Test Blu-ray / Twin Peaks, l’intégrale de la série TV + Twin Peaks : Fire Walk With Me (David Lynch)

TWIN PEAKS, série créée par David Lynch et Mark Frost.

Saison 1 et Saison 2, réalisées par David Lynch, Duwayne Dunham, Tina Rathbourne, Tim Hunter, Lesli Linka Glatter, Caleb Deschanel, Mark Frost, Todd Holland, Graeme Clifford.

TWIN PEAKS – FIRE WALK WITH ME, réalisé par David Lynch

Coffret Intégrale Prestige Blu-ray disponible le 29 juillet 2014 chez Paramount Pictures

Acteurs de la série : Kyle MacLachlan, Sheryl Lee, Michael Ontkean, Richard Beymer, Lara Flynn Boyle, Sherilyn Fenn, Ray Wise, Grace Zabriskie, Mädchen Amick, Dana Ashbrook, Jack Nance, Everett McGill, James Marshall, Eric DaRe, Piper Laurie, Kimmy Robertson, Joan Chen, Frank Silva, Michael J. Anderson

Acteurs du film Twin Peaks – Fire Walk With Me : Sheryl Lee, Ray Wise, Harry Dean Stanton, Mädchen Amick, Kyle MacLachlan, David Bowie

Scénario de la série : Saison 1 : Mark Frost, David Lynch, Harley Peyton, Robert Engels. Saison 2 : David Lynch, Mark Frost, Harley Peyton, Robert Engels, Jerry Stahl, Barry Pullman, Scott Frost, Tricia Brock

Scénario du film Twin Peaks – Fire Walk With me : David Lynch, Robert Engels

Photographie de la série : Frank Byers, Ronald Víctor García

Photographie du film Twin Peaks – Fire Walk With Me : Ronald Víctor García

Musique : Angelo Badalementi

Durée totale du coffret : 27 heures

Année : 1990 / 1991 / 1992

TWIN PEAKS : LA SERIE TV

Dans la ville imaginaire de Twin Peaks, située dans le nord-ouest de l’État de Washington, le cadavre de Laura Palmer, une jolie lycéenne connue et aimée de tous, est retrouvé emballé dans un sac en plastique sur la berge d’une rivière. L’agent spécial du FBI Dale Cooper est désigné pour mener l’enquête. Il découvre alors que Laura Palmer n’était pas celle que l’on croyait et que de nombreux habitants de la ville ont quelque chose à cacher.

Honnêtement, est-il utile de présenter ou de critiquer une des séries les plus cultes de l’histoire de la télévision ? Kyle MacLachlan dans le rôle de l’Agent Dale Cooper, moitié mystique, moitié rationnel, croyant en l’analyse des rêves, moitié freudien, moitié holmesien donc, mais aussi Michael Ontkean (le shérif Harry S. Truman), Mädchen Amick (Shelly Johnson), Dana Ashbrook (Bobby Briggs), Richard Beymer (Benjamin Horne), Lara Flynn Boyle (Donna Hayward), Sherilyn Fenn (Audrey Horne), Warren Frost (Dr William Hayward), Peggy Lipton (Norma Jennings), Kimmy Robertson (Lucy Moran), Ray Wise (Leland Palmer), Joan Chen (Jocelyn « Josie » Packard), Piper Laurie (Catherine Packard Martell), Harry Goaz (Adjoint Andy Brennan), Michael Horse (Adjoint Tommy « Hawk » Hill), Sheryl Lee (Laura Palmer / Madeleine « Maddy » Ferguson), Michael J. Anderson (The Man from Another Place), Russ Tamblyn (Dr Lawrence Jacoby) et bien d’autres comédiens tous autant talentueux auront définitivement marqué la petite lucarne, nos esprits, nos vies.

A l’origine, David Lynch et le scénariste Mark Frost planchent sur l’adaptation d’un roman consacré à la mort mystérieuse de Marilyn Monroe, Goddess : The Secret Lives of Marilyn Monroe d’Anthony Summers. Le projet n’aboutit pas, mais les deux écrivains imaginent une petite bourgade paumée (et imaginaire) des Etats-Unis avec ses habitants, qui ont tous quelque chose à se reprocher, secoués par l’assassinat d’une jeune lycéenne bien sous tous rapports. Le plan de la ville est dressé, le profil psychologique de chaque personnage (au moins une trentaine) bien établi, l’image d’un corps enveloppé dans un sac en plastique échoué sur les bords d’un lac les obsède. Twin Peaks est née.

Welcome to Twin Peaks, population 51.201… bientôt 51.200.

La chaîne ABC, alors à la traîne, est emballée par le projet et décide de financer un épisode pilote pour la somme de 2 millions de dollars en laissant une entière liberté aux auteurs. Le casting une fois réuni et les repérages effectués, le tournage est lancé. Le succès est au rendez-vous. Une saison de 7 épisodes est ensuite commandée par ABC, puis une seconde de 22. Twin Peaks devient rapidement un vrai phénomène culturel, lance la carrière des comédiens, déclenche l’hystérie chez certains illuminés qui souhaitent savoir qui a tué Laura Palmer. Cette question reste une des plus connues de l’histoire de la télévision.

Cette série mythique, diffusée en France sur La Cinq dès avril 1991 sous le titre Mystères à Twin Peaks, puis 20 ans plus tard sur Arte, transcende le(s) genre(s) et abolit les règles du feuilleton traditionnel. Décalée avec son atmosphère de film-noir, hors-normes, hypnotique (la musique n’y est pas pour rien) et fantasmagorique, Twin Peaks demeure une expérience unique en son genre avec sa multitude de personnages insensés, ses intrigues entremêlées, son ambiance rétro, son parfum de perversité, ses références (Boulevard du Crépuscule, Sueurs froides), qui demandent l’attention assidue des spectateurs. Bourrée d’humour, mais également violente, sombre et macabre, bercée par la splendide composition d’Angelo Badalamenti, Twin Peaks n’a pas pris de rides puisqu’elle est inclassable, hors-du-temps, intouchable.

Beaucoup s’accordent à dire que la série a commencé à décliner dès la révélation de l’assassin de Laura Palmer (épisode 7 de la deuxième saison), d’autant plus que David Lynch, parti réaliser Sailor & Lula, avait commencé à délaisser quelque peu son bébé en le confiant à d’autres cinéastes, certes très inspirés, mais quelque peu décontenancés par une nouvelle intrigue moins passionnante. En dépit de son intérêt décroissant (ainsi que l’audience), voire frustrant, jusqu’au final tout bonnement ahurissant repris en main par David Lynch himself qui pour le coup nous a concocté un dernier épisode bourré de rebondissements comme lui seul en a le secret (et en espérant sans doute une saison 3), Twin Peaks nous apparaît toujours comme un véritable miracle, un diamant aux facettes multiples et infinies que le temps ne parvient pas à altérer.

Twin Peaks : Fire Walk With Me : le film :

La mort mystérieuse de Teresa Banks donne du fil à retordre aux agents spéciaux du FBI Dale Copper et Chester Desmond. Plus tard, dans la ville de Twin Peaks, la belle et populaire Laura Palmer sombre dans une spirale maléfique…

Un an après l’arrêt brutal de la série Twin Peaks à la fin de la seconde saison, David Lynch décide de revenir dans cette petite ville et plus précisément pour évoquer les sept derniers jours de Laura Palmer. Conscient que l’intérêt de la série résidait dans le mystère qui entourait la mort de cette jeune lycéenne, trop vite résolu en raison des pressions provenant des pontes de la chaîne ABC, le cinéaste revient à la sève même du mythe à travers une préquelle. Seulement là où David Lynch aurait pu se contenter de surfer sur ce qui a fait le succès de Twin Peaks, à savoir cet équilibre fragile mais magistral de violence, d’humour, de thriller, de grotesque et de mélodrame, Fire Walk With Me s’avère une totale relecture encore plus nihiliste, dépourvue du moindre second degré, sauvage et désespérée. Du coup, les fans qui attendaient un retour en grâce se sont retrouvés face à une oeuvre, que dis-je un chef-d’oeuvre, profondément tourmenté et ténébreux.

Film mal aimé à sortie, conspuée par celles et ceux qui vouaient un culte à la série originale, Twin Peaks : Fire Walk With Me est aujourd’hui enfin reconsidéré à sa juste valeur : il s’agit ni plus ni moins d’un des plus grands films de son auteur.

Lynch filme suffisamment de matériel – 280 kilomètres de pellicule sur 40 jours de tournage – pour un film d’une durée de près de quatre heures. Conscient que le rythme est différent sur le grand écran que sur la petite lucarne, il se voit contraint de couper 1h30 au montage, en particulier les séquences où apparaissaient les personnages tant aimés des spectateurs, Lucy, le Shérif Truman, l’adjoint Andy, Audrey, pour ne citer que ceux-là, tandis que Lara Flynn Boyle (Donna) est purement et simplement remplacée par une autre comédienne, Moira Kelly.

De ce fait, toutes les soupapes d’humour sont laissées de côté, Kyle MacLachlan ne fait qu’une brève apparition et les scènes qui avaient été au préalable écrites pour lui obligent David Lynch et son coscénariste Robert Engels à créer un nouveau personnage, interprété par Chris Isaak.

Lynch préfère au contraire resserrer son film comme un étranglement progressif… jusqu’au final d’une violence inouïe. Le réalisateur prend alors le risque inconsidéré de perdre son audience. Ce qui n’a pas manqué d’ailleurs. Celles et ceux qui ont su prendre le train en marche n’en reviennent toujours pas. Véritables montagnes russes émotionnelles, expérience sensorielle et cinématographique rare, à ne pas mettre devant tous les yeux certes, Twin Peaks : Fire Walk With Me est un film virtuose, qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Un véritable objet de fascination.

LE COFFRET BLU-RAY

Il s’agit probablement d’un des plus beaux coffrets trouvables aujourd’hui sur le marché. Vraiment. Le visuel est magnifique et présente le célèbre portrait de Laura Palmer, « brisé », et laissant entrevoir le visage de la victime dans son sac en plastique. Le recto indique en bas à gauche la présence des fameuses pièces manquantes du dossier, en d’autres termes les séquences coupées au montage de Twin Peaks : Fire Walk With Me.

Il nous a fallu un petit moment pour trouver comment l’ouvrir… mais alors un véritable trésor s’offre à nous ! C’est tout d’abord la pancarte d’entrée de la ville qui nous accueille. Nous tournons ensuite chaque volet, non pas comme un livre, mais plutôt comme un calepin. Chaque page présente un visuel spécifique de la série (l’oiseau du générique, la chute d’eau, la station-service Big Ed, le pont ferroviaire, la tarte aux cerises, la salle rouge) ainsi que la liste des épisodes des saisons et leur répartition sur chaque galette bleue. La sérigraphie des Blu-ray est sobre, mais dans le ton du coffret, très élégante.

Chaque menu principal possède une thématique, à savoir les arbres, la tarte aux cerises, les lieux principaux de la ville, le café, les messages écrits, les cours d’eau, les donuts, les hiboux, la bague, la pièce rouge.

Tous les épisodes s’accompagnent de la mythique présentation de la femme à la bûche. Certains étant également proposés avec le résumé de l’épisode précédent qui était diffusé à la télévision. Chaque disque propose de visionner chaque épisode agrémenté de la présentation de la femme à la bûche, du résumé et dans certains cas d’un aperçu de l’épisode à venir. Les épisodes sont répartis ainsi : Blu-ray 1 (épisodes pilote,1,2), Blu-ray 2 (épisodes 3,4,5,6,7), Blu-ray 3 (épisodes 8,9,10), Blu-ray 4 (épisodes 11,12,13,14), Blu-ray 5 (épisodes 15,16,17,18), Blu-ray 6 (épisodes 19,20,21,22), Blu-ray 7 (épisodes 23,24,25,26), Blu-ray 8 (épisodes 27,28,29), Blu-ray 9 (Twin Peaks : Fire Walk With Me, les pièces manquantes), Blu-ray 10 (suppléments).

Blu-ray 1 :

En plus de l’épisode pilote traditionnel, cette galette contient la version internationale (ou dite européenne) alternative de l’épisode pilote (1h53). Lors de la réalisation de cet épisode, David Lynch doit honorer une clause de son contrat, à savoir proposer un montage comprenant une fin fermée, autrement dit qui résout le meurtre de Laura Palmer, afin de toucher le marché de la vidéo. Ce montage a été exploité en VHS dans nos contrées sous le titre Qui a tué Laura Palmer ?. Désavouée par le cinéaste, cette mouture d’une durée de 20 minutes supplémentaires, demeure une véritable curiosité, surtout qu’elle a permis à David Lynch de créer la célèbre Salle Rouge habitée par « The Man From Another Place » interprété par Michael J. Anderson. Point de doublage français pour cette version. Nous ne dévoilerons pas la teneur de cette « fausse » conclusion pour ceux qui ne l’auraient pas vu… il y en a oui… au fond de la classe…

Blu-ray 2 :

L’interactivité de ce deuxième Blu-ray se résume à une large galerie de photos issues de la première saison (et de son tournage avec des images du plateau, de David Lynch à l’oeuvre avec ses comédiens), mais aussi des « avant-goûts » de Twin Peaks (3’) qui se révèlent être quelques résumés des épisodes précédents – racontés par le personnage de Lucy – en vue de celui qui sera projeté le soir-même, ainsi que des clips promotionnels réalisés pour la télévision (3’), avec l’aide de quelques comédiens de la série qui prêtent leurs voix pour appâter les spectateurs pas encore conquis par la série.

Blu-ray 3 :

En guise de promo, l’éditeur joint quelques clips promotionnels (5’) réalisés à l’époque où la série commençait à connaître un grand succès. Ce montage propose pêle-mêle une publicité pour le tee-shirt Twin Peaks, un message pour les troupes parties combattre au Moyen-Orient, ou diverses prises alternatives (avec parfois le clap et la voix de David Lynch en arrière-fond qui demande le moteur) où Kyle MacLachlan et Michael Ontkean évoquent quelques paris sportifs en trinquant au café.

Une large galerie de photos issues de la deuxième saison (et de son tournage avec des images du plateau, de David Lynch avec ses acteurs) est également au programme.

Mais le must de cette troisième galette bleue reste le documentaire intitulé Une tranche de Lynch (2007, 56’). Confortablement installé à la table d’un diner où on vient de lui apporter une tarte aux cerises, le réalisateur est rejoint par les comédiens Kyle MacLachlan et la ravissante Mädchen Amick (Shelly dans la série), ainsi que John Wentworth, assistant de David Lynch sur Blue Velvet, enregistreur de sons, coordinateur de la post-production, producteur associé sur la série Twin Peaks. Devant une damn fine cup of coffee, tous les quatre se remémorent l’aventure de la série, sa genèse, tandis que les acteurs évoquent leur rencontre avec le cinéaste et la façon dont ils ont été casté. Tout y est rapidement abordé, notamment leurs impressions au moment du tournage de l’épisode pilote, le succès grandissant de la série, la collaboration avec le reste du casting et les autres réalisateurs au fil des deux saisons, et les anecdotes se succèdent à vitesse grand V pendant que David Lynch savoure sa clope et couvre d’éloges ses acteurs qu’il observe avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Blu-ray 4 :

Pas grand-chose ici, mais ce n’est pas inintéressant.

Tout d’abord, les scènes coupées de la série (14’) feront le bonheur des fans puisque nous y voyons Cooper et Donna parler du pique-nique, Cooper qui découvre la beauté des paysages de Twin Peaks en compagnie de Truman, le discours du maire de Twin Peaks (qui vaut son pesant quant à la situation), Lucy qui parle des ratons laveurs, Bobby qui donne quelques leçons à Shelly, Lucy et Andy, l’oeil vagabond de Jerry, Lucy, Andy et les donuts… bref, tout ça monter en vrac et on adore.

Les prises coupées (2’) montrent les quelques ratages de Kyle MacLachlan et Michael Ontkean lors de la scène de la planque nocturne. La complicité des deux acteurs est évidente et l’ensemble demeure réjouissant.

Blu-ray 5 :

Une galette bien garnie !

Retour à Twin Peaks (2007, 20’) : ce module est dédié au mythe de la série qui se perpétue avec les années puisque nous y voyons de nombreux témoignages de fans de la première heure, qui consacrent pour ainsi dire leur vie à Twin Peaks (ça fout un peu les jetons quand même…) et qui n’hésitent pas à s’inscrire tous les ans au Festival Twin Peaks organisé depuis 1993 avec le concours de certains comédiens de la série. Des visites en bus sont effectuées sur les lieux de tournage. Le pèlerinage est donc très sérieux, les fans se recueillent devant la maison de Laura Palmer, des concours sont organisés (meilleur sosie, meilleur costume, le lancer de pierre tibétaine), des questionnaires sont installés, évidemment tout cela en rapport avec la série.

Un guide des extérieurs (8’) nous propose ensuite un comparatif des lieux de tournage à l’époque avec ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.

17 parts de tarte… (10’) : En août 2000, à l’occasion du Festival Twin Peaks, une équipe de journalistes rencontre l’ancienne propriétaire du diner ayant servi de décor pour le Mar-T-Cafe. Elle livre ici ses souvenirs liés à sa rencontre avec David Lynch, les conditions de tournage… et la confection de véritables tartes aux cerises.

Interview de Mark Frost (15’) : En août 2001, le romancier américain, scénariste, cocréateur et producteur délégué de Twin Peaks est à son tour interviewé sur son travail avec David Lynch, la genèse de la série, les partis pris, le casting, la psychologie et l’évolution du personnage interprété par Kyle MacLachlan au fil des deux saisons et le montage de l’épisode pilote destiné au marché européen.

Michael J. Anderson aka The Man from Another Place, nous donne ensuite quelques petites leçons pour « parler » dans la Salle Rouge (4’).

A propos de David Lynch (21’) : un message avertit le spectateur qu’au-delà de la 19è minute, quelques révélations sont faites sur la mort de Laura Palmer, dont son assassin. Après avoir vu la série, n’hésitez pas à visionner ce documentaire constitué d’entretiens avec la plupart des comédiens et quelques réalisateurs de la série, qui une fois de plus reviennent sur le mythe de Twin Peaks et leur travail respectif avec David Lynch.

La Twin Peaks Hotline (23’) qui est ensuite disponible est un montage d’enregistrements téléphoniques successifs qui résumaient l’épisode précédent pour celles et ceux qui l’auraient raté. Une petite mise en scène (audio donc) est réalisée avec les voix des protagonistes, le tout mené par celle si reconnaissable de Kimmy Robertson aka la standardiste Lucy Moran.

Pour celles et ceux qui seraient plus intéressés par l’envers du décor, l’éditeur joint une galerie d’archives constituée de documents de tournage, des carnets de route et même des feuilles horaires. Anecdotique, mais sympathique. Une autre galerie d’images dévoile le tournage de la Salle Rouge, des cartes de collection Twin Peaks.

L’interactivité de ce cinquième Blu-ray se clôt sur les « autocollants » de Lucy (2’), qui se révèlent être les accroches audio diffusées juste avant la publicité pour inciter les spectateurs à ne pas bouger de leur canapé.

Blu-ray 6 :

Passons rapidement sur les clips promotionnels (46 secondes) diffusés à la télévision pour annoncer l’épisode du jour, pour aller directement sur Les cartes postales des acteurs (59’). A l’instar de certains documentaires déjà vus ailleurs dans cette section, la plupart des comédiens de la série (sauf Lara Flynn Boyle qui se cache et on comprend pourquoi) qui ne manquent pas d’anecdotes et de souvenirs liés (ou non, comme Sheryl Lee et Richard Beymer) au tournage de Twin Peaks.

Blu-ray 7 :

Si vous n’êtes pas rassasiés, attendez, c’est loin d’être terminé ! C’est reparti pour 42 minutes d’interviews des comédiens réalisées en 2006 ! Afin de laisser croire que nous avons affaire à quelques suppléments originaux, l’éditeur a réparti les propos des acteurs sous forme d’une grille interactive, à savoir les origines de Twin Peaks, la production, les répercussions. Mais ne soyons pas dupes, les entretiens ici n’apportent pas grand-chose de neuf par rapport à ce qui a pu être déjà entendu.

L’autre « interview de l’équipe » (2006, 23’) est un module qui donne la parole à Jennifer Lynch, fille de, créatrice du journal secret de Laura Palmer, ainsi qu’aux réalisateurs Todd Holland (épisodes 11 et 20), Caleb Deschanel (épisodes 15 et 19), Duwayne Dunham (épisodes 18 et 25), Stephen Gyllenhaal (épisode 27) et Tim Hunter (épisodes 16 et 28). Nos interlocuteurs s’attardent sur leur collaboration avec David Lynch, le succès de la série et les conditions de tournage. Un point de vue original et très intéressant.

Blu-ray 8 :

Cela commence doucement avec l’annonce spéciale par Lucy du dernier épisode de la saison 2 de Twin Peaks (51 secondes) diffusée pendant le générique de fin de l’avant-dernier épisode… pour ensuite déboucher sur Des secrets venus d’ailleurs : la création de Twin Peaks, un documentaire d’1h46 (2007) ! Après tout ce que nous avons déjà pu voir et entendre, cet excellent module propose un angle inédit sur le casting, la genèse et la création du pilote, les deux saisons, la musique de la série mythique (grand moment avec le compositeur Angelo Badalamenti sur la création du thème de Laura Palmer), le phénomène culturel. Non seulement nous voyons enfin quelques images inédites et photos de tournage avec notamment David Lynch à l’oeuvre avec ses comédiens, mais les producteurs, le monteur, le décorateur, les réalisateurs, les comédiens de la série – même le scénariste Mark Frost l’avoue – ne mâchent pas leurs mots sur la qualité qui s’est malheureusement effritée dès la révélation du meurtrier de Laura Palmer. « La saison 2 était nulle » dit d’ailleurs Kimmy Robertson, « ça partait dans tous les sens » disent les autres, « si c’était à refaire, je n’hésiterais pas » dit Mark Frost, qui a tout fait avec David Lynch pour reprendre le train en marche dans les derniers épisodes, au point de créer « trop » de rebondissements dans le dernier épisode, dans l’espoir d’une troisième saison. Chacun s’accorde à dire que l’intérêt de Twin Peaks résidait justement sur le mystère de la mort de Laura Palmer, qui n’aurait jamais dû être dévoilé. Si quelques redites demeurent évidentes, ne manquez pas ce rendez-vous !

Blu-ray 9 :

C’est ici que vous trouverez le plus grand trésor de ce coffret, le Saint Graal, à savoir les 91 minutes de scènes coupées et/ou rallongées de Twin Peaks : Fire Walk With Me, baptisées les « pièces manquantes ». En effet, pas moins de 33 séquences (en HD 1080p !) sont ici compilées pour le plus grand bonheur des aficionados qui demandaient à les découvrir depuis belle lurette, à grands coups de pétitions qui circulaient à travers le monde.

Nous ne les dévoilerons pas de peur de vous gâcher le plaisir, toujours est-il que ces scènes s’avèrent évidemment indispensables, qu’elles prolongent la première partie du film avec l’enquête sur la mort de Teresa Banks (plus de séquences avec Chris Isaak, Kiefer Sutherland et David Bowie donc), Cooper qui parle à Diane (la voit-on ? Là est la question à laquelle nous ne répondrons pas). Les célèbres personnages de la série qui n’apparaissaient pas dans le montage final – Jocelyn, Garland Briggs, Andy, Hawk, Big Ed Hurley, Lucy, Sheriff Harry S. Truman – à la grande déconvenue des fans purs et durs, sont enfin rétablis ici ! De quoi se délecter !

De plus, le quotidien de Laura et de sa famille est également approfondi, tout comme l’addiction à la drogue et la déchéance de la lycéenne. Enfin, Fire Walk With Me est sans doute le film le plus sombre, violent et nihiliste de David Lynch. C’est donc avec joie que l’on découvre toutes les séquences avec l’humour retrouvé de la série ! Sans oublier une fin alternative de la saison 2 en cadeau… Enjoy !

Avant de passer à l’ultime Blu-ray, visionnez également les quelques interviews de Robert Wise, Sheryl lee, Moira Kelly et Mädchen Amick (5’) enregistrées à l’occasion de la sortie au cinéma de Twin Peaks : Fire Walk With Me.

Blu-ray 10 :

La voilà la dernière galette ! Deux heures de suppléments divisés en plusieurs documentaires :

Entre deux mondes (38’) : Dans la continuité d’Une tranche de Lynch, David Lynch se retrouve à nouveau à la table d’un diner, l’air lugubre et pour cause… il se retrouve face à la famille Palmer, Leland, Sarah et Laura. L’image N&B et le léger vent notable dans le fond sont là pour instaurer une atmosphère très sombre puisque le réalisateur s’entretient avec cette étrange lignée en leur demandant ce qu’ils sont devenus…puis un quart d’heure après, la couleur apparaît et David Lynch se retrouve face à Ray Wyse, Grace Zabriskie et Sheryl Lee pour parler du bon vieux temps, de leur collaboration, de leurs meilleurs moments sur le tournage et sur l’accueil glacial de Twin Peaks : Fire Walk With Me à sa sortie.

Voyage à travers le temps : souvenirs des 7 derniers jours de Laura Palmer (30’) : C’est ici que vous en apprendrez le plus sur la genèse, la création, la réalisation, la réception de Twin Peaks : Fire Walk With Me. Les comédiens Kyle McLachlan, Sheryl Lee, Victor Rivers, Phoebe Augustine, Don Davis, Kimmy Robertson, Grace Zabriskie, Walter Olkewicz, Pamela Gidley, le premier assistant Deepak Nayar, le scénariste Robert Engels, le chef opérateur Ronald Víctor García ont tous répondu présent pour parler de ce cauchemar éveillé qui a décontenancé les spectateurs de la série originale en raison de la violence de l’histoire.

Réflexions sur le phénomène Twin Peaks (31’) : entre mai et août 2000, les comédiens de Twin Peaks : Fire Walk With Me – mais également Michel Chion en invité ! – sont invités à parler du film de David Lynch. C’est le bonus dispensable de cette édition. Complètement décousus, jamais intéressants, longs, ennuyeux, les propos que nous parvenons à glaner ici et là ne retiennent jamais l’attention. Vous pouvez aisément zapper.

Le petit bonus supplémentaire intitulé Atmosphère (13’) demeure original puisqu’il propose la compilation des images servant à illustrer chaque menu principal des Blu-ray de ce coffret, comme nous l’évoquons dans la rubrique Généralités.

Nous avons trouvé deux bonus cachés (7’ et 2’) sur ce dernier disque, mais nous n’allons pas vous mâcher tout le travail. A vous de les découvrir. Sachez seulement qu’ils ne sont pas sous-titrés en français.

L’interactivité se clôt sur trois bandes-annonces (américaine, internationale, Missing Pieces Teaser), une galerie de photos des coulisses du film, et le générique de ce magnifique coffret Blu-ray.

L’Image et le son

Twin Peaks – Saison 1 & 2 (5/5) :

L’attente a été récompensée ! En prévision de son 25e anniversaire, la série Twin Peaks s’offre à nous en Haute Définition dans une nouvelle et superbe copie entièrement restaurée, chaque épisode étant proposé dans son format 4/3 respecté. Cette version renforce les contrastes, la densité des noirs, la finesse la texture et le modelé de la photographie, avec un codec AVC qui consolide l’ensemble avec brio. L’image est stable, entièrement débarrassée de scories diverses et variées, les couleurs sont conformes au matériel original, tirant souvent sur le rouge-rosé, parfois chatoyantes, certains décors brillent de mille feux, les détails sont légion aux quatre coins du cadre. Les scènes en extérieur affichent une luminosité inédite, tout comme un relief inattendu, un piqué parfois pointu, un grain flatteur et des contrastes divins. Tous les défauts constatés sur l’édition DVD sortie chez TF1 Vidéo en 2007 ont été éradiqués, à l’instar de certains pompages, petites tâches, du bruit vidéo dans les arrière-plans (sur les scènes nocturnes notamment), ainsi que les instabilités de l’étalonnage. Revoir Twin Peaks dans ces conditions techniques est subjuguant. Même si la qualité peut varier d’un épisode à l’autre, nous n’hésitons pas à donner la note maximale à cette édition HD (1080p) car il serait vraiment difficile de faire mieux.

Twin Peaks : Fire Walk With Me (4,5/5) :

La préquelle de la série Twin Peaks est proposée dans une version restaurée 4K supervisée by mister Lynch himself. Ce qui se fait de mieux en matière de lifting quoi ! Le DVD de Twin Peaks : Fire Walk With Me sorti en 2004 chez MK2 proposait le chef-d’oeuvre de David Lynch dans un master 16/9 avec son format du film respecté 1.85. Pour son nouveau lifting et sa nouvelle sortie en Blu-ray (également sorti chez MK2 en 2010), Twin Peaks : Fire Walk With Me est de retour en Haute Définition dans un format 1080p, AVC. La définition n’est peut-être pas optimale, néanmoins, ne faisons pas la fine bouche, car la restauration est admirable. L’élévation HD offre à Twin Peaks : Fire Walk With Me une nouvelle cure de jouvence, le grain cinéma est restitué et les contrastes trouvent une nouvelle densité. L’encodage consolide l’ensemble, les noirs sont plutôt concis, le piqué renforcé, peut-être un peu moins dans les scènes en intérieur. La colorimétrie retrouve un éclat et une chaleur inédits, un équilibre indéniable, un étalonnage beaucoup plus conforme aux partis pris esthétiques originaux. Certains plans sont sensiblement plus altérés et la profondeur de champ parfois limitée.

Twin Peaks – Saison 1 & 2
Twin Peaks : Fire Walk With Me

Bien que seule la version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 7.1 (!), contrairement à la piste française proposée en Mono (pour la série), le confort acoustique est total pour ces deux options ! Le premier mixage créé une spatialisation très impressionnante. Rien que le sublime générique donne des frissons. Les dialogues sont exsudés avec force, les effets et ambiances annexes sont riches, amples et variés (le vent dans les sycomores est un délice), respectueux, car ne cherchant jamais à jouer la « surenchère ». Nul besoin de monter le volume pour profiter pleinement de la bande-son mythique d’Angelo Badalamenti. Le caisson de basses intervient aux moments opportuns, sans en faire trop et les sous-titres français ne sont pas imposés. Que les puristes se rassurent, ils trouveront également la version originale dans sa version Stéréo, qui assure le confort phonique avec brio. Sur Twin Peaks, le doublage français emmené par les experts Patrick Poivey (Agent Dale Cooper) et Daniel Russo (Shérif Harry S. Truman) caresse notre fibre nostalgique, l’ensemble est propre, sans soucis majeur, suffisant.

Le mixage anglais 7.1 sur Fire Walk With Me propose des dialogues encore plus nets, le reste est du même acabit que pour la série. Seule différence, et non des moindres, en ce qui concerne la version française sur le film, l’option acoustique présentée est en Dolby Digital 5.1, une perte par rapport au DVD MK2 (DTS 5.1 !) et le Blu-ray MK2 (DTS-HD Master Audio 5.1). Elle reste acceptable, mais ne tient pas la comparaison avec la langue de Shakespeare.

Crédits images : © ABC © MK2 / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ninja III, réalisé par Sam Firstenberg

NINJA III (Ninja III : The Domination) réalisé par Sam Firstenberg, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Shô Kosugi, Lucinda Dickey, Jordan Bennett, David Chung, Dale Ishimoto, James Hong, Bob Craig, Pamela Ness, Roy Padilla

Scénario : James R. Silke

Photographie : Hanania Baer

Musique : Udi Harpaz, Misha Segal

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Une femme, employée des télécommunications de Phoenix et passionnée d’aérobic, vient en aide à un assassin ninja plutôt efficace. Malheureusement il meurt devant ses yeux en lui léguant son katana. Cette dernière arme se révèle possédée par un esprit séculaire conférant des pouvoirs d’assassins ninjas.

Nous avions laissé Shô Kosugi en haut d’un building de Salt Lake City à la fin d’Ultime Violence – Ninja II. Après avoir eu le temps d’emballer une petite série intitulée L’Homme au katana, le comédien est rappelé par les cousins Golan et Globus pour Ninja III – The Domination, troisième volet de la saga initiée en 1981 avec L’Implacable Ninja. Les yeux toujours plus gros que le ventre, les allumés de la Cannon sont bien décidés à surfer sur cette déferlante de ninjas dans le cinéma américain. Le réalisateur Sam Firstenberg est également de retour derrière la caméra, mais le scénariste James R. Silke souhaite emmener la franchise vers quelque chose de nouveau. C’est peu dire que l’histoire concoctée pour ce troisième opus part dans tous les sens, mais ce qui interpelle et inquiète surtout les producteurs, c’est que le rôle principal de Ninja III est confié à une jeune actrice, Lucinda Dickey, tête d’affiche d’une autre production de la Cannon, un film musical, Break Street 84.

Emballés par la performance physique de la comédienne, Golan et Globus l’engagent, mais restent perplexes quant au « réalisme » de montrer une jeune femme ninja. Comme si les histoires plausibles les avaient jusqu’alors dérangé…Il n’empêche que Lucinda Dickey, que l’on verra juste après dans le cultissime Breakin’ 2: Electric Boogaloo, y va à fond dans les scènes d’action et s’avère beaucoup plus convaincante quand elle donne des coups de tatane que dans les scènes dramatiques.

Ninja III est un sommet du nanar. La première séquence, au cours de laquelle un ninja s’en prend à quelques gardes du corps pour visiblement atteindre un homme d’affaires durant sa partie de golf est immense dans le genre. S’ensuit une course-poursuite entre le ninja et des flics, le ninja trouvant refuge sur une de leurs bagnoles avant de s’accrocher à un hélicoptère, puis de terminer à la flotte et de se faire flinguer par toute la horde de policiers lancés à ses trousses. Une exécution aussi efficace que celle de Murphy au début de RoboCop, sauf que malgré les bastos envoyées, le corps du ninja reste propre (évitons la censure que diable ! ), avant de disparaître à l’insu des tireurs. Quelques minutes plus tard, nous découvrons que le ninja, toujours pas mort malgré les dizaines de balles reçues en pleine poire, s’était en fait enterré en quelques secondes afin de tromper ses ennemis. Les flics se barrent. C’est alors que nous découvrons Christie, tranquillement en train de bosser sur un poteau téléphonique. En haut de son perchoir, elle aperçoit un individu en mauvais point. Elle descend et s’approche de lui pour lui venir en aide. Le ninja lui saute dessus, Christie parvient à se tirer d’affaire, puis revient vers son agresseur qui finalement ne semble pas si méchant que ça. Grâce à son katana magique, le ninja survit à sa propre mort en se réincarnant dans le corps de Christie, qui devient alors dotée, sans le savoir, de capacités surhumaines, faisant d’elle une tueuse invulnérable qui possède le pouvoir, la puissance et la maîtrise des arts martiaux des ninjas. Objet d’une vengeance absolue, Christie remplit la mission que lui assigne le diabolique guerrier, jonchant son parcours de cadavres, en suivant les « ordres » de l’esprit du défunt enfermé dans le katana. Désormais, seul un autre ninja pourrait la délivrer du démon qui la hante. Heureusement, Christie sera aidée par un flic gominé, en marcel et aux épaules velues, qui en pince pour elle et qu’il ne laissera pas filer, quitte à participer à un de ses cours d’aérobic en short fluo moulant.

Et encore ce n’est qu’un début ! Résumer Ninja III est aussi poilant que le flic improbable interprété par Jordan Bennett. Tous les genres y passent, même une séquence d’exorcisme durant laquelle Christie, possédée par l’âme du ninja, tournoie sur elle-même. Et Shô Kosugi dans tout ça ? Bah il apparaît de temps en temps, affublé d’un bandeau sur un œil – coucou Quentin Tarantino – et qui se prépare pour le combat final contre un mannequin en mousse. Le pire, c’est que Ninja III est pensé comme un film sérieux. Heureusement pour nous, car le film vieillit très bien comme ça. Cette fois, le film pioche dans les films d’horreur, fantastiques et d’arts martiaux, à la va comme je te pousse. Incroyable, mais vrai, Ninja III est bien foutu. Les scènes s’enchaînent sur un rythme soutenu, les scènes d’action sont certes risibles, mais généreuses et on se marre du début à la fin. Les décors et les costumes très ancrés dans leur époque raviront les amateurs du genre, comme de voir également une arcade de jeu vidéo dans l’appartement de l’héroïne, fringuée comme si elle débarquait de Flashdance. Ninja III reste un divertissement de haute volée, dont on ressort euphorique.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Ninja III, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également L’Implacable Ninja et Ultime Violence – Ninja 2, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

L’indéboulonnable Nico Prat, journaliste chez RockyRama, présent sur les trois titres du coffret Ninja de la Cannon, se lâche durant la présentation de Ninja III (7’). « Le film de trop, un film boursouflé, ridicule, rempli de mauvaises idées, qui mélange beaucoup trop de genres et d’éléments de l’époque », voilà comment Nico Prat introduit le film de Sam Firstenberg, mais avec le sourire bien entendu. Le journaliste se penche sur la production de Ninja III, évoque le casting, l’échec à sa sortie, puis aborde l’héritage du film de ninjas au cinéma en parlant bien évidemment de Godfrey Ho, spécialiste du cinéma 2 en 1, avant que le genre meurt de sa belle mort à cause de l’arrivée de JCVD et de son Bloodsport – Tous les coups sont permis, qui ouvrait la voie à un nouveau style de films de bastons.

Vous avez aimé les deux fausses bandes-annonces de Ninja Eliminator présentes sur les deux titres précédents ? Alors vous serez ravis d’apprendre que l’éditeur en présente ici deux pour le prix d’une ! Ninja Eliminator III : Le Gardien du médaillon (4’) et Ninja Eliminator IV : The French Connection (8’). La même bande d’allumés est de retour pour notre plus grand plaisir. C’est encore complètement dingue et porté par un véritable amour du nanar.

L’Image et le son

Au jeu des comparaisons, l’image de Ninja III est la plus belle de la trilogie disponible en Blu-ray. Comme L’Implacable Ninja et Ultime Violence – Ninja II, ESC soigne son master HD (1080p). Un lifting numérique a été effectué, avec un résultat plus que probant et flatteur pour les mirettes. Si le générique s’accompagne de fourmillements et d’un grain parfois hasardeux, cela s’arrange immédiatement après. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD indéniable. Les détails sont appréciables, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. Les quelques rares scories aperçues demeurent subliminales.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, dépourvues du moindre souffle. Les deux versions s’avèrent propres, naturelle pour la piste anglaise, dynamique et évidemment plus artificielle pour l’amusant doublage français. Les sous-titres français ne sont pas imposés, contrairement au changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Iris, réalisé par Jalil Lespert

IRIS réalisé par Jalil Lespert, disponible en DVD et Blu-ray le 21 mars 2017 chez Universal Pictures France

Acteurs : Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert, Camille Cottin, Adel Bencherif, Sophie Verbeeck

Scénario : Jalil Lespert, Jérémie Guez

Photographie : Pierre-Yves Bastard

Musique : Dustin O’Halloran, Adam Wiltzie

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Iris, la femme d’Antoine Doriot, un riche banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à son enlèvement. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer la vérité sur l’affaire qui se déroule sous leurs yeux.

Comédien rare à la présence souvent magnétique (Ressources humaines, Le Petit Lieutenant), Jalil Lespert est également un metteur en scène appliqué qui a su imposer dès son premier long métrage en tant que réalisateur, 24 mesures (2007), un vrai tempérament de cinéaste. Après Des vents contraires, adapté d’un roman d’Olivier Adam et son biopic Yves Saint Laurent (2014), qui a valu à Pierre Niney le César du meilleur acteur, Jalil Lespert revient derrière la caméra pour Iris, librement inspiré du film japonais KaosuChaos de Hideo Nakata, réalisé en 1999, mais sorti en France dix ans après en DVD ! Iris reprend exactement le même canevas. Un homme, ici un petit garagiste et ancien taulard, se retrouve complice d’un faux enlèvement, celui de la femme d’un riche banquier qu’elle met elle-même en scène. Elle se laisse cloîtrer dans sa maison tandis qu’il envoie la demande de rançon. Mais lorsqu’il rentre chez lui, il retrouve la femme morte, son cadavre allongé sur le sol.

Pour la première fois, Jalil Lespert joue dans un film qu’il réalise et s’octroie le rôle de l’homme d’affaires. Il confie les deux rôles principaux à Romain Duris et Charlotte Le Bon, eux-mêmes soutenus par Camille Cottin (la « Connasse » de Canal+) dans un contre-emploi étonnant, Adel Bencherif (vu dans Frontière(s) de Xavier Gens et Un prophète de Jacques Audiard). C’est dire si l’affiche était prometteuse, mais il faut bien se rendre à l’évidence, Iris est un sacré fiasco. Après un prologue pourtant excellent, inquiétant, excellemment réalisé et photographié par Pierre-Yves Bastard (JCVD, Le Vilain) qui montre un Paris particulièrement sombre, humide et glacial, Jalil Lespert se perd dans une démonstration technique complètement gratuite, un montage alambiqué qui dévoile le pot aux roses trop rapidement en croyant pourtant brouiller les pistes pour mieux perdre les spectateurs. Du coup, tout ce qui faisait le charme du film dans les premières minutes, s’estompe au profit d’un festival de grimaces de la part de Romain Duris (sourcils froncés et lèvres retroussées sur des canines pour montrer l’agacement de son rustre personnage), tandis que Charlotte Le Bon fait la moue en trémoussant son corps de rêve moulé dans du vinyle, dans une boite SM. Au moins, les yeux ont de quoi se rassasier. De son côté, Camille Cottin déclame des dialogues souvent vulgaires en tirant la tronche, Jalil Lespert prend l’air malheureux en se disant qu’il aurait mieux fait de se concentrer uniquement sur sa mise en scène.

Iris est un thriller de manipulation teinté d’érotisme à l’esthétique laquée et goudronneuse, mais qui s’avère en réalité une vraie mélasse. Les comédiens s’embourbent littéralement dans une intrigue limitée et prévisible, tandis que Jalil Lespert tente de bien faire les choses en s’inspirant parfois (trop) de Brian de Palma et d’Alfred Hitchcock, avec Body Double d’un côté et VertigoSueurs froides de l’autre, sans oublier un soupçon de Gone Girl de David Fincher. Mais malgré ces solides références, Iris ne décolle jamais et ennuie l’audience, encore plus si le spectateur est déjà un grand habitué des codes du genre avec ses trahisons et ses intrigues à tiroirs. Et quand on se dit au final que toute cette histoire arrive parce-qu’un type prend son pied quand on lui donne la fessée, cela n’arrange rien à l’affaire. Si tous les ingrédients étaient réunis pour que la sauce prenne, Iris ne parvient pas à convaincre.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Iris, disponible chez Universal Pictures France, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical et la jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Hum…pas grand-chose à se mettre sous la dent ! En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint deux mini-featurettes de 3 minutes, qui font office de making of. Quelques images de tournage et des propos de l’équipe donnent un aperçu des prises de vues et des intentions du réalisateur Jalil lespert. Ce dernier revient sur ses références et sur l’écriture du scénario.

L’Image et le son

Ce master HD d’Iris est en tous points sublimes et s’inscrit directement comme un Blu-ray de démonstration. Les premiers plans donnent le ton : les noirs sont d’une densité inégalée, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir aux quatre coins du cadre large, les teintes froides peuvent compter sur un encodage AVC de haute volée et les détails du cadre large s’impriment sur les rétines. Les contrastes sont pénétrants, la texture de la photo signée Pierre-Yves Bastard est constamment palpable et bénéficie d’un relief extraordinaire, sur les scènes en extérieur comme sur les intérieurs tamisés. N’oublions pas la colorimétrie, sombre, parfaitement restituée.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 est d’une qualité technique ébouriffante. Comme pour l’image, le spectateur est immédiatement happé dès la première séquence. D’emblée, les frontales, les latérales et le caisson de basses créent un environnement percutant, qui ne se relâche jamais. Rien n’est laissé au hasard dans ce mixage, les ambiances naturelles se déploient au point où l’on parvient à distinguer la rumeur des passants dans la rue. La musique ponctue constamment le visionnage, les voix demeurent saisissantes sur la centrale, tandis que la balance des enceintes avant n’en finit pas de rivaliser d’effets en tous genres. Avec une piste Stéréo de très haut niveau, l’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Thibault Grabherr / Universal Pictures France/ Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Tour de France, réalisé par Rachid Djaïdani

TOUR DE FRANCE réalisé par Rachid Djaïdani, disponible en DVD le 21 mars 2017 chez Studiocanal

Acteurs : Gérard Depardieu, Sadek, Louise Grinberg, Nicolas Marétheu, Mabô Kouyaté, Raounaki Chaudron

Scénario : Rachid Djaïdani

Photographie : Luc Pagès

Musique : Clément « Animalsons » Dumoulin

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Far’Hook est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à un règlement de comptes, il est obligé de quitter Paris pour quelques temps. Son producteur, Bilal, lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge faire le tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer entre ce rappeur plein de promesses et ce maçon du Nord de la France au cours d’un périple qui les mènera à Marseille pour un concert final, celui de la réconciliation.

En 2012, le comédien et ancien boxeur Rachid Djaïdani sort son premier long métrage, Rengaine. Il lui aura fallu neuf ans pour peaufiner, tourner, monter et réussir à faire distribuer ce film d’une durée de 77 minutes piochées dans 200 heures de rushes. Réalisé sans argent, sans producteur ni scénario et autorisations, avec des potes, quand les conditions le permettaient, en laissant une grande place à l’improvisation, ce petit film mis en scène avec le coeur et des tripes avait su d’emblée imposer un style brut de décoffrage. Tour de France est le deuxième film de Rachid Djaïdani.

A l’instar de Rengaine, Tour de France contient de très belles choses. Une sensibilité à fleur de peau, une rage, une envie de frapper, une liberté totale de création et d’expression se dégagent de ce second long métrage qui se focalise sur la rencontre entre deux personnages que tout oppose. Far’Hook, un jeune rappeur qui tient à conserver son anonymat, se retrouve pris au piège de l’escalade de la violence. Après une altercation, il doit quitter la capitale afin de se protéger avant un grand concert qu’il doit donner à Marseille. Bilal, son producteur, lui trouve une planque temporaire. Ce même Bilal, qui a pris ses distances avec son père, Serge, demande alors à Far’Hook de lui rendre service : il s’agit de convoyer le retraité à travers les routes de France, sur les traces du peintre Joseph Vernet. Mais entre Far’Hook, jeune artiste arrogant, et Serge, retraité désabusé, misanthrope et limite raciste, le courant ne passe pas vraiment. Heureusement, la route est longue et ces deux générations vont alors vraiment faire connaissance.

Sélectionné dans la cadre de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2016, Tour de France bénéficie d’un budget plus important et de la présence du monstre Depardieu en tête d’affiche. Le comédien est absolument parfait en bonhomme bourru, veuf, en froid avec son fils récemment converti à l’Islam. Par un concours de circonstances, Serge, ancien maçon désormais à la retraite, accepte d’héberger un ami de son fils, Far’Hook. Tout d’abord réticent et malgré son racisme latent, il va se prendre d’amitié pour ce jeune de 20 ans dans lequel il reconnaît son fils et grâce auquel il va pouvoir admettre ses propres erreurs et lutter contre ses préjugés. De son côté, Far’Hook va à la rencontre de la France, lui qui n’a jamais quitté Paris. Tour de France est un petit film fait avec un coeur immense. On retrouve tout ce qui faisait la réussite de Rengaine tandis que le réalisateur prend plus soin de sa mise en scène et de sa direction d’acteurs. A ce titre, le rappeur Sadek s’avère touchant, souvent bluffant et fait preuve d’un réel talent de comédien avec son charisme brut qui s’impose sans mal face à l’imposante présence physique de Depardieu, qui de son côté n’hésite pas à entonner un rap sur La Marseillaise.

Tour de France est un road-movie élégant et chaleureux, spontané, jamais mièvre ou simpliste. Un beau moment.

LE DVD

Le DVD de Tour de France, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est quant à lui fixe et muet.

Du point de vue des suppléments ? C’est simple, il n’y en a pas ! Même pas la bande-annonce !

L’Image et le son

Tour de France ne bénéficie pas de sortie en Blu-ray. Toutefois, ce DVD s’en sort bien, même si les couleurs s’avèrent parfois ternes. Rachid Djaïdani use parfois des images tirées de téléphone portable et d’autres sources indéterminées, ce qui entraîne inévitablement des baisses de la définition. La stabilité est de mise, les détails appréciables sur les gros plans. Notons également divers moirages.

Soyons honnêtes, le mixage Dolby Digital 5.1 ne sert pour ainsi dire à rien et concentre l’acoustique sur les enceintes avant, au détriment des ambiances naturelles. Les dialogues sont clairs, posés, la balance frontale dynamique, les basses ayant quant à elles quelques opportunités pour faire parler d’elles. Toutefois, privilégiez la Stéréo, beaucoup plus adaptée, souvent percutante et qui instaure un excellent confort. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Ultime Violence – Ninja 2, réalisé par Sam Firstenberg

ULTIME VIOLENCE – NINJA II (Revenge of the Ninja) réalisé par Sam Firstenberg, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Shô Kosugi, Keith Vitali, Virgil Frye, Arthur Roberts, Mario Gallo, Ashley Ferrare, Grave Oshita, Kane Kosugi

Scénario : James R. Silke

Photographie : David Gurfinkel

Musique : W. Michael Lewis, Laurin Rinder, Robert J. Walsh

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Après que leur famille ait été tuée au Japon par des Ninjas, Cho et son fils Kane, décident de partir aux Etats-Unis pour recommencer une nouvelle vie. Alors qu’il a ouvert une boutique de figurines, il découvre qu’il importe à son insu de l’héroïne, dissimulée à l’intérieur. Après avoir découvert la trahison de l’ami qui l’a impliqué malgré lui, il va devoir se préparer pour l’ultime bataille qui en découle…

Suite à l’immense succès de L’Implacable Ninja – qui a dit « L’Improbable » ? – avec Franco Nero aussi rassuré au nunchaku que Barracuda quand il prend l’avion, les joyeux lurons Menahem Golan et Yoram Globus n’allaient pas en rester là ! Conscients que les spectateurs semblent apprécier les histoires de ninja passées à la sauce américaine, les deux pontes de la Cannon font à nouveau appel à Shô Kosugi pour lui offrir cette fois le premier rôle d’Ultime Violence – Ninja 2, ainsi que la supervision des chorégraphies. Si Menahem Golan est lui-même débarqué de la mise en scène, Sam Firstenberg, qui venait de réaliser One more chance, un drame avec la jeune Kirstie Alley, se voit confier les rênes de ce second opus. Un budget plus confortable, si cela veut néanmoins dire quelque chose à la Cannon, plus de combats, plus de sang, plus de nawak, mais aussi plus de cadres et de contre-plongées réussis, Ultime Violence – Ninja 2 est une excellente suite, qui se permet même d’être supérieure au volet précédent.

Shô Kosugi est Osaki. Sa famille massacrée par les tueurs d’un clan ninja (première scène ahurissante de violence où hommes, femmes et enfants passent à la moulinette, ou plutôt au shuriken), il fuit le Japon, accompagné de son jeune fils. Installé aux États-Unis, il croit pouvoir démarrer une nouvelle vie. Rapidement, Osaki se rend à l’évidence qu’il est manipulé, utilisé à son insu dans un vaste trafic de drogue, dont on se fout d’ailleurs royalement (et les acteurs aussi visiblement) puisque l’essentiel est ailleurs. Trahi, menacé des pires représailles par un parrain sans scrupules et ses sbires (véritable concours de tronches invraisemblables), il ressort d’une cache secrète l’équipement complet du ninja qu’il a été et qu’il n’a jamais cessé d’être, prêt à se battre contre ses anciens frères d’armes. La vengeance du Ninja, sera terrible(ment drôle). Et c’est parti pour 1h30 de combats bruités à la bouche durant lesquels Shô Kosugi, charisme éteint mais content d’être là, affronte des mafieux sans foi ni loi menés par un petit bonhomme rigolo, tandis qu’il se voit draguer par une blonde chaude comme la b(r)aise qui passe tout le film à moitié nue.

Au début du film et comme bien souvent chez la Cannon, tout est fait pour faire croire aux spectateurs qu’ils sont face un film d’action solide et burné. Sam Firstenberg met le paquet dans le prologue sanglant et met en place l’histoire rapidement pour emmener son personnage principal le plus vite possible aux Etats-Unis où l’audience pourra ainsi mieux d’identifier. Mais à mesure que le métrage avance, Ultime Violence – Ninja 2 ne peut plus cacher les limites d’un scénario lambda et du manque évident de moyens. Le film se nanardise pour notre plus grand plaisir.

Shô Kosugi se retrouve face à des caïds de bacs à sable, escalade un mur en mousse, lance ses jouets en aluminium, puis saute par-dessus un mur en faisant des pirouettes, s’accroche à l’arrière d’un van lancé sur la route et s’égratigne les genoux tout en faisant brûler son pantalon. Ajoutez à cela un petit bonhomme qui se bastonne avec quelques gamins qui voulaient lui piquer son goûter, une grand-mère bad-ass à qui l’on crêpe le chignon, une scène de torture dans un jacuzzi, avant d’admirer (ou de subir c’est selon) l’affrontement final de dix minutes dans des décors d’une pauvreté jubilatoire : un terrain de tennis et le toit d’un building dans la ville sèche de Salt Lake City.

90 minutes vraiment géniales et drôles, durant lesquelles on ne s’ennuie pas. Le film sera une fois de plus un succès commercial pour Golan/Globus. Par la suite, Sam Firstenberg récidivera dans le genre baston puisqu’il signera Ninja III (bientôt sur Homepopcorn.fr), American Warrior I et sa suite, Le Ninja blanc, La Loi du Samouraï et d’autres films que les amateurs de nanars connaissent comme Cyborg Cop I et sa suite. Dans ce cas, le mot « séquelle » est bien approprié.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’ Ultime Violence – Ninja 2, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également L’Implacable Ninja et Ninja III, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

A l’instar des deux autres titres présents dans ce coffret, nous retrouvons Nico Prat, journaliste chez RockyRama, qui nous propose un portrait du réalisateur Sam Firstenberg croisé avec la présentation du film qui nous intéresse (9’). Vous en saurez assez pour briller lors d’un dîner, où les convives seront estomaqués de vos connaissances en ninjitsu et accessoirement en nanars.

S’ensuit un court-métrage parodique intitulé Ninja Eliminator II : La Quête du cristal magique (6’), en réalité une fausse bande-annonce jubilatoire concoctée par des fans du genre, dont nous avions déjà apprécié l’imagination sur le premier disque du coffret.

L’Image et le son

Le master HD d’Ultime violence – Ninja 2 s’en tire encore mieux que celui de L’Implacable Ninja ! Malgré un léger manque de concision sur certains plans, la copie dépasse toutes les espérances. Les contrastes sont denses et même assez beaux, les couleurs retrouvent une vraie vivacité, sans oublier les lumineuses séquences en extérieur. La propreté est évidente, les détails étonnamment précis, tandis que le grain demeure heureusement conservé. Un petit relief se fait même ressentir !

Sachant que les spectateurs français ont avant tout découvert ce film dans la langue de Molière, ESC livre un mixage français propre et respectueux de l’écoute originale avec bien sûr le doublage d’époque. Au jeu des comparaisons, la version originale s’en sort mieux avec des effets plus naturels et une dynamique plus marquée. Les deux pistes sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, qui ne peuvent évidemment pas rivaliser avec les standards actuels, mais l’éditeur permet de revoir ce « classique » dans de bonnes conditions techniques, mention spéciale aux bruitages lors des bastons. Le changement de langue est verrouillé à la volée, mais étrangement les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Le Petit locataire, réalisé par Nadège Loiseau

LE PETIT LOCATAIRE réalisé par Nadège Loiseau, disponible en DVD et Blu-ray le 21 mars 2017 chez Diaphana

Acteurs : Karin Viard, Philippe Rebbot, Hélène Vincent, Manon Kneusé, Antoine Bertrand, Stella Fenouillet

Scénario : Nadège Loiseau, Fanny Burdino, Mazarine Pingeot, Julien Guetta

Photographie : Julien Roux

Musique : Guillaume Loiseau

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Le test de grossesse est formel : Nicole, 49 ans, est enceinte. Sa fille, qui a eu un enfant jeune, n’en revient pas. Sa mère, bien que charmante, n’est pas forcément d’un très grand soutien. Dépitée, Nicole finit par accepter la situation. Sauf qu’elle n’est pas vraiment aidée par Jean-Pierre, son mari qui cherche mollement du travail depuis deux ans. Il faut que cela change pour que le nouveau-né soit accueilli dans de bonnes conditions. Nicole voit l’arrivée du bébé comme un signe, celui d’un nouveau départ pour toute la famille…

Voilà un premier long métrage très prometteur ! En 2013, la réalisatrice Nadège Loiseau met en scène Le Locataire, court-métrage avec Fabienne Babe et Alice David, qui raconte l’histoire d’une femme, mariée et mère de famille, qui tombe enceinte à l’âge de 54 ans. Le Petit locataire est l’adaptation en « grand format » de ce court-métrage. Ce projet s’inspire de la propre grossesse de Nadège Loiseau, qui explique « J’avais du mal à concevoir mon état de femme enceinte. J’ai établi le contact avec mon bébé en l’appelant mon locataire parce que je sentais bien, passé les premiers mois, qu’il y avait une vie déjà très autonome à l’intérieur de moi, qui ne respectait pas mes horaires, qui gigotait n’importe quand, qui essayait de pousser les murs… Bref, je me suis sentie habitée dans le sens premier du terme. Et je me suis dit que je n’étais forcément pas la seule à avoir ressenti ça ». Au-delà du thème de la maternité, Nadège Loiseau signe surtout un portrait de famille formidablement interprété.

Karin Viard est parfaite dans le rôle de Nicole, mariée depuis toujours à Jean-Pierre (le toujours génial Philippe Rebbot), mère de Vincent (Raphaël Ferret), cuistot engagé dans la marine et d’Arielle, incarnée par Manon Kneusé, grande révélation du film et qu’on a hâte de revoir sur le grand écran. Nicole travaille dans un péage d’autoroute, tandis que Jean-Pierre, ancien espoir gymnaste, est au chômage depuis deux ans et passe son temps à entraîner la jeune équipe sportive de sa ville. Alors que Vincent travaille dans un sous-marin, Arielle, 27 ans et éternelle adolescente vit encore chez ses parents et survit financièrement grâce à un petit boulot dans une usine. Tout irait (presque) pour le mieux, si ce n’est qu’Arielle est aussi mère d’une petite fille de six ans, Zoé (Stella Fenouillet), dont Jean-Pierre et Nicole doivent toujours s’occuper quand Arielle sort avec ses copines. Ajoutez à cela la présence de la mère de Nicole, Maimillette (formidable Hélène Vincent, vieillie pour le film), dont les absences s’accentuent, mais qui refait surface de temps en temps avec des propos bien sentis sur chacun et la situation dans laquelle ils se trouvent. La grossesse inattendue de Nicole, pilier de cette famille, va être l’occasion pour chacun de faire le point sur sa propre vie alors que ces quatre générations semblent être sur le point d’imploser.

Le Petit locataire est un premier long métrage généreux, drôle, dynamique, qui se penche avec délicatesse et une vraie sensibilité sur les thèmes de la transmission et de la maternité. Comment l’individu peut-il s’imposer dans un groupe et plus particulièrement dans une famille ? Qu’est-ce que devenir parent ? Nadège Loiseau réussit son pari de faire réfléchir tout en livrant une comédie sociale très divertissante, bien réalisée, chaleureuse, parfois émouvante et toujours pleine de charme avec des couleurs acidulées et une musique électro également très réussie composée par Guillaume Loiseau qui reste longtemps en tête. Pour son scénario, la réalisatrice a fait appel à Fanny Burdino et Mazarine Pingeot, qui avaient également signé celui de l’excellent dernier film de Joachim Lafosse, L’Economie du couple, dont nous retrouvons ici la qualité d’écriture. Ajoutez à cela le soutien de personnages secondaires bien campés par le québécois Antoine Bertrand (vu dans Starbuck) et Côme Levin (Radiostars, Patients), des répliques bien senties et sans aucune méchanceté, un petit clin d’oeil à la recette du Cake d’amour de Peau d’âne et un univers qui fait parfois penser à La Smala, classique de Jean-Loup Hubert et vous obtenez une très agréable surprise qui méritait bien plus que ses 193.000 entrées au cinéma. La famille Payan mérite largement de trouver son public grâce aux prochaines diffusions du film à la télévision et à sa sortie dans les bacs.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Petit locataire, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur l’excellente composition de Guillaume Loiseau.

L’entretien avec la charmante réalisatrice Nadège Loiseau (14), a été réalisé à Paris en janvier 2017. Cette interview permet d’en savoir un peu plus sur la genèse du Petit locataire, les éléments personnels qui ont nourri le scénario, les thèmes abordés, le casting, le choix des couleurs et les petites références à Jacques Demy.

Ne manquez pas le petit quart d’heure de scènes coupées au montage, qui s’avèrent très réussies et qui permettent entre autres d’en savoir un peu plus sur le personnage de Vincent (Raphaël Ferret).

Nous en parlons dans la critique du film, Le Petit locataire est en réalité la version étendue du court-métrage du Locataire, court-métrage réalisé par Nadège Loiseau en 2013, avec Fabienne Babe, Alice David et Stéphan Wojtowicz. La plupart des scènes de ce film très réussi et excellemment interprété, ont été entièrement reproduites pour le long-métrage.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits.

L’Image et le son

Ce transfert HD (1080p, AVC) s’avère soigné. Les partis pris de la photo signée Julien Roux (Tristesse club, Five) sont très bien retranscrits avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes (les teintes bleue, jaune, rose foisonnent), les contrastes sont au beau fixe et le piqué agréable. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails omniprésents sur le cadre large, les séquences en extérieur sont magnifiques et étincelantes.

La musique est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les dialogues s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique, avec parfois un petit soutien du caisson de basses. La version Stéréo est également à l’avenant avec une minutieuse homogénéité des voix, de la composition et des bruitages annexes. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Les films du Worso / SRAB Films/ Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Folle Histoire de Max et Léon, réalisé par Jonathan Barré

LA FOLLE HISTOIRE DE MAX ET LEON réalisé par Jonathan Barré, disponible en DVD et Blu-ray le 7 mars 2017 chez Studiocanal

Acteurs : David Marsais, Grégoire Ludig, Alice Vial, Saskia de Melo Dillais, Dominique Pinon, Bernard Farcy, Kyan Khojandi

Scénario : David Marsais, Grégoire Ludig, Jonathan Barré

Photographie : Sascha Wernik

Musique : Charles Ludig

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Septembre 1939, la guerre vient d’être déclarée. Max et Léon, deux amis inséparables qui ne font pas grand-chose de leur vie à part la fête, veulent à tout prix fuir le conflit. Malgré leurs efforts, ils ne parviennent pas à se faire réformer. Ils sont incorporés dans l’armée de terre dont ils essaient de s’échapper à maintes reprises. Mais ils échouent à chaque fois à cause de leur maladresse. Ils sont envoyés en Syrie pour une mission. Contre toute attente, ils la mènent à bien. Ils reviennent en France où ils sont chargés de mener des opérations d’espionnage et de passer les lignes allemandes…

Ils n’ont cessé de gravir les échelons ! Connus sous le nom du Palmashow, le duo d’humoristes composé de Grégoire Ludig et de David Marsais ont vu leurs fans se multiplier depuis leurs débuts fin 2010 sur Direct 8 dans La Folle Histoire du Palmashow, puis grâce à l’émission Very Bad Blagues, suivie du programme intitulé Palmashow l’émission (sur la chaîne devenue D8), avant de se voir confier leur premier prime en 2014 avec La Folle Soirée du Palmashow, qui sera renouvelée les deux années suivantes. Nouveaux maîtres de l’humour et de la parodie, leurs vidéos comptant des millions de vues sur YouTube et Dailymotion, Grégoire Ludig et David Marsais sont devenus les dignes successeurs des Inconnus et des Nuls et écrasent la concurrence avec leurs sketchs dévastateurs et leur sens de la caricature. Ce succès jamais démenti depuis leurs débuts devait les conduire tout naturellement au cinéma.

Après des apparitions dans Les Gazelles de Mona Achache, Les Francis de Fabrice Begotti et Babysitting de Philippe Lacheau, le Palmashow s’est donc lancé dans leur propre film, avec la collaboration de Jonathan Barré, l’homme de l’ombre, complice de tous leurs sketchs et troisième membre du Palmashow. La Folle histoire de Max et Léon est une synthèse de ce qui a fait leur renommée, mais aussi un véritable hommage à leurs sources d’inspiration et ce qui leur a donné envie de faire ce métier. Il n’est donc pas étonnant de trouver des références aux films de Claude Zidi, Gérard Oury, Robert Lamoureux, Jean Girault, Pierre Richard, Francis Veber, Jean-Marie Poiré, sans oublier les ZAZ mais aussi La Cité de la peur, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Les Trois frères, Dumb & Dumber, Indiana Jones et la Dernière Croisade, tout ce qui a pu bercer l’enfance de gamins nés dans les années 1980, qui a forgé leur humour, grâce aux multiples rediffusions à la télévision de La 7ème compagnie, Papy fait de la Résistance, Les Bidasses s’en vont en guerre. La Folle histoire de Max et Léon est drôle, souvent même, mais le film est également très bien mis en scène, le rythme soutenu, la photo soignée et les seconds rôles ne sont pas uniquement là pour mettre en valeur le duo vedette. Aux côtés de Grégoire Ludig et de David Marsais, Bernard Farcy, Dominique Pinon, la délicieuse Alice Vial, Julien Pestel, Nicolas Marié, Nicolas Maury, sans compter les caméos de Christophe Lambert (également producteur exécutif), Bruno Wolkowitch, Kyan Khojandi, Jonathan Cohen, Kad Merad, Florence Foresti, Baptiste Lecaplain, Philippe Duquesne, Simon Astier, Alban Lenoir et bien d’autres encore composent cette Grande Vadrouille version 2016.

Les humoristes n’ont pas peur de la blague molle puisqu’un gag percutant suivra très vite derrière. Généreux, débordant d’idées, trop diront certains, le film enchaîne les blagues, les calembours, les parodies avec une envie de faire plaisir aux spectateurs, sans jamais tomber dans la facilité. A ce titre, la reconstitution fait son petit effet avec des décors et des costumes très réussis, un montage fluide, un cadre large léché, ce qui permet de mieux s’attacher et de suivre le parcours de ces deux troufions qui vont tout faire pour éviter d’être enrôlés lorsque la guerre est déclarée. S’ensuit un festival de déguisements, de poursuites, de répliques ciselées et potaches, un numéro de comédie-musicale, d’explosions et de fusillades. Ou l’importance de rire de tout, surtout que le film se permet d’être encore plus drôle à mesure que l’histoire avance tout en égratignant ce qui fait de nous des « français ».

Le Palmashow assume donc totalement leur culte aux comédies « franchouillardes », ils ont bien raison et on les félicite pour cela, d’autant plus que La Folle histoire de Max et Léon est une belle réussite, qui ravira leurs fans mais pas que, et on espère qu’ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Vu le succès du film au cinéma, qui a attiré plus de 1,2 million de spectateurs, le contraire serait étonnant.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Folle histoire de Max et Léon repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette reprend le superbe visuel de l’affiche du film. Même chose pour la sérigraphie du disque. Petit cadeau glissé dans le boîtier, une carte-postale vintage. Le menu principal est animé et musical.

On ouvre les hostilités avec un commentaire audio très sympa et délirant de David Marsais et Grégoire Ludig, accompagnés du réalisateur Jonathan Barré. Sans aucun temps mort, passant du coq à l’âne pour notre plus grand plaisir, les trois compères donnent suffisamment d’informations sur le film et son tournage, ainsi que leurs impressions sur leur premier film. Ils révèlent également les apparitions de membres de leurs familles ou de leurs potes, tout en parlant des films qui les ont inspirés.

En plus d’un bêtisier contagieux (5’) et d’un petit module avant/après l’ajout des effets numériques (2’), le making of (35’) s’avère très complet. Les interviews de l’équipe sont croisées avec des images volées sur le plateau, on y voit le duo vedette découvrir la magie du cinéma comme des gamins, visiblement très heureux de voir un rêve se concrétiser. Les décors (on y aperçoit un avis de recherche de Gaspard et Balthazar placardé sur un mur, clin d’oeil aux fans), les costumes, la musique, la photo, les conditions de tournage, les maquillages, le dressage d’une mouette, tout est abordé à travers des instantanés capturés sur le moment. C’est efficace et ça remplit aisément son contrat.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes sombres sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Sascha Wernik (Je vais bien, ne t’en fais pas) trouve en Blu-ray un écrin idéal pour revoir l’une des meilleures comédies de 2016.

La Folle histoire de Max et Léon ne repose pas seulement sur les dialogues et à ce titre, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales ont fort à faire avec la musique très présente et fracassante de Charles Ludig. Une spatialisation superbe et immersive avec un caisson de basses qui distille ses effets avec une belle efficacité et des ambiances solides sur les frontales, à l’instar de la séquence finale dans la Kommandantur. Une version Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Studiocanal/ Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Les Portes de la nuit, réalisé par Marcel Carné

LES PORTES DE LA NUIT réalisé par Marcel Carné, disponible en combo Blu-ray-DVD le 29 mars 2017 chez Pathé

Acteurs : Pierre Brasseur, Serge Reggiani, Yves Montand, Nathalie Nattier, Saturnin Fabre, Raymond Bussières, Jean Vilar, Sylvia Bataille

Scénario : Jacques Prévert

Photographie : Philippe Agostini

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

A Paris, dans le quartier de Barbès-Rochechouart, au cours de l’hiver 1945, Diego, un ancien résistant, retrouve fortuitement Raymond Lécuyer, un de ses camarades de combat, qu’il croyait mort après une dénonciation. Alors qu’ils fêtent leurs retrouvailles autour d’une table, un clochard, surnommé «le Destin», prédit à Diego qu’il va rencontrer la plus belle femme du monde. La prédiction se réalise lorsque, sur un chantier de démolition qui appartient à son père, la belle Malou, en manteau de fourrure, croise le regard de Diego. Un amour passionné les lie bientôt. Mais Diego reconnaît en Guy, le frère de Malou, l’homme qui a dénoncé Raymond…

« Paris, février 1945, vers la fin d’une journée d’hiver, le dur et triste hiver qui suivit le merveilleux été de la libération de Paris.La guerre n’est pas encore finie, mais au nord de la ville, la vie coutumière reprend son cours avec ses joies simples, ses grosses difficultés, ses grandes misères, et ses terribles secrets… »

Longtemps considéré comme LE film maudit de Marcel Carné, Les Portes de la nuit n’est peut-être pas un chef d’oeuvre, mais n’en demeure pas moins une immense réussite. Cette dernière collaboration Carné – Prévert, d’après l’argument de son ballet Le Rendez-vous, se déroule durant une nuit de février 1945 à Paris, Jean Diego (Yves Montand) se rend chez la femme de son copain, Raymond Lécuyer (Raymond Bussières), pour lui annoncer la mort de son mari devant le peloton d’exécution des occupants nazis. Or, Raymond est bel et bien vivant. Un clochard, qui se présente comme étant le Destin (Jean Vilar), fil rouge de l’histoire, annonce à Jean qu’il va rencontrer, dans les heures à venir, « la plus belle fille au monde ».

« Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une mort heureuse... »

Malgré une ambiance sinistre et froide, qui reflète l’état d’un pays après des années de conflit, Les Portes de la nuit montre des personnages qui ont su rester optimistes, sauvés grâce à l’amour. Ce film choral avant l’heure, se focalise non pas sur un couple en particulier, mais sur un groupe de personnages qui se croisent et s’entrecroisent autour du destin personnifié, qui rôde autour d’eux, qui les met en garde, qui les encourage, qui les observe. Les Portes de la nuit, c’est aussi le portrait d’un quartier de Paris, le XIXe arrondissement. Le film s’ouvre sur un incroyable travelling montrant le métro aérien de la ligne 2 et la Place Stalingrad, la Rotonde et le Bassin de la Villette jusqu’à l’amorce de l’avenue Jean Jaurès. Les décors exceptionnels d’Alexandre Trauner prennent le relais puisque la station Barbès-Rochechouart a été intégralement reconstituée en studio, quasiment à l’échelle.

Alors que le film avait été pensé pour Jean Gabin et sa compagne Marlene Dietrich, Carné a vu ses deux comédiens se désister juste avant les prises de vue. Pris de panique, le cinéaste a jeté son dévolu sur Yves Montand, âgé de 25 ans, dont la carrière de chanteur venait de décoller. Il fait ici ses débuts, peu convaincants certes, au cinéma. Même chose pour sa partenaire Nathalie Nattier, dont la carrière restera cependant confidentielle. Face à ces jeunes premiers, Carné s’entoure de merveilleux acteurs « secondaires », qui font la grande réussite du film, Raymond Bussières et Jean Vilar donc, mais aussi Pierre Brasseur, Serge Reggiani, Saturnin Fabre, l’indispensable Julien Carette. Ces protagonistes reflètent le Paris d’époque, le français victime de l’Occupation, certains ayant trouvé la combine de mieux subsister que d’autres en mettant toute morale de côté. C’est le cas de monsieur Sénéchal, dont les affaires n’ont cessé de fleurir même en temps de guerre. Son fils, petite frappe sans envergure (Reggiani) a su prendre le train en marche pour essayer de s’imposer dans le quartier, jusqu’au jour où sa route croise celle du Destin.

Beau, tragique, forcément poétique, porté par l’envoûtante et mélancolique musique de Joseph Kosma et de la ritournelle des Feuilles mortes composée spécialement pour ce film, ce huitième long métrage de Marcel Carné ne peut laisser indifférent, même si le rythme paraît aujourd’hui poussif. Froidement accueilli par la critique – à tel point que Prévert songe à quitter le monde du cinéma – et malgré un public mitigé, Les Portes de la nuit, qui évoquent également celles de la Libération qui commençaient à s’entrouvrir, n’est pourtant pas un échec commercial, même si considéré comme tel.

Après avoir été démoli une nouvelle fois par Truffaut et sa clique, il faudra attendre les années 1970 pour que ce film maudit et tombé dans un relatif oubli, y compris au cours des rétrospectives consacrées à Marcel Carné, soit enfin reconsidéré.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray des Portes de la nuit a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé et musical.

Comme petit-four, l’éditeur et Jérôme Wybon nous proposent un petit entretien avec le réalisateur Jean-Pierre Jeunet (5’). Grand admirateur de Marcel Carné, il indique que Les Portes de la nuit arrive probablement en troisième position derrière Quai des brumes et Le Jour se lève, dans son top Carné personnel. Entouré d’objets de collection liés au cinéma de Marcel Carné, Jean-Pierre Jeunet indique ensuite comment ces films ont influencé les siens, notamment Delicatessen.

Après cette déclaration d’amour de Jeunet pour Carné, ne manquez pas le documentaire rétrospectif réalisé une fois de plus par Jérôme Wybon, intitulé Le Destin des Portes de la nuit (31’). Ce module croise les propos de Philippe Morisson (créateur du site Marcel Carné) et N.T. Binh (critique et enseignant du cinéma). Tout d’abord, les deux intervenants replacent Les Portes de la nuit dans l’oeuvre de Marcel Carné, la genèse du film, les personnages, mais aussi et surtout sur le casting puisque l’oeuvre devait être portée par Jean Gabin et Marlene Dietrich. Suite au désistement de la comédienne juste avant le tournage, l’acteur français, également compagnon de Dietrich, quitte également le projet. Carné doit alors trouver très rapidement deux remplaçants et jette son dévolu sur Yves Montand et Nathalie Nattier. Deux choix contestés à l’époque, également par les deux intervenants, même s’ils finissent par modérer leurs propos. Jérôme Wybon nous propose également quelques images d’archives rares, montrant les essais de Jean Vilar (pour le rôle finalement tenu par Saturnin Fabre), à qui Jean Gabin (de dos) en personne donne la réplique en tenant le rôle qui sera offert à Serge Reggiani (voir la capture suivante).

Nous voyons également le test passé par Yves Montand, ainsi que la construction de l’incroyable décor d’Alexandre Trauner qui reconstituait alors la station Barbès-Rochechouart en grandeur réelle. De nombreuses anecdotes de tournage sont dévoilées, la sortie du film est abordée (le film est froidement accueilli par la critique et les spectateurs) ainsi que sa reconnaissance tardive dans les années 1970.

L’Image et le son

Dans la continuité du plan de restauration de son catalogue, Pathé propose de (re)découvrir des classiques du cinéma français dans de très belles éditions DVD et Blu-ray restaurées. Les Portes de la nuit est enfin disponible dans les bacs, dans une nouvelle version numérisée et restaurée en 4K à partir du négatif original sous la supervision de Pathé et grâce aux bons soins du laboratoire L’Immagine Ritrovata. Avec son format respecté 1.37 et une compression AVC, ce Blu-ray au format 1080p permet enfin de (re)voir Les Portes de la nuit dans une superbe copie. La restauration est étincelante, les contrastes d’une densité impressionnante, la copie est stable, les gris riches, les blancs lumineux, la profondeur de champ évidente et le grain original heureusement préservé. Les séquences sombres sont tout aussi soignées que les rares scènes diurnes (l’ouverture du film), le piqué est parfois joliment acéré pour un film des années 1940 et les détails étonnent parfois par leur précision, surtout sur les gros plans. Toutefois, quelques légers flous sporadiques font parfois une apparition remarquée et quelques séquences paraissent plus douces.

Comme pour les autres titres prestigieux de son catalogue, Pathé est aux petits soins avec le film de Marcel Carné puisque la piste mono bénéficie d’un encodage en DTS HD-Master Audio. Si quelques saturations demeurent inévitables surtout sur les quelques dialogues aigus et la musique qui se fait plus chuintante, l’écoute se révèle fluide. Aucun craquement ou souffle intempestifs ne viennent perturber l’oreille des spectateurs et les échanges sont clairs à l’exception d’une séquence, celle où monsieur Sénéchal parle avec sa fille Malou. Les sous-titres destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
 

Test Blu-ray / L’Implacable Ninja, réalisé par Menahem Golan

L’IMPLACABLE NINJA (Enter the Ninja) réalisé par Menahem Golan, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Franco Nero, Susan George, Shô Kosugi, Christopher George, Alex Courtney, Will Hare, Zachi Noy, Constantine Gregory

Scénario : Dick Desmond, d’après une idée de Mike Stone

Photographie : David Gurfinkel

Musique : W. Michael Lewis, Laurin Rinder

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Après avoir terminé sa formation de ninja au Japon, Cole, un soldat vétéran de l’Angola rend visite à son ancien frère d’armes Frank Landers et fait connaissance avec l’épouse de celui-ci, Mary Ann Landers. Les Landers possèdent une ferme aux Philippines, et sont fréquemment harcelés par un homme d’affaires du nom de Charles Venarius, qui souhaite acquérir leur propriété. À leur insu, les terres des Landers cachent d’importantes nappes de pétrole. Cole, grâce à ses talents de ninja, n’a guère de difficulté à repousser les attaques répétées des sbires de Venarius. Mais ce dernier finit par faire appel à Hasegawa, un autre ninja, rival de Cole.

Vous l’aurez deviné, il s’agit bien sûr du résumé de L’Implacable Ninja aka Enter the Ninja en version originale, titre qui surfe allègrement sur Enter The Dragon, plus connu dans nos contrées sous le titre d’Opération Dragon. Suite au triomphe international de ce film, sorti après la mort prématurée de Bruce Lee, certains producteurs espèrent surfer sur le nouvel engouement des spectateurs pour les films d’arts martiaux. Et quoi de plus exotique que le ninjutsu ? Il n’en fallait pas plus pour les immenses (oui) producteurs et réalisateurs de la Cannon, les israéliens Menahem Golan (1929-2014) et son cousin Yoram Globus (né en 1941), les « George Foreman et les Mohamed Ali du cinéma indépendant », qui ont voulu prendre d’assaut le cinéma américain et rivaliser avec les plus gros studios installés depuis des décennies. La Cannon c’est cette véritable machine de guerre du cinéma, mythique firme spécialisée dans la production et la distribution de films à petit et moyen budget (avec de la castagne, des ninjas américains, des nanas topless, des effets spéciaux minables), soit 120 films (involontairement drôles la plupart du temps) en dix ans, de 1979 à 1989.

Réalisé en 1980 par Mehanem Golan lui-même (on lui doit aussi Delta Force et Over the top – Le Bras de fer), L’Implacable Ninja est un des titres phares de cette entreprise unique menée par deux mégalomanes, égocentriques et visionnaires, ayant changé à jamais l’histoire du cinéma bis, mais qui ont aussi produit John Cassavetes, Jean-Luc Godard, Franco Zeffirelli, Andreï Kontchalovski et Barbet Schroeder ! Franco Nero, oui le cultissime Django, est ici un vétéran des Forces Spéciales de l’armée américaine, qui pendant ses vacances a décidé de devenir un ninja, même s’il est visible que le comédien est incapable de lever le pied plus haut que le sol, qu’il arbore une belle moustache et qu’il manie le nunchaku au ralenti pour ne pas entortiller l’arme dans les poils du torse. Après le sublime prologue filmé dans un jardin peu entretenu, durant lequel Franco Nero (en blanc), ou sa doublure plutôt, met à terre une armée de ninjas (rouges et noirs), il devient lui-même « espion japonais ». L’Implacable Ninja devient ensuite un film de bastons très marrant, durant lequel Franco Nero, qui ne se force pas à cacher qu’il ne croit pas du tout à ce qu’il fait et à ce qui se déroule autour de lui, continue son chemin en initiant un geste en gros plan, immédiatement suivi d’un plan large – qu’importe le raccord – où son personnage (incarné par Mike Stone sur ces scènes) lève le pied au-dessus de la tête en maniant le katana comme un expert. Puis gros plan sur Franco Nero qui range l’arme en prenant l’air essoufflé.

L’Implacable Ninja est un sommet de nawak, un cocktail de parodie involontaire de films d’arts martiaux et de bagarres du style Terence Hill-Bud Spencer. Le rythme est soutenu, Franco Nero a juste à marcher pour emporter l’adhésion, même si on ne croit pas du tout à son personnage. C’est d’ailleurs ce qui fait la grande réussite du film, avec la participation de Susan George (Les Chiens de paille, Larry le dingue, Mary la garce, Venin), qui cette fois encore n’a pas coûté cher en soutien-gorge. Ajoutez à cela une musique au synthé bien kitsch, des combats où les coups de pieds assomment l’adversaire à trente centimètres de la cible, des méchants de pacotille (dont un petit gars affublé d’un crochet de portemanteau en guise de main), des décors pauvres, des dialogues tordants (immense version française), des costumes ridicules (des pyjamas quoi) et vous obtenez une référence du nanar qui reste un formidable divertissement jusqu’au combat final entre Nero – Stone face à Shô Kosugi. Rapidement devenu un film culte, un deuxième volet est rapidement mis en chantier, Ultime Violence – Ninja 2, avec cette fois-ci Shô Kosugi dans le rôle principal. Nous vous en parlons très bientôt.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Implacable Ninja, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également Ultime Violence – Ninja 2 et Ninja III, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

L’éditeur ne vient pas les mains vides, et propose tout d’abord la présentation rapide de la trilogie Ninja de la Cannon, par Nico Prat, journaliste chez RockyRama. Un amuse-gueule d’une minute.

La vraie présentation de L’Implacable Ninja est ensuite disponible (10’). Le même journaliste est de retour et revient sur la genèse de ce film culte en évoquant bien évidemment ce qui a conduit la Cannon a mettre ce projet en route au début des années 1980. Le casting, les conditions de tournage, les armes utilisées, les bruitages, tout y est abordé avec un second degré bien senti.

S’ensuit un court-métrage parodique intitulé Ninja Eliminator (4’), en réalité une fausse bande-annonce jubilatoire concoctée par des fans du genre. 

L’Image et le son

L’éditeur soigne le master HD (1080p) de L’Implacable Ninja. Un lifting numérique a visiblement été effectué, avec un résultat probant, même si des points et des tâches restent constatables, surtout durant la première bobine et le générique. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD non négligeable. Les détails sont appréciables, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. L’ensemble est propre, stable en dehors de très légers fourmillements, le reste des scories demeure subliminale, et le grain est respecté.

Sachant que les spectateurs français ont avant tout découvert ce film dans la langue de Molière, ESC livre un mixage français propre et respectueux de l’écoute originale avec bien sûr le doublage d’époque et les immenses voix de Benoît Allemane, Béatrice Delfe, Jean Topart et Francis Lax. Au jeu des comparaisons, la version originale s’en sort mieux avec des effets plus naturels et une dynamique plus marquée. Les deux pistes sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, qui ne peuvent évidemment pas rivaliser avec les standards actuels, mais l’éditeur permet de revoir ce « classique » dans de bonnes conditions techniques, mention spéciale aux bruitages lors des bastons. Le changement de langue est verrouillé à la volée, mais étrangement les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / L’Homme de nulle part, réalisé par Delmer Daves

L’HOMME DE NULLE PART (Jubal) réalisé par Delmer Daves, disponible en DVD et Blu-ray le 23 mars 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Glenn Ford, Ernest Borgnine, Rod Steiger, Valerie French, Felicia Farr, Basil Ruysdael, Charles Bronson, Jack Elam

Scénario : Russell S. Hughes, Delmer Daves

Photographie : Charles Lawton Jr.

Musique : David Raskin

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1956

LE FILM

Sans monture, épuisé, Jubal Troop s’écroule sur un chemin. Il est recueilli par un rancher, Shep Horgan, qui lui propose bientôt de travailler pour lui. Shep se prend d’amitié pour Jubal qu’il nomme très vite régisseur de son domaine, au grand dam de Pinky, qui briguait le poste. Mae, la femme de Shep, se lasse de la vulgarité de son mari au contact de Jubal, dont la distinction et la réserve naturelle la séduisent. Lorsque des vagabonds s’installent sur les terres de Shep, Pinky tente de les chasser, mais Jubal leur permet de rester et s’éprend même de la fille de l’un d’eux, Naomi Hoktor…

C’est ce genre de film qui nous fait aimer le cinéma, qui nous passionne, nous donne chaud au coeur et nous évade loin du quotidien. L’Homme de nulle partJubal est un des chefs d’oeuvres réalisés par Delmer Daves (1904-1977), réalisateur souvent oublié et sous-estimé, qui a pourtant signé de nombreux classiques tels que Les Passagers de la nuit (1947) aka Dark Passage avec Humphrey Bogart, qui est resté célèbre pour son usage de la caméra subjective, La Flèche brisée (1950) le premier western pro-indien, et 3h10 pour Yuma (1957), superbe western adapté d’une nouvelle écrite par l’immense et prolifique écrivain Elmore Leonard parue en mars 1953. L’Homme de nulle part (1956), est la première des trois collaborations Delmer Daves – Glenn Ford.

Ce film placé sous haute-tension malgré sa quasi-absence d’action, repose sur la confrontation psychologique entre les comédiens, Glenn Ford donc, mais aussi Ernest Borgnine et Rod Steiger (tous deux venaient d’obtenir l’Oscar du meilleur acteur), le débutant Charles Bronson, sans oublier les rôles féminins tenus par Valerie French et Felicia Farr. Dans un magnifique Technicolor signé par le directeur de la photographie Charles Lawton Jr. (3h10 pour Yuma, La Dame de Shanghaï), sur un montage sec, une mise en scène d’une suprême élégance et son cadre léché, L’Homme de nulle part oscille entre le western proprement dit, le mélodrame, renforcé par la composition de David Raskin, et le film noir avec une vraie femme fatale placée au centre de l’intrigue, incarnée par la sublime Valerie French. Tourné dans les extraordinaires paysages du Wyoming filmés en Cinemascope, L’Homme de nulle part agit comme un étau qui resserre et enferme progressivement ses personnages au fil du récit.

A travers ce western flamboyant et intimiste, Delmer Daves évoque la solitude et les désirs frustrés avec les personnages de Mae, jeune femme aimée maladroitement et dégoûtée par Shep (Ernest Borgnine), homme bon, mais paillard et naïf, amoureux maladroit et balourd, également désirée par Pinky (Rod Steiger), homme violent et jaloux, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de Jubal (Glenn Ford) dans leur ranch. Ce dernier, petit garçon non désiré par sa mère, a été sauvé de la noyade par son père, ce dernier n’ayant pu en réchapper à son tour, happé par l’hélice d’un bateau. Tout cela devant les yeux d’une mère reprochant à Jubal de s’en être sorti indemne. Comme il le confie à Naomi (Felicia Farr), Jubal n’a depuis cessé de courir sans se retourner. C’est ainsi que le film s’ouvre, sur un homme à bout de forces, qui finit par s’écrouler, après un long marathon. D’où vient-il ? Où a-t-il appris à manier si habilement le revolver alors qu’il n’en porte pas sur lui ? A quoi essaye-t-il d’échapper ? Pourquoi dit-il être poursuivi par la malchance ? Nous n’en saurons que très peu sur ce personnage ambigu auquel on s’attache d’emblée grâce à l’intensité du jeu de Glenn Ford, monstre de charisme, qui trouve un des plus beaux rôles de sa longue et prolifique carrière.

Ce qui a toujours fait la force du cinéma de Delmer Daves, c’est son attachement aux personnages, masculins comme féminins, plutôt que le contexte et le genre, même s’il affectionnait tout particulièrement le western puisqu’il en a réalisé près d’une dizaine, y compris La Dernière Caravane et La Colline des potences. Oeuvre complexe, dramatique, psychologique, qui met en relief l’homme, ses contradictions, ses espoirs et la rédemption grâce à l’amour, L’Homme de nulle part est un vrai chef d’oeuvre intense et inaltérable.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de L’Homme de nulle part, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pas moins de trois présentations au programme de cette édition !

On commence évidemment par la présentation la plus longue, la plus passionnée et passionnante, la plus complète, celle de Bertrand Tavernier (38′). Le cinéaste et historien du cinéma évoque la collaboration Glenn Ford – Delmer Daves sur trois films (qu’il compare à celle de James Stewart avec Anthony Mann), l’écriture de L’Homme de nulle part par Delmer Daves qui a rejeté la première mouture trop fidèle au roman de Paul Wellman. Les personnages et donc l’interprétation de chaque comédien sont passés en revue et Tavernier met en parallèle l’histoire de Jubal avec celle d’Othello de Shakespeare. On apprend également que Delmer Daves ne voulait pas de Rod Steiger dans le rôle de Pinky, mais Aldo Ray. Tavernier raconte ensuite quelques anecdotes de tournage, dont les difficultés de Delmer Daves face à la « méthode » chérie par Rod Steiger. Après avoir revu le film, notre interlocuteur avoue avoir reconsidéré Rod Steiger dans la peau de ce personnage. Le soin apporté par Delmer Daves aux petits détails, au décor, aux costumes, aux accessoires est ensuite loué par Bertrand Tavernier.

Après cet entretien, les deux suivants font ce qu’ils peuvent pour apporter de nouveaux éléments qui pourraient intéresser les spectateurs. Comme d’habitude, Patrick Brion (14′), commence par réaliser un petit tour d’horizon du western l’année où le film qui nous intéresse est sorti sur les écrans. Cette manie commence à devenir bien redondante, mais heureusement, nous arrivons à glaner quelques informations, notamment sur la fin de carrière de Delmer Daves, qui a consacré ses derniers films à des drames sur la jeunesse américaine. Comme bien souvent ces derniers temps, Patrick Brion évoque deux ou trois points « très intéressants » sans forcément les aborder et les approfondir, ce qui est un peu frustrant.

A l’instar de Bertrand Tavernier, Patrick Brion compare L’Homme de nulle part à Othello, argument que conteste François Guérif dans la troisième et dernière présentation du film de Delmer Daves (12′). En effet, pour lui, ce parallèle ne tient pas en raison du personnage de Mae, en contradiction avec celui de Desdémone. Mais François Guérif ne concentre pas son intervention sur cette comparaison et évoque également le jeu des comédiens (dont l’interprétation « décalée » de Rod Steiger), l’histoire du film et celle du roman original et explique que L’Homme de nulle part était l’un des films préférés de son auteur.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie d’affiches.

L’Image et le son

Sidonis Calysta édite L’Homme de nulle part en Blu-ray, dans une version restaurée. Dès le générique d’ouverture, la copie affiche une remarquable propreté. Si le grain est très prononcé sur certains arrière-plans qui s’accompagnent également de sensibles fourmillements, les couloirs ne déçoivent pas. Certaines séquences paraissent moins définies, mais le Technicolor est assez vif, la copie HD au format 1080p trouve un équilibre fort convenable jusqu’à la fin. Le piqué est appréciable, les contrastes bien gérés, même si quelques petits points subsistent. Le codec AVC consolide l’ensemble avec fermeté, le cadre large n’est pas avare en détails. Hormis de menus décrochages sur les fondus enchaînés, L’Homme de nulle part n’a jamais paru aussi net et lumineux qu’à travers ce Blu-ray.

L’éditeur ne propose pas un inutile remixage 5.1, mais encode les versions anglaise et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, mais dont les voix paraissent bien confinées et peu ardentes, sans parler de la pauvreté des effets annexes. Elle n’arrive pas à la cheville de la version originale, évidemment plus riche, vive, propre et aérée. Dans les deux cas, le souffle se fait discret et la musique bénéficie d’une jolie restitution. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr