Test Blu-ray / La Charge des Tuniques Bleues, réalisé par Anthony Mann

LA CHARGE DES TUNIQUES BLEUES (The Last Frontier) réalisé par Anthony Mann, disponible en DVD et Blu-ray le 21 novembre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Victor Mature, Guy Madison, Robert Preston, James Whitmore, Anne Bancroft, Russell Collins

Scénario : Philip Yordan, Russell S. Hughes

Photographie : William C. Mellor

Musique : Leigh Harline

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Jed Cooper est un trappeur brutal et isolé de la civilisation. Il s’engage dans l’armée avec ses deux partenaires mais, décidé à s’installer, cherche à séduire la très belle femme du colonel Marston. Entretemps, les soldats, jeunes et peu expérimentés, sont chargés de lancer une attaque contre les Indiens pour venir en aide à un fort voisin…

D’origine autrichienne et allemande, de son vrai nom Emil Anton Bundsmann, Anthony Mann (1906-1967) demeure l’un des plus grands réalisateurs américains de l’histoire du cinéma, spécialisé notamment dans le western, à l’instar de ses confrères Howard Hawks, Henry Hathaway et John Ford. Ancien comédien, régisseur de théâtre, il fonde une troupe de théâtre dans les années 1930 où officie également un certain James Stewart. Il commence dans le cinéma en supervisant les essais des acteurs et actrices pour le compte de la Selznick International Pictures. Puis, c’est aux côtés de Preston Sturges qu’il fait ses premiers pas en tant qu’assistant à la Paramount, avant de passer lui-même derrière la caméra en 1942 avec Dr. Broadway. Il se fait la main sur quelques séries B, en passant d’un genre à l’autre. Mais c’est en 1950 qu’il connaît son premier grand succès avec La Porte du diable.

Anthony Mann, parvient à mettre en scène un film progressiste en jouant avec la censure, même si l’industrie hollywoodienne est alors menacée par la fameuse chasse aux sorcières. Oeuvre engagée, le metteur en scène y prend ouvertement la défense des indiens. Sans cesse oublié et évincé au profit de La Flèche brisée, film également pro-indien de Delmer Daves, La Porte du diable demeure un chef d’oeuvre du genre, noir (certains cadrages sont dignes d’un thriller), âpre, pessimiste sur la condition humaine, magnifiquement réalisé et photographié. Suivront Winchester ‘73 (1950), Les Affameurs (1952), L’Appât (1953), Je suis un aventurier (1954), L’Homme de la plaine (1955), dernier des cinq westerns qu’Anthony Mann tourna avec James Stewart. Au milieu des années 1950, le western est un genre en mutation. Le cinéaste enchaîne immédiatement avec La Charge des Tuniques Bleues (1955), The Last Frontier.

S’il n’a pas la force de ses œuvres précédentes, La Charge des Tuniques Bleues n’en est pas moins très réussi. Ce qui frappe d’emblée c’est d’abord la magnificence du CinemaScope, même si Anthony Mann ne fait pas ici la part belle aux grands espaces en confinant principalement son action au sein d’une enceinte militaire. Nous sommes en 1860, en plein Oregon. La Guerre de Sécession est à ses balbutiements et les soldats américains ont été réquisitionnés. Arrivent trois trappeurs, Jed Cooper (Victor Mature), oui le même nom que Clint Eastwood dans Pendez-les haut et court de Ted Post, Gus (James Whitmore) et l’indien Mongo (Pat Hogan). Ils viennent de passer un an dans la montagne à braconner et ont réussi à faire le plein de fourrures qu’ils espèrent bientôt revendre. Subitement, ils se retrouvent encerclés par les Sioux menés par Nuage Rouge, qui proteste contre l’installation militaire sur leur territoire. S’ils font mine de ne pas les apercevoir, les trappeurs sont ensuite obligés de leur laisser leurs armes, leurs chevaux ainsi que le fruit de leur travail. Détroussés, ils parviennent à Fort Shallan, où ils sont accueillis par le Capitaine Riordan (Guy Madison), qui parvient à les faire s’engager en tant qu’éclaireurs civils. Les troupes de soldats sont dirigées par le colonel Marston (Robert Preston). Obsédé par le déshonneur qu’il a subi durant la guerre civile, cet officier autoritaire et vaniteux pense pouvoir redorer son blason grâce à une victoire contre les indiens et leur chef Nuage Rouge. Seul Cooper ose s’opposer au colonel pour l’empêcher de commettre cette folie.

La Charge des Tuniques Bleues repose en grande partie sur le charisme animal de Victor Mature, qui fait penser à Sylvester Stallone et Dean Martin. Le comédien est souvent très émouvant dans le rôle de Jed, trappeur buriné, attiré malgré lui par l’uniforme de la Cavalerie et pensant à fonder une famille en se rangeant de sa vie d’aventurier. Il tombe amoureux de Corrina (Anne Bancroft), la femme délaissée du colonel Marston. Bien qu’une idylle naisse entre les deux, Corrina ne peut quitter son mari et refuse sa demande en mariage. Jed sombre dans l’alcool, tandis que Marston, ivre de revanche, souhaite mobiliser toutes ses troupes pour éradiquer Nuage Rouge et ses hommes.

Point de « sensationnalisme » ni véritablement d’action, à part dans la toute dernière partie à travers un affrontement noyé dans la poussière, La Charge des Tuniques Bleues est avant tout un drame humaniste porté par des acteurs exceptionnels qui campent des personnages complexes, torturés et très attachants, comme souvent chez Anthony Mann en quête de rachat et de reconnaissance d’eux-mêmes. La Charge des Tuniques Bleues n’est sans doute pas l’oeuvre la plus réputée du cinéaste et malgré ses quelques défauts, dont un happy end imposé par la Columbia, reste un grand, dense et passionnant western à connaître absolument.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Charge des Tuniques Bleues, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Une fois de plus, Patrick Brion a répondu à l’appel de l’éditeur pour nous présenter ce film d’Anthony Mann (13’). Après avoir fait un tour d’horizon du western en 1955, l’historien du cinéma se penche sur ce film singulier et ses personnages particuliers, notamment celui du trappeur interprété ici par Victore Mature. Cela donne l’occasion à Patrick Brion d’aborder le casting, puis de croiser habilement le fond et la forme, avec une passion toujours aussi contagieuse.

L’un des gros plus de cette édition est l’entretien avec Anthony Mann (17’), réalisé par la BBC au moment du tournage à Londres de Maldonne pour un espion (images à l’appui du cinéaste à l’oeuvre), film qu’il n’aura pas le temps de terminer et qui sera repris par Laurence Harvey après son décès. Anthony Mann évoque son rapport avec les spectateurs, la mise en scène des séquences d’action, ses débuts en tant qu’acteur, ses influences (Murnau notamment), la dimension shakespearienne de ses westerns, la nouvelle figure du héros dans ses films, l’authenticité des tournages en extérieur, la représentation de la violence à l’écran. Une interview riche et rare !

L’interactivité se clôt sur une galerie d’affiches et de photos d’exploitation.

L’Image et le son

Le sublime cadre large est évidemment respecté et demeure le point fort de cette édition HD. Sinon le master est propre, en dépit de quelques poussières et points blancs demeurent encore notables et certains contrastes manquent de densité. La gestion du grain est aléatoire avec des séquences plus ou moins marquées selon la luminosité. Même chose pour les scènes sombres avec des noirs pas aussi concis que nous pouvions l’espérer, tout comme le piqué peu aiguisé. Des effets de pompage sont également constatés et la colorimétrie s’avère parfois terne, pour ne pas dire fanée, avec les visages des comédiens un peu trop rosés à notre goût. La copie est cependant très stable.

Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est satisfaisante. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, plus étouffée, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Tire encore si tu peux (version intégrale non censurée), réalisé par Giulio Questi

TIRE ENCORE SI TU PEUX (Se sei vivo, spara) réalisé par Giulio Questi, disponible en DVD et Blu-ray le 23 novembre 2016 chez Rimini Editions

Acteurs : Tomás Milián, Ray Lovelock, Piero Lulli, Milo Quesada, Roberto Camardiel, Miguel Serrano, Angel Silva, Sancho Gracia, Marilù Tolo

Scénario : Franco Arcalli, María del Carmen Martínez Román, Giulio Questi, Benedetto Benedetti

Musique : Ivan Vandor

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Un métis, parfois surnommé L’Etranger, fait partie d’une bande de voleurs qui s’empare d’une importante cargaison d’or après l’attaque d’un convoi de la Wells Fargo. Au moment du partage, les mexicains du gang sont abattus un à un par leurs collègues américains. Laissé pour mort, L’Etranger est sauvé par deux Indiens. Il se lance alors à la poursuite de ses anciens complices, et découvre qu’ils ont été tués par les habitants d’un petit village. Qu’est devenu l’or ?

La réputation de Tire encore si tu peuxSe sei vivo, spara n’est pas usurpée. Il s’agit bel et bien d’un des plus grands westerns italiens jamais réalisés. Mis en scène par Giulio Questi (1924-2014) en 1967, ce chef d’oeuvre joue avec les genres et même parfois avec les codes du giallo, ce qui lui a valu de nombreux déboires avec la censure à sa sortie, au point d’être interdit trois jours seulement après son arrivée sur les écrans. Egalement connu sous le titre anglais Django, Kill … If You Live, Shoot! – « Django » n’apparaissant pas dans ce film – ou également Oro hondo, Tire encore si tu peux est ensuite ressorti en 1975 dans une version tronquée avec notamment l’absence de séquences très gore dans lesquelles des individus s’acharnent sur le corps criblé de balles en or d’un mourant, désireux de s’emparer de ce butin inattendu. Même chose pour la scène où un indien se fait scalper en gros plan. Au total, plus de quinze minutes du film ont été coupées. C’est donc un événement et un vrai choc de découvrir le montage du réalisateur.

D’emblée, le spectateur est happé par cette main qui surgit de la terre comme dans un film de zombies. Un homme (Tomás Milián) recouvert de poussière, avait visiblement été enterré vivant. En réalité, il venait de participer à un braquage, mais ses complices (américains) ont décidé de le doubler lui et les autres mexicains ayant participé à ce vol, pour s’enfuir avec l’or. Ces derniers se font abattre dans le désert après avoir creusé leur propre tombe. Seul survivant de ce massacre, l’homme est sauvé in extremis par deux mystérieux indiens. Déterminé à se venger, il parcourt l’Ouest et apprend que des villageois ont tué et lynché les hors-la-loi, sans savoir ce qui est advenu du butin. Des bandits apprennent pour l’argent et kidnappent le fils d’un homme qui saurait où l’argent se trouve. L’Etranger sauve l’adolescent, mais malheureusement peu après qu’il se soit fait violer par les pistoleros homosexuels vêtus de chemises noires. Qui a dit fascisme ?

C’est là l’immense réussite de Tire encore si tu peux, western qui s’avère également un vrai film d’horreur surréaliste teinté de fantastique. L’Etranger survit malgré les balles et grâce à la magie des deux indiens. Giulio Questi filme une ville hostile et cauchemardesque, comme une cité perdue peuplée de monstres violents et sanguinaires, paumés dans un univers post-apocalyptique. Les salauds de l’histoire ne sont pas ceux que l’on croyait dans les premières séquences, puisque les traitres vont rapidement se faire trucider par les habitants de la ville où ils croyaient pouvoir se réfugier avant de pouvoir profiter de l’or. L’Etranger, campé par un formidable Tomás Milián, sera plongé au milieu des balles, qui visiblement ne l’atteignent pas ou plus, et tentera de reprendre sa part du butin. Seulement l’or est convoité de toutes parts et la partie est loin d’être gagnée. A la fin, L’Etranger partira au galop, dégoûté par ce qu’il aura vu, notamment ce qui restait du butin fondre littéralement sur le visage d’un adversaire. Une des séquences les plus marquantes du film.

Chef d’oeuvre baroque et redoutablement pessimiste sur la nature humaine, Tire encore si tu peux agit comme une séance d’hypnose angoissante et glaçante. Alors qu’il désirait à la base mettre en scène un thriller violent, Giulio Questi réalise l’oeuvre de sa vie, dans laquelle il désirait combattre ses démons après avoir été traumatisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Virtuose, maîtrisé du début à la fin, audacieux, sans cesse inventif, déjanté, limite expérimental (y compris sur la bande-son), Se sei vivo, spara n’est pas un film à mettre devant tous les yeux, mais n’aura de cesse de faire de nouveaux adeptes auprès des cinéphiles et passionnés de cinéma déviant. Tire encore si tu peux reste et restera une véritable et fascinante curiosité.

LE BLU-RAY

Jusqu’alors inédit en Haute-Définition en France, Tire encore si tu peux est enfin disponible en Blu-ray dans nos contrées et ressort également en DVD, plus de dix ans après la copie Seven7 Editions. C’est à l’éditeur Rimini Editions que l’on doit cette sortie attendue par les amateurs de westerns italiens. Le Blu-ray repose dans un boîtier classique de couleur noire. Le menu principal est animé sur la musique du film.

L’éditeur a mis la main sur un entretien inédit du cinéaste Giulio Questi (45’), réalisé à son domicile en mars 2009. Si la réalisation de cette interview laisse franchement à désirer et si le journaliste rebondit peu aux propos du metteur en scène, Giulio Questi se livre sur son art et revient sur les grandes étapes de sa carrière. Ses films sont passés au crible, notamment Tire encore si tu peux, tout comme La Mort a pondu un œuf (La morte ha fatto l’uovo) réalisé en 1968. Le réalisateur évoque sa passion pour le cinéma français des années 1920, son travail dans le monde du documentaire, l’évolution du cinéma, le travail avec Tomás Milián, le genre du western, ses rencontres déterminantes, sa passion pour le cinéma de Woody Allen et de Pedro Almodóvar dont il ne ratait aucun film dans les salles.

Fidèle à Rimini Editions, l’historien du cinéma Christophe Champclaux nous propose ensuite un portrait du comédien Tomás Milián (8’). Si cette présentation est sans doute trop rapide, l’ensemble ne manque pas d’informations, d’anecdotes et surtout de titres qui donnent furieusement envie de voir ou revoir les westerns, mais aussi les drames de Mauro Bolognini, Alberto Lattuada, Valerio Zurlini, Liliana Cavani, Bernardo Bertolucci, Michelangelo Antonioni et bien d’autres, dans lesquels le comédien, né à Cuba en 1933, a su briller et devenir un acteur culte auprès des spectateurs.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce américaine de « Django, Kill … If You Live, Shoot! » et la bande-annonce allemande.

L’Image et le son

Rimini livre un master HD au format 1080p (très important à signaler) qui permet aux spectateurs de redécouvrir Tire encore si tu peux dans de très belles conditions techniques, malgré quelques tâches et fils en bord de cadre qui n’ont pas pu être éradiqués. Les volontés artistiques sont respectées, tout comme le grain cinéma, le confort de visionnage est omniprésent avec ses couleurs ravivées. Le piqué est flagrant, l’apport HD non négligeable sur plans larges, les séquences sombres sont aussi bien définies que le reste, les noirs sont concis, les détails fort appréciables, notamment sur les nombreux gros plans. N’oublions pas le relief des textures, la profondeur de champ inédite, la stabilité et la restauration très impressionnante.

Les pistes italienne et française (au doublage réussi) DTS-HD Master Audio 2.0 sont de même acabit. Les deux versions délivrent leurs dialogues avec suffisamment d’ardeur et les ambiances annexes sont dynamiques. S’il fallait vraiment les différencier, la piste italienne s’avère plus modérée, les voix des comédiens apparaissent plus fluides et les ambiances plus naturelles et homogènes. Dans les deux cas, aucun souffle intempestif n’est à déplorer, la propreté est de mise et la partition du compositeur Ivan Vandor est très bien restituée. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement impossible à la volée. Comme il s’agit de la version intégrale non censurée, certaines séquences jamais doublées passent automatiquement en italien sous-titré en français.

Crédits images : © Rimini Editions / Captures Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Buck et son complice, réalisé par Sidney Poitier

BUCK ET SON COMPLICE (Buck and the Preacher) réalisé par Sidney Poitier, disponible en DVD le 21 novembre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Sidney Poitier, Harry Belafonte, Ruby Dee, Cameron Mitchell, Denny Miller, Nita Talbot, John Kelly

Scénario : Ernest Kinoy

Photographie : Álex Phillips Jr.

Musique : Benny Carter

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Après la guerre de Sécession, Buck, un ancien sergent de la cavalerie de l’armée de l’Union, prend la tête d’un groupe d’esclaves affranchis voulant passer la frontière du Colorado. Dans ce groupe voyagent aussi sa femme et un pseudo pasteur dont la Bible truquée contient un revolver. Les voyageurs sont attaqués par des hordes d’anciens esclavagistes qui tentent de les renvoyer à leur misérable vie dans les fermes de Louisiane; Buck et ses compagnons devront faire preuve de courage pour parvenir à leur but ultime : s’installer dans une terre de promesses et connaître enfin une existence d’hommes libres.

Buck et son compliceBuck and the Preacher (1972), est le premier long métrage réalisé par l’immense comédien Sidney Poitier, même si le tournage avait été commencé par Joseph Sargent (L’Espion au chapeau vert, Les Pirates du métro et responsable plus tard de l’inénarrable Dents de la mer 4 – La revanche), rapidement remercié par les producteurs qui n’étaient pas satisfaits de son travail. Ce film issu de la célèbre vague dite de la Blaxploitation, réunit les deux comédiens afro-américains les plus célèbres, Sidney Poitier donc, et Harry Belafonte, tous les deux ayant été très actifs dans la lutte pour l’égalité des droits civiques aux États-Unis. Western atypique, mais intéressant, bien mené, drôle, violent, porté par le charisme et le talent des comédiens, notamment le jeu explosif d’Harry Belafonte, Buck et son complice se passe à la fin de la guerre de Sécession. L’esclavage est aboli, mais les Noirs restent privés de droits et de liberté. Nombreux partent vers l’Ouest, à la recherche de terres où ils seraient enfin libres. Mais de cruelles épreuves les attendent, notamment la chasse que leur font les rabatteurs de main-d’oeuvre, chargés de les ramener à leurs anciens maîtres. Buck et son complice est dédié « aux femmes, hommes et enfants en quête de liberté, dont les tombes sont aussi oubliées que leur rôle dans l’Histoire » indique un panneau en introduction.

Sidney Poitier fait preuve d’un indéniable talent de metteur en scène et s’en tire haut la main en ce qui concerne les scènes d’action et de fusillades, mais aussi pour instaurer une ambiance atypique, ici héritée du western italien dans l’usage systématique des zooms et des gros plans, y compris dans la partition aux accents très « morriconiens » (avec l’usage d’une guimbarde) de l’immense musicien de jazz Benny Carter. On ne s’ennuie pas une seconde dans cette histoire de traque où des bandits blancs à la solde de proprios terriens, désireux de mettre la main sur leurs anciens esclaves, n’hésitent pas à saccager, brûler, piller et tuer des convois entiers, afin d’obliger ces familles entières à rebrousser chemin et à retourner servir leurs anciens maîtres. Heureusement, ils peuvent compter sur Buck (Sidney Poitier), prêt à tout pour les aider à traverser l’Ouest, même s’il trouve sur son chemin un pasteur intrigant (Harry Belafonte) aux yeux exorbités et aux dents gâtés, qui se révèle être un as de la gâchette.

Buck et son complice joue avec les codes du genre, en offrant à son casting afro-américain des rôles forts, à travers lesquels s’insinue en filigrane le célèbre engagement politique des deux stars. Bien sûr, le film est un divertissement et le tandem n’hésite pas à tuer une dizaine, si ce n’est plus, de bad guys blancs particulièrement pourris, mais Poitier/Belafonte souhaitent montrer aux spectateurs que les comédiens afro-américains peuvent eux aussi interpréter des héros de l’Ouest, loin des clichés habituels qui voudraient que chaque personnage noir doive obligatoirement être un esclave, un valet ou une cuisinière. Ici, les deux sont armés de deux pétoires et n’hésitent pas à s’en servir pour se défendre ou pour récupérer ce qui leur appartient. Alors non, Quentin Tarantino n’a absolument rien inventé avec son Django Unchained dans lequel il ne fait que recycler encore les films qu’il aime. Buck et son complice est un film politique et incite à la réflexion tout en divertissant avec un aspect buddy-movie. Une très bonne surprise et à connaître donc.

LE DVD

Le test du DVD de Buck et son complice, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

En dehors de la bande-annonce et d’une courte galerie de photos et d’affiches, nous ne trouvons qu’une présentation du film par Patrick Brion (14′). Comme d’habitude, l’historien du cinéma démarre ce supplément en donnant quelques titres de westerns sortis la même année que le film qui nous intéresse, 1972, qui selon n’est pas une mauvaise année pour le genre. Ensuite, Patrick Brion replace Buck et son complice dans la Blaxploitation, évoque le réalisateur Joseph Sargent, très vite débarqué du tournage pour être finalement remplacé par Sidney Poitier. C’est l’occasion pour Brion de parler des comédiens, de leur filmographie et de leur combat pour l’égalité des droits civiques.

L’Image et le son

Le master présenté a été restauré. La copie est stable et propre, malgré des points blancs et poussières encore visibles. Le format 1.85 est respecté tout comme les partis pris esthétiques. Certaines séquences, apparaissent sensiblement plus granuleuses, mais la texture argentique est bien gérée. L’ensemble se tient avec notamment de très belles couleurs et des contrastes soignés y compris sur les séquences peu éclairées. La clarté est de mise et les détails ne manquent pas, surtout sur les paysages traversés par les personnages. Buck et son complice est un film très rare en France et la copie dénichée par Sidonis Calysta participe à sa résurrection dans l’Hexagone.

L’éditeur nous propose ici les versions originale et française restaurées en mono 2.0. Les mixages s’avèrent propres, dynamiques, et restituent solidement les voix et la musique, fluides, sans souffle. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas avec de belles ambiances naturelles. Les sous-titres français sont imposés sur cette dernière et le changement impossible à la volée. En version française, Sidney Poitier est doublé par le grand Serge Sauvion.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard

 

Test DVD / Nevada, réalisé par Edward Killy

nevada

NEVADA réalisé par Edward Killy, disponible en DVD le 21 novembre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Robert Mitchum, Anne Jeffreys, Guinn « Big Boy » Williams, Nancy Gates, Richard Martin, Craig Reynolds

Scénario : Norman Houston, d’après le roman Nevada de Zane Grey

Photographie : Harry J. Wild

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h00

Date de sortie initiale : 1944

LE FILM

Avec les 7.000 $ qu’il vient de gagner au jeu, Jim « Nevada » Lacy entreprend d’acheter l’équipement nécessaire à la prospection des minerais d’or et d’argent. Quelque chose dont se charge son camarade Ben Ide qui tombe peu après sous les balles de Powell, un tueur à la solde de Burridge, un homme prêt à tout pour faire main basse sur les gisements de la région. Accusé du meurtre, Nevada est jeté en prison. Conscients qu’il n’aura aucun mal à prouver son innocence, Powell et Burridge incitent les habitants de Carson City à le lyncher. Délivré par ses amis Dusty et Chito, Nevada leur fausse compagnie…

nevada3

Nevada est un petit western – devenu un vrai genre à part entière à la fin des années 1930 – anecdotique, mais qui vaut le détour puisque Robert Mitchum apparaît dans un de ses premiers rôles en tant que vedette. Né en 1917, le comédien commence sa carrière par des apparitions non créditées ou sous le nom de Bob Mitchum, comme c’est encore le cas ici dans Nevada. La RKO l’engage ensuite et sa notoriété va alors exploser au sein de l’industrie hollywoodienne. Nevada est réalisé par Edward Killy (1903-1981), un honnête artisan, ancien assistant de George Cukor. Ce petit film efficace et rapide d’une heure montre en main restera un de ses derniers en tant que metteur en scène puisqu’il deviendra par la suite seulement second assistant, notamment sur Nous avons gagné ce soir de Robert Wise en 1949. Nevada demeure un de ses plus grands succès et un de ses films les plus populaires.

nevada5

Adapté du roman de Zane Grey, ce western à petit budget est resté dans certaines mémoires comme étant le film qui a permis à Robert Mitchum de se faire réellement connaître. Agé de 27 ans, le comédien va voir sa carrière monter en flèche et retrouvera d’ailleurs Edward Killy dès l’année suivante pour A l’Ouest du Pecos, également adapté de Zane Grey. Ce roman avait déjà connu deux adaptations, la première en 1927 avec Gary Cooper, la seconde en 1935 avec Buster Crabbe, la vedette des Nouvelles aventures de Tarzan l’intrépide et de Flash Gordon.

nevada4

Nevada fonctionne encore très bien, avec cette petite nostalgie propre au genre et à son charme désuet. En une heure, le récit – classique, pour ne pas dire rabattu – va à l’essentiel, les personnages sont attachants, Mitchum est déjà génial et bourré de charisme, la mise en scène est correcte et bien emballée, les scènes d’aventures et de fusillades s’enchaînent aussi vite que les répliques bien senties et le reste du casting est à l’avenant. Il n’en faut pas plus pour redécouvrir Nevada, un vrai petit plaisir de série B !

LE DVD

Le test du DVD de Nevada, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. La jaquette est typique de cette grande collection des Westerns de Légende chère à Sidonis Calysta. Le menu principal est animé et musical.

nevadadvd

Outre une galerie de photos, nous retrouvons le grand Patrick Brion qui nous présente très brièvement Nevada (7’). N’attendez donc pas une masterclass, mais plutôt un rapide portrait du réalisateur Edward Killy et des comédiens du film, en particulier de Robert Mitchum. Patrick Brion ne fait pas dans la surenchère inutile et déclare que Nevada est une petite série B sans prétention, mais réussie et dans laquelle brille déjà le comédien. Notre interlocuteur parle également des westerns sortis en 1944 (une mauvaise année selon lui), mais aussi du romancier Zane Grey et des deux précédentes adaptations du roman Nevada au cinéma avant celle qui nous intéresse.

vlcsnap-2016-11-23-16h18m37s596

L’éditeur joint également un petit module de sept minutes consacré à Robert Mitchum. Uniquement composé de photographies diverses issues des films du comédien, ce supplément proposé par Jean-Claude Missiaen se contente d’évoquer brièvement la carrière, les personnages, les partenaires prestigieux (et prestigieuses), les plus grands films et la légende de la star hollywoodienne. Là-dessus un texte à lire apparaît, puis une galerie de photos qui défile sur la musique du film El Dorado.

vlcsnap-2016-11-23-16h19m13s503

L’Image et le son

Un carton en introduction indique que l’image affiche encore de nombreux défauts, malgré la restauration. Ce DVD de Nevada propose une copie médiocre du film d’Edward Killy, qui affiche tout de même plus de 70 ans. L’image n’est pas catastrophique et se révèle même parfois correcte, en dehors de nombreux scories, points, effets de pompage, diverses tâches, raccords de montage et griffures. Des fondus enchaînés décrochent légèrement, un bruit vidéo est notable. Le N&B retrouve une certaine luminosité, certaines séquences parviennent à sortir du lot, mais la définition reste passable. La gestion des contrastes s’avère aléatoire.

vlcsnap-2016-11-23-16h18m23s772

La piste anglaise unique et aux sous-titres imposés, reste sourde, couverte, émaillée de craquements, de dialogues parfois couverts et d’un bruit de fond. Cependant, aucun souffle n’est réellement constaté.

nevada-photo-presse-20x25-us-r51-robert-mitchum

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard

Test DVD / Desert Gold, réalisé par James P. Hogan

dvd

DESERT GOLD réalisé par James P. Hogan, disponible en DVD le 21 novembre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Buster Crabbe, Tom Keene, Monte Blue, Marsha Hunt, Robert Cummings, Raymond Hatton

Scénario : Stuart Anthony, Robert Yost d’après le roman de Zane Grey

Photographie : George T. Clemens

Durée : 0h55

Date de sortie initiale : 1936

LE FILM

L’Arizona. Élevé par les blancs, Moya n’en demeure pas moins un chef indien fidèle aux traditions de sa tribu et aux promesses faites à son père. Lorsque Chet Kasedon lui propose de partager les gains d’une mine d’or située sur la terre de ses ancêtres, il refuse. Kidnappé, battu, Moya persiste. Déterminé, Kasedon engage l’ingénieur Randolph Gale pour mieux localiser le précieux gisement et en exploiter les richesses. Effrayé par les méthodes de son commanditaire pour faire parler Moya, Gale change de camp, prêt à apporter toute son aide aux Indiens…

dg10

Desert Gold est un pur western rétro-vintage. Réalisé par James Patrick Hogan (1890-1943) en 1936, ce petit film de 55 minutes est typique d’un genre alors en plein essor. Adapté d’un roman de Zane Grey (1872-1939), écrivain américain célèbre pour ses histoires d’aventures et ses westerns, Desert Gold se regarde comme on lit une bonne nouvelle. Le récit est ramassé, les ingrédients attendus se mélangent bien avec des indiens d’un côté, des cowboys de l’autre, mais le film s’avère étonnant puisqu’il s’avère pro-indien. Malgré tout, le chef Moya est interprété par Buster Crabbe, ancien nageur, lancé en 1933 au cinéma dans le rôle-titre des Nouvelles aventures de Tarzan l’intrépide et celui de Flash Gordon en 1936. Son personnage, qui vient d’être proclamé chef de la tribu, détient le secret d’une mine d’or convoitée par des prospecteurs blancs peu scrupuleux menés par Chet Kasedon (Monte Blue).

dg11dg2

Moya, élevé et éduqué par les blancs, est néanmoins resté un vrai indien et ne souhaite pas divulguer ce secret gardé par ses ancêtres. Kasedon décide alors d’employer la manière forte. Ses hommes poursuivent Moya, l’enlèvent et le torturent à coups de fouet pour le faire parler. Engagé par Kasedon comme ingénieur, Randolph Gale n’apprécie pas ces méthodes et décide de venir en aide à Moya. Sur cette intrigue « asséchée », James P. Hogan signe un western mené à cent à l’heure, bourré d’action, d’aventures et même d’humour avec l’acolyte peureux et malchanceux de Gale, interprété par le jeune Robert Cummings. Même une petite amourette qui donne parfois au film des airs de screwball comedy vient se greffer à l’histoire.

dg8dg3

Le cinéaste prolifique depuis le début des années 1920 est à son affaire et certaines scènes restent d’ailleurs marquées par une forme héritée du cinéma muet avec des réactions parfois exagérées des personnages ou l’utilisation de l’accéléré pour les séquences d’action et de chevauchées.

dg9dg4

Habitué aux petites productions et aux histoires condensées en à peine 60 minutes, le réalisateur livre un film de série B fort honnête, rare, qui possède encore beaucoup de charme et qui demeure surtout extrêmement divertissant.

LE DVD

Le test du DVD de Desert Gold, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

dg7

Seul Patrick Brion a répondu présent pour présenter Desert Gold (6’). Enfin « présenter » est un bien grand mot puisque l’historien du cinéma se contente principalement d’évoquer le romancier Zane Grey, le comédien Buster Crabbe, le réalisateur James P. Hogan et de donner quelques titres de westerns sortis en 1936. Certes, il n’y a pas finalement grand-chose à dire sur ce petit film, mais nous pouvions espérer plus.

vlcsnap-2016-11-21-13h58m02s310

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Un carton en introduction indique que malgré les efforts réalisés lors de la restauration, la qualité de l’image comporte encore de nombreux défauts, que les procédés actuels ne peuvent résoudre. C’est le moins qu’on puisse dire. Le master 1.33 est encore constellé de tâches, de points, de rayures verticales, de raccords de montage, sans oublier les flous, les sautes, les tremblements et tout ce qui est possible d’imaginer sur une image qui semble avoir été sauvée in extremis de la désintégration. Cela rajoute un cachet « curiosité » (pour ne pas dire un aspect VHS – Cinéma de minuit) à Desert Gold, dont la copie reste malgré tout lumineuse…sans doute trop.

vlcsnap-2016-11-21-13h57m44s899

Il en est de même pour le confort acoustique. La piste anglaise unique et aux sous-titres imposés, reste sourde, couverte, émaillée de craquements, de dialogues parfois couverts et d’un bruit de fond qui s’apparente à une machine à laver en mode essorage. Mais bon…ça passe quand même.

dgdg5dg6

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard

Test DVD / Le Trésor des Collines rouges, réalisé par Frank McDonald

treasure-of-ruby-hills-movie-poster-1955-1020532366

LE TRESOR DES COLLINES ROUGES (Treasure of Ruby Hills) réalisé par Frank McDonald, disponible en DVD le 4 octobre 2016 chez Artus Films

Acteurs : Lee Van Cleef, Zachary Scott, Carole Mathews, Barton MacLane, Dick Foran, Lola Albright

Scénario : Tom Hubbard, Fred Eggers d’après la nouvelle de Louis L’Amour

Photographie : John J. Martin

Musique : Edward J. Kay

Durée : 1h10

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Deux propriétaires terriens concurrents veulent posséder la mainmise totale sur la région de Ruby Hills. Se faisant la guerre par tous les moyens, l’un et l’autre devront également affronter le propriétaire de la source alimentant toute la vallée.

rh

Le prolifique cinéaste Frank McDonald (1899-1980) se distingue par la longévité et l’éclectisme de sa carrière avec près de 145 films et séries télévisées réalisés sur une trentaine d’années. Dès le cinéma muet, il se spécialise dans les westerns et films d’aventures, avec parfois huit longs métrages mis en scène la même année ! Les producteurs lui confient des budgets modestes et Frank McDonald s’en acquitte grâce à beaucoup d’ingéniosité. C’est le cas du Trésor des collines rouges, réalisé en 1955, adapté d’une nouvelle de Louis L’Amour (1908-1988), écrivain et auteur principalement de westerns. Tourné dans les studios KTTV dans des décors honnêtes mais limités, Treasure of Ruby Hills est un petit western bien sympathique et délicieusement vintage. Certes, il ne faut pas s’attendre à des affrontements violents et une histoire alambiquée, mais Le Trésor des collines rouges est typique du western tourné à la chaîne, qui sait contenter le spectateur lambda désireux de passer un petit peu de temps dans le grand Ouest. Les cowboys s’apparentent à des playmobiles munis d’une pétoire à pétards, qui déambulent dans une ville faite de trompe-l’oeil ou de façades factices. Mais l’histoire tient la route et va à l’essentiel, surtout que le film ne dure que 70 minutes montre en main.

le-tresor-des-collines-rouges6le-tresor-des-collines-rouges5

Zachary Scott (Le Roman de Mildred Pierce, L’Homme du Sud) porte le film sur ses épaules (et sa moustache à la Clark Gable), le sourcil relevé, le rictus ironique qui semble indiquer « il faut pas me la faire », tout en emballant Carole Mathews et en flinguant ceux qui voudraient bien s’emparer de la source d’eau (le trésor du titre) dont il est propriétaire. Les dialogues sont secs et la mise en scène renvoit souvent à l’époque du cinéma muet, durant laquelle le cinéaste a fait ses classes, à l’instar des plans de « réaction » des personnages avant que ceux-ci n’en viennent aux mains ou aux colts. C’est le cas de Lee Van Cleef, âgé de trente ans, qui promène son visage émacié depuis quelques films seulement. Frank McDonald semble conscient du charisme atypique du jeune comédien et prend son temps pour filmer son visage aux traits ambigus, malgré ses deux petites scènes.

le-tresor-des-collines-rouges2le-tresor-des-collines-rouges3

Le Trésor des collines rouges est un western distrayant de série B, qui ne cherche pas à en mettre plein la vue, certes prévisible, mais généreux envers ses spectateurs puisque le réalisateur leur apporte tout ce qu’ils sont venus chercher en matière de règlements de comptes, amourette, pression psychologique, cavalcades, gunfights et punchlines.

LE DVD

Le DVD du Trésor des Collines rouges, édité chez Artus Films, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette, estampillée Les Grands classiques du western, est très attractive avec un visuel élégant du plus bel effet. Le menu principal est fixe et musical.

ltdcp

Dessinateur et scénariste français de bandes dessinées, Georges Ramaïoli présente Le Trésor des Collines rouges de Frank McDonald (15’) en abordant tout d’abord la très longue carrière du réalisateur (près de 150 films et séries répertoriés sur IMDB), puis celle des comédiens principaux. Cela manque un peu d’entrain et notre interlocuteur s’égare parfois en entrant dans la vie privée des acteurs, mais cet exposé n’est pas inintéressant.

vlcsnap-2016-10-25-13h24m55s66

Cette section se clôt sur un diaporama de photos et d’affiches d’époque et de plusieurs bandes-annonces.

L’Image et le son

Le master (1.37, 16/9 compatible 4/3) présente encore un lot de défauts, rayures verticales, raccords de montage, tâches, poussières, mais l’image trouve très vite un équilibre convenable, d’autant plus que l’ensemble est plutôt stable. Le Trésor des Collines rouges est proposé dans un style Cinéma de minuit avec quelques fourmillements et plans flous. Si l’image n’est évidemment pas extraordinaire avec un N&B aux contrastes légers et des séquences plus altérées que d’autres avec un grain plus hasardeux, voir le film de Frank McDonald dans ces conditions rajoute au style rétro.

vlcsnap-2016-10-25-13h24m06s42

Seule la version originale est disponible et se révèle heureusement riche et plutôt propre. La musique est joliment restituée bien qu’un peu chuintante, certains légers craquements persistent, le report des voix est appréciable, évite toutes saturations exagérées et l’ensemble est au final suffisamment dynamique. Seule une séquence à la 12e minute a visiblement plus subi les affres du temps avec un souffle plus marqué et des échanges sourds.

le-tresor-des-collines-rougesle-tresor-des-collines-rouges4

Crédits images : © Artus Films / Captures : Franck Brissard

 

Test Blu-ray / Geronimo, réalisé par Walter Hill

gero

GERONIMO (Geronimo: An American Legend) réalisé par Walter Hill, disponible en Blu-ray et DVD le 21 septembre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Jason Patric, Robert Duvall, Gene Hackman, Wes Studi, Matt Damon, Rodney A. Grant, Kevin Tighe

Scénario : John Milius, Larry Gross

Photographie : Lloyd Ahern II

Musique : Ry Cooder

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

1885. Une seule tribu tient encore tête à l’armée et aux colons, celle des Apaches Chiricahuas. Le lieutenant Gatewood est chargé de prendre contact avec leur chef, Geronimo. Ce dernier se rend au général Crook mais Geronimo et son peuple sont parqués dans une réserve trop petite pour eux, Turkey Creek. Geronimo repart alors en guerre et refuse de croire le général Crook…

gero6

En 1968, Walter Hill (né en 1942) commence sa carrière en tant que réalisateur de seconde équipe sur L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison puis sur le non moins mythique Bullitt de Peter Yates. Quatre ans plus tard, il signe le scénario de Guet-Apens de Sam Peckinpah, d’après le roman de Jim Thompson, qui témoigne de son attrait pour la représentation de la violence sans fioritures. Il passe enfin derrière la caméra en 1975 avec Le Bagarreur, dans lequel il dirige Charles Bronson et James Coburn. Suivront les formidables Driver et Les Guerriers de la nuit. Son quatrième long métrage, Le Gang des frères James, lui permet d’aborder un nouveau genre, celui du western, à travers l’histoire du gang James-Younger et leurs célèbres attaques de trains et de banques. Les années 1980 sont marquées par d’importants succès au box-office, notamment 48 heures (1982) avec Nick Nolte et Eddie Murphy, qui reste le plus grand triomphe commercial de Walter Hill. En 1985, il revient à la comédie avec Comment claquer un million de dollars par jour, film culte avec Richard Pryor et John Candy. Trois plus tard, il forme le duo Arnold Schwarzenegger / James Belushi dans Double Détente, buddy movie par excellence. Les années 1990 arrivent, ainsi que la suite de 48 heures, sobrement intitulées 48 heures de plus. Si la critique est cette fois très mauvaise, cela n’empêche pas le film de cartonner. Nous arrivons donc en 1993 et Walter Hill décide de revenir au western, genre alors quasi-abandonné, avec Geronimo.

gg2

Deux ans après le triomphe de Danse avec les loups de Kevin Costner et celui d’Impitoyable de Clint Eastwood en 1992, le réalisateur confie le scénario de Geronimo à John Milius, réalisateur de Conan le Barbare et de L’Aube rouge, mais également scénariste de Jeremiah Johnson de Sydney Pollack et Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Les deux hommes avaient déjà collaboré en 1987 sur Extrême préjudice. Geronimo est également coécrit par Larry Gross, fidèle à Walter Hill depuis 48 heures. Remarquable nouvelle lecture du mythe Geronimo (1829-1909), un des protagonistes principaux des guerres apaches ayant combattu le Mexique et les États-Unis pour les droits des amérindiens, Geronimo : An American Legend est un sommet de la carrière de Walter Hill. Malgré les stars et têtes d’affiches telles que Gene Hackman dans le rôle du Général George Crook et Robert Duvall dans celui du chasseur d’indiens Al Sieber, sans compter les jeunes acteurs prometteurs, Jason Patric et Matt Damon, Geronimo est le vrai et principal protagoniste de cette histoire. Découvert dans Danse avec les loups et Le Dernier des Mohicans de Michael Mann, le comédien Wes Studi incarne brillamment le chaman guerrier reconnu et respecté. Le film évoque le meurtre de sa mère, de sa femme et de ses trois enfants par l’armée mexicaine près d’un village. Son désir de vengeance, les guerres qu’il a menées en représailles, ses visions prémonitoires, mais aussi l’accord de paix négocié en 1871 après plusieurs années de guerre contre les États-Unis, avec les Apaches Chiricahuas (dirigés par Cochise) sur les conseils de Tom Jeffords sont aussi narrées. Les Apaches obtiennent la création d’une réserve sur leurs terres. Peu de temps après, la réserve Chiricahua est fermée par les autorités américaines. C’est ce point en particulier que Walter Hill et ses scénaristes ont voulu mettre en avant dans Geronimo, le non-respect du Gouvernement américain et les promesses non tenues.

g3g4

Contre toute attente, même si le film demeure marqué par quelques séquences particulièrement brutales et des affrontements percutants, Geronimo est un film triste, lent, mélancolique, qui montre l’anéantissement d’un peuple et de ses derniers représentants par la suprématie politique et militaire. Un monde disparaît pour laisser la place nette à un autre. L’Amérique doit aborder le XXe siècle en se débarrassant de ce qui « gêne ». Epaulé par la magnifique photographie de Lloyd Ahern II, qui retravaillera ensuite avec Walter Hill jusqu’à dernièrement dans Du plomb dans la tête avec Sylvester Stallone, mais aussi par la musique du fidèle Ry Cooder, le réalisateur est en pleine possession de son art pour faire passer son message, les Etats-Unis sont les seuls responsables de ce véritable génocide. Tourné dans les magnifiques décors naturels de l’Utah et de l’Arizona, Geronimo est un western très violent, autant dans les séquences de guerre que dans les mots prononcés, bourrés de non-dits et de sous-entendus. A ce titre, Jason Patric, découvert dans Génération perdue de Joel Schumacher en 1987, trouve ici son plus grand rôle. Le comédien incarne le Premier lieutenant Charles B. Gatewood, tout d’abord rempli d’espoir quant au sort réservé à Geronimo et à son peuple. Mais il devra se rendre à l’évidence, les Etats-Unis ne comptent pas tenir leurs promesses. Ces désillusions apparaissent également à travers le personnage de Matt Damon, qui tient compte de ses débuts dans l’armée américaine. Tout d’abord impressionné et fier de la mission qui lui est confiée, celle d’escorter Geronimo lors de sa reddition au Général George Crook en 1883, il sera également écoeuré par les principes bafoués d’une nation pour laquelle il était alors prêt à donner sa vie. Il plane donc un vrai spleen sur le film de Walter Hill. La fin est proche en dépit des négociations. Il n’y a plus qu’à l’attendre. L’Enfer, caractérisé par une photo orangée et parfois rouge-sang qui imprègne les décors à mesure que l’issue approche, s’installe sur Terre et le XXe siècle se bâtit sur des faux-semblants et des paysages vidés de leur véritable mémoire.

g5g6

S’il n’atteint pas le lyrisme de Danse avec les loups et le nihilisme d’Impitoyable, Geronimo est sans doute le troisième western le plus important des années 1990 et mérite d’être sérieusement reconsidéré.

gero4

 

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Geronimo, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

gero7

Au menu des bonus, l’incontournable Bertrand Tavernier est le premier à présenter Geronimo de Walter Hill (35′). Le réalisateur et historien du cinéma indique qu’il s’agit pour lui d’un des grands films du cinéaste. Tavernier retrace son parcours en tant que scénariste et metteur en scène et en vient à la collaboration Walter Hill / John Milius sur Geronimo, également écrit par Larry Gross. L’évolution du scénario, les partis pris et les intentions du cinéaste, l’originalité du traitement, les figures historiques, la mise en scène, les scènes d’action, la musique, la photo, les dialogues, le rythme, le casting, les personnages, les lieux de tournage, tout cela est abordé avec une passion vraiment contagieuse, qui montre que Bertrand Tavernier est toujours aussi épris par son art même après avoir visionné des milliers de films.

screenshot001

Patrick Brion a finalement peu de choses à dire après son confrère. En à peine un quart d’heure, le critique et historien du cinéma dévoile l’origine du nom de Geronimo, avant de faire un rapide tour d’horizon du western au début des années 1990. Brion expose brièvement les carrières respectives de John Milius et de Walter Hill, en indiquant qu’il serait très heureux de présenter un jour Les Guerriers de la nuit qu’il adore tout particulièrement. Il se contente après de citer les propos de Walter Hill recueillis dans un entretien, où le réalisateur s’exprime sur Geronimo.

screenshot002

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos/affiches et la bande-annonce. 

gero3

L’Image et le son

Geronimo est le film le plus récent édité par Sidonis puisqu’il date de 1993. Il n’est donc pas étonnant de se retrouver face à un master HD (1080p, AVC) restauré de fort bonne qualité, propre, stable et qui restitue merveilleusement les partis-pris esthétiques du chef opérateur Lloyd Ahern II. Le piqué n’est sans doute pas aussi ciselé qu’on pouvait l’espérer, mais la colorimétrie est riche, les contrastes élégants, la compression solide comme un roc et la définition subjugue à de nombreuses reprises, à l’exception des scènes sombres où le master montre quelques limites. Ajoutez à cela un grain sensible qui flatte constamment la rétine, un relief impressionnant sur les plans larges. De quoi contenter les amateurs à la fois du genre mais aussi de belles images.

screenshot000

Montez le volume, car le spectacle est garanti sur les scènes de batailles ! Le (re)mixage anglais DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle particulièrement ardent. Les frontales et les latérales sont dynamiques, la musique de Ry Cooder exsudée avec force, la spatialisation est fort appréciable et le caisson de basses participe parfois à ce spectacle. Pas de souffle constaté. La version originale est également disponible en Stéréo, de fort bon acabit. La piste française disponible en DTS Master Audio Stéréo 2.0 est évidemment plus « plate », mais s’en sort avec les honneurs avec notamment un excellent doublage. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale, et le changement de langue impossible à la volée.

gero5Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard
 

Test Blu-ray / Little Big Man, réalisé par Arthur Penn

little-big-man

LITTLE BIG MAN réalisé par Arthur Penn, disponible en Blu-ray et Édition Coffret Ultra Collector – Blu-ray + DVD + Livre le 19 octobre 2016 chez Carlotta Films

Acteurs : Dustin Hoffman, Faye Dunaway, Chief Dan George, Martin Balsam, Richard Mulligan, Jeff Corey…

Scénario : Calder Willingham

Photographie : Harry Stradling Jr.

Musique : John Paul Hammond

Durée : 2h20

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Âgé de 121 ans, Jack Crabb, seul survivant du massacre de Little Big Horn, raconte son histoire à un journaliste. Adopté par une famille de Cheyennes, ce visage pâle est surnommé Little Big Man à cause de son immense courage. Un jour, toute sa tribu est massacrée par les Blancs et Jack est alors recueilli par un pasteur et sa femme. Mais le jeune homme est partagé entre ses origines indiennes et son nouveau peuple..

little-big-man-6

little-big-man-12

Le cinéaste Arthur Penn (1922-2010) commence sa carrière en 1958 avec Le Gaucher, d’après un scénario de Gore Vidal, un petit western tourné en N&B, avec le jeune Paul Newman dans le rôle de Billy the Kid. Refusant de se fondre dans le moule hollywoodien, le perfectionnisme et les méthodes peu orthodoxes d’Arthur Penn irritent les studios et même certains comédiens et producteurs avec qui il travaille. Burt Lancaster obtient même son renvoi du tournage du Train, repris en main par John Frankenheimer en 1964. Si la critique américaine ne cesse de le bouder, les cinéphiles français et européens accueillent chaleureusement ses films, La Poursuite impitoyable (1966), Alice’s Restaurant (1969) et surtout Bonnie and Clyde (1967) qui lui offre le succès des deux côtés de l’Atlantique. 1970 est une année pivot aux Etats-Unis. Dans le monde politique, mais également cinématographique. Arthur Penn entreprend alors son film le plus ambitieux, Little Big Man.

little-big-man-4

little-big-man-03

Grosse production entièrement tournée en décors naturels, entre le Canada et les réserves indiennes du Montana, Little Big Man est une fresque grandiose et magnifique. Arthur Penn souhaitait déjà réaliser ce projet depuis quelques années, mais ne parvenait pas à réunir le budget nécessaire en essuyant quelques refus polis des producteurs en raison de la part belle faite aux Indiens dans le scénario. Le triomphe de Bonnie and Clyde lui sera bénéfique. Révélé en 1967 dans Le Lauréat de Mike Nichols, Dustin Hoffman enchaîne avec Macadam Cowboy de John Schlesinger, nouveau triomphe qui place alors le comédien parmi les plus convoités. Après John et Mary de Peter Yates, Dustin Hoffman est choisi par Arthur Penn pour tenir le rôle principal dans Little Big Man. Un pari risqué pour l’acteur puisqu’il doit incarner un personnage de l’âge de 17 à…121 ans, Dustin Hoffman étant alors dissimulé sous d’incroyables prothèses très réalistes.

little-big-man-11

Plus de dix ans après Le Gaucher, Arthur Penn revient au western. Toutefois, le scénario écrit par Calder Willingham (Les Sentiers de la gloire, La Vengeance aux deux visages) d’après le roman de Thomas Berger publié en 1964 et sorti en France l’année suivante sous le titre Mémoires d’un Visage pâle, entreprend de revisiter l’Ouest américain, en se focalisant notamment sur le point de vue des Indiens. Pour Arthur Penn il s’agit plutôt d’un film de guerre. Little Big Man est le récit d’un homme dont le destin s’est retrouvé mêlé à celui d’une figure historique, en l’occurrence celle du major-général Custer lors de la célèbre bataille de Little Bighorn aka Custer’s Last Stand, qui opposa les hommes du 7e régiment de cavalerie de l’armée américaine à une coalition de Sioux et de Cheyennes rassemblés par Sitting Bull puis menés par Crazy Horse les 25 et 26 juin 1876. Recueilli avec sa sœur (qui préférera s’enfuir le soir même) par les Cheyennes à l’âge de dix ans, alors que leur village venait d’être massacré par les Pawnee, Jack est ensuite élevé comme un des leurs. Il apprend leur langue, leurs méthodes de combat et leurs coutumes. Malgré sa petite taille, il fait preuve de courage et de bonté auprès des « siens », ce qui lui vaut d’être appelé Little Big Man. Lors d’une attaque des Tuniques Bleues, qui s’en prennent également aux femmes et aux enfants, Jack parvient à se faire voir comme un « Blanc » et se trouve à nouveau recueilli par une nouvelle famille.

little-big-man-7

Little Big Man est aussi le destin d’un petit homme lié à la Grande Histoire. Tour à tour guerrier indien, pupille d’un révérend, complice d’un charlatan, roi du pistolet, commerçant, ivrogne, muletier, ermite, Jack Crabb est placé plusieurs fois sur le chemin de Custer, responsable de l’extermination de ses frères Indiens. S’il tente d’assassiner le militaire américain, sans succès, l’Histoire placera une dernière fois Jack devant Custer avant que ce dernier ne lance son assaut sur Little Big Horn. Jack, entre deux cultures diamétralement opposées, passera sa vie à chercher sa place dans un monde complètement fou, où la guerre et la violence refont surface chaque fois qu’il semblait enfin apaisé.

little-big-man-8

Fantastique épopée photographiée par le chef opérateur Harry Stradling Jr. (Le Fantôme de Cat Dancing, Le Merdier), Little Big Man convoque la Grande Histoire, évoque le massacre des Indiens à travers de stupéfiantes séquences d’exterminations tournées de manière frontale. Nous sommes à la fin des années 1960 et cette évocation rappelle évidemment la guerre du Vietnam alors au centre des actualités. Outre l’immense interprétation de Dustin Hoffman, n’oublions pas celle du Chef Dan George, né Te-Wah-No, authentique chef Indien issu de la Colombie-Britannique à Vancouver. Devenu comédien, il est le seul à avoir été nommé aux Oscars pour Little Big Man. L’une de ses plus célèbres apparitions demeure également celle aux côtés de Clint Eastwood dans le formidable Josey Wales hors-la-loi (1976). La participation de Faye Dunaway, trois ans après Bonnie and Clyde, est également truculente et marquante, tout comme celle de Martin Balsam dans la peau du charlatan Merriweather et Richard Mulligan qui campe un Général Custer frappadingue, reflet d’une Amérique qui a trouvé le parfait pantin pour laisser libre cours à ses instincts les plus bas. Malgré ses scènes violentes, Little Big Man est un film qui regorge d’humour et même de séquences burlesques, à l’instar de la partie « Pistolero » où Jack affublé d’un costume ridicule essaye de prendre la posture d’une terreur de l’Ouest alors qu’il ne sait tirer que sur des bouteilles.

lbm

little-big-man-5

Enfin, Little Big Man est un récit initiatique durant lequel le personnage, alors innocent, sera témoin d’un des plus grands génocides de l’Histoire. A travers ce portrait, Arthur Penn livre une œuvre allégorique et résolument contestataire doublée d’un profond message humaniste. Un chef d’oeuvre.

LE BLU-RAY

L’édition chroniquée est celle du Blu-ray Single. Little Big Man est également disponible en édition limitée et numérotée à 3000 exemplaires. Ce quatrième coffret Ultra-Collector comprend le Blu-ray, l’édition Double DVD ainsi qu’un livre de 160 pages. Ce titre rejoint ainsi Body Double, L’Année du Dragon et Panique à Needle Park, sortis également en coffret Ultra-Collector depuis décembre 2015. Le Blu-ray de Little Big Man, édité chez Carlotta Films, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné du plus bel effet. Le visuel de la jaquette – celui de l’affiche de la ressortie 2016 – est on ne peut plus élégant et attractif. Le menu principal est fixe et musical.

lbmlbm2

En plus de la bande-annonce originale et celle de la ressortie 2016, nous ne trouvons sur cette édition qu’une préface de l’historien du cinéma et critique à Positif, Philippe Rouyer (7′). Cette présentation est intéressante, bien que courte, et permet de situer Little Big Man dans la carrière d’Arthur Penn. Le parcours du cinéaste est brièvement évoqué, tout comme la genèse et les thèmes du film, ainsi que la place du réalisateur à Hollywood.

screenshot001

L’édition Ultra-Collector comprend également un deuxième disque intégralement consacré aux autres suppléments :

Une épopée picaresque (25′) : Philippe Rouyer revient sur les aventures de Jack Crabb, héros tragi-comique témoin du génocide indien.

Arthur Penn sur le tournage de Little Big Man (26′) : Dans ce documentaire du photographe américain Elliott Erwitt réalisé au coeur du tournage de Little Big Man, le cinéaste Arthur Penn se confie sur sa méthode de travail et celle de son acteur Dustin Hoffman, et revient sur les choix artistiques opérés pour ce film.

Les Multiples facettes de Dustin Hoffman (14′) : Dans Little Big Man, Dustin Hoffman réalise l’exploit de jouer un personnage âgé de 17 à 121 ans. Dans ce documentaire signé Elliott Erwitt, le comédien américain évoque son travail sur le tournage du film d’Arthur Penn et livre quelques-uns de ses secrets d’acteur.

Le livre de 160 pages, intitulé Penser la spontanéité, contient 60 photos inédites provenant du tournage, explore la réalisation de Little Big Man et surtout le travail d’Arthur Penn au sein de l’industrie hollywoodienne. Au fil d’un entretien fleuve avec Robin Wood et d’analyses cinématographique et historique, se dessinent une méthode de travail et une pensée uniques qui font de Little Big Man un des films les plus contestataires et démythificateurs produits par Hollywood.

screenshot000

L’Image et le son

Quelle restauration ! Ce master HD (1080p, AVC) permet aux spectateurs de redécouvrir Little Big Man dans de superbes et inédites conditions techniques, avec un grain original heureusement conservé et bien géré. Les volontés artistiques du mythique chef opérateur Harry Stradling Jr. Sont respectées et nous avons l’impression de redécouvrir complètement le chef d’oeuvre d’Arthur Penn. Après un prologue et un générique au grain plus appuyé et aux légers fourmillements, tout s’arrange. La copie est souvent sidérante de beauté et de stabilité, le nouvel éclat des couleurs est saisissant – à l’instar du ciel bleu – la luminescence du ciel est aveuglante. Les noirs sont concis, le piqué vif et acéré, la propreté impressionnante même si quelques poussières et points blancs subsistent, les détails sur le cadre large sont légion et les contrastes pointus, y compris sur les séquences en intérieur. Les gammes chatoyantes sont harmonieuses, la profondeur de champ est abyssale sur les plaines ou paysages enneigés, et le relief omniprésent.

little-big-man-9

La version originale a bénéficié d’un lifting de premier ordre avec une promotion en DTS-HD Master Audio 5.1. Les latérales restent pratiquement au point mort tout du long et se contentent principalement de spatialiser la musique du film et les ambiances lors des fusillades. Ce mixage est donc essentiellement frontal et se révèle d’une propreté hallucinante. Chaque trot de cheval, le vent qui souffle dans la plaine, les coups de feu sont distincts. Pour un meilleur confort acoustique, n’hésitez pas à sélectionner directement le mixage anglais 1.0 qui s’avère plus harmonieux et tout aussi riche en terme d’effets. La piste française est uniquement disponible en 1.0., propre, sans aucun souffle ni grincements ou saturations, cette option est aussi de haut niveau. Les sous-titres sont imposés sur la version originale et le changement de langue est verrouillé.

little-big-man-3little-big-man-2

© 1970 Hiller ProductionS, LTD. and Stockbridge Productions, Inc. Tous droits réservés.

© 2016 CBS Studios INC. CBS et tous les logos apparentés sont des marques de CBS Broadcasting Inc. Tous droits réservés.

 

Chronique du DVD / Fais ta prière,Tom Dooley, réalisé par Ted Post

fais-ta-priere-tom-dooley

FAIS TA PRIERE, TOM DOOLEY (Fais ta prière… Tom Dooley) réalisé par Ted Post, disponible en DVD le 21 septembre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Michael Landon, Jo Morrow, Jack Hogan, Richard Rust, Dee Pollock, Ken Lynch…

Scénario : Stanley Shpetner

Photographie : Gilbert Warrenton

Musique : Ronald Stein

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

1865. Tom Dooley, un soldat sudiste, et deux amis attaquent une diligence nordiste et tuent les passagers. Par la suite, ils apprennent que la guerre de Sécession est finie et qu’ils sont des assassins. Tous trois doivent fuir la région pour éviter la prison. Dans sa fuite, Tom persuade sa fiancée Laura de le suivre…

THE LEGEND OF TOM DOOLEY, Michael Landon, 1959

C’est un petit western dont on n’attendait rien en vue du titre français, de son apparente modestie et de son casting. Et pourtant la surprise est de taille ! Fais ta prière, Tom DooleyThe Legend of Tom Dooley est d’abord réalisé par le solide Ted Post (1918-2013) qui a surtout fait ses classes à la télévision avec des séries comme Perry Mason, Rawhide, L’Homme à la carabine et signe son premier long métrage The Peacemaker en 1956. Ses films les plus connus demeurent ses deux collaborations avec Clint Eastwood, Pendez-les haut et court (1968) et Magnum Force (1973), le deuxième opus de la franchise Harry Callahan sur un scénario de John Milius et Michael Cimino. Fais ta prière, Tom Dooley (1959) est seulement son second long métrage. Tourné en Californie dans des décors épurés, pour ne pas dire approximatifs, habituellement utilisés pour la télévision et vraisemblablement dans les plaines situées autour des studios de la Columbia, ce western repose sur une histoire en béton écrite par Stanley Shpetner, également producteur.

the-legend-of-tom-dooley9

Durant la Guerre de Sécession, trois soldats Confédérés, Tom Dooley, Country Boy et Abel, sont envoyés derrière les lignes ennemies pour attaquer un convoi d’armes. L’affaire tourne en leur faveur malgré la mort des opposants nordistes et Abel est sérieusement blessé. Dans la diligence, ils découvrent un soldat Sudiste, victime de leurs balles. Avant de mourir, il leur annonce que la guerre est terminée. Pris de court, Tom, Country Boy et Abel deviennent malgré eux des meurtriers très vite recherchés. Si le point de départ rappelle celui du Relais de l’or maudit, réalisé par Roy Huggins en 1952, Fais ta prière, Tom Dooley suit un autre chemin. En dépit d’un budget restreint et d’un tournage qu’on imagine rapide, le film s’avère passionnant en se focalisant sur ce trio d’amis qui n’ont nulle part où aller et qui ne peuvent même plus rentrer chez eux. Tom Dooley est interprété par le tout jeune Michael Landon, 23 ans, avant Bonanza et surtout bien avant le triomphe mondial de La Petite maison dans la prairie et sa consécration dans le rôle de Charles Ingalls. S’il est un peu lisse, le comédien porte convenablement le film sur ses épaules et campe un Tom Dooley très attachant. Mais son partenaire Richard Rust (Country Boy) s’en sort encore mieux et impose sans mal un charisme froid et animal.

td4

Tom Dooley ne souhaite qu’une chose, essayer de prendre la fuite avec Laura (Jo Morrow), celle qu’il a laissée avant de partir à la guerre et à laquelle il a promis de revenir pour l’épouser. Tom et Laura se retrouvent et le film prend alors la tournure d’un film noir avec le couple en fuite qui tente d’échapper aux pièges tendus sur leur passage. Jusqu’où les personnages pourront-ils aller alors qu’ils sont traqués par les civils, les militaires et même par un homme jaloux qui convoitait Laura ? Dans un magnifique N&B signé Gilbert Warrenton, l’ambiance s’assombrit et l’issue semble fatale comme l’indique d’ailleurs d’emblée la récurrente ballade populaire de Caroline du Nord entonnée par le Kingston Trio (et par Les Compagnons de la Chanson en version française), inspirée d’un fait divers, qui donne son titre au film :

Hang down your head Tom Dooley,
hang down your head and cry,
Hang down your head, Tom Dooley
Poor boy, you’re bound to die.

Fais ta prière, Tom Dooley est un petit film plein de qualités, soigné, passionnant, une véritable tragédie sur fond de western (la violence est sèche et les affrontements brutaux), comme une fable noire et cynique. A connaître absolument.

the-legend-of-tom-dooley7

LE DVD

Le test du DVD de Fais ta prière, Tom Dooley, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

td

Les éminents Bertrand Tavernier (20’) et Patrick Brion (14’) ont répondu à l’appel de Sidonis pour présenter ce petit western qu’ils affectionnent, plus particulièrement le second. Le premier partage ses souvenirs émus de sa découverte (en version française) du film de Ted Post à sa sortie dans un cinéma parisien situé sur les Grands Boulevards. Un film qui selon lui était et demeure une très agréable surprise qui possède de nombreuses qualités. Bertrand Tavernier passe en revue les conditions de tournage, les décors, le casting qu’il juge composé de jeunes acteurs pas vraiment charismatiques parmi lesquels se distingue tout de même Richard Rust (Country Boy dans le film). Notre interlocuteur loue également la qualité du scénario et l’originalité de l’histoire même si le point de départ rappelle celui de Le Relais de l’or maudit, réalisé par Roy Huggins en 1952. La carrière du cinéaste Ted Post est ensuite rapidement évoquée et Bertrand Tavernier indique à cette occasion que Magnum Force, le second épisode des aventures de l’inspecteur Harry, est pour lui considéré à tort comme un bon film et critique le scénario qu’il juge très faible. En revanche, Bertrand Tavernier encense Go Tell the Spartans, connu en France sous le titre Le Merdier. Il clôt ce passionnant entretien en parlant de la bande originale qui donne son titre au film et qui se fait entendre du début à la fin.

vlcsnap-2016-10-04-11h23m56s196

De son côté, Patrick Brion fait un check-up du western en 1959, une grande année. A l’instar de Bertrand Tavernier, Fais ta prière, Tom Dooley est un western que Patrick Brion adore et se réjouit de pouvoir le présenter aux spectateurs. Le fond est un peu plus fouillé que chez son confrère, tout comme les collaborations de Ted Post avec Clint Eastwood. Malgré quelques inévitables redites, les propos se complètent, mais la passion et l’engouement de Brion pour ce western sont vraiment contagieux.

vlcsnap-2016-10-04-11h24m21s230

En plus de l’incontournable galerie de photos, nous trouvons également 5 chansons sur le thème de Tom Dooley, y compris celle entonnée par Les Compagnons de la Chanson pour les besoins de la version française du film de Ted Post ! Même Neil Young est présent dans cette section !

td7

L’Image et le son

Le format original 1.37 n’est pas respecté et celui constaté sur le DVD est en 1.45. La compression est solide comme un roc et cette copie en met plein les yeux avec une définition étincelante du N&B. Les contrastes sont denses, les noirs profonds, les blancs lumineux et le grain original préservé. En dehors d’une ou deux séquences peut-être moins définies, l’image est nette et bien nettoyée et les très nombreuses séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes plus claires, le piqué est plaisant, la stabilité de mise, les détails étonnent par leur précision.

the-legend-of-tom-dooley2

L’éditeur nous propose ici les versions originale et française restaurées en mono 2.0. Les mixages s’avèrent propres, dynamiques, et restituent solidement les voix, fluides, sans souffle. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas avec de belles ambiances naturelles. Les sous-titres français sont imposés sur cette dernière et le changement impossible à la volée. Un carton indique que la piste française, plus sourde, est incomplète et que les passages non doublés passent directement en version originale sous-titrée en français.

the-legend-of-tom-dooley8

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures suppléments : Franck Brissard

 

 

Chronique du DVD / Le Massacre des Sioux, réalisé par Sidney Salkow

le-massacre-des-sioux

LE MASSACRE DES SIOUX (The Great Sioux Massacre) réalisé par Sidney Salkow, disponible en DVD le 21 septembre 2016 chez Sidonis Calysta...

Acteurs : Joseph Cotten, Philip Carey, Darren McGavin, Julie Sommars, Nancy Kovack, John Matthews

Scénario : Marvin A. Gluck

Photographie : Irving Lippman

Musique : Emil Newman, Edward B. Powell

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Encouragé par des politiciens affairistes de Washington, Custer, héros de la guerre de Sécession, est persuadé d’éliminer les Sioux afin que les terres de ceux-ci puissent être données aux colons blancs, en violation des traités. Custer accueille avec plaisir l’arrivée du capitaine Benton et méprise les avis qu’il reçoit concernant la volonté des Sioux de conserver leurs terres.

sioux2

Le Massacre des SiouxThe Great Sioux Massacre est un western dit « révisionniste » réalisé par Sidney Salkow (1909-2000) en 1965, alors que le genre est déjà révolu aux Etats-Unis. De plus, la célèbre bataille de Little Bighorn aka Custer’s Last Stand, qui opposa les hommes du 7e régiment de cavalerie de l’armée américaine du lieutenant-colonel Custer à une coalition de Sioux et de Cheyennes rassemblés par Sitting Bull puis menés par Crazy Horse les 25 et 26 juin 1876 avait déjà inspiré deux films de Raoul Walsh, La Charge fantastique (1941) avec Errol Flynn, et La Brigade héroïque (1954) avec Alan Ladd. Déjà en 1954, Sidney Salkow (Je suis une légende avec Vincent Price) avait réalisé Sitting Bull, même si finalement le chef indien n’était pas le personnage principal de l’intrigue. En raison de restrictions budgétaires dues au rejet de plus en plus important des spectateurs pour le genre, la Columbia Pictures impose que diverses séquences d’action ou qui auraient nécessité des dizaines voire des centaines de figurants, soient directement reprises d’autres westerns. Au montage final, Sidney Salkow insère des plans et des séquences, essentiellement de batailles, provenant de Siege of the Saxons (1963) et East of Sudan (1964) de Nathan Juran, The Brigand of Kandahar (1965) de John Gillung et même de son propre Sitting Bull ! Du coup, les images du Massacre des Sioux coïncident mal avec le reste et le film s’apparente à un patchwork avec les coutures apparentes. Cela ne dérange pas vraiment, mais occasionne parfois quelques sourires quand un personnage est supposé observer et réagir à un affrontement. Le contrechamp extrait d’un autre film montre bien que les événements coïncident difficilement du point de vue formel et que les paysages ne sont pas raccords.

sioux8

Le point négatif de cette « illustration historique » vient surtout du casting. Joseph Cotten, qui débarque tout juste de Chut, chut, chère Charlotte de Robert Aldrich a l’air complètement ailleurs, Darren McGavin n’a aucun charisme, tandis que Philip Carey n’est jamais crédible dans le rôle du Colonel Custer. Les autres comédiens font surtout office de figurants. Néanmoins, Sidney Salkow, cinéaste inégal, soigne sa mise en scène et le rythme demeure soutenu. Certes l’ensemble est un peu trop didactique, et ce en dépit de faits historiques vraisemblablement peu respectés, malgré une voix-off qui annonce le contraire, mais Le Massacre des Sioux vaut pour quelques séquences particulièrement réussies. C’est le cas de Custer qui fonce avec ses hommes à travers un village d’indiens pour exterminer hommes, femmes et enfants, tout comme le même Custer qui tire dans le dos de ses hommes qui s’enfuient, ainsi que la bataille finale qui fait son petit effet. Le cadre Cinemascope est très beau et l’on peut voir Le Massacre des Sioux comme un dernier « baroud d’honneur » avant de laisser le genre s’éteindre paisiblement pendant plusieurs décennies aux Etats-Unis.

sioux4

LE DVD

Le test du DVD du Massacre des Sioux, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

mass

L’indispensable Patrick Brion est seul à bord dans cette section ! Dans sa présentation (10’), notre critique de cinéma commence tout d’abord par indiquer que le western américain est pour ainsi dire déjà mort en 1965, alors que le genre triomphe en Italie et en Espagne. Il en vient ensuite au film de Sidney Salkow proprement dit en indiquant les westerns les plus célèbres de ce réalisateur « sympathique » quelque peu oublié. Puis, Patrick Brion en vient au casting du Massacre des Sioux, au montage qui reprend diverses scènes de Sitting Bull réalisé dix ans auparavant, en raison d’un manque de budget. Si Brion critique cette oeuvre et ses acteurs « peu concernés », il déclare tout de même qu’il s’agit d’un film divertissant.

vlcsnap-2016-09-28-13h17m40s2

Nous trouvons également une galerie de photos et la bande-annonce.

sioux

L’Image et le son

Chez Sidonis, même les plus petits westerns sont souvent aussi bien logés que les grands classiques et chefs-d’oeuvre incontestés ! Le master du Massacre des Sioux s’avère lumineux, propre malgré encore quelques tâches, stable et franchement plaisant pour les mirettes. Le cadre large 2.35 étonne par son lot de détails, le piqué est pointu, les contrastes sont fermes. Du moins en ce qui concerne les séquences filmées en 1965 puisque le film reprend également de nombreux plans d’autres westerns, parmi lesquels Sitting Bull, également réalisé par Sidney Salkow dix ans auparavant ! Le grain n’est pas le même, comme la colorimétrie et les contrastes. Ces stock-shots se voient comme le nez au milieu de la figure et la restauration pose donc problème de ce point de vue. Du coup, une même séquence alterne les séquences claires au ciel bleu étincelant, avec d’autres grisâtres et ternes. Dans l’ensemble, le grain original est conservé et bien géré et la copie restaurée en HD plaisante.

sioux9

Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est également fort satisfaisante. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est frontale et riche. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée. Signalons également que la version française est incomplète et que les passages jamais doublés passent automatiquement en version originale sous-titrée en français.

le-massacre-des-sioux2

Crédits images : © Sidonis Calysta