Test Blu-ray / La Femme au portrait, réalisé par Fritz Lang

LA FEMME AU PORTRAIT (The Woman in the Window) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 26 février 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Edward G. Robinson, Joan Bennett, Raymond Massey, Edmund Breon, Dan Duryea, Thomas E. Jackson, Dorothy Peterson, Arthur Loft…

Scénario : Nunnally Johnson, d’après le roman J.H. Wallis

Photographie : Milton R. Krasner

Musique : Arthur Lange

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1944

LE FILM

Un soir, en sortant de son club, le professeur Wanley rencontre la jeune fille, Alice, dont le portrait dans la vitrine voisine le fascinait depuis longtemps. Invité par elle, ce dernier se trouve en présence d’un inconnu qui s’en prend à Alice puis à lui. Wanley, en état de légitime violence, est obligé de le poignarder.

La Femme au portrait The Woman in the Window est comme qui dirait le film qui a redonné confiance à Fritz Lang, qui cumulait les échecs publics ou les déceptions au box-office, à l’instar des Bourreaux meurent aussi. Ce très grand succès critique et commercial reste d’ailleurs une merveille technique, passionnante à analyser pour les spécialistes, mais aussi et surtout une tragédie ironique servie par de formidables comédiens. Edward G. Robinson excellait déjà dans le contre-emploi chez Lloyd Bacon pour Un meurtre sans importanceA Slight Case of Murder, comédie hilarante de 1938. Loin de son image de dur à cuire et de salaud éternel (Key Largo, 1948), l’acteur livre une performance sensationnelle où son personnage, un type naïf et chaleureux, devient meurtrier malgré lui. Joan Bennett et Dan Duryea sont à ses côtés, parfaits de vanité, antipathiques et odieux. La Femme au portrait est un enchaînement fatal de situations, un engrenage implacable où tous les protagonistes sont aliénés dans leur passion, leurs mensonges et leurs illusions. Le malaise s’accentue, les ombres prennent le pas sur la lumière, les personnages se réfugient dans l’obscurité, le clignotement intermittent des néons renvoyant à leur conflit interne quand ils perdent leurs repères. Le film devient alors violent, pris d’une démence physique et mentale inexorable. Pour le cinéaste allemand, aucun meurtrier ne peut échapper à son crime. Mais nous sommes au cinéma et le final réserve une surprise supplémentaire, pouvant changer le sort et donc le destin des protagonistes de cette histoire. Angoissant, machiavélique et plastiquement irréprochable, La Femme au portrait, qui contient déjà des éléments liés à la psychanalyse, sujet qui passionne le réalisateur et qui n’aura de cesse d’y revenir encore, se voit et se redécouvre avec un plaisir aussi immense qu’intact.

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Test Blu-ray / La Loi, c’est la loi, réalisé par Christian-Jaque

LA LOI, C’EST LA LOI réalisé par Christian-Jaque, disponible en DVD & Blu-ray le 4 février 2025 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Totò, Fernandel, Nino Besozzi, Noël Roquevert, Leda Gloria, Nathalie Nerval, Luciano Marin, Albert Dinan…

Scénario : Jacques Emmanuel, Jean-Charles Tacchella, Christian-Jaque, Jean Manse, Agenore Incrocci & Furio Scarpelli

Photographie : Gianni Di Venanzo

Musique : Nino Rota

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Le village d’Assola est curieusement découpé par les méandres de la frontière franco-italienne. Le douanier français Ferdinand Pastorelli fait respecter la loi tandis que son ami d’enfance, le contrebandier Giuseppe La Paglia, ne cesse de la violer. De plus leur intimité est liée au fait que Giuseppe a épousé Antonietta la première femme de Ferdinand, lequel a convolé en secondes noces avec Hélène.

La filmographie de Christian-Jaque (1904-1994) semble être infinie et chaque année nous (re)découvrons moult pépites réalisées par l’intéressé, du début des années 1930 à la fin des années 1970. Ainsi, après Le Bidon d’or (son premier long-métrage), Adorables créatures, Fanfan la Tulipe, Souvenirs perdus, La Chartreuse de Parme, L’Enfer des anges, Les Bonnes causes, La Tulipe Noire et Si tous les gars du monde…, voici un autre indispensable de la carrière du cinéaste, La Loi, c’est la loi. Cette immense comédie réunit Fernandel et Totò, et pour cause, puisque l’action du film se déroule à la frontière – qui zigzague – franco-italienne, ou italo-française, cela dépend du point de vue. Enchaînement ininterrompu de rebondissements et de quiproquos, La Loi, c’est la loi est un modèle de divertissement pour toute la famille, magistralement écrit avec pas moins de six scénaristes à la barre, qui demeure une référence en la matière, à tel point que Dany Boon s’en inspirera pour Rien à déclarer, qui confrontait cette fois deux douaniers, un belge et un français. Auréolé d’un grand succès en 1958 avec 3,4 millions de spectateurs, une grande année pour Fernandel avec le triomphe de À Paris tous les deux et qui sera aussi suivi de ceux de La Vie à deux et Les Vignes du Seigneur, La Loi c’est la loi est un grand spectacle.

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Test 4K Ultra-HD / Les Yeux sans visage, réalisé par Georges Franju

LES YEUX SANS VISAGE réalisé par Georges Franju, disponible en Combo 4K Ultra HD & Blu-ray, et en Box Ultra Collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray + Livre chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Pierre Brasseur, Alida Valli, Édith Scob, Juliette Mayniel, Alexandre Rignault, Béatrice Altariba, Claude Brasseur, Michel Etcheverry, Yvette Etiévant, René Génin, Lucien Hubert, Marcel Pérès, François Guérin…

Scénario : Pierre Boileau, Thomas Narcejac, Jean Redon, Claude Sautet & Pierre Gascar, d’après le roman de Jean Redon

Photographie : Eugen Schüfftan

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Le Docteur Génessier, chirurgien renommé et spécialiste des greffes de la peau, retient prisonnière sa fille Christiane, défigurée à la suite d’un grave accident de voiture. Louise, son assistante, qui lui est totalement dévouée, sert de rabatteuse et ramène à Génessier des jeunes femmes qui seront sacrifiées dans son laboratoire dissimulé dans une vaste propriété, isolée en banlieue parisienne. Mais la découverte de l’une des victimes, dans une rivière, déclenche une enquête de police. Après plusieurs échecs ayant entraîné une nécrose de la peau, le chirurgien parviendra-t-il à redonner enfin un visage à Christiane ?

C’est une œuvre matricielle, qui n’a eu de cesse d’inspirer les réalisateurs et qui reste d’ailleurs encore une source de création pour de nombreux cinéastes. Les Yeux sans visage est le second long-métrage de Georges Franju, son film le plus connu et le plus prisé des cinéphiles, ainsi que la deuxième association entre le metteur en scène et Pierre Brasseur, quelques mois seulement après La Tête contre les murs. Alors que le comédien interprétait précédemment un inquiétant directeur d’asile psychiatrique, il incarne ici un chirurgien de renom, spécialisé dans les greffes de peau et la régénérescence cellulaire. Le monstre du film, c’est bien lui, un être froid, glacial, peu loquace, Prométhée moderne, qui à l’instar du docteur Frankenstein, va (re)créer le visage défiguré de sa fille victime d’un accident, créature qui finira par lui échapper. D’après un scénario signé Boileau et Narcejac (Sueurs froides, Les Diaboliques), avec la collaboration de Georges Franju et de Claude Sautet (également assistant réalisateur), adapté d’un roman de Jean Redon, Les Yeux sans visage est une pierre fondatrice du cinéma d’épouvante international, dont on ne compte plus les admirateurs, de Pedro Almodóvar (La Piel que habito) à John Woo (Volte/Face), en passant par Leos Carax (Holy Motors) et George Romero (Bruiser). Un modèle de mise en scène, aussi magistrale qu’épurée, un mètre-étalon, une référence ultime, un vrai film culte.

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Test Blu-ray / Le Secret des Incas, réalisé par Jerry Hopper

LE SECRET DES INCAS (Secret of the Incas) réalisé par Jerry Hopper, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 23 août 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Robert Young, Nicole Maurey, Thomas Mitchell, Glenda Farrell, Michael Pate, Leon Askin, William Henry…

Scénario : Ranald MacDougall & Sydney Boehm

Photographie : Lionel Lindon

Musique : David Buttolph

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Harry Steele, ancien pilote de guerre, est sur la piste d’un bijou inca au Pérou. Pour se rendre à destination, il embarque dans l’avion d’un diplomate en compagnie d´une mystérieuse réfugiée roumaine. Une fois sur place, il rencontre le Dr Moorehead qui effectue déjà des travaux archéologiques dans le site du Macchu Picchu…

On serait probablement passé à côté de ce petit film d’aventure, si nous n’avions pas appris que Le Secret des IncasSecret of the Incas est en fait l’une des principales sources d’inspiration de George Lucas et Steven Spielberg pour Les Aventuriers de l’Arche perdueRaiders of the Lost Ark. Et quand on découvre cet opus, on ne peut que se rendre à l’évidence, effectivement, certains motifs font immédiatement penser à ce qui rendra célèbre Indiana Jones dans le monde entier. Mais avant cela, c’est Charlton Heston, trente ans au compteur, qui revêt veste en cuir et chapeau fedora (mais pas le fouet), lancé sur la piste d’un fabuleux disque d’or égaré par la population Incas, ancien symbole de leur glorieux passé. Un trésor constitué exactement de 119 diamants purs et 243 autres pierres précieuses, pour un total de 14 kilos. S’il n’est pas professeur et archéologue, mais un arnaqueur de première qui (sur)vit en dépouillant les touristes, Harry Steele détient une petite avance sur ceux qui convoitent le fameux disque et se retrouve sur le point de mettre la main dessus. Réalisé par l’excellent Jerry Hopper (Ne dites jamais adieu Never Say Goodbye avec Rock Hudson, Le Fleuve de la dernière chance Smoke Signal), qui venait déjà de diriger Charlton Heston dans Le Triomphe de Buffalo Bill Pony Express, Le Secret des Incas est un divertissement évidemment désuet, mais qui a su conserver un charme indéniable, grâce notamment à son casting très attachant.

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Test Blu-ray / Autour de minuit, réalisé par Bertrand Tavernier

AUTOUR DE MINUIT (‘Round Midnight) réalisé par Bertrand Tavernier, disponible en DVD, Blu-ray, 4K Ultra HD & Coffret Collector – 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray bonus + Livre + CD audio + Affiche depuis le 4 décembre 2024 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Dexter Gordon, François Cluzet, Gabrielle Haker, Sandra Reaves-Phillips, Lonette McKee, Christine Pascal, Herbie Hancock, Bobby Hutcherson, Martin Scorsese, Philippe Noiret, Alain Sarde, Eddy Mitchell…

Scénario : David Rayfiel & Bertrand Tavernier, inspiré de la vie de Budd Powell & Francis Paudras

Photographie : Bruno de Keyser

Musique : Herbie Hancock

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

À la fin des années 1950, Dale Turner, un saxophoniste new-yorkais de génie miné par l’alcool et la drogue, revient à Paris. En compagnie de Buttercup, une amie, il s’installe à l’Hôtel La Louisiane, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Dale Turner se produit dans une cave, le « Blue Note », où il rêve à un nouveau départ. Un jour, il rencontre Francis Borier et se lie d’amitié avec lui…

L’Amérique aura fasciné Bertrand Tavernier toute sa vie. Son cinéma, son histoire et bien entendu sa musique. Autour de minuit‘Round Midnight est une étape dans la carrière prestigieuse du réalisateur. Cette production franco-américaine réunit un casting hétéroclite, où l’on croise aussi bien Martin Scorsese qu’Eddy Mitchell, Marcel Zanini ou Philippe Noiret et fait office de pont entre les deux continents, édifice sur lequel les plus grands joueurs de jazz officieraient comme serre-files. Récompensé par l’Oscar de la meilleure musique pour Herbie Hancock, lauréat du César du meilleur son et de celui de la meilleure musique originale, Autour de minuit, également nommé aux Golden Globes, s’inspire non seulement du musicien Lester Young, mais aussi et surtout de la rencontre entre le pianiste Budd Powell et le spécialiste de jazz Francis Paudras, que Bertrand Tavernier et son coscénariste David Rayfiel (Les 3 jours du Condor, déjà à l’oeuvre sur La Mort en direct) adapte et transpose – en se basant sur le livreLa Danse des infidèles écrit par Paudras – à travers les personnages de Dale Turner, saxophoniste, et Francis Borler, interprétés par Dexter Gordon (saxophoniste ténor et compositeur de jazz américain) et François Cluzet. Placé entre le merveilleux Un dimanche à la campagne et l’étonnant La Passion Béatrice, ‘Round Midnight est une promenade personnelle dans l’univers de Bertrand Tavernier, qui se livre comme rarement dans cet opus, sans doute l’un de ses plus personnels.

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Test Blu-ray / Casier judiciaire, réalisé par Fritz Lang

CASIER JUDICIAIRE (You and Me) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 26 février 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Sylvia Sidney, George Raft, Barton MacLane, Harry Carey, Roscoe Karns, Warren Hymer, George E. Stone, Robert Cummings…

Scénario : Virginia Van Upp, d’après une histoire originale de Norman Krasna

Photographie : Charles Lang

Musique : Kurt Weill

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1938

LE FILM

Travaillant dans le même magasin, Joe et Helen, deux condamnés libérés sur parole, sont épris l’un de l’autre. Des deux amants, seul Joe a avoué son passé. Lorsqu’il découvre la vérité sur Helen, trahi et déçu, il se lance par désespoir dans la préparation d’un mauvais coup.

Casier judiciaire You and Me est le troisième film américain de Fritz Lang (et le dernier volet d’une trilogie consacrée à la justice américaine), réalisé après l’échec commercial de Furie Fury et celui de J’ai le droit de vivre You Only Live Once. C’est aussi sa troisième et dernière collaboration avec la sublime comédienne Sylvia Sidney, un des plus beaux visages de l’histoire du cinéma, révélée en 1931 dans Les Carrefours de la ville City Streets de Rouben Mamoulian, aux côtés de Gary Cooper. Rétrospectivement parlant, Casier judiciaire vaut plus pour son actrice principale que pour Fritz Lang lui-même, car il s’agit ici indéniablement d’un opus, non pas anecdotique, mais mineur. Si les deux précédents longs-métrages du cinéaste étaient sombres et marqués par sa griffe inimitable, You and Me joue avec le mélange des genres, y compris la comédie, genre auquel on rattache difficilement Fritz Lang. Encore aujourd’hui méconnu, car peu représentatif du réalisateur, Casier judiciaire reste singulier dans cette carrière extraordinaire, où peu de scènes se distinguent réellement, en dehors et étrangement de deux séquences mises en musique par Kurt Weill, la chanson d’ouverture dans le grand magasin où officient Helene et Joe, sans oublier LA plus grande scène du film, celle où des anciens taulards, hantés par le souvenir de la mort d’un de leur compagnon de cellule, se remémorent leur vie passée en prison. Rien que pour ce grand moment, mais pas que bien évidemment, Casier judiciaire est plus que largement conseillé aux cinéphiles, qui sauront apprécier cette nouvelle approche par Fritz Lang d’un de ses thèmes familiers, celui d’un couple de criminels repentis rattrapés par leur passé et sur le point de replonger.

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Test Blu-ray / Cerf-volant du bout du monde, réalisé par Roger Pigaut

CERF VOLANT DU BOUT DU MONDE réalisé par Roger Pigaut, disponible en DVD & Blu-ray le 4 février 2025 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Patrick de Bardine, Sylviane Rozenberg, Jacques Faburel, Gérard Szymanski, Alain Astié, Henri Blanchar, Georges Desplaces, Raphaël Hassan…

Scénario : Roger Pigaut, Antoine Tudal & Wang Kia-Yi

Photographie : Henri Alekan

Musique : Louis Bessières, Tuan-Se-Tchung & Kia-Yi Wang

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

À Paris, sur la butte Montmartre, les enfants du quartier voient arriver un cerf-volant extraordinaire qui finit par se percher au sommet d’un arbre de la place du calvaire. Il est si fascinant avec ses couleurs et l’étrange personnage qu’il représente, qu’il attise toutes les convoitises. Tous les enfants veulent s’en emparer ! Mais ils s’aperçoivent vite que le cerf-volant cache un mystère : une lettre écrite en chinois et certains pouvoirs magiques…

Acteur classé dans la catégorie « On ne sait jamais comment ils s’appellent », Roger Pigaut (1919-1989) a traversé 35 ans du cinéma français, en apparaissant devant la caméra de Claude Autant-Lara, Marc Allégret, Christian-Jaque, Jacques Becker, Sacha Guitry et Robert Hossein. Mais le rôle pour lequel on se souvient principalement de lui est celui du marquis d’Escrainville, présent dans les deux derniers épisodes de la saga Angélique. C’est d’ailleurs après ces deux films qu’il se tourne vers la télévision, en incarnant notamment le capitaine Merlet dans la série Les Chevaliers du ciel. C’est en observant Jacques Becker à l’oeuvre sur le délicieux Antoine et Antoinette (1947) qu’il décide de se lancer aussi dans la mise en scène. Il fait donc ses débuts comme réalisateur avec Cerf-volant du bout du monde, première coproduction franco-chinoise et surtout film fantastique qui a su émerveiller plus de 850.000 spectateurs à sa sortie en 1958 et ce malgré l’absence de tête d’affiche. Comédie magique et poétique, Cerf-volant du bout du monde fait partie de ces films oubliés par le plus grand-nombre, mais qui a su marquer à vie certains spectateurs qui se sont extasiés devant sa beauté quand ils étaient enfants. Les gamins en culottes courtes sont à l’honneur dans ce premier long-métrage, comme ils le seront aussi dans le superbe Rue des cascades (Un gosse de la butte) de Maurice Delbez six ans plus tard, auquel on pense beaucoup. Car ce coup d’essai est avant tout un témoignage unique sur le Paris d’antan, une capitale disparue, marquée par des terrains vagues, des travaux omniprésents, des trous, des chantiers, en particulier dans le quartier de Montmartre où se déroule une bonne partie du film. Si l’autre – coréalisée par Wang-Kia-Yi – plonge les jeunes personnages dans la ville de Pékin, on retiendra ces gosses qui courent sur les pavés de la rue Cortot ou de la rue Jean-Baptiste Clément, avec le Sacré-Coeur en arrière-plan. Rondement menée, cette ode à la fraternité et fable humaniste fonctionne encore et il n’est pas interdit de faire connaître Cerf-volant du bout du monde aux petits d’aujourd’hui.

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Test 4K Ultra-HD / Action mutante, réalisé par Álex de la Iglesia

ACTION MUTANTE (Acción mutante) réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en Combo 4K Ultra HD & Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Antonio Resines, Álex Angulo, Frédérique Feder, Juan Viadas, Karra Elejalde, Saturnino García, Fernando Guillén Cuervo, Jaime Blanch, Ion Gabella…

Scénario : Jorge Guerricaechevarría & Álex de la Iglesia

Photographie : Carles Gusi

Musique : Def Con Dos

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Dans le futur, la société ne prend en compte que les personnes favorisées et marginalise tous les autres. Action Mutante, un groupuscule réunissant des personnes handicapées, décide de passer à… l’action. Emmené par Ramon Yarritu, le groupe kidnappe la fille d’un riche industriel…

En 1991, Álex de la Iglesia réalise son premier court-métrage, Mirindas asesinas, qu’il parvient à présenter à Pedro Almodóvar. Ce dernier tombe sous le charme de cette histoire, une série de meurtres qui se déroule dans un bar, en raison d’un homme qui refuse de payer son soda. Les cadavres s’accumulent sur les lieux, tandis que les clients routiniers passent sans se rendre compte des corps qui les entourent. Résultat des courses, ce cher Pedro, alors en plein tournage de Talons aiguilles Tacones lejanos, accepte de produire le premier long-métrage de ce trublion qui semble en avoir sous le capot. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Almodóvar a eu du pif ! Action Mutante voit le jour et ce coup d’essai s’avère un véritable coup de maître ! TOUT de la Iglesia est déjà dans Acción mutante, une hystérie unique et reconnaissable, une ode au mauvais goût, un chaînon manquant entre les opus du tandem Caro/Jeunet et ceux de John Waters. Si Action Mutante devait être un manège dans une fête foraine, ce serait une attraction hybride, entre le rollercoaster et le train-fantôme. On en ressort comme si on avait ingurgité des packs de Redbull, le sourire aux lèvres, les yeux révulsés (ça bouge dans tous les coins), la tête agitée de tics nerveux, mais on est heureux, rassasiés et on en redemande. Cela tombe bien, car après avoir reçu trois Goyas (meilleurs effets spéciaux, meilleur maquillage et meilleure direction de production), Álex de la Iglesia allait enchaîner avec Le Jour de la bêteEl día de la bestia, pour un délire encore plus grand. Un auteur est né, un immense cinéaste aussi.

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Test Blu-ray / Quand vient l’automne, réalisé par François Ozon

QUAND VIENT L’AUTOMNE réalisé par François Ozon, disponible en DVD et Blu-ray le 4 février 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Josiane Balasko, Hélène Vincent, Ludivine Sagnier, Sophie Guillemin, Pierre Lottin, Vincent Colombe, Marie-Laurence Tartas…

Scénario : François Ozon

Photographie : Jérôme Alméras

Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. À la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.

À force de tourner, avec 23 longs-métrages en l’espace de 26 ans, soit quasiment un film par an, François Ozon est un peu comme l’événement annuel du Beaujolais nouveau. On est heureux de le retrouver et même si la qualité n’est pas là à chaque cuvée, il y a toujours des éléments à analyser, des nouveaux parfums à en tirer. Quand vient l’automne ne fait assurément pas partie des « bons » opus de son auteur, mais il n’est pas non plus à classer parmi les plus mauvais. À ce titre, il sera difficile à François Ozon de faire pire que L’Amant double. On ne pourra pas reprocher au réalisateur de se remettre constamment en question, en danger aussi sans doute, de se réinventer, de se réincarner, car Quand vient l’automne est diamétralement opposé au précédent Mon Crime, comédie barrée et élégante qui avait attiré plus d’un million de spectateurs. Il revient ici à quelque chose de feutré, aux non-dits, à une tension sous-jacente, aux regards, au silence, avec – comme beaucoup l’ont dit – un petit parfum de Simenon et chabrolien. Néanmoins, ce drame psychologique ou thriller dramatique ne convainc pas sur pas mal de points et fait tout d’abord penser à un téléfilm France 3 – Bourgogne, avec une caméra pépère, une mise en scène qui manque singulièrement de souffle, un rythme aux pâquerettes et quelques partis-pris ratés qui font involontairement rire. Pour tout dire, ce n’est pas déplaisant, dans le sens où l’on ne peut qu’admirer deux immenses comédiennes à l’oeuvre, Hélène Vincent et Josiane Balasko, mais il faut vraiment les aimer pour aller (difficilement tout de même) au bout de cette histoire décevante et qui s’oublie rapidement, contrairement à de nombreux autres œuvres du cinéaste.

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Test Blu-ray / Beetlejuice Beetlejuice, réalisé par Tim Burton

BEETLEJUICE BEETLEJUICE réalisé par Tim Burton, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 22 janvier 2025 chez Warner Bros.

Acteurs : Michael Keaton, Winona Ryder, Jenna Ortega, Monica Bellucci, Willem Dafoe, Justin Theroux, Catherine O’Hara, Danny DeVito…

Scénario : Alfred Gough & Miles Millar

Photographie : Haris Zambarloukos

Musique : Danny Elfman

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…

Il est de retour ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était sérieusement attendu ! D’autant plus que ce comeback avait été teasé depuis belle lurette. Depuis même le début des années 1990. Il aura donc fallu patienter plus de 35 ans – sans tenir compte de la série animée – pour que Tim Burton livre la suite de Beetlejuice, son premier grand succès (et second long-métrage après Pee Wee’s Big Adventure), qui avait attiré plus de 600.000 spectateurs dans les salles françaises. Beetlejuice Beetlejuice débarque dans les cinémas du monde entier en 2024 et devient le plus grand succès du réalisateur depuis (l’immonde) Alice, qui datait tout de même d’une quinzaine d’années et qui avait franchi la barre convoitée du milliard de dollars. Mais en regardant la filmographie du cinéaste, cette séquelle est sans doute son opus le plus réussi et indéniablement personnel depuis Sleepy Hollow. Un quart de siècle sépare ces deux films, un gouffre temporel durant lequel Tim Burton – et c’est l’avis général de ses admirateurs – s’est perdu dans des longs-métrages plus commerciaux, où son génie s’étiolait au profit d’images de synthèses affreuses, du cabotinage de Johnny Depp, d’émotions artificielles aussi. Pas étonnant que le metteur en scène, désormais âgé de plus de 65 ans, ait voulu revenir à ses premières amours, au système D (même si Beetlejuice Beetlejuice a coûté la coquette somme de cent millions de dollars, contre 40 millions pour le premier, inflation prise en compte), aux effets spéciaux directs, aux maquettes, au trompe-l’oeil, à l’animation en volume, où il est définitivement le plus à l’aise. En reprenant quasiment l’intégralité du casting original, à l’exception du couple Baldwin-Davis (bien que l’on fasse référence aux Maitland) et de Jeffrey Jones (arrêté, condamné et reconnu coupable d’agression sur mineur), ce « Beetlejuice 2 » témoigne du regain d’inspiration de Tim Burton, qui prouve qu’il en a encore sous le capot et quand bien même cette nouvelle aventure est loin d’être parfaite, le spectacle est garanti et l’attente finalement bien récompensée.

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