
BLOOD FATHER réalisé par Jean-François Richet, disponible en DVD et Blu-ray le 23 janvier 2017 chez M6 Vidéo
Acteurs : Mel Gibson, Erin Moriarty, Diego Luna, Michael Parks, William H. Macy, Miguel Sandoval…
Scénario : Peter Craig, Andrea Berloff d’après le roman de Peter Craig
Photographie : Robert Gantz
Musique : Sven Faulconer
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 2016
LE FILM
John Link n’a rien d’un tendre : ex-motard, ex-alcoolique, ex-taulard, il a pourtant laissé tomber ses mauvaises habitudes et vit reclus dans sa caravane, loin de toute tentation.
C’est l’appel inattendu de sa fille Lydia, 17 ans, qui va lui faire revoir ses plans de se tenir tranquille…
Celle-ci débarque chez lui après des années d’absence, poursuivie par des narcotrafiquants suite à un braquage qui a mal tourné.
Lorsque les membres du cartel viennent frapper à la porte de John, ils sont loin de se douter à qui ils ont affaire…

Il serait faux de dire que Blood Father signe « le retour » de Mel Gibson. En effet, si le comédien ne tourne plus autant que dans les années 1980-90, il n’a pour ainsi dire jamais arrêté d’un côté ou de l’autre de la caméra. Après le thriller Hors de contrôle (Martin Campbell) et le drame Le Complexe du castor (Jodie Foster), Mel Gibson a ensuite fait place à l’action avec le jouissif Kill the Gringo (Adrian Grunberg), la séquelle Machete Kills (Robert Rodriguez) et le décevant Expendables 3 (Patrick Hughes) dans lequel il incarne le bad guy que doivent affronter Sylvester Stallone et sa clique. Alors que se profilait à l’horizon la sortie de son nouveau film en tant que réalisateur, le formidable Tu ne tueras point, Mel Gibson a eu le temps de jouer les papas protecteurs dans Blood Father de Jean-François Richet.


L’écrivain Peter Craig adapte lui-même son propre roman. Capable du meilleur (The Town) comme du pire (les deux derniers volets de la saga Hunger Games), Peter Craig livre à notre cinéaste national un scénario de pure série B. Cela faisait plus de dix ans que Jean-François Richet n’avait pas tourné pour un studio américain, après sa première et très réussie incursion avec le remake d’Assaut de John Carpenter. Suite au succès international du diptyque (bancal) consacré à Jacques Mesrine, Richet attendait une proposition alléchante. Emballé par l’histoire de Blood Father, il propose le premier rôle à Mel Gibson et lui envoie les Blu-ray des Mesrine. Le comédien accepte immédiatement la proposition. Et il faut dire que sans lui Blood Father n’aurait pas grand intérêt. A maintenant 60 ans, Mel Gibson est encore plus charismatique et magnétique qu’avant avec son visage creusé par les rides et sa barbe hirsute grisonnante. Son jeu est toujours aussi intense, ses yeux brillent de la même flamme que dans le premier volet de la franchise L’Arme fatale, bref Mel Gibson est devenu un monstre d’Hollywood.

Intégralement tourné dans les décors naturels du Nouveau Mexique, Blood Father n’a aucune autre prétention que de divertir les spectateurs. Jean-François Richet signe un thriller basique, mais solidement réalisé, brutal, carré, bien photographié, non dénué d’humour et d’émotions, et de très bons numéros d’acteurs, surtout entre Mel Gibson et William H. Macy, qui font oublier l’erreur de casting avec le fade Diego Luna en petite frappe pathétique. La jeune actrice Erin Moriarty s’en sort bien dans le rôle de la fille fugueuse et dopée, qui a fait une grosse bêtise et qui vient se réfugier auprès de son père buriné, ancien taulard et alcoolique, qui tient maintenant un petit salon de tatouage dans sa roulotte. Mais ceux qui en ont après sa fille ne s’attendaient pas à ce que son papounet sorte la pétoire.

Pas besoin d’en savoir plus sur les personnages, puisque Mel Gibson apporte avec lui près de 40 ans de cinéma et de personnages emblématiques, dont John Link serait en fait une sorte de synthèse. On pense à Mad Max, L’Arme fatale, Comme un oiseau sur la branche, Payback et plus récemment au susnommé Kill the Gringo. Mel Gibson est et restera un immense acteur. Blood Father remplit son contrat, sans se forcer, mais avec un atout de premier choix et qui se place nettement au-dessus du lot des quinqua-sexa-justiciers comme dans l’improbable trilogie Taken ou récemment de The Revenge avec un Travolta moumouté.

LE BLU-RAY
Le Blu-ray de Blood Father, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche française, excepté le Steelbook qui arbore celui du visuel US.

En plus de la bande-annonce en version française, l’éditeur livre une interview (10’) de Jean-François Richet et Mel Gibson enregistrés au Festival de Cannes en 2016, entrecoupée par d’autres propos – en français cette fois – du réalisateur seul en scène. Les deux collaborateurs sont en pleine promo et reviennent sur la genèse du projet, sur la motivation des personnages, sur les thèmes du film. Dans son entretien individuel, Richet parle de Mel Gibson et du travail avec le comédien. On aurait aimé beaucoup plus de suppléments et notamment retrouver le making of diffusé sur Canal+.


L’Image et le son
La photographie de Blood Father est signée Robert Gantz, chef opérateur complice de Jean-François Richet depuis Assaut sur le central 13. Ce master HD est à la hauteur des espérances et restitue les partis pris esthétiques originaux à travers des contrastes riches et léchés, une colorimétrie vive et scintillante, des noirs denses, une luminosité de tous les instants, un piqué aux petits oignons, un léger grain et une profondeur de champ appréciable. Le plus impressionnant s’avère la restitution des gros plans, en particulier sur Mel Gibson. Le codec AVC consolide l’ensemble avec fermeté, le relief des matières est élégant et ne cesse de flatter la rétine.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, efficaces autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence, poursuites et fusillades peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. A titre de comparaison, la version originale l’emporte sur son homologue du point de vue délivrance des dialogues et richesse des effets. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo, qui s’en sortent admirablement malgré le seul usage des enceintes avant, ainsi qu’une piste en Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. Le changement de langue est verrouillé à la volée et nécessite le retour au menu contextuel. Que les puristes soient rassurés, le grand Jacques Frantz assure toujours le doublage français de Mel Gibson.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
















































































































Justine Triet dresse un formidable portrait de femme moderne en télescopant à la fois la vie intime et la vie professionnelle de son héroïne. Un nouveau rôle en or pour Virginie Efira après le récent Caprice d’Emmanuel Mouret qu’elle illuminait à chaque apparition. En inscrivant son histoire dans le registre de la comédie burlesque aux dialogues raffinés, Justine Triet se penche sur les problèmes sentimentaux et sexuels d’une pré-quadra d’aujourd’hui, prise malgré elle dans un quotidien tourbillonnant avec la préparation du procès durant lequel elle doit défendre son ami Vincent (Melvil Poupaud), ou bien encore le harcèlement de son ex David, qui s’inspire des affaires personnelles de Victoria pour nourrir ses histoires publiées sur un blog à succès, sans oublier Samuel (Vincent Lacoste), qui l’encourage à vivre sa vie de femme. Aux côtés de tout ce beau monde, sans oublier l’indispensable Laure Calamy, Virginie Efira crève l’écran dans la peau de cette femme complexe, au bout du rouleau, mais maman célibataire dévouée, qui se retrouve à un carrefour de sa vie. Ou quand la vie professionnelle fait imploser la vie personnelle. 














Le titre provient d’une étude scientifique qui stipule que pour le loup, l’homme est un animal vertical, position qui lui inspire le respect, la crainte et la prudence. Si cette définition se vérifie dans la magnifique et ultime séquence du film, c’est aussi pour Alain Guiraudie un moyen d’évoquer une dimension politique et selon ses termes « programmatique », ainsi que de donner une image évidemment à connotation sexuelle, puisque la question de l’identité sexuelle est également présente dans Rester vertical. Le sexe pour le plaisir et finalement se reproduire, avec Marie, la bergère incarnée par la formidable India Hair, celui pour mourir, avec Marcel, le personnage du vieil homme irascible en train d’agoniser. A travers ce conte, entre rêve (et/ou cauchemar) et réalité, le cinéaste rend le quotidien inquiétant, voire presque fantastique, et instaure un malaise palpable. Impression également rendue par le jeu, le regard et la voix du comédien Damien Bonnard, vu dernièrement dans Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin. Le comédien traverse le film comme en état de transe, dans des paysages grandioses en voiture ou à pied, fuyant un avenir incertain, en ayant peur de finir à la rue comme lorsque Léo (son personnage) interpelle un SDF en lui demandant comment il va. Sans doute pour prendre contact avec une réalité qui s’annonce à lui s’il ne se sort pas de ses déboires professionnels et financiers. 
Au-delà du parcours initiatique du personnage principal, caractérisé par un chemin sinueux qui quoiqu’il arrive mène toujours au même endroit, ou nulle part, Alain Guiraudie évoque également les sujets actuels de l’euthanasie, de la vieillesse, de la solitude, de la procréation et de la monoparentalité, du genre, des questions qui taraudent le cinéaste, qui toutefois ne s’enferme pas dans une pensée unique ou trop intellectuelle, mais qui donne des pistes pour engendrer le débat. Tout y est abordé avec délicatesse et une grande sensibilité qui imprègne chaque séquence, avec retenue même dans ses séquences les plus frontales. 









Les soldats allemands et écossais s’affrontent près de Marville, un petit village du nord de la France dans les derniers mois de la Première Guerre mondiale. Menacé de destruction par les allemands, qui ont prévu de tout faire exploser quand sonnera minuit, le village est abandonné par l’occupant et ses habitants. Seuls les fous internés dans l’asile restent dans les lieux, qu’ils vont investir le temps d’une véritable récréation, sous les yeux éberlués des militaires. Avertis, les alliés chargent le soldat britannique Plumpick (Alan Bates) de trouver les explosifs et de les désamorcer. Les aliénés l’accueillent à bras ouverts, notamment Xénophon alias le duc de Trèfle (Jean-Claude Brialy), le Général Géranium (Pierre Brasseur), l’évêque Marguerite (Julien Guiomar), monsieur Marcel le coiffeur (Michel Serrault), la tenancière de la maison close madame Eglantine (Micheline Presle) et l’une de ses pensionnaires, la jeune et ravissante Coquelicot (Geneviève Bujold). Ils reconnaissent en lui leur roi bien-aimé. Il est désormais le Roi de Coeur. Le sacre se prépare à la cathédrale, mais bien qu’il s’attache rapidement à ces habitants insolites, Plumpick n’oublie pas sa mission, surtout que le compte à rebours a commencé. 

« Vous ne voyez pas comment ils sont méchants de ce côté-là ? »
A mi-chemin entre le cinéma d’Ernst Lubitsch et de Blake Edwards, Le Roi de coeur, comédie décalée et sophistiquée est trop en avance pour les spectateurs de 1966. C’est dire l’importance de (re)découvrir aujourd’hui cette fantaisie poétique, intelligente et mélancolique, qui va à cent à l’heure, illuminée par la photographie de Pierre Lhomme et portée par la sublime partition de Georges Delerue, dont le thème du « Retour à l’asile » risque de s’inscrire pour longtemps dans la mémoire des cinéphiles.





















