâte, s’en vont caresser le bétail, s’incrustent sur les marchés ou au milieu des ruches présentes sur le toit de l’Opéra Garnier et attendent patiemment les dégustations de miel, de saucisse blanche, de pasta, de jambon de Paris, de choucroute. De plus, c’est aussi l’occasion pour Depardieu de raconter quelques anecdotes savoureuses, comme une partie de chasse avec Fidel Castro, sur la fois où il a mangé de la baleine, du chameau, du hérisson, du cormoran, de la mouette, de la tortue, du lion. Mais il faut aussi l’entendre parler de certains tournages comme Buffet froid, 1900, Astérix et Obélix contre César, Maîtresse. On l’écouterait à satiété.

a-pleines-dents2a-pleines-dents4Les deux premiers disques sont consacrés à la première saison réalisée en 2015 et les épisodes, proposés en version intégrale inédite de 52 minutes, sont ainsi répartis :

DVD 1 :

La Bretagne

Début du voyage en Bretagne, première région de pêche en France avec plus de 2 500 kilomètres de côtes. Dans le Finistère, autour de Morlaix, de Carantec et de Lannilis, les deux compères partent pêcher le homard, racontent le cidre, livrent le secret du levain ou l’histoire du beurre salé… Et cultivent des instants magiques qui s’égrènent au fil de la vague.

L’Écosse

Comme Laurent Audiot, Gérard Depardieu a entendu l’appel de la rivière et celui du saumon écossais qui remonte aux sources. Dans cet épisode, les deux amis découvrent la sauvage île de Skye, ses langoustines, ses vaches des Highlands, son whisky et ses moutons de Soay. Ils rencontrent également le romancier Philip Kerr sur ses terres.

Le Pays Basque
Aujourd’hui, Laurent Audiot et Gérard Depardieu s’arrêtent dans un élevage de porcs Kintoa, dégustent de l’Ossau-Iraty et rencontrent un producteur de piment à Itxassou, où ils retrouvent Édouard Baer. Puis ils arpentent les vignes d’Irouléguy avant de gagner Hendaye.

a-pleines-dents5a-pleines-dents6

DVD 2

L’Italie du Nord
S’il est vrai que la gastronomie française est d’une richesse inouïe, c’est dans la simplicité italienne que Gérard Depardieu se retrouve le plus. Cette cuisine de pauvreté repose sur des produits à la saveur sans égale. Avec son ami le chef étoilé Laurent Audiot, ils rencontrent des producteurs d’huile d’olive et de vin à Sienne et Petroio, en Toscane, avant de partir à la découverte de Parme et de son jambon, puis d’Alba, patrie de la truffe blanche…

L’Italie du Sud

Laurent Audiot, son complice gustatif l’emmène dans cet épisode au Sud de l’Italie, plus particulièrement au cœur de l’Italie, à Naples.  Dans les ruelles colorées et festives, coupant à travers les villes du Vésuve, nos deux hédonistes se rendent à Ischia ou résident de curieux lapins. Ils parcourent ensuite la péninsule amalfitaine de Cetara à Gragnano, de mozzarella en anchois, Gérard et Laurent se régalent des couleurs, des odeurs, des Hommes. Ici, chaque produit sauve des vies. C’est le cas du citron d’Amalfi et de sa vitamine C, qui guérit les marins du scorbut. Ou du sanguinaccio, dessert né après-guerre, où le chocolat dissimule le sang de porc pour que les enfants mangent enfin des protéines.

a-pleines-dents7a-pleines-dents8

Les épisodes de la deuxième saison réalisée en 2016 sont quant à eux présentés ainsi, toujours en version longue inédite de 52 minutes :

DVD 3

L’Île-de-France
Gérard Depardieu et Laurent Audiot visitent des lieux franciliens abritant des produits parfois méconnus : le toit de l’Opéra de Paris et ses ruches, Méréville, la capitale du cresson, Milly-la-Forêt et sa menthe, Saint-Ouen-l’Aumône et ses anciennes champignonnières… Les deux compères s’octroient ensuite une pause baguette dans un bistrot parisien avant d’aller observer la fabrication du (vrai) jambon de Paris. Le périple se termine dans le potager du château de Courances.

La Bavière
Gérard Depardieu et Laurent Audiot nous font découvrir les produits et le terroir bavarois : le boeuf simmental dans les pâturages de Samerberg, le bretzel à Bichl, les champignons ramassés dans les sous-bois près de Suttensee, la choucroute, la fameuse weisswurst (la saucisse blanche)… Ils profitent de leur séjour pour rencontrer un bouilleur de cru qui prépare du schnaps.

La Catalogne
Méditerranéenne et au carrefour de toutes les influences – arabes, juives, romaines… -, la cuisine catalane séduit Gérard Depardieu. Il apprécie les gambas, les haricots crochets et les escargots. Nos deux amis commencent leur périple à La Calma, où ils évoquent les poulets du Prat, une race à crête rouge et pattes bleu-gris, pour finir du côté de Gallecs où est cultivé le haricot crochet, spécialité locale qui les intrigue.

Zur ARTE-Sendung Schlemmen mit Gérard Depardieu: Norditalien 3: Gérard Depardieu (4.v.l.) genießt die kulinarischen Köstlichkeiten Norditaliens. © Les Films d'Ici 2/S. Bergouhnioux Foto: ARTE France Honorarfreie Verwendung nur im Zusammenhang mit genannter Sendung und bei folgender Nennung "Bild: Sendeanstalt/Copyright". Andere Verwendungen nur nach vorheriger Absprache: ARTE-Bildredaktion, Silke Wölk Tel.: +33 3 881 422 25, E-Mail: bildredaktion@arte.tv

a-pleines-dents10

DVD 4

Le Portugal
Le périple portugais de Gérard Depardieu et Laurent Audiot démarre à Porto, au marché de Bolhão. Chinchards, sardines, morues, tripes : tout leur fait envie. Ils partent ensuite pour Aguada de Cima, où ils dégustent un cochon de lait. À Tentúgal, un producteur de châtaignes leur montre des arbres vieux de huit cents ans. Les deux compères retrouvent ensuite le dessinateur de BD Mathieu Sapin dans un bar lisboète. Dernière étape à Tróia, au bord de l’océan, où le duo s’initie à la pêche au poulpe et chasse les couteaux.

Le Maroc
Laurent Audiot et Gérard Depardieu traversent la Méditerranée pour se plonger dans la cuisine marocaine et ses produits. Après la visite d’une orangeraie, ils arrivent à Fès pour une promenade dans la médina. Ils y découvrent le klhei, des lamelles de vache séchées et assaisonnées, et aussi des étals généreux d’épices, d’olives et de pigeons. Ils terminent par un grand repas avec méchoui de mouton.

a-pleines-dents11a-pleines-dents12

Pour en savoir plus sur Laurent Audiot :

Chef cuisinier du restaurant la Fontaine Gaillon à Paris.
Laurent Audiot passe son enfance à Vendôme, pas très loin du Châteauroux de Gérard Depardieu. Attiré par la restauration, il s’oriente vers la gestion et sort diplômé de l’école hôtelière de Blois. Il travaille dans quelques restaurants mais c’est dans le Sud de la France, à Sète, qu’il tombe amoureux des beaux produits en voyant s’étaler devant lui chaque matin, des poissons de roche vivants, se trémoussant en dévoilant leurs épines, leurs écailles colorées et leurs odeurs. L’envie de cuisine pointe et Laurent se rend alors à Paris et est engagé dans la brigade d’une grande brasserie. Rapidement, le jeune aspirant cuisinier monte en grade et devient second. Puis, presque pour faire plaisir au patron qui repère en lui un talent inné pour mettre en valeur les produits, Laurent Audiot devient chef du célèbre restaurant Marius et Jeannette. Et une étoile du guide Michelin vient célébrer le jeune roi des fourneaux.

a-pleines-dents13

La rencontre avec Gérard Depardieu :
C’est alors que Gérard Depardieu entre dans la vie et la cuisine de Laurent Audiot. L’acteur qui vient de tourner Cyrano et Christophe Colomb, attend sa femme Elisabeth qui joue au théâtre. Et plutôt que de tourner en rond, seul dans le froid, il préfère boire quelques canons de blanc en compagnie de son ami Jean Carmet entre les fourneaux de Laurent. L’amitié entre l’acteur et le cuisinier naît à ce moment-là. Et va se poursuivre. Un jour, Gérard propose à Laurent d’acheter un restaurant avec lui. Sans trop y croire, Laurent entreprend alors de chercher un lieu dans Paris. Pourtant Gérard appelle chaque soir et demande « Alors tu as trouvé ? Parce qu’il faut y aller, moi c’est dans ma tête ! ».
Dynamisé par son ami, Laurent trouve un petit restaurant chaleureux. Mais dans le même temps il visite une institution parisienne qui semble trop grande pour lui, La Fontaine Gaillon. Il en parle à Gérard qui part, seul, visiter les deux endroits. Le soir même Gérard appelle Laurent.

a-pleines-dents14

Les meilleurs produits :

Gérard Depardieu et Laurent Audiot le Chef du restaurant la Fontaine Gaillon, ont l’habitude de s’approvisionner chez les meilleurs producteurs. Très attentifs à la qualité des produits et à l’histoire de ceux qui les produisent, Gérard et Laurent se déplacent régulièrement dans toutes les régions du monde pour aller à leur rencontre et capturer l’excellence. Comme deux aventuriers cuisiniers, ils partent faire leurs courses. Chaque région de chaque pays possède sa propre culture, sa nature, sa cuisine, sa nourriture, ses plats, ses recettes.

a-pleines-dents15

Cette échappée belle et gourmande fait des étincelles. On salive, l’estomac gargouille et on rit des réparties de Gérard Depardieu, dont nous vous proposons quelques éclats :

« J’aime bien les cidres qui donnent la chiasse tout de suite ! Des cidres de paysans, des tord-boyaux ! Le goût de la cuite ! »

« Mon père buvait, bah regarde-moi, j’suis un alambic ! »

« Toute ma famille était diabétique, sauf moi, j’ai échappé mais c’est grâce aux russes ! »

« Ça doit être bon à manger un phoque ! »

« C’est quoi ça ? Une méduse ? Ça se bouffe ? »

« L’andouillette, ça sent le cul ! »

« Ton grand-père est venu ici pour fuir Franco ? Comme moi je fuis Hollande… »

(mangeant un jambon) « Si les hosties étaient comme ça, on irait communier le dimanche ! »

« Moi j’en ai du cholestérol ! Mais c’est pas le gras qui m’en a donné, c’est certaines personnes ! »

«Plus personne ne mange aujourd’hui. Quand tu vois les mecs à la télé, on ne sait même pas s’ils chient. Ils doivent pas casser les chiottes comme moi ! »

« C’est bourré d’iode, on a l’impression que la mer vous pisse dans la gueule ! »

« Tous les produits m’excitent. Je mange de tout. Il m’est même arrivé de croquer la viande à même le bœuf. »

« Lors du tournage de Maîtresse, de Barbet Schroeder, il y avait une scène où je mangeais une bavette. J’ai fait 24 prises. Il y avait trois kilos de viande, j’ai mangé ça en 2 heures. »

« Dans l’ivresse je n’ai pas de frein, je ne vois pas la sortie de secours. »

« Plus je mange, moins je peux me freiner. Surtout quand c’est pas bon. »

« Les bulots, c’est les chiottes de la mer ! »

« Je préfère manger ça à l’oursin. Je ne te cache pas que je ne peux plus en manger. L’autre fois, j’en ai mangé…une chiasse ! »

« Je mange exprès les pois chiches pour le gaz. Comme ça je peux faire chier le monde. »

a-pleines-dents16

Depardieu est partout comme chez lui. Sa sublime voix commente les épisodes au fil de ses pérégrinations, n’hésitant pas à laisser parfois Laurent Audiot seul en scène, probablement pendant que le comédien se trouve entre deux avions et deux tournages aux quatre coins du monde. Mais quand l’ogre – et pas seulement pour la nourriture, mais pour tout ce que la vie peut offrir – revient, il ne fait pas semblant, souhaite se rattraper et goûter à tout ce qui lui tombe sous la main, quitte à le manger crû y compris des algues. Si Obélix n’a jamais eu le droit de tester à nouveau la potion magique parce qu’il était tombé dans la marmite quand il était petit, Gégé n’a de cesse d’y retourner. C’est sans doute la seule différence avec le personnage de Goscinny et d’Uderzo. Depardieu et Laurent Audiot, à l’instar d’Astérix et Obélix, sont à la recherche d’ingrédients et de produits à mettre dans leur potion magique pour le déjeuner ou pour le dîner. Leur passion, leur gourmandise, leur curiosité et leur érudition sont contagieuses et donnent furieusement envie de s’installer à table avec eux.

LE COFFRET DVD

L’intégrale de la série tient sur quatre disques. Le menu principal de chaque DVD est animé sur la musique du générique. Aucun supplément au programme, si ce n’est la version intégrale de chaque épisode de 52 minutes. Cinq fiches recettes de Laurent Audiot sont glissées dans le boîtier.

gege

L’Image et le son

Wild Side nous propose une image croustillante sur fond de contrastes bien fermes, saupoudrée d’une clarté bienvenue. Le tout est arrosé d’un piqué sec, des détails qui flattent les pupilles (ou papilles ?) gustatives et la profondeur de champ est offerte pour le dessert. En guise de digestif, nous admirerons le joli relief, la concision des noirs, la colorimétrie qui s’en sort avec les honneurs, la propreté de la copie ainsi que la stabilité. Quatre étoiles au Guide Homepopcorn.fr.

vlcsnap-2016-11-12-11h31m23s251

Tous les épisodes sont proposés en français DTS 2.0 et Dolby Digital 2.0. La première acoustique est évidemment à privilégier, plus détaillée, au point d’entendre l’eau frémir, les ventres gronder et les dents de Depardieu claquer d’impatience. Pas de sous-titres.

gege

Copyright Wild Side Vidéo

Test DVD / Le Triangle du Diable, réalisé par Sutton Roley

le-trangle-du-diable-1

LE TRIANGLE DU DIABLE ( Satan’s Triangle) réalisé par Sutton Roley, disponible en DVD le 18 octobre 2016 chez Showshank Films

Acteurs : Kim Novak, Doug McClure, Alejandro Rey, Ed Lauter, Jim Davis, Michael Conrad

Scénario : William Read Woodfield

Photographie : Leonard J. South

Musique : Johnny Pate

Durée : 1h11

Date de sortie initiale : 1975

LE TELEFILM

Un hélicoptère et ses deux sauveteurs partent secourir un bateau en perdition. A son bord, des cadavres et une seule survivante… Au beau milieu de l’océan, la tempête se lève. Leurs coordonnées semblent indiquer qu’ils se trouvent au centre d’un endroit mystérieux surnommé le Triangle du Diable…

le-trangle-du-diable-4

Difficile à croire en découvrant ce téléfilm en 2016, mais Le Triangle du Diable, Satan’s Triangle, produit par la chaîne ABC, diffusée le 14 janvier 1975 aux Etats-Unis, puis en France en novembre 1975, mais surtout le 4 février 1979, a traumatisé toute une génération pour sa diffusion à une heure de grande écoute, un dimanche en début de soirée. Réalisé par Sutton Roley, grand habitué de la télévision avec une multitude de séries à son actif depuis la fin des années 50-60 (Mannix, Le Magicien) jusqu’aux années 1980 (Supercopter, Mike Hammer), Le Triangle du Diable demeure toujours aussi chéri par celles et ceux qui l’ont découvert quand ils étaient jeunes, même s’il faut bien avouer qu’il a considérablement mal vieilli.

le-trangle-du-diable-1le-trangle-du-diable-7

On comprend ce qui a pu choquer à l’époque puisque Le Triangle du Diable est un téléfilm sombre, parfois violent et macabre, avec une petite touche fantastique qui a dû effrayer les enfants qui se demandaient alors ce qu’on pouvait bien leur offrir de gentil et de propre dans la petite lucarne. Le Triangle du Diable vaut surtout aujourd’hui pour revoir Kim Novak, qui se faisait déjà rare sur les écrans. Sa dernière grande apparition au cinéma remontait déjà à 1969 dans Le Plus grand des hold-up d’Hy Averback, bien que la comédienne fît également une apparition dans le quatrième segment du film à sketchs Tales That Witness Madness en 1973. Hormis cette diffusion invraisemblable en fin de week-end alors que les petits n’avaient pas encore pris leur bain, on se demande pourquoi Le Triangle du Diable, modeste fiction à petit budget, est devenu aussi culte puisque le récit – écrit par William Read Woodfield, grand manitou de la série Mission Impossible – sous forme de flashbacks imbriqués apparaît aujourd’hui bien classique, efficace mais platement mis en scène, interprété par des acteurs peu concernés, notamment une Kim Novak complètement éteinte. Le twist final fonctionne, tout comme l’épilogue, mais le reste n’est souvent qu’ennui, il ne se passe rien et l’ensemble s’avère aussi passionnant qu’une partie de pêche à l’espadon diffusée à 3h du matin.

le-trangle-du-diable-8le-trangle-du-diable-10

C’est là tout le mystère de la fibre nostalgique, tout comme celui du Triangle des Bermudes qui sert ici de prétexte pour une entourloupe de 70 minutes, mais où il n’y a que les cinq dernières à sauver.

le-trangle-du-diable-12

LE DVD

Le DVD du Triangle du Diable, disponible chez Showshank Films, repose dans un Digipack un peu léger et fragile. Le visuel, cheap, mentionne « Le Film qui a traumatisé toute une génération » et vise ceux qui recherchaient activement ce téléfilm depuis des années.

le-trangle-du-diable-11

L’éditeur ne vient pas les mains vides ! En effet, nous trouvons une présentation du Triangle du Diable, ou plutôt de son contexte singulier de diffusion à la télévision française, par Jérôme Wybon (13′). Nous avons beaucoup de plaisir à retrouver l’auteur de Nos années Temps X : Une histoire de la science-fiction à la télévision française et le réalisateur de nombreux suppléments rétrospectifs présents sur moult DVD et Blu-ray. Jérôme Wybon replace ce téléfilm dans son contexte, puis donne quelques indications sur le scénariste, le réalisateur, le compositeur et le casting. Vous en saurez également un peu plus sur le sujet du Triangle des Bermudes abordé au cinéma et à la télévision.

le-trangle-du-diable-14

L’interactivité se clôt sur le générique français d’époque (« qui vous a fait frissonner ») et un petit comparatif avant/après la restauration.

le-trangle-du-diable-16le-trangle-du-diable-15

L’Image et le son

Le Triangle du Diable est un téléfilm. Le master plein cadre 1.33 (4/3) d’origine proposé par Showshank Films s’avère honnête, même s’il demeure marqué par l’usure du temps et ce malgré une restauration. Les couleurs retrouvent un certain éclat par rapport au master original, le grain est parfois très marqué et sa gestion reste aléatoire, certains moirages sont visibles, tout comme les stock-shots lors de la partie de pêche. Divers plans sont toujours flous et inhérents aux partis pris esthétiques qui privilégient un aspect cotonneux lors de l’arrivée du prêtre sur le voilier. La copie trouve néanmoins une stabilité, malgré des fourmillements à foison.

le-trangle-du-diable-17

La version originale Mono est beaucoup plus étouffée que la piste française, dynamique, aux dialogues et aux effets nettement plus élevés. De plus, le doublage est très bon, avec notamment Marcel Bozzuffi, Pierre Garin et Serge Lhorca (la voix de Yoda dans les épisodes V et VI de Star Wars).

le-trangle-du-diable-5

Crédits images : © Showshank Films / Captures DVD et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / On ne joue pas avec le crime, réalisé par Phil Karlson

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-1

ON NE JOUE PAS AVEC LE CRIME (5 Against the House) réalisé par Phil Karlson, disponible en DVD le 19 octobre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Kim Novak, Guy Madison, Brian Keith, Alvy Moore, Kerwin Mathews, William Conrad

Scénario : Stirling Silliphant, William Bowers, John Barnwell, d’après le roman de Jack Finney

Photographie : Lester White

Musique : George Duning

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Alors qu’ils prennent du bon temps dans un casino, quatre étudiants américains entendent un policier affirmer que dérober l’argent contenu dans les coffres est ici totalement impossible. Il n’en faut pas moins pour piquer l’orgueil du plus riche des garçons. Il entraîne alors ses trois camarades à cambrioler l’établissement. Il réussit en effet à les convaincre que seul le défi l’intéresse : l’argent sera rendu à l’issue du vol. Mais rien ne se passe comme prévu…

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-5

Réalisé par Phil Karlson (1908-1985) en 1955, On ne joue pas avec le crime5 Against the House est un drame aux allures de film noir adapté du roman éponyme de Jack Finney (L’Invasion des profanateurs), sorti en France sous le titre Néant à roulettes dans la collection Série noire. Produit par la Columbia Pictures, 5 Against the House montre le savoir-faire du metteur en scène, spécialiste des séries B, à qui l’on doit Le Quatrième homme (1952), L’Affaire de la 99ème rue (1953) ou bien encore Coincée (1955), et reste la principale source d’inspiration du Casino de Martin Scorsese. Le film démarre bien en montrant une bande de quatre étudiants venus à Reno (« la plus grande petite ville du monde ») dans le but de prendre du bon temps en jouant au casino. Il y a Al (Guy Madison), le meneur du groupe, Brick (Brian Keith), le colosse, Roy (Alvy Moore), le rigolo et Ronnie (Kerwin Mathews) l’intellectuel. Ils assistent à une tentative de braquage, rapidement mise en échec par la sécurité de l’établissement. Le groupe reprend la route et roule toute la nuit pour rejoindre la faculté de droit. C’est alors que Ronnie se met en tête de réaliser le crime parfait, en l’occurrence le braquage du casino de Reno que l’on dit impossible à dévaliser. Il commence à en parler à ses potes. Al retrouve sa petite amie Kay (Kim Novak), devenue chanteuse dans un nightclub. On apprend alors que Brick et Al ont fait la guerre de Corée et ont été rendus à la vie civile. Un lien les unit puisque Brick a sauvé la vie de son ami. Mais Brick est aussi revenu traumatisé et sujet à d’incontrôlables explosions de colère. Ayant passé un long séjour en hôpital psychiatrique, Brick s’est juré de ne jamais y retourner. Le casse prévu par Ronnie pourrait lui apporter une nouvelle protection. Seulement Ronnie ne souhaite réaliser ce coup que pour la beauté du geste. Brick entreprend alors de menacer sa bande d’amis à l’aide d’un revolver et les oblige à braquer ce casino en gardant le butin.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-4on-ne-joue-pas-avec-le-crime-3

S’il ne manque pas d’intérêt, On ne joue pas avec le crime est une œuvre qui manque d’enjeux dramatiques durant une bonne partie du film (en gros tout ce qui se passe à l’université) et qui s’avère souvent plombée par des dialogues trop abondants et explicatifs. De plus, Guy Madison manque vraiment de charisme et passe son temps à lever un sourcil, puis l’autre, avant d’emballer la sublime Kim Novak (tout juste révélée par le superbe Du plomb pour l’inspecteur de Richard Quine), dont le rôle de jolie minette qui pousse la chansonnette (en playback) est bien trop limité pour finalement retenir l’attention. Ajoutez à cela un humour maladroit qui pousse parfois le film dans une autre direction, ainsi que le choix maladroit d’un quatuor d’acteurs trop âgés pour jouer des étudiants. En revanche, l’interprétation de Brian Keith (Cher oncle Bill, Reflets dans un œil d’or, Nevada Smith) vaut vraiment le détour. Bâti comme une armoire à glace, le comédien apporte néanmoins une grande fragilité à son personnage de Brick, revenu cassé de la guerre de Corée, prêt à exploser à n’importe quel moment. Si Al parvient à le canaliser, les démons de Brick finiront par prendre le dessus par peur de retourner à l’asile où il a subi de nombreux chocs électriques.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-6on-ne-joue-pas-avec-le-crime-12

Finalement, On ne joue pas avec le crime est plus un drame qu’un film de casse, même si celui-ci est bien organisé et même passionnant dans les dernières vingt minutes, avec une apparition de William Conrad. Nous retiendrons aussi le dernier affrontement Al/Brick qui se déroule dans le décor singulier d’un parking mobile, impeccablement utilisé par Phil Karlson à travers des angles très recherchés. Cette séquence rappelle dans une moindre mesure, la scène finale du formidable Mission : Impossible – Protocole fantôme de Brad Bird.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-10

LE DVD

Disponible chez Sidonis Calysta, On ne joue pas avec le crime intègre la collection Film Noir. Le visuel de la jaquette est très attractif et soigné, tout comme la sérigraphie du DVD. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-7

Comme bien souvent, Bertrand Tavernier commence sa présentation d’On ne joue pas avec le crime (16′) en se remémorant la première fois qu’il a vu le film en compagnie de ses amis étudiants du ciné-club Nickelodéon qu’ils avaient alors créé. Si le réalisateur et historien du cinéma a pu parfois changer d’avis sur un film au cours de sa vie, il déclare ici que le film de Phil Karlson l’a toujours déçu et laissé sceptique. Dans un premier temps, Bertrand Tavernier évoque comment Kim Novak divisait à la fois les critiques et les cinéphiles. Ensuite, il en vient à Phil Karlson, cinéaste qu’il aime tout particulièrement pour ses excellentes séries B, tout en passant en revue quelques-uns de ses films les plus marquants. Même s’il n’aime pas vraiment On ne joue pas avec le crime, Bertrand Tavernier en tire néanmoins quelques points positifs, notamment le final dans le casino, ainsi que l’interprétation de Brian Keith, un grand acteur, toujours parfait selon lui, et malheureusement trop souvent oublié aujourd’hui. Comme à son habitude, Guy Madison en prend plein son grade, chaque fois qu’un de ses films est passé au peigne fin par Tavernier. Le scénario est également observé à la loupe, tout comme la construction du film.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-4

Cette présentation est suivie de celle de François Guérif (13′). Le critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir n’est guère plus enthousiaste que son confrère sur On ne joue pas avec le crime. Spécialiste du roman noir, François Guérif rappelle que le film de Phil Karlson est adapté du roman 5 Against the House, sorti en France dans la collection Série noire sous le titre Néant à roulettes. Il loue ensuite la réussite du décor du parking mobile et de l’interprétation de Brian Keith, tout en critiquant le jeu de Guy Madison, l’abondance des dialogues et le fait que les acteurs soient bien trop âgés pour incarner des étudiants.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-5

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-2

L’Image et le son

La restauration du film est indéniable, toutes les scories, tâches, poussières et rayures verticales ont été purement et simplement éradiquées. Si le piqué manque parfois de mordant, la gestion du grain original demeure solide et bien gérée. Le N&B est de très belle tenue avec des noirs suffisamment denses, des blancs lumineux et des contrastes solides. Mention spéciale à certains gros plans, nets et précis, bien détaillés. La copie 1.66 (16/9 compatible 4/3) affiche une remarquable stabilité.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-6

Seule la version originale sous-titrée en français est disponible sur cette édition. Ce mixage s’avère particulièrement riche, dynamique, sans aucun souffle et étonne par sa précision, surtout sur les scènes de casino avec des effets foisonnants. Un confort acoustique largement assuré. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

on-ne-joue-pas-avec-le-crime-1on-ne-joue-pas-avec-le-crime-8on-ne-joue-pas-avec-le-crime-11on-ne-joue-pas-avec-le-crime-13

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard

Test DVD / La Loi de la jungle, réalisé par Antonin Peretjatko

la-loi-de-la-jungle-4

LA LOI DE LA JUNGLE réalisé par Antonin Peretjatko, disponible en DVD le 18 octobre 2016 chez Orange Studio

Acteurs : Vincent Macaigne, Vimala Pons, Pascal Légitimus, Mathieu Amalric, Fred Tousch, Rodolphe Pauly, Jean-Luc Bideau

Scénario : Antonin Peretjatko, Frédéric Ciriez

Photographie : Simon Roca

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Marc Châtaigne, stagiaire de 35 ans au Ministère de la Norme, est envoyé en Guyane pour la mise aux normes européennes du chantier GUYANEIGE : première piste de ski indoor d’Amazonie destinée à relancer le tourisme en Guyane. De mésaventure en mésaventure, on lui affuble un coéquipier. Pas de chance c’est une pin-up. Pire : elle a du caractère.

la-loi-de-la-jungle-5

Ce film est fait pour vous ! (extrait de la bande-annonce)

En 2013, à la sortie de La Fille du 14 juillet, l’auteur de ces mots avait écrit « Antonin Peretjatko. Retenez bien ce nom car il se pourrait bien que ce jeune scénariste-réalisateur-monteur signe un jour une grande comédie populaire. Son premier long métrage La Fille du 14 juillet s’inscrit dans le même esprit que ses excellents courts-métrages (Changement de trottoir, French Kiss, Paris Monopole, Les Secrets de l’invisible), avec des personnages poétiques et doux-dingues déambulant dans un monde complètement barré. ». Si La Loi de la jungle n’a pas dépassé les 100.000 entrées France, au moins le score a doublé entre le premier et le second film ! Antonin Peretjatko se lâche encore plus et signe une immense comédie estivale, complètement givrée, génialement dialoguée et interprétée cette fois encore par la talentueuse et sexy (à se damner même) Vimala Pons, l’indispensable (et non moins talentueux) Vincent Macaigne et bien d’autres électrons qui viennent circuler autour du noyau central (Pascal Légitimus, Mathieu Amalric, Jean-Luc Bideau), que l’on suit tout au long de leurs péripéties, parfois surréalistes, toujours réjouissantes, dans une jungle «hostile » de la Guyane.

la-loi-de-la-jungle-4

Là où La Fille du 14 juillet renvoyait au cinéma de Jacques Tati, Jacques Rozier, les premiers Godard made in Paris et même, osons le dire, aux films de Max Pécas qui ont fait les belles heures de M6, La Loi de la jungle fait penser aux comédies de Claude Zidi, Francis Veber et de Philippe de Broca avec un ton toujours aussi personnel et singulier, un joyeux bordel encore plus maîtrisé, des gags plus dingues (la baston va devenir culte !), bref c’est un vrai coup de maître. Sur une b.o. qui convoque à la fois les thèmes de Goldorak ou de l’ORTF (en fait le Te Deum de Charpentier mais c’est moins facile à retenir), Antonin Peretjatko livre un vrai film d’aventures qui ne ménage pas ses acteurs, réellement investis, qui descendent de vrais rapides sans doublures ou effets spéciaux, qui pataugent jusqu’aux genoux dans la boue la plus immonde, qui affrontent des araignées, des serpents, tout un tas d’insectes divers et variés, qui mangent des larves, ou même Vincent Macaigne qui doit résister à une Vimala Pons sous l’emprise d’un aphrodisiaque ultra-puissant qui tourne autour de lui en petite culotte. Pas certain qu’il puisse tenir longtemps.

la-loi-de-la-jungle-2

La Loi de la jungle est un film franchement hilarant, inclassable, animé par une folle énergie contagieuse, bourré de charme, qui fait du bien dans la comédie hexagonale et même pour le cinéma français en général. Jetez-vous sur ce sublime OVNI potache, malin, réjouissant et fantaisiste – qui aurait pu s’appeler Les Bronzés font du ski en Guyane – car il s’agit d’une des meilleures comédies de l’année avec Ma Loute de Bruno Dumont !

LE DVD

Le DVD de La Loi de la jungle, disponible chez Orange Studio, repose dans un boîtier classique. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

la-loi-de-la-jungle-3

Peu de suppléments sur cette édition, mais ils s’avèrent dans le ton du film.

On commence par quatre scènes coupées (7’), présentées avec une colorimétrie et un mixage son non finalisés. Si vous avez été conquis par La Loi de la jungle, jetez-vous sur ces séquences délirantes, à l’instar des turbulences rencontrées par Châtaigne lors de son voyage en avion vers la Guyane, ou bien encore une scène d’ouverture alternative qui oppose la jungle guyanaise « enragée » avec la jungle parisienne également sans pitié.

la-loi-de-la-jungle-5

Un mini making-of (2’20) montre les acteurs tourner leurs scènes avec les animaux, un boa bien dodu mis autour du cou de Vincent Macaigne, et Vimala Pons qui enchaîne les prises où son personnage goûte des larves vivantes.

la-loi-de-la-jungle-6la-loi-de-la-jungle-7

Le module intitulé Bestiaire (2’) est un montage de plans montrant quelques réjouissants insectes et reptiles de la jungle, comme l’impressionnant serpent grage à petits carreaux, les fourmis Atta, le magnifique papillon morpho ou l’impressionnante araignée Nephila clavipes.

la-loi-de-la-jungle-8

L’éditeur joint également un reportage sur le tournage du film (3’18), qui croise les propos du réalisateur Antonin Peretjatko et de la productrice Alice Girard, qui reviennent sur les conditions de tournage et les intentions du film, avec de rapides images des prises de vues.

la-loi-de-la-jungle-1la-loi-de-la-jungle-9

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Avec à peine 100.000 entrées, il semble qu’Orange n’ait pas jugé bon de sortir La Loi de la jungle en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là, d’autant plus que le film a été tourné en numérique. Les couleurs sont bien loties, chaleureuses et bigarrées, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants. Les détails ne manquent pas sur le cadre, les noirs sont denses. Que demander de plus ?

la-loi-de-la-jungle-3

Deux choix possibles, une écoute frontale riche et dynamique en Stéréo, ou bien une spatialisation solide et un plus grand confort acoustique en Dolby Digital 5.1. Dans les deux cas, l’écoute demeure ardente, fait une large place aux dialogues tout en mettant à l’avant la musique du film. Les effets latéraux et ambiances naturelles pointent habilement le bout de leur nez. Les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.

la-loi-de-la-jungle-2

Crédits images : © Haut et Court / Captures du DVD : Franck Brissard