Test Blu-ray / Jalouse, réalisé par David et Stéphane Foenkinos

JALOUSE réalisé par David et Stéphane Foenkinos, disponible en DVD et Blu-ray le 16 mars 2018 chezStudiocanal

Acteurs :  Karin Viard, Dara Tombroff, Anne Dorval, Thibault de Montalembert, Bruno Todeschini, Marie-Julie Baup, Corentin Fila, Anaïs Demoustier…

ScénarioDavid Foenkinos, Stéphane Foenkinos

Photographie : Guillaume Deffontaines

Musique : Paul-Marie Barbier, Julien Grunberg

Durée : 1h49

Année de sortie : 2017

LE FILM

Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage…

Lauréat de dix prix littéraires et vendu à plus de 800.000 exemplaires depuis sa publication, La Délicatesse de David Foenkinos a très vite été envisagé au cinéma. Avec l’aide de son frère Stéphane, l’écrivain en avait profité pour passer derrière la caméra, afin d’adapter lui-même son best-seller. Coup d’essai et petit coup de maître, La Délicatesse était un vrai moment de poésie, d’humour, de tendresse burlesque, magnifiquement interprété par Audrey Tautou et François Damiens. Six ans plus tard, les deux frères se retrouvent pour leur second long métrage en commun, Jalouse, dans lequel on retrouve volontiers leur ironie, à travers le portrait d’une femme aux portes de la cinquantaine. Et qui mieux que Karin Viard, pour qui le rôle a été écrit, pouvait à la fois se permettre d’être parfois odieuse et cynique, tout en restant « attachiante » et charismatique ?

Le Karin Viard Movie est presque devenu un genre à part entière, un Cinematic Universe. Après presque trente ans de carrière, deux César (Haut les coeurs ! et Les Randonneurs) pour neuf nominations et plus de soixante films à son actif, la comédienne dispose aujourd’hui d’une place très enviée au sein du cinéma français. Alternant les films d’auteur (Sólveig Anspach, les frères Larrieu, Anne Villacèque) et le cinéma populaire (Dany Boon, Eric Lartigau, Jean-Marie Poiré), Karin Viard peut choisir aujourd’hui les rôles qu’elle souhaite, en étant sûre d’attirer quasi-systématiquement les spectateurs dans les salles. Loin de se reposer sur ses lauriers, elle trouve dans Jalouse l’occasion d’aborder un personnage en apparence moins accessible, une mère de famille divorcée, qui commence à voir apparaître certains signes de la ménopause, qui devient petit à petit aigrie avec sa fille de 17 ans, dont elle envie la jeunesse, le bonheur, la réussite et la vie amoureuse. Même chose envers une nouvelle et rayonnante collègue de travail (Anaïs Demoustier) et son entourage. Sa jalousie empiète également sur la vie de son ex-mari (Thibault de Montalembert) désormais en couple avec Isabelle (la lumineuse Marie-Julie Baup), une femme pétillante et plus jeune.

Comme dans la comédie italienne, ce portrait de « monstre » permet aux frères Foenkinos et donc à Karin Viard, de mettre en relief les contradictions et l’ambiguïté de l’âme humaine, ainsi que les doutes d’un personnage de tous les jours, mi-ange mi-démon, que l’on ne peut s’empêcher d’aimer en dépit de ses nombreux défauts. En incarnant cette femme au bord de la crise de nerfs, la comédienne se délecte de ses répliques vachardes et savoureuses, capable de dire à sa meilleure amie Sophie (la superbe actrice canadienne Anne Dorval) qu’elle ne doit pas avoir de soucis à se faire avec sa fille « moche », ou bien d’envoyer balader son prétendant (Bruno Todeschini, élégant et sensible) sous prétexte qu’il aurait regardé sa fille Mathilde (Dara Tombroff, jolie révélation) avec l’oeil d’un prédateur.

Récit initiatique, Jalouse possède ce charme qui nous avait tant séduits dans La Délicatesse, mais se révèle plus réaliste, moins conte de fée, donc plus terrien, grinçant, grave et plus rustre, en laissant également une belle part à l’émotion. Le film des frères Foenkinos s’élève bien au-dessus du cinéma français, grâce à un œil aiguisé et une étude psychologique complexe aussi intelligente qu’aboutie.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Jalouse, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est fixe et musical.

Le making of (35’) compile quelques instantanés de tournage, des repérages des décors principaux, jusqu’au clap final. Divers propos des comédiens et des réalisateurs sont illustrés par des images tirées des répétitions et des prises de vue. L’ambiance a l’air détendue, chaleureuse et les comédiens prennent visiblement beaucoup de plaisir sur le plateau, surtout en voyant les frères Foenkinos devenir spectateurs de leur propre film.

L’interactivité se clôt sur le clip Jealous (3’).

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p-AVC. Studiocanal soigne le master HD de Jalouse, qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences tamisées où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Le spectateur a le choix entre les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. Notre préférence va pour la première qui instaure un confort acoustique très plaisant, une spatialisation musicale convaincante et des effets latéraux probants. Les ambiances naturelles sont présentes, la balance frontale est toujours dynamique et équilibrée, et le report des voix solide. La piste stéréo est évidemment plus plate, mais riche et remarquablement équilibrée. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Mandarin production / Studio Canal / France 2 Cinéma / Séverine Brigeot / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / L’Oeil du témoin, réalisé par Peter Yates

L’OEIL DU TÉMOIN (Eyewitness) réalisé par Peter Yates, disponible en DVD et Blu-ray le 2 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  William Hurt, Sigourney Weaver, Christopher Plummer, James Woods, Irene Worth, Kenneth McMillan, Pamela Reed, Albert Paulsen, Steven Hill, Morgan Freeman…

Scénario :  Steve Tesich

Photographie : Matthew F. Leonetti

Musique : Stanley Silverman

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Le corps d’un notable vietnamien est retrouvé sans vie dans un immeuble de Manhattan. Gardien de nuit dans le même immeuble, Daryll prétend connaître l’identité du tueur, mais il n’est en fait qu’intéressé par la séduisante journaliste Tony Sokolow, qui mène l’enquête et qu’il espère séduire avec ses prétendues informations. Dans l’ombre, le véritable tueur guette toujours.

Pour les cinéphiles, Peter Yates (1929-2011) est avant tout le réalisateur du mythique Bullitt (1968) avec Steve McQueen, et des Grands fonds (1977) dans lequel Jacqueline Bisset aura marqué de nombreux spectateurs avec son célèbre t-shirt mouillé. Bien qu’il ait travaillé avec les plus grands, Dustin Hoffman, Mia Farrow, Peter O’Toole, Robert Redord, George Segal, Robert Mitchum, le reste de la filmographie de Peter Yates reste étonnamment peu connu. C’est le cas de L’Oeil du témoinEyewitness, réalisé en 1981, qui détonne avec œuvres précédentes puisque le cinéaste y dirige une nouvelle génération de comédiens, William Hurt, Sigourney Weaver et James Woods, tout juste âgés de trente ans. Ni tout à fait un polar, ni tout à fait un drame ou un thriller, L’Oeil du témoin est un film étrange, constamment entre deux eaux, qui peine à trouver un équilibre et à éveiller l’intérêt.

Vétéran du Viêt Nam, Daryll Deever (William Hurt) est aujourd’hui gardien de nuit dans un immeuble de Manhattan. Une nuit, Long, un homme d’affaires douteux d’origine vietnamienne, est assassiné dans son bureau. Daryll, qui a découvert le corps, soupçonne son ami Aldo (James Woods), récemment mis à la porte par la victime, d’être le meurtrier. Soupçons confortés par le regain de fortune dont Aldo profite depuis peu. Dehors, les journalistes sont déjà là, avides de révélations. Pour séduire la belle et brillante Tony Sokolow (Sigourney Weaver), dont il est secrètement amoureux, Daryll lui fait croire qu’il en sait plus qu’il ne le dit. Alors qu’une enquête est entamée par les autorités, la police le porte sur sa liste des suspects…

L’Oeil du témoin donne cette impression d’être balancé entre divers courants. A la fois old-school dans son traitement, teinté de Nouvel Hollywood et ouvrant les années 1980, le film de Peter Yates peine à convaincre et ce malgré de nombreux points positifs. Tout d’abord le casting. Eyewitness n’est que la seconde apparition au cinéma de William Hurt après Au-delà du réel de Ken Russell, sorti l’année précédente. Et il y est déjà très bien dans la peau de ce personnage qu’on imagine triste et paumé. La femme dont il est épris, et on le comprend, est interprétée par la grande Sigourney Weaver qui venait de faire ses débuts fracassants au cinéma, en apparaissant tout d’abord dans Annie Hall de Woody Allen en 1977, avant d’enchaîner avec Alien, le huitième passager de Ridley Scott (1979) qui a fait d’elle une star planétaire. L’Oeil du témoin marquait alors son retour sur le grand écran, deux ans après avoir affronté la créature du Nostromo. A leurs côtés, James Woods, Christopher Plummer, Morgan Freeman et Pamela Reed sont également de la partie.

Autre réussite, l’atmosphère trouble que le réalisateur britannique parvient à instaurer, comme si l’on ne pouvait situer L’Oeil du témoin dans le temps. Peter Yates filme ses personnages comme s’ils étaient perdus, sans repères, en particulier Daryll, ancien du Viêt Nam, qui vit depuis toujours dans un appartement exigu avec son chien et qui parvient chichement à joindre les deux bouts en faisant le ménage et en vidant les poubelles d’un immeuble, la nuit, après que les hommes d’affaires soient rentrés chez eux. Il y a un attachement de Peter Yates pour son protagoniste, solitaire, qui a visiblement eu du mal à se réinsérer après son retour chez l’Oncle Sam. Rien n’est expliqué, juste suggéré. Le personnage le plus ambigu reste celui campé par Sigourney Weaver, que l’on imagine alléchée par une promesse de scoop et qui en même temps se prend d’affection (ou plus) pour l’homme étrange qu’est Daryll.

Finalement, on se soucie beaucoup moins de cette histoire de meurtre, qui passe quasiment au second plan, tout comme le thème de l’émigration de juifs soviétiques aux Etats-Unis. D’ailleurs, les révélations et les motivations de cet assassinat déçoivent. L’Oeil du témoin manque également de rythme, mais cette fois encore cela fait partie de l’ambiance distillée par le réalisateur. Le film est lent, un peu mou, mais on ne s’y ennuie pas grâce au jeu impliqué des acteurs, que l’on a de cesse d’admirer. Et le final au milieu des chevaux reste aussi original que marquant.

LE BLU-RAY

L’Oeil du témoin est disponible en Haute-Définition chez Movinside. Il intègre la collection de l’éditeur « Suspense-Polar ». La jaquette élégante est glissée dans un boîtier classique de couleur noire. C’est la première fois que le film de Peter Yates est disponible dans nos contrées en DVD et Blu-ray. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Ce nouveau master restauré est propre et stable. Point de poussières à l’horizon, ni de points ou de griffures. En revanche, les noirs paraissent tantôt concis tantôt poreux, manquent d’équilibre et dénaturent quelque peu le piqué. Cela est d’autant plus visible, parfois gênant, sur les nombreuses séquences qui se déroulent dans l’appartement terne de Daryll ou dans le sous-sol où il travaille. Pas de profondeur de champ. Mais s’il est vrai que le film a déjà plus de 35 ans, cette copie HD s’en sort plutôt bien et l’apport de la Haute Définition demeure flagrant au niveau des plans rapprochés ainsi que de la palette chromatique des séquences diurnes. Un grain cinéma, parfois un peu hasardeux c’est vrai, est heureusement conservé donnant une texture non déplaisante à l’image. Certes ce master ne rivalise pas avec les standards HD actuels mais offre au film de Peter Yates un écrin inédit et finalement idéal pour être redécouvert.

Les version originale et française sont proposées en DTS HD Master Audio 2.0. La première est plus naturelle, plus immersive avec de très belles ambiances intimistes bien que les voix des comédiens auraient pu être un poil plus ardentes. La partition de Stanley Silverman est dynamique et l’ensemble est bien plus fluide, riche et équilibrée qu’en version française. Celle-ci jouit d’un excellent doublage avec Richard Darbois (pour William Hurt), Evelyn Selena (pour Sigourney Weaver) et Dominique Collignon-Maurin (pour James Woods). Cette piste est de bon acabit. Cependant, bien que le niveau des dialogues demeure vif, l’aspect feutré reste moins convaincant. La version anglaise s’impose également par une homogénéité plus évidente.

Crédits images : © Twentieth Century Fox Home Entrertainment LLC. All rights reserved Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Gold, réalisé par Peter R. Hunt

GOLD réalisé par Peter R. Hunt, disponible en DVD et Blu-ray le 2 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  Roger Moore, Susannah York, Ray Milland, Bradford Dillman, John Gielgud, Tony Beckley…

Scénario :  Stanley Price et Wilbur Smith d’après le roman de ce dernier “Gold Mine”

Photographie : Ousama Rawi

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

La plus grande mine aurifère de Johannesburg est ravagée par une explosion. Rod Slater prend la tête de l’équipe de secours. Il ne peut plus rien pour son chef, qui agonise alors sous les gravats. Il pense ne devoir qu’à son courage et à sa compétence la promotion que lui propose alors Manfred Steyner, le gendre du grand patron. Il ignore que ce dernier, acoquiné avec des spéculateurs, entend se servir de son innocence pour provoquer une nouvelle catastrophe, qui aurait pour effet d’enflammer les cours de l’or. Afin d’endormir sa méfiance, Steyner laisse Slater filer le parfait amour avec sa propre femme, Terry.

Pour qui s’intéresse un minimum à la saga James Bond, le nom de Peter R. Hunt n’est pas inconnu puisque l’intéressé a contribué à créer cette saga, au même titre que le réalisateur Terence Young. Monteur sur James Bond 007 contre Dr. No, Bons baisers de Russie, Goldfinger, puis superviseur du montage sur Opération Tonnerre et On ne vit que deux fois, Peter R. Hunt se voit confier la mise en scène d’Au service secret de Sa Majesté en 1969, l’opus avec George Lazenby dans le rôle de l’agent 007. Rejeté par une bonne partie des spectateurs à sa sortie, surtout en raison du choix de l’interprète vedette, le sixième épisode de la franchise est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs, certains le plaçant même en première place dans les classements. Avec son James Bond, Peter R. Hunt a su démontrer tout son savoir-faire et sa virtuosité technique. Après ce coup d’essai et coup de maître, le réalisateur passe ensuite par la télévision en signant un épisode de la série Amicalement vôtre. Il faudra attendre 1974, pour que Peter R. Hunt fasse son retour au cinéma avec Gold.

L’ombre de James Bond plane sur ce second long métrage avec la présence de Roger Moore en haut de l’affiche (il en était alors à sa deuxième Vodka Martini), John Glen (futur réalisateur de cinq 007) en tant que monteur, Maurice Binder qui crée le générique inoubliable du film, sans oublier le chef décorateur Syd Cain. Gold est une œuvre culte, un divertissement haut de gamme, qui n’a rien perdu de son charme et dont les rebondissements demeurent bluffants. Le scénario de Stanley Price (Arabesque de Stanley Donen) et Wilbur Smith (Le Dernier train du Katanga de Jack Cardiff), basé sur le roman de ce dernier intitulé Gold Mine, offre à Roger Moore et au réalisateur un cadre idéal pour leurs aventures, filmées principalement en Afrique du Sud à Johannesburg, mais également entre Londres et New York.

Les séquences de fêtes locales et surtout celles d’extraction de l’or sont tournées comme un documentaire, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, tandis que celles impliquant les effets spéciaux, comme l’inondation du dernier acte, sont elles filmées aux mythiques studios Pinewood en Angleterre. Ce qui étonne encore aujourd’hui, c’est la modernité de la mise en scène de Peter R. Hunt, souvent très impressionnante, alliée à un montage nerveux dans les scènes catastrophe, le tout agrémenté de la superbe partition du grand Elmer Bernstein, qui rappelle elle aussi certains thèmes de John Barry. Même chose pour la chanson en ouverture entonnée par Jimmy Helms, qui n’est pas sans faire penser au thème d’Opération TonnerreThunderball immortalisé par Tom Jones en 1965. Heureusement, Gold ne se limite pas à ces accents « bondiens » et reste avant tout un très grand film d’aventures, mâtiné de romance et d’intrigue politique.

Roger Moore est parfait, très à l’aise dans un rôle qui lui va comme un gant, toujours à la croisée de Simon Templar, James Bond et Lord Brett Sinclair, mais avec un truc hargneux en plus. Le comédien a l’air de se délecter des scènes tendres avec Susannah York, dont le personnage est loin de se résumer à être la « belle nana que le héros emballe ». Atout charme certes, mais aussi bad-ass aux commandes d’un petit avion qui aidera Rod Slater à se rendre à la mine où près de mille ouvriers se trouvent en danger. Les retournements de situation, conspirations et scènes romantiques se croisent habilement, sans ennui, sur un rythme soutenu. De la très bonne came pour résumer, à tel point que le final dans la mine inspirera l’une des grandes séquences de…Dangereusement vôtre, dernier tour de piste de Roger Moore dans le costard de l’agent secret. La boucle est ainsi bouclée.

LE BLU-RAY

Gold est enfin disponible en Haute-Définition chez Movinside. Il intègre la collection de l’éditeur « Suspense-Polar ». Précédemment, le film de Peter R. Hunt était disponible en DVD chez PVB Editions, puis chez Seven7 Editions. Le menu principal est animé sur le thème principal d’Elmer Bernstein.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Longtemps attendu par les fans de Roger Moore, Gold débarque enfin en Haute Définition. La copie affiche une stabilité et une propreté absolues, même si la séquence du générique apparaît moins riche et bigarrée que par la suite. Le cadre large a souvent l’occasion de briller, la clarté est de mise et le piqué nettement appréciable sur toutes les séquences en extérieur. Les scènes dans la mine restent marquées par un grain plus accentué, des petits points blancs, quelques pertes de la définition et un piqué émoussé sur des plans plus vaporeux. Cela n’empêche pas la colorimétrie de retrouver une nouvelle jeunesse, tout comme les contrastes dont la gestion se révèle savamment entretenue par un encodage AVC solide. Un Blu-ray très élégant.

Gold est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique d’Elmer Bernstein. La piste française est un peu plus étriquée, mais reste dynamique. Le doublage est aussi particulièrement réussi, avec bien sûr Claude Bertrand qui prête sa sublime voix à Roger Moore comme sur les James Bond. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 1974 Avton Film / Killamey Film Studios / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Bronco Apache, réalisé par Robert Aldrich

BRONCO APACHE (Apache) réalisé par Robert Aldrich, disponible en combo Blu-ray/DVD le 8 mars 2018 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  Burt Lancaster, Jean Peters, John McIntire, Charles Bronson, John Dehner, Paul Guilfoyle, Walter Sande, Ian MacDonald…

Scénario :  James R. Webb d’après le roman “Bronco Apache” de Paul Wellman

Photographie : Ernest Laszlo

Musique : David Raksin

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Avril 1866, les Apaches déposent les armes face aux colonisateurs blancs.  Leur chef Geronimo se rend. Seul l’un d’entre eux, Massaï, refuse cette reddition. Capturé comme ses semblables, il s’échappe du train qui le conduit vers les réserves de Floride. Un grand voyage l’attend pour retrouver sa terre et Nalinle, enceinte de lui. En chemin, il fait escale à St Louis où il découvre le mode de vie des colons et rencontre Dawson, un Cherokee chez qui il trouve refuge dans une réserve de l’Oklahoma…

Bronco Apache est le troisième long métrage de l’immense Robert Aldrich (1918-1983), son premier western ainsi que sa première collaboration avec Burt Lancaster, également producteur. C’est par ailleurs le comédien lui-même qui a choisi le réalisateur, après avoir remarqué l’efficacité de son second film, Alerte à Singapour en 1953. Si l’on compare Bronco Apache avec les films et chefs d’oeuvre du maître qui viendront plus tard, on est ici loin de la virtuosité qui apparaîtra déjà par petites touches dans Vera Cruz, mis en scène la même année. En revanche, la solide direction d’acteurs de Robert Aldrich est ici indéniable. Il fallait au moins cela pour rendre crédible la transformation de Burt Lancaster en Indien aux yeux bleus étincelants. Sa première apparition fait peur puisque l’acteur est recouvert de plusieurs couches de fond de teint et d’une perruque mal ajustée. Mais finalement, on oublie rapidement ce manque de goût grâce au jeu solide du comédien, en très grande forme, bondissant, courant dans tous les sens, brutal, déterminé, qui n’en fait jamais trop en adoptant une posture et une démarche différentes. On finit par croire à son personnage et à s’attacher à sa quête. Bronco Apache n’est sans doute pas l’un des grands films de Robert Aldrich, mais n’en demeure pas moins sympathique, surtout que le film adopte le point de vue et la cause des Indiens.

Le jour de la reddition de Geronimo (Monte Blue), Massai (Burt Lancaster), un jeune guerrier, refuse d’abandonner le combat contre l’armée américaine. Vite arrêté, il est conduit en train vers la réserve de Floride où seront gardés Geronimo et ses guerriers apaches. Mais Massai s’enfuit et se retrouve dans une grande ville de Blancs, St Louis. Il décide de regagner sa terre natale. Chemin faisant, il rencontre Dawson (Morris Ankrum), un Indien Cherokee « civilisé », qui vit en paix avec les blancs, grâce à son savoir-faire de la culture du maïs, dont il donne quelques graines à Massaï. De retour chez lui au Nouveau-Mexique, Massai va voir Nalinle (Jean Peters), la femme qu’il aime. Mais Santos (Paul Guilfoyle), le père de celle-ci, dénonce Massai. Il est arrêté par le scout Al Sieber (John McIntire) et l’Apache renégat Hondo (Charles Buchinsky, pas encore Charles Bronson), à qui Santos a promis sa fille. Massai n’a pas dit son dernier mot. Se considérant comme le seul Apache au monde, il décide de mener son dernier combat contre les militaires qui le poursuivent, lui et sa femme, alors enceinte.

C’est donc sur Bronco Apache qu’allait naître l’association Aldrich-Lancaster, puisque les deux hommes referont équipe sur Vera Cruz (1954), Fureur Apache (1972) et L’Ultimatum des trois mercenaires (1977). L’intrigue de Bronco Apache n’est pas des plus passionnantes, mais ce n’est pas là le plus important du film. Ce qui compte dans Bronco Apache c’est sa spontanéité, son énergie et ses deux têtes d’affiche, Burt Lancaster et la ravissante Jean Peters (Capitaine de Castille, La Flibustière des Antilles, Viva Zapata !). Si le premier parvient donc à faire oublier le maquillage outrancier dont il est affublé, la seconde (également recouverte de cirage) n’est pas ménagée par son partenaire. Au-delà de sa performance physique car sans cesse malmenée, traînée par terre, ligotée, obligée de laper l’eau d’une rivière comme un animal, la comédienne, conserve son charme et c’est de son personnage que Massaï, souvent montré au bord de la folie, apprendra à tourner la page et à accepter son destin.

Le scénario de James R. Webb, futur auteur de Trapèze de Carol Reed, Les Grands espaces de William Wyler et Les Cheyennes de John Ford, est étonnamment épuré et le résultat à l’écran du même acabit. Son western pro-Indien est fort en symboles forts, comme le spectre de la déportation qui plane lors de la déportation des Indiens, obligés de monter dans un train qui les emmènera loin de leurs terres, ou bien encore dans cette quasi-relecture d’Adam et Eve, unis dans un paradis de sécheresse, de rochers et de poussière.

Sans doute moins marquant que La Flèche brisée de Delmer Daves et La Porte du diable d’Anthony Mann, tous deux sortis en 1950, Bronco Apache participe néanmoins à la démythification de la conquête de l’Ouest. En dépit d’une fin plus ou moins positive imposée par la United Artists, Bronco Apache, fuite en avant tragique et à l’issue inéluctable, ne manque pas d’attraits et d’intérêt.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Bronco Apache, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Cette édition contient le DVD et le Blu-ray.

La section des suppléments s’ouvre sur un documentaire intitulé Burt Lancaster, un doux parfum de succès (50’). Ce module produit à la chaîne comme tant d’autres, n’a pas vraiment d’intérêt, si ce n’est compiler des extraits et des bandes-annonces des films les plus célèbres (et d’autres moins) du comédien. Quelques images d’archives et photos rares viennent illustrer les propos (doublés en français) des intervenants comme le biographe Gary Fishgall, les réalisateurs Sydney Pollack et Ted Post, la comédienne Terry Moore, le producteur James Hill et l’acteur Peter Riegert, qui reviennent sur l’enfance, les débuts et la carrière de la star. Franchement, ne perdez pas votre temps, vous n’apprendrez rien ici ou presque, surtout que la musique sirupeuse en fond a très vite raison de notre patience.

Bertrand Tavernier (26’) et Patrick Brion (13’) ont également répondu à l’appel de l’éditeur, afin de présenter Bronco Apache, avec le style qui leur est propre. Tout d’abord, le premier déclare avoir vu le film à sa sortie et se souvient du choc qui l’a immédiatement sensibilisé au cinéma de Robert Aldrich. Puis, Bertrand Tavernier en vient très vite au caractère pro-Indien de Bronco Apache, en fustigeant les critiques sur le choix de Burt Lancaster pour interpréter un Apache à l’écran. Le fond et la forme se croisent ensuite habilement, et l’on sent le réalisateur vraiment heureux de parler de ce film qu’il affectionne beaucoup. Le scénariste, le reste du casting et la fin imposée par la United Artists (que Tavernier apprécie quand même) sont également abordés.

De son côté, Patrick Brion peine à trouver des arguments inédits pour parler du film qui nous intéresse. Dommage que l’éditeur ne fasse pas se concerter ces historiens du cinéma en amont, cela éviterait des interventions redondantes. Néanmoins, cette présentation reste agréable à écouter.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Un carton en introduction indique que le master présenté ici a été restauré à partir du seul élément HD disponible aujourd’hui…recadré au format 1.77 au lieu du cadre 1.33 original ! Le Blu-ray est au format 1080i. L’image bénéficie d’une restauration indéniable (des raccords de montage et des poussières subsistent quand même), mais qui paraît avoir déjà quelques heures de vol. Soyons honnêtes, le résultat peine à convaincre quant à l’élévation en Haute définition. Les couleurs sont fanées, le générique d’ouverture semble le plus mal loti avec des fourmillements. Le codec AVC a souvent du mal à consolider certaines scènes sombres, la gestion du grain demeure aléatoire et le piqué n’est guère concluant. La compression n’est pas irréprochable et nous notons de capricieux manques de définition adoucissant les détails et les textures sur les plans rapprochés. Signalons que cette édition HD de Bronco Apache est une exclusivité mondiale.

L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode la version originale en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française (également en DTH-HD MA) au doublage old-school très réussi, mais au rendu métallique des voix, qui restent bien trop étriquées, chuintantes et manquant d’ardeur. Elle n’est donc pas aussi fluide et homogène que la version originale. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, mais au jeu des comparaisons, la VO l’emporte aisément sur les séquences d’action, dynamiques et vives, tout comme le score de David Raksin qui profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. Autre problème, la scène d’exposition possède un double sous-titrage, rendant la lecture difficile.

Crédits images : © Columbia / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Symphonie pour un massacre, réalisé par Jacques Deray

SYMPHONIE POUR UN MASSACRE réalisé par Jacques Deray, disponible en combo Blu-ray/DVD le 11 avril 2018 chez Pathé

Acteurs :  Jean Rochefort, Michèle Mercier, Charles Vanel, Michel Auclair, Claude Dauphin, José Giovanni, Daniela Rocca…

ScénarioJacques Deray, José Giovanni, Claude Sautet d’après le roman « Les Mystifiés » d’Alain Reynaud-Fourton

Photographie : Claude Renoir

Musique : Michel Magne

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Cinq hommes, Paoli, Clavet, Valoti, Moreau et Jabeke sont associés dans le trafic de la drogue. Un arrivage vient précisément d’avoir lieu à Marseille : il y en a pour 500.000 dollars que doublera la revente en détail. Mais Serutti, le transitaire, exige que chacun des membres du gang verse cash une mise de fond de 100.000 dollars. Jabeke, qui a de grosses difficultés financières, doit réaliser pour pouvoir  » être à la hauteur de la situation « . Mais, dans son esprit, germe un plan qui, s’il réussit, lui permettra de s’approprier pour lui tout seul, non seulement la drogue, mais encore la mise des associés. Moreau a été chargé de convoyer les dollars à l’aller et la drogue au retour.

Quelle claque ! Symphonie pour un massacre est le troisième long métrage du réalisateur Jacques Deray (1929-2003). Après avoir fait ses débuts en tant que comédien, il devient assistant sur les tournages de Gilles Grangier, Luis Buñuel et Jules Dassin. En 1960, il écrit et réalise son premier film, Le Gigolo, drame psychologique interprété par Jean-Claude Brialy et Alida Valli. Ses deux films suivants, Rififi à Tokyo et Symphonie pour un massacre sortent la même année, en 1963, à quelques mois d’intervalle. Si le premier est un film policier intégralement tourné au Japon, le second, celui qui nous intéresse, est un polar dans la tradition du film noir américain, qui se déroule entre la France et la Belgique. Un fabuleux exercice de style, un chef d’oeuvre du genre complètement et malheureusement oublié aujourd’hui, qu’il est désormais temps de réhabiliter, d’autant plus que le cinéaste offre à Jean Rochefort son premier grand rôle dramatique. Il y est magnifique et accompagné d’acteurs tout aussi exceptionnels.

Paoli (Charles Vanel), Valotti (Claude Dauphin), Clavet (Michel Auclair) et Jabeke (Jean Rochefort) sont associés dans l’affaire d’un cercle de jeux, couverture d’activités illicites. Un caïd marseillais leur offre un important stock de drogue contre cinq cent mille dollars qui pourront leur rapporter le double. Une fois réunie, la somme est convoyée de Paris à Marseille par Moreau (José Giovanni), cinquième associé de l’opération, qui au retour devra ramener la drogue. Mais Jabeke a décidé de faire cavalier seul. Censé être à Bruxelles, il s’y installe ostensiblement dans un grand hôtel puis rentre discrètement à Paris et prend le même train de nuit que Moreau. Il surprend celui-ci dans son sommeil, le tue, dérobe la mallette de billets, descend à Lyon où il a préalablement laissé sa voiture et regagne Bruxelles juste à temps pour se faire livrer le petit-déjeuner dans sa chambre. À l’annonce par la presse de la découverte du corps, Paoli le doyen convoque ses troupes.

S’il est à la base inspiré par le roman Les Mystifiés d’Alain Reynaud-Fourton, publié en 1962 dans la collection Série Noire, le scénario écrit par Jacques Deray, José Giovanni et Claude Sautet rend compte du talent des trois compères, de leurs connaissances du « milieu » et de l’authenticité des dialogues. D’ailleurs, comme le récit adopte le point de vue du personnage de Jean Rochefort, qui prépare seul son coup monté, Jacques Deray ne s’encombre pas de voix-off superflue qui pourrait refléter et paraphraser les pensées et les actions du personnage de Jabeke. Une bonne partie du film, en gros la préparation de l’alibi et le vol, repose sur la mise en scène, le montage, la musique entêtante de Michel Magne, l’interprétation et le charisme de Jean Rochefort.

D’une part, cela permet à Jacques Deray de démontrer toute sa virtuosité et ses connaissances de la grammaire cinématographique, liées au genre du polar qu’il affectionne tout particulièrement. Il n’y a pas de « gras » dans Symphonie pour un massacre. Chaque plan est indispensable au déroulement de l’histoire et rien n’est laissé au hasard. D’autre part, Jean Rochefort, qui était jusqu’alors apparu au cinéma dans quelques films de cape et d’épée, Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-Huit, Cartouche de Philippe de Broca et Le Masque de fer d’Henri Decoin, accède ici en haut de l’affiche. Visage fermé, regard fuyant sous des paupières basses, bouche pincée, la présence du comédien dans un film noir est non seulement inattendue, mais aussi et surtout un coup de génie. Son éternel flegme britannique donne à son personnage un côté glaçant, impénétrable et imperturbable.

D’une précision d’orfèvre, le scénario enchaîne les rebondissements du début à la fin. Le réalisateur s’amuse à jouer avec les spectateurs en les laissant avoir un coup d’avance sur les personnages. A l’instar de Jean-Pierre Melville, l’audience est prise d’empathie pour des criminels. Du coup, on espère que Jabeke ne fasse pas de mauvais pas et si tel est le cas, qu’il parvienne à s’en sortir, même s’il lui faut se débarrasser de son adversaire pour cela. Loin d’être sacrifiés, les autres personnages campés par d’autres pointures du cinéma français, sont certes montrés comme des criminels, mais qui ont eux aussi du mal à faire tourner leur boutique. Et c’est par les ennuis d’argent d’un des complices de Jabeke qu’un premier rouage se mettra à grincer dans une machine jusque-là trop bien huilée.

Avec une édition restaurée en 2018 qui restitue tous ses contrastes à la photo N&B de l’illustre chef opérateur Claude Renoir, Symphonie pour un massacre est un must pour les amoureux du polar et du cinéma de Jacques Deray, qui allait devenir alors un de nos meilleurs metteurs en scène, mondialement reconnu cinq ans plus tard avec le triomphe international de La Piscine.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Symphonie pour un massacre, disponible chez Pathé, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comporte également le DVD du film. Le menu principal est animé et musical.

Pas grand-chose à se mettre sous la dent dans les bonus. Un seul module de 27 minutes, qui entrecroise les propos de Jean-Philippe Guérand, journaliste, biographe et auteur de Jean Rochefort, Prince sans rire, et ceux de François Guérif, auteur du Cinéma policier français et Le Film noir américain. Les arguments avancés se complètent sans être redondants. Symphonie pour un massacre est replacé dans la filmographie de Jacques Deray, la mise en scène analysée, tout comme le traitement des personnages. Le casting est également passé au peigne fin. Un documentaire classique, informatif, mais un peu court.

L’Image et le son

Le négatif original n’a pas pu être retrouvé. Un marron, autrement dit un élément de tirage intermédiaire a donc été utilisé, numérisé 4K puis restauré 2K. Il s’agissait alors du meilleur élément à ce jour. Après le travail de titan des Laboratoires Eclair, Symphonie pour un massacre peut enfin être redécouvert dans un nouveau master au format respecté 1.66. Ce Blu-ray au format 1080p (AVC) en met souvent plein les yeux, malgré un générique qui laisse d’abord perplexe avec un N&B léger et divers fourmillements. Heureusement, cela s’arrange immédiatement. La restauration est étincelante, les contrastes denses, la copie est stable, les gris riches, les blancs lumineux, la profondeur de champ évidente et le grain original heureusement préservé. Les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes diurnes, le piqué est joliment acéré pour un film de 1963 et les détails étonnent parfois par leur précision, surtout sur nombreux les gros plans. Quelques flous et deux ou trois scènes plus douces, mais rien d’important.

La partie sonore a été restaurée numériquement par L.E. Diapason. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage DTS-HD Master Audio Mono. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets. La musique de Michel Magne est joliment délivrée. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Pathé / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Acts of Vengeance, réalisé par Isaac Florentine

ACTS OF VENGEANCE réalisé par Isaac Florentine, disponible en DVD et Blu-ray le 14 mars 2018 chez AB Vidéo

Acteurs :  Antonio Banderas, Cristina Serafini, Atanas Srebrev, Karl Urban, Paz Vega, Robert Forster, Lillian Blankenship…

Scénario :  Matt Venne

Photographie : Yaron Scharf

Musique : Frederik Wiedmann

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Fou de douleur après le meurtre de sa femme et de sa fille, un avocat à la langue bien pendue fait vœu de silence et s’entraîne méthodiquement pour réussir à les venger.

Le nouveau Direct To Video d’Antonio Banderas est arrivé. Et c’est encore de la bonne came. Après le fort sympathique Security d’Alain Desrochers, le comédien espagnol est déjà de retour et il est en très grande forme. Voici donc Acts of Vengeance, réalisé par Isaac Florentine, qui a fait ses classes sur les diverses séries télévisées Power Rangers, avant de signer pour le cinéma Ninja (2009) et Ninja 2: Shadow of a Tear (2012) avec Scott Adkins. D’après un scénario de Matt Venne, habituellement cantonné aux suites destinées à la vidéo (La Voix des morts 2, Mirrors 2, Fright Night 2), Isaac Florentine emballe très efficacement cette pure série B, à l’intrigue classique, à mi-chemin entre Taken et John Wick, sans oublier une larmichette de Daredevil. Pour résumer, le récit est prétexte à montrer le sieur Banderas distribuer des bourre-pifs, domaine dans lequel il excelle tout particulièrement.

Après le meurtre inexpliqué de sa fille et de sa femme, un avocat spécialisé dans la défense d’individus douteux, décide de trouver lui-même les assassins suite au gel de l’enquête de police par manque d’informations. Entre quête de rédemption et vengeance personnelle, Il n’aura d’autre choix qu’un déchainement de violence pour arriver à ses fins.

Rien de bien nouveau donc, mais pourtant Acts of Vengeance remplit son contrat et n’est en aucun cas un nanar, ni un navet. D’une part parce que la mise en scène est étonnamment sobre et bien tenue, d’autre part parce que les séquences d’action s’avèrent particulièrement convaincantes, brutales, avec des coups qui font mal. Et de ce point de vue-là, Antonio Banderas assure le spectacle du début à la fin, même si on ne peut échapper à la scène incontournable de la découverte des corps, suivie du cri du mari et père de famille comme Sean Penn dans Mystic River de Clint Eastwood. Après le drame, le personnage arbore des lunettes noires, s’engueule avec la police en les traitant d’incompétents quant à l’enquête qui piétine sur l’assassin de sa famille. Ensuite, mister Banderas se bourre la gueule et cherche à en prendre plein la tronche dans des combats amateurs et illégaux, avant de se rendre compte que ce n’est pas en tentant de clamser sur le bitume qu’il retrouvera l’auteur des crimes. Alors il se rend au Décathlon du coin et achète quelques poids et haltères, ainsi qu’un ban de muscu pour se tailler les abdos. Un montage rigolo à la Steven Seagal dans Echec et mort de Bruce Malmuth montre ses progrès et ses performances en arts martiaux, jusqu’à ce qu’il parvienne à mettre son master à terre, par ailleurs interprété par Isaac Florentine lui-même. Il est prêt. La vengeance peut commencer.

Mais avant cela, alors qu’il vient de subir une agression, il panse sa blessure avec un livre qui traînait là, Pensées pour moi-même de Marc Aurèle, philosophe stoïcien. En lisant l’ouvrage, Frank, puisque c’est son nom, décide de faire vœu de silence, tant que sa femme et sa fille ne seront pas vengées. C’est bon cette fois ? Attention à ceux qui croiseront sa route et qui lui chercheront des noises, d’autant plus qu’en ne disant plus un mot, cela a fini par développer son ouïe comme le héros aveugle de Marvel. Pratique quand un mec mal attentionné sort une lame pour lui planter dans le dos.

Acts of Vengeance déroule son récit standard sur un montage réussi. Le rythme est soutenu et le vigilante repose sur la performance et le charisme d’Antonio Banderas. C’est sec, divertissant, bad-ass et l’acteur principal est bien épaulé par Karl Urban, Robert Forster (dans une petite, mais marquante apparition) et Paz Vega, que l’on a bien du mal à reconnaître. Tout cela pour dire qu’à l’instar de Security, Acts of Vengeance est largement recommandable et saura trouver son public.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’Acts of Vengeance est disponible chez AB Vidéo. Le disque repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est sobre, animé et musical.

L’éditeur ne propose que la bande-annonce (vostf) comme supplément.

L’Image et le son

Même si le Blu-ray est au format 1080i, AB Vidéo prend soin de ce titre qui sort directement dans les bacs chez nous. Ce master HD français (les credits sont dans la langue de Molière) est soigné et le transfert solide. Respectueuse des volontés artistiques originales la copie d’Acts of Vengeance se révèle propre et tire agréablement partie de la HD avec des teintes froides et une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un solide encodage. Le piqué, tout comme les contrastes, sont souvent tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants. Hormis quelques légers fléchissements de la définition sur les scènes sombres, cette édition Blu-ray permet de découvrir Acts of Vengeance dans de bonnes conditions techniques.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu pop-up. Deux pistes Stéréo sont également disponibles.

Crédits images : © Stoic Productions, Inc / AB Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Foreigner, réalisé par Martin Campbell

THE FOREIGNER réalisé par Martin Campbell, disponible en DVD et Blu-ray le 8 mars 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Jackie Chan, Pierce Brosnan, Orla Brady, Ray Fearon, Rory Fleck-Byrne, Michael McElhatton, Charlie Murphy, Stephen Hogan, Katie Leung…

ScénarioDavid Marconi

Photographie : David Tattersall

Musique : Cliff Martinez

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Modeste propriétaire d’un restaurant londonien, Quan perd sa fille dans un attentat terroriste politique. Prêt à tout pour retrouver les responsables et venger sa mort, il se tourne vers un membre du gouvernement irlandais haut placé, Liam Hennessy, qui a, tout comme lui, un passé trouble… Alors que Quan s’engage dans un chassé-croisé de plus en plus tendu avec Hennessy, il va voir ressurgir ce qu’il croyait avoir enfoui en lui de plus sombre…

Âgé aujourd’hui de plus de 60 ans, Jackie Chan se trouve encore obligé de démontrer qu’il est avant tout comédien et pas seulement une star du film d’action. Fatigué qu’on lui propose toujours le même type de rôle, à savoir « le flic de Hong Kong qui débarque aux Etats-Unis où il doit faire équipe avec un de ses confrères américain », l’acteur chinois semblait perdre espoir. Vingt ans après Rush Hour et Shanghai Kid, la carrière américaine de Jackie Chan faisait peine à voir avec Le Smoking, Le Médaillon, une voix récurrente dans la trilogie Kung Fu Panda, un remake de Karate Kid (énorme succès), Kung Fu Nanny. Heureusement, de retour dans son pays, le comédien aura retrouvé ses galons avec New Police Story, Chinese Zodiac, Kung Fu Yoga et Shinjuku Incident – Guerre de gangs à Tokyo. A croire que même les distributeurs manquent d’imagination en associant le kung-fu au nom de l’acteur. C’est donc avec un très grand plaisir que l’on retrouve Jackie Chan en haut de l’affiche du dernier long métrage du néo-zélandais Martin Campbell. Le réalisateur de GoldenEye (1995), Le Masque de Zorro (1998), Casino Royale (2006) et Hors de contrôle (2010) signe son grand retour derrière la caméra, six ans après la débâcle Green Lantern, conspué par la critique et échec commercial. Après un détour par la télévision, Martin Campbell prouve avec The Foreigner qu’il en a encore sous le capot à 74 ans. Non seulement ça, il offre enfin à Jackie Chan un de ses meilleurs rôles à ce jour. C’est aussi l’occasion pour Martin Campbell de diriger à nouveau Pierce Brosnan, 23 ans après GoldenEye, au top de son charisme et que l’on a également plaisir à retrouver.

Ngoc Minh Quan (Jackie Chan donc) est un restaurateur britannique d’origine asiatique vit paisiblement à Londres où il s’occupe de sa fille unique, Fan. Un jour, une bombe éclate au coeur de Londres, tuant Fan sur le coup et devant les yeux de Quan. L’attentat est revendiqué par un groupe qui se nomme « IRA authentique ». Quan, malgré son chagrin, cherche à savoir qui a tué sa fille. Il apprend que Liam Hennessy (Pierce Brosnan), vice-Premier ministre de l’Irlande du Nord en poste à Belfast, reconnaît son engagement dans de très anciennes opérations de l’IRA, mais qu’il milite dorénavant pour la sauvegarde des accords de paix. Hennessy affirme ignorer qui a orchestré l’attentat, mais Quan en doute. Hennessy négocie avec une importante femme politique britannique et lui promet des résultats concrets en échange de la grâce d’anciens membres de l’IRA. Il rencontre ensuite d’influents membres de l’IRA et exige qu’ils procèdent au décompte des armes et des explosifs dans toutes les caches de l’organisation. De son côté, Quan débarque à Belfast, bien décidé à aller jusqu’au bout de sa vengeance.

Méfiez-vous des modestes propriétaires de restaurants de Chinatown, il se peut qu’il soit un ancien membre des Forces Spéciales ! Adapté du roman britannique The Chinaman de Stephen Leather (1992), The Foreigner est un thriller carré, propre et excellemment mis en scène, qui n’est pas sans rappeler Hors de contrôle du même metteur en scène, dans lequel Mel Gibson jouait un inspecteur de police qui se mettait à la recherche des assassins de sa fille. Si l’ensemble manque parfois de rythme sur près de deux heures et que le film est étonnamment avare en scènes d’action, cette association Campbell-Chan-Brosnan se laisse suivre très agréablement grâce au charisme et au talent des comédiens, à la mise en scène très inspirée du réalisateur, à la photo glacée de David Tattersall (La Ligne verte, Speed Racer, la prélogie Star Wars) et à la sécheresse étonnante du récit sur fond d’actes terroristes.

Certes, Jackie Chan a quelques occasions de montrer qu’il tient toujours la forme, mais ses scènes « physiques » sont restreintes et l’acteur signe avant tout une vraie performance. Visage fermé et marqué (l’acteur a été vieilli grâce au maquillage), dos voûté et démarche lente, regard éteint, froid, avec très peu de dialogues, Jachie Chan impressionne à chaque apparition. Même chose pour Pierce Brosnan, qui retrouve de sa superbe après s’être égaré dans quelques DTV plus ou moins recommandables. Les deux têtes d’affiche ont finalement très peu de scènes en commun, mais la confrontation fonctionne et les personnages sont aussi ambigus que passionnants à suivre dans leur quête respective. Heureux de voir que tous ces vétérans du film d’action ne sont pas prêts à raccrocher les gants.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Foreigner, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, sobre et musical.

On pouvait s’attendre à plus qu’un tout petit making of de 7’30 ! Par ailleurs, les images de tournage sont rares et ce module compile essentiellement les propos de Jackie Chan, Martin Campbell et Pierce Brosnan. Le premier tacle gentiment Hollywood qui ne lui « propose jamais de bons rôles » et déclare que The Foreigner lui permet enfin de changer de registre, loin des comédies d’action qu’on lui offre continuellement. Le réalisateur se penche sur le travail avec les deux comédiens, tandis que Pierce Brosnan ne tarit pas d’éloges sur son partenaire et celui a contribué à faire de lui le successeur de Timothy Dalton dans le costume de James Bond.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

L’éditeur soigne son master HD, absolument exemplaire. Les contrastes sont d’une densité jamais démentie, y compris sur les séquences sombres où l’image est tout aussi affûtée. La clarté demeure frappante, les noirs sont profonds, le piqué aiguisé, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste vive et froide. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour revoir le film de Martin Campbell et profiter de la photographie signée David Tattersall. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / En marge de l’enquête, réalisé par John Cromwell

EN MARGE DE L’ENQUÊTE (Dead Reckoning) réalisé par John Cromwell, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 6 mars 2018 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  Humphrey Bogart, Lizabeth Scott, Morris Carnovsky, Charles Cane, William Prince, Marvin Miller, Wallace Ford, James Bell, George Chandler, William Forrest…

ScénarioOliver H.P. Garrett, Steve Fisher, Allen Rivkin d’après une histoire originale de Gerald Drayson Adams et Sidney Biddell

Photographie : Leo Tover

Musique : Marlin Skiles

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

Le Capitaine Murdock et le sergent Johnny Drake sont deux parachutistes de retour de guerre pour recevoir une médaille d’honneur. Sur le quai de la gare de Washington Drake disparaît. Plus tard Rip’ Murdock apprend la mort de son ami, et il enquête sur l’accident de voiture. Il se rend alors au Santuary Club pour rencontrer sa femme Coral « Dusty’ Chandler » dite « douceur » (en français) avec un parfum de jasmin.

S’il demeure surtout connu pour avoir été l’une des victimes du maccarthysme et l’un des noms inscrits sur la tristement célèbre liste noire du cinéma entre 1951 et 1958, le cinéaste John Cromwell (1887-1979) compte pourtant de beaux succès dans sa filmographie. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent notamment Le Lien sacréMade for each other et L’AutreIn name Only, tous les deux réalisés en 1939 et portés par la fabuleuse Carole Lombard. Mis en scène en 1946 et sorti en 1947, En marge de l’enquêteDead Reckoning était l’un de ses films préférés. Rien d’étonnant puisqu’avec cette histoire de Gerald Drayson Adams (Armored Car Robbery de Richard Fleischer, Taza, fils de Cochise de Douglas Sirk) et Sidney Biddell (Escape to Glory de John Brahm), John Cromwell peut encore démontrer son habileté et son savoir-faire technique, mis au profit d’un véritable film noir, qui plus est interprété par LA star Humphrey Bogart.

En marge de l’enquête n’est sans doute pas le film le plus connu de l’interprète, mais dévoile une nouvelle facette du mythe. En effet, lassé par ce qu’on lui propose à la Warner, l’acteur fait des infidélités au studio (en attendant qu’on lui propose un contrat plus juteux) et arrive à la Columbia pour changer d’air. Dans Dead Reckoning, il y apparaît fatigué, usé, marqué, blafard et Bogey s’amuse à égratigner son image de cynique macho. L’intrigue d’En marge de l’enquête est classique du genre. Après la mystérieuse disparition de son ami et frère de combat Johnny Drake (William Prince), lors d’un voyage vers Washington pour une remise de décoration, suite à de brillants faits de guerre, Rip Murdock (Humphrey Bogart) mène son enquête et découvre que dans le passé, ce dernier a été accusé d’un meurtre. Il retrouve la petite amie de Johnny, la splendide Coral Chandler (Lizabeth Scott), acoquinée au responsable d’une maison de jeu, le fourbe Martinelli (Morris Carnovsky).

Thriller, film noir, drame psychologique, En marge de l’enquête s’inscrit dans le genre qui a révélé et fait d’Humphrey Bogart l’un des comédiens les plus populaires dans le monde et les plus demandés par les réalisateurs. Après avoir enchaîné Le Port de l’angoisseTo Have and Have Not (1944) et Le Grand SommeilThe Big Sleep (1946) d’Howard Hawks, l’acteur veut éviter le piège de rester enfermé dans le même type de rôle. La Columbia lui fait de l’oeil et Bogart y voit l’occasion d’égratigner son image. Dans En marge de l’enquête, même s’il campe un ancien héros de la Seconde Guerre mondiale, Bogart accepte d’être photographié différemment. Il apparaît tantôt dans l’ombre dans la première partie où son personnage se réfugie dans une église, tantôt filmé en gros plan dans une lumière surexposée qui creuse ses traits, ses cernes et fait ressortir sa célèbre cicatrice sur la lèvre. S’il ne se met pas « en danger », au moins Bogey apparaît ici plus fantomatique, fragile et plus vulnérable. Et il n’en mène pas large devant sa partenaire.

Injustement considérée comme une Lauren Bacall Bis, la sublime femme fatale Lizabeth Scott transcende le film de sa chevelure de feu noyée dans des volutes de fumée et de sa voix rauque, sans jamais copier celle à qui on l’a pourtant souvent comparé. Sa présence est aussi marquante, si ce n’est plus, que celle de Bogart et l’ambiguïté de son personnage fait le sel de la relation des deux protagonistes.

Finalement, l’enquête importe peu, même si John Cromwell parvient à conserver une tension du début à la fin grâce à de multiples rebondissements compréhensibles (pas comme l’hermétique Grand Sommeil) ponctués de meurtres, de flashbacks, de voix-off et de chantages, jusqu’à un dénouement d’une incroyable beauté. Certes, En marge de l’enquête n’a pas bénéficié du prestige et du succès d’autres films avec Humphrey Bogart, mais il n’en demeure pas moins une curiosité et le plaisir de le (re)découvrir 70 ans après sa sortie est indéniable.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’En marge de l’enquête, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. L’édition contient à la fois le DVD et l’édition HD. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Point de Bertrand Tavernier à l’horizon, mais François Guérif (9’) et Patrick Brion (10’) interviennent ici pour défendre En marge de l’enquête. Le premier insiste sur le côté fragile et vulnérable de Bogart à certains moments du film. François Guérif se souvient également avoir rencontré le comédien James Cromwell, fils du cinéaste John Cromwell, et lui avoir parlé de son affection pour En marge de l’enquête, ce qui l’avait beaucoup ému puisqu’il s’agissait d’un des films que son père avait préféré faire.

De son côté, Patrick Brion se penche plus sur ce qui fait d’En marge de l’enquête un vrai film noir, qui mérite selon lui d’être redécouvert. L’historien du cinéma passe ensuite le casting au peigne fin, en s’attardant notamment sur Lizabeth Scott.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Bilan mitigé pour ce master HD restauré, par ailleurs première mondiale pour le film de John Cromwell. Si la propreté et les contrastes sont satisfaisants, la gestion du grain reste aléatoire du début à la fin, les scènes sombres manquent de définition et moult rayures verticales subsistent, tout comme certains défauts de pellicule. Le master d’En Marge de l’enquête n’a clairement pas bénéficié du même traitement de faveur que d’autres opus plus prestigieux avec Humphrey Bogart comme dernièrement Plus fort que le diable et Bas les masques chez Rimini Editions, mais Sidonis a fait de son mieux pour offrir aux spectateurs les meilleures conditions possibles pour redécouvrir ce film noir.

La version anglaise (aux sous-titres français imposés) est proposée en DTS-HD Master Audio Stéréo. L’écoute demeure appréciable, claire, avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. En revanche, la piste française DTS-HD Master Audio Mono, s’avère plus chuintante et sourde. De plus, la version originale avait été amputée de près de 20 minutes pour sa sortie en France. Le doublage français s’apparente donc à gruyère.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Portrait de Jennie, réalisé par William Dieterle

LE PORTRAIT DE JENNIE (Portrait of Jennie) réalisé par William Dieterle, disponible en DVD et Blu-ray chez Carlotta Films le 21 mars 2018

Avec :  Jennifer Jones, Joseph Cotten, Ethel Barrymore, Lillian Gish, Cecil Kellaway, David Wayne…

Scénario : Leonardo Bercovici, Paul Osborn, Peter Berneis d’après le roman « Le Portrait de Jennie » (« Portrait of Jennie ») de Robert Nathan

Photographie : Joseph H. August

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Eben Adams est un peintre fauché qui rencontre Jennie dans Central Park, une petite fille portant des vêtements d’un autre âge. De mémoire, il fait d’elle un beau croquis qui impressionne ses marchands d’art. Cela lui inspire un portrait – le « Portrait of Jennie ». La revoyant grandie, il s’éprend alors de celle qui semble n’être qu’une apparition appartenant au passé…

« Là d’où je viens, personne ne sait. Et là où je vais, toute chose va ».

Un humaniste à Hollywood. C’est comme cela qu’était perçu le réalisateur allemand Wilhelm Dieterle alias William Dieterle (1893-1972), qui avait tout d’abord commencé en tant qu’acteur de théâtre dans les années 10. Il se lance dans la réalisation en 1919 mais renonce faute de succès. Acteur populaire dans les années 20 où il tient la vedette d’une quarantaine de films, il renoue finalement avec la mise en scène où il dirige Marlène Dietrich. Suite à une invitation de la prestigieuse Warner, William Dieterle se rend aux Etats-Unis où il restera pendant près de trente ans en signant de nombreux succès. Porte-drapeau de l’anti-fascisme, grand humaniste, il reste célèbre pour avoir co-fondé la ligue anti-nazi à Hollywood. Réalisé en 1948, Le Portrait de Jennie est sans nul doute le chef d’oeuvre de William Dieterle.

Comme dans Tous les biens de la TerreThe Devil and Daniel Webster, réalisé au début des années 40, Le Portrait de Jennie s’inscrit dans le genre fantastique ancré dans le réel et demeure un film inclassable, somptueusement mis en scène et photographié comme un rêve éveillé, d’une fantastique poésie, où flamboie le couple Jennifer Jones – Joseph Cotten. Les deux comédiens avaient déjà été réunis trois ans auparavant par William Dieterle dans Love Letters et dans Duel au soleil de King Vidor en 1946, sur lequel le cinéaste avait d’ailleurs remplacé son confrère, même s’il n’est pas mentionné au générique. Le Portrait de Jennie est un film baroque, mystérieux, en un mot immanquable.

New York, hiver 1934. Eben Adams (Joseph Cotten, bouleversant), peintre sans le sou, croise une étrange fillette nommée Jennie Appleton (Jennifer Jones) à Central Park. Lui qui avait pour habitude de peindre des paysages ou des natures mortes va esquisser le croquis de cette enfant, éveillant la curiosité des marchands d’art. À chacune de leurs retrouvailles, Jennie vieillit à vue d’œil, jusqu’à se métamorphoser en une belle et jeune demoiselle. À la fois intrigué et fasciné par cette femme semblant venir d’un autre temps, Eben va tenter de percer le mystère de celle qui est devenue sa muse. Il acquiert ainsi la certitude que Jennie est une revenante, la fille de deux trapézistes morts dans un accident en 1910.

Immense réussite, qui n’avait malheureusement connu aucun succès à sa sortie et qui a ensuite été complètement oublié, Le Portrait de Jennie est un sublime mélodrame, une très grande histoire d’amour au-delà du temps et de la mort, comme pouvait l’être L’Aventure de madame Muir de Joseph L. Mankiewicz sorti l’année précédente. Furieusement romantique, ce film tiré du roman de Robert Nathan (publié en 1940), foudroie d’emblée par son prologue poétique convoquant Euripide et Keats, et qui a fait le bonheur des surréalistes. En ayant parfois recours à des filtres spécifiques qui donnent l’impression que les images sont imprimées sur une vraie toile, William Dieterle convoque et entrecroise les arts et les genres. Romance, drame, fantastique, tous ces éléments s’accordent magistralement au fil d’un récit riche en surprises, jusqu’au dernier quart d’heure insolite où les images N&B deviennent alors vertes, comme si le personnage interprété par Joseph Cotten parvenait à passer à travers les arts et donc de la pellicule, pour sauver celle qu’il aime, qui lui a donné une raison de vivre, qui l’obsède et qui l’inspire.

A sa sortie, cette séquence de violente tempête (récompensée par l’Oscar des meilleurs effets spéciaux en 1949) s’accompagnait également d’effets sonores révolutionnaires voulus par le producteur David O. Selznick. Le Portrait de Jennie est évidemment doublé d’une réflexion sur le rôle de l’art et la place de l’artiste, son inspiration et sa postérité. A l’image du coup de foudre d’Eben et tel Pandora, le visage de Jennie et donc de Jennifer Jones (La Folle ingénue d’Ernst Lubitsch, Plus fort que le diable de John Huston), s’imprime dans les mémoires des cinéphiles de façon indélébile. Plus que le personnage principal, c’est donc la comédienne elle-même, sa beauté, sa sensualité, sa grâce qui défient et passent sans aucun dommage à travers le temps. C’est aussi le cas de cette œuvre onirique et romanesque, qui perd le spectateur dans la Grosse Pomme (d’amour) éthérée et nimbée de brouillard, qui demeure toujours autant si ce n’est plus envoûtante 70 ans après sa sortie sur les écrans.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Portrait de Jennie, disponible chez Carlotta Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Seule la bande-annonce d’époque est proposée comme supplément.

L’Image et le son

Si ce master a été restauré, quelques rayures verticales, poussières et griffures subsistent. Quand bien même elles n’altèrent pas le visionnage, elles demeurent récurrentes. Ceci dit les contrastes sont élégants et la luminosité est de mise. Le N&B se compose d’une jolie gamme de gris marbrés même si certains fourmillements ou diverses sautes inhérents à l’âge du film n’ont pu être corrigés. En dehors des rayures mentionnées au préalable, les scories ont été éliminées. Toutefois, certaines séquences sont plus altérées avec un aspect beaucoup plus grumeleux comme sur le plan en ouverture et même toute la scène d’exposition. Les fondus enchaînés décrochent quelque peu, les séquences sombres donnent plus de fil à retordre avec une perte des détails et une baisse de la définition. En revanche, le dernier acte pour lequel le chef opérateur Joseph H. August a utilisé des lentilles spéciales datant du cinéma muet et des filtres verts apparaît plus propre et stable, ainsi que l’épilogue en Technicolor. Le master alterne donc le bon et le médiocre.

Deux mixages au programme. Une version DTS-HD Master Audio 1.0 et…5.0 ! Un carton indique que cette seconde option acoustique reproduit pour le dernier acte, les effets sonores souhaités par le producteur David O. Selznick, exploités dans certaines salles de cinéma. Le mixage 1.0 était alors plus largement diffusé et cette édition replace le son sur le canal central avant. Alors un bon conseil, choisissez la piste mono jusqu’à 1h14 puisque les voix des comédiens y sont plus dynamiques et vous ne vous encombrerez pas d’un souffle sur les enceintes arrière, même si la musique profite quelque peu de cette spatialisation. Dès que la tempête commence par cet éclair vert qui strie le ciel et donc votre écran, passez en 5.0. Ce mixage original vous plongera au beau milieu des vagues et des rafales de vent.

Crédits images : © Carlotta Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Le Musée des Merveilles, réalisé par Todd Haynes

LE MUSÉE DES MERVEILLES (Wonderstruck) réalisé par Todd Haynes, disponible en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo le 21 mars 2018

Avec :  Oakes Fegley, Julianne Moore, Michelle Williams, Millicent Simmonds, Jaden Michael, Tom Noonan, Amy Hargreaves, Morgan Turner, Sawyer Nunes, James Urbaniak…

Scénario : Brian Selznick d’après son livre « Black Out » (« Wonderstruck »)

Photographie : Edward Lachman

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

A la découverte, sur deux époques distinctes, des parcours de Ben et Rose. Ces deux enfants souhaitent secrètement que leur vie soit différente. Ben rêve du père qu’il n’a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d’une mystérieuse actrice, Lillian Mayhew. Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère, Elaine, l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York…

Depuis dix ans, le réalisateur Todd Haynes n’a pas chômé. Après I’m not there, son faux biopic sur Bob Dylan, sa minisérie Mildred Pierce avec Kate Winslet et Evan Rachel Wood, un épisode de la série Enlightened, un segment du documentaire collectif Six by Sondheim consacré au compositeur Stephen Sondheim, la production des films de Kelly Reichardt, le merveilleux Carol avec Cate Blanchett et Rooney Mara, le cinéaste californien revient déjà à la mise en scène deux ans après sa Queer Palm. Le Musée des merveilles est tiré du roman graphique Black Out (Wonderstruck) de Brian Selznick, publié en 2011. L’auteur de L’Invention de Hugo Cabret, transposé à l’écran en 2011 par Martin Scorsese et médaille Caldecott, prix attribué à l’illustrateur du meilleur livre pour enfants de l’année aux Etats-Unis, adapte lui-même son œuvre pour le grand écran. Son immense talent allié à celui de Todd Haynes donne naissance à un superbe drame romanesque destiné autant aux adultes qu’aux enfants, par ailleurs largement conseillé à ces derniers pour les sensibiliser à la grammaire cinématographique puisqu’une bonne partie du film rend hommage au cinéma muet.

Présenté en compétition au Festival de Cannes en 2017, Le Musée des MerveillesWonderstruck marque la quatrième collaboration entre Todd Haynes et la comédienne Julianne Moore après Safe (1995), Loin du paradis (2002) et I’m not there (2007). S’il n’a étonnamment pas convaincu le Jury, plus préoccupé à récompenser des films sans intérêt et nombrilistes comme The Square, le septième long métrage du réalisateur de Velvet Goldmine aura pourtant ému la critique. Les spectateurs qui auront la chance de le découvrir risquent de ne pas l’oublier de sitôt.

Todd Haynes a lui-même qualifié Le Musée des Merveilles comme un acid trip for kids  en indiquant « Il y a deux histoires qui s’entremêlent, s’emmêlent, quelque chose de mystérieux et d’étrange se produit, aux intersections des deux univers, à la limite d’une altération de nos perceptions spatio-temporelles. Le fait que les deux héros soient sourds et perçoivent donc le monde de manière parcellaire a un impact direct sur la façon de regarder le film, de ressentir les silences, les musiques, en particulier le contraste entre la surdité de Ben et le brouhaha de la partie 70’s ». Du point de vue formel, Todd Haynes, épaulé par son fidèle chef opérateur Edward Lachman et de sa complice Sandy Powell, chef costumière, reconstitue les années 1920 (en N&B) et les années 1970 (en couleur) avec une virtuosité de chaque instant. La mise en scène subjugue à chaque plan, le grain de la pellicule flatte les sens, la beauté du cadre laisse pantois d’admiration, la composition de Carter Burwell donne le frisson.

A l’instar de Hugo Cabret, le récit de Brian Selznick plonge les enfants dans une quête initiatique, séparés par cinquante années, dont on sait que les itinéraires se croiseront forcément ou se rejoindront autour d’un sujet commun lié au Muséum d’histoire naturelle de New York. Ces deux héros sont interprétés par les jeunes comédiens Oakes Fegley, qui incarnait Peter dans le remake de Peter et Elliott le dragon, et Millicent Simmonds, magnétique et bouleversante actrice de 13 ans réellement atteinte de surdité, qui livre une remarquable prestation pour sa première apparition à l’écran. Quant à Julianne Moore, présente dans les deux parties du film, elle arrache les larmes et foudroie à chaque apparition, jusqu’à un dernier acte sublime de délicatesse, qui se déroule au Queens Museum, au sein même de la maquette géante du panorama de New York, clou de l’Exposition universelle de 1964.

Les thématiques du cinéma de Todd Haynes, la monotonie du quotidien, comment assumer sa solitude, le droit à la différence, la peur du regard des autres, la marginalisation sont au coeur du Musée des Merveilles. Porté par un amour insatiable du cinéma, par sa capacité à émouvoir et à emporter les spectateurs dans une aventure faite d’amour, d’espoir, d’amitié et d’entraide, cette invitation au voyage s’impose instantanément comme un futur film de chevet vers lequel on reviendra en cas de coup de blues. Merci Todd Haynes, merci Brian Selznick.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Musée des Merveilles, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est étonnamment sobre, fixe et musical.

Cette édition comporte tout d’abord six modules consacrés au tournage du film avec pour sujets le Cabinet des curiosités (4’), le personnage de Millie (7’30), les Miniatures (4’), le Musée d’histoire naturelle (5’30), la maquette de New York (5’) et la reconstitution des années 1920 et 1970 (6’). Le réalisateur Todd Haynes, l’écrivain et scénariste Brian Selznick, la chef costumière Sandy Powell, le directeur de la photographie Edward Lachman et bien d’autres intervenants reviennent sur la genèse, la conception et le tournage du Musée des Merveilles. Ne manquez pas le segment sur la création des dioramas, qui a nécessité pas loin de trois mois de prises de vues. Les thèmes du film, les partis pris, les intentions, l’interprétation des deux jeunes comédiens, les accessoires, la construction des décors sont abordés avec simplicité et générosité.

S’ajoutent à ces bonus quelques bandes-annonces et surtout un entretien avec Todd Haynes (19’30) qui revient sur tous les sujets précédemment couverts dans les suppléments précédents, tout en indiquant comme s’est déroulé le tournage et le montage. Todd Haynes intervient également sur l’adaptation du livre de Brian Selznick, l’utilisation de la chanson Space Oddity de David Bowie, la notion du temps, les personnages, la photo et sur les films qui l’ont inspiré, dont le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli (1968) ou Miracle en Alabama d’Arthur Penn (1962).

L’Image et le son

Grands défenseurs du tournage en 35mm, le réalisateur Todd Haynes et le chef opérateur Edward Lachman ont néanmoins décidé de tourner Le Musée des Merveilles en partie en numérique. Afin de conserver une image proche de la pellicule, leur choix s’est porté sur la caméra Arri Alexa pour la partie années 1970, tandis que les séquences en N&B des années 1920 ont bel et bien été tournées en Arricam et Arriflex. Ces partis pris couplés au format 2.40 donnent à la photographie un aspect argentique très élégant. Le master HD concocté par Metropolitan est sublime. Les couleurs sont étincelantes, le piqué aiguisé comme la lame d’un scalpel et les détails foisonnent du début à la fin. De jour comme de nuit, y compris sur les séquences tamisées, l’élévation Haute-Définition est omniprésent, évident et indispensable. On en prend plein les yeux avec ce cadre large à la profondeur de champ inouïe et des contrastes d’une densité jamais démentie.

Vous pouvez compter sur les deux mixages DTS-HD Master Audio anglais et français pour vous plonger dans l’atmosphère du film. Toutes les enceintes sont sollicitées, les voix sont très imposantes sur la centrale dans la partie années 1970 et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques ambiances naturelles et effets percutants, sans oublier la magnifique partition de Carter Burwell, excellemment restituée. Le caisson de basses distille également quelques vibrations. Sans surprise, la version originale l’emporte sur la piste française et se révèle plus naturelle et homogène. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr