Test Blu-ray / Fellini Roma, réalisé par Federico Fellini

FELLINI ROMA (Roma) réalisé par Federico Fellini, disponible en DVD, Blu-ray et Édition Collector Blu-ray + DVD chez Rimini Editions le 23 janvier 2018

Avec :  Federico Fellini, Anna Magnani, Gore Vidal, Alvaro Vitali, Eleonora Giorgi…

Scénario : Federico Fellini, Bernardino Zapponi

Photographie : Giuseppe Rotunno

Musique : Nino Rota

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Rome durant la première moitié du XXe siècle… A travers ses souvenirs d’enfance ou d’adolescence, Federico Fellini livre la plus belle des déclarations d’amour à sa ville d’adoption. De la nostalgie à la satire, de la truculence au lyrisme, une fresque inoubliable, aux innombrables séquences d’anthologie.

Sans tenir compte des Feux du music-hall, coréalisé avec Alberto Lattuada en 1950, ni du documentaire TV Bloc-notes d’un cinéaste (1969), Fellini Roma apparaît au beau milieu de l’immense filmographie du maître italien. Véritable œuvre centrale de la carrière de Federico Fellini, ce douzième long métrage est à la fois une œuvre bilan, mais également annonciateur de ce que le maestro comptait alors aborder dans ses prochains rêves éveillés, centrés sur ses souvenirs personnels. Chef d’oeuvre absolu que l’on a de cesse de redécouvrir à chaque visionnage, Fellini Roma n’a pas fini de livrer ses secrets.

Rome d’hier et Rome d’aujourd’hui. Fellini, pressé par ses étudiants de signer un cinéma engagé, se penche sur Rome, sa ville d’adoption. Sur la cité antique des souvenirs scolaires, d’abord, celle de la Louve et de Néron, des gladiateurs de cinéma qui côtoyaient, dans les salles obscures, les fascistes des actualités. Sur la Rome de son adolescence, ensuite, qu’il éprouva dès son arrivée dans la capitale, au sein d’une pittoresque pension de famille dominée par l’imposante et impotente «mamma». Peuplée des truculents clients des trattorias, des spectacles minables du music-hall Jovinelli, cette Rome-là fut aussi, pour le jeune provincial de Rimini, le site des premiers désirs amoureux, apaisés dans des maisons plus ou moins accueillantes, sous les grondements des alertes aériennes et des échos de la guerre…

Si Satyricon donnait le ton sur l’orientation formelle et sensorielle de son auteur, Fellini Roma, réalisé après la parenthèse des Clowns, téléfilm finalement exploité dans les salles, transcende les partis pris de sa précédente fresque. Mais là où Satyricon pouvait parfois être pesant, surtout sur le fond particulièrement hermétique, Fellini Roma est un film qui inspire l’empathie. Pourtant, comme l’indique une voix-off en version française qui imite l’accent italien du cinéaste, Fellini Roma ne ressemble à aucun autre film et en complète rupture avec les structures classiques de la dramaturgie. Collage, patchwork, kaléidoscope, maelström, puzzle onirique, instantanés, mirages, hallucinations, fantasmes, Fellini Roma utilise la forme d’un faux reportage pour entrelacer réalité et rêveries, propres au réalisateur italien. Les saynètes et récits n’ont de point commun que la ville de Rome, qui se transforme au fil de la narration, observée par Fellini qui entrecroise les grandes évolutions de la capitale italienne depuis 1900 et ses propres souvenirs liés à son arrivée à la gare de Rome-Termini.

Dans les années 1930, on suit ainsi l’arrivée d’un jeune provincial dans un monde qu’il ne connaît pas, puis l’on passe dans la Rome moderne avec son autoroute périphérique (reconstituée en studio) où des prostituées aguichent les conducteurs. Puis, retour dans les années 1940 où un spectacle populaire se joue dans un music-hall de bas étage, alors que les bombardements aériens sifflent au-dessus de la tête des spectateurs. S’ensuit alors la découverte de sites antiques au moment de la construction du métro, puis retour à l’époque du fascisme avec ses bordels blindés. Enfin, place à un défilé de mise ecclésiastique avec ses toges en néons, avant de laisser la voie libre aux hippies et aux bikers qui déferlent dans les rues de Rome avec la fleur au bout du fusil, Peace & Love autour du cou et leurs motos aux moteurs pétaradants à qui la ville appartient désormais. Tout cela entremêlé, sans ordre chronologique, en prenant le spectateur par surprise, en le perdant pour mieux le déstabiliser.

Furieusement poétique, Fellini Roma est une succession de tableaux vivants peints par le maître, où la beauté de l’architecture côtoie celle des visages (dont celui d’Anna Magnani, dans une apparition subliminale dans son propre rôle) et corps atypiques, avec ses hommes aux faciès émaciés et ses femmes aux seins lourds et aux fesses larges, composantes de la magnificence de la ville. Caricaturiste, Federico Fellini use de la pellicule comme d’une toile et passe d’un modèle à l’autre, en mélangeant les encres pour en faire ressortir les âmes, les senteurs (celles d’un plat de spaghetti, des joues fardées d’une prostituée, de la pollution sur le périphérique) et la cacophonie de Rome. Un fascinant chef d’oeuvre qui n’a de cesse de stimuler l’imagination encore après, justement récompensé par le Grand Prix Technique au Festival de Cannes en 1972.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition collector Blu-ray+DVD de Fellini Roma, disponible chez Rimini Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend donc le Blu-ray et le DVD du film, ainsi que deux DVD de suppléments comprenant chacun deux modules issus de la série documentaire intitulée Zoom sur Fellini. Les menus principaux sont animés et musicaux. Fellini Roma est également disponible en DVD et Blu-ray standard.

Le Blu-ray contient tout d’abord un entretien avec le réalisateur et scénariste Italo Moscato (22’), qui dans un premier temps, replace Fellini Roma dans la carrière du cinéaste. Il compare l’oeuvre qui nous intéresse à d’autres films de Fellini, puis analyse plus en profondeur les thèmes, les partis pris et les intentions de Federico Fellini. Parallèlement, Italo Moscato évoque l’évolution de Rome à travers les décennies.

Ce disque contient également les célèbres scènes coupées et plans éliminés de Fellini Roma (17’). En introduction, un carton indique que toutes les bobines ont connu des coupes pour des questions de rythme. Les rejets les plus célèbres concernent les séquences à la fête de Noantri dans le Trastevere avec Marcello Mastroianni et Alberto Sordi, qui ont disparu du montage définitif. Les images ont été restaurées par L’Immagine Ritrovata en 2010. Des différences de colorimétrie indiquent quels sont les plans laissés sur le banc de montage.

L’interactivité du Blu-ray se clôt sur deux bandes-annonces.

Jetez-vous immédiatement sur les deux DVD inclus à l’édition collector.

Le premier disque contient les deux premières parties de Zoom sur Fellini (1983 – Gianfranco Angelucci), consacrées aux comédiens qui ont tourné avec le maestro (47’ et 50’). Interviennent pêle-mêle Marcello Mastroianni, Alberto Sordi, Franco Fabrizi, Leopoldo Trieste, Franco Interlenghi, Terence Stamp, Magali NoëlDonald Sutherland, Donatella Damiani, Freddie Jones, Caterina Boratto, Sandra Milo, Armando Brancia, Giulietta Masina, Ciccio Ingrassia, Alain Cuny, Anouk Aimée, Anita Ekberg et François Périer. Ouf ! Ces artistes exceptionnels ont bien voulu se raconter et parler de leur collaboration avec Federico Fellini, qui apparaît également à travers différentes images de tournage. Les anecdotes se multiplient et s’entrecroisent.

Le second disque Bonus démarre avec la partie 3, Fellini au panier (45’). Comme son titre l’indique, ce supplément se focalise sur des séquences entières coupées des films de Federico Fellini. Ce dernier, accompagné de l’écrivain, journaliste et traducteur Oreste del Buono, présentent et commentent des scènes laissées sur le banc de montage d’Amarcord, des Nuits de Cabiria et même du Casanova de Fellini. Les amateurs (ou mateurs c’est selon) de films Bis auront la surprise de découvrir une séquence où Donald Sutherland poursuit l’impressionnante Chesty Morgan, star du « classique » Supernichons contre mafia de Doris Wishman (1974), alléché par ses formes ultra-généreuses. Dommage que les propos soient parfois parasités par des petites interventions supposées être drôles de la starlette Nicoletta Della Corte, mais cela reste anecdotique.

La quatrième et dernière partie intitulée Les Visages de Fellini (49’30) se déroule au beau milieu des studios de Cinecittà, où Federico Fellini est en train de tourner Et vogue le navire. Alors que le réalisateur (et assistant de Fellini sur ce tournage) Andrea De Carlo déambule entre les restes de précédents tournages (La Cité des femmes notamment) laissés à l’abandon, les figurants interviennent face caméra pour raconter comment et pourquoi Federico Fellini les a engagés sur son film. La caméra s’immisce dans les coulisses, certains dorment dans un recoin du décor, Fellini fait un petit tour pour donner quelques indications sur le maquillage de ses acteurs. Un peu plus tard, Marcello Mastroianni est interviewé (en costume) sur le plateau d’Henri IV, le Roi fou de Marco Bellocchio.

L’Image et le son

Premier bon point : Exit le master 4/3 jusqu’alors disponible en DVD chez MGM et bienvenue à ce cher 16/9 qui nous avait tant manqué sur ce titre ! Fellini Roma débarque dans un master Haute-Définition. Bon, en revanche, quelques couacs à signaler. Le Blu-ray est au format 1080i, d’où sa durée d’1h54 puisque le film de 2 heures défile plus rapidement. Ensuite, l’image demeure parfois marquée par des tâches et points disparates, surtout durant la première partie. Toutefois, pour sa première édition en HD dans nos contrées, Fellini Roma s’avère plus que plaisant et même à redécouvrir dans ces conditions. Le confort de visionnage est présent, la colorimétrie est également à l’avenant avec de beaux contrastes, une texture argentique exemplaire, un piqué souvent confondant sur les séquences diurnes et même quelques noirs compacts. Le transfert est élégant et stable.

Il n’y a rien de bien méchant à signaler concernant la piste italienne DTS-HD Master Audio Mono 1.0 qui demeure de fort bon acabit et propre, si ce n’est quelques dialogues étrangement plus sourds que d’autres au cours d’une même séquence, ou bien diverses résonances et saturations émaillées par-ci, par-là. La version française DTS-HD Master Audio Mono manque quant à elle de naturel et se focalise trop sur le rendu des voix.

Crédits images : © Rimini Editions Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test 4K Ultra HD / Terminator 2 : Le Jugement dernier, réalisé par James Cameron

TERMINATOR 2 : LE JUGEMENT DERNIER (Terminator 2: Judgment Day) réalisé par James Cameron, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Studiocanal le 5 décembre 2017

Avec :  Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton, Edward Furlong, Robert Patrick, Joe Morton, Earl Boen, Jenette Goldstein, Xander Berkeley…

Scénario : James Cameron, William Wisher

Photographie : Adam Greenberg

Musique : Brad Fiedel

Durée : 2h17 (version cinéma), 2h34 (version director’s cut), 2h36 (version longue)

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

La guerre du jugement dernier a fait 3 milliards de morts. Mais bientôt une autre guerre lui succède. Les rares survivants humains doivent désormais affronter des machines. Skynet, l’ordinateur qui contrôle ces robots, a envoyé un T-1000 remonter le temps. Sa mission : éliminer le futur chef de la Résistance Humaine, l’adolescent John Connor. C’est compter sans le Terminator envoyé par la Résistance pour le protéger…

Jalon essentiel de l’histoire du cinéma, film culte, indémodable, inégalable, Terminator 2 : Le Jugement dernier est le film de tous les superlatifs et n’a pas bougé d’un pouce depuis sa sortie triomphale en 1991. Sept ans après le premier volet, James Cameron, Arnold Schwarzenegger et Linda Hamilton reviennent pour un deuxième épisode qui a marqué plusieurs générations de spectateurs. Premier blockbuster au budget dépassant les cent millions de dollars (dont 6 millions pour le réalisateur, 14 millions pour Arnold Schwarzenegger et seulement un million pour Linda Hamilton), Terminator 2 : Le Jugement dernier a fait son retour dans les salles de cinéma en 2017 dans une version restaurée 4K et convertie en 3D. A croire que le meilleur film de l’année dernière était bel et bien un film sorti en 1991, d’autant plus que la conversion 3D était également très réussie. Aujourd’hui, le chef d’oeuvre de James Cameron est découvert par de plus jeunes spectateurs et cinéphiles, souvent abasourdis par sa virtuosité, sa fluidité narrative, sa puissance visuelle et son casting phénoménal.

Au lendemain de l’holocauste nucléaire du 29 août 1997, les survivants humains entrent en résistance contre la dictature des machines, ce qui les mène à la victoire en 2029. L’ordinateur qui contrôle les machines, Skynet, avait déjà envoyé un Terminator, un cyborg tueur recouvert de tissus et de peau humains en 1984, afin d’éliminer une jeune femme nommée Sarah Connor, avant qu’elle n’ait mis au monde son fils, John Connor, appelé dans le futur à devenir le chef de la résistance humaine contre les machines. Ce plan ayant échoué, Skynet décide de programmer un nouveau Terminator, le T-1000, pour retourner dans le passé et éliminer John Connor. Ce dernier programme un autre cyborg, le T-800, et l’envoie également en 1995 pour le protéger. Une seule question déterminera le sort de l’humanité : laquelle des deux machines trouvera John la première ?

Si la surprise a finalement été de courte durée, quelques spectateurs avaient été pris au dépourvu en voyant Arnold Schwarzenneger devenir le protecteur de John Connor dans cette suite. L’acteur le premier était alors convaincu que cela ne fonctionnerait pas et avait même fait part de ses doutes (euphémisme) à James Cameron. Mais entre le premier film (1984) et le tournage du second, six ans s’étaient écoulés et Arnold Schwarzenegger était devenu une star internationale grâce aux succès de Commando, Predator, Running Man, Total Recall et venait de jouer dans deux comédies familiales, Jumeaux et Un flic à la maternelle. Le Chêne Autrichien est donc passé de gamins en culottes courtes, à l’affrontement avec le sensationnel Robert Patrick, mythique T-1000, adversaire du T-800 dans Terminator 2 : Le Jugement dernier. De son côté, Linda Hamilton livre une prestation hors-normes, très investie dans son personnage de Sarah Connor, métamorphosée (musculation + entraînement intensif au tir), devenue une véritable machine à tuer qui a « malgré elle » sombré dans la folie en raison des événements survenus sept ans auparavant. James Cameron s’amuse d’ailleurs à inverser les rôles et Sarah Connor apparaît comme étant la véritable Terminator de cet épisode, tandis que le T-800 s’humanise aux côtés de John Connor. Ce dernier est interprété par le jeune Edward Furlong, repéré au cours d’un casting sauvage, sous-alimenté, en train de zoner, vivant de petits larcins. Son charisme et son naturel éclatent au grand jour. Chaque enfant d’une dizaine d’années, dont l’auteur de ces mots à la sortie du film, a forcément rêvé d’être à sa place aux côtés du Terminator, montagne de chair et d’acier d’1m88.

Au fil des années, Terminator 2 : Le Jugement dernier se voit et se redécouvre selon l’expérience de chacun, de ses connaissances en matière de cinéphilie et de technique. Récit fiévreux, ambitieux et même avant-gardiste qui n’omet pas l’émotion du début à la fin, film d’action aux effets spéciaux numériques révolutionnaires qui n’ont pas pris une ride en un quart de siècle et surtout qui servent l’histoire, récit(s) initiatique(s), c’est également une fable pessimiste sur le désir de contrôle de l’être humain et sa propension à se prendre pour Dieu. Cela n’empêche pas James Cameron, d’ailleurs cela lui sera toujours reproché, de croire encore et toujours en l’humanité qui triomphera finalement de ce qu’elle a de plus mauvais en elle. Certains trouveront cela naïf, les autres se rangeront à l’avis du cinéaste et c’est tant mieux.

Terminator 2 : Le Jugement dernier, c’est 2h15 de scènes cultes et anthologiques (l’entrée du T-800 dans le bar à bikers, la poursuite dans le canal de Los Angeles, l’explosion nucléaire, toutes les scènes avec le T-1000, l’évasion de l’institut psychiatrique, la fonderie), de répliques entrées dans le langage courant (« Hasta la vista Baby », « Easy Money ! », « I’ll be back », « No fate but what we make »…), l’oeuvre d’un des plus grands conteurs et magiciens du septième art que l’on regarde toujours avec le même sourire jusqu’aux oreilles dès que retentit le thème musical de Brad Fiedel.

Terminator 2 : Le Jugement dernier devient le plus gros succès au cinéma en 1991. Toutefois, s’il attire plus de six millions de spectateurs en France, le film doit se contenter de la seconde place du box office cette année-là, derrière Danse avec les loups de Kevin Costner. Après ce triomphe international, Terminator 2 : Le Jugement dernier remporte quatre Oscars : Meilleurs maquillage, mixage sonore, son et effets spéciaux. En 1993, pour une nouvelle exploitation du film en VHS et laserdisc, James Cameron intègre 16 minutes de scènes coupées au montage cinéma, dont l’apparition de Michael Biehn dans un délire de Sarah à l’asile, ainsi qu’une séquence où Sarah et John ouvrent la boîte crânienne du T-800 pour accéder à la puce principale qui le contrôle, afin de le réinitialiser. Quant à la fameuse séquence du sourire, elle refera son apparition dans le décrié Terminator Genisys sorti en 2015. Mais ça, c’est une autre histoire. En attendant une prochaine trilogie Terminator annoncée par James Cameron lui-même.

LE DISQUE 4K Ultra HD

Le test de l’édition 4K Ultra HD de Terminator 2 : Le Jugement dernier, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur le cultissime thème de Brad Fiedel. La version cinéma (2h17), le Director’s Cut (2h33) et la Version Longue (2h36) sont disponibles uniquement sur le Blu-ray 1080p, tandis que le disque 4K ne propose que la version cinéma. Terminator 2 : Le Jugement dernier inaugure le catalogue 4K Ultra HD de Studiocanal. 

Tous les suppléments sont disponibles sur le Blu-ray du film. Le disque comprenant l’édition 4K Ultra HD est vierge de tout supplément.

Cette édition reprend les deux commentaires audio (vostf) déjà disponibles sur les diverses éditions du chef d’oeuvre de James Cameron. Possibilité d’écoute sur les trois montages du film, même s’ils ont été réalisés sur la version Director’s cut. Si vous avez sélectionné la version longue, un commentaire audio de Robert Patrick s’incruste pour la scène en plus du T-1000 qui fouille la chambre de John Connor, tandis qu’un montage audio mixant les propos de Stan Winston, Linda Hamilton et James Cameron illustre l’épilogue alternatif. A noter que les commentaires de ces deux séquences supplémentaires sont disponibles à part dans la section des suppléments.

Le premier commentaire, enregistré en 1993 (un quart de siècle déjà) convie 26 intervenants dispersés au fil des 2h33 de la Director’s Cut. Directeur artistique et producteur, Van Ling présente ce commentaire et introduit chaque témoignage, tout en donnant lui-même quelques souvenirs ou éléments liés à la production de Terminator 2 : Le Jugement dernier. Interviennent pêle-mêle : James Cameron, Gary Rydstrom (ingénieur du son), Brad Fiedel (compositeur), Mali Finn (directrice du casting), Robert Patrick, Linda Hamilton, Michael Biehn, Joe Morton, Edward Furlong, Dennis Muren (superviseur des effets spéciaux), Arnold Schwarzenegger, et bien d’autres, venus notamment des départements artistiques. Evidemment, tout cela peut paraître désordonné, mais revoir le film en compagnie de celles et de ceux qui ont apporté leur contribution à l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma n’est finalement pas désagréable. A écouter comme une masterclass où toute l’équipe du film aurait été réunie.

Le commentaire suivant, également à écouter sur le montage Director’s cut, est réalisé par James Cameron, accompagné de son co-scénariste William Wisher. Enregistré dix ans après le commentaire précédent, celui-ci se focalise plus sur la genèse du film, les conditions de tournage, le travail avec les comédiens, l’évolution des effets visuels, les thèmes. Les fans y découvriront également le clin d’oeil du réalisateur à Abyss et même à Outland de Peter Hyams, ami de James Cameron. Pas ou peu de redondance avec le premier commentaire, l’écoute demeure agréable, rythmée, drôle et blindée en anecdotes. Les fans seront ravis, mais sans doute l’ont-ils écouté depuis belle lurette.

Après ces cinq heures de commentaires audio, passons aux documentaires.

Le module intitulé Terminator 2 : Reprogramming the Terminator (2017-54’) est comme qui dirait l’illustration en images du premier commentaire puisqu’on y retrouve une très grande partie des intervenants. Document rétrospectif composé d’images de tournage, d’interviews, des coulisses, ce supplément revient une fois de plus sur la genèse du film, la réalisation des effets spéciaux, l’entraînement de Linda Hamilton durant trois mois auprès d’un ancien commando des forces armées israéliennes, le casting (avec le screen-test d’Edward Furlong et de Robert Patrick), les partis pris, les intentions du réalisateur. Chaque séquence est analysée et disséquée dans l’ordre chronologique du film et cette fois encore, si certains éléments font inévitablement redondance avec ce qui a déjà pu être entendu précédemment, la plupart des arguments avancés ici complètent finalement l’ensemble.

Place ensuite au making of d’époque (31’). S’il a évidemment vieilli dans sa forme, ce documentaire assez complet revient sur l’ensemble des aspects du tournage et dévoilent de nouvelles, rares ou inédites images des coulisses. Mention spéciale à Arnold Schwarzenegger qui n’arrête pas de faire le pitre avec l’équipe, y compris lors des interminables séances de maquillage.

Comme nous le disions en début de chronique, les deux séquences ajoutées au montage Director’s Cut pour le montage dit « Version longue » (qui n’est en aucun cas un montage approuvé par le réalisateur), la recherche du T-1000 (1’30) et la Séquence du futur (1’50), sont disponibles à part, avec le commentaire audio de Robert Patrick et James Cameron pour la première scène, et avec Stan Winson, James Cameron et Linda Hamilton pour la seconde.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce de la ressortie 3D-4K du film en 2017, les deux bandes-annonces de 1991 et le premier teaser diffusé six mois avant la sortie du film, destiné à expliquer aux spectateurs comment Arnold Schwarzenegger pouvait revenir dans la suite de Terminator, alors qu’il « mourrait » dans le premier volet.

L’Image et le son

Si le résultat sur grand écran était assez dingue, le bilan de cette édition 4K Ultra HD (2160p, HEVC) de Terminator 2 : Le Jugement dernier est plus mitigé. Tout d’abord, rien à redire sur la propreté de la copie. Aucune poussière, aucune griffure, aucune scorie, tout est nickel. L’impression de relief est omniprésente, les séquences diurnes sont éblouissantes, les couleurs sont riches (avec des teintes bleues-vertes), les détails abondent aux quatre coins du cadre large, les contrastes sont denses et le piqué est chirurgical. Maintenant, ce qui est plus regrettable, c’est l’utilisation massive du réducteur de bruit (DNR). En effet, le sublime grain original 35mm a été totalement lissé et a complètement disparu des radars ! Du coup, le teint des comédiens apparaît cireux, comme s’ils avaient abusé du fond de teint. Les plans sur le visage écorché du T-800 apparaissent bien artificiels, pour ne pas dire laids. Cette restauration 4K, effectuée image par image à partir des négatifs originaux, pourtant approuvée par mister James Cameron en personne s’est faite au détriment d’une composante fondamentale de l’extraordinaire photo originale du chef opérateur polonais Adam Greenberg (Ghost, Sister Act, L’Effaceur), sa texture argentique. Ajoutons à cela un nouvel étalonnage qui accentue fondamentalement certains éclairages bleus, à tel point que l’on pense parfois à l’utilisation de filtres ! Cela gâche un peu la fête et les puristes réfléchiront à deux fois avant d’acquérir cette édition. Signalons que le cinéaste en a profité pour réaliser quelques retouches numériques, en remplaçant notamment le visage de la doublure d’Arnold Schwarzenegger par celui de l’acteur lors du saut à moto du T-800 dans le canal.

En ce qui concerne le Blu-ray également présent dans cette édition, le grand changement est situé au niveau de l’encodage. Adios le médiocre codec VC-1, place au codec AVC qui donne un sérieux boost à l’ensemble, même si le master proposé provient également de la version restaurée 4K et que les scènes de jour sont moins rutilantes. C’est là qu’on se rend compte que personne ne sera satisfait.  Seul le montage cinéma a bénéficié d’une restauration 4K. Ne vous étonnez donc pas de la qualité plus aléatoire sur les séquences ajoutées sur la Special Edition et celles de la version longue !

Voici deux mixages qui ne font pas dans la demi-mesure, surtout en ce qui concerne la piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 (pas de Dolby Atmos, désolé) qui se révèle fracassante. L’ouverture donne le la avec les scènes de guerre qui opposent les humains et les machines, jusqu’à l’apparition des credits sur le thème principal de Brad Fiedel. Le caisson de basses est pour ainsi dire sollicité constamment. Les dialogues sont ardents sur la centrale, tandis que les frontales et les latérales n’ont de cesse de s’affronter lors des séquences d’action, de poursuites et de fusillades, sans oublier les explosions. A ce titre, le spectateur est littéralement absorbé et en ressort complètement étourdi. C’est riche (le moteur qui gronde de la Harley, le T-1000 qui tombe en morceaux après le Hasta la vista Baby), ça décoiffe, on en redemande. L’excellent doublage français bénéficie également d’un mixage qui ravira les inconditionnels, même si l’acoustique pousse un peu trop les dialogues à l’avant et a même tendance à en faire trop, surtout sur les graves. Les scènes ajoutées sur la Special Edition et la version longue sont uniquement disponibles en version originale sous-titrée.Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Studiocanal Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Mon garçon, réalisé par Christian Carion

MON GARÇON réalisé par Christian Carion, disponible en DVD et Blu-ray chez Diaphana le 23 janvier 2018

Avec :  Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist, Antoine Hamel, Mohamed Brikat, Lino Papa…

Scénario : Christian Carion, Laure Irrmann

Photographie : Eric Dumont

Musique : Laurent Perez Del Mar

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Passionné par son métier, Julien voyage énormément à l’étranger. Ce manque de présence fait exploser son couple quelques années auparavant. Lors d’une escale en France, il découvre sur son répondeur un message de son ex-femme en larmes : leur petit garçon de sept ans a disparu lors d’un bivouac en montagne avec sa classe. Julien se précipite à sa recherche et rien ne pourra l’arrêter.

Etrange film que Mon garçon, réalisé par Christian Carion, découvert en 2001 avec Une hirondelle a fait le printemps, grand succès avec Michel Serrault et Mathilde Seigner, suivi de Joyeux Noël (2005), fresque historique sur fond de Première Guerre mondiale qui réunissait un casting franco-allemand composé notamment de Diane Kruger, Daniel Brühl et de Guillaume Canet. Ce triomphe dans les salles avait permis à ce dernier et au cinéaste de se retrouver pour un thriller d’espionnage inspiré de faits réels, L’Affaire Farewell, dans lequel le comédien donnait la réplique à Emir Kusturica. Cette fois, le public n’avait pas suivi, pas plus pour le film suivant de Christian Carion, En mai, fais ce qu’il te plaît, échec commercial grave. Une fois n’est pas coutume, le réalisateur se lance alors dans une production au budget modeste, avec des prises de vues prévues sur une seule semaine, un thriller pour lequel l’acteur principal, Guillaume Canet une fois de plus, ne serait pas mis au courant du scénario, mais de quelques bribes de l’histoire juste au moment de tourner. Mais l’improvisation et le sentiment d’urgence peuvent-elles réellement créer une vérité à l’écran ? Rien n’est moins sûr et c’est ce qui fait la grande faiblesse de Mon garçon.

Comme dans un nouveau volet de l’émission Rendez-vous en terre inconnue, le cinéaste est venu un matin chez Guillaume Canet afin de lui dire quels vêtements emporter pour le tournage. Quand dans la première scène le personnage principal débarque Gare de Lyon avec sa valise, il s’agit réellement du comédien avec son propre bagage, prêt à embarquer pour rejoindre une équipe réduite dans le Vercors, sans réellement connaître l’histoire qu’il s’apprêtait à tourner. Il en sera de même durant six jours, avec un tournage réalisé quasiment en temps réel et dans l’ordre chronologique de l’intrigue. En amont, ses partenaires, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist et les seconds rôles s’étaient préparés pendant deux semaines avec Christian Carion grâce à un acteur doublure représentant Guillaume Canet. Le but était d’anticiper les réactions et de conduire ce dernier à se mettre réellement dans la peau d’un père de famille dont le petit garçon avait été enlevé en haute montagne et qui d’indice en indice parvient à retrouver la piste des ravisseurs, en agissant seul. Guillaume Canet n’avait donc pas de dialogues, ne savait pas où se diriger et devait se laisser guider par la mise en scène, en arpentant chaque recoin du décor et en découvrant le récit à travers les répliques et le jeu de ses partenaires. Chaque scène ayant été tournée en une prise, afin de préserver l’authenticité.

En toute honnêteté, ces partis pris sont bien plus intéressants que le résultat final qui fait penser au surestimé Prisoners de Denis Villeneuve, car il faut bien admettre que Mon garçon est un mauvais film qui pâtit justement des intentions du réalisateur. Guillaume Canet fait partie de ces acteurs qui partent facilement en roue libre quand ils ne sont pas ou mal dirigés. C’est le cas ici. S’il n’est pas l’acteur le plus fin de sa génération, Canet a déjà su se montrer très convaincant chez André Téchiné, Jacques Maillot, Nicolas Saada et Cédric Kahn. Dans Mon garçon, il se montre bien peu inspiré en ayant recours à ses tics récurrents, trogne renfrognée, moue boudeuse, hyperventilation, tandis que ses répliques – improvisées donc – témoignent d’un évident manque d’imagination. C’est notamment le cas lors d’une séquence de torture, vulgaire et gratuite, où son personnage utilise un chalumeau pour faire parler un des sbires qui ont enlevé son rejeton. Ses « Tu vas parler putain de ta race ! » à répétition, font malheureusement plus rire que triturer les tripes et les situations ne vont guère en s’arrangeant. Du coup, l’acteur paraît gêné, tout comme Mélanie Laurent, toujours aussi mauvaise, et Olivier de Benoist, dans une apparition ridicule et grotesque.

Platement filmé, Mon garçon aurait pu aboutir à un thriller tendu, organique et réaliste, mais le résultat est diamétralement opposé puisque ni l’équipe technique ni les comédiens ne semblent guère en mesure de transcender leur dispositif et de maîtriser l’art de l’improvisation.

LE DVD

Le test du DVD de Mon garçon, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Cette édition contient un making of (46’) bien plus intéressant que le film. Quelques semaines après sa sortie sur les écrans, Christian Carion revient sur les lieux du tournage de Mon garçon et explique comment les prises de vues se sont déroulées sur six journées. Quelques images de tournage dévoilent l’envers du décor avec un Guillaume Canet évidemment paumé, qui tente de créer son personnage avec les indices donnés par le réalisateur et ses partenaires. Ces derniers, ainsi que le producteur Christophe Rossignon et le chef opérateur Eric Dumont, apparaissent également au cours de ce documentaire, pour parler des répétitions destinées à leur donner des clés pour guider Guillaume Canet là où le cinéaste voulait l’emmener. Christian Carion développe donc longuement et posément ses intentions et partis pris, à savoir plonger son comédien principal dans l’inconnu le plus total, sans scénario, afin de voir si les réactions de Guillaume Canet allaient correspondre à celles du personnage principal. Tout cela pour que l’acteur ne mente pas, ne compose pas, ne triche pas face à la caméra.

L’Image et le son

Cette édition DVD est plutôt soignée et claire. La propreté de la copie est assurée, les couleurs désaturées et glaciales sont superbes et bien restituées. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques auraient pu avoir du mal à passer le cap du petit écran. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage consolide l’ensemble avec brio et toutes les séquences tournées en extérieur sont très belles.

Le mixage Dolby Digital 5.1 impose une spatialisation qui happe le spectateur dans un flot d’ambiances naturelles qui ne se calment que durant les scènes en intérieur, axées sur les dialogues. Le cinéaste fait la part belle aux éléments environnants et la scène arrière ne manque pas l’occasion de briller. L’éditeur joint également une piste Stéréo de fort bon acabit, sans oublier les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Nord-Ouest Films  / Diaphana Distribution /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Petit Spirou, réalisé par Nicolas Bary

LE PETIT SPIROU réalisé par Nicolas Bary, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 30 janvier 2018

Avec :  Sacha Pinault, Pierre Richard, François Damiens, Natacha Régnier, Gwendolyn Gourvenec, Philippe Katerine…

Scénario : Laurent Turner, Nicolas Bary d’après la bande-dessinée Le Petit Spirou de Tome & Janry

Photographie : Vincent Gallot

Musique : Rolfe Kent

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Petit Spirou, comme toute sa famille avant lui, a un destin professionnel tout tracé. Quand sa mère lui annonce qu’il intégrera dès la rentrée prochaine l’école des grooms, Petit Spirou, avec l’aide de ses copains, va profiter de ses derniers jours de classe pour déclarer sa flamme à Suzette. Et pas n’importe comment. Ils décident de vivre une aventure extraordinaire.

Il fallait s’y attendre. Après Boule & Bill (un succès) et sa suite (un four monumental), L’Elève Ducobu (un succès) et sa suite (un succès relatif), Benoît Brisefer : les taxis rouges (un accident industriel), Le Petit Nicolas (un triomphe) et sa suite (un échec commercial), l’exécrable Lucky Luke de James Huth, la baudruche Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson, sans compter les Astérix, Sur la piste du Marsupilami, les Largo Winch et en attendant Bécassine de Bruno Podalydès, le Gaston Lagaffe de Pierre-François Martin-Laval (qui avait déjà commis les deux Profs) et un possible Astérix en Chine, la bande-dessinée inspire encore et toujours le cinéma français et Le Petit Spirou devait y passer également. L’oeuvre de Tome (le scénariste) et Janry (le dessinateur) créée en 1990, 17 tomes et un hors-série à ce jour, déboule à son tour sur le grand écran en version live, sous la direction de Nicolas Bary.

Révélé en 2008 avec Les Enfants de Timpelbach, adaptation du roman homonyme d’Henry Winterfeld, puis réalisateur d’Au bonheur des ogres (2013), transposition du best-seller de Daniel Pennac, Nicolas Bary retrouve un univers qu’il connaît bien et qui lui sied à merveille, celui des enfants. Fan de Steven Spielberg, George Lucas, Terry Gilliam et Tim Burton, le jeune cinéaste passionné par les contes livre un film un peu patchwork, coloré, extrêmement soigné dans sa forme avec de très beaux décors à la fois rétro et modernes, ainsi qu’une photographie bigarrée. Le rythme est soutenu du début à la fin, les sous-intrigues s’imbriquent comme les cases d’une planche de BD, les dialogues sont bien écrits, surtout lorsque Spirou s’interroge sur le libre-arbitre, puisque le petit garçon n’est pas certain de vouloir reprendre le flambeau, à savoir devenir groom comme ses parents et leurs parents avant eux, depuis plusieurs générations.

Alors qu’on l’inscrit de force dans une école destinée à lui apprendre son futur métier, Spirou va peu à peu découvrir ce pour quoi il est né, l’aventure. Mais en attendant, il décide d’emmener Suzette, sa camarade de classe dont il est amoureux, faire un tour du monde que devrait apprécier le réalisateur Michel Gondry. Le Petit Spirou est un film très attachant, loin des produits sans âmes comme les deux hideux Boule & Bill, les hystériques Ducobu ou l’imbuvable Benoît Brisefer. D’une part parce que l’ensemble témoigne d’un grand savoir-faire technique, plutôt rare dans le cinéma hexagonal, d’autre part parce que les comédiens sont tous excellemment castés et semblent prendre beaucoup de plaisir dans cette aventure drôle, tendre et poétique.

Dans le rôle-titre, le jeune Sacha Pinault se montre très naturel, espiègle et charismatique devant la caméra. Avec leurs grands yeux bleus pétillants, Pierre Richard et Natacha Régnier étaient les choix les plus judicieux pour incarner le grand-père et la maman du Petit Spirou. Peu habituée des grosses productions, la comédienne rayonne et son immense sensibilité crève une fois de plus l’écran. Pierre Richard, bientôt 84 ans, est en pleine forme et incarne avec énergie ce grand-père lunaire et porté sur les jolies femmes. A leurs côtés, François Damiens est parfait dans le rôle du prof de gym Désiré Mégot, Armelle campe une voyante décalée entourée de ses chats, Philippe Katerine est un génial abbé Langélusse, passionné par le métal, qui cite allègrement AC/DC et Iron Maiden. Quant à la fameuse Mademoiselle Chiffre, professeur de mathématiques qui fait chavirer le coeur des tous petits, le dessin de Janry prend littéralement vie sous les traits (et les courbes affriolantes) de Gwendolyn Gourvenec, révélation du film que l’on espère revoir très bientôt au cinéma. Tout ce beau petit monde est réuni avec les amis du Petit Spirou (Suzette, Vertignasse, Cassius, Ponchelot) dans un récit fait de quiproquos et d’émotions fait pour divertir les spectateurs, petits et grands.

Si le film est loin d’avoir eu le succès espéré avec 465.000 entrées pour un budget de 8,5 millions d’euros, la fin reste néanmoins ouverte pour une suite. Mais avant cela Spirou fera son retour – adulte cette fois – le 21 février 2018 dans Les Aventures de Spirou et Fantasio, réalisé par Alexandre Coffre, avec Thomas Solivéres et Alex Lutz.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Petit Spirou, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est coloré, animé et musical.

L’interactivité est centrée sur un making of traditionnel de 25 minutes. Présenté par la vedette du film Sacha Pinault, ce documentaire compile les propos des comédiens avec d’un côté les « grands », Natacha Régnier, François Damiens, Pierre Richard et Gwendolyn Gourvenec, et les petits de l’autre. Nicolas Bary intervient également, tout comme les auteurs de la BD, Tome et Janry, le compositeur Rolfe Kent, pour évoquer le tournage, la transposition de l’oeuvre originale en prises de vues réelles, le travail sur les décors, les costumes et la photographie. Le casting est évidemment passé au peigne fin, les images de tournage abondent, bref ce making of remplit parfaitement le cahier des charges.

Du coup, les featurettes intitulées La Famille Spirou (5’), Les Enfants (3’), Les Profs (3’30) et Spirou au cinéma (2’) ne font que reprendre des extraits du module précédent et n’ont aucun intérêt.

Cette section se clôt sur le clip musical de Vianney, « Si on chantait » (3’). On serait tenté de lui dire « Si tu te taisais », mais ce serait méchant.

L’Image et le son

Ce transfert HD s’avère soigné, l’univers de la BD est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes, avec des ambiances cuivrées caractéristiques de l’univers des grooms et des tons plus froids pour le monde de l’école. Les contrastes sont au beau fixe et le piqué agréable. La définition est au top et ce master demeure un bel objet avec un relief omniprésent et des séquences diurnes aussi magnifiques qu’étincelantes.

Dès la première séquence, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une solide spatialisation. Ce mixage fait la part belle à la musique enfantine et légère de Rolfe Kent, présente pendant tout le film. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets frappants tandis que les ambiances naturelles en extérieur demeurent constantes. Le spectacle acoustique est assuré. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © La Belle Company / Apollo Films / TF1 Studio /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Petit paysan, réalisé par Hubert Charuel

PETIT PAYSAN réalisé par Hubert Charuel, disponible en DVD et Blu-ray chez Pyramide Vidéo le 9 janvier 2018

Avec :  Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Isabelle Candelier, Bouli Lanners, Valentin Lespinasse, Clément Bresson…

Scénario : Claude Le Pape, Hubert Charuel

Photographie : Sébastien Goepfert

Musique : Myd

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver.

On ne l’avait pas vu arriver, et pourtant Petit paysan est l’un des meilleurs films de 2017. Venu tout droit de la Haute-Marne, le réalisateur Hubert Charuel, né en 1985, est fils d’agriculteurs. Il grandit entouré d’animaux et travaille dans le secteur de l’élevage laitier, avant de s’orienter vers des études de cinéma. Ses excellents courts-métrages, Diagonale du vide (2011), son film de fin d’études et K-nada (2015), primé au Festival Premiers Plans d’Angers, montrent son attachement pour sa région et traite des rêves des jeunes de sa génération, tandis que son troisième court-métrage Fox-Terrier (2016), dévoile plutôt son amour pour le cinéma de genre puisqu’il s’agit d’un vrai petit thriller rural se déroulant dans le milieu de la chasse. Pour son premier long métrage Petit paysan, Hubert Charuel condense tous ces éléments pour livrer un intense et grand drame teinté de polar, magnifiquement interprété.

A 35 ans, Pierre, paysan, gère seul un troupeau de vaches laitières dans l’ancienne ferme de ses parents. Un jour, il sollicite sa sœur, vétérinaire, pour obtenir son avis sur une vache dont le comportement lui semble anormal. Est-ce le début inquiétant d’une série ? Ou bien, comme lui dit sans hésitation sa sœur, la vache n’a-t-elle absolument rien d’anormal ? A l’heure où des troupeaux entiers sont abattus en raison de la maladie belge, la FHD (fièvre hémorragique dorsale), il se rend compte que la vache auscultée commence à suer du sang. Malgré son attachement et même son amour pour la bête, Pierre, voulant sauver le reste du troupeau, décide de la tuer durant la nuit, puis l’enterre en y mettant le feu. Mais quelques jours après une autre vache présente les mêmes symptômes. Pierre entre alors dans une spirale infernale.

Diplômé de la Fémis, Hubert Charuel signe un véritable coup de maître avec Petit paysan. Depuis plus de dix ans, le comédien Swann Arlaud, né en 1981 a su se faire remarquer dans des œuvres aussi variées sur Les Ames grises d’Yves Angelo (2005), Le Temps des porte-plumes (2006), Le Bel Age de Laurent Perreau (2009), Les Emotifs anonymes de Jean-Pierre Améris (2010), Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières (2013) ou bien encore dernièrement dans Une vie de Stéphane Brizé (2016). Il obtient enfin pour la première fois le premier rôle dans Petit paysan et foudroie le spectateur par son talent, son charisme magnétique et sa force digne d’un Patrick Dewaere. A fleur de peau, le personnage se retrouve piégé par ses propres stratagèmes pour maintenir son cheptel d’une trentaine de vaches qui répondent aux doux noms de Cactus, Griotte, Verdure… Comme il le dit lui-même à sa sœur, Pierre, solitaire, ne « sait faire que ça » et sa vie n’aurait plus de sens si son troupeau devait être abattu.

Tourné dans la véritable ferme familiale à Droyes, situé entre Reims et Nancy, Petit paysan est autant un thriller paranoïaque qu’un drame psychologique. Swann Arlaud s’est minutieusement préparé pour assimiler les gestes du quotidien et les séquences où son personnage s’occupe de ses animaux sont empreints d’une dimension documentaire. A l’heure où nous ne connaissons pas encore les nominations pour la prochaine cérémonie des César, espérons que l’académie saura récompenser le comédien en le nommant dans la catégorie Meilleur acteur, pour laquelle il mérite d’ailleurs d’obtenir le Saint Graal. N’oublions pas ses partenaires, Isabelle Candelier, India Hair, Marc Barbé, Bouli Lanners et surtout Sara Giraudeau. Hubert Charuel rend hommage à sa famille, d’ailleurs ses parents et son grand-père apparaissent dans le film, à ce métier qui aurait pu être le sien, à l’investissement de ceux qui lui ont donné la vie, à leur courage et à l’investissement personnel que cela leur a coûté chaque jour.

Inspiré par la crise de la vache folle dans les années 1990, Petit paysan rend compte du lien unique entre l’exploitant agricole et son bétail, à travers un récit anxiogène bourré de tension du début à la fin, d’émotions (le vêlage filmé en temps réel !) et d’humour noir. Une des grandes révélations de 2017.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Petit paysan, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Un petit making of de 12 minutes, donne la parole au réalisateur Hubert Charuel, aux comédiens Swann Arlaud et Sara Giraudeau, ainsi qu’aux parents et au grand-père du metteur en scène, le tout illustré par des images de tournage. Hubert Charuel revient sur la genèse de son premier long métrage, ses intentions, l’écriture du scénario, les partis pris, tandis que les acteurs abordent leur préparation et la complexité des prises de vue avec les animaux, notamment la scène du vêlage qui a nécessité trois nuits blanches consécutives. La famille du réalisateur évoque le choix d’Hubert Charuel d’avoir voulu embrasser une carrière cinématographique, plutôt que d’avoir repris l’exploitation agricole.

Ne manquez pas les trois courts-métrages d’Hubert Charuel également disponibles en bonus, qui démontrent un vrai talent pour la direction d’acteur, le goût d’ancrer les histoires à la campagne, de peindre le portrait d’une jeune génération paumée au milieu de nulle part, entre rire (pour le premier film) et mélancolie (le second), sans oublier une affection pour le genre comme le montre le troisième film :

Diagonale du vide (24’ – 2011) : Laurent et Gavroche, tous deux âgés de dix-sept ans, ont deux jours pour trouver du shit pour une grosse fête. Problème, il y a eu une grosse saisie et c’est la pénurie.

K-nada (22’ – 2015) : Deux frères que tout oppose, sont paumés sur la route de leurs rêves un peu absurdes. Dans deux jours, ils doivent se rendre à Amsterdam. Greg pour un concours de DJing, Valentin pour en ramener des kilos de marijuana. Film récompensé par le Prix CCAS au Festival Premiers Plans d’Angers.

Fox-Terrier (14’ – 2016) : Daniel et Cajou, son fox-terrier à trois pattes, retrouvent Hervé à la chasse. Cajou, il a trois pattes à cause de Francis, le fils de Gilles.

L’Image et le son

Nous ne nous attendions pas un master aussi beau. Le film d’Hubert Charuel, composé essentiellement de plans larges et de gros plans sur les visages des comédiens, est magnifiquement restitué grâce à un transfert de haute volée. Le piqué est minutieux, les détails fourmillent, le cadre large est magnifique et la colorimétrie intense avec un mixe de teintes chatoyantes et de gammes froides. Les contrastes sont denses et tranchants, la clarté éloquente. Ce master de Petit paysan tient toutes ses promesses et offre des conditions optimales au spectateur pour se replonger dans l’ambiance du film.

Certes ce n’est pas avec Petit paysan que vous réaliserez une démonstration acoustique, mais tout de même ! On ne s’attendait pas à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 aussi percutant dans son rendu des dialogues et de la musique de Myd dont certains pics donnent beaucoup de frissons. A ce moment-là, la spatialisation est ardente, le caisson de basses souligne la partition tandis que divers effets naturels savent plonger délicatement mais sûrement le spectateur dans l’atmosphère du film grâce à un usage intelligent des enceintes latérales. Même chose pour le mixage Stéréo, frontal par définition, les plages de silence sont particulièrement limpides et la balance gauche-droite savamment équilibrée. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Pyramide Distribution Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / L’un dans l’autre, réalisé par Bruno Chiche

L’UN DANS L’AUTRE réalisé par Bruno Chiche, disponible en DVD et Blu-ray chez Universal Pictures France le 23 janvier 2018

Avec :  Stéphane De Groodt, Louise Bourgoin, Aure Atika, Pierre-François Martin-Laval, Anne Benoit, Elliot Daurat…

Scénario : Bruno Chiche, Nicolas Mercier, Fabrice Roger-Lacan

Musique : Philippe Rombi

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Deux couples, Pierre et Aimée, et Eric et Pénélope, partagent tous les quatre plusieurs années d’amitié sans nuage. Seul souci, Pénélope et Pierre sont devenus amants… La situation devenant intenable, ils décident de rompre. Mais après une ultime nuit d’amour passionnée, le sort leur joue un tour : Pierre et Pénélope se réveillent chacun dans le corps de l’autre ! Pour protéger leur secret, ils se retrouvent chacun à devoir vivre la vie de l’autre. C’est le début des complications…

Le pitch de L’un dans l’autre n’est pas nouveau et a déjà été traité au cinéma. En France par Patrick Schulmann avec Rendez-moi ma peau… (1980) et Nicolas & Bruno avec La Personne aux deux personnes (2008), ou bien aux Etats-Unis par Gary Nelson avec Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976), qui avait d’ailleurs connu un remake en 2003 avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan, Freaky Friday : Dans la peau de ma mère, réalisé par Mark Waters. On pense également à Dans la peau d’une blonde de Blake Edwards (1991) avec la géniale Ellen Barkin. Evidemment, nous sommes en France et cet échange d’identité d’un couple d’amants, mariés chacun de leur côté, est propice à quelques gags clichés et sexistes (la femme fait la vaisselle et mange bio, le mec bricole, fume comme un pompier et mange n’importe comment) qui ne révolutionnent en rien la comédie. Néanmoins, le film se laisse voir grâce aux comédiens qui s’amusent et prennent un plaisir évident à se donner la réplique.

Réalisateur inégal, on lui doit Barnie et ses petites contrariétés (2001), Hell (2006) et Je n’ai rien oublié (2011), Bruno Chiche parvient à donner du rythme à son film, ce qui fait souvent défaut dans les comédies hexagonales, même si sa mise en scène demeure illustrative. Heureusement, le couple vedette est parfait d’alchimie. Ancienne miss-Météo qui a depuis fait ses preuves au cinéma chez Anne Fontaine (La Fille de Monaco), Luc Besson (Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec), Gilles Marchand (L’Autre Monde), René Bezançon (Un heureux événement), Guillaume Nicloux (La Religieuse) et Nicole Garcia (Un beau dimanche), Louise Bourgoin n’avait finalement pas tellement tâté de la comédie proprement dite. Après Sous le même toit de Dominique Farrugia, elle trouve ici matière pour laisser libre court à sa fantaisie et à son talent pour le genre. De plus, la comédienne nous gratifie de quelques plans topless plutôt flatteurs pour les mirettes.

Face à elle, le désormais incontournable Stéphane de Groodt prend un malin plaisir à imiter sa partenaire en prenant un petit air pincé, en adoptant une démarche chaloupée et un phrasé maniéré. On aurait tendance à dire qu’il en fait beaucoup, trop même, mais finalement cet échange de corps fonctionne bien. Même si le film tient sur leurs noms, Louise Bourgoin et Stéphane de Groodt sont également bien épaulés par Pierre-François Martin-Laval et Aure Atika, qui loin de servir la soupe aux deux premiers, tirent agréablement leur épingle du jeu en apportant même un peu d’émotion. Le problème dans L’un dans l’autre, ce n’est pas de savoir la raison pour laquelle Pénélope se retrouve dans le corps de Pierre et Pierre dans le corps de Pénélope, d’ailleurs on ne le saura pas, mais que les deux personnages sont dès le départ assez méprisants dans leur petite bulle, qu’ils le restent durant leur transformation et qu’ils le demeurent finalement encore après.

Pénélope est mariée à Eric, un homme bon et sensible (Pierre-François Martin-Laval) avec qui elle souhaite adopter un enfant puisqu’elle ne peut pas en avoir. Pierre est marié depuis près de dix ans avec Aimée (Aure Atika),  qui lui a donné deux enfants. Plongé dans son travail, Pierre néglige sa femme. Pénélope et Pierre sont amants depuis pas mal de temps, couchent ensemble après le boulot et rentrent chez leur conjoint respectif. Jusqu’au jour où Pierre apprend que Pénélope et son fiancé Eric vont adopter un enfant.

Certes, nous sommes dans le domaine de la comédie, mais les personnages sont loin d’être attachants et finalement l’empathie se fait plutôt pour Eric et Aimée. Dommage que le final soit également complètement raté et laisse sur une note amère. Toujours est-il que L’un dans l’autre enchaîne les gags et quiproquos à vitesse grand V et tient grâce à l’énergie revigorante ainsi qu’au charme de ses comédiens.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Un dans l’autre, disponible chez Universal Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur quelques extraits du film.

L’éditeur propose peu de suppléments et c’est bien dommage. Cette section s’ouvre sur trois scènes coupées (4’), disponibles avec le commentaire audio de Bruno Chiche en option. Ces séquences laissées sur le banc de montage montraient Pierre (en fait Pénélope) qui appelle Pénélope (en fait Pierre) en urgence pour l’aider à changer le joint de l’évier comme il l’avait promis à sa femme. Les deux autres scènes se focalisaient sur Aimée, surprise avec son amant (le prothésiste dont elle avait parlé à Pénélope (aka Pierre) et aussitôt énervée de voir Pierre (aka Pénélope) s’en moquer gentiment. La suite de cette scène découle de la précédente, puisque Pierre qui a retrouvé son corps, ne comprend pas ce que son épouse est en train de lui dire quant à la situation.

S’ensuit une interview rapide des deux comédiens (3’) où l’un répond aux questions de l’autre.

Puis, un bêtisier amusant (7’), une galerie de photos et l’avant-première du film à Angoulême (1’) viennent fermer l’interactivité.

L’Image et le son

Universal frôle la perfection avec le master HD de L’un dans l’autre. Si les séquences tamisées se révèlent un poil moins ciselées, le reste est à l’avenant. Toutes les scènes se déroulant en extérieur impressionnent par leur rendu saisissant. Le piqué reste tranchant comme la lame d’un scalpel, les détails abondent sur le cadre large, la profondeur de champ est omniprésente, les contrastes sont denses et la colorimétrie chatoyante. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, la luminosité ravit constamment les yeux.

Le spectacle est également assuré du point de vue acoustique grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui exploite toutes les enceintes dans leurs moindres recoins. La balance frontale est saisissante, les effets nets et précis, les dialogues savamment délivrés sur le point central et les ambiances latérales constantes participent à l’immersion totale du spectateur. La musique de Philippe Rombi bénéficie d’un écrin phonique puissant sans pour autant dénaturer l’intelligibilité des voix des comédiens. La piste Stéréo est également très dynamique. L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Universal Pictures International France Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Une vie violente, réalisé par Thierry de Peretti

UNE VIE VIOLENTE réalisé par Thierry de Peretti, disponible en DVD chez Pyramide Vidéo le 2 janvier 2018

Avec :  Jean Michelangeli, Henry-Noël Tabary, Cédric Appietto, Marie-Pierre Nouveau, Délia Sepulcre-Nativi…

Scénario : Thierry de Peretti, Guillaume Bréaud

Photographie : Claire Mathon

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane, étudiant en sciences politiques, décide de retourner en Corse pour assister à l’enterrement de son ami d’enfance, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et à la clandestinité…

En 2013, Les Apaches sort sur les écrans. Une bombe, un coup d’essai et véritable coup de maître ! Egalement acteur – on l’a vu dans Ceux qui m’aiment prendront le train et De la guerre – et metteur en scène de théâtre, Thierry de Peretti a d’abord fait ses classes derrière la caméra avec un court-métrage impressionnant, Le Jour de ma mort (2006), et un moyen-métrage intitulé Sleepwalkers (2011). Les Apaches, son premier long métrage, s’inspirait d’un fait divers sanglant qui avait secoué la Corse. Trois jeunes sans histoire avaient tué un autre de sang-froid, par peur qu’il les dénonce aux autorités, après avoir dérobé des fusils dans une villa de Porto Vecchio. Ils s’étaient ensuite débarrassés du corps en l’enterrant dans le maquis. « Peu de films racontent la Corse d’aujourd’hui. Je voulais écrire des petites choses sur ce que les gens vivent, je trouvais que cette île avait échappé au cinéma. La Corse est un endroit compliqué, meurtri, offensé, où le tourisme de masse a généré envie et frustration », déclarait le cinéaste à la sortie des Apaches. Pour Une vie violente, son deuxième film, Thierry de Peretti se penche une fois de plus sur le rapport à la violence, la question du meurtre, de l’héritage, du désir de posséder, sur les raisons qui conduisent au nationalisme et parfois à commettre l’irréparable sous un soleil de plomb (ou dans des ruelles très sombres), non loin des plages bondées de touristes friqués.

Depuis qu’elle a été vendue par la République de Gênes à la France en 1768, la Corse a été traversée par des vagues de contestations nationalistes. Elles atteignent leur apogée avec le passage à la lutte armée en 1976. Le nationalisme parcourt et divise la société corse. Une partie de la jeunesse s’y projette. Dans les années 1990, le FLNC (Front de libération nationale corse) éclate en deux branches. C’est le début de la guerre fratricide qui plonge la Corse dans un climat de confusion politique et de violence. La grande criminalité prospère. Des mouvements dissidents apparaissent. Ces forces entraînent avec elles une nouvelle génération de jeunes Corses.

Mené par un casting de jeunes comédiens non professionnels mais excellemment dirigés, Une vie violente fait preuve une nouvelle fois de la maturité indiscutable de son auteur, avec une violence rentrée, sèche et brutale, une abondance de dialogues coups de poing qui ne cessent d’impressionner. A ce titre, c’est le personnage de Stéphane, interprété par Jean Michelangeli, inspiré par le jeune militant nationaliste Nicolas Montigny, assassiné à Bastia en 2001, qui est fascinant. Le réalisateur ne recherche pas d’empathie et le lien avec le spectateur peut se faire difficilement, d’autant plus que le récit paraît souvent hermétique. Néanmoins, la hargne qui contraste avec le désir d’apaisement, imprègne le film du début à la fin et c’est ce qui rend le film passionnant.

Ayant grandi à Porto Vecchio, Thierry de Peretti parvient à saisir la réalité de la Corse. Ce portrait choquant, âpre, sans fards d’une jeunesse prise en étau entre un archaïsme ancestral ancré dans la terre de l’Ile de Beauté et une société en pleine mutation, prend souvent à la gorge et présente le verso de l’habituelle Corse « carte postale ». Si les enjeux politiques et narratifs diffèrent par rapport au premier film et que le récit puise également sa source dans des événements réels comme l’indiquent plusieurs cartons en introduction, Une vie violente est une œuvre plus étendue, géographiquement parlant, de Paris à la Corse, mais également du point de vue cinématographique puisque le réalisateur donne plus d’ampleur à son histoire. On pense alors à certaines fresques, notamment Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana où les histoires personnelles se retrouvent imbriquées dans la grande Histoire, où le passé contamine et hante le présent. Gomorra de Matteo Garrone (2008) n’est pas loin non plus en ce qui concerne la forme.

Drame social, thriller politique, engagé, western moderne très immersif et réaliste qui convoque même parfois la tragédie antique, Une vie violente est une des œuvres les plus percutantes et saisissantes de 2017.

LE DVD

Le test du DVD d’Une vie violente, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comporte deux disques. Le menu principal est animé et musical sur le premier DVD, fixe et muet sur le second.

Sur la première galette, l’éditeur propose tout d’abord sept scènes coupées (16’). Probablement coupées au montage pour des raisons de rythme, ces scènes prolongent quelques discussions et débats, montrent un « dîner des chefs », Stéphane à Aix-en-Provence dans sa chambre d’étudiant, Gérard en prison, ou bien encore Stéphane qui se fait recadrer lors de son voyage en ferry.

Nous trouvons ensuite un making of conséquent de 50 minutes, constitué d’images volées sur le plateau, où le réalisateur Thierry de Peretti travaille et répète avec ses comédiens non-professionnels durant quelques ateliers qu’il a mis en place quelques mois avant le tournage. L’occasion de voir le metteur en scène aller étape par étape avec ses acteurs, parfois avec difficulté, mais sans jamais perdre patience, vers ce qu’il souhaite leur faire exprimer face à la caméra. Parfois, les images sont filmées de loin, ou carrément dans la pénombre avec un son inaudible, ce qui n’empêche pas d’apprécier ce documentaire intimiste, d’autant plus que Thierry de Peretti intervient plusieurs fois sur la genèse, les thèmes d’Une vie violente et ses intentions. Ce module se clôt sur la présentation du film aux spectateurs corses.

Le deuxième DVD comprend le documentaire intitulé Lutte jeunesse (55’). Il s’agit en réalité des essais réalisés afin de trouver le jeune comédien non-professionnel pour incarner le personnage principal d’Une vie violente. Suite à la publication d’une petite annonce qui indiquait que la production cherchait un jeune homme entre 25 et 30 ans pour un film, avec ou sans expérience, le réalisateur a dû faire son choix entre plusieurs candidats qui lui ont envoyé chacun une petite vidéo de deux minutes, dans laquelle ils indiquaient leurs motivations. Lutte jeunesse compile certaines interventions et rencontres plus longues avec Thierry de Peretti et sa directrice de casting Julie Allione. A travers ces témoignages sur leur enfance et adolescence, le portrait d’une génération se dessine. Certains vivent encore avec des images qui les ont traumatisés ou marqués, d’autres essayent de reprendre leur vie en main, d’autres encore se souviennent d’un ami ou d’un membre de leur famille qui a été assassiné. Ils donnent également leur avis sur le nationalisme, parlent de la violence, de leur attachement à la Corse, de l’importance de la langue. Un véritable prolongement à Une vie violente que nous vous conseillons fortement.

L’Image et le son

Pyramide Vidéo livre un joli master d’Une vie violente, restituant habilement la photographie élégante du film signée Claire Mathon. La chef opératrice de Rester vertical et de Mon roi privilégie les teintes chaudes et naturelles, la clarté reste de mise, le relief est agréable et les détails précis. Les contrastes sont légers, les séquences sombres sont aussi fluides et définies que les scènes diurnes, le piqué est suffisamment vif, les noirs denses et l’encodage demeure solide jusqu’à la fin malgré quelques séquences plus ternes.

Le mixage original Dolby Digital 5.1 est plutôt immersif et permet au spectateur de plonger dans le maquis. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, la balance frontale est constamment soutenue. La piste Stéréo devrait satisfaire ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes arrière. Notons que l’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pyramide Distribution /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Sleepless, réalisé par Baran bo Odar

SLEEPLESS réalisé par Baran bo Odar, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 12 décembre 2017

Avec :  Jamie Foxx, Michelle Monaghan, Dermot Mulroney, David Harbour, Scoot McNairy, Gabrielle Union…

Scénario : Andrea Berloff d’après une histoire originale de Nicolas Saada et Olivier Douyère

Photographie : Mihai Malaimare Jr.

Musique : Michael Kamm

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Une grosse livraison de cocaïne destinée à la mafia est détournée. Vincent Downs et Sean Tip, deux flics de Las Vegas, sont rapidement suspectés. La police des polices les met sous pression. La mafia aussi. En kidnappant le fils de Downs, la mafia franchit la ligne blanche : blessé et traqué, Downs va devenir un adversaire brutal et impitoyable. Il est prêt à tout pour sauver son fils et il n’a qu’une nuit devant lui.

A l’origine de Sleepless, il y a un film français, Nuit Blanche, un polar réalisé par Frédéric Jardin sorti en 2011. Remarqué avec Les Frères Sœur et Cravate club, le cinéaste délaissait la comédie au profit d’une intrigue sombre, où s’affrontaient flics ripoux, dealers et un mafieux dirigeant un night-club. Ce thriller ultra-efficace se déroulait presque uniquement dans le cadre d’une boîte de nuit branchée, pendant une nuit. Coécrit par l’excellent Nicolas Saada et interprété par Tomer Sisley, JoeyStarr, Serge Riaboukine et un glacial Julien Boisselier, Nuit blanche emportait le spectateur dans une tornade d’action nerveuse, de rebondissements et d’affrontements sans jamais le lâcher une seconde pendant 1h35. Esthétiquement abouti avec sa photo signée Tom Stern, chef opérateur attitré de Clint Eastwood depuis Créance de sang, percutant, passionnant, Nuit blanche n’a malheureusement connu aucun succès dans les salles françaises, mais a su taper dans l’oeil de certains producteurs hollywoodiens puisque le remake a été mis en route. Il s’agit de Sleepless, réalisé par le suisse Baran bo Odar, lauréat du Prix du jury au Festival du film policier de Beaune en 2011 pour son film Il était une fois un meurtre. Si la trame est quasi-identique, le traitement est évidemment différent, plus classique et standard, tandis que le casting mené par un Jamie Foxx comme bien souvent en roue libre n’est guère enthousiasmant.

Il faudra un jour se pencher sur le jeu ou plutôt le surjeu souvent éhonté de ce comédien, qui passe la plupart de son temps à plisser les yeux, à froncer les sourcils et à faire la moue pour se donner un côté bad-ass qui tombe constamment à plat. Dans Sleepless, il roule des mécaniques en murmurant ses répliques, comme dans l’ensemble de ses films, y compris le Miami Vice : Deux flics à Miami de Michael Mann. A ses côtés, Michelle Monaghan s’avère bien plus convaincante, même si elle vaut bien mieux que ce genre de polars de seconde zone. Dermot Mulroney hérite du rôle du proprio d’un hôtel de luxe situé à Las Vegas, qui s’acoquine avec la mafia locale, tandis que David Harbour peine à donner un relief à son personnage dont on comprend d’emblée de jeu la véritable nature.

Sleepless est un thriller d’action qui ne se démarque en rien du tout-venant, qui plagie ouvertement la séquence de la boîte de nuit de Collateral, qui compile les scènes d’action et d’affrontement à la va comme je te pousse, sur un mauvais montage, avec une intrigue jamais prenante et des personnages dont on se fout royalement. Malgré une mise en scène souvent frénétique, le rythme en dents de scie ne parvient jamais à installer des enjeux pourtant simples et l’ensemble se contente de passer d’un personnage à l’autre dans un espace confiné, étouffant, qui a très vite raison de la patience du spectateur. D’ailleurs, même Jamie Foxx a fait savoir lors de la promotion du formidable Baby Driver, que Sleepless était mauvais et qu’il reniait le film. Peut-être était-ce pour se dédouaner de l’échec commercial du film aux Etats-Unis et dans le reste du monde, mais on est plutôt d’accord avec lui. Une série B totalement prévisible et éculée.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sleepless, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Le module « sobrement intitulé » Une nuit avec Jamie Foxx (4’) est une featurette sans intérêt qui enchaîne les propos des comédiens et les images de tournage. Rapidement, chacun revient sur les conditions de prises de vue, la préparation des scènes d’action et la collaboration avec le réalisateur.

Dans leur interview (3′) réalisée pour la promotion du film en France, Michelle Monaghan et Jamie Foxx répondent aux questions sans imagination d’un journaliste qui se force à jouer au type qui a adoré le film.

S’ensuivent six scènes coupées (ou rallongées), d’une durée totale de 9 minutes, qui se focalisent essentiellement sur le personnage incarné par Dermot Mulroney.

L’Image et le son

Ce master HD (1080p, AVC) de Sleepless ne déçoit pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les très nombreuses scènes sombres et la photographie est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire. Un disque de démonstration.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, très impressionnants. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription. Les sous-titres français sont imposés en version originale.

Crédits images : © TF1 Studio /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Le Prix du succès, réalisé par Teddy Lussi-Modeste

LE PRIX DU SUCCÈS réalisé par Teddy Lussi-Modeste, disponible en DVD chez Ad Vitam le 9 janvier 2018

Avec :  Tahar Rahim, Roschdy Zem, Maïwenn, Grégoire Colin, Sultan, Ali Marhyar…

Scénario : Teddy Lussi-Modeste, Rebecca Zlotowski

Photographie : Julien Poupard

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Brahim est un humoriste en pleine ascension. Sa réussite, il la doit à lui-même et à l’amour qu’il porte à Linda. Bon fils, il soutient les siens depuis toujours. Mais pour durer, Brahim doit sacrifier son grand frère, manager incontrôlable. Si l’échec peut coûter cher, Brahim va payer un tribut encore plus lourd au succès.

Issu de la communauté des Gens du Voyage, Teddy Lussi-Modeste, né en 1978, intègre la FEMIS et se fait déjà remarquer en 2004 avec son court-métrage Embrasser les tigres. Avec son premier long-métrage Jimmy Rivière (2011), coécrit avec la réalisatrice de Belle épine Rebecca Zlotowski, Teddy Lussi-Modeste filme à nouveau sa communauté et s’interroge sur la question de l’appartenance au groupe et la manière dont on peut s’en affranchir. Après ce vrai coup de maître, on attendait des nouvelles du réalisateur. Ce dernier revient en très grande forme avec Le Prix du succès, également coécrit avec Rebecca Zlotowski. Avec honnêteté, sincérité et réalisme, tout en empruntant parfois la voie du romanesque, Teddy Lussi-Modeste démontre avec son nouveau film qu’il est devenu un cinéaste important et passionnant.

Le Prix du succès s’inspire du propre vécu de son auteur et plus particulièrement de ses proches et amis qui croyaient que le réalisateur allait devenir riche en intégrant le monde du cinéma. Teddy Lussi-Modeste se focalise ici sur un jeune artiste de stand-up, Brahim, interprété par Tahar Rahim, qui fête ses dix ans de succès sur scène et qui souhaite évoluer dans son métier. Seulement voilà, Brahim travaille également avec son frère aîné Mourad, génialement incarné par Roschdy Zem, son manager, qui lui sert également de chauffeur et de garde du corps. Homme sanguin, impulsif, Mourad ne se rend pas compte qu’il étouffe Brahim jusqu’à ce que ce dernier, amoureux de Linda (Maïwenn), désire s’émanciper, prendre un agent (Grégoire Colin) et voler de ses propres ailes. Mourad prend alors la mouche et entre dans une spirale de violence, tandis que Brahim, vit de plus en plus mal la situation en voyant son équilibre familial s’écrouler.

De l’aveu même de Teddy Lussi-Modeste, Le Prix du succès aurait pu tout aussi bien se dérouler dans le domaine du sport ou du cinéma. Le stand-up n’est donc pas le sujet du film. Ce qui intéresse avant tout le cinéaste, c’est observer comment la cellule familiale, ici maghrébine, peut éclater en raison de la réussite professionnelle et la notoriété d’un de ses membres et comment ce succès peut engendrer jalousies et convoitises. Ici, Mourad est réellement convaincu d’avoir contribué au succès et à l’aisance financière de son frère et attend donc quelque chose en retour, comme s’il avait une dette envers lui. Alors quand il apprend que Brahim a de nouveaux projets, mais qu’il n’en fait pas partie, Mourad voit rouge et essaye même de retourner leur famille contre lui ou de s’en prendre violemment à la compagne de son frère.

Un sujet fort et original que Teddy Lussi-Modeste prend à bras le corps et met en scène avec efficacité et parfois même une tension digne d’un véritable thriller, surtout dans son dernier acte qui fait souvent mal à l’estomac. A ce titre, Roschdy Zem, remarquable, compose le plus beau personnage du film, capable d’un amour incommensurable pour son frère, mais aussi d’une violence sèche et brutale, aussi bien physique que verbale, envers lui. A l’heure où les nominations aux César ne sont pas encore tombées pour la cérémonie qui se tiendra début mars 2018, espérons que l’académie saura reconnaître le talent et la réussite du second long métrage de Teddy Lussi-Modeste, ainsi que l’excellence de ses interprètes !

LE DVD

Le DVD du Prix du succès, disponible chez Ad Vitam, est logé dans un boîtier classique de couleur blanche. Le menu principal est élégant, animé et musical.

La section des bonus propose tout d’abord une interview du réalisateur Teddy Lussi-Modeste (9’). Ce dernier aborde la genèse du Prix du succès, inspiré par quelques situations qu’il a lui-même connues, l’écriture du scénario avec Rebecca Zlotowski, ainsi que les thèmes abordés. Il insiste également sur le fait que le stand-up n’est pas ici le sujet principal du film, mais sert plutôt de « décor » comme aurait pu l’être également le théâtre ou le sport. Néanmoins, cela n’a pas empêché le cinéaste de faire quelques recherches sur ces performances, en s’inspirant de la vie de Jamel Debouzze. Teddy Lussi-Modeste se souvient également de sa rencontre avec les comédiens.

On retrouve d’ailleurs Tahar Rahim et Roshdy Zem dans un entretien court, mais souvent passionnant (8’). Les deux acteurs, visiblement complices, parlent de la notoriété et de ses travers, sur ce que la célébrité implique et ce qu’elle provoque chez certaines personnes. Tahar Rahim s’exprime également sur sa préparation pour les scènes de stand-up.

L’interactivité se clôt sur deux scènes coupées (4’30) et la bande-annonce.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Le Prix du succès. Néanmoins, le film de Teddy Lussi-Modeste bénéficie d’un beau traitement de faveur en DVD. Les contrastes sont à l’avenant, la luminosité des scènes diurnes est éclatante, le piqué acéré y compris en intérieur, les noirs sont denses. Evidemment, la propreté est de mise, les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, et hormis quelques saccades notables sur divers mouvements de caméra, la colorimétrie demeure agréablement naturelle, précise et classe.

L’éditeur joint une piste Dolby Digital 5.1 qui instaure une spatialisation musicale indéniable. Les ambiances naturelles et les effets annexes sont plutôt rares et la scène acoustique reste essentiellement frontale. De ce point de vue il n’y a rien à redire, les enceintes avant assurent tout du long, les dialogues étant quant à eux exsudés avec force par la centrale. La Stéréo n’a souvent rien à envier à la DD 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également de la partie, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ad Vitam /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Ôtez-moi d’un doute, réalisé par Carine Tardieu

ÔTEZ-MOI D’UN DOUTE réalisé par Carine Tardieu, disponible en DVD et Blu-ray chez M6 Vidéo le 10 janvier 2018

Avec :  François Damiens, Cécile De France, Guy Marchand, André Wilms, Alice de Lencquesaing, Estéban…

Scénario : Carine Tardieu, Michel Leclerc, Raphaële Moussafir

Photographie : Pierre Cottereau

Musique : Eric Slabiak

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Erwan, inébranlable démineur breton, perd soudain pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père. Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour l’homme qui l’a élevé, Erwan enquête discrètement et retrouve son géniteur : Joseph, un vieil homme des plus attachants, pour qui il se prend d’affection. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Erwan croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire. Mais un jour qu’il rend visite à Joseph, Erwan réalise qu’Anna n’est rien de moins que sa demi-sœur. Une bombe d’autant plus difficile à désamorcer que son père d’adoption soupçonne désormais Erwan de lui cacher quelque chose…

Révélée en 2007 avec le sensible La Tête de maman, la réalisatrice Carine Tardieu avait ensuite confirmé cinq ans plus tard avec Du vent dans mes mollets, feel-good movie porté ou plutôt emporté par Agnès Jaoui, Denis Podalydès et Isabelle Carré. A nouveau cinq ans plus tard, le troisième film de la cinéaste sort sur les écrans, Ôtez-moi d’un doute. Alors que le monde de l’enfance faisait la sève de ces deux premiers films, avec également le thème de la mère et de la maternité, Ôtez-moi d’un doute s’intéresse ici à la filiation vue du côté du père, en adoptant cette fois le point de vue d’un quadra interprété par François Damiens. Si le film peut souvent paraître attachant, surtout grâce à ses acteurs, il y a quelque chose de foncièrement dérangeant qui imprègne le récit du début à la fin et qui laisse sur une note amère.

Alors que sa fille arrive au terme de sa grossesse et qu’il se prépare lui-même à devenir grand-père, Erwan, veuf, un solide démineur breton, apprend au cours d’un examen médical que l’homme qui l’a élevé n’est pas son père biologique. Ses repères s’écroulent. Déstabilisé, il décide d’engager une détective privée pour reconstituer son passé, afin de savoir pourquoi et comment il s’est retrouvé dans cette situation. L’enquête aboutit. A seulement quelques kilomètres de chez lui, un certain Joseph, un vieil homme qui vit seul avec son chien, serait l’homme recherché. Erwan décide d’aller lui rendre visite. En ville, il rencontre Anna, dont il tombe follement amoureux. Il se rend compte alors qu’elle est en réalité la fille de Joseph et qu’Anna serait alors sa demi-sœur. Erwan ne lui dit rien, mais quand Anna tombe également amoureuse de lui, la situation se complique. C’est bon ? Vous avez compris ce qui mettait mal à l’aise ?

Alors certes les comédiens sont très bons, François Damiens donc, qui a déjà prouvé son talent dans la retenue (La Délicatesse, Tango libre, Suzanne), qui partage l’affiche avec Cécile de France, à qui la quarantaine sied à merveille et qui est toujours aussi radieuse face à la caméra, mais Ôtez-moi d’un doute joue avec un suspense particulièrement déplacé. Coucheront ? Coucherons pas ? Même au moment où Anna apprendra qu’Erwan est susceptible d’être son frère (ou demi-frère certes), cela n’empêchera pas les personnages de réserver une chambre d’hôtel à proximité de la clinique où ils feront un test ADN pour en avoir le coeur net, afin de ne pas perdre de temps et se mettre au plumard si la génétique le leur permet. Nous n’irons pas dire que ce truc scénaristique (coécrit par Michel Leclerc, réalisateur du Nom des gens et de Télé Gaucho) est « puant », mais reposer le film sur cet élément incestueux est très gênant. Malgré tout ça, oui, le film se laisse voir grâce à l’ensemble des acteurs. Outre le duo vedette, Guy Marchand et André Wilms sont très élégants, Alice de Lencquesaing est mignonne comme tout, Estéban (chanteur du groupe Naive New Beaters) pourrait définitivement interpréter Homer Simpson dans une version live.

Du point de vue formel, Ôtez-moi d’un doute s’apparente à un banal téléfilm tourné pour France Télévisions, tandis que la métaphore du démineur, qui s’occupe à creuser la terre pour y découvrir des bombes, se retrouve à creuser son propre passé pour y découvrir un élément explosif est un peu lourdingue. Au final, Ôtez-moi d’un doute est une comédie sentimentale étrange, parfois émouvante, rigolote sur certains points, mais irresponsable sur beaucoup d’autres.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Ôtez-moi d’un doute, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Un module condense les propos de la réalisatrice Carine Tardieu, de François Damiens en compagnie de Cécile de France, Guy Marchand également en présence de la cinéaste, et André Wilms au micro avec Alice de Lencquesaing (16’). Ce segment promotionnel s’avère plutôt plaisant, d’une part par la simplicité des intervenants, d’autre part pour leurs propos intéressants. Les thèmes du film (inspiré par une histoire vraie) sont abordés, tout comme le travail avec Carine Tardieu, l’alchimie des comédiens, les influences (Claude Sautet entre autres), etc.

En plus de la bande-annonce, nous trouvons également une vidéo qui met en scène Estéban, dans la peau de son personnage Didier. Déguisé en Zorro, Didier s’adresse à sa future progéniture en lui donnant quelques conseils sur l’école, le goûter, les amis (4’). On ne sait pas d’où provient cette vidéo, peut-être d’une scène coupée, rien ne l’indique. Présenté ainsi sans explication, ce document présent peu d’intérêt.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p-AVC. M6 Vidéo soigne le master HD du film de Carine Tardieu. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses, la profondeur de champ éloquente et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

La belle musique est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les dialogues s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique, même si le caisson de basses reste au point mort. La version Stéréo est également à l’avenant avec une minutieuse homogénéité des voix, de la composition et des bruitages annexes. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr