Test Blu-ray / The Game, réalisé par David Fincher

THE GAME réalisé par David Fincher, disponible en Blu-ray le 3 novembre 2020 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Michael Douglas, Sean Penn, Carroll Baker, Deborah Kara Unger, Armin Mueller-Stahl, James Rebhorn, Peter Donat…

Scénario : John Brancato & Michael Ferris

Photographie : Harris Savides

Musique : Howard Shore

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Nicholas Van Orton, un richissime homme d’affaires reçoit comme cadeau d’anniversaire de la part de son frère Conrad une invitation à participer à un jeu d’un genre nouveau. D’abord sceptique, il se laisse tenter par cette aventure. Cette partie se révèle être un engrenage aux mécanismes diaboliques…

Durant de longues années, The Game a probablement été le film le plus mal aimé de David Fincher. Peut-être parce que le réalisateur était attendu au tournant après le triomphe international de Se7en (330 millions de dollars de recette, 100 millions rien qu’aux Etats-Unis et 5 millions d’entrées en France), son véritable premier long-métrage puisque l’intéressé avait déjà renié Alien 3, monté, puis remonté par les producteurs sans son accord. Rétrospectivement, The Game est l’un des meilleurs opus du cinéaste et surpasse même quelques autres de ses films acclamés, comme Zodiac (2007), L’Étrange Histoire de Benjamin Button (2008), The Social Network (2010) et Gone Girl (2014). The Game, c’est comme qui dirait le bijou dissimulé dans l’écrin de la carrière du metteur en scène, celui qui condense tout son amour pour le cinéma classique hollywoodien et dans lequel apparaissent clairement toutes ses obsessions. Certes, la fin a été largement décriée et le sera probablement toujours, mais ce thriller paranoïaque teinté d’humour noir demeure pourtant un très grand film, que certains qualifieront de « malade », comme le disait François Truffaut : « Un grand film malade, ce n’est rien d’autre qu’un chef-d’œuvre avorté, une entreprise ambitieuse qui a souffert d’erreurs de parcours : un beau scénario intournable, un casting inadéquat, un tournage empoisonné par la haine ou aveuglé par l’amour, un trop fort décalage entre intention et exécution, un enlisement sournois ou une exaltation trompeuse. Cette notion de “grand film malade” ne peut s’appliquer évidemment qu’à de très bons metteurs en scènes, à ceux qui ont démontré dans d’autres circonstances qu’ils pouvaient atteindre la perfection. ». Le mot malade pourrait être adapté pour la conclusion de The Game, mais tout le reste est de haut niveau, en particulier l’interprétation de Michael Douglas, immense, qui trouvait ici l’un de ses plus grands rôles des années 1990, aux côtés de Basic Instinct (1992) de Paul Verhoeven et Chute libreFalling Down (1993) de Joel Schumacher. Tout cela pour dire qu’on ne cesse de redécouvrir The Game et que même l’effet « dérangeant » du dernier acte (on reparle de celui de Fight Club d’ailleurs ?) s’est estompé pour au final dévoiler à ceux qui se voilaient la face jusqu’alors qu’il s’agit bel et bien d’un chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Jackals, réalisé par Kevin Greutert

JACKALS réalisé par Kevin Greutert, disponible en DVD et Blu-ray le 2 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Stephen Dorff, Deborah Kara Unger, Johnathon Schaech, Chelsea Ricketts, Alyssa Julya Smith, Nick Roux, Jason Scott Jenkins, Cassie Hernandez…

Scénario : Jared Rivet

Photographie : Andrew Russo

Musique : Anton Sanko

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans les années 1980, Jimmy Levine est un psychologue spécialisé dans l’aide aux victimes de sectes. Il est engagé par une famille dont le fils est sous l’emprise d’un culte satanique pour sauver leur enfant. Levine parvient à le récupérer mais les membres du culte sont bien décidés à le reprendre. Pour cela, ils sont prêts à tout.

Jackals (« Quoi ? On dit des chacaux ? ») est le cinquième long métrage de Kevin Greutert. Ce nom ne vous dit sans doute rien, pourtant, ce dernier est un habitué du thriller d’épouvante puisqu’il s’agit du monteur des cinq premiers opus de la franchise Saw, de The Strangers, mais aussi le réalisateur des épisodes Saw VI et Saw VII (à prononcer en français, c’est plus amusant) aka Saw 3D le supposé « Chapitre final », pas franchement les meilleurs épisodes de la franchise Jigsaw (euphémisme). Egalement responsable de Jessabelle, tentative ratée de film de genre se déroulant les bayous de la Louisiane, avec Sarah Snook (révélation de l’incroyable Predestination des frères Spierig), Kevin Greutert aura également mis en scène un Visions, inédit dans les salles et sorti directement dans les bacs chez nous en 2015. Son nouveau bébé Jackals arrive une fois de plus dans nos contrées en DVD et Blu-ray. En dépit d’un casting peu enthousiasmant et mollement dirigé, ce thriller « réaliste » est probablement le meilleur film du réalisateur.

Mars 1983. Jimmy Levine est un spécialiste dans l’extraction de sectes, n’hésitant pas à recourir à la violence si nécessaire pour désendoctriner les « nouveaux adeptes ». La famille Powell fait appel à ses services pour enlever et déprogrammer leur fils Justin, sous l’emprise d’un culte satanique indéterminé et extrêmement violent. Levine tend un piège à Justin, le kidnappe et la ramène au bercail où le jeune homme est solidement attaché à une chaise. Justin a subi un lavage de cerveau et ne reconnaît pas les siens. Un affrontement psychologique démarre dans cette famille dysfonctionnelle. A la nuit tombée, les membres du culte encerclent le chalet des Powell, perdu au fond des bois. Leur but ? Délivrer Justin, devenu « Thanatos », par n’importe quel moyen et si possible sanglant. La nuit va être longue.

Après un début très prometteur filmé en caméra subjective et en plan-séquence, durant lequel un autre jeune membre de la secte des Jackals décime sa propre famille en pleine nuit, le film de Kevin Greutert prend son temps, sans doute trop et peine à instaurer un malaise quelconque ou même un semblant d’intérêt. La séquence de l’enlèvement étonne et perd les spectateurs, qui ne sont alors pas encore au fait des évènements. Puis, Jackals repose sur le face à face entre Justin (vénéneux Ben Sullivan) et le spécialiste des sectes Jimmy Levine (impeccable Stephen Dorff), ancien membre des Marines, qui utilise la manière forte pour chambouler les anciens membres de cultes obscurs afin de les ramener à la raison. Le premier acte est donc assez prenant. Le problème, c’est que le scénario de Jared Rivet, inspiré par une histoire vraie survenue en Californie, se perd ensuite dans les problèmes de la famille Powell avec un père volage et absent (Johnathon Schaech, grand habitué des nanars et des « numéro 2 de films à succès destinés au marché de la vidéo »), une mère devenue alcoolique (Deborah Kara Unger, défigurée par la chirurgie plastique), un fils aîné (Nick Roux) en manque d’amour (mais qui a été violent envers son cadet, sans doute par jalousie), ainsi que l’ex-compagne de Kevin (Chelsea Ricketts, une nana de 30 ans qui joue une ado de 17 ans) qui a donné naissance à leur petite fille après que ce dernier ait été embringué dans son groupe de déglingués.

Il faut donc se farcir des reproches, des non-dits, des larmes, des verres d’alcool, des coups de gueule, pendant que Levine essaye de remettre les méninges de Kevin à l’endroit. C’est alors qu’apparaissent les Jackals, qui ont de la gueule filmés dans la pénombre avec leurs masques et leurs costumes taillés sur mesure. Le film mute alors en home-invasion, ou plutôt en tentative puisque les Jackals, muets et qui économisent leurs actions, vont alors tout faire pour entrer dans le chalet. Le spectateur doit prendre son mal en patience et faire fi de personnages assez ridicules (mention spéciale à la belle-fille) puisque Jackals fait partie de ces films qui s’améliorent et deviennent intéressants au fur et à mesure du récit. La dernière partie est d’ailleurs particulièrement brutale, sèche, frontale et donc inattendue après un ventre mou d’une bonne demi-heure, soit un gros tiers du film.

Alors oui Jackals est une œuvre bancale, qui peut faire sourire devant le caractère souvent absurde de ses protagonistes, mais comme le film se déroule durant les années bénies du slasher, un agréable parfum vintage s’en dégage et parvient à sauver l’entreprise. Sans oublier un troisième acte malsain et prenant qui fait donc pencher Jackals, série B qui ne s’en cache pas, du bon côté de la balance.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Jackals, DTV disponible chez Metropolitan, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

Le film de Kevin Greutert est accompagné de bandes-annonces, ainsi que d’un faux making of (20’) composé uniquement d’interventions du réalisateur, du producteur Tommy Alastra, des comédiens Stephen Dorff, Ben Sullivan, Nick Roux, Johnathon Schaech, Chelsea Ricketts, Deborah Kara Unger et du scénariste Jared Rivet. Durant la première moitié de ce supplément, les invités se contentent de raconter tout le film, avant de passer à la psychologie des personnages. Autant dire que ce supplément n’a malheureusement aucun intérêt.

L’Image et le son

On peut trouver des défauts à Jackals, plusieurs même, nombreux diront certains, mais la photographie du chef opérateur Andrew Russo est l’un des atouts de ce thriller. Les contrastes sont tranchés en Haute-Définition avec des noirs d’une densité jamais démentie, les jeux de lumière rappellent parfois ceux de Fog de John Carpenter et les détails ne manquent pas, y compris dans les séquences les plus sombres. D’ailleurs, étrangement, ces scènes s’en sortent mieux que celles tournées en plein jour où l’on pouvait attendre un piqué plus ciselé. Toutefois, le cadre large n’est pas avare en détails, surtout sur les gros plans des acteurs et à ce titre, ce qui nous fait le plus peur reste probablement le visage massacré de Deborah Kara Unger…

L’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent sur les scènes d’affrontements, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets secs et percutants.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr