Test DVD / Au-delà de demain, réalisé par A. Edward Sutherland

AU-DELÀ DE DEMAIN (Beyond Tomorrow) réalisé par A. Edward Sutherland, disponible en DVD chez Artus Films le 5 décembre 2017

Avec :  Harry Carey, C. Aubrey Smith, Charles Winninger, Alex Melesh, Maria Ouspenskaya, Helen Vinson…

Scénario : Adele Comandini, d’après une histoire originale de Mildred Cram et Adele Comandini

Photographie : Lester White

Musique : Frank Tours

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1940

LE FILM

Un soir de réveillon, trois hommes d’affaires fortunés mais sans famille décident d’inviter trois étrangers à leur table. Seuls James et Jean, jeunes gens dans la précarité, acceptent. Cette soirée va changer le cours de leur vie. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et James devient crooner à succès. Les trois protecteurs disparaissent dans un accident d’avion et leurs fantômes vont bientôt mettre tout en œuvre pour reformer le couple qui s’est entre temps séparé.

Au-delà de DemainBeyond Tomorrow est un conte de Noël réalisé par le cinéaste britannique A. Edward Sutherland (1895-1973) spécialisé dans les comédies mettant en scène le nez de W.C. Fields, le duo Laurel et Hardy et la croupe de Mae West. On lui doit également l’excellente Femme invisibleThe Invisible Woman (1940). Ce spécialiste du film burlesque se voit confier un drame-fantastique, Au-delà de demain donc, d’après une histoire de Curt Siodmak, habituellement l’auteur attitré des studios Universal pour ses films de monstres.

Egalement connu sous les titres And So Goodbye ou bien encore Beyond Christmas, ce tout petit film, mélange de comédie, de fantastique et de mélodrame est interprété par des comédiens vétérans, Charles Winninger, Maria Ouspenskaya (la grand-mère dans la première version d’Elle et lui de Leo McCarey), C. Aubrey Smith (Tarzan l’homme singe, Rebecca) et Harry Carey (Mr. Smith au sénat). Des « trognes », des natures et surtout de grands talents qui ont multiplié les apparitions depuis le cinéma muet.

Complètement désuet, un brin réac, Au-delà de demain ravit souvent sur la forme, naïve, poétique, quand le récit dévoile l’au-delà et ses fantômes qui déambulent, qui discutent tranquillement de la même manière qu’avant de passer à trépas. En revanche, certains tiqueront sur le fond, prêchi-prêcha, avec sa morale bien-pensante, tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, etc. Une belle et grande « leçon » américaine, puritaine, où un simple garçon du Texas, un rancher, peut devenir la nouvelle star à la voix d’or de la chanson que tout le monde s’arrache, à condition qu’il ne se laisse pas tenter par une jeune femme du milieu, forcément démoniaque puisqu’elle met en danger l’idylle du texan avec sa compagne, modèle de pureté.

On pardonne volontiers ces partis pris caressant le spectateur dans le sens du poil, car Au-delà de demain, très populaire sur la terre de l’Oncle Sam, est un film tout à fait charmant, fantaisiste, souvent théâtral dans son dispositif puisque l’action reste quasiment confinée dans la maison cossue dans sa première partie. Le jeune couple incarné par Richard Carlson et l’adorable Jean Parker est attachant et s’en sort pas trop mal face à leurs partenaires qui cabotinent gentiment avec une réelle alchimie.

Avec ses flocons de neige en polystyrène, ses effets visuels sympathiques, ses violons sirupeux, sa belle photographie signée Lester White (Du plomb pour l’inspecteur), sa chorale venant chanter Jingle Bells sous les fenêtres et ses personnages sympathiques, Au-delà de demain est typique du genre de films à découvrir durant les fêtes de fin d’année, un bon chocolat chaud à portée de main et blotti sous une couverture polaire.

LE DVD

Au-delà de demain intègre la collection Classiques et Conte fantastique chez Artus Films. Le menu principal est fixe et musical.

Un aperçu des autres titres disponibles chez Artus Films est proposé comme supplément.

L’Image et le son

Visiblement, le matériel d’Au-delà de demain n’a pas été conservé dans des conditions optimales. Malgré les efforts réalisés par l’équipe de la restauration, de très nombreux défauts subsistent. En effet, l’image n’est jamais stable, reste floutée tout du long, tandis que la gestion des contrastes et du N&B restent totalement aléatoires avec un grain très épais. Il faudra donc être très indulgent puisqu’il semble que l’éditeur ait mis la main sur un master – 1.37, 16/9 compatible 4/3 – déjà très fatigué, pour ne pas dire au bout du rouleau, même si la copie reste finalement assez propre. Si les yeux brûlent un peu en fin de séance avec cet aspect vieille VHS, la rareté du film prime sur le reste, donc nous n’en voulons pas à notre cher éditeur Artus.

Seule la version anglaise mono est disponible avec des sous-titres français non verrouillés. Les craquements et chuintements, mais aucunement gênants, surtout que le souffle est limité. Les dialogues s’avèrent aérés, propres et fluides, tout comme la musique.

Crédits images : © Artus Films /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / I Wish – Faites un voeu, réalisé par John R. Leonetti

I WISH – FAITES UN VOEU (Wish Upon) réalisé par John R. Leonetti, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 28 novembre 2017

Avec :  Joey King, Ryan Phillippe, Ki Hong Lee, Mitchell Slaggert, Shannon Purser, Sydney Park, Kevin Hanchard, Sherilyn Fenn…

Scénario : Barbara Marshall

Photographie : Michael Galbraith

Musique : tomandandy

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Pas facile de survivre à l’enfer du lycée, Clare Shannon et ses copines en savent quelque chose. Du coup, quand son père lui offre une ancienne boîte à musique dont les inscriptions promettent d’exaucer tous ses vœux, Clare tente sa chance. Et ça marche ! Argent, popularité, petit ami, tout semble parfait. Mais le rêve a un prix : au fur et à mesure de ses souhaits, des personnes de son entourage meurent dans des conditions particulièrement atroces. Clare le sait : elle doit se débarrasser de la boîte pour sauver sa vie et celle de ses proches avant de faire le voeu de trop.

Qui dit excellent directeur de la photographie, ne veut pas forcément dire bon réalisateur. C’est le cas de John R. Leonetti, chef opérateur sur Chucky 3, Hot Shots ! 2, The Mask, Mortal Kombat, qui a connu un second souffle grâce aux films de James Wan, Dead Silence, Death Sentence, Insidious et sa première suite, sans oublier Conjuring : Les Dossiers Warren. Une belle carte de visite. En 1997, John R. Leonetti signe son premier long métrage, Mortal Kombat : Destruction finale, considéré – à juste titre – comme l’une des pires suites de l’histoire du cinéma. Ses autres coups d’essai ne sont pas plus fameux avec un Effet papillon 2 en 2006 et le soporifique Annabelle en 2014, spin-off de la franchise Conjuring centré sur la poupée maléfique. Si en 2016, Wolves at the Door est resté inédit en France, I Wish – Faites un vœu ou Wish Upon en version originale, a connu une exploitation dans nos salles l’été 2017 où il a attiré plus de 300.000 spectateurs fans de cinéma fantastique. Rien ne distingue ce film de genre du tout venant contemporain. Mollement réalisé, interprété par des jeunes comédiens sans aucun charisme, mal écrit, I Wish – Faites un vœu fait penser à un mauvais épisode de La Quatrième Dimension.

Clare Shannon, âgée de 17 ans, est hantée par le souvenir du suicide de sa mère. Son père Jonathan, un ancien musicien et collectionneur compulsif qui passe son temps à fouiller dans les bennes à ordures, trouve une boîte à musique chinoise et la lui donne comme cadeau d’anniversaire. Sympa le padre. Comme par hasard, Clare étudie le chinois au lycée et parvient à traduire l’une des nombreuses inscriptions sur la boîte : « Sept souhaits ». Subissant les moqueries et les brimades d’une dénommée Darcie, Clare fait sans trop y croire le vœu que sa rivale se mette à pourrir. Carrément. Le lendemain, cette dernière se lève et constate que sa peau ressemble à du charbon qui s’effrite. Le même jour, Clare retrouve Max son chien mort, dévoré par des rats dans l’espace souterrain de sa maison. Clare se rend compte que la boîte octroie des vœux, mais ne réalise pas encore que ses souhaits ont des conséquences. Elle fait néanmoins un second souhait, celui que Paul, le garçon le plus prisé du lycée tombe « désespérément » amoureux d’elle. Et ainsi de suite, Clare va pouvoir se faire plein de tune, emballer le mec de ses rêves, faire en sorte que son père arrête de faire les poubelles et surtout devenir la fille la plus populaire de son bahut. Bon en contrepartie, son oncle, son chien, sa voisine préférée meurent tous dans des conditions étranges, mais c’est pas grave, Clare peut se payer plein de jupes et du mascara pour souligner son strabisme.

I Wish – Faites un vœu ne fait rien ou pas grand-chose pour donner un peu d’originalité à son histoire qui ne se gêne pas pour piller ses idées sur l’excellente saga Destination Finale ou sur Wishcraft de Richard Wenk (2002). Du coup, les passages à trépas sont attendus en plus d’être vus et revus. On serait méchant, on pourrait dire qu’avec ses acteurs en carton, son scénario en carton et sa mise en scène en carton que I Wish – Faites un vœu est un film Linda de Suza.

Du haut de ses 18 ans, l’actrice principale Joey King compte déjà de nombreuses apparitions au cinéma, principalement dans des productions fantastiques (World Invasion: Battle Los Angeles, The Dark Knight Rises, Le Monde fantastique d’Oz, Independence Day: Resurgence) ou d’horreur (En quarantaine, Conjuring : Les Dossiers Warren). Si son charisme rappelle celui d’une Barbra Streisand juvénile, la jeune comédienne en fait souvent des tonnes avec ses yeux écarquillés, sa moue boudeuse et ses bras qui moulinent quand elle se met à courir. Une tête à claques jamais attachante. Elle n’est guère aidée par ses partenaires, qui se contentent du minimum syndical, en particulier le revenant des années 1990 Ryan Phillippe, cantonné au rôle du père qui ne se rend pas compte dans quelles catastrophes s’est embarquée sa fille. Notons tout de même l’apparition de Sherilyn Fenn, la merveilleuse Audrey de la série Twin Peaks.

Si l’on a déjà vu bien pire, I Wish – Faites un vœu est représentatif du cinéma fantastique d’aujourd’hui, fait à la chaîne pour les adolescents, une malbouffe hollywoodienne réalisée par des types soucieux de faire plaisir à leurs sponsors, de vendre des tonnes de popcorn et des litres de soda à l’entrée du cinéma. Il n’est pas interdit de se faire uniquement plaisir au cinéma, surtout pas, c’est même la base du septième art, c’est juste qu’il y a un minimum syndical à respecter quant à la gueule du produit finit proposé à une jeune audience qui n’est même plus capable de distinguer le bon du mauvais cinéma de genre.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de I Wish – Faites un vœu, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Minimum syndical pour cette édition HD puisque TF1 Studio ne livre que cinq petites featurettes (11 minutes au total), composées d’interviews de l’équipe (acteurs, réalisateur, producteurs) et d’images de plateau. Promotionnels à fond, ces modules se focalisent notamment sur le tournage de la scène du grenier.

L’Image et le son

I Wish – Faites un voeu est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Michael Galbraith. Les volontés artistiques sont donc respectées mais entraînent quelques pertes occasionnelles du piqué et des détails dans les scènes les moins éclairées. Néanmoins, ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale.

Que votre choix se soit porté sur la version française ou la version originale DTS-HD Master Audio 5.1., le confort acoustique est total et la piste anglaise l’emporte du point de vue homogénéité des voix et des effets annexes. Le pourvoir immersif des deux mixages est fort plaisant. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets sont souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Broad Green Pictures / Steve Wilkie / Paramount Pictures / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Last Call, réalisé par Mark Williams

LAST CALL (A Family Man) réalisé par Mark Williams, disponible en DVD et Blu-ray chez Marco Polo Production le 6 décembre 2017

Avec :  Alison Brie, Gerard Butler, Willem Dafoe, Gretchen Mol, Alfred Molina, Dustin Milligan, Stephen Bogaert, Kathleen Munroe…

Scénario : Bill Dubuque

Photographie : Shelly Johnson

Musique : Mark Isham

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dane Jensen, chasseur de têtes, est en lice pour le poste de manager d’une grande firme de recrutement. Absorbé dans son travail, il en néglige sa famille. Dane doit revoir ses priorités lorsqu’il apprend que son fils de 10 ans est atteint d’un cancer…

Le Gerard Butler Movie est presque un genre à part entière. Depuis sa révélation dans 300 de Zack Snyder en 2007, l’écossais bourru n’aura cessé de tourner, sans véritablement retrouver le succès. Ce qui n’a pas empêché le comédien de jouer sous la direction de Guy Ritchie (RocknRolla), F. Gary Gray (Que justice soit faite), Mark Neveldine et Brian Taylor (Ultimate Game), une prédilection pour les thrillers et films d’action. Mais il s’est également essayé à la comédie romantique comme P.S. I Love You de Richard LaGravanese, L’Abominable Vérité de Robert Luketic ou bien encore le sympathique Love Coach de Gabriele Muccino, dans lequel son coeur hésitait entre Catherine Zeta-Jones, Uma Thurman et Jessica Biel. Que la vie peut être difficile parfois. Gerard Butler a tout essayé, y compris les comédies d’action (Le Chasseur de primes avec Jennifer Aniston), le drame de guerre (Machine Gun de Marc Forester), la comédie potache (My Movie Project). Acteur sous-estimé et dont les choix de carrière n’ont pas été heureux, Gerard Butler campe des personnages souvent très attachants. Bien qu’il bénéficie aujourd’hui d’une petite franchise personnelle, les « sous-Die Hard » Chute de la Maison Blanche d’Antoine Fuqua et La Chute de Londres de Noam Murro, on aime également le voir dans quelques films plus « calmes », des récits initiatiques à l’instar de l’excellent Chasing Mavericks, dernier film de Curtis Hanson, remplacé durant le tournage par Michael Apted. Point de muscles, ni de Nord-coréens qui envahissent les Etats-Unis, encore moins de demoiselles en détresse à sauver dans Last CallA Family Man, premier long métrage réalisé par Mark Williams.

Producteur de séries télévisées (The Choir) mais aussi de l’excellent Mr Wolff de Gavin O’Connor avec Ben Affleck, Mark Williams s’en sort pas trop mal et met en scène un scénario écrit par Bill Dubuque, également l’auteur de Mr Wolff, mais aussi du Juge de David Dobkin avec Robert Downey Jr. et Robert Duvall. En fait, le film interpelle beaucoup plus dans sa partie dramatique qui tourne autour de l’enfant malade du personnage principal, plutôt que dans sa partie « working » où Dane est montré dans son bureau en train de batailler pour obtenir un poste haut placé. Certes, Last Call est une œuvre bancale, mais la balance penche finalement du bon côté, grâce notamment au très bon casting. Aux côtés de Gerard Butler, la trop rare Gretchen Mol, qui avait marqué les cinéphiles dans les années 1990 dans Donnie Brasco, New Rose Hotel, Celebrity, Les Joueurs ou bien encore Road to Graceland et Passé virtuel est parfaite dans le rôle de la femme délaissée par son mari au profit de son travail. Alison Brie, Alfred Molina et le prolifique-éclectique Willem Dafoe apportent leur pierre à l’édifice.

Si Mark Williams est souvent à deux doigts du pathos, les comédiens parviennent à rester sobres dans cette histoire qui aurait pu facilement tomber dans la guimauve et la facilité. Gerard Butler est impeccable dans le rôle pas si facile du mec arriviste et ambitieux, le genre à mettre du Red Bull dans son thé pour pouvoir tenir 70 heures par semaine pendu au téléphone, prêt à tout pour devenir le manager d’une grande firme de recrutement, rattrapé finalement par la vie quand son jeune fils est atteint d’une leucémie. C’est une belle leçon de vie. Last Call est ponctué de scènes émouvantes, un film simple qui véhicule de beaux et bons sentiments, notamment sur les priorités de l’existence, et emporte l’adhésion facilement.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Last Call, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est simple, fixe et muet. Quant au visuel, il rappelle furieusement celui de…Margin Call de J.C. Chandor.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Faites confiance à Marco Polo Production pour assurer l’arrivée de Last Call directement dans les bacs en France. Le master HD tient toutes ses promesses, la colorimétrie très belle, la clarté éblouissante, les contrastes denses, les détails ciselés (merci au cadre large) et le relief omniprésent. Que l’action se déroule en extérieur ou en intérieur, de jour comme de nuit, la définition demeure optimale, le piqué tranchant et la photo du très doué chef opérateur Shelly Johnson (Jurassic Park III, Wolfman, Captain America: First Avenger) est admirablement restituée, le léger grain original étant également conservé.

Ne vous attendez pas à des ambiances explosives, même si la balance frontale des pistes anglaise et française encodées en DTS HD Master Audio 5.1 est bien équilibrée. La spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux présents sur les séquences en extérieur. Sur les deux versions, les voix prédominent et les basses soulignent efficacement la partition de Mark Isham (Blade, Le Dahlia noir, Homefront). Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Marco Polo Production / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / À voix haute – La force de la parole, réalisé par Stéphane De Freitas et Ladj Ly

À VOIX HAUTE – LA FORCE DE LA PAROLE réalisé par Stéphane De Freitas et Ladj Ly, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 7 novembre 2017

Avec :  Yacine Ait Khelifa, Leïla Alaouf, Ouanissa Bachraoui, Franck Bikpo, Houda Chnabri, Thomas Dedessus Le Moutier, Jeremy Diaz, Hanane El Mokhtar, Camélia Kheiredine, Thomas Luquet, Souleïla Mahiddin, Kristina Marcovic, Eddy Moniot, Kiss Sainte-Rose, Elhadj Touré, Johan Youtchou…

Photographie : Timothée Hilst, Ladj Ly

Musique : Superpoze

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours « Eloquentia », qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ». Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d’y participer et s’y préparent grâce à des professionnels qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Au fil des semaines, ils vont apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, et vont s’affirmer, se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes. Munis de ces armes, Leïla, Elhadj, Eddy et les autres, s’affrontent et tentent de remporter ce concours pour devenir « le meilleur orateur du 93 ».

« C’est cool de parler en fait ! », « Ça peut changer ma vie ! », les étudiants passent à tour de rôle devant les autres, ainsi que devant Bertrand Périer, avocat et surtout formateur ici, bien décidé à leur faire prendre confiance en eux dans un délai de six semaines. Prendre la parole et donner de la voix pour changer de vie, c’est le sens du concours Eloquentia, créé en 2013, auxquels participent chaque année jeunes femmes et des jeunes hommes de l’Université de Saint-Denis, tous d’univers, de parcours et de nationalités divers et variés. L’objectif est de devenir le meilleur orateur du département. Aidés par des avocats, des metteurs en scène ou encore des slameurs et des poètes, les participants se préparent tout en apprenant autant sur eux-mêmes que sur les ressorts de la langue française. Portrait d’une jeunesse bien dans ses baskets, qui refuse de se laisser enfermer et combat la fatalité par les mots tout en prenant de l’assurance face à leur(s) interlocuteur(s).

Réalisé par Stéphane de Freitas, né en 1986, À voix haute – La force de la parole a tout d’abord connu une première diffusion en novembre 2016 dans l’émission Infrarouge sur France 2, dans une version courte de 76 minutes. Devant le succès d’audience de ce documentaire (560.000 téléspectateurs), une version longue d’1h35 a donc connu une exploitation dans les salles en avril 2017. Porté par l’engouement des spectateurs et de la critique, À voix haute – La force de la parole aura attiré pas loin de 200.000 spectateurs. Artiste, réalisateur et entrepreneur social, Stéphane de Freitas est également le concepteur du programme de prise de parole Eloquentia et explique pourquoi il a voulu entreprendre ce film militant « Ces jeunes, qu’on stigmatise trop souvent, ont des ressources insoupçonnées. Tous ont des choses passionnantes à dire et à faire. Il était important de garder une trace de leur travail et j’y voyais aussi l’occasion de faire mes débuts à la réalisation d’un long métrage ».

Etant lui-même à l’origine du concours Eloquentia, Stéphane de Freitas, aidé à la réalisation par Ladj Ly, convie le spectateur à faire la rencontre de cette trentaine de jeunes bourrés de talents, charismatiques, immédiatement attachants. Des natures différentes, mais qui se complètent parfaitement et qui font le charme instantané de ce documentaire bourré d’énergie et d’optimisme, qui présente quelques protagonistes en particulier, chez eux, avec leur famille, à mesure que la finale approche. Alors certes, par son dispositif À voix haute – La force de la parole peut faire parfois penser à un radio-crochet, du stand-up ou plus exactement à une émission de téléréalité du style Star Academy où un seul parmi les candidats sera désigné comme étant le grand orateur de l’année. Mais point de voyeurisme ici, encore moins de clichés. La sincérité de Yacine, Leïla, Ouanissa, Franck, Houda, Thomas, Jeremy, Hanane, Camélia, Thomas, Souleïla, Kristina, Eddy (qui allait remporter cette session), Kiss, Elhadj et Johan, leurs sourires, leurs larmes, leurs regards, reflètent déjà un passé, une histoire, un héritage, une force qui leur ont déjà donné des racines bien ancrées dans le monde réel. Et comme tout le monde ils ont la tête pleine de rêves et d’espoirs, et désirent faire entendre ce qu’ils pensent, ce que leurs parents ont vécu ou ce qu’ils ont eux-mêmes connu et fait d’eux les jeunes adultes qu’ils sont aujourd’hui.

Eloquentia est une opportunité pour eux et même s’ils n’atteindront pas la demi-finale, ou même les quarts, au moins leur parole aura été entendue et le dialogue de s’installer en bout de course. A ce titre, il n’y a aucun perdant ici et c’est tant mieux.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’À voix haute – La force de la parole, disponible chez TF1 Studio, est disposé dans un boîtier classique de couleur bleue. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé sur quelques séquences.

Afin de prolonger le film, l’éditeur propose trois petits modules. Le premier suit Leïla qui se rend à l’université de Californie à Berkeley (3’30), près de San Francisco. L’occasion pour la jeune femme de s’exprimer en anglais lors de la sixième conférence annuelle sur l’islamophobie.

Le second bonus propose une improvisation de Kiss devant les autres étudiants (1’).

Enfin, le dernier supplément propose les interventions de quelques étudiants au Palais de Justice (9’30), dans leur intégralité.

L’Image et le son

Tourné en numérique, À voix haute – La force de la parole bénéficie d’une édition HD, qui parvient à restituer les volontés artistiques, un tournage vif afin de capter la spontanéité des intervenants, avec une belle précision. Le cadre est beau, la colorimétrie scintillante et le relief omniprésent. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est acéré.

La piste 5.1. est anecdotique et le soutien des latérales n’est palpable que sur les rares séquences tournées en extérieur. Les scènes demeurent essentiellement axées sur les frontales, les latérales se contentant d’un écho très lointain. Pour cause de tournage brut, l’enregistrement sonore varie selon les conditions des prises de vue. Pour une meilleure homogénéité, la stéréo se révèle parfaite, percutante à souhait, cette piste donne finalement plus de corps à l’ensemble. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont au programme.

Crédits images : © Mars Films / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Hangover Square, réalisé par John Brahm

HANGOVER SQUARE réalisé par John Brahm, disponible en DVD et Blu-ray chez Rimini Editions le 3 janvier 2018

Acteurs :  Laird Cregar, Linda Darnell, George Sanders, Glenn Langan, Faye Marlowe, Alan Napier…

Scénario : Barré Lyndon d’après le roman Hangover Square de Patrick Hamilton

Photographie : Joseph LaShelle

Musique : Bernard Herrmann

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Le cinéaste allemand John Brahm (1893-1982) fuit l’Allemagne à l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir. Il arrive à Hollywood et signe son premier long métrage Le Lys brisé en 1936, sous le nom d’Hans Brahm. Eclectique, John Brahm passe facilement du drame à la comédie, d’une Prison centrale à un Pensionnat de jeunes filles, quand la consécration arrive avec son thriller Laissez-nous vivre (1939) avec Henry Fonda et Maureen O’Sullivan. En 1942, The Undying Monster est un tournant dans sa carrière. Pour le compte de la Fox, John Brahm suit le genre fantastique initié par les studios Universal, à travers une histoire de loup-garou mise en scène avec une esthétique expressionniste saluée de la part de la critique. Le cinéaste récidive dans le genre épouvante avec Jack l’EventreurThe Lodger en version originale, troisième adaptation du roman de Marie Belloc Lowndes. Un an après, John Brahm, les comédiens Laird Cregar et George Sanders se retrouvent pour Hangover Square, le plus beau, le plus grand film du cinéaste.

Londres, 1899. George Bone, pianiste et compositeur classique renommé, est surmené par son travail d’écriture d’un concerto pour piano. Le compositeur est victime de fréquentes crises de pertes de mémoire qui sont provoquées à chaque fois qu’il entend des sons discordants. Pourtant un brave homme dans la vie, il se transforme en un meurtrier sadique lors de ses crises dont il ne garde aucun souvenir. Pourtant, Bone s’interroge quand il retrouve une dague ensanglantée dans sa poche et qu’il lit dans un journal le meurtre sauvage d’un antiquaire. Troublé, et sur les conseils de son ami mécène Sir Henry Chapman et de sa fille Barbara, il se rend chez un spécialiste, le Dr Allan Middleton (Georges Sanders, la classe). Ce dernier le rassure et lui conseille de réduire son travail et de se détendre. Lors d’une soirée dans un pub, il va rencontrer une chanteuse de cabaret, Netta, dont il tombe amoureux. Se rendant compte de ses qualités de compositeur, Netta va profiter de la naïveté de Bone pour l’utiliser. Elle le détourne de son travail pour qu’il lui compose des chansons, lui emprunte de l’argent et profite de ses connaissances pour l’aider dans sa carrière de chanteuse. Plus tard, Bone apprend le futur mariage de Netta avec Eddie Carstairs, un producteur de théâtre. La folie s’empare de lui.

Hangover Square reprend et transcende tout ce qui faisait déjà la très grande réussite de Jack l’Eventreur. Comme pour ce dernier film, John Brahm met en scène un scénario de Barré Lyndon (Crépuscule de Henry Hathaway), et adapte très librement le roman de Patrick Hamilton (La Corde, Hantise). Hangover Square est le dernier film du comédien Laird Cregar (Le Cygne noir de Henry King, Le ciel peut attendre d’Ernst Lubitsch), qui venait de triompher dans le précédent film de John Brahm. Décédé à l’âge prématuré de 31 ans des suites de complications post-opératoires (il avait entamé un régime draconien), Laird Cregar s’impose sans difficulté – surtout quand il est filmé en contre-plongée – avec son mètre 91, même si sa silhouette avait déjà beaucoup diminué. Mais c’est surtout son immense sensibilité qui transparaît à l’écran et qui contraste avec ses crises de folie quand son personnage se retrouve en transe après avoir entendu quelques sons stridents.

De par ses partis pris gothiques et même parfois expressionnistes concoctés par le directeur de la photographie Joseph LaShelle, Hangover Square fait penser à une relecture de Docteur Jekyll et M. Hyde. On s’attache très vite à George Bone, compositeur solitaire qui vit par et pour la musique, aimé par une jeune femme qui l’inspire, mais qui se trouve également hypnotisé par une artiste de bastringue sensuelle, ambitieuse et au charme vénéneux, Netta, incarnée par la vamp Linda Darnell (Le Signe de Zorro, L’Aveu, Chaînes conjugales). Moulée dans ses costumes, Netta inspire la tentation et signera la perte de George.

Drame psychologique et film noir à la frontière du fantastique, Hangover Square joue avec les genres pour mieux déstabiliser les spectateurs. Son héros tragique, colosse aux pieds d’argile, victime d’un dédoublement de la personnalité qu’il ne peut contrôler et qui ne se souvient de rien en reprenant conscience, devient pour ainsi dire un Fantôme de l’Opéra, qui préférera terminer son concerto, l’oeuvre de toute une vie – composé par l’immense Bernard Herrmann (Concerto Macabre for piano and orchestra) pour l’une de ses premières partitions réalisées pour le cinéma – en étant caressé puis finalement emporté par les flammes. Un dernier acte virtuose qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de L’Homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock (1934) avec ses actions simultanées se déroulant durant le concert.

Merveilleusement interprété, réalisé et photographié, Hangover Square, film-miroir à Jack l’Eventreur du même cinéaste, est un chef d’oeuvre absolu de romantisme noir. L’année suivante, John Brahm réitèrera le même exploit pour la troisième fois consécutive avec Le MédaillonThe Locket, porté par l’immense Robert Mitchum.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Hangover Square, disponible chez Rimini Editions, repose dans boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui liseré bleu. Le visuel de la jaquette est très beau, élégant et attractif. Le menu principal est animé et musical. L’éditeur joint également un livret de 32 pages rédigé par Marc Toullec, ancien rédacteur en chef de Mad Movies, intitulé John Brahm, l’illustre inconnu d’Hollywood.

En ce qui concerne les bonus, l’éditeur est allé à la rencontre de la journaliste cinéma Guillemette Odicino (17’30). Nous ne nous étendrons pas sur cette présentation sans intérêt ni argument, qui se contente de réciter les fiches Wikipédia du réalisateur John Brahm et des comédiens. Plus chroniqueuse people que journaliste, elle a en effet l’habitude de s’attarder plus sur les abdos d’un comédien que sur sa performance, Guillemette Odicino évoque ce drame gothique comme si elle parlait de l’épisode final des Teletubbies. Passez votre chemin et sélectionnez immédiatement le supplément suivant.

L’entretien autour de la musique de Bernard Herrmann (27’30) en compagnie du musicien et compositeur (Les Liens du sang de Jacques Maillot) Stephan Oliva, est indispensable pour tous les amoureux de la musique de cinéma. Assis devant son piano, l’improvisateur et musicien de jazz présente les étapes de la carrière de Bernard Hermann (1911-1975), l’évolution de son style, son travail pour la couleur ou le N&B et son influence majeure dans le monde du cinéma, en jouant quelques-uns de ses plus grands thèmes composés pour Laura, Citizen Kane, L’Aventure de mme Muir, Psychose, Sueurs froides, Hangover Square, Les Nerfs à vif, Taxi Driver, Obsession. Absolument passionnant et un délice pour les oreilles.

On termine par une rencontre avec l’incontournable François Guérif (14’). Le critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir se penche bien évidemment sur la vie et l’oeuvre de Patrick Hamilton, dont le roman Hangover Square a été très librement transposé au cinéma par John Brahm sur un scénario de Barré Lyndon. François Guérif confronte le film avec le livre original, en précisant que le roman était à la base inadaptable, puisqu’il ne fait que raconter des beuveries du personnage principal, d’où le titre de l’ouvrage.

L’Image et le son

La copie HD proposée est très impressionnante. La restauration effectuée est absolument sidérante de beauté et aucune scorie n’a survécu au lifting numérique. Les noirs sont denses, les blancs éclatants, la gestion des contrastes magnifique et le piqué affiche une précision hallucinante. Le codec AVC consolide l’ensemble avec brio, les fondus enchaînés sont fluides et n’occasionnent aucun décrochage et un léger grain demeure flatteur, sans lissage excessif. Il y a certes peu de séquences tournées en extérieur, mais toutes les scènes arborent un relief et une restitution des matière fort étonnants. Un master 4K éblouissant, stable, proposé au format 1.37, qui restitue les partis pris du chef opérateur Joseph LaShelle (La Garçonnière, Laura).

L’unique version anglaise est proposée en DTS-HD Master Audio Mono. L’écoute demeure appréciable en version originale (avec ou sans sous-titres français), avec une bonne délivrance de la musique de Bernard Herrmann, des effets annexes et des voix très fluides et aérées, sans aucun souffle. Si elle manque parfois de coffre, l’acoustique demeure suffisante.

Crédits images : © Twentieth Century Fox Home Entertainment / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Kidnap, réalisé par Luis Prieto

KIDNAP réalisé par Luis Prieto, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studios le 7 novembre 2017

Acteurs :  Halle Berry, Sage Correa, Chris McGinn, Lew Temple, Jason Winston George, Christopher Berryn…

Scénario : Knate Lee

Photographie : Flavio Martínez Labiano

Musique : Federico Jusid

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Karla, profite d’un après-midi dans un parc d’attractions en compagnie de son fils lorsque celui-ci disparaît subitement. En alerte, elle repère finalement des inconnus le faire monter de force dans leur voiture.  Karla réalise à cet instant que sans réaction de sa part, elle pourrait ne jamais revoir son enfant.
Pas le temps d’hésiter, elle se lance à la poursuite des ravisseurs et ne reculera devant rien pour le sauver.

Moins présente sur les écrans (de cinéma) depuis quelques années, Halle Berry, Oscar de la meilleure actrice en 2002 pour À l’ombre de la haine, refait quelques fois surface en tant que second rôle comme dernièrement dans Kingsman : Le Cercle d’or de Matthew Vaughn et X-Men: Days of Future Past de Bryan Singer. Son dernier succès personnel remonte à 2013 avec The Call de Brad Anderson. Pour son retour sur le devant de la scène, la comédienne produit et interprète le rôle principal de Kidnap, thriller qui reprend quasiment la même recette que The Call justement, sauf que cette fois la comédienne n’est pas plantée devant son bureau pendant 1h30, mais se trouve lancée à plus 120 kilomètres à l’heure sur l’autoroute, à la poursuite des kidnappeurs de son fils de six ans. Série B invraisemblable, qui s’enfonce progressivement dans le nawak, Kidnap n’est pas déplaisant en-soi et sait divertir, c’est juste qu’on ne croit malheureusement pas une seule seconde à cette histoire.

Halle Berry est Karla McCoy, serveuse d’une quarantaine d’années, divorcée, qui mène une vie paisible avec son fils Frankie. Un jour, alors qu’ils passent une journée dans un parc d’attractions, Frankie est enlevé par une femme. Karla arrive à repérer la voiture dans laquelle son enfant a été embarqué et s’engage dans une course-poursuite. Dans la panique, elle perd son téléphone portable, et malgré ses efforts durant la poursuite automobile, ne parvient pas à obtenir une aide de la police.

Réalisé par Luis Prieto, metteur en scène espagnol d’un remake de Pusher en 2012, Kidnap repose essentiellement sur le charisme, le talent et l’investissement de sa comédienne principale. Quasiment de tous les plans, filmée sous tous les angles, Halle Berry livre une solide prestation et le film ne vaut d’ailleurs que pour elle. Son charisme est intact, son jeu n’a jamais été aussi bon et on la sent véritablement impliquée du début à la fin. Heureusement d’ailleurs, car le récit, les péripéties et les rebondissements ne sont jamais crédibles. Si Kidnap démarre bien, pour ne pas dire sur les chapeaux de roues, l’histoire fait rapidement du surplace malgré ses bolides lancés à toute vitesse sur l’autoroute.

Ecrit par le scénariste Knate Lee, qui travaillait auparavant sur la série Jackass, producteur de Bad Grandpa et qui vient d’écrire le prochain X-Men intitulé The New Mutants, Kidnap n’est absolument pas réaliste et peine alors à créer l’empathie avec le personnage principal, malgré toute la hargne d’Halle Berry et le rythme soutenu qui font qu’on ne s’ennuie pas. Le gros problème de Kidnap est donc de faire un quasi copier-coller de The Call, sur le fond, sur la forme, y compris lors de l’acte final. Une impression de déjà-vu très maladroite.

A l’origine prévu dans les salles en octobre 2015, puis programmé février 2016 en raison de difficultés financières de la société de production Relativity, pour finalement arriver en août 2016 aux Etats-Unis et le mois suivant en VOD dans nos contrées, Kidnap a connu un succès d’estime, sans pour autant casser la baraque. S’il est toujours plaisant de voir Halle Berry dans de ce genre de divertissement, on aimerait cependant la retrouver désormais dans un film plus ambitieux, qui saurait prendre en compte la nouvelle maturité de son jeu.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Kidnap, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une des séquences du film en version française.

Un seul supplément au programme de cette édition, un making of de 14 minutes, entièrement promotionnel et composé d’interviews dithyrambiques des comédiens, du cinéaste et du coordinateur des cascades – réalisateur de la seconde équipe. Les acteurs sont en mode « j’ai appris mon texte par coeur », les propos sont redondants, récités et dévoilent toute l’histoire. Quelques images de tournage montrent Halle Berry prendre le volant lors des séquences agitées sur la route. Heureusement que sa voiture était en réalité conduite par un cascadeur positionné sur le toit du véhicule.

L’Image et le son

Voici un transfert solide et une édition HD qui frôle la perfection. La luminosité est omniprésente, les détails confondants sur les gros plans, surtout sur la superbe Halle Berry, filmée sous tous les angles (et merci au cadre large !), le piqué est aiguisé comme un scalpel, la colorimétrie est étincelante et les contrastes ne cessent d’impressionner. La mise en scène agitée de Luis Prieto entraine quelques baisses de la définition, mais rien de rédhibitoire. Apport HD non négligeable pour ce titre.

Attention les oreilles ! Les courses-poursuites entraînent une très bonne utilisation du caisson de basses, qui rugit à de multiples reprises. Toutes les enceintes plongent le spectateur au milieu de la circulation, avec ses coups de frein et ses klaxons en tous genres, ses sirènes de police, ses vrombissements sur l’asphalte. La musique est délivrée sur chaque baffle avec fracas, les voix des comédiens demeurent claires et jamais noyées sous le brouhaha, en français comme en anglais, grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 5.1. Accrochez votre ceinture. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © TF1 Studios / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Arrow – Saison 5

ARROW– SAISON 5, disponible en DVD et Blu-ray  le 22 novembre 2017 chez Warner Bros.

Acteurs : Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Emily Bett Rickards, John Barrowman, Colton Haynes, Manu Bennett, Caity Lotz, Susanna Thompson, Echo Kellum…

Musique : Blake Neely

Durée : 23 épisodes de 42 minutes

Date de sortie initiale : 2016-2017

LA SÉRIE

Après la mort de Laurel et le départ de Diggle et Thea de l’équipe, Oliver reste seul pour protéger les rues de Star City. Avec Felicity le guidant depuis le bunker, il est forcé de gérer une ville submergée à la fois de criminels et d’une bande de nouveaux et inexpérimentés justiciers. Mais il doit également concilier son statut de défenseur avec son nouveau poste de maire de la ville. Sa partenaire lui suggère de former une nouvelle équipe malgré son refus. Cependant, quand un nouveau criminel, Tobias Church, fait son apparition dans la métropole, Oliver réalise que Felicity avait raison et que la meilleure solution pour protéger les citoyens serait de créer une nouvelle équipe de super héros. Un peu plus tard vient s’ajouter un autre adversaire, Prometheus, un archer aussi doué qu’Oliver, qui semble le connaître et souhaite le discréditer aux yeux de la ville…

Arrow revient de loin ! Si la série avait su prendre son envol avec trois bonnes saisons, la quatrième avait décontenancé les téléspectateurs et la critique à cause d’une mise en scène affreuse, des histoires jamais intéressantes, l’histoire d’amour Olicity jugée trop niaise et surtout un badguy ridicule qui inspirait plus la pitié que la peur. C’est dire si la chute a été brutale. Voyant que l’audience s’était écroulée, la production et les showrunners ont su prendre en compte tous ces mauvais retours et surtout apprendre de leurs erreurs. Renouvelée pour une cinquième saison, Arrow renaît littéralement pour notre plus grand plaisir. Plus brutale, plus sombre, plus psychologique, cette cinquième saison atomise la précédente, à tel point qu’on en vient même à regretter que la série ne s’arrête finalement pas là, tant la boucle ainsi bouclée aurait été une parfaite conclusion.

Dans cette cinquième saison, les 23 épisodes s’avèrent brillants, passionnants, très bien réalisés, pleins de rebondissements, de combats chorégraphiés, de cascades et d’émotions jusqu’à un final épique où réapparaît Deathstroke. Stephen Amell n’a jamais été aussi bon dans le rôle (et pourtant ce n’était pas gagné), la divine Emily Bett Rickards est toujours géniale, mais c’est surtout le « méchant » interprété par Josh Segarra, qui fait oublier le pathétique et improbable Neal McDonough aka Damien Darhk de la saison 4, qui tire ici son épingle du jeu. Suintant, charismatique, cruel et en même temps finalement empathique, c’est une sacrée révélation. La team Arrow s’est parfaitement renouvelée avec de nouveaux personnages qui s’intègrent bien à l’univers et qui apportent un vrai vent de fraîcheur à l’ensemble.

Aux côtés des stars du show, même si la toujours sexy Willa Holland est le personnage réellement sacrifié de cette saison, d’autant plus qu’elle ne participe plus (ou presque) à l’action, Echo Kellum apporte beaucoup d’humour dans le rôle de l’équivalent de Felicity Smoak au masculin. A la fois nouvelle tête pensante et homme de terrain, Curtis Holt essaye d’aider ses amis en prenant l’identité de Mr Terrific. S’il a encore beaucoup de chemin à faire du point de vue combat, ses inventions technologiques apportent une aide non négligeable à l’équipe dans leur quête pour sauver Star City. Citons également Rick Gonzalez aka Rene Ramirez ou bien encore Wild Dog, Juliana Harkavy, excellente et bad-ass nouvelle Black Canary qui avait déjà peu à faire pour effacer Katie Cassidy – gros point noir de la série, mais qui est quand même présente dans une poignée d’épisodes – de nos mémoires. La nouvelle bande est également constituée du méta-humain Rory Regan/Ragman, interprété par le prometteur Joe Dinicol, ainsi que d’Evelyn Sharp/Artemis, incarnée par la jeune Madison McLaughlin. Moins d’apparitions (et la dernière) de John Barrowman, alias Malcolm Merlyn ou bien encore Ra’s al Ghul, qui intervient seulement dans quatre épisodes. L’association Oliver Queen / John Diggle reprend également du poil de la bête comme dans les deux premières saisons, Paul Blackthorne ou plutôt Quentin Lance, retrouve également un personnage plus consistant en tant qu’adjoint en maire, bref tout est bon dans cette saison.

Entre les soucis à la mairie de la ville, les truands qui ne reculent devant rien et qui débordent d’imagination pour s’emparer de Star City (dont un nouveau justicier violent et aux méthodes radicales qui œuvre sous le nom de Vigilante), plus ce nouvel ennemi impitoyable, Prometheus, qui a décidé de mettre Green Arrow face à son passé d’assassin impitoyable, Oliver Queen a de quoi faire et donc ses nouveaux partenaires ne seront point de trop pour lui donner un coup de pouce. Et pour une fois, les flashbacks omniprésents s’avèrent très intéressants puisqu’ils se focalisent sur les débuts d’Oliver en tant que membre de la Bratva et surtout dans le costume d’Arrow, en Russie, où il affronte un impressionnant mafieux auquel le grand Dolph Lundgren prête ses traits, son mètre 96 et son accent de Rocky IV.

Dernière chose, pour son centième épisode (le huitième dans la saison 5), la production a mis le paquet avec un cross-over très réussi avec les séries Flash, Legends of Tomorrow et Supergirl. Depuis, Arrow semble avoir retrouvé les faveurs des téléspectateurs, même si les audiences de la sixième saison, actuellement en cours de diffusion aux Etats-Unis, ne parviennent pas à retrouver les sommets des trois premières.

LE BLU-RAY

La cinquième saison d’Arrow en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.

L’interactivité est dispersée sur les quatre disques.

Blu-ray 1 : La Nouvelle équipe Arrow (10’) : Les créateurs et producteurs de la série font le point sur les grands changements de cette cinquième saison et plus particulièrement sur les nouveaux justiciers qui combattent aux côtés d’Oliver.

Une scène coupée de l’épisode 3 (1’) est également disponible.

Blu-ray 2 : Alliés : l’Invasion (13’) : Les mêmes protagonistes que dans le module précédent sont de retour pour évoquer cette fois le centième épisode de la série, également l’épisode central d’un cross-over avec les autres shows DC. Quelques spoilers dévoilent l’intrigue de ce huitième épisode.

Deux scènes coupées issues des épisodes 9 (1’) et 11 (30 secondes) sont aussi présentes sur ce disque.

Blu-ray 3 : Deux scènes coupées des épisodes 16 (1’10) et 17 (4’) sont proposées ici.

Blu-ray 4 : Débat du Comic-Con (27’) : C’est devenu le rendez-vous incontournable des éditions DVD-Blu-ray d’Arrow. L’éditeur joint la présentation de la nouvelle saison par toute l’équipe de la série, au Comic-Con de San Diego. L’occasion d’allécher les fans toujours présents et prêts à poser toutes leurs questions aux comédiens, tous très souriants et proches des spectateurs.

Retour aux racines de Arrow : Prometheus (15’) : Les comédiens et les créateurs de la série se penchent sur l’une des grandes réussites de la cinquième saison, l’adversaire d’Oliver Queen interprété par l’excellent Josh Segarra. Attention aux nombreux spoilers si vous n’avez pas encore vu cette saison !

L’interactivité se clôt sur un bêtisier amusant et sur deux scènes coupées (4’ au total) des épisodes 19 et 22.

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches vertes, caractéristiques du personnage principal. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de Arrow dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage nian-nian souvent indigne de la série. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / It Comes at Night, réalisé par Trey Edward Shults

IT COMES AT NIGHT réalisé par Trey Edward Shults, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studios le 7 novembre 2017

Acteurs :  Joel Edgerton, Christopher Abbott, Carmen Ejogo, Riley Keough, Kelvin Harrison Jr., Griffin Robert Faulkner, David Pendleton…

Scénario : Trey Edward Shults

Photographie : Drew Daniels

Musique : Brian McOmber

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.

Etrange film que cet It Comes at Night, deuxième long métrage du jeune réalisateur, scénariste et producteur américain Trey Edward Shults, né en 1988, remarqué en 2016 avec Trisha, Prix de la critique à Deauville en 2015. Ayant fait ses classes auprès d’un certain Terrence Malick sur le tournage de The Tree of Life en tant qu’assistant cameraman, il s’inspire pour son second film de la mort de son père, qui l’a profondément affecté. It Comes at Night est né de ces questions sur la fin de vie, sur ses propres peurs, sur la transmission. Moins un film d’horreur qu’un drame intimiste et thriller psychologique, It Comes at Night déstabilise souvent et ne manque pas d’attraits, même si tout est loin d’être parfait.

Toujours affublé d’un masque à gaz, Paul vit reclus et isolé, avec femme et enfant, dans une maison en bois au milieu de la forêt. Il se voit dans l’obligation d’accueillir une famille chez lui, alors qu’un virus semble avoir mis à mal la civilisation telle qu’on la connaît. Il essaie d’instaurer certaines règles : il faut toujours sortir à deux, passer par la même porte et ne surtout pas s’aventurer dans le bois. Mais ces beaux principes sont mis à mal quand d’étranges événements se produisent.

« Lorsque tombe la nuit » comme nos amis québécois ont intitulé le film, ne révolutionne pas le genre. Voilà ça c’est dit. Il n’en a pas la prétention d’ailleurs. Mais son approche de la peur, celle liée à ses cauchemars, à l’inconnu, au noir et à ce qu’il renferme interpelle bel et bien. Si le rythme est souvent très (trop) lent, Trey Edward Shults a incontestablement le sens du cadre et de la grammaire cinématographique. Sur un postulat simple et bénéficiant d’un budget minuscule de 2,5 millions de dollars, le metteur en scène parvient à tirer profit de son décor limité, une cahute plantée au milieu de nulle part, de son intrigue serrée sur une demi-douzaine de personnages réunis dans la même habitation. Il peut également compter sur de très bons comédiens parmi lesquels se démarquent l’australien Joel Edgerton (Midnight Special, Bright), dont la présence inquiétante et ambigüe met souvent mal à l’aise, ainsi que Riley Keough (Mad Max: Fury Road, Logan Lucky), petite-fille d’Elvis Presley, qui commence à faire sa place à Hollywood.

Trey Edward Shults sait filmer et rendre menaçant une simple forêt en jouant sur les effets suggérés. La menace, puisque menace il y a, vient de l’extérieur et profite souvent de la nuit pour s’engouffrer dans le refuge de la famille principale. Aucun effet gratuit ni tape à l’oeil, la peur et l’angoisse des personnages sont contagieuses, surtout lorsque le réalisateur adopte le point de vue de l’adolescent de la famille, en prise avec ses visions d’horreur et ses premiers émois qu’il est obligé de réfréner. La « routine » de la famille de Paul est ainsi troublée par l’intervention d’un autre couple et de leur enfant. Comment réapprendre à faire confiance quand on a appris à se méfier de tout et de tout le monde ? Où s’arrête l’humanité et où commence l’animalité ? Les sens s’aiguisent dans cet espace fermé, les sentiments contradictoires se déploient et se confrontent, l’instinct de survie prime sur le reste, quitte à réaliser de mauvais choix que l’on pourra sans doute regretter après.

Avec sa photo ténébreuse signée Drew Daniels, ses changements de formats qui soulignent la détresse anxiogène des personnages, sa sécheresse qui rappelle parfois The Witch de Robert Eggers, par ailleurs produit par le même studio A24, It Comes at Night est un film post-apocalyptique maîtrisé, ambitieux, qui peut laisser froid et de marbre certains spectateurs, mais qui n’en demeure pas moins intéressant, au point qu’il n’a de cesse de mûrir encore bien après, et qui révèle surtout un jeune auteur prometteur.

LE DVD

Le DVD d’It Comes at Night, disponible chez TF1 Studio, repose dans un boîtier classique transparent. Changement de visuel par rapport à l’affiche originale, pour la sortie du film dans les bacs. Le menu principal est animé et musical.

Cette édition comprend un seul supplément, un making of de 28 minutes. Sans surprise, ce documentaire se compose d’interviews du réalisateur et des comédiens, ainsi que d’images de tournage. Trey Edward Shults intervient sur la genèse de son second long métrage, ses intentions et partis pris (le cadre, le son, le montage), tandis que les acteurs abordent les thèmes du film. Attention tout de même aux nombreux spoilers. Notons que le metteur en scène indique avoir enregistré un commentaire audio, non disponible sur le DVD français.

L’Image et le son

Pour la photo léchée de son film, Trey Edward Shults a demandé à son chef opérateur Drew Daniels de jouer avec les formats et les ambiances très sombres. Tourné en numérique avec la caméra numérique Arri Alexa XT, prenant comme partis-pris de restreindre le champ visuel, en usant des bords noirs comme dans une toile du Caravage dans les séquences de nuit, le directeur de la photographie plonge ainsi les personnages dans une pénombre froide et angoissante, en passant du format 2.35 au 2.55, jusqu’au format 3.00. Si nous devons vous donner un conseil, c’est de visionner It Comes at Night dans une pièce sans aucune luminosité, afin de mieux plonger dans l’ambiance. Le DVD édité par TF1 Studio restitue habilement la profondeur des contrastes, même si le résultat est forcément moins probant qu’en HD. Par ailleurs, certaines séquences apparaissent plus poreuses et l’on perd parfois en détails. Malgré ces menus défauts, le piqué reste ferme, les fourmillements limités. Ce master SD s’en tire avec les honneurs et contentera ceux qui ne seraient pas passés à la Haute Définition.

Les versions anglaise et française disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1 et Stéréo. La spatialisation satisfait amplement et fait sursauter aux moments opportuns grâce à ses effets latéraux et frontaux particulièrement fins. Le caisson de basses participe à cette immersion, les dialogues sont exsudés avec force sur la centrale et les ambiances naturelles et dérangeantes ne manquent pas. La piste anglaise s’en tire le mieux du point de vue richesse acoustique et ardeur, surtout du point de vue musical. Les versions Stéréo sont évidemment moins enveloppantes, mais de fort bonne facture. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Films / TF1 Studios / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / # Pire Soirée, réalisé par Lucia Aniello

# PIRE SOIRÉE (Rough Night) réalisé par Lucia Aniello, disponible en DVD chez Sony Pictures le 3 janvier 2018

Acteurs :  Scarlett Johansson, Kate McKinnon, Jillian Bell, Zoë Kravitz, Ilana Glazer, Paul W. Downs, Demi Moore, Ty Burrell, Colton Haynes…

Scénario : Lucia Aniello, Paul W. Downs

Photographie : Sean Porter

Musique : Dominic Lewis

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Cinq amies qui se sont connues à l’université se retrouvent dix ans après pour un week-end entre célibataires à Miami. Une seule règle : tout est permis. Mais avec ce qui arrive à un strip-teaseur à cause d’elles, la petite fête va partir en vrille… Que faire face à la gravité de la situation ? Comment s’en sortir ? D’idées stupides en solutions loufoques, c’est l’escalade dans le délire. Au final, si elles s’en sortent, les cinq filles seront plus proches que jamais…

S’il n’y avait pas eu cet incroyable interlude qu’était Under the Skin de Jonathan Glazer en 2013, on aurait presque pu croire que Scarlett Johansson ne pouvait plus jouer autre chose que la Veuve Noire chez Marvel, rôle qu’elle tient depuis 2010 et qu’elle a déjà interprété six fois. C’est en fait un peu faux, car elle était excellente dans le superbe Nouveau DépartWe Bought a Zoo de Cameron Crowe (2011) et se montrait très vulgaire dans le sympathique Don Jon de Joseph Gordon-Levitt (2013). Entre deux tournages, elle n’oublie pas de donner sa voix rauque à une intelligence artificielle dans Her de Spike Jonze (2013), qui lui vaut le Prix d’interprétation au Festival international du film de Rome (!), ainsi qu’au serpent Kaa dans la superbe adaptation du Livre de la jungle de Jon Favreau (2016). Non, nous n’évoquerons pas Lucy, le nanar de Luc Besson qui a engrangé près de 500 millions de dollars à travers le monde en 2014. Tout cela pour dire que Scarlett Johansson fait toujours partie du paysage cinématographique, qu’on le veuille (les mecs surtout) ou non (les filles en fait). En 2017, outre son rôle de Motoko Kusanagi dans la transposition de Ghost in the Shell (Zzz Zzzz Zzz) par Rupert Sanders, Scarlett a également été à l’affiche d’une comédie délirante, passée inaperçue en France, qui offre pourtant de très bons moments de franche rigolade. Cette comédie c’est # Pire Soirée, premier long métrage réalisé par Lucia Aniello.

Si l’on pense dans un premier temps à l’horrible EVJF Party, réalisé par Jason Friedberg et Aaron Seltzer, responsables des calamiteux Sexy Movie, Spartatouille, Disaster Movie, Mords-moi sans hésitation et Superfast 8, c’est plutôt le désormais culte Very Bad Things, mis en scène par Peter Berg en 1998, dans lequel des potes tuaient accidentellement une prostituée lors d’un enterrement de vie de garçon, qui a servi de référence au film de Lucia Aniello. # Pire Soirée reprend un peu le même canevas, on peut même parler de remake vu cette fois du point de vue des filles. Les comédiennes, venant d’horizon différent, sont parfaites de complémentarité et d’alchimie. Si Scarlett Johansson est un peu rigide par rapport à ses partenaires, on sent qu’elle est ici pour s’amuser, même si son talent comique a déjà été mieux exploité, dans Scoop de Woody Allen notamment. Toujours est-il que malgré l’investissement de la belle Zoë Kravitz, le jeu survolté de Jillian Bell, la lunaire Ilana Glazer et l’apparition de Demi Moore en voisine lubrique qui souhaite ne faire qu’une bouchée de cette bande de filles, c’est une fois de plus la géniale et pétillante Kate McKinnon qui se démarque.

L’actrice et humoriste, issue de la troupe du Saturday Night Live (ses performances lui ont valu un Emmy Award), imitatrice, musicienne, a déjà pu être aperçue par le public français dans le remake-reboot-suite de SOS Fantômes de Paul Feig et dans Joyeux Bordel ! de Josh Gordon et Will Speck. Deux films dans lesquels elle piquait facilement la vedette. Même chose ici. Hilarante, Kate McKinnon déclenche les rires à chaque apparition et le film vaudrait rien que pour elle.

Mais # Pire Soirée est aussi une bonne comédie. Bien rythmée, branchée sur cent mille volts et parfois teintée d’un humour noir très appréciable. Alors même si on a l’impression d’avoir déjà vu ça pas mal de fois au cinéma, on suit avec plaisir cette bande de nanas surexcitées qui tentent de se débarrasser d’un cadavre encombrant, un strip-teaseur invité à la fête, mort sur le coup après une chute, et qui se retrouvent en plus mêlées à une affaire de diamants volés. Oui, c’est n’importe quoi, mais c’est fendard, c’est bien fichu, efficace et c’est surtout bien divertissant.

LE DVD

Le test du DVD de # Pire Soirée, disponible chez Sony Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical. Aucune édition Haute-Définition en France en raison de son échec dans les salles.

La section des suppléments propose tout d’abord un petit clip de la chanson amusante de Kate McKinnon entendue dans la scène finale de # Pire Soirée, disponible ici en karaoké. Alors, suivez bien les lunettes-pénis et reprenez tous en choeur !

S’ensuivent quatre featurettes promotionnelles (18 minutes au total), centrées sur le casting, la collaboration de la réalisatrice Lucia Aniello et son scénariste/producteur/acteur Paul W. Downs, la difficulté pour le comédien Ryan Cooper d’interpréter…un cadavre, sans oublier les répétitions des actrices pour la séquence de danse. Les comédiens, la réalisatrice, les producteurs interviennent à tour de rôle (« amazing » par ci, « terrific » par là), les images de tournage montrent la bonne ambiance qui régnait sur le plateau et Kate McKinnon montre qu’elle est une reine de l’improvisation.

On termine par un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray d’accord, mais DVD quatre étoiles ! Fidèle à sa réputation, Sony livre un master SD irréprochable. Les contrastes affichent une densité remarquable, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir, les scènes diurnes sont éclatantes, la colorimétrie est bigarrée à souhait, la profondeur de champ est irréprochable. Le léger grain de la photo est respecté, les détails abondent sur le cadre large, bref, le transfert est resplendissant.

# Pire Soirée repose souvent sur les dialogues. Il n’est donc pas étonnant que les mixages anglais et français Dolby Digital 5.1 fassent la part belle aux enceintes frontales et à la centrale d’où émergent les voix des comédiens et les effets annexes. Dans les deux cas, la spatialisation est essentiellement musicale (voir toutes les séquences de fiesta) et, sans surprise, la version originale l’emporte sur son homologue de par son ampleur, son relief et sa dynamique. De même, les ambiances se révèlent plus riches, harmonieuses et naturelles sur la piste anglaise.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Les Hommes du feu, réalisé par Pierre Jolivet

LES HOMMES DU FEU réalisé par Pierre Jolivet, disponible en DVD chez Studiocanal le 7 novembre 2017

Acteurs :  Roschdy Zem, Émilie Dequenne, Michael Abiteboul, Grégoire Isvarine, Guillaume Labbé, Guillaume Douat…

Scénario : Pierre Jolivet

Photographie : Jérôme Alméras

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Philippe, 45 ans, dirige une caserne dans le Sud de la France. L’été est chaud. Les feux partent de partout et il se pourrait qu’ils soient l’oeuvre d’un pyromane. Arrive Bénédicte, adjudant-chef, même grade que Xavier, un quadra aguerri : tension sur le terrain, tensions aussi au sein de la brigade… Plongée dans la vie de ces grands héros : courageux face au feu, mais aussi en 1ère ligne de notre quotidien.

Les Hommes du feu est le seizième long métrage de Pierre Jolivet, réalisé en 32 ans de carrière. Même s’il n’a jamais connu les cimes du box-office, le réalisateur a pu compter sur quelques succès d’estime à l’instar de Ma petite entreprise (1999) et Je crois que je l’aime (2007), tous les deux avoisinant les 850.000 entrées. Nombreux de ses films ont également été boudés par le public, mais Pierre Jolivet a toujours persisté dans ses portraits de petites gens confrontés aux aléas de la vie (Fred, La Très très grande entreprise, Jamais de la vie) et surtout trouvé des financements envers et contre tous. Les Hommes du feu est une nouvelle chronique sociale. Attachant, mais bancal, très bien interprété, le nouvel opus de Pierre Jolivet ne manque pas d’atouts, mais pèche par sa facture télévisuelle et son approche semi-documentaire qui l’emporte sur la fiction.

Bénédicte, adjudant-chef, intègre une caserne de pompiers dans le sud de la France, dirigée par Philippe. Une région ravagée par de nombreux incendies, criminels ou non. Lors d’une mission pour un accident de la route, Bénédicte ne voit pas une victime qui reste dans le coma à l’hôpital. Touchée, elle pense à quitter la brigade alors que Philippe tente de la convaincre de rester.

Le projet des Hommes du feu remonte à 2012, des suites d’un fait divers survenu dans les Bouches-du-Rhône, au Plan d’Orgon, où un adolescent de 14 ans avait mis le feu à 400 hectares. Marqué par cet événement, ainsi que par un autre incendie qui s’était déclaré dans un village du Club Med où il résidait, Pierre Jolivet a ensuite entrepris des recherches auprès de psychologues, pour essayer de comprendre ce qui pouvait pousser un individu à déclencher volontairement un incendie. Ces études l’ont amené à rencontrer de nombreux pompiers, qui lui ont parlé de leur quotidien. Les Hommes du feu découle de ces cinq années de travaux réalisés en parallèle de ses derniers films. Malgré l’ambition du cinéaste, le film pèche par un récit mécanique qui aligne les interventions des pompiers, filmées comme un documentaire avec une caméra au plus près des personnages, avec les quelques moments de repos où les soldats du feu tentent d’avoir une vie « normale », puisqu’ils sont également mari, épouse, père ou mère.

Rien à redire sur les comédiens, qui tous convaincants. Roschdy Zem est impeccable dans la peau du capitaine de la caserne et signe par ailleurs sa sixième collaboration avec Pierre Jolivet. Dommage cependant que la quête de rédemption du personnage soit finalement prétexte, clichée et entraîne la scène la plus ratée – car trop écrite et au verbe pompier oh oh – du film dans le dernier acte. La toujours lumineuse Emilie Dequenne s’en tire également haut la main dans le rôle de Bénédicte, la nouvelle adjudant-chef, qui va devoir lutter pour s’imposer auprès de certains subalternes afin de se faire respecter. C’est le cas de Xavier, interprété par l’excellent Michaël Abiteboul, qui va se montrer froid et cynique, surtout après une erreur professionnelle de Bénédicte qui a failli coûter la vie à un accidenté, tout en mettant également en doute les compétences et l’avenir de la caserne.

Le quotidien est bien rendu, tout comme les interventions sur les accidents et incendies, spectaculaires, authentiques et évidemment supervisés par de véritables soldats du feu et capturés caméra à l’épaule. Le film est loin d’être désagréable et d’en-Jolivet (oh oh bis) la réalité, c’est juste qu’il est finalement assez (trop ?) commun, redondant et manque d’enjeux pour retenir l’attention sur 1h30. Si L.627 de Bertrand Tavernier lui servait de modèle pour l’immersion désirée, Pierre Jolivet se trouve quelque peu prisonnier de son dispositif et de ses intentions, au point où on finit par l’imaginer cocher chaque case du guide du « parfait pompier dans l’exercice de ses fonctions ». La solution aurait été de suivre de véritables pompiers pour un documentaire, plutôt que d’hésiter constamment, ce qui se ressent et donc ce qui en fait la faiblesse des Hommes du feu.

LE DVD

Un tout petit DVD pour Les Hommes du feu, disponible chez Studiocanal, qui ne bénéficie même pas d’une édition HD en raison de son échec dans les salles. Un menu fixe et muet d’un autre temps accueille le spectateur.

Heureusement, l’éditeur a quand même intégré un supplément, même s’il ne s’agit que d’un making of de 10 minutes. Classique, composé d’images de tournage et d’interventions de l’équipe, y compris des pompiers qui ont accueilli et conseillé le réalisateur et les comédiens, ce module s’attarde notamment sur la préparation des acteurs et le désir d’authenticité du réalisateur.

L’Image et le son

Même si Studiocanal a préféré faire l’impasse sur une édition Blu-ray, l’éditeur prend soin du film de Pierre Jolivet et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis-pris esthétiques du chef opérateur Jérôme Alméras (Retour à Montauk, Un homme à la hauteur) sont respectés et la colorimétrie habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes et des noirs denses, un joli piqué et des détails appréciables sur l’ensemble des séquences en extérieur et du cadre large en général, y compris sur les gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master SD élégant, propre et clair.

Studiocanal joint une piste Dolby Digital 5.1 qui instaure une spatialisation musicale indéniable, même si les basses manquent à l’appel. En dehors de cela, les ambiances naturelles et les effets annexes sont convaincants, surtout lors des séquences d’interventions, avec une très bonne balance frontales-latérales. De ce point de vue il n’y a rien à redire, les enceintes assurent tout du long, les dialogues étant quant à eux exsudés avec force par la centrale. La Stéréo n’a souvent rien à envier à la DD 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également de la partie, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © 2.4.7. Films / Roger Arpajou / Studiocanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr